Axel Reinaud, cofondateur et président de NetZero, était l'invité de Laure Closier dans French Tech, ce jeudi 27 novembre. Il nous a parlé de sa nouvelle usine de biochar installée au Brésil et a expliqué le lien entre NetZero, le biochar, le Brésil et Elon Musk, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:008h20 et on reçoit ce matin une entreprise qui a gagné un concours organisé par Elon Musk.
00:04Ça n'arrive pas tous les jours, Anthony Morel, c'est quand même pas mal.
00:08Renaud, bonjour, vous êtes le co-président et le co-fondateur et président de NetZero.
00:13Vous allez nous parler de notre nouvelle usine de biochar, c'est à Paraguassou, dans le sud de l'état du Minas Gerais, c'est au Brésil.
00:22Quel est le lien avec Elon Musk, le Brésil, le biochar et vous ?
00:26Alors, le lien, c'est le climat. En fait, on vient de terminer la COP30 à Bellem et en fait, ce qu'on cherche à faire, nous, c'est aider à, d'une certaine façon, respecter les accords de Paris qui datent d'il y a 10 ans.
00:40Dans les accords de Paris, on a dit qu'on veut un monde dit NetZero en 2050, c'est-à-dire qu'on réduise tout ce qu'on peut des émissions de CO2 et gaz à effet de serre, 90%, c'est à peu près l'objectif,
00:53mais il y aura une part qui est très, très difficile à réduire. Et donc, cette partie-là, on va continuer à émettre du CO2, il va falloir l'enlever de l'atmosphère.
01:02Les volumes sont absolument gigantesques parce que même 10%, c'est entre 5 et 10 milliards de tonnes de CO2 qu'il va falloir enlever par an.
01:10L'enlever, ça veut dire capter, s'étaler ?
01:11Le capter et s'assurer surtout qu'il ne reparte pas dans l'atmosphère. Et donc, il y a tout un ensemble de technologies qui ont commencé à émerger depuis 5-6 ans
01:20pour essayer d'apporter une solution à ces volumes gigantesques en 2050. Évidemment, il faut créer une industrie qui va enlever le CO2.
01:29Il y a plein de solutions. La nôtre, en fait, c'est une solution un peu de feignant qui s'appuie sur de la photosynthèse.
01:35On laisse les végétaux capter le CO2 par photosynthèse puisque les plantes grandissent en capturant le carbone dont elles sont constituées dans l'atmosphère.
01:44Mais si on ne fait rien, les plantes se dégradent, brûlent, sont digérées, pourrissent et le carbone repart.
01:49Et nous, en fait, notre technologie, ça permet de l'extraire et de créer de la poudre de carbone extrêmement stable qui ne va pas repartir dans l'atmosphère.
01:56Et donc, on a enlevé du CO2. Et donc, le lien avec tout ça, c'est qu'en fait, il y a 5 ans, Elon Musk, bien conscient des problèmes climatiques,
02:06alors assez décorrélé de Trump sur ce plan-là, a lancé ce qui est le plus grand concours technologique jamais lancé en termes de dotation de prix
02:15pour voir quelles étaient les solutions qui pouvaient être déployées. Et après 4 ans de concours et beaucoup d'être...
02:234 ans de concours.
02:234 ans de concours, beaucoup d'analyses, de visites, d'audits, etc. On a fait partie des gagnants et on a fini 2e.
02:30On a fini 2e.
02:3115 millions, c'est mieux que 1,5 fois, c'est pas mal.
02:33C'est pas mal.
02:34C'était combien le premier ? Le premier prix, c'était quoi ?
02:36Le premier prix, c'était 50 millions.
02:3750 millions, ouais.
02:38C'était mieux, on aurait aimé être 1er.
02:39Ah mais quand même.
02:40C'est quand même, bravo. Félicitations.
02:42Donc Biochar, en gros, vous récupérez, c'est des déchets agricoles finalement que vous récupérez.
02:47Alors, dans notre cas, on récupère des déchets agricoles en zone tropicale.
02:49Alors, pourquoi des déchets agricoles ? Parce qu'en fait, quand on fait pousser, alors dans les pays du sud, on va dire du café, du cacao, de la canne à sucre,
02:59la partie utile, en fait, représente qu'une fraction du poids de la plante qui pousse.
03:03Et tout le reste, en fait, est perdu.
03:05Et donc nous, en fait, tout ce reste contient du carbone qui vient d'être enlevé de l'atmosphère.
03:09Donc vous le récupérez, vous le chauffez, c'est ça ?
03:11On le chauffe à très haute température sans oxygène, avec l'énergie de la propre biomasse.
03:16Donc en fait, on n'utilise pas d'énergie.
03:18Et on sort quelque chose qui ressemble à de la poudre de carbone.
03:21Et cette poudre de carbone, elle a une propriété de stabilité.
03:25C'est-à-dire, on peut en faire à peu près n'importe quoi, elle ne va pas se dégrader.
03:27Donc on a enlevé et stabilisé.
03:29Et ça veut dire n'importe quoi ? On en fait quoi de cette poudre de carbone ?
03:31Alors nous, dans notre cas, on le met dans les sols agricoles.
03:33C'est justement ça l'intérêt.
03:34Ah, vous réutilisez dans les sols ?
03:35On le met dans les sols d'où provient la biomasse.
03:38Et les sols tropicaux sont des sols qui sont pauvres et acides.
03:42Et quand on rajoute...
03:43C'est un engrais, c'est vrai.
03:44C'est une espèce d'engrais, ça s'appelle un amendement.
03:46Enfin, on ne va pas rentrer dans les détails.
03:47Et ça améliore la qualité des sols.
03:49Et ça permet en zone tropicale d'augmenter les rendements de l'ordre de 20 à 40%.
03:53Et quelquefois les doubler.
03:55Donc il y a un intérêt.
03:56On convertit d'un certain côté une pollution, le CO2 dans l'atmosphère,
04:00en une solution agricole dans les pays du Sud.
04:02Alors c'est formidable.
04:04Sur le papier, c'est génial.
04:05Mais il y a une question quand on parle d'énergie et quand on parle d'émissions carbone.
04:09C'est toujours les ordres de grandeur qu'il faut avoir en tête.
04:11Je regardais vos ambitions.
04:12C'est de capter ces 1 million de tonnes de CO2 à l'horizon 2030.
04:17C'est ça ?
04:17Oui.
04:18Je regardais les chiffres sur les émissions carbone.
04:21Un pays comme la France, c'est un peu plus de 500 millions de tonnes par an.
04:24Les États-Unis, c'est 5 milliards de tonnes par an.
04:27Donc sur les ordres de grandeur, on est de l'ordre du microscopique, en fait, dans ce que vous faites.
04:31C'est vraiment tout, tout, tout, tout petit.
04:32Ah mais parce qu'il faut bien démarrer.
04:34Parce que c'était zéro il y a 5 ans.
04:37Donc le GIEC dit, encore une fois, il faut enlever 5 à 10 milliards de tonnes par an en 2050.
04:42Donc il faut créer une industrie avec différentes filières technologiques, dont la nôtre.
04:47La nôtre représente, le biochar aujourd'hui, ça représente 90% des volumes de CO2
04:51que l'on enlève de manière permanente de l'atmosphère.
04:53Donc c'est la technologie dominante.
04:55Mais il y en a d'autres et qui vont sans doute émerger.
04:58Et donc, il faut arriver à 2050, échelle, ordre de grandeur, le milliard de tonnes.
05:04Mais avant, il faut commencer par faire 1000 tonnes, puis 1 million de tonnes,
05:07puis 50 millions de tonnes, puis 100 millions de tonnes.
05:09Donc notre point de passage 2030, qui est quand même dans pas longtemps,
05:13parce que moins de 5 ans, c'est une première étape.
05:16Le potentiel de notre technologie, c'est à peu près 1 milliard de tonnes.
05:19– À terme. Et en faisant baisser les coûts aussi, j'imagine.
05:22– En faisant baisser les coûts et en utilisant la biomasse disponible, résiduelle,
05:26qui n'a pas d'autres usages.
05:27Donc 1 milliard de tonnes, c'est quand même pas mal.
05:29Le secteur du pétrole et du gaz combinés extrait 6 milliards de tonnes par an.
05:33Donc 1 milliard de tonnes, ça commence à…
05:36– Les 15 millions d'euros, ça ne va pas suffire.
05:38Vous êtes en cours de levée de fonds, vous cherchez combien ?
05:40– Alors, on cherche entre 20 et 30 millions.
05:44Voilà, parce qu'on rentre maintenant dans une phase d'accélération.
05:47Notre technologie, elle a été prouvée, elle a été validée par ce prix.
05:51Et donc maintenant, l'objectif, c'est vraiment de commencer le passage à l'échelle.
05:56Et donc, il faut industrielle.
05:57– Donc c'est l'usine au Brésil ?
05:58– Alors les usines, en fait, on a 5 usines aujourd'hui, 4 au Brésil, 1 au Cameroun.
06:06Et l'idée, c'est de commencer à déployer par paquet de 10,
06:09puis par paquet de 100, puis par paquet de 1 000.
06:11À terme, le potentiel, pour faire à peu près le milliard de tonnes,
06:14ils font environ 50 000 usines.
06:16Donc ça fait beaucoup.
06:18Et donc, il faut des capitaux pour financer ça,
06:20sachant que c'est une activité rentable en soi,
06:22puisqu'on vend le biochar.
06:23– On vend des clés de carbone.
06:25– À Nespresso, par exemple, à des boîtes qui, après, vont faire du café,
06:28agricole, etc.
06:30Mais on vend le produit physique,
06:31on vend le service de séquestration de carbone,
06:34le fameux crédit carbone.
06:35On vend de l'énergie, puisque le système produit de l'énergie.
06:38Et en plus, on a packagé notre offre
06:40et on franchise notre système, comme McDonald's,
06:42et on vend la franchise.
06:44Et donc, c'est intéressant.
06:45– Créez votre usine de séquestration de carbone.
06:47– C'est intéressant, parce que ça montre
06:49qu'il y a des business models rentables
06:51qui ont des vertus climatiques.
06:54Et ça, c'est quand même, on a un besoin.
06:55– C'est comme ça que ça marche.
06:56Si vous n'êtes pas rentable, ça ne fonctionne pas.
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