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  • il y a 2 heures
Enfant déjà, Allain Bougrain Dubourg était attaché à sauver les animaux dits mal-aimés, reptiles et rapaces. Cet amour pour la vie sauvage n'a alors jamais cessé. D'abord passeur de connaissances à la télé, puis président de la LPO, il est également à l'origine de la notion de préjudice écologique.

Retrouvez "La terre au carré" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre

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Transcription
00:00Musique
00:00L'invité au carré, aujourd'hui, Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.
00:24La tourterelle des bois est l'un de ces oiseaux dont la présence tient d'abord à un son.
00:36Paul Géroudet, l'un des plus grands ornithologues francophones, écrivait en 1956 que son recoulement est doux, profond, rythmé.
00:44Un appel presque souterrain qui semble se confondre avec la lumière des lisières.
00:48Pour lui, la tourterelle des bois ne se montre jamais entièrement.
00:52Elle ne se livre qu'à demi.
00:54Dans les années 1960, Henri Couturier décrivait le même oiseau comme sauvage et prudente.
01:00Un être sensible au dérangement qui fuit l'approche humaine bien avant d'être vue.
01:04Et dont l'appel circule sous les frondaisons comme un souvenir d'été revenu.
01:09Cette sensibilité extrême fait partie de l'identité de l'espèce.
01:13Une présence offerte, jamais imposée, toujours suspendue à l'équilibre du milieu.
01:17Buffon, au XVIIIe siècle déjà, insistait sur cette affinité pour les lieux calmes.
01:23La tourterelle aime les lieux solitaires et les ombrages tranquilles où son murmure prolongé se mêle au frémissement des feuilles.
01:29Le naturaliste Pierre-Paul Grasset soulignait enfin, quant à lui, la finesse de son allure.
01:35Une silhouette élancée, une tête légère, un port d'ailes nerveux, une grâce naturelle et une vivacité adaptée aux paysages chauds, ouverts et variés.
01:45Cette constance des regards naturalistes dit à quel point l'oiseau a marqué l'histoire de nos campagnes.
01:51Ainsi, la tourterelle des bois, l'oiseau qui ne se livre qu'à demi, n'apparaît plus comme un simple habitant discret du printemps,
01:58mais comme un symbole fragile, celui d'un paysage rural diversifié que chacun des auteurs, à sa manière, a décrit avant qu'il ne commence à s'effacer.
02:07Bonjour Alain Bougrain-Dubourg.
02:13Bonjour Mathieu.
02:14L'affaire des tourterelles des bois, c'est l'un de vos combats les plus emblématiques ?
02:19Oui, c'est le combat de l'ALPO et d'autres.
02:2320 ans de combats pour faire respecter le droit.
02:27Vous indiquez à l'instant que la tourterelle des bois aime la tranquillité.
02:30Le problème, c'est que quand elle remonte d'Afrique, vers la fin avril, début mai,
02:37elle est obligée d'emprunter un corridor qui s'appelle le Médoc.
02:41D'un côté, l'océan, de l'autre, la Gironde, qui la conduit à traverser pour aller se répandre et donner la vie un peu plus haut,
02:50non seulement en France, mais en Europe.
02:53Et ce n'est pas la tranquillité, ce sont des pylônes avec des milliers de chasseurs
02:58qui attendent l'oiseau en question.
03:01Et il se passe une chose singulière, c'est que quand elle a peur, la tourterelle,
03:06elle plonge immédiatement au ras de la canopée pour être protégée.
03:12Elle a peur de quoi ? Du faucon, évidemment, du rapace.
03:15Mais dès qu'elle a peur, elle plonge.
03:17Et le problème, c'est qu'elle se retrouve au milieu, au niveau en tout cas, d'un barrage de feu.
03:24Et depuis les années 70-80, il n'y avait pas loin de 70 000 tourterelles qui remontaient d'Afrique.
03:3430 000 d'entre elles restaient au tapis, étaient abattues, alors que la chatte était fermée.
03:41On ne coupe pas son blé en herbe.
03:43C'est le code rural du reste de nos anciens qui avait dit qu'on ne chasse pas au printemps.
03:48Et pourtant, ça a duré 20 ans.
03:50Donc le Médoc, ça a été le lieu de votre combat ?
03:52Ça a été le lieu du combat de la LPO et d'autres.
03:55Mais oui, avec des peurs, je le dis, avec des violences.
04:00Oui, parce que les balles de fusil sont passées très près quand même.
04:02Oui, c'est juste.
04:03Et puis les menaces de mort, et puis les violences, et puis tant de choses.
04:09Et pourtant, on a eu des ambassadrices et ambassadeurs de qualité.
04:15Brigitte Bardot, Sophie Marceau, Hubert Rive, Théodore Monod nous ont accompagnés sur le terrain.
04:21On va écouter un extrait d'un reportage en 1991, dans le Médoc précisément.
04:26Théodore Monod est là, Brigitte Bardot et Sophie Marceau, qui a 24 ans à l'époque.
04:30On n'a pas pu avancer.
04:32Ce sont les braconniers qui ont le droit ici, qui ont la raison.
04:36Il y a une corruption totale de la part du gouvernement, du préfet, de la police d'onde.
04:41Et on s'est dit, mais est-ce que c'est en France qu'on vit ?
04:43Ça, c'est pas possible.
04:45On n'a pas le droit.
04:47Nous sommes en train d'essayer, nous, ici, de faire appliquer une loi française et européenne
04:54qui n'est pas appliquée dans notre pays, la France.
04:57Voilà, Brigitte Bardot, juste avant Sophie Marceau.
04:59Tout le monde planqué dans la voiture, vitre fermée, sous le bombardement de pourris.
05:04Oui, et de violences et de menaces.
05:08Et je vais vous dire, je suis très démuse d'entendre ces propos parce qu'à l'époque,
05:14j'ai tellement pensé qu'on n'y parviendrait pas, qu'à un moment, je le dis sans être plus glorieux qu'un autre,
05:22mais j'ai pensé qu'il fallait que je m'immole.
05:25À l'époque, ça se faisait beaucoup.
05:27Vous auriez été capable de le faire ?
05:29Oui, j'étais à deux doigts de le faire.
05:30C'est vrai ?
05:31Oui, parce que je me disais, si jamais un mec se fout le feu, ils n'auront pas l'indécence de poursuivre.
05:39Je ne le crois pas.
05:40Et donc, je m'étais organisé, préparé à ça.
05:43Pour la tourterelle des bois ?
05:44Pour une cause, oui, parce que nous étions révoltés.
05:49Et je me disais que je ne trouvais plus d'issue.
05:51Il n'y avait plus de possibilité.
05:53Ça, c'en était une qui, à mon avis, aurait mis un terme à ce braconnage.
05:58Parce qu'encore une fois, c'était interdit.
06:01Qu'est-ce qui vous a fait renoncer ?
06:02Renoncer un jour qui pousse l'autre.
06:04Et puis, peut-être le manque de courage.
06:06Mais non, j'étais assez préparé à cela.
06:09Et puis, surtout, un préfet qui est arrivé, qui est devenu un ami, Jacques Géraud,
06:14et qui croyait que c'était une tradition.
06:16Et qui m'a demandé de le rencontrer.
06:19Je lui ai expliqué l'histoire.
06:20Il m'a dit, moi, je suis républicain.
06:23Le droit s'appliquera en Médoc comme ailleurs.
06:27Et en trois ans, il a mis un terme à cette chasse.
06:30Alain Beaugrin-Dubourg, vous êtes un jeune homme de 77 ans.
06:33Si vous deviez dire ce qui résume le mieux ce que vous avez fait de votre vie,
06:37durant ces 77 années, ce serait quoi ?
06:40Oh, peut-être Saint-Augustin m'inspire quand il dit
06:43« On perd moins à se perdre dans sa passion qu'à perdre sa passion ».
06:47J'ai été habité par une passion.
06:50La découverte des animaux, j'ai eu la chance d'être curieux de nature.
06:54Et j'ai rencontré des gens admirables qui m'ont fait confiance,
06:58qui m'ont pris sous leur aile.
06:59Et je pense que c'est tout le bonheur que je souhaite à tous les citoyens
07:04de se lever en se disant quel bonheur, même lorsqu'on vit un combat.
07:09J'ai l'impression que vous l'êtes toujours autant curieux d'ailleurs.
07:12Et c'est vrai, on le sent dans la discussion qu'on a eue juste avant de prendre le micro.
07:17Il y a toujours cette énergie incroyable, cette rage aussi, cette colère.
07:21Oui, il y a deux choses qui m'animent.
07:23C'est la rage, la colère, parce que malheureusement,
07:26et je pourrais vous en donner bien des exemples,
07:29je constate qu'on se comporte à l'égard du vivant qui nous entoure
07:32de manière indécente, indécente.
07:36Et respecter le bien-être animal,
07:38respecter les espèces qui s'estompent,
07:41ce n'est pas dénaturer l'homme,
07:43ce n'est pas retirer des privilèges à l'homme.
07:46C'est simplement se comporter dignement,
07:49avec un minimum d'éthique,
07:51à l'égard des plus faibles.
07:52C'est le vivant qui nous entoure.
07:54Donc il y a la rage face à cette réalité.
07:57Et puis, il y a une convivialité admirable que je rencontre dans l'univers des Amis de la Nature.
08:06Qu'est-ce qu'on s'aime ?
08:08Qu'est-ce qu'on est heureux ?
08:09Vous savez, on dit toujours, ils sont en train de gueuler,
08:11ils font de la procédure.
08:13Mais nous, notre bonheur, c'est de voir un coucher de soleil
08:16et puis de toucher l'autre à côté pour savoir si on ne rêve pas tellement c'est beau.
08:20On va évoquer pendant cette émission votre engagement pour la biodiversité
08:24parce que c'est l'objet aussi d'un livre,
08:26La biodiversité pour les nuls,
08:27que vous publiez chez First Edition,
08:29que vous avez dû offrir à plein de politiciens et politiciennes.
08:32Le président Macron.
08:33C'est vrai ?
08:33C'est bien.
08:35Il a de l'humour.
08:37Maintenant, j'espère qu'il va le lire.
08:39C'est vrai.
08:40On va d'abord revenir aux racines de votre vie, Alain Bougrain-Dubourg.
08:42Vous racontez qu'enfant, vous étiez un petit Parisien timide,
08:45habité par le monde animal,
08:47bien plus d'ailleurs que par vos camarades.
08:49Comment ce lien avec le vivant justement s'est construit pendant ces premières années ?
08:52À Paris ?
08:53Alors à Paris, j'avais pour horizon les pigeons de Paris,
08:56donc c'était un peu limité.
08:58J'étais rapidement, à l'âge de 10 ans,
09:01envoyé en pension à La Rochelle,
09:03au lycée Eugène-Fromantin,
09:04plus de 170 pensionnaires.
09:08Alors je ne vais pas dire que c'était comme en Angleterre au 19e siècle,
09:12mais enfin bon, quand vous sortez...
09:13La douche était froide ?
09:14Oui, elle était froide.
09:15Franchement, et il se trouve,
09:17c'est les hasards de la vie que juste à côté du lycée,
09:21il y avait le Muséum d'Histoire Naturelle.
09:23Et moi j'ai été me réfugier,
09:25parce que j'aimais bien les animaux,
09:27dans ce muséum,
09:28et là j'ai découvert
09:29l'exotisme à ma porte.
09:33Il y avait la girafe du Pacha d'Égypte,
09:36offerte à la France,
09:38qui avait marché de Marseille
09:40jusqu'à Paris
09:41pour rejoindre Buffon et tout ça.
09:43Mais c'était une histoire prodigieuse.
09:46Moi je regardais la girafe,
09:47elle, elle me regardait un peu méprisante
09:50avec ses yeux de verre.
09:51Et puis plus loin,
09:52il y avait un vivarium
09:53avec des sérastètes,
09:55sérastètes sur des vipères à cornes du désert.
09:58Et là, je partais au Sahara.
10:02Au point de vouloir constituer votre propre musée ?
10:06Ah bon, ça je ne suis pas très fier,
10:08mais ça a été assez déterminant.
10:10Oui, mes parents avaient une maison
10:12dans l'île de Ré,
10:13je les voyais très peu,
10:14je les voyais quatre fois par an,
10:15et je ramassais sur la plage
10:17déjà des oiseaux mazoutés,
10:19un bout de crabe,
10:20que sais-je encore,
10:22et j'accumulais tout ça
10:23en mettant des noms pseudo-latins.
10:26Et un jour,
10:28j'ai considéré que pour que ce musée,
10:31mon laboratoire,
10:32soit digne de ce nom,
10:33il me fallait une pièce maîtresse,
10:35et ça ne pouvait être qu'un crâne d'homo sapiens.
10:38Bon, alors je ne suis pas très fier,
10:40mais ça a été déterminant.
10:42Oui, dans un petit village en Charente-Maritime,
10:44avec un pote,
10:45et comme j'ai été élevé chez les jésuites,
10:48j'ai quand même eu des remords.
10:50Mais qu'est-ce qui fait ce crâne ?
10:51Expliquez-nous quand même.
10:52Il est où ?
10:52C'était une fosse commune.
10:54Je savais qu'il y avait une fosse commune,
10:56vous ouvrez le truc,
10:57et puis au milieu de chaussures,
10:59de trucs, de vertèbres,
11:01et voilà.
11:02Mais une fois que je l'ai mis dans un seau
11:05avec l'eau de Javel,
11:06en me disant que la semaine suivante,
11:09je mettrai Homo sapiens,
11:11et je pourrais le présenter dans un truc,
11:13j'ai vraiment eu des remords.
11:15J'ai écrit à mon père,
11:17et qui m'a répondu très violemment,
11:21qu'avec l'éducation que j'avais reçue,
11:23il m'a dit qu'il fallait que je repose au crâne
11:26où je l'avais pris,
11:28ce qui au passage était un peu con,
11:29parce que je ne m'étais pas fait gauler à l'aller.
11:32J'ai gardé le crâne,
11:33il m'en reste des morceaux du reste.
11:35Mais surtout,
11:36qu'est-ce que vous faites
11:36quand vous avez 12 ans
11:38et que d'un seul coup,
11:40votre père est contre vous,
11:42le bonheur de ce futur musée s'estompe ?
11:46Vous tombez en sanglots.
11:48Et c'est là que la vie est étrange.
11:50Il y a un préparateur du musée
11:52qui m'avait vu dans les couloirs,
11:54qui a traversé la rue,
11:55qui m'a dit
11:55« Mon petit gars, qu'est-ce qui t'arrive ? »
11:57Je lui ai dit « J'ai voulu faire un musée,
11:59j'avais mon crâne,
12:00je lui raconte mon histoire. »
12:01Il me dit « Allez, viens ! »
12:02Je la fais courte,
12:03mais il m'a emmené dans les coulisses
12:05du musée de la Rochelle.
12:06Il a ouvert une armoire d'ongles
12:09et d'un seul coup,
12:11je vois une tête qui flottait dans le formol.
12:14C'était le dernier décapité de la Rochelle.
12:16Il pensait me faire plaisir,
12:18moi j'étais effrayé.
12:21Mais voilà.
12:21Et alors après...
12:22Mais ça a scellé votre destin,
12:23cette histoire.
12:24Parce que je suis devenu l'enfant chéri du muséum,
12:27ils m'ont appris la taxidermie,
12:29ils m'ont appris à baguer des oiseaux,
12:31je les accompagnais.
12:32J'avais 12 ans, 13 ans.
12:34Donc j'étais nul à l'école,
12:35mais je partais avec les prépa...
12:38Je ramassais des vipères,
12:39des trucs comme ça.
12:40Votre famille,
12:41Alain Beaugrain-du-Bourg,
12:41est marquée par une lignée illustre
12:43et exigeante.
12:45Vous êtes descendant de D'Artagnan,
12:46paraît-il.
12:47Oui, j'ai quelques gouttes
12:48du côté de mon père,
12:52ma mère.
12:53Ça c'est votre portable,
12:54c'est incroyable.
12:55Le portable oiseau
12:57d'Alain Beaugrain-du-Bourg.
12:59En direct.
13:00C'est ma fille qui m'a...
13:01Bon, on verra ça plus tard.
13:02Vous direz à votre fille
13:03que tout va bien,
13:04que vous êtes un petit peu occupée
13:06et que vous la retrouverez.
13:08Voilà, on a pu entendre votre sonnerie.
13:09C'est quel oiseau d'ailleurs ?
13:10C'est un panachage.
13:11Très bien.
13:12Voilà, ça existe aussi.
13:13Donc parlez-nous de votre famille,
13:14Alain Beaugrain-du-Bourg.
13:15Côté paternel,
13:16l'arrière-grand-père est banquier,
13:17le grand-père général.
13:19Votre père,
13:20ancien député,
13:21plus jeune député de l'Assemblée,
13:23résistant
13:24et créateur du groupe
13:25des Républicains indépendants.
13:27Maman aussi,
13:28parce qu'on oublie dans les résistants,
13:30c'était un couple.
13:31Et papa a été illustre,
13:33enfin,
13:33s'est engagé de façon admirable,
13:35mais on a tendance à oublier
13:37les femmes qui dormaient également
13:40sur les munitions, etc.
13:43Dans quel réseau ils étaient ?
13:44Ils étaient en Saône-et-Loire
13:46et ils faisaient notamment
13:48de la correspondance avec la Gironde,
13:51du côté de Sauveterre de Guyenne.
13:54Votre père était particulièrement
13:56Ross avec vous ?
13:58On était de l'éducation dure,
14:00oui.
14:00On a eu la chance de vivre
14:02du bon côté du trottoir,
14:05c'est-à-dire,
14:05j'avais des gens qui,
14:09ceux qui ont fait les enfants,
14:10étaient pris en charge
14:11de façon remarquable,
14:13mais on payait cher nos privilèges.
14:17En quoi cet héritage familial a,
14:19soit pesé,
14:20soit stimulé d'ailleurs,
14:21votre parcours ?
14:21Je ne suis pas capable de le dire.
14:23Qui peut le dire ?
14:24J'ai souvent pensé
14:26à l'hypothèse d'une guerre
14:28et j'ai dit à mon père
14:30« Est-ce que je serais résistant
14:33au collabo ? »
14:34Et qui peut répondre à cela ?
14:36J'ose imaginer que je serais
14:38davantage résistant que collabo.
14:40Mais mon père,
14:41qui était recherché
14:43par la Gestapo, etc.,
14:45a eu une réponse admirable.
14:48Il m'a dit « En fait,
14:49on était jeunes,
14:51on a pleuré pour le drapeau français,
14:54mais on était jeunes
14:55et inconscients en même temps.
14:57Faire péter des trains,
14:59risquer la Gestapo,
15:00c'était une aventure. »
15:02Et je trouve assez honorable
15:04de dire qu'il y a la folie
15:06de la jeunesse
15:07qui a permis
15:07de générer une résistance
15:09admirable et républicaine.
15:11Est-ce qu'il y a une forme
15:12de résistance
15:12qui se remet en place
15:13aujourd'hui,
15:14à votre avis ?
15:15Elle est très différente.
15:17D'abord,
15:17les risques ne sont pas les mêmes.
15:20Ils étaient violents
15:21et immédiats à l'époque,
15:23la Gestapo.
15:24Aujourd'hui,
15:25ils sont violents.
15:26Oui, c'est ça.
15:26Et à moyen terme,
15:28on ne mesure pas
15:29quand on voit la COP 30
15:32qui se décline aujourd'hui
15:33et finalement,
15:34la forme de mépris
15:35que la planète a
15:37pour la priorité.
15:39Quand on voit le mépris
15:40qu'on a à l'égard
15:41de la biodiversité,
15:42le vivant qui nous entoure.
15:44Et vous avez quand même,
15:46ça c'est très singulier,
15:47du début du XXIe siècle,
15:50les scientifiques plateformes,
15:52le GIEC pour le climat,
15:54l'IBES pour la biodiversité,
15:56qui, de concert,
15:57tous les scientifiques du monde
15:58disent qu'il faut agir
16:00avec la même urgence
16:01dans ces deux dossiers essentiels.
16:05Et juste un exemple,
16:06sans être trop long,
16:07on oublie la COP 17.
16:09C'est une espèce
16:10de petite merdouille
16:11qu'on voit à peine
16:12dans un microscope
16:13et qui a mis la planète
16:14à genoux.
16:15Tout s'est arrêté,
16:17quelles que soient
16:17les économies,
16:18quelles que soient
16:19les systèmes politiques,
16:21quelles que soient
16:21les stratégies,
16:22les forces en présence.
16:23la planète s'est arrêtée
16:25à cause d'un virus.
16:27Alors on n'a dit
16:27plus jamais ça.
16:29Mais on recommence
16:29comme en 14.
16:31Dans le discours
16:33de politique générale
16:34du Premier ministre,
16:35il n'a pas prononcé
16:37le mot
16:37ni climat
16:38ni biodiversité.
16:39Ça c'est un grand classique.
16:40Est-ce que ça écorche
16:41la République ?
16:42Non, quand même.
16:43Il y en a au moins
16:44le cité de durage.
16:45C'est des derniers temps,
16:46c'est des mots
16:47qu'on en plaît plus beaucoup.
16:49Allez Alain Bougouin-Dougou,
16:50on va vous retrouver
16:51dans un instant
16:51parce que derrière
16:52le naturaliste solitaire
16:53des débuts,
16:54bientôt un visage familier
16:55de millions de téléspectateurs,
16:56celui d'un infatigable
16:58combattant pour la biodiversité.
16:59C'est une autre vie
17:00qui commence pour vous,
17:01qui va vous propulser
17:01sur la scène publique.
17:03On en discute dans un instant
17:04et vous allez pouvoir
17:05pendant le disque
17:06appeler votre fille
17:06qui s'inquiétait visuellement
17:07pour vous Alain Bougouin-Dougou
17:08parce que vous êtes en direct
17:09sur France 7h.
19:26Lola Young sur France Inter
19:29La Terre au Carré
19:31Mathieu Vidard sur France Inter
19:34Alain Bougouin-Dougou
19:45notre invité au Carré
19:46et on va ouvrir ensemble
19:47le deuxième chapitre
19:48de votre vie avec l'homme
19:49qui va entrer dans l'arène médiatique.
19:51On entend en ce moment
19:52un générique que vous connaissez bien.
19:53Terre des bêtes.
19:54Ça c'était en 1978
19:55sur Antenne 2.
19:57Oui.
19:58Comment ce jeune passionné
19:59de reptiles et d'oiseaux
20:00s'est retrouvé tout d'un coup
20:01à la télé
20:01invité par les grandes émissions
20:03de l'époque ?
20:04Parce qu'à l'époque
20:06il y avait une chance formidable.
20:08Vous n'étiez pas obligé
20:09d'être journaliste,
20:10diplômé.
20:12Et puis j'étais venu présenter
20:13ici un renard,
20:14là un faucon
20:16Cresserelle
20:16et puis on m'a dit
20:17Eliane Victor
20:19qui s'occupait
20:20des programmes
20:20pour la jeunesse
20:21est-ce que tu veux présenter
20:23avec Dorothée
20:24le mercredi après-midi ?
20:25Je me trouve propulsé
20:27moi qui étais timide
20:29comme ce n'est pas possible
20:30devant les caméras.
20:32À quel âge ?
20:32J'avais, je ne sais plus,
20:3422 ans,
20:35un truc comme ça.
20:36Je ne sais plus.
20:37Et tu restes Eliane Victor.
20:40Je crois que j'ai été
20:41nommé à TF1
20:42donc les visiteurs du mercredi
20:43vers le mois d'avril
20:45et en juillet
20:46elle nous a convoqués
20:48Dorothée et moi
20:49en disant
20:49écoutez mes petits chéris
20:50très paternalistes,
20:52maternalistes
20:52bon, je vous aime beaucoup
20:54mais vous êtes fait
20:55l'un et l'autre
20:56pour tout
20:57sauf pour la télé
20:58donc on ne va pas vous garder.
21:00Et puis il y a Antenne 2
21:02qui lançait
21:03notamment Patrice Laffont
21:051 sur 5
21:05avec les frères Bogdanoff
21:08et d'autres.
21:09Et donc ensuite
21:10vos émissions
21:10donc 1978
21:12Terre des bêtes.
21:13un an avant
21:141977
21:15votre reportage
21:16sur les bébés phoques
21:17vous propulse là vraiment
21:19dans l'œil du public
21:20et c'est la rencontre
21:21avec Brigitte Bardot.
21:23Voilà ce que c'est
21:24qu'un bébé phoque
21:25et voilà ce qu'on tue
21:27par centaines de milliers
21:30pour la fourrure.
21:31Ces petites choses
21:32qui se laissent prendre
21:33comme ça
21:33tout confiant
21:34adorable.
21:35il y a la mer
21:38qui a peur
21:39mais tu sais
21:41qu'il y en a encore
21:42un près de la mer
21:43là-bas
21:43regarde
21:44ce que c'est mignon
21:46ce que c'est mignon
21:47comment on peut
21:48les tuer
21:49c'est dégueulasse.
21:521977
21:53votre rencontre
21:54c'est sur la banquise
21:54vraiment ?
21:55Oui
21:55et de façon étonnante
21:58parce que
21:59je voulais faire
22:01ce reportage
22:02sur le massacre
22:03des bébés phoques
22:04et on m'a donné
22:05un numéro de téléphone
22:06qui était celui
22:06de la Madra
22:07que je pensais
22:08devoir passer
22:10par une palanquée
22:11d'assistants
22:12et autres
22:12et je suis tombé
22:13sur Brigitte
22:14directement
22:15qui m'a dit
22:16mais j'aime bien
22:17votre émission
22:17oui oui
22:18d'accord
22:19je suis d'accord
22:21pour faire une interview
22:22quand on sera
22:23au Canada
22:24j'étais tellement ému
22:25que j'ai dit
22:26ben rendez-vous au Canada
22:27sans me douter
22:29ni la date
22:30ni le lieu
22:31puis on s'est retrouvé
22:32à Blanc-Sablon
22:33dans un petit village
22:35où il y avait
22:36l'âme et la presse
22:37du monde entier
22:38qui très rapidement
22:40s'est opposée
22:41à Brigitte
22:41tout simplement
22:42parce que
22:43les autorités
22:44canadiennes
22:45avaient suspendu
22:46l'accès
22:47à la chasse
22:49pour pas qu'on puisse filmer
22:50donc il n'y avait
22:51aucun hélicoptère
22:52et au bout
22:52de quelques jours
22:53ben la presse
22:54s'est retournée
22:55contre Brigitte
22:56c'était douloureux
22:57elle a eu beaucoup de mérite
22:58beaucoup de courage
22:59et vous avez 29 ans
23:00à l'époque
23:00quand vous vous rencontrez
23:01elle est un peu plus âgée
23:02que vous
23:03elle a plus d'une quarantaine
23:04d'années
23:04et alors c'est
23:05coup de foudre
23:06sur la banquise
23:07non c'est pas comme ça
23:09non j'ai trouvé
23:09d'abord j'étais pas
23:10admiratif
23:12de la personne
23:14qu'elle était
23:14sur le plan
23:15cinématographique
23:16j'étais très ému
23:17par cette femme
23:19qui était malheureuse
23:20c'était ma frangine
23:21c'était ma copine
23:22et c'est devenu mon amie
23:24pendant quelques belles années
23:26votre amour
23:28c'est devenu votre amour
23:30on peut le dire
23:30elle est restée votre amie
23:31oui on a vécu
23:34sept ans ensemble
23:34et on a partagé
23:36des silences merveilleux
23:37avec tous les chiens
23:38à Saint-Tropez
23:40sur les chemins de douane
23:43etc
23:43ou des soirées
23:45où on refaisait le monde
23:46voilà
23:47vous êtes toujours
23:48en contact avec elle
23:49oui toujours
23:49toujours
23:50je peux vous dire
23:52qu'elle va mieux
23:52après un moment difficile
23:54mais voilà
23:55ses positions très polémiques
23:57sur l'immigration
23:57et l'islam
23:58lui ont valu
23:58plusieurs condamnations
23:59pour incitation
24:01à la haine raciale
24:01c'est quoi votre position
24:02vous là-dessus
24:03Alain Bougrain-Nubourg
24:03parce que vous êtes allé
24:04la soutenir au tribunal
24:05on m'a demandé
24:07de faire un portrait d'elle
24:09et j'ai dit
24:09qu'elle avait
24:10elle était déterminée
24:13par sa cause première
24:15en vérité je ne voudrais pas
24:16être trop long
24:17mais en fait
24:20quand il y a eu
24:20cette affaire
24:23sa plume a dérapé
24:28je le dis
24:28je lui ai dit
24:29du reste
24:30peut-être
24:34je ne trouve pas
24:35les mots
24:36qui conviennent
24:36mais quand j'ai
24:38plaidé
24:38quand j'ai témoigné
24:40j'ai indiqué
24:42qu'elle était capable
24:44de rompre
24:44l'une de ses plus
24:45grandes amitiés
24:46de l'époque
24:47qui était Jacques Chirac
24:48et Jacques Chirac
24:51n'a pas répondu
24:52à son appel
24:52quand il y a eu
24:53les présidentielles
24:54alors que Mitterrand
24:55a réagi dans l'instant
24:57en disant
24:57ma chère Brigitte
24:58je vous soutiendrai toujours
25:00et bien elle était capable
25:01de rompre
25:02une amitié toujours
25:03pour une idée première
25:05qui était
25:06la cause animale
25:07voilà
25:07alors maintenant
25:08sur la partie
25:10purement politique
25:11moi j'ai tellement vu
25:13Brigitte
25:13aidé des petits vieux
25:15aidé des gens
25:17de toute nature
25:18et de toute race
25:20qu'elle s'est laissée
25:22emporter
25:22c'est vrai
25:23par une certaine image
25:24de la France
25:25probablement
25:26qu'elle souhaitait
25:28et qui ne correspondait
25:30plus à ses valeurs
25:31je le regrette
25:33je lui ai dit
25:33j'ai même démissionné
25:35de la fondation
25:35pour cette raison
25:36ça ne m'empêche pas
25:38de partager
25:38les mêmes valeurs
25:39dans ses combats
25:40lorsque vous prenez
25:41la présidence
25:41de la ligue
25:42de protection
25:43des oiseaux
25:43c'est pour trois ans
25:45oui
25:45et ça commence quand
25:46cette histoire
25:47il y a près de 40 ans
25:48oui c'est ça
25:49vous y êtes encore
25:49j'y suis encore
25:51je pensais avant
25:53qu'est-ce qui vous a retenu
25:54ni le temps
25:54ni les compétences
25:55d'abord le premier combat
25:57ça a été les tourterelles
25:58dont on a parlé
25:59ça a duré 20 ans
26:00après l'un des deux
26:02et je ne voulais pas quitter
26:03la LPO
26:04sans réussir ce combat
26:06après il y a eu
26:07l'ERICA
26:08ça a été
26:0999
26:10ça a été 10 ans
26:12de combat
26:12où on a initié
26:14l'idée du préjudice écologique
26:16c'est la LPO
26:18qui l'a lancé
26:18l'idée étant simple
26:20c'est qu'on indemnisait
26:22le vivant
26:23commercial
26:24c'est-à-dire
26:25les coquillages
26:26les manques à pêcher
26:28etc
26:28mais pas le vivant
26:30non commercial
26:30c'est-à-dire
26:31le phoque
26:32l'oiseau
26:33ou la tortue
26:34et on s'est battu
26:35pour ça
26:35après l'idée
26:37s'est élargie
26:38et le préjudice écologique
26:41est rentré maintenant
26:43dans le code civil
26:44c'est une grande fierté
26:45c'est une bataille
26:46contre Total
26:46il faut quand même rappeler aussi
26:48on a été jusqu'en cassation
26:50contre Total
26:50celui qui est à l'origine
26:50oui oui tout à fait
26:52quand vous voyez justement
26:53Patrick Pouyenne
26:54le patron actuel
26:55de Total Energy
26:56à la COP30
26:57de Bellem
26:57parmi tous les lobbyistes
26:59du pétrole et du gaz
26:59ils sont plus de 1600
27:00ils ont été encore comptabilisés
27:02aujourd'hui
27:02qu'est-ce que ça vous
27:03donne comme sentiment ?
27:04ça illustre
27:05de façon scandaleuse
27:07je le dis clairement
27:08le poids des lobbyings
27:10et l'indifférence
27:12de l'exécutif
27:13à l'égard du fondamental
27:15et de l'intérêt général
27:16non
27:17c'est inacceptable
27:19alors pour autant
27:21je donne toujours
27:23je veux donner
27:24la possibilité
27:25à chacun
27:25de pouvoir changer
27:27mais Total
27:29l'a bien compris
27:29qu'ils ne sont pas
27:31dans la bonne ligne droite
27:33mais simplement
27:34ils se donnent du temps
27:36et pendant ce temps
27:37ils accumulent
27:38des profits
27:39non mais la présence
27:40de ces lobbies
27:41dans une COP
27:42qui parle du climat
27:44c'est quand même
27:45totalement
27:45réaliste
27:47mais
27:47c'est la rançon
27:49de la démocratie
27:50j'ai envie de dire
27:51c'est pas tant
27:52qu'ils soient présents
27:53ce qui est terrible
27:54c'est qu'on les écoute
27:55et qu'ils aient autorité
27:57vous n'avez pas
27:58un ministre
27:59de l'agriculture
28:00en France
28:00qui serait nommé
28:02sans l'aval
28:02de la FNSA
28:03on est dans
28:04la même configuration
28:06Vous disiez avoir envoyé
28:08votre livre
28:08qui sort sur la biodiversité
28:10à Emmanuel Macron
28:11peut-être à Sébastien Lecornu
28:12aussi que vous connaissez bien
28:13Oui
28:14je l'avais prévenu
28:16du reste
28:16et Sébastien Lecornu
28:18je lui ai proposé
28:1910 mesures
28:21chiques et pas chères
28:22pour faire
28:23une belle biodiversité
28:25en France
28:25Ah oui ?
28:26Et alors c'est quoi
28:26vos mesures ?
28:27J'ai des trucs très sympas
28:28par exemple
28:29quand vous prenez
28:30une espèce
28:31qui est ézode
28:32espèce susceptible
28:34d'occasionner
28:35des dégâts
28:35sont les nuisibles
28:36en fait
28:37Si une espèce
28:38rentre dans cette catégorie
28:40le renard par exemple
28:41il en prend d'office
28:42pour 3 ans
28:43En revanche
28:44vous voulez
28:45faire un moratoire
28:46pour une espèce
28:47ça ne sera
28:48qu'un an
28:48renouvelable
28:50Je dis 3 ans
28:51pour les nuisibles
28:52on pourrait mettre
28:533 ans aussi
28:54pour les espèces protégées
28:56Voilà un exemple
28:57Autre chose
28:58vous avez
28:59des consultations publiques
29:01qui s'imposent
29:01quand un ministre
29:02va prendre un arrêté
29:04et bien
29:04le plus souvent
29:05c'est le cas actuellement
29:07avec les civelles
29:08la situation dramatique
29:11des anguilles
29:12qui disparaissent
29:12il y a eu une consultation
29:1497%
29:17des 5000 personnes
29:18qui ont répondu
29:19sont opposées
29:21à l'idée
29:22de poursuivre
29:23le prélèvement
29:24de 55 tonnes
29:26de civelles
29:26quand même
29:27et bien le ministre
29:29et ça s'y est dessus
29:30et bien je propose
29:32que à 70%
29:34on demande au ministre
29:36de revisiter sa copie
29:39et je dois dire
29:40que c'est un mépris total
29:42de la démocratie
29:43que de laisser croire
29:44aux citoyens
29:45qu'ils auront
29:46une écoute
29:47alors qu'on n'en a
29:48rien à foutre
29:49vous avez rencontré
29:51à peu près
29:51tous les présidents
29:52de la république
29:53tous les premiers ministres
29:54vous avez encore
29:55rencontré récemment
29:56Mathieu Lefebvre
29:57le nouveau ministre délégué
29:58chargé de la transition
29:59écologique
29:59et de la biodiversité
29:59c'est sa première sortie
30:01pour aller défendre
30:02les palombières
30:02c'est sa première sortie
30:04oui biodiversité
30:05donc il va défendre
30:07les palombières
30:08c'est-à-dire
30:08il faut dire ce que c'est
30:10c'est des chasses
30:10alors ce sont des chasses
30:11au filet
30:12notamment traditionnelles
30:14dans les Landes
30:14et ailleurs
30:15et l'idée
30:16c'est de leur dire
30:18qu'il va intervenir
30:19avec la ministre
30:21de la transition écologique
30:23auprès de Bruxelles
30:25pour assouplir
30:26la directive oiseau
30:27c'est scandaleux
30:29alors qu'on a
30:31dans le même temps
30:31des espèces
30:32je viens de parler
30:33des anguilles
30:34qui sont aussi rares
30:36que les rhinocéros
30:37de Java
30:38et qu'on va continuer
30:39de prélever
30:40et il vous consulte
30:41pour ça
30:42le ministre ?
30:43je crois qu'il m'a appelé
30:44oui
30:44probablement
30:45pour pouvoir dire
30:46j'ai eu la LPO
30:48ils sont informés
30:49pour que
30:50je ne le découvre pas
30:51par la presse
30:52je trouve ça
30:53j'ai dit que c'était
30:54une faute politique
30:55et qu'il se tirait
30:55une balle dans le pied
30:56maintenant il fait ce qu'il veut
30:57et le président de la république
30:59sur ces questions-là
31:00parce que vous le rencontrez aussi
31:01oui j'ai rencontré souvent
31:03je crois que
31:04alors quand je parle avec lui
31:07il m'entend
31:08mais derrière
31:10il vous entend
31:11est-ce qu'il vous écoute ?
31:13non il n'écoute pas
31:13à l'évidence
31:14à l'évidence
31:15je lui ai parlé
31:16à l'UNOC
31:17des anguilles
31:18quand je l'ai
31:19on s'est beaucoup battu
31:20pour suspendre
31:22les pêches
31:22en période sensible
31:24qui généraient des captures
31:26dans le golfe de Gascogne
31:28par exemple
31:29je me souviens
31:30il m'a dit
31:30mais Alain
31:31que vont faire
31:32les espagnols
31:33ils vont venir pêcher
31:34chez nous
31:35et tout
31:35bon finalement
31:36nous avons gagné
31:38non pas par la raison
31:39devant l'exécutif
31:41mais par le droit
31:42en allant
31:43devant les tribunaux
31:44administratifs
31:45ou au conseil d'état
31:47votre propre père
31:48était homme politique aussi
31:49on l'a dit
31:50député
31:50qu'est-ce que ça vous raconte
31:52vous de la classe politique
31:54sur la question justement
31:55du vivant aujourd'hui
31:56alors moi
31:56j'ai grandi
31:57sur les genoux
31:58des ministres
32:00et autres députés
32:01et j'ai du respect
32:03globalement
32:03pour ces gens
32:04je pense qu'il y en a
32:05beaucoup qui s'investissent
32:07je ne suis pas
32:08de ceux qui disent
32:10tous pourris
32:11je crois qu'il y a
32:11il y a des gens
32:13qui ont vraiment
32:13le sens du service public
32:15simplement
32:16ils n'ont pas compris
32:19que
32:20la politique
32:22c'était du moyen
32:23et du long terme
32:23et ils sont dans le court terme
32:25la politique
32:26c'est comme la nature
32:27il faut savoir
32:28planter une graine
32:29dont on ne verra jamais
32:31l'épanouissement
32:32de l'arbre
32:32alors évidemment
32:33c'est pas très satisfaisant
32:35peut-être
32:35mais c'est ça le job
32:37Alain Bouquin-Nougour
32:38vous êtes notre invité au Carré
32:40mon bel ami
32:42mon bel ami
32:42c'est ainsi
32:43mon bel ami
32:47mon bel ami
32:47c'est ainsi
32:48mon bel ami
32:51mon bel ami
32:52c'est ainsi
32:54ainsi va la vie
32:56Je me relis à toi comme un livre qu'on relit
33:03Au son de ta cora, à l'histoire de ta vie
33:08Je me relis à toi partout pour t'en partir
33:13D'où ma nuit
33:18Je relis ton histoire loin d'être fini
33:23À tes arpèges virtuaux sur tes cordes infinies
33:28Qui se mêlent et s'emmêlent à ma mélancolie
33:32Tout manié
33:37Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
33:42Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
33:47Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
33:52Je relis le mandingue à sa poésie
34:02Et ce sentiment dingue de te sentir en vie
34:07Je suis ton griot blanc dans les rues de Paris
34:12Tu m'allais t'amener
34:15Tout manié
34:16Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
34:22Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
34:26Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
34:31Ainsi va la vie
34:34Mon bel ami, c'est ainsi
34:50Mon bel ami, mon ami, c'estai la mots, ma vie
34:55l'amour malie france en terre
35:05la terre au carré tout de suite je me dirige vers le professeur mono vous rentrez tout juste de
35:11mauritanie à un lieu privilégié si vous aviez à décrire le bandarguin en quelques mots qu'est
35:17ce que vous diriez c'est l'explosion l'explosion de la vie animale l'explosion des oiseaux en
35:22particulier quand vous arrivez du désert vous arrivez sur ces plages c'est pas hier ces îles
35:26etc dans le désert il n'y a rien surtout en ce moment c'est très sec et alors là immédiatement
35:32immédiatement c'est la vie la vie qui explose dans toutes les directions avec eux ils ont un
35:38chiffre 60 des milles flamand roses en hiver 2 à 3 millions de limicol de petits échassiers qui
35:44cours sur les grèves la voix de théodore mono dentaire des bêtes 1983 à l'un beau grain du bourg c'était
35:52un ami ce naturaliste et explorateur il vous avait dit alain il faut continuer de marcher oui
35:58est ce qu'il voulait dire par là j'ai été le voir il était à quelques heures de s'éteindre et j'ai
36:05été bouleversé par son image il avait les lèvres gercées comme s'il venait de traverser un nouveau
36:12désert c'était la fatigue c'était l'usure du corps et il n'arrivait plus à parler quasiment et donc je
36:20parlais pour lui en disant tu sais théodore on a réussi telle ou telle chose et il me serrait le
36:25bras en guise d'acquiescement et puis à la fin il a trouvé la force de me dire voilà ce que vous
36:32avez dit alain il faut continuer de marcher pourquoi vous êtes aussi ému à l'un de l'un du beau
36:37parce que parce que je l'aime c'était vraiment quelqu'un de très important pour vous il nous
36:46manque ces gens des grands scientifiques bon remplissez mathieu non mais je vous écoute non
36:56mais des grands scientifiques qui sortent de leur labo qui ont le courage de mettre leur carrière sur la
37:02balance parce que beaucoup l'ont payé très cher que dénoncer des situations et avec cet humanisme
37:08formidable il n'y a pas un mot de trop dans les propos de théodore il ya toujours une part
37:15d'espoir rien il ya voilà il ya il ya la beauté qui est toujours victor hugo disait le beau est plus
37:23utile que l'utile et ben théodore oui il était utile et aujourd'hui est ce qu'il ya d'autres figures
37:30peut-être dans la nouvelle génération aussi que vous admirez moi parce que moi j'ai eu la chance de
37:36connaître la génération des aventuriers la planète était très grande encore à l'époque j'ai été très
37:42proche de polémile victor de haroun tasiev bon coup c'est toi un peu mais il n'était pas rigolo je
37:49étais bon c'est une époque on prenait l'avion on prenait l'avion sans se poser de questions voilà exactement
37:54et c'est ces gens là nous faisait découvrir la planète donc il y avait moins de médias donc
38:01c'était des autorités formidable on était amené évidemment à les écouter pas seulement à les
38:09entendre votre actualité c'est un livre la biodiversité pour les nuls chez first édition
38:14cette biodiversité qui a basculé dans une crise qu'on peut comparer à celle des grandes extinctions
38:20quel est selon vous l'état actuel du vivant s'il fallait comme ça je vais vous donner un
38:25exemple les mammifères que nous sommes actuellement vous avez 67% des mammifères c'est le bétail de
38:32l'homme 30% c'est l'homme ça veut dire 97% c'est l'homme et son bétail il reste 3% entre l'écureuil et la
38:42baleine bleue donc c'est on perd actuellement 20 millions d'oiseaux chaque année en europe on a
38:49perdu 800 millions en quatre décennies or l'oiseau est l'indicateur de l'état de la biodiversité quand
38:56il est en nombre c'est tout le cortège du vivant qui s'épanouit et ça on ne le voit pas pourquoi on
39:02ne le voit pas ou on ne veut pas le voir parce que contrairement au climat où on voit les effets
39:07pervers immédiats les sécheresses les inondations la montée des eaux etc et bien pour le vivant
39:13on peut se dire on peut vivre sans l'outarde cannepetière le vision d'europe ou la tortue
39:18d'herman à quoi ça sert on est dans l'univers utilitaire alors que moi je plaide pour l'éthique
39:24encore une fois pour être au plus près du plus faible et plus faible aujourd'hui c'est le vivant qui nous
39:30entoure en ce moment donc à bélem la cop et les images de manifestants autochtones forçant l'entrée de la
39:36conférence de l'onu sur le climat qui ces images ont déjà marqué les esprits reportage sur place de
39:41tv5 monde forcer le passage pour faire entendre leur voix nous ne mangeons pas d'argent nous voulons
39:49que notre territoire reste libre mais les activités d'exploration pétrolière minières et forestières
39:55se poursuivent c'est une façon pour nous de défendre notre territoire prise en otage la marche pour le
40:03climat et la santé devant le site de la cop 30 c'est terminé mardi soir par un face à face musclé
40:09avec les agents de sécurité de l'onu tv5 monde donc c'était cette semaine une scène assez rare dans
40:15ce cadre à l'imbourgne du bourg de voir c'est ces peuples autochtones là qui viennent défoncer les
40:19portes pour se faire entendre évidemment dans une ville d'amazonie c'est là que se déroule cette cop
40:24bien sûr autre hommage à rendre on en parle peu celle des femmes l'hommage à rendre aux femmes qui
40:33s'investissent et dans les copes j'ai été à de nombreuses copes idée rabanne et bien d'autres
40:39nagoya extia et je voyais des femmes qui portaient la vie qui se battaient pour défendre le vivant et du
40:47reste on constate que sont les femmes comme diane fossé comme jane godal qui ont été le plus loin
40:56dans les engagements peut-être dans des lieux que les hommes n'auraient pas su assumer mais ces
41:02peuples là qui qui se font entendre qui vont vraiment aussi défoncer les portes pour accéder
41:08là où se passent les négociations ces populations elles sont première loge du changement climatique de la
41:14déforestation et c'est pour ça que l'indifférence qu'on leur porte est inacceptable on est coupable
41:22devant les plus hautes autorités de la planète il ya un déni de moralité incroyable voilà moi mais
41:32tout ça est bien compliqué j'ai été voir par exemple les pygmées baka au cameroun après deux jours de
41:39marche extérieure et j'ai trouvé des populations complètement isolé et donc ils meurent assez tôt et
41:47j'ai été mais bouleversé par leur mode de vie où les hommes allaient à la chasse et les femmes créent les
41:53huttes et il y avait une fixation une priorité c'était les bébés les enfants et les vieillards je vous
42:00assure que je raconte pas de violon bon je suis pas resté assez longtemps pour mesurer tout ça mais j'ai vécu
42:07ça à leur côté et la question qui se posait parce qu'ils meurent vers l'âge de 40 ans 50 ans maximum est
42:15ce qu'ils ont est ce qu'on doit les aider avec un accès aux médicaments et une forme de confort ou est
42:23ce qu'au contraire ils peuvent continuer à vivre comme c'est le cas dans un épanouissement
42:29bouleversant que j'ai pu connaître à leur côté comment vous gardez cet élan malgré 40 ans 50 ans de
42:36combat comment vous arrivez à toujours nourrir la flamme finalement de cette colère d'abord dans
42:42nos associations il ya une grande convivialité on a le partage la passion ce que j'ai indiqué et
42:49puis il ya des témoignages de très généreux très bouleversant de gens qui disent ne lâchez
42:55rien donc je les écoute et qu'est ce que vous diriez aux jeunes aussi génération qui s'embarque dans le
43:02combat aujourd'hui vous le vieux sage moi je leur ai invité à voter utile sans du reste je suis
43:12complètement apolitique et je crois qu'aujourd'hui ils ont un autre mode d'expression quand on voit les
43:19vegans par exemple c'est pas les enfants de la fondation bardo de la spa c'est des jeunes qui ont établi une
43:27relation particulière avec le reste du vivant ils ont entre 18 et 30 ans et je crois que la société
43:34bouge mais les politiques ne la voient pas bouger parce qu'elle bouge d'une autre manière que celle qui
43:42est attendue et vous gardez espoir quand même malgré tout ce qui s'effondre autour de nous on n'a pas le
43:46droit de ne pas garder espoir sinon ça s'appelle la lâcheté c'est à dire qu'on baisse les bras et ça il n'y en
43:52n'est pas question merci beaucoup alain bougre du bourg pardon c'est moi qui voilà merci beaucoup à
43:58vous et on renvoie sur votre livre biodiversité pour les nuls ça sort aux éditions first merci
44:05beaucoup d'être venu dans l'émission merci à anna massardier qui a préparé aujourd'hui ce dossier
44:09lucie sarfati pour la coordination et la programmation vincent désir à la technique et
44:16jérôme boulet qui réalisait cette émission passer un très bon week-end à l'écoute de france inter dans un
44:20instant ce sera à faire sensible
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