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  • il y a 2 jours
Le 21 mars 1991, Charles-Edouard, 8 ans, s’évapore à Nice. Son père, Jean-Louis Turquin, vétérinaire réputé, dort dans la même pièce… mais prétend ne rien avoir vu. L’enquête bascule rapidement : tensions conjugales, accusation de paternité douteuse, aveux enregistrés… puis rétractés.

En 1997, Turquin est condamné à 20 ans de réclusion pour meurtre, sans preuve formelle ni corps retrouvé. Il clame son innocence. L’affaire Turquin devient un cauchemar judiciaire : hypothèse israélienne, fausse lettre, divorce explosif, presse déchaînée…

Et une seule certitude : Charles-Edouard n’a jamais été retrouvé.

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Transcription
00:30Voici la Bastille de Haute, nichée dans les arbres, au sommet de Nice.
00:37Charles-Édouard avait 8 ans, il y vivait heureux, il y cherchait, disait-il, l'oiseau bleu du bonheur.
00:43Il le cherchait jusqu'à la nuit du 20 mars 91. Au matin du 21, il avait disparu l'enfant. On ne l'a jamais retrouvé.
00:52Depuis plus d'un an, Charles-Édouard, Santé savait que ses parents se disputaient. Mais aux autres, il ne disait rien.
01:03Un petit blondinet aux jolies boucles, enfin sympathique en diable, fragile certes.
01:10Il était triste ou alors peut-être trop mature pour s'amuser à des jeux d'enfants. Mais c'était ce qui ressortait de sa personnalité.
01:18C'était un enfant qui était doux, gentil, plutôt craintif, pas téméraire, donc pas effronté, manque de confiance en lui.
01:27Cet être-là était vraiment attachant. Il était très vif d'esprit, sensible.
01:32C'était un enfant très calme, très timide, un peu replié sur lui-même, mais toujours souriant.
01:39Il voulait que j'arriais avec lui, chercher le l'oiseau bleu pour que c'était l'oiseau du bonheur.
01:43Il allait faire arranger sa maman et son papa. Ça marchera tout seul.
01:50Six ans plus tard, jour pour jour, 21 mars 97, accusé d'avoir assassiné son fils,
01:57Jean-Louis Turquin est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
02:00Aujourd'hui encore, l'homme affirme qu'il est innocent.
02:20Jean-Louis Turquin est né le 27 mars 1949 à Paris.
02:24Son père, Gaston Turquin, représentant sa mère, Jacqueline Sourdille,
02:28une fille, Marie-Noëlle, naîtra en 1950.
02:31Gaston Turquin et sa femme habitent la Varenne-Saint-Hilaire.
02:34C'est un couple sans histoire, très attentif à leurs enfants.
02:37On avait un père vraiment très, très, très gentil.
02:41Mais il était extrêmement affectueux, très doux, très calme.
02:45Jamais il n'élevait la voix,
02:48ni il faisait un geste rencontreux vis-à-vis de nous.
02:53Il adorait ma mère, enfin, il nous a fait mener une vie vraiment très, très agréable,
03:00dans la mesure de ses moyens, parce qu'il n'avait pas de gros moyens.
03:03Mais maman voulait qu'on fasse quelque chose dans notre vie.
03:08Elle poussait beaucoup Jean-Louis, elle l'aidait à travailler, enfin, elle soutenait énormément.
03:15Jean-Louis était très timide.
03:16Ah oui, très timide.
03:19On sentait déjà l'enfant réservé, se liant difficilement.
03:25C'était un petit peu le chouchou de la famille,
03:27parce que depuis longtemps, il n'y avait pas eu de garçon dans la famille Turquin,
03:31donc tout le monde l'aimait beaucoup.
03:35Voici un document de famille.
03:371967, Jean-Louis Turquin en première, c'est un excellent élève.
03:41En septembre, avec sa petite moto, une collision avec une voiture, plusieurs fractures,
03:45Jean-Louis Turquin est hospitalisé durant quatre mois.
03:49Il va continuer néanmoins de suivre ses cours que ses copains lui enregistrent avec ce magnétophone.
03:56Il a continué à travailler énormément, parce qu'il voulait absolument avoir le bac.
04:02Malgré ce qui lui arrivait, les souffrances qu'il avait, il a quand même continué à travailler l'arrache-pied.
04:09On a eu l'impression que c'était à partir de cet accident de moto que tout se déclenchait.
04:16C'est-à-dire que mon père a commencé à souffrir à partir du mois de février, 4... février 67.
04:24Et il est mort en juin 67 d'un cancer de la moelle épinière.
04:35Voici un autre document, enregistré celui-là, trois semaines seulement, avant le procès de 97.
04:41Longue interview de Jean-Louis Turquin par son ami Louis Simter.
04:45Jean-Louis Turquin va y raconter sa vie et sa version des faits.
04:48Pourquoi a-t-il réalisé cet enregistrement ?
04:52Ici commence le mystère de la pensée de Jean-Louis Turquin.
04:55D'abord, le souvenir de son père.
04:57Mon père est mort en juin, pratiquement le jour où je passais mon bac.
05:03Et ta mère, comment elle réagissait à ce moment-là ?
05:05Elle était complètement désespérée, parce qu'elle se demandait comment elle allait pouvoir s'en sortir.
05:13C'est vrai qu'elle a commencé à se fermer un petit peu sur nous à ce moment-là.
05:16Et je pense que ma mère a eu aussi un choc terrible.
05:24Et dans les dix mois qu'on suivit, elle est morte, elle aussi, d'un cancer du foie.
05:29Mais ça, ça a été pour nous le drame complet, parce qu'un an avant, on était bien.
05:41Et puis tout d'un coup, on s'est retrouvés vraiment dans des conditions de vie épouvantables.
05:46En septembre 68, au lycée de Saint-Maur, le frère et la sœur préparent le concours difficile d'entrée de l'école vétérinaire de Maison-Alfort.
05:54Jean-Louis Turquin, que l'on retrouve ici, se révèle tout de suite très brillant.
05:59Je pense que c'est quelqu'un qui aurait pu faire n'importe quoi.
06:02Bon, il a fait vétérinaire, qui est une école très dure d'ailleurs, une préparation très dure.
06:05Mais je pense que Polytechnique n'aurait pas été impossible, si vous voulez.
06:10En septembre 69, il entre à l'école nationale vétérinaire de Maison-Alfort, en tête du concours.
06:16Un concours d'entrée que Michel Ballanger, sa future femme, réussira en 72.
06:2128 ans plus tard, ses amis décrivent un étudiant brillant, discret, élégant, comportement, qualité qu'il gardera toute sa vie.
06:28Jean-Louis Turquin était d'autant plus remarqué ou remarquable qu'il était rentré premier de l'ensemble des candidats à cette école,
06:39enfin des écoles vétérinaires, c'est-à-dire d'environ quand même à l'époque, je crois, 2000 candidats, ce qui représente un certain niveau.
06:46C'était un garçon brillant et quand il est arrivé en première année, il était un petit peu réolé de son image de major du concours.
06:53C'était quelqu'un de très gentil à l'époque, il l'a toujours été d'ailleurs.
06:56Mais c'était un garçon très sérieux, relativement discret, il n'était pas le garçon à se mêler aux conversations des autres.
07:02C'est quelqu'un qui vous regardait droit dans les yeux, de façon parfaitement fixe, visage fixe, sans battement de paupières,
07:09et qui parlait d'une voix monocorde, posée, petite voix, assez fluette, et qui, de fait, pouvait dans un premier temps être assez antipathique.
07:20Mais c'était une apparence.
07:21En 71, l'étudiant sage fait une folie, il achète d'occasion une Jaguar, premier signe d'une passion pour l'automobile, premier signe peut-être de son goût de paraître.
07:31Je me rappelle d'une fois qu'il est arrivé devant l'amphithéâtre, garant sa voiture devant l'amphithéâtre, et le prof arrivant juste après avec sa GS, ça provoque un certain malaise.
07:42Moi, j'ai toujours admiré les voitures. C'est vrai que c'est un peu ma passion. Bon, les voyages, ça viendra après, mais les voitures, ça me fascinait.
07:53L'année suivante, donc, c'est la rencontre entre Jean-Louis, l'étudiant brillant de quatrième année, et de Michel, la première année.
08:00Ils se reconnaissent, ils s'apprécient, le couple se forme.
08:03Jean-Louis a rencontré Michel au cours de la cérémonie d'atronisation qui se passait dans le manège de la Cheva, c'était le club hippique de l'école vétérinaire,
08:14sous une musique wagnerienne à plein tube. C'était évidemment très, très impressionnant pour les pauvres premières années qui rentraient se disant qu'il allait leur arriver les pires des choses.
08:24C'est la première fois que j'ai vu ma future femme, Michel, qui m'a semblé d'une timidité effroyable, mais vraiment, elle savait pas quoi dire, elle savait pas s'exprimer, elle était paralysée.
08:42Alors ça m'a touché.
08:45A l'époque, Jean-Louis Turquin et Marie-Noëlle, sa soeur, habitent à Maison-Alfort, dans ce pavillon légué par leurs parents.
08:51Alors, ben, on s'est fréquenté de plus en plus, elle a été invitée à la maison, et puis elle a pas plu du tout à ma soeur. Pas du tout.
09:02C'est une enfant qui était une fille unique et qui était extrêmement choyée chez elle, qui ne faisait rien, je pense, chez elle.
09:11Et quand elle est arrivée dans notre pavillon, elle venait, par exemple, le soir avec Jean-Louis, il mangeait quelque chose dans notre cuisine.
09:23Et ensuite, ils repartaient tous les deux en laissant tout ce qu'ils avaient mangé, enfin, tout leur reste sur la table.
09:29On n'avait pas de lave-vaisselle, mais tout restait comme si j'étais leur bonne.
09:33Alors là, moi, ça m'a complètement mise contre elle.
09:37Je pense que quand elle a aimé Jean-Louis, elle l'a beaucoup aimé, comme plus tard, après, elle le détestera, si vous voulez.
09:42Je pense que ce sont tous des hyper. Et Jean-Louis et Michel.
09:47Hyper sensibles, hyper cachotiers aussi, hyper intelligents, hyper compliqués.
09:55Mon frère n'avait pas connu de femme auparavant.
09:58Il disait toujours qu'il ne voulait pas se marier, qu'il ne voulait pas d'enfant.
10:02Et puis, il y a eu peut-être le fait que maman, en étant plus là, il a eu cette femme qui est rentrée dans sa vie, qui est devenue tout pour lui.
10:13Bon, c'est... Je ne sais pas comment expliquer.
10:19Le 23 décembre 1975, il se marie.
10:23Séparation de biens, mariage civil.
10:25Jean-Louis Turquin ouvre un cabinet à Golombe.
10:27Michel Turquin poursuit ses études à Maison-Alfort.
10:31Au début, je trouvais que c'était une très jolie petite femme.
10:34Elle était mignonne, une petite poupée.
10:36Très mignonne.
10:37Un peu pimbèche sur les bords.
10:40Mais très mignonne, physiquement, très mignonne.
10:43Mais...
10:44N'allant pas trop avec un Jean-Louis.
10:47Je crois qu'il était très amoureux, de toute façon.
10:50Alors, vous savez, quand on est amoureux, on passe sur beaucoup de choses.
10:53Elle a pris tout de suite le dessus dans leur couple.
10:56C'était elle qui décidait de ce qu'il fallait faire.
10:59Elle voulait acheter plein de choses, en particulier plein de choses de marques.
11:03C'était assez étonnant, mais il lui fallait des sacs Vuitton.
11:06Il lui fallait des chaussures Charles Jourdan.
11:08Il lui fallait de la vaisselle Baccarat.
11:10Enfin, tout était comme ça.
11:12Jean-Louis n'était pas du tout habitué à ça.
11:16Mais il s'est mis à dépenser énormément d'argent pour elle.
11:20Il lui fallait des visons.
11:22Enfin, c'est fou tout ce qu'elle a pu obtenir de Jean-Louis.
11:25En 1976, le début d'une double vie professionnelle, chacun sa clientèle,
11:38à son tour, en effet, la jeune femme termine ses études
11:41et ouvre son cabinet vétérinaire à Maison-Alfort, dans ce pavillon de famille.
11:45Mais le couple désire vivre au soleil, s'échapper, pour Jean-Louis Turquin,
11:56de ce cadre parisien emprunt de souvenirs douloureux.
12:01Il hésite quelques mois entre Perpignan et la Nouvelle-Calédonie.
12:05Finalement, il choisit Nice pour installer ce cabinet en août 1977.
12:16Durant trois ans, il fera l'aller-retour Nice-Paris chaque semaine
12:19pour aider sa femme à Maison-Alfort.
12:21Finalement, Michel Turquin vient elle aussi s'installer à Nice.
12:25Trois années importantes, sans doute, d'une vie séparée.
12:28Michel Turquin y découvrira peut-être le goût, le besoin d'une certaine autonomie
12:32qu'elle va perdre à Nice en retrouvant son mari.
12:35Mais lui est satisfait de récupérer sa femme,
12:38dont il va mieux pouvoir diriger la vie
12:40et surveiller un travail qu'elle ne désirait pas.
12:43Je l'ai obligé à le faire parce qu'entre-temps, en 1981,
12:48on a acheté la villa à Guérault.
12:51Là encore, on avait été obligé d'emprunter beaucoup d'argent
12:54et qu'un seul revenu ne suffisait pas pour pouvoir rembourser les dettes.
13:01Donc, elle a été obligée d'ouvrir un deuxième cabinet à Nice.
13:05Cette villa, la Bastille de Haute, située dans ce quartier aisé de Nice,
13:09et pour les Turquins, le signe concret d'une réussite sociale.
13:14Les parents de Michel participent à l'achat et habitent une aile de la maison.
13:19L'enquête révélera plus tard qu'à cette époque, en 1982,
13:23une certaine tension fissure déjà le couple, malgré les apparences.
13:28Yves Firmin, l'ancien camarade de promotion, les y retrouve.
13:31On va se rencontrer et on va dîner avec Michel lorsque Michel va venir ici s'installer.
13:38Dans ce premier repas, d'ailleurs, passé avec Michel et Jean-Louis,
13:41elle va nous dire ne pas vouloir d'enfants, avec une petite mou que j'ai encore en tête,
13:45petit signe de dire, les enfants, ce n'est pas moi.
13:48Curieusement, aussi, pendant ce repas, Michel va laisser Jean-Louis parler avec moi,
13:53et nous, elle va très bien nous recevoir, très gentiment,
13:58mais en fait, elle ne va pas participer à la vie de la réception.
14:03Tous deux travaillent beaucoup.
14:05A-t-il pressenti le danger ?
14:07En juillet 1982, Jean-Louis Turquin propose de voyager, de s'évader pour se retrouver, se reconstruire.
14:14Israël, les Antilles, la Thaïlande, ce sera finalement un voyage en Chine.
14:19Était-il trop tard ?
14:20Michel Turquin semble distant, inquiète.
14:22Un médecin, un pékin, lui apprend qu'elle est enceinte.
14:25J'ai sauté de joie.
14:27J'ai sauté de joie, parce que c'est vrai qu'un enfant, pour moi, c'était énorme, c'était un bonheur inouï.
14:36Et aussitôt, je me suis demandé, on était dans un grand hôtel, je me suis dit, mais vous faites une réception.
14:40Vous faites tout ce qu'il y a de mieux dans l'hôtel, j'invite tout le monde, on boit du champagne.
14:46Et Michel, il est resté couché.
14:50Et là, il me sort, je vais me faire avorter.
14:52Alors, je me suis dit, mais comment ?
14:55Tu te rends compte ? Pourquoi tu veux te faire avorter ?
14:58Mais c'est inouï.
15:01Ça fait plusieurs années qu'on cherche à avoir un enfant, qu'on a un bonheur d'en avoir un.
15:07Qu'on a maintenant une vie facile à Nice.
15:10Qu'on a notre maison, nos cabinets qui marchent bien.
15:14Pourquoi ?
15:16Et elle me sort tout à l'argument, aussi débile les uns que les autres.
15:21Un certain nombre de gens, à ce moment-là, parmi leurs amis, ont essayé de la convaincre de ne pas avorter.
15:29Bon, ce qu'elle a fini quand même par accepter.
15:32Mais ça a été quelque chose de terrible pour mon frère, parce qu'il ne comprenait pas pourquoi elle ne voulait pas de cet enfant.
15:40C'est dans cette clinique du Belvédère à Nice que naîtra finalement Charles-Edouard le 7 avril 1983.
15:49A l'issue d'une grossesse qu'elle semble avoir mal supportée,
15:53c'est un accouchement difficile, douloureux, qui laissera des traces dans le comportement de la mère.
15:57Alors, le 7 avril au matin, je vais à la clinique avec des fleurs.
16:11Il y en avait partout.
16:14C'est vrai que je n'avais pas lésiné.
16:17Et puis, je vois un petit garçon dans le berceau
16:22qui fermait les yeux.
16:27C'est sûr qu'il dormait.
16:29Et puis, je touche.
16:31Et puis, Michel, elle se tourne vers moi
16:33et elle me demande, il est beau ?
16:36Mais je dis, oui, qu'il est beau.
16:37Bien sûr qu'il est beau.
16:39C'est notre fils.
16:41Bon.
16:43Et puis, on reste un moment.
16:44C'est vrai qu'elle était fatiguée.
16:47Et puis, je repars dans mes consultations.
16:51Et le soir même, on me téléphone, on me dit,
16:53mais votre fils, il a été hospitalisé.
16:56L'enfant souffre d'une méningite et d'un grave problème rénal.
17:00Il restera toujours fragile.
17:02Ce séjour, cette séparation du nouveau-né,
17:05hospitalisé deux mois en soins intensifs,
17:07marquera beaucoup la mère,
17:08frappée d'une sorte de choc psychologique,
17:11assez courant par ailleurs,
17:12au travers duquel certains taxeront Michel Turquin d'indifférence
17:16à l'égard de l'enfant.
17:18Charles-Édouard sera baptisé dans cette petite église de Guéraud.
17:21Images de bonheur, de réussite, de joie,
17:24qui recouvrent en fait déjà les signes de la rupture.
17:29A l'évidence, le récit de Jean-Louis Turquin,
17:31à la veille de son procès, dissimule beaucoup de choses.
17:34Il savait déjà à l'époque que sa femme lui échappait,
17:37qu'elle avait décidé de s'évader d'une vie
17:39dont il gomme le carcan, les brutalités,
17:42la possession excessive.
17:43Michel, ce jour-là,
17:47ou a joué la comédie,
17:49ou en tout cas a paru sincère, je n'en sais rien,
17:51mais elle avait donné l'impression de s'être un peu occupée de son enfant.
17:54Elle me paraissait normale,
17:56je dirais avoir des rapports normaux à l'époque,
17:58et je ne pouvais absolument pas deviner
18:00tout ce qui s'était passé dans le drame.
18:03Elle s'estompe la photo du bonheur espéré en 75.
18:06Déjà maintenant, le couple fait chambre à part,
18:09il tente de s'imposer, elle résiste aux violences,
18:11s'échappe et reconstruit sans doute une autre vie
18:13pour être mieux comprise, mieux aimée.
18:15Je suis allée le voir, il m'a reçue,
18:19j'ai pu donc voir son fils pour la première fois,
18:22puisque je ne l'avais pas vu avant.
18:24J'ai vu son fils, un petit bonhomme qui ne marchait pas encore,
18:27et c'était les grands-parents qui l'élevaient.
18:30Il avait logé ses grands-parents dans la maison
18:32où il habitait, une grande maison,
18:35et les parents avaient un appartement,
18:38et c'est eux qui élevaient l'enfant.
18:40Et j'avais été surprise que cette fois-là,
18:42la femme n'était pas là.
18:44Quand il partait faire des voyages,
18:45parce qu'il a continué à faire des voyages
18:47dans tout un tas de pays exotiques,
18:49elle disait qu'elle préférait aller en Normandie
18:51ou en Bretagne ou en Angleterre,
18:53ce qui était vrai, mais elle n'y allait pas toute seule.
18:57Lui, il gobait tout ce qu'elle lui disait,
19:00et vraiment, sa double vie,
19:04que maintenant tout le monde connaît,
19:05c'est qu'en décembre 90,
19:07qu'on l'a su les uns et les autres.
19:11Cet homme, René Conceau, est en somme
19:13le confident lucide de la vie des Turquins.
19:16Il est un autre regard que celui de la sœur
19:18ou des amis de Jean-Louis Turquin.
19:20Il lui dit, je veux un fils,
19:23tu vas continuer à travailler,
19:25si tu n'étais pas vétérinaire,
19:27je ne t'aurais pas épousé.
19:28je ne sais pas quelles pouvaient être
19:30les qualités de tendresse entre eux
19:32avant cet événement,
19:33mais après, je suppose qu'elles peuvent être cassées.
19:37Et c'est à partir de ce moment-là
19:38que Michel s'est détaché apparemment de son mari.
19:40Et c'est là qu'elle a eu sa première aventure,
19:42je crois que c'est avec Moïse,
19:45donc un type qui est un peu marginal,
19:47c'est un ancien lanceur,
19:48c'est un poète,
19:49c'est un type qui vit un peu
19:50un peu en marge de la société,
19:54mais c'est aussi une bouffée d'air pour elle.
19:58Un homme très agréable et très simple,
20:01un bohème,
20:04un ami de la nature et des animaux.
20:06Il prenait les crabes, tout,
20:08ou les poissons vivants, n'importe quoi,
20:09ou un oiseau, même un escargot,
20:11il leur a porté, oui, il fallait leur porter.
20:12Les crabes à la mer,
20:13les escargot, ils les montaient au château.
20:14Ils ne s'occupaient que des bêtes.
20:16Entre 82 et 85, en cet endroit,
20:20cet homme sera sans doute,
20:21pour la jeune femme dépressive,
20:23la preuve vivante, attentive,
20:24qu'elle peut être une autre
20:26que la chose de Jean-Louis Turquin.
20:28Le soir, elle fermait son cabinet
20:31à 6h30,
20:33il lui arrivait de rentrer
20:34à 8h30, 9h.
20:35Mais comment ça se fait ?
20:37Alors nous, on était attendus pour d'une nuit,
20:39elle me disait, j'ai eu des clients.
20:41Alors que son chiffre d'affaires
20:43était très faible.
20:44Alors, bon, c'est vrai que
20:47c'était une vie qui était difficile,
20:51très difficile,
20:52et moi, je me posais énormément de questions,
20:54et puis je ne comprenais pas,
20:56je disais, elle est malade.
20:59À l'évidence,
21:00ils n'avaient pas du tout
21:00une vie de couple satisfaisante,
21:02ils avaient même, on pourrait dire,
21:03probablement une absence complète
21:05de vie de couple.
21:06Ils avaient des rapports sociaux,
21:08des rapports économiques,
21:12des rapports de représentation,
21:14mais de vie de couple,
21:16le sentiment qu'on a,
21:17c'est qu'il n'en avait pas.
21:18En tout cas,
21:18c'est l'affirmation à la fois
21:19de sa part à lui
21:21et de sa part à elle
21:22qui n'avaient pas
21:22de rapports de couple normaux.
21:24Voici un autre homme
21:26que Michel Turquin va s'attacher,
21:28colosse timide,
21:29un peu simple,
21:30dont la fragilité,
21:31la transparence,
21:32aussi la soumission,
21:34vont toucher la jeune femme.
21:35Elle l'installera
21:36à Lucéram,
21:37près de Nice,
21:38avec la complicité des consos.
21:43Peut-être a-t-elle cherché
21:44à travers ces hommes
21:45qui l'approchent
21:45à découvrir la femme
21:46qu'elle est vraiment,
21:48celle qui décide
21:49de sa propre vie.
21:50Elle trouve,
21:52chez ses marginaux
21:53de la vie ordinaire,
21:54chez ses êtres à part,
21:55l'opposé extrême
21:56d'un mari
21:56convaincu
21:57des règles rigides
21:58et dominatrices
21:59qu'il veut lui imposer.
22:01J'étais voir
22:01Madame Ballonger
22:02pour savoir
22:03qu'elle était,
22:04le chèque était guéri
22:05de son,
22:07de cicatrices aux yeux.
22:11Il était un être
22:12très attachant surtout
22:14et fragile
22:16émotionnellement,
22:17je crois.
22:18Si on veut bien
22:19l'écouter un peu,
22:22on découvre
22:22qu'il y a
22:23de la profondeur
22:24chez lui,
22:25qu'il y a plein de raisons
22:28de dire
22:29c'est quelqu'un d'attachant,
22:31c'est quelqu'un
22:31qui a des difficultés
22:33à s'adapter
22:33à la société,
22:35mais
22:35c'est par définition
22:39quelqu'un d'intéressant,
22:40c'est une personne.
22:42En 1990,
22:44Charles-Edouard
22:44a 7 ans.
22:45C'est un enfant sensible,
22:47il souffre
22:47de ce qu'il entend,
22:48de ce qu'il pressent,
22:49il est malheureux.
22:50Sa peur,
22:51ses souffrances,
22:52s'expriment par des difficultés
22:54d'élocution.
22:55Jean-Louis Turquin
22:55y est très attaché,
22:57c'est certain.
22:58Monsieur Turquin
22:59descendait comme tous
23:00les autres parents
23:01par cet escalier.
23:03Il nous saluait au passage
23:04puisque tous les maîtres
23:05sont là le matin
23:05et il prenait le soin
23:07et il prenait le soin
23:07d'accompagner son enfant
23:08jusque devant la porte
23:09de la classe,
23:11chose que les autres parents
23:12ne font pas.
23:13Mais il préférait laisser l'enfant
23:15à sa maîtresse
23:16et ensuite,
23:17il repartait
23:18normalement à son travail
23:20tout le matin.
23:21Au moment des récréations,
23:23Charles-Edouard,
23:24au lieu de sortir rapidement
23:25comme c'était le cas
23:26de ses camarades,
23:28traînait autour de sa table
23:30et venait ensuite,
23:32lorsque la classe était vide,
23:33venait près de moi au bureau
23:35pour me parler
23:35mais d'insectes,
23:37de son jardin,
23:39de son petit chien
23:40qu'il aimait beaucoup.
23:41Il est venu me voir
23:42pour des problèmes
23:43de rééducation orthophonique
23:45concernant la dyslexie.
23:46Il y avait des confusions
23:47de son et des difficultés
23:49d'acquisition
23:49des mécanismes de lecture.
23:51Un mimosa ?
23:52Et puis c'est Charles-Edouard
23:55qui l'a planté.
23:57Et tout ce qu'il a planté,
23:59ça a poussé.
23:59Vous avez vu
24:00tous les arbres qu'on a,
24:01les petits arbres fruitiers ?
24:03C'est à lui.
24:05Ça c'est...
24:06Il prenait un bout de...
24:08un bout d'un arbre,
24:10moi je ne saurais pas faire ça.
24:12C'est un enfant
24:13qui était toujours admiratif
24:15de toute chose.
24:17De toute chose.
24:18Il s'intéressait à tout.
24:19Les jardins,
24:19comment on faisait pour ça.
24:21Il me disait toujours
24:22toi t'es plus que ma grand-mère.
24:24T'es ma deuxième maman.
24:26Sa mère c'était le bon Dieu.
24:28Il ne fallait pas y toucher.
24:28J'ai été profondément troublée.
24:31Et je peux dire
24:32que même aujourd'hui
24:33j'y pense encore.
24:39Voici le dernier message d'amour
24:41de Charles-Edouard à sa mère.
24:42Peu à peu,
24:43des liens très forts
24:44s'étaient établis entre eux.
24:46Turquin, d'ailleurs,
24:47comptait sur ces liens
24:48pour retenir sa femme.
24:49Avant même
24:50que Charles-Edouard
24:51ne disparaisse,
24:52elle s'était réellement
24:53rapprochée de son fils.
24:54et elle donnait le sentiment
24:56que ce qui lui manquait
24:58c'était que
24:58toutes ses années
24:59de maternité perdue.
25:01Donc il avait commencé
25:02à lui manquer
25:02bien avant sa disparition.
25:06Ça, on l'a ressenti
25:08très fortement.
25:09Elle avait réellement
25:10commencé à aimer son fils.
25:13Derrière la façade professionnelle,
25:14le couple se déchire maintenant.
25:16Turquin espionne sa femme,
25:18les disputes sont violentes.
25:20Son récit d'aujourd'hui
25:20efface tout cela.
25:21Il répète
25:22ce qu'il racontera
25:23au procès
25:24sans passion exprimée,
25:26se dessinant le visage
25:27de l'homme
25:27qui malgré tout
25:28veut reconstruire.
25:29Mais reconstruire quoi ?
25:31Moi, j'ai essayé
25:33tout le temps
25:34de reconstruire,
25:37de reconstruire
25:38une vie de famille,
25:39d'avoir
25:41une femme normale
25:44avec des enfants
25:46si possible.
25:47On en avait qu'un
25:48parce que ma femme
25:48n'en voulait pas d'autre
25:49mais on voulait beaucoup.
25:54Début 91,
25:55à bout de force,
25:56Michel Turquin décide
25:57de divorcer.
25:57Le 31 janvier,
25:58elle affirme à son mari
25:59Charles-Édouard
26:00n'est pas de toi.
26:01La chambre d'accusation
26:02estimera que les analyses génétiques
26:04font peser un doute
26:05très lourd
26:06sur la paternité de Turquin.
26:07Au procès,
26:08tandis qu'elle confirme
26:09que l'enfant n'est pas de lui,
26:10Jean-Louis Turquin
26:11récuse les analyses
26:12ou les accepte
26:13en disant qu'ils s'en moquent.
26:15Reste que Charles-Édouard
26:16demeure pour Jean-Louis Turquin
26:18le seul moyen
26:19de peser
26:19sur la vie de sa femme.
26:22Elle suivait une psychothérapie
26:23et elle écrivait ses rêves.
26:25Et un jour,
26:26son mari est tombé
26:27sur un de ses rêves
26:30et a décidé
26:32de faire connaître
26:34ses rêves à tout le monde.
26:36Il a donc convoqué
26:36son père,
26:37sa mère,
26:38son oncle
26:39de manière à leur lire
26:41les rêves de Michel
26:44pour prouver
26:46que sa femme était folle.
26:49C'est quand même
26:50quelque chose d'épouvantable,
26:51ça.
26:51Comme attitude
26:52de destruction
26:53d'une personnalité,
26:55je ne sais pas
26:55si on trouve mieux,
26:56facilement mieux en tout cas.
26:57Quand elle a appris
26:58que son mari
26:59avait amené ses rêves
27:01pour les lire
27:02à sa famille,
27:04elle est allée
27:04les rechercher.
27:06Ils se sont battus
27:07et il a aspergé
27:09de gaz lacrymogène.
27:12On l'a amené
27:13à l'hôpital
27:13et on l'a ramené
27:15le soir
27:15chez nous.
27:16Ça, ça a été
27:17vraiment un moment
27:17de crise
27:18très fort
27:20où on a vraiment senti
27:22que la rupture
27:22était non seulement
27:24consommée,
27:25mais que les comportements
27:27de Turquins
27:28étaient de plus en plus
27:29dangereux.
27:29il voulait réussir sa vie,
27:31il voulait refaire une famille
27:33comme on avait eu
27:33autrefois
27:34avec nos parents.
27:34Il voyait que moi
27:36je réussissais ma vie.
27:38Je crois qu'il
27:38n'imaginait pas
27:41de pouvoir divorcer
27:42et puis lui
27:43il aimait Michel
27:43donc il ne voyait pas
27:44qu'il ne comprenait pas.
27:4817 février 1991,
27:50tout semble se précipiter.
27:51Michel Turquin
27:52se réfugie
27:53chez les consos.
27:54Son mari
27:54ne cesse
27:55de la relancer.
27:56Il était menaçant
27:58au téléphone.
27:59Il disait toujours
28:00il disait
28:02il faut que ma femme revienne
28:03vous avez de l'influence
28:04sur elle
28:05vous devez lui dire
28:07de revenir.
28:09Si elle ne revient pas
28:10cela se finira mal.
28:13Très mal.
28:14Alors après
28:14il se disputait
28:15après Michel
28:16ne voulait plus
28:17lui parler
28:17donc on raccrochait
28:18alors il écrivait
28:20il écrivait
28:20des lettres
28:21normales
28:23il écrivait
28:24des lettres recommandées
28:25il envoyait des télégrammes
28:26c'était un harcèlement
28:28perpétuel
28:28on voyait bien
28:29que ça n'allait pas
28:31pour lui
28:32sa femme
28:32c'était
28:33était à lui
28:34comme
28:35comme sa voiture
28:37est à lui
28:38comme sa maison
28:39est à lui
28:40comme
28:40c'est tout
28:42c'était définitif
28:43elle n'avait pas
28:44d'autre vie
28:45possible
28:46que
28:47celle qu'il voulait
28:48qu'elle mène avec lui.
28:50J'avais bien vu
28:51qu'il y avait quelque chose
28:52qu'il n'allait pas
28:52entre le couple
28:54et entre le couple
28:55de Jean-Louis Turquin
28:57et Madame Turquin
28:59et c'est comme ça
29:01que ça a déchaîné
29:03plus en plus.
29:04Le divorce approche
29:06qui fixera
29:06le sort de l'enfant.
29:08La veille
29:09de la disparition
29:10de Charles-Édouard
29:10Yves Firmin
29:11rencontre Michel Turquin.
29:13J'ai été étonné
29:14de rencontrer Michel
29:15on a discuté
29:16après la conférence
29:17il y a eu un dîner
29:18organisé dans la cafétéria
29:20et elle m'a appris
29:21qu'elle quittait Jean-Louis
29:22je lui ai dit
29:22mais il y a une femme
29:24dans sa vie
29:24elle dit non c'est moi
29:25c'est moi
29:26qui en ai marre de tout
29:26je lui ai dit
29:27mais tu veux quitter la région
29:29elle est installée ailleurs
29:30pour travailler
29:30elle dit non
29:31j'ai même marre
29:31de la profession
29:32alors là je me suis dit
29:33déjà il y a quelque chose
29:34qui ne colle pas
29:34comment se fait-il
29:35que quelqu'un
29:35qui est marre
29:36de la profession
29:37vienne dans une réunion
29:38professionnelle.
29:39Michel vit chez nous
29:40elle ne vit plus
29:42chez son mari
29:42on sent que son mari
29:44est dangereux
29:45et j'ai peur
29:47que le petit
29:48retourne chez son père
29:49parce que j'ai peur
29:50qu'il arrive quelque chose
29:51et je le dis
29:52et j'insiste
29:52auprès de Charles-Edouard
29:53en lui demandant
29:55s'il veut rester
29:55chez nous
29:57avec sa mère
29:58il me répond
29:58tu sais bien
29:59que je voudrais
30:00mais je ne peux pas
30:01parce que si
30:02je ne rentre pas
30:04papa va tuer
30:05mon petit chien
30:06c'est ça qu'il me dit
30:07Charles-Edouard
30:08et donc Charles-Edouard
30:09décide de rentrer
30:11chez lui.
30:12Pendant un mois
30:12je ne verrai
30:15pratiquement pas ma femme
30:16on sortira
30:18jamais ensemble
30:19avec notre fils
30:22elle le prendra
30:23le mercredi
30:25et moi je le prendrai
30:26le dimanche
30:27et puis arrive
30:29le mercredi
30:3020 mars
30:32elle le prend
30:32elle l'emmène
30:33chez Conceau
30:34l'après-midi
30:35bonne journée
30:36toute la journée
30:36toute la journée
30:37et le 21 matin
30:40Charles-Edouard
30:42il nourrissait
30:47un petit
30:48tiens
30:50tiens
30:50voilà
30:50voilà
30:50une petite
30:52un petit
30:53horcheur
30:53au biberon
30:55alors
30:56il ne serait jamais
30:57parti
30:57sans son petit
30:58horcheur
30:59d'abord
30:59et alors
31:00il venait plus tôt
31:00avant d'aller à l'école
31:02pour le nourrir
31:03et là
31:06je ne le voyais pas arriver
31:07il était déjà 7h
31:08je lui dis tout à l'heure
31:09puis c'était moi
31:10qui l'habillais
31:11qui le débarbouillait
31:13ma fille n'était plus là
31:14alors je suis allée voir
31:17c'était fermé
31:18tout était fermé
31:19chez lui
31:19on n'arrivait pas à rentrer
31:21c'est pour ça que le gosse
31:22n'est pas arrivé à sortir
31:24tout seul
31:25comme il dit
31:26et j'ai dit
31:27et Charles Édouard
31:27ah ben il est déjà
31:28arrivé chez vous
31:29et j'ai dit
31:30non il n'est pas chez nous
31:31alors on a cherché
31:33il a dit
31:33oh ben il a dû sauver
31:34voilà
31:35puis ça a commencé
31:36comme ça
31:36et Charles Édouard
31:38la veille
31:39quand
31:39quand
31:40quand il est parti
31:42il ne voulait pas partir
31:44puis j'ai dit
31:45il faut aller avec papa
31:45papa il est tout seul
31:47il s'ennuiera
31:48bon
31:48alors il est parti
31:49puis il m'a fait
31:50avec la main comme ça
31:51en poussant la porte
31:52puis c'est tout
31:54c'est tout
31:54c'est tout ce qu'on a
31:55on n'a rien retrouvé
31:57le lendemain
32:00sachant que le docteur
32:01avait son cabinet ouvert
32:03de 11h à midi
32:04je décroche le téléphone
32:06à 11h pile
32:07et je tombe sur le docteur
32:08Jean-Louis Turquin
32:09je dis docteur écoutez
32:10je ne veux pas vous déranger
32:11sachant
32:12que vous devez être
32:14dans l'angoisse
32:15et peut-être
32:16avec les policiers
32:17et je vous dis simplement
32:19je vous téléphone
32:19parce que pour le cas
32:20où il y aurait
32:21des recherches systématiques
32:23je m'offre
32:24à venir
32:25faire une recherche
32:27avec les autres
32:29et là il me dit
32:30monsieur Simter
32:30vous ne connaissez pas du tout
32:32la situation
32:32conflictuelle
32:34dans laquelle je me trouve
32:35depuis fort longtemps
32:36avec mon épouse
32:37et les choses
32:38se sont extrêmement compliquées
32:40et il nous a raconté
32:41toute cette mésentente conjugale
32:45cette disparition de l'enfant
32:47et il semblait évidemment
32:49complètement
32:51je dirais bouleversé
32:53mais malgré tout
32:54quand même très calme
32:56et je dirais
32:56encore maître de lui
32:58madame Turquin
32:58m'avait demandé
32:59éventuellement
33:00s'il était possible
33:01de rencontrer son époux
33:02qu'elle savait ici
33:03ce dimanche midi
33:07donc après
33:07les disparitions
33:09c'était
33:09quelques jours après
33:12je ne dirai plus
33:13exactement la date
33:14et là
33:16elle était
33:19elle me semblait
33:20vraiment chercher
33:22mais on la sentait
33:23agressive
33:23à l'égard du docteur Turquin
33:24il lui a dit
33:25reviens
33:26il y a eu une scène
33:27entre deux
33:28reviens
33:29nous chercherons
33:30ensemble l'enfant
33:31mais reviens
33:32je pense qu'il tenait
33:34absolument
33:35à cette vie
33:36de famille
33:37retrouver l'enfant
33:39mais en même temps
33:40revoir cette épouse
33:43qui était partie
33:44et ça
33:45ça lui était
33:45insupportable
33:47le 21 mars 91
33:49à 7h du matin
33:50Jean-Louis Turquin
33:51avait donc averti
33:52la police
33:52de la disparition
33:53de son fils
33:54constat
33:54l'enfant dormait
33:56dans la même chambre
33:56que son père
33:57il avait disparu
33:58en pyjama
33:59pieds nus
33:59en abandonnant
34:00ses objets favoris
34:01Charles-Edouard
34:02avait peur du noir
34:03les chiens policiers
34:04relevaient sa trace
34:05jusqu'au portail
34:06comme s'il était ensuite
34:07monté en voiture
34:08la presse
34:11se passionne
34:11pour l'affaire
34:12toute sa stratégie
34:14consistait
34:14dès le début
34:15à dire
34:15mon enfant est vivant
34:16je veux le retrouver
34:17donc j'ai besoin de vous
34:19j'ai besoin de la presse
34:19pour le retrouver
34:20et il provoquait
34:22des rencontres
34:22il se livrait
34:23assez volontiers
34:24il parlait
34:25abondamment
34:25presque trop
34:26il devançait
34:27presque des questions
34:28il formulait
34:29des hypothèses
34:30presque à la place
34:31de ceux
34:32qui lui posaient
34:32des questions
34:33et il paraissait
34:34finalement
34:35ne pas redouter
34:36la moindre question
34:38piège
34:38il parlait
34:39presque trop
34:40cet homme là
34:41il faut vous dire
34:42a été accusé
34:43du meurtre
34:44de son fils
34:44le même jour
34:45où la police
34:46est arrivée
34:46et cet homme là
34:48a été traité
34:49immédiatement
34:49comme un meurtrier
34:52un criminel
34:53un infanticide
34:55potentiel
34:56au départ
34:57au départ
34:57l'enquête
34:58poursuit deux pistes
34:59ou la fugue
35:00peu compatible
35:00avec le caractère
35:01de l'enfant
35:02ou l'enlèvement
35:03par la mère
35:04mon hypothèse
35:05actuelle
35:05est qu'il soit
35:08parti
35:08dans la nuit
35:09pour rejoindre
35:10sa mère
35:11parce qu'il avait
35:11passé la journée
35:13de la veille
35:13chez sa mère
35:14et puis
35:15qu'il se soit perdu
35:16ou qu'il soit tombé
35:18quelque part
35:19ou qu'il y ait eu
35:20un accident
35:20c'est mon hypothèse
35:23actuelle
35:24il est bien certain
35:25qu'il a été extrêmement
35:26perturbé
35:27depuis que sa mère
35:27est partie
35:28parce qu'elle était
35:31déjà partie
35:31plusieurs fois
35:32mais ça n'avait jamais
35:33duré plus d'une quinzaine
35:34de jours
35:35or là
35:36ça faisait quand même
35:38cinq semaines
35:40qu'elle était partie
35:41la veille
35:41il était allé
35:42chez sa mère
35:43et puis il s'était
35:43bien amusé
35:44avec
35:45il y avait une petite fille
35:46et puis des autres gosses
35:48il s'était bien amusé
35:49quand il est revenu
35:50il dit moi
35:50je voudrais
35:51retourner là-bas
35:52je suis bien
35:53je l'ai envoyé
35:54chez son père
35:55et
35:55qu'est-ce qu'il lui a fait
35:58il a dû lui dire
36:00moi je veux pas rester
36:02avec toi
36:02je retournais avec maman
36:03ça c'était la chose
36:04qu'il fallait pas dire
36:05quand il avait téléphoné
36:11à sa femme
36:11pour la première fois
36:12après la disparition
36:13de charlie de bois
36:15ça devait être
36:16je sais pas
36:17une huitaine de jours
36:18après
36:18c'est la première fois
36:19qu'il rappelait
36:19et que sa femme
36:21lui réclamait
36:22absolument
36:23que Charles-Edouard
36:24elle le croyait encore
36:25possible
36:26elle le pensait
36:27vivant
36:28et qu'elle lui disait
36:28rends-moi mon fils
36:29rends-moi Charles-Edouard
36:30bon au départ
36:33il lui a dit
36:34bien sûr
36:34pourquoi tu veux
36:35tu voulais pas
36:36ça nous avait vraiment
36:37assis
36:38on était stupéfaits
36:39mais Michel ne s'était
36:40pas arrêté là
36:41et elle
36:41elle lui criait
36:43rends-moi mon fils
36:44rends-moi Charles-Edouard
36:45et à la fin
36:47il lui s'est mis
36:48à pleurer
36:49et à dire
36:50je ne peux pas
36:51je ne peux pas
36:52Michel
36:53je ne peux pas
36:54si je pouvais
36:55je te le rendrais
36:56tout de suite
36:57Jean-Louis Turquin
36:58va faire imprimer
36:59des centaines d'affiches
37:00avec promesse de récompense
37:01sa femme
37:02elle
37:02l'accuse tout de suite
37:03d'avoir lui-même
37:05organisé l'enlèvement
37:06puis peu à peu
37:07elle se convainc
37:08qu'il a tué l'enfant
37:09il y avait véritablement
37:10deux êtres
37:10l'un persuadé
37:12que c'était l'autre
37:13qui avait tué
37:13ce qui avait été dit
37:15dès le premier jour
37:15chose bizarre
37:16et l'autre
37:18qui essaye de se défendre
37:20mais qui essaye
37:21de reconquérir
37:21en même temps
37:22sa femme
37:22donc aucune phrase
37:24violente
37:25de sa part à lui
37:25aucune agressivité
37:27si vous voulez
37:27même contenu
37:29c'était du
37:30mais Michel
37:30je te dis que
37:31mais je t'assure que
37:32etc
37:32si Michel Turquin
37:34était retourné
37:35avec son mari
37:35la somme d'échecs
37:39et de conflits
37:41et de ruptures
37:42et de souffrances
37:42qu'il y avait en eux
37:44était telle
37:47que ça n'aurait jamais été
37:48que différer
37:49peut-être que ça aurait été bien
37:50de réussir à différer
37:51mais c'est ce qu'elle voulait
37:54d'ailleurs
37:54différer la rupture
37:56ça elle avait accepté
37:58de retourner avec lui
37:59et de différer la rupture
38:00soit
38:01pour qu'il trouve
38:02un modus vivendi
38:03consistant à continuer
38:04à vivre ensemble
38:05sans conflit
38:07c'était ça
38:07son souhait
38:08elle cherchait même pas
38:10à avoir un amant apparemment
38:11elle voulait vivre en paix
38:12sans que personne
38:13lui casse le pied
38:14c'était tout ce qu'elle voulait
38:15tout ce qu'elle demandait
38:15à son mari
38:16laisse moi vivre en paix
38:18elle voulait rien d'autre
38:19mais lui
38:20il a harcelé
38:21ça lui suffisait pas
38:22il voulait qu'elle soit
38:23à nouveau à lui
38:24et qu'elle soit
38:25complètement à lui
38:26et obéissante
38:26c'était ça le problème
38:27il y avait un décalage
38:29d'exigence
38:29et ça c'était
38:30irréductible en fait
38:32alors va commencer
38:35un extraordinaire dialogue
38:36durant des jours
38:37entre la mère
38:38qui veut savoir
38:38où est l'enfant
38:39et l'homme
38:40qui ne veut que la reprendre
38:41elle enregistre tout
38:42rapidement
38:43nous avons constaté
38:44que
38:44Michel Turquin
38:46disait à son mari
38:48elle commençait à dire
38:50c'était
38:50le début de cette technique
38:52dis
38:53que tu as tué
38:54Charles-Edouard
38:54dis
38:55que tu l'as enterré
38:56dis-le
38:57car c'est toi
38:58qui l'as fait
38:58dis-le
38:59à compter de ce jour
39:00Michel Turquin tentera tout
39:01pour connaître la vérité
39:03au fil des rencontres
39:04dans plusieurs restaurants
39:05de la ville
39:05les cassettes seront diffusées
39:06à l'audience
39:07on sent la femme
39:08qui a pas de véritablement
39:09Jean-Louis Turquin
39:10pour lui
39:10arracher son secret
39:12il cède peu à peu
39:13il veut la voir chez lui
39:14sans saisir de nouveau
39:16elle enregistre donc
39:17à son insu
39:18plusieurs fois ses aveux
39:19l'écoute est inaudible
39:20alors elle recommence
39:21cette fois dans le propre
39:22cabinet de son mari
39:23elle s'arnache d'un magnéto
39:25elle se part de sous-vêtements
39:26en rouge
39:27contre un moment d'amour
39:28il avoue tout
39:29puis dira qu'il a tout inventé
39:31on se donne rendez-vous
39:33ce dimanche 12 mai 91
39:36à 9h30 chez moi
39:37et là il arrive
39:38il me dit
39:39ça y est c'est fait
39:40je dis qu'est-ce qui est fait
39:41et il me dit
39:43je lui ai dit
39:44ce qu'elle voulait que je dise
39:44je dis qu'est-ce que tu lui as dit
39:46je lui ai dit
39:47que j'ai tué mon fils
39:49que je l'ai étranglé
39:51avec une cravate
39:51que j'ai transporté le corps
39:54jusque vers Lucéram
39:55que j'ai fait un trou
39:57et que je l'ai enterré
39:58etc
39:58et je le regarde
40:00je dis mais
40:02mais tu es fou
40:02j'ai dit
40:04est-ce que tu as fait ça
40:05mais elle dit non
40:06mais elle avait l'air
40:07tellement heureuse
40:08ça faisait tellement de fois
40:10qu'elle me disait
40:11qu'elle me dictait les phrases
40:12qu'il fallait que je répète
40:13et je dis mais Jean-Louis
40:15et je vous prie de m'excuser
40:17j'ai dit une grossièreté
40:18qui a été répétée au tribunal
40:20je dis mais Jean-Louis
40:21si tu as fait ça
40:22avec ta femme
40:23je ne sais toujours pas
40:24pourquoi elle te demande cela
40:26mais tu as fait la connerie
40:27de ta vie
40:28seconde erreur
40:29me semble-t-il
40:29de sa part
40:30et elle est monumentale
40:31elle va lui coûter
40:32sa liberté pour longtemps
40:33les aveux
40:35qu'il se laisse extorquer
40:36avec une déconcertante facilité
40:38par son épouse
40:39il sait
40:39qu'elle va devenir
40:40sa principale accusatrice
40:42et néanmoins
40:43il répond complaisamment
40:44à ses questions
40:45si complaisamment même
40:46que cela tourne à l'horreur
40:48puisque
40:48il est un cynisme épouvantable
40:50quand il raconte la mort
40:52de leur propre enfant
40:53à tous les deux
40:54et cela continue
40:56il répond aux questions
40:57il ne se méfie pas
40:58pas un instant
40:59il semble-t-il
41:00il ne se méfie
41:02ni d'un enregistrement
41:03pas encore
41:04mais c'est toujours possible
41:05ni du fait
41:07que cela va fatalement
41:08un jour ou l'autre
41:09être récupéré
41:10contre lui
41:10alors là encore
41:12je m'interroge
41:13sur l'aspect machiavélique
41:14de ce fameux docteur Turquin
41:16ces aveux
41:18vaudront à Jean-Louis Turquin
41:19d'être incarcéré
41:20le 13 mai 1991
41:21et inculpé d'assassinat
41:22en même temps
41:23commence
41:24durant 4 jours
41:26des recherches massives
41:27dans toute la région
41:27en fonction des indications
41:29données par Jean-Louis Turquin
41:31à sa femme
41:31on va chercher
41:33fouiller partout
41:34près du col Saint-Roch
41:35on ne trouve rien
41:36on continue
41:37autour du calvaire
41:38qu'il avait indiqué
41:39on va fouiller
41:40les décharges
41:40on ne trouve rien
41:41on a cherché partout
41:47policiers
41:48gendarmes
41:49pompiers
41:49par centaines
41:50mobilisés
41:50à Lucéram
41:51on fouille même
41:52à la pelleteuse
41:53rien
41:54certains enquêteurs
41:57sont convaincus
41:58qu'il a fait
41:58lui le vétérinaire
41:59incidérer le corps
42:00comme celui
42:01d'un chien mort
42:01pendant ce temps
42:06Jean-Louis Turquin
42:07qui affirme
42:08son innocence
42:08entame
42:09une grève
42:10de la faim
42:10au bout
42:11de neuf mois
42:12de détention
42:12il est remis
42:13en liberté
42:14sous contrôle judiciaire
42:15contre une caution
42:17de 400 000 francs
42:18ainsi
42:18en a décidé
42:19la chambre d'accusation
42:20d'Aix-en-Provence
42:21ça fait
42:24bientôt
42:25un an
42:26que mon fils
42:27a disparu
42:27et ça fait
42:29neuf mois
42:29que je suis en prison
42:30maintenant
42:32ça fait
42:33presque deux mois
42:34que je fais
42:35la grève
42:35de la faim
42:35parce que
42:36j'avais envie
42:36de mourir
42:37je ne voyais
42:38plus de solution
42:39et
42:40j'espère encore
42:42retrouver mon fils
42:43vivant
42:43en sortant de prison
42:54Jean-Louis Turquin
42:55va s'installer
42:56à Tourette-les-Vinces
42:57dans le cabinet intérimaire
42:59rudimentaire
43:00qu'il avait installé
43:01de là
43:03il envoie
43:03à sa femme
43:04une fausse lettre
43:05de Charles-Edouard
43:06mais
43:07dans le village
43:09on le croit persécuté
43:10ça paraît aberrant
43:11qu'une personne
43:12si bien
43:13si classe
43:15si intelligente
43:17si
43:17si douce
43:19si attentif
43:20aux animaux
43:22et
43:22et même
43:23et même aux autres personnes
43:25et même aux autres personnes
43:27parce que vous savez
43:28il soignait aussi bien
43:29un animal
43:29gratuitement
43:30il a fait ça
43:32il faisait
43:33il faisait ça
43:34par bonté
43:35alors comment voulez-vous
43:36ne me dites pas
43:37un enfant
43:37non
43:38non
43:38non
43:39non
43:40durant l'été 93
43:43Jean-Louis Turquin
43:43apprend que sa femme
43:44se rend en Israël
43:46il engage
43:46un détective privé
43:48qui l'envoie là-bas
43:48avant de s'y rendre lui-même
43:50c'est de ces voyages
43:51que naît ce qu'on appelle
43:52la piste israélienne
43:53l'hypothèse selon laquelle
43:54la mère aurait enlevé l'enfant
43:56et l'aurait confié
43:57à des amis israéliens
43:58au procès
43:59des témoins
44:00venus d'Israël
44:01n'ont pas convaincu
44:02mais ils permettent
44:03à Jean-Louis Turquin
44:04de s'accrocher
44:04à la version du kidnapping
44:05de l'enfant par la mère
44:07version bien entendu
44:08confirmée
44:09par le détective privé
44:10il faut savoir
44:11qu'il y a des personnes
44:11qui ont déclaré
44:12avoir vu la femme
44:13connaître la femme de vue
44:14il y a des personnes
44:16qui ont dit connaître l'enfant
44:17il y a des personnes
44:18qui ont dit connaître les deux
44:18voilà
44:19mais c'est vrai que bon
44:20on peut dire
44:21qu'il y a facilement
44:21une quinzaine de personnes
44:22en Israël
44:23qui ont dit
44:23on connaît
44:25voilà
44:25avec plus ou moins
44:25de conviction
44:26pour moins de détails
44:26pourquoi Israël ?
44:29sous l'influence
44:30ou pour se rapprocher
44:31peut-être
44:31de Moïse le Bohème
44:32son ami
44:33Michel Turquin
44:34s'était intéressé
44:35au judaïsme
44:36depuis plusieurs années
44:37elle avait même sollicité
44:39du grand rabbin de Nice
44:40la possibilité de suivre
44:41les cours
44:42de l'école hébraïque
44:43Mme Ballanger
44:47avait l'air extrêmement perturbée
44:49par bien sûr
44:50cette affaire malheureuse
44:51dans son foyer
44:52l'assassinat probable
44:55de son fils
44:56la disparition de son fils
44:57de façon brutale
44:58je l'ai donc autorisé
45:01à suivre des cours
45:02qui sont comme je viens
45:03de l'expliquer
45:04très formels
45:05et très organisés
45:06pour qu'elles puissent
45:07avoir une vision
45:09ou un aperçu
45:10ou une approche
45:11du judaïsme
45:12qui soit autrement
45:13que par des oui-dire
45:15ou par une connaissance
45:16qui n'est pas tout à fait
45:17officielle
45:18ou formelle
45:19pour dissiper le trouble
45:21le président des Assises
45:23ordonne le 30 novembre 1993
45:24un supplément d'information
45:26en Israël
45:27avant la fixation du procès
45:28cela n'amène en réalité
45:30aucun élément nouveau
45:31mais Turquin
45:32n'en démord pas
45:33il n'a pas tué
45:34Charles-Édouard
45:35il n'a jamais vu à personne
45:37et à moi non plus
45:38et pourtant
45:38je crois que
45:41si il s'était confié
45:43ça aurait été à moi justement
45:45enfin moi
45:46j'ai eu
45:47une entière conviction
45:48qu'il est pour rien
45:50dans l'affaire
45:50après six ans d'enquête
45:53le procès de Jean-Louis Turquin
45:55s'ouvre le 17 mars 97
45:56devant la cour d'assises de Nice
45:585 jours
46:025 audiences
46:03d'affrontements étonnants
46:05entre l'homme et la femme
46:06dialogue déchirant
46:07entre Turquin
46:08qui veut encore reconquérir sa femme
46:10la convaincre de son innocence
46:12et surtout de son amour
46:13et Michel Turquin
46:14mélange de haine
46:15et de fascination
46:16pour l'homme
46:17dont elle veut se délivrer
46:18ce divorce
46:21en direct
46:22devant des jurés
46:23subjugués
46:23par ce duel
46:24de caractères étranges
46:25qui oublient les autres
46:27qui oublient parfois même
46:27l'enfant disparu
46:29fait de ce procès
46:30unique
46:30une sorte de drame théâtrale
46:32sur la scène
46:33duquel
46:33il n'y a que deux acteurs
46:35c'est un procès
46:37qui a révélé
46:38je pense que c'est là
46:38le principal
46:39comment Turquin
46:42contrairement à ce qu'on a
46:43souvent dit d'ailleurs
46:44ici et là
46:45mentait
46:46mais d'une façon
46:47qui n'avait rien
46:49d'exceptionnel
46:50rien de génial
46:51et il a révélé
46:52qu'il n'était pas
46:52finalement
46:53l'innocent
46:54qu'il prétendait
46:55d'une façon tout à fait
46:55je crois
46:56les gens
46:57les jurés
46:58ont touché
46:59c'est ça l'avantage
47:00de la cour d'assises
47:01ont touché du doigt
47:02le personnage
47:03et les éléments
47:04bien sûr
47:05qu'il a apporté
47:05avec lui
47:06une cour d'assises
47:07ou un procès
47:08comme ça
47:08c'est un théâtre
47:10et c'est une pièce
47:12qui se joue
47:12une dramatique
47:14et lui
47:14ça n'a pas été
47:17finalement
47:17un très bon acteur
47:18je dirais que même
47:19il a été son propre ennemi
47:20parce qu'il n'a jamais eu
47:22la spontanéité
47:23le cri du coeur
47:24qu'il fallait
47:25tout paraît
47:27toujours calculé
47:27avec lui
47:28le matin de mon témoignage
47:29j'ai trouvé un Jean-Louis
47:31très curieux
47:32si vous voulez
47:33j'étais dans le couloir
47:34je voyais Jean-Louis
47:35par hasard
47:36et Jean-Louis avait l'air
47:37extrêmement détaché
47:38de ce qui se passait
47:39autour de lui
47:39de temps en temps
47:40il tournait la tête
47:41avec un petit sourire aux lèvres
47:42et si vous voulez
47:43j'étais frappé
47:44par cette image
47:45de quelqu'un
47:45qui est en cour d'assises
47:46et avait l'air
47:47parfaitement détaché
47:49quelques jours avant
47:50je l'avais rencontré
47:51je l'avais rencontré
47:51le mardi
47:52et je l'avais téléphoné
47:53le vendredi
47:53je lui ai dit
47:54Jean-Louis
47:55ça va ?
47:56tu vas bien ?
47:56moi j'étais extrêmement inquiet
47:57il m'a dit
47:58oui oui ça va
47:59on avait prévu
48:00de prendre l'avion
48:01pour Saint-Martin
48:03d'aller avec lui
48:03acheter les billets d'avion
48:04le samedi matin
48:05et t'es certain
48:06je lui ai dit
48:07mais t'as pas peur
48:07il m'a dit
48:08non non tu sais
48:09quand je vais pouvoir parler
48:10tu vas voir
48:10tout va s'éclaircir
48:1120 ans de réclusion criminelle
48:13Michel Turquin
48:14ne l'entendra pas
48:15elle s'était éloignée
48:16du palais
48:17revenue trop tard
48:18elle n'a pas vu son mari
48:19subir le verdict
48:20quand on assistait au verdict
48:22j'ai vu
48:22physiquement
48:23prendre 20 ans de prison
48:24et physiquement
48:26il est devenu un vieillard
48:27il s'est courbé
48:28j'ai vu les rides
48:29apparaître sur son visage
48:30j'ai vu quelqu'un
48:31qui s'écrouler
48:31qui s'est repris
48:32et qui a dit en fait
48:33qu'il combattrait
48:34tant que Dieu lui laissera vie
48:36pour retrouver son enfant
48:37ce verdict intermédiaire
48:39au fond
48:39entre la perpétuité
48:40et l'équipement
48:41démontre tout de même
48:42l'embarras de certains jurés
48:43des aveux extorqués
48:45en quelque sorte
48:45l'absence de la preuve formelle
48:47de la mort de l'enfant
48:48et le comportement
48:49parfois équivoque
48:50de sa femme
48:50ont laissé des zones d'ombre
48:52Jean-Louis Turquin
48:53s'est pourvu en cassation
48:54j'ai envie de défendre
48:56Jean-Louis Turquin
48:56parce que je crois
48:57en l'innocence
48:58de Jean-Louis Turquin
48:59et au demeurant
49:01c'est un dossier
49:02passionnant
49:04passionnant
49:05parce que subsistent
49:06encore aujourd'hui
49:07dans cette affaire
49:08d'énormes zones d'ombre
49:11que je vais tenter
49:14avec beaucoup d'humilité
49:15de dissiper
49:16pour moi aujourd'hui
49:18Turquin est coupable
49:19et la cour de cassation
49:20dira
49:21s'il convient
49:22de recommencer
49:23le procès ou pas
49:24j'en doute
49:24ça c'est mon sentiment
49:26j'en doute beaucoup
49:26en l'absence
49:28d'éléments tangibles
49:30dans cette affaire
49:30ben
49:32ne dit-on pas
49:34que le doudou
49:34a bénéficié
49:35à l'accusé
49:36moi j'aimerais
49:38accueillir
49:38mon copain
49:39libre
49:40prochainement
49:41c'est tout
49:45moi j'aimerais que mon frère
49:50soit innocenté
49:50surtout
49:51si on pouvait retrouver
49:52Charles-Edouard
49:53et que Charles-Edouard
49:54puisse revenir
49:54vivre avec nous
49:56ça serait formidable
49:57mais
49:57ce que je veux surtout
49:59c'est que Jean-Louis
49:59puisse reprendre
50:01une vie normale
50:02parce que
50:02il est innocent
50:05il nous a manqué
50:05les aveux
50:06je me mets
50:07bien que cela soit
50:08difficile évidemment
50:09à la place d'un homme
50:10qui est accusé
50:11de ce qu'il peut y avoir
50:12de pire ici-bas
50:13il avait la possibilité
50:15non pas de se rattraper
50:18non pas de s'amender
50:19mais enfin
50:19de payer
50:20là il paye
50:22sans l'avoir
50:22sans l'avoir demandé
50:24sans l'avoir dit publiquement
50:25il subit très certainement
50:26cette sanction
50:27finalement
50:28aujourd'hui moi je pense
50:29souvent à lui
50:30plus qu'aux autres
50:31mais surtout
50:32surtout
50:32à l'enfant
50:33l'enfant
50:35justement
50:36la logique des faits
50:38pèse lourd
50:39sur Jean-Louis Turquin
50:40dans sa cellule
50:41de la prison de Draguignan
50:42il aurait aujourd'hui
50:4415 ans Charles-Edouard
50:45peut-on croire
50:46qu'il n'ait jamais cherché
50:47à joindre son père
50:48ou sa mère
50:49durant toutes ces années
50:49peut-on croire
50:50qu'il n'ait ainsi disparu
50:52sans laisser de traces
50:53sans dire pourquoi
50:54peut-on croire
50:55qu'il se soit enfui
50:56le petit garçon peureux
50:58dans la nuit
50:58pieds nus
50:59en pyjama
51:00il n'y a pas
51:01de vraie réponse
51:03à ces questions
51:03pour nous
51:06il est toujours
51:07il a toujours
51:08presque 8 ans
51:10c'est tout
51:12mais il n'est pas mort
51:13mais il n'est pas là
51:15il est introuvable
51:16et on n'arrive pas
51:18à avoir un véritable chagrin
51:19qui
51:20je crois que sa mère
51:21ça lui a toujours manqué
51:21ça
51:22finalement
51:23j'aurais préféré
51:24le voir mort
51:24pouvoir pleurer
51:25mais pleurer
51:27mais de toutes mes larmes
51:29pour pouvoir
51:30évacuer tout ça
51:31pour vraiment être
51:32sûr sûr sûr
51:33et ça
51:35c'est pas possible
51:35donc ça fait un trou
51:37un vide
51:37alors on dirait
51:39qu'il y a quelque chose
51:40de dérisoire
51:41là dedans
51:41dire qu'ils avaient
51:43tout
51:43tout pour être heureux
51:45oh là là
51:47mon dieu
51:57c'est pas possible
52:57...
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