- il y a 10 heures
Le documentaire "Trop chaud pour travailler" se penche sur les enjeux sanitaires, économiques et environnementaux d'un phénomène encore trop peu médiatisé, le 'stress thermique'. Pourtant, il est déjà responsable de milliers de morts chaque année à travers le monde.
Ouvriers dans le bâtiment au Qatar, salariés agricoles au Salvador ou encore livreurs UPS multipliant les livraisons dans des camions non climatisés ... partout dans le monde, la chaleur tue. Et le changement climatique, avec ses épisodes de canicule à répétition, est devenu en l'espace de quelques années une véritable menace pour la santé de ces millions de travailleurs soumis à des cadences infernales.
C'est justement sur le cas de ces ouvriers de "première ligne" que se penche ce documentaire. Avec cette question à la clef : pourra-t-on continuer à travailler, à maintenir la productivité, dans un monde encore plus chaud ? Année de Production :
Ouvriers dans le bâtiment au Qatar, salariés agricoles au Salvador ou encore livreurs UPS multipliant les livraisons dans des camions non climatisés ... partout dans le monde, la chaleur tue. Et le changement climatique, avec ses épisodes de canicule à répétition, est devenu en l'espace de quelques années une véritable menace pour la santé de ces millions de travailleurs soumis à des cadences infernales.
C'est justement sur le cas de ces ouvriers de "première ligne" que se penche ce documentaire. Avec cette question à la clef : pourra-t-on continuer à travailler, à maintenir la productivité, dans un monde encore plus chaud ? Année de Production :
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00:00Le seuil d'augmentation des températures d'un degré et demi pourrait être franchi d'ici 2030 et ça, c'est dix ans plus tôt que ce qui était prévu.
00:14Sous-titrage Société Radio-Canada
00:43Ce sera donc l'une des journées, peut-être la journée la plus chaude de toute notre histoire. Une chaleur qui s'étale, se répand.
01:02Les climatologues expliquent que l'été 2022 deviendra la norme.
01:06Dans un champ écrasé par le soleil, deux paysans s'offrent un moment de répit au milieu d'une journée de labeur et de sueur.
01:23Une scène rurale qui résume à elle seule une vérité presque banale.
01:30Le travail et la chaleur n'ont jamais fait bon ménage.
01:33En 1889, l'année où Van Gogh a peint cette scène, le monde entrait à peine, sans le savoir encore, dans une nouvelle ère climatique.
01:48Une ère marquée par un réchauffement sans précédent du climat terrestre.
01:53Les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais mesurées.
01:56Ce changement du climat représente une menace pour la santé de millions de travailleurs, en première ligne.
02:09Ils risquent aussi de réduire leur productivité, et mettent à mal un modèle qui cherche à toujours produire plus, et plus vite.
02:16Le réchauffement climatique confronte nos économies à une limite insurmontable.
02:25Celle du corps.
02:28Pourrons-nous continuer à travailler comme avant dans un monde plus chaud ?
02:32Et à quel prix ?
02:34Sous-titrage Société Radio-Canada
02:35Sous-titrage Société Radio-Canada
02:36Sous-titrage Société Radio-Canada
02:37Sous-titrage Société Radio-Canada
03:07Sous-titrage Société Radio-Canada
03:37Les ouvriers de ce centre de tri se soumettent aujourd'hui aux mesures de deux experts de l'INAIL, la caisse italienne d'assurance des accidents du travail.
03:57Ils ont pour mission d'évaluer le risque de la chaleur sur la santé des travailleurs italiens.
04:08Pour faire chaud, ça, oui, il fait très chaud.
04:24Et quand on nous annonce du mauvais temps, c'est carrément des tempêtes.
04:28Et bosser comme ça, c'est dur.
04:31Donc ce changement, oui, on le ressent chaque année un peu plus.
04:37Chaque année, plus de 4000 accidents du travail sont attribués à des jours de grande chaleur en Italie.
04:42Les ouvriers en extérieur sont les premiers à subir la menace d'été plus long et plus chaud.
04:52La gêne commence par la transpiration.
05:01Lorsqu'elle devient excessive, on se déshydrate et on perd des sels minéraux.
05:07Ça peut entraîner des crampes, de la fatigue, des étourdissements.
05:11Et dans les cas les plus graves, un évanouissement ou un coup de chaleur.
05:14Il faut alors intervenir rapidement pour éviter une situation dramatique,
05:21comme on a déjà pu le voir en Italie, le décès d'un travailleur.
05:28Cet employé est en situation de stress thermique.
05:32Son cœur doit battre plus rapidement pour transférer la chaleur du corps vers la peau,
05:36où elle est évacuée par la transpiration.
05:39Plus l'air est humide, moins la sueur s'évapore
05:42et plus le cœur s'emballe.
05:47La réaction naturelle du corps est alors de réduire l'effort
05:50pour maintenir le rythme cardiaque à un niveau stable.
05:54Quand cela est possible.
05:56À ce moment-là, le travailleur avait fait un effort physique intense
05:59et il avait un équipement qui limitait la transpiration.
06:04Donc on voit que sa fréquence cardiaque a augmenté de manière significative,
06:08atteignant près de 140 battements par minute.
06:10Tout ce travail que fournit le cœur a pour but de maintenir la température corporelle
06:16autour de 37 degrés environ.
06:21Quand elle commence à augmenter, en fait c'est comme une voiture sans radiateur,
06:25qui surchauffe.
06:28Le moteur continue de chauffer jusqu'au point de rupture.
06:31La loi du soleil est simple.
06:43Elle impose au corps de ralentir.
06:46Mais les travailleurs ne sont pas soumis qu'aux seule loi du climat.
06:49C'était une urgence d'agir hier.
07:18Nous sommes déjà en retard.
07:22Et voilà où on en est aujourd'hui.
07:24Devoir apprendre cette nouvelle terrible
07:26de ce travailleur qui laisse une famille de 4 enfants à la maison.
07:33Et pour quelle raison ?
07:34Parce qu'ils travaillaient.
07:37C'est une situation difficile à digérer.
07:40C'est pas possible.
07:41Durant l'été 2022, la chaleur a tué officiellement 10 travailleurs en Italie et 7 en France.
07:55Ce fut l'été le plus chaud jamais enregistré en Europe.
08:00Un record qui deviendra bientôt la norme.
08:02A l'échelle mondiale, 400 millions de personnes sont exposées à des niveaux de stress thermique extrêmes.
08:13Nous commençons seulement à mesurer l'ampleur des dommages que la chaleur peut causer à la santé des travailleurs.
08:21Elle les fauche parfois brutalement.
08:24Mais elle tue aussi à petit feu.
08:25Au Nicaragua, le mois de mars est le plus chaud de l'année.
08:54C'est aussi celui de la récolte de la canne à sucre.
08:59Dans cette région, la plupart des hommes travaillent pour l'industrie sucrière.
09:05Ceux qui vivent encore du moins.
09:08Depuis plusieurs décennies, une épidémie décime les travailleurs en extérieur.
09:14Elle pourrait être la première maladie professionnelle liée au climat.
09:17Entourée par les champs de canne, le petit village de La Isla a été renommé l'île aux veuves.
09:31Plus de 300 femmes ont perdu leur mari.
09:34Tous consumés par un même mal étrange.
09:36Ici, on n'avait pas d'autre choix que de faire ce boulot.
09:45Et quand je voyais tous ces gens qui mouraient de cette maladie, je me disais qu'un jour, ce serait mon tour.
09:56J'ai beaucoup de proches qui ont été affectés.
09:58Mes frères sont malades.
10:02Mon petit frère est dialysé comme moi.
10:07La plupart travaillaient dans la canne à sucre.
10:10On a tous travaillé dans la canne à sucre.
10:15Ah, regardez, elle venait de naître.
10:17Là, c'est moi et là, c'est ma fille.
10:21Et là, toute la petite famille.
10:22À 38 ans, Nelson est un survivant.
10:30Il est atteint d'une insuffisance rénale chronique.
10:33Ses reins ne fonctionnent plus.
10:38Les trois séances de dialyse qu'il suit par semaine lui ont déformé le bras, mais le maintiennent en vie.
10:43On n'avait aucun repos, pas d'eau, rien.
10:55Je suis en permanence.
10:57J'avais la chemise trempée, mon pantalon trempé et on se déshydratait.
11:04Ils nous mettaient la pression.
11:06Dépêchez-vous, ne vous arrêtez pas, allez.
11:09Personne ne peut travailler comme ça.
11:10J'ai vu très souvent mes compagnons tomber dans les champs, de fièvre, ils vomissaient.
11:20Et un jour, l'entreprise te dit, tu ne peux plus travailler ici, reviens plus.
11:25Ils te font trimer et ils te dégagent, sans t'aider, sans rien.
11:29Sans dialyse, Nelson mourrait en quelques jours.
11:44Le traitement prolongera sa vie d'une quinzaine d'années au mieux.
11:47D'autres, ici, n'y ont pas eu accès.
11:53A Chichigalpa, la ville voisine, l'insuffisance rénale chronique a été la cause d'un décès sur deux chez les hommes au cours des deux dernières décennies.
12:01Les habitants se sont tristement habitués au balai des corbillards.
12:14Tout autant qu'aux allées venues des camions transportant les cannes vers la sucrerie San Antonio.
12:19Un géant qui exporte 80% du sucre nicaragoyen et le célèbre rome Flor de Cania, connu dans le monde entier.
12:35San Antonio est le premier employeur de la ville.
12:38En 2007, c'est devant les grilles de l'entreprise que Jason Glaser a été témoin du drame humain qui se jouait à Chichigalpa.
12:53Cet Américain était alors venu tourner un documentaire sur l'agro-industrie.
13:03C'était ici. C'était à cet endroit.
13:08Mais ça remonte à 12 ans.
13:23Il y avait un groupe de manifestants devant les portes de l'entreprise et devant une ligne de policiers.
13:29Ça avait chauffé, quelques visages en sang et de l'électricité dans l'air.
13:38Nous avons monté une association il y a 4 ans.
13:43Et au sein de notre groupe, il y a 460 camarades qui sont morts.
13:48Cette maladie est une hécatombe.
13:51Le cimetière de la ville est déjà rempli.
13:53On a dû construire un deuxième cimetière.
13:56Ici, c'est le chaos.
13:58Les flics ont pris nos coordonnées.
14:12Ils les ont données à une compagnie de sécurité privée.
14:15Celles-ci les ont données à une société de relations publiques basée à Miami, Burst-on-Marsteller.
14:19Ils nous ont appelés alors qu'on était encore au Nicaragua et ils nous ont dit « Il se passe rien de mal. Allez voir ailleurs, les jeunes. »
14:26Et nous, on s'est dit « Si, il y a clairement quelque chose qui se passe. »
14:33Jason Glazer s'installe alors plusieurs mois à Chichigalpa.
14:37Il documente l'ampleur des ravages de la maladie.
14:43Elle était omniprésente.
14:46Et sans exagérer, il y avait chaque jour au moins un enterrement.
14:55Je me suis dit « Mais qu'est-ce que je peux faire ? Je ne peux pas simplement rentrer chez moi. Il faut faire quelque chose. »
15:00Jason Glazer a arrêté sa carrière de documentariste pour se consacrer à la protection de ses ouvriers.
15:09Il a fondé l'ONG L'Isla.
15:13Il s'est formé à l'épidémiologie et s'est entouré d'une équipe de chercheurs.
15:19« Durante quantos années s'est travaillé comme applicateur ?
15:22C'est des herbicides ou d'autres chimiques ? »
15:24« Cinq ans. »
15:25« Cinq ans. »
15:27Les gens disaient « C'est les pesticides, les herbicides, c'est les toxines qui sont dans la terre.
15:35C'est peut-être la présence du volcan. »
15:37« Oui, bien sûr. Un volcan qui n'affecterait que les hommes jeunes en âge de travailler ? »
15:41« Ça doit venir de l'eau. »
15:42« Mais une eau qui n'affecterait que les hommes jeunes en âge de travailler ? »
15:47« Donc, on a plongé dans les données épidémiologiques, mené des études physiologiques, fouillé des rapports, pour trouver ce qui était le dénominateur commun de ceux qui étaient malades. »
15:56« Et il est devenu très clair que les conditions de travail étaient le problème essentiel. »
16:01« Ceux qui avaient le job le plus dur étaient ceux qui tombaient malades. »
16:09« Quelles sont les conditions de travail des ouvriers de la canne à sucre ? Et à quels risques sont-ils exposés ? »
16:16« C'est ce que les chercheurs de la isla ont documenté. »
16:21« Les champs de monoculture de canne s'étendent à perte de vue sur plus de 32 000 hectares autour de Chichigalpa. »
16:31« La moitié de ces terres appartient à la sucrerie. »
16:35« L'autre moitié appartient à de petits propriétaires qui la fournissent. »
16:41« C'est dans l'une de ces exploitations que l'équipe de Jason Glaser se rend ce matin. »
16:46« On peut voir sur ces images qu'ils n'ont aucune protection et à quel point ils travaillent dur. »
16:56« Et encore, là, ils ne font que commencer. »
16:58« Le début de journée, ils sont un peu plus lents. »
17:01« Mais dans 20 minutes, ils auront pris le rythme. »
17:05« Avec cette chaleur, on pourrait être à la plage, faire du surf, boire des cocktails. »
17:11« On ne serait pas en danger. On n'aurait sûrement pas de coup de chaud. »
17:14« Mais eux, ils travaillent si dur que dès 7h du matin, à 7h-ci à peu près, leur température corporelle est déjà dans la zone rouge, à plus de 38 degrés. »
17:24« La chaleur ne vient pas seulement du soleil. »
17:31« Elle émane du corps même des coupeurs. »
17:34« Leurs muscles, en pleine action, génèrent leur propre chaleur, qui s'ajoute à la température ambiante. »
17:43« Le travail en extérieur crée une double contrainte thermique et un effort supplémentaire pour le corps. »
17:54« Les coupeurs travaillent sans relâche. Ils prennent peu de pauses pour boire ou se mettre à l'ombre, car ils sont payés à la pièce. »
18:11« Incités à l'effort, ils ont 12 fois plus de risque d'endommager leurs reins qu'un superviseur situé dans le même champ, exposé aux mêmes conditions climatiques. »
18:23« Le paiement à la pièce est vraiment pernicieux, parce que votre corps vous dit désespérément de vous arrêter, de ralentir.
18:30Mais vous devez subvenir aux besoins de votre famille, alors vous n'écoutez pas les signaux que vous envoie votre corps.
18:35Un animal prendrait une pause, mais un être humain va se surpasser.
18:39Ce sont des conditions de travail archaïques qui remontent originalement à l'esclavage
18:43et qui n'ont pas évolué vers les mêmes protections que celles d'autres secteurs. »
18:50Aveugle aux réalités climatiques, le système colonial a créé cette croyance tenace que la chaleur invite à la paresse.
18:58Et qu'il faut y remédier de deux manières, par la carotte ou le bâton.
19:03« Au Salvador, un pays voisin, un médecin a tiré la sonnette d'alarme il y a plus de 20 ans sur l'ampleur de l'épidémie. »
19:27« Nous avons dans le pays plus de 6 000 patients en dialyse.
19:33Mais nous pensons que pour chaque patient en dialyse, il y a 10 ou 15 personnes qui peuvent être affectées à des stades différents.
19:40Si on multiplie tout ça, c'est énorme. »
19:46Ricardo Laiva est néphrologue et chef de service à l'hôpital Rosales de Salvador City.
19:54Il a été l'un des premiers médecins à étudier la maladie.
19:57« Dans le monde, la première cause de maladie rénale est le diabète, et ensuite l'hypertension artérielle.
20:10Mais à la fin des années 90, on a commencé à voir des patients jeunes.
20:19Des hommes pour la plupart qui venaient de régions agricoles,
20:23où avant ont récolté le coton, puis la canne à sucre.
20:25Il ne correspondait pas au profil épidémiologique classique mondial.
20:39Ce profil atypique a donné son nom à la maladie.
20:43L'insuffisance rénale chronique d'origine non traditionnelle.
20:47Mais les patients l'appellent ici la créatinina.
20:51C'est ce marqueur sanguin qui indique si le rein fonctionne ou non.
20:55Les patients n'ont pas de symptômes pendant plusieurs années.
21:00Ils viennent à l'hôpital à un stade déjà très avancé, qui requiert quasiment tout de suite la dialyse.
21:06C'est une maladie dont on ne peut pas guérir.
21:08Une fois que l'insuffisance devient chronique, il n'y a pas de guérison possible.
21:12L'une de nos hypothèses, c'est que les facteurs de risque que sont les coups de chaleur, le travail excessif, la déshydratation,
21:25produisent des petits incidents rénaux, répétés, qui passent inaperçus.
21:30Ces gens sont probablement habitués à travailler dur et ne ressentent pas tout de suite d'impact sur leur santé.
21:35Mais si tous les jours, pendant des années, ils sont confrontés à cette situation,
21:40cela pourrait être l'une des causes qui déclenchent la maladie.
21:43L'épidémie aurait tué en 20 ans entre 20 000 et 40 000 personnes, selon les estimations.
21:56Au fil des 15 dernières années, elle a été repérée dans tous les pays d'Amérique centrale.
22:02Essentiellement dans les régions côtières, là où les températures humides sont les plus élevées.
22:06Donc, ce qui est intéressant avec cette carte, c'est qu'on voit la corrélation entre la maladie
22:14et les régions les plus chaudes du pays, où le travail manuel est le plus intensif.
22:18Vous ne la trouvez pas dans les régions hautes, où il y a un travail intense, mais où il fait plus frais.
22:24Et à l'inverse, vous ne la voyez pas non plus là où il fait chaud, mais où le travail n'est pas intensif.
22:29Donc, elle est vraiment à l'intersection du travail physique intense et de températures extrêmes.
22:34L'épidémie coïncide avec le développement d'une agriculture intensive en Amérique centrale,
22:42dopée par la hausse de la demande mondiale en produits agricoles.
22:46Dans le même temps, le climat s'est réchauffé de plus d'un degré.
22:51Le nombre de jours d'extrême chaleur pendant la saison de la récolte a été multiplié par trois.
22:58Cette région en particulier est devenue beaucoup plus chaude sur les dernières décennies.
23:03Et la nature du travail a évolué.
23:06Ce n'est plus du tout du travail de paysan qui va s'occuper de ces terres quelques semaines dans l'année.
23:12Vous êtes maintenant un salarié agricole, payé pour travailler des terres qui ne vous appartiennent pas,
23:17durant des mois, 6 à 7 jours par semaine, 12 heures par jour.
23:20Donc, on voit cette corrélation nette entre l'augmentation des zones cultivées de manière intensive
23:25les 40 dernières années et la hausse de mortalité liée à la maladie.
23:33Je pense que c'est une épidémie liée au climat et surtout à l'incapacité des entreprises
23:37à s'adapter à la nouvelle réalité climatique.
23:41Elles n'ont pas encore adapté leur façon de traiter leur main d'œuvre
23:44à l'aune des changements que nous vivons partout aujourd'hui.
24:01Après des années de déni et d'opposition,
24:10l'entreprise San Antonio a décidé d'ouvrir les portes à Jason et son équipe.
24:20Contrainte de reconnaître que ces conditions de travail mettaient ses employés en danger,
24:25la sucrerie collabore désormais avec l'ONG La Isla
24:28pour développer un programme de recherche et de prévention contre le stress thermique.
24:33Les coupeurs de cannes brûlées sont les premiers concernés.
24:35Pour les protéger, la solution est aussi simple qu'efficace.
24:56Des poses, de l'ombre, de l'eau.
24:59Mais l'aspect le plus essentiel, c'est que ces poses sont obligatoires.
25:03Parce que vous pouvez être bien hydraté et être tout de même en hyperthermie,
25:07c'est-à-dire que votre corps est trop chaud et cela endommage les reins.
25:11C'est quelque chose que les gens ne comprennent pas encore
25:13et qu'ils ont confondu pendant des années.
25:14Ces poses obligatoires permettent de faire descendre la température du corps
25:18pour qu'elle reste raisonnable tout le long de la journée.
25:21Les coupeurs ont jusqu'à 20 minutes de pause par heure et s'arrêtent à midi.
25:30Un rythme de travail chronométré, inspiré des entraînements d'athlètes.
25:38Il y a encore 3 ans, quand on a fait la première étude,
25:4110% de ces gars finissaient à l'hôpital à chaque récolte.
25:44Et on a ramené ce chiffre à 0,5, 0,1.
25:48On a presque éliminé les incidents rénaux aigus.
25:51Et on sait désormais que si on réduit ces inflammations du rein,
25:54on peut arrêter la maladie.
25:58Du repos, de l'ombre, de l'eau.
26:08Le drame des coupeurs de cannes aurait-il pu être évité
26:10grâce à des précautions aussi basiques que des poses et de l'eau ?
26:13Les résultats obtenus par la Isla portent à le croire.
26:17Mais il laisse aussi penser que des millions de travailleurs dans le monde
26:20sont exposés aux mêmes risques.
26:23Au fur et à mesure que nous étendons notre champ d'études
26:27et que nous menons des recherches dans d'autres pays,
26:29on commence à se rendre compte que partout où il fait très chaud,
26:32où le travail physique est très intense,
26:34et là où il n'y a aucune protection, on trouve la maladie.
26:36On la trouve au Mexique, en Amérique centrale,
26:46dans certaines régions d'Afrique et au Moyen-Orient.
26:56Et tous ces travailleurs népalais qui sont allés travailler au Qatar pour la Coupe du Monde
27:01ou dans d'autres secteurs, dans les pays du Golfe ou en Malaisie,
27:05ils sont probablement en grand danger.
27:11Notre intuition, c'est qu'il y a des malades qui n'ont pas d'accès aux soins,
27:15qui n'ont pas été identifiés,
27:17parce que c'est une main-d'oeuvre ou un migrante qui va et vient.
27:21Ils ont pu échapper au radar.
27:22Le Népal a fait de l'exportation de sa main-d'oeuvre vers les pays chauds
27:40un pilier de son économie.
27:46Un quart du PIB du pays repose sur l'argent gagné
27:49par ses travailleurs expatriés dans les états du Golfe.
27:52Et en Malaisie.
28:17Notre objectif, c'est d'évaluer la situation au Népal.
28:20On sait déjà qu'il y a des ouvriers qui ne sont jamais rentrés,
28:24qui sont morts là-bas.
28:26Mais il semblerait que parmi ceux qui rentrent,
28:28beaucoup reviennent avec des maladies rénales,
28:30alors qu'ils étaient sains quand ils sont partis.
28:32Porrem est un ancien travailleur migrant dans les pays du Golfe.
28:47À Dubaï, il installait des climatiseurs.
28:52Il est rentré subitement au Népal il y a cinq ans,
28:55atteint d'une insuffisance rénale chronique.
28:56Donc, à Dubaï,
29:11c'est à dire qu'il y a des médicaments,
29:13c'est-à-dire qu'il y a des médicaments.
29:14C'est-à-dire qu'il y a des médicaments.
29:15Il s'est rendu de l'émission.
29:16C'est-à-dire qu'il y a des médicaments,
29:17c'est-à-dire qu'il y a des médicaments.
29:18Et le médecin qui était en train de screening de l'hém
29:21prescrivait à l'hémarie des médicaments
29:22et ne lui disait pas beaucoup.
29:24Donc, il s'est terminé de faire.
29:27Et il s'est donné que il s'est donné un appel,
29:29et comme le portage,
29:29et il y a de l'a dit le temps,
29:31et il rappelle le corps de la médecin
29:33qui m'a dit au téléphone qu'il a qu'à ce que vous aviez ici,
29:35parce que vous avez à l'éclatement.
29:36Quand ils lui ont dit que ses kidneys étaient faillés...
29:39Il y a aussi dit qu'il fallait revenir à Nepal.
29:43C'est vrai.
29:45Ils disent que vous n'êtes pas encore bien à nous.
29:47Vous allez retourner.
29:48C'est comme ça.
29:50La histoire de quelqu'un qui n'est pas réaliser
29:52jusqu'à ce qu'ils ont été tôt, ou un check,
29:54ou qu'ils ont une croissance,
29:56et qu'ils sont en stage 5, ou à best 4,
29:58c'est la histoire de chaque sugarcane worker,
30:01et ils sont en train de se faire.
30:02C'est juste horrible.
30:03C'est encore et encore ce que nous voyons.
30:06C'est très similaire.
30:08C'est comme...
30:09C'est comme...
30:10C'est très similaire.
30:20La migration de travail rapporte.
30:22Mais elle a aussi un coût.
30:24De plus en plus lourd à porter.
30:33Le docteur Richie Kafle est néphrologue.
30:36Il a vu ces dernières années les lits de sa clinique
30:38se remplir de jeunes hommes revenant des pays chauds,
30:40atteints d'insuffisance rénale.
30:42d'insuffisance rénale.
30:44D'insuffisance rénale.
30:46D'insuffisance rénale.
30:47D'insuffisance rénale.
30:48D'insuffisance rénale.
30:49D'insuffisance rénale.
30:50D'insuffisance rénale.
30:51D'insuffisance rénale.
30:53D'insuffisance rénale.
30:54D'insuffisance rénale.
30:55D'insuffisance rénale.
30:56D'insuffisance rénale.
30:57D'insuffisance rénale.
30:58D'insuffisance rénale.
30:59D'insuffisance rénale.
31:00D'insuffisance rénale.
31:01D'insuffisance rénale.
31:02Mais pourquoi est-ce que l'insurrence est limitée au Golfe ?
31:09Pourquoi est-ce qu'il est retourné sans rien ?
31:12Pourquoi ces gens ne payent pas ?
31:15Ce n'est ce que je ne comprends pas.
31:17Les Golfe states sont très riche pays,
31:20et ces gens se sont malheureux et ils sendent les pays,
31:23et c'est les pauvres pays et les pauvres pays
31:26et les pauvres pays qui s'assurent le burden de leur développement.
31:29C'est une pandémie et une maladie d'ampleur mondiale,
31:41et elle affecte les travailleurs essentiels qui sont en bas de l'échelle,
31:44ceux qui ont toujours été perçus comme de la main-d'œuvre jetable.
31:59Ceux qui veulent avoir accès à un traitement sont contraints de refaire leur vie dans la capitale,
32:06loin de leur village.
32:08Comme ces malades qui louent ensemble un appartement à proximité d'une clinique de dialyse.
32:14Tous étaient des travailleurs dans les pays du Golfe.
32:18Désormais, ils sont une charge pour leur pays.
32:22Désormais, c'est ce qui a vu des conditions de défi.
32:33Et si vous enziez plus plus,
32:36plus de 60 millions de personnes à travers le pays
32:40vous pourrez avoir des tempêtes d'environ 100.
32:43Des feuilles de défi à l'environnement,
32:46de tout le monde,
32:47en tout le monde,
32:48dans le sud,
32:49On commence à pousser dans l'East Coast et dans le Nord-East.
33:02En 60 ans, le nombre de vagues de chaleur a triplé aux Etats-Unis.
33:08Le stress thermique serait, selon une estimation récente,
33:11directement responsable de 600 à 2000 décès de travailleurs par an,
33:15ce qui en ferait l'une des trois premières causes de mort au travail.
33:17Et il affecte de plus en plus les salariés d'un secteur en pleine croissance,
33:22la livraison de colis.
33:47José Cruz-Rudríguez est mort à 23 ans d'hyperthermie après s'être senti mal au cours de sa tournée de livraison.
34:08Son décès brutal ne serait pas un cas isolé chez UPS, d'après le syndicat des chauffeurs.
34:17L'entreprise fait partie de celles qui comptent dans le pays le plus d'accidents du travail liés à la chaleur.
34:22L'entreprise fait partie de la chaleur.
34:24L'entreprise fait partie de la chaleur.
34:26La chaleur, quatre de nos membres, en Long Island et en downtown Manhattan,
34:31ont dû aller à l'hôpital de l'hôpital de l'hôpital.
34:32Parce que le chaud.
34:35Aujourd'hui, les gens vont dire que c'est un bon jour.
34:38Oui, c'est un bon jour, mais vos véhicules de l'hôpital sont encore plus loin de 100.
34:43Vini Perron est un représentant des Timsters, l'un des plus puissants syndicats de chauffeurs routiers aux Etats-Unis.
35:13Un syndicat en lutte contre la direction d'UPS pour obtenir un aménagement qui améliorerait la sécurité des chauffeurs,
35:21la climatisation à bord des camions.
35:26Un chauffeur doit faire entre 130 et 200 livraisons par jour.
35:31En entrant et sortant du camion en permanence, il travaille 11 à 12 heures par jour.
35:37Vous arrivez chez un client et vous êtes couvert de sueur, épuisé.
35:41Vous donnez l'impression que vous allez tomber dans les pommes.
35:44La première chose qu'on vous dit, c'est « Mais vous n'avez pas la climatisation dans votre camion ? »
35:49« Non ? »
35:51« Oh mon Dieu ! »
35:51« Mais buvez de l'eau, asseyez-vous ! »
35:53« La chaleur est horrible ! »
35:56En été, les températures à l'arrière des camions de livraison dépassent régulièrement les 50 degrés Celsius.
36:10Les chauffeurs y passent une partie de leur journée à trier les colis.
36:13Mais en plus d'être exposés à une chaleur extrême, les livreurs EPS sont soumis à un rythme de travail effréné.
36:23Ils doivent rouler les portes ouvertes pour ne pas perdre de temps à chaque arrêt.
36:29Et leurs moindres faits et gestes sont enregistrés par un logiciel embarqué à bord du camion
36:33et analysés par des managers qui font la chasse aux minutes perdues.
36:37« C'est comme avoir un flingue sur la tempe toute la journée.
36:42Vous êtes en permanence harcelés par les managers pour le moindre retard sur le planning.
36:49Le logiciel leur indique combien de temps vous devriez prendre pour chaque arrêt.
36:57Qu'il s'agisse de livrer une enveloppe ou 40 colis de 20 kilos chacun,
37:02comme dans cet entrepôt derrière moi, pour l'ordinateur, c'est la même chose.
37:07Une course contre la montre qui rend les livreurs sourds aux alertes de leur corps.
37:19Cet employé d'UPS en Arizona, filmé par la caméra de surveillance d'un client,
37:23montre tous les signes d'un coup de chaud.
37:29Bien que chancelant, il n'oublie pas de marquer son passage avant de repartir à son véhicule.
37:37Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait.
37:51Je souhaits beaucoup.
37:53Mais imaginez, vous êtes dans votre véhicule et tout d'un coup tout devient flou.
37:58Vous voyez des petites étoiles.
37:59Moi je me disais, d'ici 11h45, je dois avoir terminé avec cette adresse et je dois aller à la suivante.
38:11Je suis concentré sur mon planning.
38:13Je ne suis pas en train de me dire qu'est-ce qui m'arrive.
38:17La dernière chose qui me passe par la tête, c'est que mon rein est en train de me lâcher.
38:20Il y a 6 ans, Jim Clank a frôlé la mort au volant de son camion.
38:31Cet ancien chauffeur UPS doit sa survie à la vigilance de sa femme, infirmière,
38:36qui l'a poussé à se rendre aux urgences.
38:41Le diagnostic final était une insuffisance rénale aiguë,
38:46plus précisément une nécrose tubulaire aiguë.
38:49La déshydratation a été traitée.
38:51Tout cela montre la défaillance rénale.
38:58Malgré ses 15 ans d'expérience au volant,
39:01malgré les conseils de prévention de son employeur,
39:04ce jour-là, le corps de Jim a atteint ses limites.
39:11Il vous répète en permanence, buvez de l'eau.
39:14Alors quand ça vous tombe dessus, vous vous dites, mince,
39:17qu'est-ce que j'ai mal fait ?
39:19Je me suis remis en cause, est-ce que c'est de ma faute ?
39:23Mais au bout du compte, la réalité c'est qu'on ne nous fait pas travailler dans des conditions humaines,
39:29mais vraiment inhumaines.
39:32vous êtes en situation très inhumaines.
39:34Lester, le company made almost $5 billion in profits last year.
39:39Mais ils disait que ce n'est pas calculé le coste de l'eau
39:42parce qu'ils disent qu'il ne voulait faire plus large.
39:44parce que les trucks font des stops et les portes sont souvent open.
39:47Maintenant, des experts disent qu'il pourrait y avoir des solutions,
39:50comme permettre de plus de temps pour les temps
39:52quand les températures rise à des niveaux dangereux.
39:54Et pour Jim Clank, il me dit qu'il s'est considéré qu'il est en train d'eux
39:58même si c'est qu'il va falloir qu'il a cut sa pension.
40:03...
40:04...
40:05...
40:06...
40:07...
40:07...
40:08...
40:08...
40:09...
40:09...
40:12...
40:13Selon les chiffres de l'inspection du travail américaine,
40:25entre 2015 et 2019,
40:27au moins 107 employés ont été hospitalisés pour accidents liés à la chaleur.
40:32Mais de l'avis même de l'agence et des syndicats,
40:34ce chiffre pourrait être sous-évalué, car nombre d'incidents ne sont pas déclarés.
40:38En réponse à nos questions,
40:42l'entreprise nous a affirmé que la santé de ses employés était une priorité.
40:51Nous pensons qu'en formant nos employés à être préparés et en leur fournissant des moyens conséquents pour s'hydrater,
40:56nous pouvons continuer à assurer leur sécurité.
40:59L'été dernier, nous avons accéléré l'installation de ventilateurs dans les camions de livraison de colis,
41:06et nous avons fourni à nos employés
41:08260 000 nouveaux uniformes, chemises et shorts en tissu technique et respirant,
41:14plus de 164 000 serviettes rafraîchissantes,
41:18plus de 31 millions de bouteilles d'eau et des fruits.
41:29Depuis 2011, UPS a été condamné 7 fois par l'inspection du travail américaine
41:34pour avoir failli à protéger ses employés de la chaleur,
41:37à des amendes n'excédant jamais les 15 000 dollars.
41:41A l'échelle du pays, les poursuites contre les entreprises restent rares,
41:48car les États-Unis ne sont pas dotés de normes de prévention spécifiques
41:52contre le danger du stress thermique.
42:00Mais les choses sont peut-être en train de changer.
42:03Le président Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris
42:07ont demandé à l'inspection du travail américaine
42:09de plancher sur une nouvelle réglementation sur la chaleur au travail.
42:13La chaleur au travail, l'inspection du travail,
42:16présente un problème de sécurité de travail.
42:20Et les employés sont responsables
42:24de protéger leurs travailleurs dans le travail
42:27des dangers de la chaleur,
42:29notamment dans les champs de la chaleur,
42:32dans les vans de la chaleur,
42:34partout où il y a des travailleurs.
42:39La tâche ne sera pas simple.
42:41Les employeurs redoutent que ces normes de prévention
42:43soient un frein à leur activité économique.
42:52Protéger ses employés ou perdre de l'argent.
42:55L'équation est-elle si simple ?
42:57Certaines entreprises commencent à comprendre
42:59que ce qui coûtera le plus cher
43:01c'est de ne rien faire.
43:03Je Hollande a croissancy
43:05Eh bien, à quel moment le plus cher
43:07c'est de ne rien !
43:09Ong !
43:11Oh !
43:12North India is struggling
43:14the temperatures are soaring,
43:16a heat wave is all set to unfortunately continue
43:18for the next two days,
43:20and temperatures actually over the weekend
43:22touched 49 degrees.
43:25En 2022, l'Inde a subi une canicule historique durant plus de trois mois, qui semble confirmer les prédictions des climatologues.
43:43L'avenir sera fait de vagues de chaleur plus précoces, plus intenses et plus fréquentes.
43:48Le réchauffement climatique risque d'imposer à la croissance indienne une sévère cure de ralentissement.
44:03Car la chaleur a un coût que les économistes cernent de mieux en mieux.
44:06Si vous avez la productivité d'un côté et la température de l'autre,
44:24ce que les études montrent, c'est que le corps humain a un seuil.
44:28A partir de 18 degrés de température humide, ce qui correspond à 29 ou 30 degrés Celsius dans un environnement sec,
44:42on observe que la productivité des travailleurs baisse considérablement, puis s'effondre.
44:58L'industrie textile est l'un des plus gros employeurs de main-d'œuvre féminine.
45:07Le secteur emploie environ 45 millions de travailleurs, dont la plupart sont des femmes.
45:24Le travail est organisé en ligne de production.
45:26Les ouvrières sont assises les unes à côté des autres, et le rythme de travail est très rapide.
45:31Quand les travailleurs sont si proches, la chaleur qui se dégage de leur corps s'ajoute à la température de la pièce.
45:47Plus la température augmente, plus les effets sur le corps sont nets.
45:52Leur capacité mentale est amoindrie, leur corps se fatigue plus vite.
45:56Mais elles ont des objectifs de production très précis.
45:59Les ouvrières se trouvent prises en étau entre le climat qui les pousse à ralentir et un système qui cherche à les faire aller toujours plus vite.
46:28Pendant 5 ou 10 minutes, peut-être 20 minutes, vous allez essayer de vous dépasser pour atteindre les objectifs.
46:37Mais au fil de la journée, la fatigue sera telle que vous ne pourrez pas maîtriser ce que vous faites.
46:41Ça va commencer par une mauvaise couture, ici et là, et à la fin de la journée, vous ferez plein d'erreurs.
46:47Vous n'allez pas atteindre vos objectifs et vous risquez alors de vous faire licencier.
46:55Le géant du textile indien Chahi a pu mesurer l'impact, au degré près, de la température sur la productivité de ses employés.
47:12L'entreprise l'a presque découvert de manière fortuite.
47:18Nous cherchions à prendre des mesures pour réduire notre consommation d'électricité.
47:25Nous avons donc décidé d'installer des ampoules LED à la place des ampoules conventionnelles qui consomment plus d'électricité,
47:35mais qui dégagent aussi plus de chaleur, de la chaleur inutile.
47:41Dans les usines qui ont adopté les ampoules LED, on a observé que la productivité baissait,
47:54mais pas aussi drastiquement que dans les autres entreprises équipées avec les ampoules conventionnelles.
48:03L'installation des ampoules LED a fait baisser de 3 à 4 degrés la température sur le plancher de l'usine.
48:09Et pour chaque degré perdu, la productivité des travailleurs a augmenté de 3%.
48:15L'entreprise a alors compris tout l'intérêt qu'elle avait à garder ses travailleurs au frais.
48:22Aujourd'hui, ces nouvelles usines sont équipées de ventilateurs géants et d'extracteurs d'air.
48:29Mais les couturières restent soumises à des objectifs de production.
48:32Est-ce que vous adaptez vos objectifs de rendement en fonction de la température du jour ?
48:42Non. Nous fixons les objectifs de production de nos usines au niveau requis, standard.
48:50Mais nous prenons des mesures de précaution en adaptant, par exemple, l'architecture des usines.
49:00Mais si nous n'atteignons pas nos objectifs de production, l'entreprise ne sera pas rentable.
49:05Et tous ces gens perdront leur emploi.
49:07Il n'y a pas que les travailleurs qui sont affectés.
49:19Les entreprises le sont aussi.
49:22Et si on prend du recul, il y a une réelle possibilité que les secteurs, voire le pays tout entier, se retrouvent plus pauvres qu'avant.
49:28Le simple impact de la chaleur sur le corps humain peut avoir des conséquences massives sur l'économie nationale.
49:43Parce qu'elle nous fait travailler moins, moins vite, moins bien.
49:48La chaleur fait perdre plus de 2000 milliards de dollars à l'économie mondiale chaque année.
49:52Ce chiffre devrait doubler d'ici 2050, à la faveur du réchauffement climatique.
50:01En Europe, les régions du Sud connaîtront les plus grosses pertes du fait de vagues de chaleur plus fréquentes.
50:08Mais ce sont les économies situées le long de l'équateur qui seront frappées le plus durement par la hausse des températures.
50:14Si certaines entreprises cherchent déjà à s'adapter, des millions de travailleurs n'en ont pas les moyens.
50:25En Inde, 90% de la main d'œuvre travaille dans le secteur informel.
50:30La majorité sont des femmes.
50:33Des ouvrières invisibles, sans contrat de travail, ni protection sociale.
50:38Il fait plus chaud cet été que les précédents.
50:46Je vis à Ahmedabad depuis 30 ans.
50:48Je n'ai jamais connu d'été aussi chaud.
50:53D'Ipi Kaben est couturière dans un quartier pauvre d'Amedabad.
50:58Une ville frappée régulièrement par des vagues de chaleur.
51:01Mais cette année, la chaleur extrême est arrivée dès le mois de mars.
51:04Et le mercure est resté au-dessus des 40 degrés pendant près de 40 jours consécutifs.
51:13La semaine dernière, il a fait si chaud pendant 3-4 jours que je n'ai pas pu travailler.
51:20J'ai refusé du travail que mes clients me demandaient.
51:27En temps normal, Dpi Kaben gagne au moins 200 roupies par jour, soit environ 2 euros.
51:32Mais la chaleur frappe son budget comme un impôt, l'amputant de quelques roupies pour chaque degré prix.
51:41En moyenne, on a observé une perte de productivité entre 30 et 50 %.
51:48Donc automatiquement, leurs revenus baissent.
51:53Et en même temps, elles ont plus de dépenses en été.
51:56Elles doivent dépenser plus pour leur facture d'électricité pour rafraîchir leur maison.
52:00Quand on parle du changement climatique, je crois qu'il faut réaliser que ces populations vulnérables, qui vivent en ville, souffrent de ces effets aujourd'hui.
52:15Ce n'est pas quelque chose qui les affectera seulement dans le futur.
52:18Pour se prémunir des canicules futures, l'Inde devra trouver des solutions abordables.
52:32Comme cette peinture réfléchissante que les femmes des bidonvilles d'Amedabad achètent auprès de l'ONG Mahila.
52:38Elle peut faire baisser la température dans les maisons de 4 à 5 degrés.
52:44À la faveur du réchauffement climatique, un fossé thermique risque de diviser un peu plus le monde du travail.
52:57Certains employés pourront s'affranchir des réalités climatiques, tandis que d'autres les subiront.
53:04Des cols secs et des cols humides, séparés par des vitres et des courants d'air.
53:09Dans cette nouvelle ère climatique, quelles places occuperont ces travailleurs en première ligne, indispensables à nos économies ?
53:20Une chose est sûre, leurs conditions dépendent plus que jamais du soin que nous portons à notre planète.
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