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  • il y a 4 heures
Masterclass, avec Maurice Levy, président d'honneur de Publicis Trouver sa voie et donner du sens à sa carrière, emplois menacés face à l'ascension de l'Intelligence artificielle, mutation des métiers de la communication à l'ère des réseaux sociaux, des influenceurs et des fake news : face aux jeunes, Maurice Levy, l'emblématique président d'honneur du groupe Publicis, réagit aux grands défis de notre époque, et nous fait partager son expérience, ses prises de risque et ses convictions. ... Année de Production :

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Transcription
00:00Masterclass avec Ophi Invest.
00:03Comprendre pour agir, c'est se préparer à faire les bons choix.
00:06Ophi Invest finance les acteurs qui dessinent l'économie de demain.
00:10Ophi Invest, investissez dans votre avenir.
00:15C'est toujours comme ça, c'est le jeu d'éclatage.
00:17C'est une affaire dans l'affaire.
00:18C'est ça, c'est ça.
00:18C'est dire que si personne n'avait rien,
00:20ça aurait pu bâtir l'éclat de la cible classique parce que...
00:23Moi je suis en deuxième...
00:24Ok.
00:25Suivez un compagnon.
00:26Bonjour.
00:28Bonjour.
00:28Bonjour.
00:30Merci d'être là.
00:32On a une chance incroyable.
00:34Mais je m'inclue dedans.
00:35Le rencontrer, c'est un patron iconique.
00:39C'est vos questions.
00:40C'est la règle ici dans Masterclass.
00:42C'est vous qui posez les questions.
00:44Et il va les découvrir.
00:45Et d'ailleurs on attend.
00:46Ah ben je crois que je le vois.
00:49Bonjour Maurice Lévy.
00:50Bonjour David.
00:51Vous allez bien ?
00:52Avec vous, toujours bien.
00:54C'est un plaisir de vous avoir, vraiment.
00:55Mais c'est un plaisir passager.
00:57Un plaisir et je leur ai dit c'est une chance.
00:58Allez Maurice Lévy, moi je vais vous l'applaudir.
01:01S'il vous plaît.
01:01Parce que c'est vraiment...
01:03Merci.
01:06En chair et en os, le vrai de vrai.
01:08Une question juste.
01:09On lève la main à ceux qui souhaitent avoir une carrière aussi longue et aussi enrichissante que Maurice Lévy.
01:14Moi je...
01:14Ça dit quelque chose quand même, non ?
01:16Je crois que c'est un peu dépassé.
01:19Je ne veux pas vous faire de la peine, mais je crois qu'aujourd'hui, les gens ont envie de passer quelques années dans une boîte, passer dans une autre, puis après une autre, etc.
01:29Alors que moi, j'ai passé 50 ans dans la même.
01:34On va en parler d'ailleurs.
01:36Allez, c'est parti pour une nouvelle masterclass sur Public Sénat.
01:39La masterclass de Maurice Lévy, le président d'honneur de Publicis.
01:43Allez, on s'installe.
01:43C'est une évidence, c'est une réalité.
01:54Dans la vraie vie, évidemment, ce sont des gens qui ne se rencontrent jamais.
01:58Et c'est normal.
01:59D'un côté, on a des étudiants, vous, voilà, tout à leurs études, concentrés évidemment.
02:03Et de l'autre, les plus grands dirigeants économiques français.
02:06Eh bien nous, c'est un choix, c'est une volonté, c'est une ambition sur Public Sénat.
02:10On veut que tout ce petit monde passe un bon moment.
02:13Un moment et un bon moment.
02:13Qu'ils puissent échanger et parler, finalement, de tous les grands défis
02:17qui les attendent, qui vous attendent, pour que votre futur ait de l'avenir.
02:22Bon, je précise, je vous le dis d'ores et déjà,
02:24que celui ou celle qui posera la question la plus pertinente
02:27se verra offrir en fin d'émission un CDI à vie chez Publicis.
02:31On applaudit Maurice Lévy.
02:35C'était pas le deal.
02:36Non, c'est une blague, évidemment.
02:38C'est une blague, c'est une blague.
02:39Mais on peut l'envisager.
02:41Il faudrait qu'on soyez vraiment très, très fort.
02:43Non, le cadeau, c'est vous.
02:45Parce qu'Arthur Cédoune, qui dirige Publicis,
02:47c'est beaucoup plus exigeant que moi.
02:49Vous l'étiez déjà exigeant.
02:51Un peu.
02:51Le niveau d'exigence, déjà.
02:52Oui.
02:54Maurice Lévy, regardez cette photo.
02:57Alors, vous n'étiez plus étudiant.
02:57Vous n'étiez plus étudiant.
02:59Oh mon Dieu.
03:00Vous aviez 30 ans.
03:01Non, mais vous étiez au début de votre carrière.
03:05Cette photo, elle est un peu fondatrice,
03:06parce que c'est votre premier tournant dans votre vie professionnelle.
03:10C'est l'incendie de 1972.
03:12Vous le raconterez mieux que moi.
03:13Mais le siège de Publicis est en feu.
03:16Il brûle.
03:17Et il va enfiler carrément.
03:19Alors que c'est interdit.
03:19le casque, la combinaison de pompiers,
03:22pour aller sauver les bandes, les archives.
03:25Vous étiez directeur informatique.
03:27J'étais dans la maison depuis un peu plus d'un an.
03:30Et nous avions transformé toute l'informatique.
03:33Et je voyais toute l'œuvre que nous avions réalisée brûlée.
03:39Et je voyais surtout, et mon inquiétude était surtout là,
03:42mes équipes qui étaient sur place.
03:44Et je dis aux pompiers, il faut que je rentre.
03:47Il me dit non, pas du tout.
03:48On s'est même battus.
03:49Il m'a mis à terre.
03:51Et puis, j'ai fait le tour de l'immeuble un certain nombre de fois.
03:54Et puis, à un moment donné, je vois un commande-car.
03:58Il y avait une veste en cuir et un casque.
04:03J'ai mis la veste en cuir, le casque.
04:04Le gardien qui était ruverné, il se met au garde-à-haut.
04:09Et je rentre dans l'immeuble.
04:11Je suffoque.
04:13C'est noir.
04:14Puis, je suis allé à la salle informatique.
04:17Et à partir de là, j'ai eu un éclair.
04:20Je me suis dit, il faut absolument que je sorte le matériel.
04:23Autrement, on va être dans une situation désespérée.
04:27J'étais rassuré que les équipes, elles, avaient pu quitter l'immeuble.
04:32Et j'ai donc commencé à sortir en cassant une fenêtre.
04:38Et je balançais sur le trottoir.
04:39Et vous avez récupéré, donc ?
04:41Et j'ai récupéré les bandes magnétiques qui étaient des bandes de données vivantes du jour même.
04:47Et du stock de toutes les informations que nous avions.
04:50Vous êtes remarqué par le président fondateur, Marcel Bestein-Banchet,
04:54qui vous nomme ensuite secrétaire général.
04:56C'est comme un truc de dingue.
04:57Alors, là, si vous voulez la vraie histoire, c'est plus simple que ça et plus compliqué.
05:01C'est au bout d'un an, on se croise quelque part au drugstore, d'ailleurs, Matignon.
05:12On discute et il demande un revoir, etc.
05:16Il m'avait suivi sur tout ce que je faisais.
05:19Et puis, il me dit, il m'invite à déjeuner.
05:23Et il me dit, bon, Maurice, j'ai décidé de vous nommer directeur général.
05:29Et j'avais 31 ans.
05:32Et je lui dis, non, vous ne voulez pas me nommer directeur général.
05:38Vous voulez que je fasse le boulot de directeur général.
05:43Mais vous avez envie d'un grand publicitaire et pas d'un informaticien pour diriger votre maison.
05:49Et si je comprends la publicité, je ne suis pas un grand publicitaire.
05:52Je suis un informaticien et vous n'aimerez pas que Publicis soit dirigé par un informaticien.
06:02Il m'a dit, c'est la première fois que je fais une promotion à quelqu'un, que j'offre une promotion et que la personne la refuse.
06:08Et puis, un an après, il m'a appelé en me disant, je ne vous demande pas.
06:13Je vous nomme.
06:14Je vous nomme.
06:15Quel enseignement on en tire pour nos amis étudiants qui sont là, de cette anecdote-là, qui est comme, encore une fois, pas anodine.
06:24Sur celle de l'incendie, je ne vous recommande pas de le faire.
06:31C'est de l'inconscience.
06:33En ce qui concerne la deuxième, alors là, ne prenez de promotion et n'assumez de position qu'à la condition de pouvoir délivrer davantage.
06:48Over-deliver.
06:49Ça, c'est très important.
06:51Ne prenez pas un job où vous allez être à 95%.
06:56Il faut prendre un job où vous allez délivrer 120% de ce qui est attendu.
07:01Et là, vous êtes assuré que le coup d'après, vous allez pouvoir y aller encore et vous allez avoir encore la possibilité d'aller plus loin.
07:11Et c'est vraiment comme ça qu'il faut raisonner.
07:13Allez, c'est autour à présent de nos amis étudiants de vous interroger.
07:16Ils ont tous des parcours étudiants différents, mais ils ont tous en commun d'être engagés.
07:21Vous le savez, ils ont fait leur service civique, ils ont fait du bénévolat.
07:25Bravo.
07:25Et on remercie comme à chaque fois l'association, l'Institut de l'engagement qui nous a mis en relation.
07:31Donc, on va échanger autour de leurs préoccupations.
07:33C'est leur choix, leur centre d'intérêt.
07:35Et on commence avec Salah.
07:36Question d'ailleurs que l'étudiant qui sommeille en moi aurait aimé poser.
07:40Bonjour.
07:41Bonjour.
07:41Je me présente, je suis Salah Chachoui, j'ai 24 ans.
07:44Je suis en master finance à l'OM Lyon.
07:46Et en parallèle de mes études, j'ai décidé de créer ma propre entreprise, une startup de mise en relation entre formateur et entreprise.
07:53Et justement, ma question fait écho à ça, c'est quel conseil auriez-vous donné à un étudiant de 25 ans comme moi et à tous les jeunes actifs ?
08:02Et quel conseil auriez-vous aimé entendre si vous étiez à ma place ?
08:06Alors d'abord, si vous avez envie de créer une startup, je vous aurais conseillé d'aller vers l'Escalator.
08:15Alors vous ne savez pas ce que c'est que l'Escalator, mais l'Escalator est un incubateur que j'ai créé et qui accueille gratuitement.
08:26Et non seulement gratuitement, mais ça nous coûte de l'argent parce qu'on les aide.
08:29des gens qui ont des idées, qui ont la volonté de réussir et qui n'ont ni les moyens ni les relations.
08:38Donc première chose, prenez la bonne adresse.
08:41Et deuxième chose, assurez-vous, si vous voulez vous lancer dans l'entrepreneuriat, d'avoir la bonne idée.
08:50C'est la chose la plus importante parce que le reste vient.
08:53Mais si c'est une idée comme il en existe 2000, ce n'est pas la peine.
09:01Il y a déjà des gens qui sont sur le coup et qui le font mieux que vous.
09:06Mais il faut avoir le petit créneau.
09:10Cherchez pas la très grande idée qui va révolutionner le monde.
09:12Évidemment, si vous pouvez avoir le prochain Facebook ou le prochain Google, tant mieux.
09:18mais une idée qui rend service de manière très judicieuse à une cible donnée et que vous aurez le courage de mener jusqu'au bout.
09:35C'est le seul conseil.
09:36– Avec opiniâtreté.
09:36– Avec un peu d'opiniâtreté, avec beaucoup de volonté, beaucoup, beaucoup de volonté.
09:44– Pour moi, la question, c'est quelles sont les compétences qu'on devrait transmettre aux futurs dirigeants
09:50et qu'est-ce qu'on devrait, au contraire, délaisser ?
09:53– Ah, ça, c'est une question sur laquelle il faut avoir un peu de recul.
09:58– Oui. D'abord, être dirigeant, c'est pas un métier.
10:07C'est quasiment une vocation.
10:11Parce qu'être dirigeant, c'est pas de diriger, c'est servir.
10:17Il faut servir l'entreprise.
10:19Il faut servir les intérêts de l'entreprise.
10:21Et parfois, contre ceux qui font l'entreprise, par moment.
10:27Ça peut être contre les actionnaires.
10:29Ça peut être contre les autres dirigeants.
10:33Il faut avoir une idée extrêmement précise de ce qu'on veut faire,
10:38d'où on veut emmener l'entreprise,
10:41et tout sacrifier à cela.
10:43C'est ma conception.
10:44Je ne dis pas que c'est la meilleure solution,
10:49mais c'est ma conception.
10:50On est au service de l'entreprise pour la porter à un certain niveau.
10:55Et pour ça, on est amené à, souvent, sacrifier énormément de choses.
11:00– J'aimerais rebondir.
11:01Et vous, qu'est-ce que vous avez sacrifié
11:03lorsque vous étiez en poste, justement, de PDG chez Publicis ?
11:06– La chose qui m'est encore reprochée par ma femme,
11:12c'est que…
11:13– Elles ont toujours raison.
11:14– Oui, mais là, elles avaient dix fois raison.
11:16– Je suis rentré à Publicis le 2 mars 71.
11:22– Quelques semaines après,
11:28j'étais prêt pour présenter mon projet
11:30à l'ensemble du personnel,
11:35en présence de Marcel Blanchet et de tout l'État-major.
11:38et je m'étais préparé et j'étais prêt.
11:43Et je suis parti faire cette présentation
11:45alors que ma femme était en train d'accoucher.
11:47– Ah.
11:49– Ouf.
11:52– J'ai donc sacrifié le fait de ne pas avoir assisté
11:57à la naissance de mon fils, de mon troisième fils.
12:00– Si c'est à refaire, si c'est à refaire.
12:01– Heureusement qu'elle est là et elle m'a supporté
12:07et elle me supporte de manière inouïe.
12:12Mais j'ai sacrifié ça.
12:13– Allez, une question présente de Mahamat.
12:16– Nous savons qu'en fait, l'économie repose sur la rareté.
12:20Et aujourd'hui, en fait, l'attention humaine est devenue la ressource rare.
12:24Comment une entreprise comme Publicis
12:27relève le défi, en fait, de l'économie de l'attention
12:31tout en faisant attention à ne pas basculer
12:35dans la saturation de l'information
12:37et la manipulation de l'opinion, notamment publique ?
12:41– Vous avez plusieurs questions, là.
12:43Vous avez plusieurs questions.
12:45En ce qui concerne l'économie de l'attention,
12:47c'est le cœur de notre métier.
12:48Le cœur de notre métier, c'est effectivement
12:51de délivrer un message à un consommateur, une consommatrice
12:57et de veiller à ce que ce message retienne son attention.
13:02En ce qui concerne l'information, chacun son métier,
13:06nous ne délivrons pas d'informations.
13:08Soyons clairs, nous délivrons une information commerciale,
13:12c'est-à-dire que nous sommes le porte-voix d'une entreprise
13:16qui a quelque chose à dire au consommateur
13:19et nous devons délivrer ce message
13:22dans la véracité la plus proche du produit
13:26en embellissant les choses
13:28et en essayant d'être séduisant, attractif, convaincant,
13:33selon le cas.
13:34Et donc, la saturation du message de l'information,
13:40ce n'est pas notre domaine.
13:41En revanche, la saturation du message publicitaire,
13:45c'est notre domaine
13:46et c'est pour ça que nous ne voulons pas
13:49surmatraquer, surexposer
13:53les consommateurs et consommatrices au message
13:59et nous voulons le délivrer de manière très personnalisée
14:02et à chacun.
14:03Donc, on essaye d'y veiller.
14:06Quant à la manipulation,
14:09la beauté en matière de publicité,
14:12c'est que la manipulation ne peut pas exister
14:15puisque c'est de la pub
14:17et que les gens savent que c'est de la pub,
14:21entre guillemets.
14:22On leur envoie un message publicitaire
14:24et aujourd'hui, ils sont suffisamment éduqués
14:27pour faire la différence entre l'information et la publicité.
14:31À l'heure où l'IA permet de créer des images sans limite
14:35et à moindre coût,
14:37selon vous, comment préserver les métiers de la création
14:40dans la communication,
14:42en particulier pour les jeunes qui arrivent aujourd'hui
14:45sur le marché du travail ?
14:46Pour un jeune qui nous rejoint aujourd'hui,
14:52ce qui est important,
14:53c'est qu'il comprenne comment fonctionne l'IA,
14:57ce que fait l'IA
14:58et sache comment s'en servir.
15:01Dès lors qu'il ou elle a bien appris à s'en servir,
15:06ça va aller tout seul.
15:07Et après, il accompagnera ou elle accompagnera
15:10le mouvement et les développements
15:12de l'intelligence artificielle.
15:14Mais donc, une IA plus créative que l'humain dans la pub,
15:17ce n'est pas pour ce suite ?
15:18Encore, on est au niveau de l'aide,
15:22elle peut stimuler la pensée,
15:26elle peut stimuler la créativité,
15:28elle peut faciliter l'exécution.
15:29Ça, c'est la première étape.
15:30Mais elle n'est pas encore en état de proposer des solutions...
15:38Aujourd'hui ?
15:39Mais demain, peut-être.
15:41Demain, peut-être.
15:42Et dans ce cas, pour moi, ce sera trop tard.
15:44Mais pour d'autres, il va falloir qu'ils se réinventent.
15:49Le jour où l'IA serait assez performant
15:52pour être quasi autonome,
15:55ce n'est pas forcément le mot,
15:56mais pouvoir exécuter pleinement la demande
16:00pour une commande de publicité ou autre,
16:06vous seriez donc d'accord
16:10pour embaucher moins de personnel ?
16:13Comment vous voudriez faire ?
16:17Plus l'IA se développera,
16:19moins il y aura besoin
16:23de collaborateurs ou collaboratrices
16:27pour faire un certain nombre de tâches.
16:29En ce qui concerne les collaborateurs,
16:31il va y avoir de nouvelles fonctions,
16:32il va y avoir de nouvelles façons de faire.
16:35Est-ce qu'on aura moins de monde ?
16:37Très probablement.
16:39Dans quel délai ?
16:40Je suis incapable de le dire.
16:42Mais probablement qu'on aura
16:43des phénomènes de productivité,
16:45comme on l'a vu, lorsqu'il y avait
16:47des impressions ou lorsqu'on est passé
16:50de l'imprimerie à l'ancienne typographie
16:56aux imprimeries offset, etc.
17:01Donc il y a beaucoup de choses
17:04qui peuvent évoluer.
17:06Question maintenant de Zaya.
17:09Bonsoir, M. Lévy.
17:10J'ai une question.
17:12En fait, j'étais curieuse de savoir
17:14quel a été le défi stratégique
17:16le plus risqué auquel vous avez dû faire face
17:19au cours de votre carrière
17:21et comment vous l'avez assumé ?
17:22Mine de rien, il y a eu énormément
17:24de tournants.
17:27C'est une série de tournants.
17:28Il y a les très grands
17:30qui ont été très visibles,
17:32comme celui de la data,
17:35de la technologie
17:36ou du digital.
17:39Mais il y a eu des paris
17:40qui avaient l'air anodins.
17:44Mais quand je suis arrivé à Publicis,
17:47c'était surtout
17:50l'entité des Champs-Elysées.
17:55Publicis aux Champs-Elysées.
17:57Et une des toutes premières choses
17:59que j'ai faites,
18:00ça a été la régionalisation.
18:02Et j'ai eu jusqu'à 17 agences régionales
18:04qui, à un moment donné,
18:07pesaient plus lourd
18:08que l'agence nationale
18:09en pénétrant le territoire.
18:13Paris gagnant.
18:14Oui.
18:14Et ça a été un pari gagnant.
18:16Et dans les paris perdants ?
18:17Après...
18:18Moi, il y en a un, j'ai noté.
18:20Non, il y a beaucoup de paris
18:22que j'ai perdus.
18:23En 2013,
18:25la fusion avortée
18:25avec le géant américain Omnicom
18:27pour former le numéro mondial
18:28du secteur avec 130 000 salariés.
18:30Est-ce que c'est
18:31un de vos plus gros échecs ?
18:33En fait, je ne regrette pas cet échec
18:35parce que, dans cet échec,
18:39la raison de cet échec,
18:41c'est le fait qu'Omnicom
18:43ne voulait pas mettre en place
18:47le système sur lequel
18:50nous étions d'accord
18:51et qui permettait
18:52de respecter l'indépendance
18:55de Publicis
18:56et le partenariat 50-50.
19:01Et donc,
19:02dès lors qu'il ne respectait pas cela,
19:05nous risquions
19:06de nous trouver
19:06dans une situation
19:07où, finalement,
19:10on allait être numéro un mondial,
19:12mais c'était eux
19:13qui allaient diriger
19:13et c'était eux
19:14qui allaient contrôler.
19:16Et ce n'était pas le destin
19:17que ni Elisabeth Ballinter,
19:20la fille du fondateur
19:21de Publicis,
19:23ni le management
19:24voulait pour Publicis.
19:25Question de John John
19:27à présent.
19:28On a un marché du travail
19:30assez bouché.
19:31En tout cas,
19:31c'est ce qu'on peut voir
19:32pour certains jeunes.
19:34Aujourd'hui,
19:34ma question,
19:34c'est quelle qualité
19:35vous recherchez ?
19:36Ce n'est peut-être pas l'école,
19:37ce n'est peut-être pas
19:38quelqu'un qui en veut,
19:39mais qu'est-ce qu'aujourd'hui
19:40on cherche pour un bon collaborateur ?
19:41Qu'est-ce qui vous prend l'œil ?
19:42La qualité indispensable
19:44d'un bon collaborateur.
19:45D'abord,
19:46le marché n'est pas bouché.
19:50Il y a toujours
19:51des possibilités
19:54pour trouver des jobs.
19:57Il faut juste avoir
19:58la possibilité
19:59de se trouver en face
20:00de là où il y a un besoin.
20:02Donc,
20:03ce qui suppose
20:04de bien faire
20:06son propre marketing.
20:07Et il faut,
20:08pour cela,
20:09que vous
20:10définissiez vous-même
20:13et vous définissiez
20:15vos envies
20:15et qu'ensuite,
20:17vous essayez
20:17de trouver le job
20:19dans le secteur
20:20qui vous convient le mieux.
20:21les qualités
20:22qu'on attend.
20:24La qualité
20:24la plus importante
20:25qu'on attend aujourd'hui,
20:26c'est celle
20:26de l'engagement.
20:28On cherche
20:30des collaborateurs
20:31qui sont fondamentalement
20:33engagés,
20:34qui ne sont pas
20:34des touristes
20:35et qui ont envie
20:37véritablement
20:38de faire,
20:39de passer
20:40quelques années...
20:41– Ça semble évident
20:42d'être engagé,
20:42quand on rentre dans une boîte,
20:43d'être motivé.
20:45La motivation,
20:45elle est...
20:47– J'aimerais
20:49que ce soit
20:50si évident que ça.
20:51– Ça n'est pas très bien.
20:52– J'aimerais
20:52que ce soit
20:52si évident que ça.
20:55Les choses
20:56ont beaucoup évolué
20:58et sont complexifiées.
21:01Les sollicitations
21:02pour les jeunes
21:04sont multiples,
21:06que ce soit
21:07sur un plan sociétal,
21:11l'engagement
21:12sur le changement climatique
21:15pour certains,
21:16pour d'autres causes,
21:19pour d'autres.
21:20Et à ce moment-là,
21:21elle se pose
21:21une question
21:22extrêmement importante
21:24qui est
21:24quel arbitrage
21:25je fais
21:25entre les valeurs
21:27que je veux défendre
21:28et ce que me propose
21:29l'entreprise
21:30et jusqu'à quel point
21:31je m'engage
21:31dans l'entreprise.
21:33Et donc,
21:33il faut choisir
21:34des entreprises
21:34avec lesquelles
21:35on se sent en harmonie
21:37et on se sent en harmonie
21:38avec les valeurs
21:38de cette entreprise.
21:40Autrement,
21:41il va y avoir
21:42un disconnect
21:43très vite.
21:44Si vous aviez
21:45un seul conseil
21:46à donner
21:47pour garder
21:48la motivation intacte
21:51après tant d'années
21:52au sommet,
21:52lequel ce serait ?
21:54Alors,
21:54moi,
21:54je suis toujours
21:56très motivé
21:57dans ce que je fais.
21:59Ils rachètent des boîtes,
22:00ils lancent des business,
22:01c'est un truc de dingue.
22:02Donc,
22:04et je suis toujours passionné.
22:07Et je reviens
22:08à ce que je disais
22:09tout à l'heure,
22:10c'est-à-dire
22:10qu'il faut trouver
22:13le rôle
22:16et l'entreprise
22:17dans laquelle
22:18vous allez vous sentir
22:19motivé.
22:22Vous allez avoir
22:22des déceptions.
22:24Il va y avoir
22:24des choses
22:25qui ne vont pas.
22:26Il faut toujours
22:27trouver un espace
22:28dans lequel
22:28vous restez motivé.
22:30Et cet espace,
22:31il est en vous.
22:34Ne comptez pas
22:34sur l'entreprise
22:35pour vous l'offrir.
22:36Certaines l'offrent
22:38naturellement.
22:41D'autres
22:42sont plus réservés
22:43et il faut
22:45aller le chercher.
22:46Mais il faut
22:47que vous le trouviez
22:48en vous,
22:49en personne d'autre.
22:51Si vous ne le trouvez
22:52pas en vous,
22:53l'entreprise
22:54ne vous l'offrira pas.
22:56Et donc,
22:56c'est très important
22:57d'être en accord
22:59avec vous-même
22:59dans le choix
23:00que vous faites.
23:02Allez,
23:03on continue
23:03avec une série
23:04de questions.
23:05Oui ou non,
23:06vous lisez,
23:07répondez toujours
23:08à vos mails
23:09à 2h du matin.
23:10Il faisait ça
23:10quand il était
23:11à la tête de...
23:13Ce matin,
23:13c'était à 5h.
23:14Voilà,
23:15vous voyez.
23:17Mais en plus...
23:19On régresse, là.
23:19Oui, oui,
23:20c'était à 5h du matin.
23:22J'ai commencé
23:23à faire mes mails.
23:24Oui ou non,
23:25on vous surnommait,
23:26enfin,
23:27vos collaborateurs
23:27vous surnommaient
23:28M. Milcorrection.
23:30M. Milcorrection.
23:32Je ne sais pas.
23:32Très perfectionniste,
23:33on l'a compris.
23:34Je ne sais pas.
23:35Mais c'est vrai
23:35que je suis assez
23:37perfectionniste
23:38et qu'il y a des...
23:40Je reprends les textes,
23:42je corrige
23:43et même...
23:46C'est une qualité
23:46pour réussir ?
23:47C'est une qualité
23:47pour réussir ?
23:48Je ne sais pas.
23:50Dans tous les cas,
23:51c'est un trait de caractère.
23:53Oui ou non,
23:54vous n'avez jamais eu
23:55d'effet personnel,
23:56de photos de famille
23:57sur votre bureau.
23:59C'est assez rare.
23:59Je n'ai pas envie
24:01d'étaler ma vie privée,
24:03montrer la photo
24:04de mes enfants,
24:06ma femme,
24:07etc.
24:09Tout ce qui...
24:09Votre troisième enfant ?
24:11J'ai trois fils.
24:13Le fameux ?
24:13Oui, le fameux.
24:15Vous n'étiez pas là...
24:15Je sais, je sais.
24:17Merci.
24:18Pas là.
24:18Avec plaisir.
24:19Donc, voilà.
24:22Si un sondage
24:23vous plaçait,
24:24Maurice Lévy,
24:24en bonne position
24:25pour la prochaine présidentielle,
24:27est-ce que vous vous présentez
24:28ou pas ?
24:28Ah non.
24:30Ah non, non, non.
24:31D'abord, c'est un vrai métier.
24:33Ce n'est pas le mien.
24:34La politique, c'est sérieux.
24:37Il faut le traiter
24:37avec beaucoup de talent
24:39et d'énergie.
24:41Et il ne suffit pas
24:43d'avoir une ou deux idées
24:44comme ça.
24:45Il faut véritablement...
24:46Il y en a qui s'en fait lire
24:47avec une ou deux idées.
24:48Oui, on a vu les résultats aussi.
24:51Oui ou non,
24:52on ne quitte jamais,
24:53vous ne quitterez jamais vraiment
24:54Publicis,
24:55vous qui êtes passé
24:55toute votre vie là-bas.
24:56Et en même temps,
24:57je le disais,
24:57pour acheter des boîtes,
24:59vous avez lancé des sites
25:00sur l'art.
25:02Voilà, il y a toujours...
25:04Alors,
25:05il se trouve que l'année prochaine,
25:08Publicis va fêter
25:09ses 100 ans d'existence.
25:13Ah.
25:14Et ?
25:141926,
25:172026.
25:18Et j'ai découvert
25:20qu'à moi tout seul,
25:21j'ai fait plus
25:22de la moitié du chemin.
25:25Donc,
25:25je n'ai plus
25:27de responsabilité
25:28ni opérationnelle,
25:30ni administrative,
25:32puisque je suis
25:32président d'honneur,
25:34ça ne dit rien du tout.
25:36Et
25:36je suis très heureux
25:39comme ça,
25:39mais je n'ai pas quitté
25:40pour autant Publicis.
25:42Maurice Lévi,
25:43on passe à la question inversée.
25:44Cette question inversée,
25:45c'est vous maintenant
25:46qui posez une question
25:47aux étudiants
25:48qui sont là.
25:49Répondre à qui veut.
25:51Il y a beaucoup de choses
25:51qu'on lit,
25:52qu'on entend.
25:54Il y a des gens qui disent
25:55je n'irai dans cette boîte
25:56que parce qu'il y a du télétravail
25:58et puis c'est plutôt bien.
26:00En plus,
26:00le télétravail
26:01entre le lundi,
26:02entre le vendredi et le lundi,
26:04c'est parfait,
26:05ça m'allonge mes week-ends.
26:06Et puis,
26:07il y a ceux qui disent
26:08je n'irai jamais
26:09dans cette entreprise
26:10parce qu'elle brûle
26:11des matières fossiles,
26:14etc.
26:14Donc moi,
26:14ce qui m'intéresse,
26:15c'est quelles sont les valeurs
26:17qui vous intéressent
26:19dans une entreprise ?
26:20Mon côté,
26:21ce qui m'intéresse,
26:22c'est deux choses.
26:22D'une part,
26:23l'écoute des salariés,
26:24c'est-à-dire qu'on ait
26:25des managers qui sont humains,
26:26qui veulent en fait
26:27apprendre aussi
26:27de leurs salariés
26:28parce que ce n'est pas
26:29que des descendants.
26:30Et d'autre part,
26:31moi,
26:31j'ai un prisme très public,
26:33je suis passionné
26:33par le public
26:34et par aider les citoyens.
26:35Donc,
26:36c'est vraiment quelqu'un
26:37qui veut travailler
26:38pour le collectif.
26:39Moi,
26:39si je devais travailler
26:40dans une entreprise,
26:41ce à quoi je ne me destine
26:42pas spécialement,
26:43mais ce serait la place
26:44qu'elle ferait
26:44à la possibilité
26:46d'être liquide.
26:47Je dirais,
26:47on est souvent des gars-femmes
26:48qui doivent être
26:48des géants au pied d'agile.
26:50Donc moi,
26:51j'aimerais stimuler
26:52tout le temps
26:53changer de métier,
26:54de fonction, etc.
26:55Je pense que
26:56ce que je chercherai
26:57dans une entreprise,
26:58c'est cette capacité
26:58à se réinventer constamment,
27:00à toujours être
27:00amorphe presque.
27:03Je ne sais pas
27:03si c'est une force
27:04ou si...
27:05Voilà ce que je chercherai.
27:08C'est intéressant.
27:08Et c'est ça,
27:11il faut...
27:12Se réinventer
27:13perpétuellement,
27:14c'est un précepte ça d'ailleurs.
27:15Se réinventer perpétuellement,
27:17c'est quelque chose
27:19que nous avons été amenés
27:21à faire régulièrement
27:22à Pubicis.
27:23On s'est réinventé
27:24à chaque tournant...
27:26Et plus que jamais aujourd'hui,
27:27parce que tout va très vite,
27:28il faut savoir se réinventer
27:29et s'adapter.
27:30C'est d'ailleurs un enseignement
27:31qu'on peut partager ?
27:32Ça fait partie
27:34du fonctionnement
27:36presque naturel
27:37de toute collectivité
27:41et de toute entreprise.
27:43Allez, merci.
27:43Merci Maurice Lévy
27:44pour cette masterclass.
27:46J'espère que ça vous a plu.
27:47Écoutez, moi,
27:48j'ai passé un moment
27:49très agréable.
27:50J'espère surtout
27:51que ça vous a plu.
27:52Ça vous a plu, oui.
27:52Ça vous a été utile.
27:54Merci à vous.
27:54On peut l'applaudir
27:55pour cette masterclass.
27:56Le maître, c'est lui.
27:59Merci.
28:00Merci beaucoup.
28:01Merci à vous.
28:02Merci à vous.
28:03Émission enregistrée
28:04depuis la maison Sanofi
28:06à Paris, masterclass
28:07et aussi du replay,
28:08évidemment,
28:08sur publicsena.fr.
28:10Merci et à très vite.
28:13Merci.
28:13Merci.
28:31Masterclass avec Ophi Invest.
28:35Comprendre pour agir,
28:36c'est se préparer
28:37à faire les bons choix.
28:38Ophi Invest finance
28:39les acteurs
28:40qui dessinent
28:40l'économie de demain.
28:42Ophi Invest.
28:43Investissez dans votre avenir.
28:45Sous-titrage Société Radio-Canada
28:47Sous-titrage Société Radio-Canada
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