00:00Retour de la matinale de l'économie, objectif produire en France.
00:03Notre invité ce matin c'est Cyril Potenier, bonjour, vous êtes le cofondateur et PDG d'Abolis Biotechnologie,
00:08une pépite de la chimie verte, vous êtes basé dans l'Essonne, vous fournissez des solutions industrielles sur mesure,
00:15basées sur les micro-organismes naturels ou modifiés, vous allez nous expliquer tout ça avec des mots en français.
00:21Vous travaillez sur la production de principes actifs pour les corticoïdes, qu'est-ce que vous faites exactement ?
00:26Déjà pour comprendre le cœur du métier de ce qu'on fait, c'est de prendre un micro-organisme qui mange du sucre et éventuellement fait de l'alcool
00:35et le transformer pour qu'il mange du sucre et qu'il fasse le produit chimique qui nous intéresse.
00:39Ça c'est vraiment le cœur du métier et ce qu'on fait depuis 11 ans maintenant pour différents grands comptes.
00:45Et donc après la question c'est quel est le produit chimique qui nous intéresse ?
00:48Et donc en l'occurrence dans ce partenariat avec EuroAPI, on va se rebaser sur une longue expérience qu'a eu Sanofi
00:55avant de devenir EuroAPI, sur la production de corticostéroïdes à partir de levure
01:02et donc reprendre ce travail pour l'amener plus loin
01:05puisque les enjeux économiques aussi ont changé depuis que ce projet a démarré dans les années 90.
01:11Donc on vous commande un truc et après vous, vous essayez de faire travailler vos micro-organismes
01:16pour qu'ils arrivent à ce que vous voulez ?
01:18Oui, le cœur c'est d'arriver à comprendre comment les organismes vivants, naturels, les plantes, les champignons, les hommes
01:26transforment les molécules les unes derrière les autres, donc font de la synthèse,
01:31comme on fait de la synthèse chimique dans notre cellule, c'est ce qu'on appelle le métabolisme.
01:34Et le cœur du métier c'est de reprogrammer ce métabolisme pour qu'on fasse, pour qu'on fasse ce qu'on veut.
01:40Donc nous on va séquencer des plantes, on va séquencer des organismes vivants,
01:43on va récupérer ces gènes, ces gènes on va les mettre dans une levure et le but du jeu c'est de faire en sorte
01:47qu'elles produisent beaucoup du produit d'intérêt pour que ce soit économiquement viable.
01:50Et donc en partant de ces micro-organismes mangeurs de sucre et donc ils vont transformer le sucre en produit,
01:58on arrive à un anti-inflammatoire en fait, c'est ça l'idée ?
02:01Alors, ce que Sanofi avait démontré déjà, c'est qu'on était capable de faire de l'hydrocortisone.
02:08Donc c'est du cortisol, c'est ce que vous avez dans les crèmes.
02:10Donc ça, ça marchait déjà, mais industriellement ce n'était pas encore rentable.
02:17Nous on va repartir de ce travail-là, l'objectif n'est pas de faire directement la cortisone,
02:22c'est de faire un intermédiaire chimique avancé qui permet de faire une vingtaine de corticostéroïdes
02:27en un minimum d'étapes de chimie.
02:30Si vous regardez aujourd'hui comment un corticostéroïde est fait,
02:33il y a une première étape, on va faire une extraction d'une plante,
02:36ensuite il y a une conversion biotech pour faire un intermédiaire vraiment basique
02:40et cet intermédiaire, on va faire une 10-15 étapes de chimie dessus pour arriver au produit final.
02:45Nous ce qu'on va faire, c'est faire une coupe en fait dans cette chaîne
02:49et arriver à faire un intermédiaire beaucoup plus avancé
02:52pour qu'avec 2, 3, 4 étapes de chimie, on puisse faire une vingtaine de produits du quotidien.
02:57Tout ça en France, parce qu'il y a un enjeu de souveraineté européenne
03:01pour avoir des produits qui sont à proximité et pas en Chine ?
03:05Oui, en France, donc sur le site d'Elbeuf et de Vertolet, d'EuroAPI,
03:10et peut-être une partie en Allemagne sur la chimie.
03:16Oui, l'enjeu c'est d'arriver encore une fois à maîtriser la supply chain,
03:19donc la rendre plus simple et pouvoir se baser sur des matières premières
03:23qui sont 100% faites en France.
03:25Et ça, ça faisait partie du cahier des charges dès le départ.
03:27Et ce mode de production, par fermentation, on peut dire ça comme ça,
03:32c'est unique au monde ou c'est une technologie que vous avez affinée et peaufinée ?
03:37Et deuxième question, c'est quoi le potentiel derrière ?
03:40On parle des corticoïdes, mais est-ce que ça pourrait être adopté
03:43pour d'autres types de médicaments, par exemple ?
03:45Déjà, si on reprend la base, l'essentiel des antibiotiques
03:48qui sont aujourd'hui sur le marché, à quelques exceptions près,
03:50sont faits par fermentation.
03:52Après, certains sont modifiés chimiquement,
03:54mais la base est faite par fermentation.
03:59On avait des acteurs très très forts en Europe là-dessus.
04:02Malheureusement, une grosse partie de ces capacités sont parties en Inde ou en Chine.
04:05Il y a encore quelques petits acteurs en Europe qu'il faut préserver.
04:08Ensuite, on n'est pas les seuls à faire ce métier.
04:11Il y a des grosses compétences chez nous en France,
04:14d'une manière générale, à l'échelle de l'Europe, pas énormément.
04:18Ensuite, beaucoup aux États-Unis et surtout en Chine.
04:20Donc, on n'est pas les seuls, on est toujours dans une course.
04:22Maintenant, on se base sur 20 ans de travail qui ont été faits par Sanofi.
04:28On a aussi nos propres idées sur comment il faut faire les choses
04:30pour être capables d'amener un procédé en compétition en direct avec la Chine et l'Inde.
04:38Et puis surtout, c'est maîtriser la supply chain.
04:40Et puis c'est aussi en diminuant le nombre d'étapes de chimie.
04:43Au lieu d'avoir 12 à 18 mois entre le moment où on commence un batch
04:46et le moment où on est sur l'étagère du pharmacien,
04:48réduire ça à 3 à 6 mois.
04:50Et ça, c'est essentiel si on veut aussi réduire les fluctuations
04:54et les pénuries dans les pharmacies.
04:56Merci. Non, allez-y.
04:58Non, non, et c'est applicable.
05:00On va dire, si on regarde tous les médicaments aujourd'hui,
05:03c'est peut-être 10% sur le nombre.
05:06Mais si on regarde sur vraiment les médicaments du quotidien
05:08et les plus importants en cas de problème majeur,
05:11on va couvrir 40, 50, 60%.
05:14Merci beaucoup Cyril Potenier d'être venu ce matin
05:16dans la matinale de l'économie.