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  • il y a 13 heures
Jamais la place des villes n’avait été aussi centrale face aux défis planétaires du changement climatique et des inégalités socio-écologiques. En réponse à ces enjeux a émergé "la ville du quart d'heure", un concept qui replace l'humain et la proximité au centre de l'organisation urbaine.

Retrouvez "La terre au carré" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre

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00:00Musique
00:00Aujourd'hui, la ville du quart d'heure, ou comment retrouver du temps utile, racontée par...
00:23Carlos Moruno, professeur à l'IAE Paris-Sorbonne et membre lu de l'Académie de Technologie en France.
00:30France Inter, la terre au carré, Mathieu Vidard.
00:37Au début des années 1930, les villes européennes restent marquées par les héritages du XIXe siècle.
00:42Habitat dégradé, congestion, insalubrité.
00:45Les SIAM, les congrès internationaux d'architecture moderne, tentent d'y répondre en repensant la ville industrielle.
00:51Et en juillet 1933, leurs membres embarquent à Marseille sur le paquebot Patrice II pour rejoindre Athènes, transformant la traversée en atelier de travail.
01:00On y compare les enquêtes menées sur 33 villes européennes et l'on cherche un langage commun.
01:05Au centre des débats se trouve le Corbusier, dont l'influence est déterminante.
01:10Ses recherches sur l'hygiénisme, l'orientation des bâtiments et la rationalisation des plans urbains structurent une grande partie des discussions.
01:16Et peu à peu, une idée s'impose, la ville doit être organisée autour de quatre fonctions essentielles.
01:22Habiter, travailler, se recréer et circuler.
01:25Mais aussi garantir de la lumière, de l'air et des espaces verts.
01:29Arrivé à Athènes, les délégués rédigent un texte synthétique qui restera d'abord interne.
01:33Durant la guerre, le Corbusier le reprend, le réorganise et publie en 1943 une version personnelle.
01:39C'est cette version, diffusée en 1957 sous le nom de Chartes d'Athènes, qui marquera profondément l'urbanisme d'après-guerre.
01:46Les grands ensembles, les villes nouvelles et la séparation stricte des fonctions urbaines en porteront la trace.
01:51Mais cet héritage se révélera ambivalent, en appliquant les principes de manière rigide.
01:56De nombreux projets ont produit des quartiers trop fonctionnels, dépendants de la voiture, pauvres en mixité sociale et perçus comme déshumanisés.
02:03C'est précisément à cette histoire que vient répondre plusieurs décennies plus tard le concept de ville du quart d'heure.
02:09Là où la charte d'Athènes séparait les fonctions pour améliorer l'hygiène, la ville du quart d'heure,
02:13elle cherche au contraire à les rapprocher, ramener le travail, les commerces, les écoles, les soins et les loisirs
02:19à moins de 15 minutes de chaque habitant, à pied ou à vélo.
02:22Ainsi, l'histoire de la charte d'Athènes et l'émergence de la ville du quart d'heure
02:26dessinent deux visions opposées de la ville, l'une fondée sur la séparation rationnelle des activités,
02:32l'autre sur la recomposition locale des services pour renouer avec la complexité et la vitalité des quartiers.
02:37Et c'est cette histoire que nous allons vous raconter.
02:45J'ai situé les fonctions de la ville.
02:48Les fonctions, c'est habiter, travailler, cultiver le corps et l'esprit.
02:51Eh bien, habiter, c'est la première chose.
02:54J'ai essayé de montrer comment on pouvait faire des quartiers d'habitation.
02:58Et ensuite, j'ai créé les unités de Marseille qui m'ont valu cinq années d'insultes abominables.
03:05Vous savez, quand la catastrophe est faite, il faut chercher le déblayeur.
03:09Et en urbanisme, quand on a fait des bêtises, ça dure cent ans.
03:14Bonjour Carlos Moreno.
03:15Bonjour Mathieu Védard.
03:16La voix à l'instant de l'architecte et urbaniste Le Corbusier en 1962, archive de l'INA.
03:21Vous qui publiez aux éditions Erol, la ville du quart d'heure, une solution pour préserver notre temps et notre planète.
03:27Est-ce que Le Corbusier a fait beaucoup de bêtises selon vous ?
03:30Oui, Le Corbusier, c'est un personnage qui a marqué l'histoire de l'architecture, au-delà de l'urbanisme et au-delà des villes.
03:40Et donc, nous tous, sur toute cette planète, vivons dans cet héritage du fonctionnalisme.
03:47Il faut les situer dans un contexte parce qu'on ne peut pas diaboliser quelqu'un en permanence.
03:51Vous l'avez dit dans votre brillant résumé, il a quand même porté l'hygiénisme.
03:57Il faut rappeler qu'on avait en France encore des bidonvilles à l'époque, ce qui aujourd'hui est en terre, la Défense.
04:04Il y avait un des plus grands bidonvilles qui a été éradiqué.
04:08La question également des lères.
04:10Il faut savoir qu'il y avait énormément de maladies qui étaient colportées.
04:15et il y avait cette difficulté à trouver tout simplement des endroits pour vivre.
04:23Je dirais qu'à cette époque-là, il y a eu une approche de logement qui a été ramenée vers l'habitat
04:29avec cette idée fonctionnelle qu'il fallait permettre à l'esprit, le Corbusier disait à l'instant,
04:36se concentrer sans être perturbé.
04:37Et donc, pour ne pas être perturbé, les lieux pour travailler, c'était uniquement pour travailler, pour habiter,
04:44uniquement pour se loger, pour s'amuser, les lieux culturels.
04:50C'était cette idée comme quoi la concentration de l'esprit est indispensable pour produire de bonnes choses.
04:58Et la résultante a été, par le fonctionnalisme, la ségrégation urbaine,
05:04la création de lieux disjoints.
05:08Et donc, pour passer d'une concentration à une autre concentration d'une activité,
05:15c'est devenu le royaume des autoroutes, des routes, des voitures.
05:21Et nous sommes devenus dépendants de la voiture et de tout ce qui s'est amené comme dégradation de la qualité de vie.
05:30Donc, il a raison quand on dit qu'on le paye pendant 100 ans, on y est encore au fond.
05:33Je pense qu'on est encore pour un bon bout de temps quand on voit la planète urbaine dans sa totalité.
05:40C'est-à-dire plus de 52% de la planète aujourd'hui est urbaine,
05:4577% en Europe, 86% en Amérique du Nord, 84% en Amérique latine,
05:53plus de 50% aujourd'hui en Afrique.
05:55toute la planète a vécu pendant neuf décennies dans l'héritage fonctionnaliste de la Charte d'Athènes.
06:04On va écouter un extrait de la chaîne YouTube du Grand Paris Aménagement sur la ville de Cergy-Pontoise
06:10et les villes nouvelles. Petit retour en arrière avec cette archive.
06:13On a eu un écueil jusque dans les années 2000, c'est le zoning.
06:38C'est-à-dire de se dire, voilà, on va construire ici des logements de tel type,
06:43ici des équipements de tel type, ici une zone commerciale, une zone tertiaire.
06:47Et finalement, on a tout séparé. Et qu'est-ce qui a fait le lien entre tout ça ?
06:51C'est la voiture.
06:52Carlos Moreno, vous qui décrivez la montée en puissance de l'automobile
06:56et de la naissance de l'homo centaurus, c'est cet homme mi-homme, mi-voiture.
07:00Qu'est-ce que ça symbolise d'ailleurs pour vous, cette image ?
07:03Ça symbolise ce qui est devenu le monde urbain, partout dans le monde,
07:09et qu'on voit tous les jours dans nos grandes villes, y compris en France.
07:14Cette dépendance de la voiture, elle est liée à une triple obésité,
07:18comme je l'ai décrit assez souvent.
07:20C'est-à-dire que nos villes sont devenues de plus en plus étalées.
07:26La ville se construit de plus en plus vers l'extérieur.
07:29Donc, c'est l'obésité des villes.
07:33On a également l'obésité des voitures,
07:35parce que des petites voitures, on les passait jusqu'aux grandes voitures,
07:38qui elles-mêmes sont devenues un symbole d'une position sociale.
07:42Plus grande de ma voiture, plus important suis-je.
07:46Un côté très masculin aussi, parce qu'il ne faut pas oublier les genres.
07:49La ville a été très générée, en particulier côté masculin, avec la voiture.
07:56L'absence d'exercice aussi, la sédentarité qu'elle comporte,
08:02et qui se retrouve également dans l'obésité des personnes,
08:05puisque l'obésité également est une problématique urbaine.
08:10Le manque d'exercice physique, lié à la malbouffe,
08:14la sédentarité et le poids de la voiture est important
08:17par rapport à cette obésité des personnes.
08:19J'appelle ça la triple obésité, qui est très liée à la manière
08:23comme la ville a été organisée dans la suite de la charte d'Athènes,
08:27la zonification, la segmentation et la fragmentation
08:32auxquelles nous avons été soumis, comme mode de vie,
08:37et qui a été, quelque part, introduit comme la normalité.
08:42Carlos Moreno, cette ville du quart d'heure,
08:44c'est ce concept que vous avez imaginé.
08:48Comment il est né, d'ailleurs, dans votre esprit ?
08:50À quel moment ?
08:51Comment vous l'avez réfléchi, au fond,
08:54en miroir aussi, peut-être, de cette charte d'Athènes
08:57dont on parlait tout à l'heure ?
08:58Oui, absolument.
09:00Moi, j'ai une origine scientifique qui est liée aux mathématiques
09:04et à l'informatique.
09:06Et j'ai eu à travailler sur les villes par le côté technologique
09:10de ce qu'on appelle la ville intelligente, le Smart City.
09:13Et j'ai développé également des plateformes numériques
09:17pour piloter des grandes infrastructures qui peuvent exister,
09:21les fluides.
09:22En 2010, je suis arrivé à la conclusion
09:25que la technologie ne pouvait être une freine elle-même
09:28et qu'on ne pouvait pas transformer les villes
09:30par rapport à la technologie aussi puissante que ce soit-elle.
09:34Donc ça, c'est un aveu d'échec sur la ville intelligente ?
09:36Totalement.
09:37Ça a été un flop, on est d'accord.
09:39C'était un flop total.
09:40Il y a eu des investissements énormes,
09:41mais c'est devenu une source de business, on va le dire.
09:45Donc, des grandes compagnies qui se sont mis à vendre
09:49des logiciels aux maires pour leur expliquer
09:51comment on devait gérer une ville.
09:53Mais la greffe n'a pas pris.
09:54Et ça n'a pas pris en 2010.
09:56Donc, j'ai fait un pas sur le côté
09:58parce qu'en 2010, j'ai considéré
10:01que dans la montée en puissance des maires
10:05qui s'est battée par rapport à la menace climatique,
10:08les maires de Londres à l'époque,
10:10en Hidalgo à Paris,
10:11les C40 qui ont été créés
10:13pour fédérer les grandes villes
10:15pour lutter par rapport au climat.
10:18Et la question climatique était au cœur de nos préoccupations.
10:23Et si on regardait la question du climat à cette époque, en 2010,
10:27la conclusion est très simple.
10:28Ce sont les villes les principales contributrices à l'émission de CO2
10:31par les poids de la voiture,
10:33par l'utilisation monofonctionnelle des bâtiments
10:35et par les réseaux de chaleur et froid.
10:38Et c'est là où j'ai évoqué le fait
10:41que si on voulait lutter de manière efficiente
10:45par rapport au changement climatique,
10:48il fallait à ce moment-là proposer dans les villes
10:50des alternatives au mode de vie sur les trois éléments.
10:55Donc diminuer l'imprunte de l'automobile
10:57et l'émission de CO2 plus de particules fines,
11:00c'est une question de santé urbaine.
11:01Deux, l'usage monofonctionnel des bâtiments
11:04et qui amène à une ville très étalée.
11:06Et trois, proposer d'autres manières
11:09de gérer comment nous nous déplaçons.
11:12Et c'est ça qui a été à l'origine de mes travaux en 2010
11:15et lié à un certain nombre de lectures.
11:18Le professeur Mohamed Junous,
11:20quand il a écrit un monde de triple zéro,
11:22zéro carbone, zéro pauvreté, zéro exclusion.
11:26Mais également, Mathieu,
11:28peu de personnes le disent,
11:30en tout cas en France,
11:32il faut savoir qu'en 1980,
11:34nous avons eu en Belgique
11:36ce qu'on appelle la Déclaration des Bruxelles,
11:39qui était la Anticharte d'Athènes.
11:42Et donc j'étais inspiré.
11:43C'est ça, votre concept s'inscrit dans ces courants-là.
11:47Absolument.
11:47Entre autres.
11:48Jane Jacobs, la Déclaration des Bruxelles.
11:50Mon ami Emetre Djangel,
11:52qui a écrit dans les années 2000,
11:55en français ça s'appelle la ville à l'échelle humaine,
11:58mais son nom c'est City for People.
12:00Et donc en fait, il faut le dire, Mathieu,
12:02qu'autant le Corbusier a planté les décors
12:05des fonctionnalités du zoning,
12:07il y a toujours eu de la contestation
12:10face à ces modèles-là,
12:12avec beaucoup de propositions,
12:13les nouveaux urbanismes,
12:15des nouveaux urbanismes,
12:17des penseurs et des personnes engagées.
12:19Au cœur de cette galaxie,
12:21on trouve Jane Jacobs,
12:23Christophe Alexander,
12:24mais aussi des Européens,
12:25André Barret et d'autres,
12:27qui se sont battus.
12:28Et nous, on est dans cet héritage.
12:30Est-ce que la définition la plus simple
12:32de la ville du quart d'heure,
12:33ce serait tout à 15 minutes de chez soi
12:35ou est-ce que cette formule n'est pas suffisante ?
12:39Aujourd'hui, nous disons tout en courte distance de chez soi.
12:45Les 15 minutes,
12:47je demande partout dans le monde,
12:48où Jésus s'invitait,
12:49à ne pas faire une fixation sur le nombre de minutes.
12:52Oui.
12:53On a, par exemple, à Melbourne,
12:55la ville des 20 minutes.
12:57On a également, en Espagne,
13:00le territoire des 30 minutes.
13:03On a une appellation qui est
13:06la ville de courte distance,
13:08les quartiers complets,
13:10les quartiers de vitalité.
13:12Il y a plein de petits noms différents.
13:15Donc, le nombre de minutes
13:16n'est pas le centre de la question.
13:18Bien que le concept est maintenant connu ainsi,
13:23la ville des quart d'heure,
13:24nous disons souvent la ville des X minutes,
13:28pour dire que X est un nombre
13:30qui doit nous ramener
13:32à une familiarité avec la courte distance,
13:35avec la proximité,
13:36que j'appelle la proximité heureuse.
13:38C'est ça, ça revient souvent,
13:39cette notion de proximité heureuse.
13:41Qu'est-ce qui l'a défini ?
13:42Qu'est-ce qui en fait une des conditions
13:43de la ville du quart d'heure, justement ?
13:45Alors, la proximité heureuse,
13:47ça signifie que dans la ville,
13:51il ne s'agit pas de s'éloger.
13:53S'éloger, pendant longtemps,
13:56a été le cœur de beaucoup
13:58de mouvements sociaux urbains,
14:00les droits de logement,
14:01c'est-à-dire avoir un toit.
14:03Moi, j'ai dit, et nous disons,
14:05avec ce mouvement qui est devenu aujourd'hui mondial,
14:08nous disons que s'éloger ne suffit pas.
14:11Il ne suffit pas d'avoir un toit
14:13et quatre murs
14:15si on n'a pas de services de proximité
14:18qui dignifient la vie humaine.
14:21Et le succès de la ville du quart d'heure,
14:23en fait, c'est parce que j'ai produit un modèle
14:25qui est un modèle mathématique,
14:27on appelle ça un modèle ontologique,
14:29un modèle des connaissances
14:31qu'il faut réunir,
14:33et dans lequel on considère,
14:35à part du logement,
14:36cinq choses essentielles,
14:38qui sont le commerce,
14:40la santé,
14:42l'éducation,
14:43le travail
14:44et l'épanouissement personnel.
14:48Et on appelle ça les six fonctions sociales.
14:51Les Corbusiers n'avaient proposé quatre.
14:53Moi, j'ai proposé six,
14:54mais en disant,
14:55à l'inverse de les Corbusiers,
14:56où les quatre sont éclatés,
14:58moi, j'ai proposé six
14:59qui doivent être mélangés
15:01en tout temps et en tout lieu,
15:03ce qui donne à la ville
15:05une morphologie qu'on dit polycentrique.
15:09Je reprends cette idée de Pascal
15:11dans les pensées
15:12quand il parlait des dieux
15:13et il disait
15:14« Dieu est une sphère
15:15où les centres
15:17et partout
15:18et la circunférence n'est nulle part. »
15:19Je ne parle pas des dieux,
15:21mais de la ville
15:22parce que nous sommes devenus des urbains
15:23et j'ai dit
15:24« la ville,
15:26son centre est partout
15:27et sa circunférence n'est nulle part. »
15:30C'est-à-dire que partout,
15:31on doit avoir un accès au service.
15:33Donc, c'est la proximité
15:34pour réduire les distances
15:36qui est au cœur de tout ça,
15:37la densité, la mixité, l'ubiquité.
15:39On va en parler avec vous
15:40dans un instant.
15:41On va voir, évidemment,
15:41comment cette philosophie
15:42de la ville du quart d'heure
15:43se confronte
15:45aux enjeux contemporains
15:46avec la crise climatique
15:47et sociale
15:48et si elle est adaptable
15:50absolument partout,
15:51cette idée.
15:52Et puis, vous répondrez
15:53aux messages
15:54et aux questions des auditeurs
15:55qui nous rejoignent.
15:56Carlos Moreno
15:56sur le site de la Terre au Carré
15:57sur franceinter.fr
15:58et puis également pour vous entendre
16:00avec vos messages vocaux
16:01sur l'application Radio France.
19:54Radio Arabel, c'était en 2020.
19:56Carlos Moreno, vous qui publiez la ville du quart d'heure aux éditions Erol.
20:00On parle parfois de bruxellisation, justement, puisqu'on est en Belgique.
20:04Qu'est-ce que ça veut dire du point de vue urbanistique ?
20:07Eh bien, il faut se remettre dans les années 80.
20:10Donc, j'ai évoqué tout à l'heure la déclaration de Bruxelles.
20:13André Barret et d'autres collègues qui s'opposaient justement à la zonification du Corbusier.
20:19Le manifeste, il disait qu'il faut une ville dans laquelle on trouve beaucoup de services de proximité,
20:25dans laquelle il n'y a pas de zonification, dans laquelle il n'y a pas de barrière concernant ce qu'on a envie de faire.
20:30Parce qu'on peut tout faire près de chez soi et dans laquelle on peut se déplacer facilement.
20:36Et malheureusement, pour nous, Européens, cette carrière de Bruxelles, il n'a pas pris.
20:43Je crois qu'il est même très méconnu et les textes sont même peu connus des urbanistes, des étudiants.
20:49Je les invite à les lire.
20:51Il y a un terme qui a pris la place, qui est le terme de bruxellisation.
20:55Oui, c'est ça.
20:56Ça veut dire quoi ?
20:56Ça signifie quoi ?
20:57Ça signifie que le quartier populaire, le quartier d'intensité à l'échelle humaine,
21:03peu à peu, ont été détruits.
21:06Pour faire quoi à la place ?
21:08Pour construire des tours.
21:10Et des tours monofonctionnelles, et dans lesquelles on a installé surtout des lieux de travail.
21:16Des tours corporelles, comme on dit.
21:18Et Bruxelles, c'était le cas où les centres-villes étaient abandonnés parce que les gens n'habitaient plus dans les centres-villes.
21:26Ils sont allés vivre dans des maisons, dans des pavillons en dehors de Bruxelles.
21:31Dans les beaux quartiers.
21:32Et ils venaient travailler dans les tours.
21:33Voilà.
21:33Et on s'est trouvé avec cette zonification qui va d'épair avec la ségrégation urbaine.
21:40Parce qu'il ne faut pas oublier que nos villes, y compris européennes, il y a une très forte ségrégation qui est basée sur l'argent par rapport aux endroits où on est installé.
21:50Et qui vous donne une catégorie sociale.
21:52Justement, est-ce que ce projet, ce concept d'idée de ville du quart d'heure, il a une capacité à influencer le prix de l'immobilier, justement ?
22:00C'est une très bonne question parce que...
22:02Ou est-ce que c'est impossible de lutter contre les entrepreneurs du BTP et...
22:06On peut lutter et c'est une très bonne question et qui est au cœur aujourd'hui des pratiques qui sont aujourd'hui en place.
22:15On a écouté Philippe Clauze, le maire de Bruxelles, qui développe, donc inspiré par mes travaux.
22:20Il a dit, je le remercie, cette ville de proximité qu'il appelle la ville des 10 minutes à Bruxelles.
22:25Mais une fois de plus, le nombre de minutes, ce n'est pas la question.
22:29Si cette politique est appliquée en tant que politique publique, c'est-à-dire que si on lutte contre la ségrégation, la segmentation et la gentrification,
22:41on peut faire de telle sorte que cette ville soit accessible par tout le monde.
22:46Quel est l'élément clé ?
22:49C'est le logement social.
22:51Il faut bien comprendre que nos villes européennes, la ségrégation qui existe et la gentrification,
22:56est liée à la présence ou à l'absence du logement social.
23:02Quand on a un logement social partout dans la ville et non pas concentré dans quelques quartiers,
23:07à ce moment-là, les services qu'on va développer vont contribuer à une mixité
23:13qui peut alors éviter qu'on fasse la course à l'échalote des prix des mètres carrés.
23:20Mais Mathieu, prenons une carte, rien qu'une ville comme Paris, dans les quartiers du nord-est de Paris, 19e, 20e,
23:30le taux de logement social super les 40%, 42 jusqu'à 47%.
23:35Prenons un quartier de l'ouest de Paris, prenons le 7e arrondissement.
23:40Le logement social du 7e arrondissement, c'est moins de 3%.
23:43Là, c'est la segmentation, la gentrification uniquement par d'avant.
23:49Avec des prix au mètre carré qui sont stratosphériques dans ces arrondissements-là.
23:52Absolument.
23:53Et avec de l'usage en basse densité, parce qu'il y a des vastes appartements,
23:57pour peu de personnes qui habitent, tandis qu'à l'autre côté,
24:00on a la concentration dans ce qu'on appelle les HLM.
24:03Et donc, c'est beaucoup de gens d'un peu de surface.
24:06Donc, le logement social.
24:08Et aujourd'hui, il y a une crise de logement mondial et une crise de logement en Europe.
24:11C'est pour ça que j'ai dit que ce n'est pas une question d'avoir entre 3 et 4 lettres.
24:19Il faut avoir des services partout où on habite.
24:22Et il faut habiter partout dans la ville.
24:23Carlos Moreno, en fait, les 10 ans de l'accord de Paris.
24:26La COP 21 était importante également dans l'émergence de ce concept de la ville du quart d'heure.
24:31C'était un moment qui a fait basculer aussi un petit peu toutes ces idées ?
24:36Nous fêtons les 10 ans du concept de la ville du quart d'heure.
24:38Donc, c'est vraiment intimement lié aussi au travail, à la réflexion autour de la question climatique ?
24:43Etroitement lié, puisque quand il y a eu la COP 21, la maire de Paris, Anne Hidalgo,
24:47que je salue, à qui je reconnais toujours son contribution,
24:52est extrêmement engagée pour ce concept de la proximité heureuse,
24:57a convoqué avec le C40 et Bloomberg Philanthropies,
25:01une conférence qui s'appelait « Mille maires pour le climat ».
25:05C'était la première fois où des maires étaient réunies dans une COP,
25:08qui est une discussion entre les États.
25:11Et c'est à ce moment-là que j'ai proposé ce concept.
25:14Quelques mois après, la COP 21, j'ai dit « Il faut un nouvel chrono urbanisme
25:20pour vivre dans la ville ».
25:22Et c'est là où j'ai proposé le concept de la ville du quart d'heure,
25:24dans une tribune que j'ai publiée dans un journal de l'époque.
25:272015, donc, la COP 21, et 2020, le Covid-19.
25:32Qu'est-ce que ça a révélé sur nos villes, justement, aussi,
25:35toujours dans le cadre de cette réflexion autour de la ville ?
25:38Le Covid-19 a amené trois choses majeures.
25:42La première, quand tous les gens étaient enfermés chez eux,
25:46tout le monde a découvert que la proximité pouvait être une manière de continuer à exister.
25:52La proximité déjà des familles, la proximité par rapport aux voisins,
25:56la proximité par rapport au commerce.
25:58Tout le monde a découvert que cette proximité pouvait adoucir
26:04et pouvait nous rendre une vie beaucoup plus heureuse.
26:07Deuxièmement, la plupart des gens ont découvert le travail à distance.
26:10des mots comme Zoom, Teams, etc.,
26:13qui aujourd'hui sont des choses courantes.
26:15À l'époque, les gens ont découvert.
26:16Et en une semaine, en 15 jours, la France entière est devenue adepte du télétravail.
26:21Donc, on pouvait montrer qu'on pouvait travailler autrement
26:24sans besoin d'aller au bureau tous les jours.
26:27Troisième chose, et la plus importante,
26:30on a découvert du temps utile.
26:33On a découvert du temps pour soi, pour sa famille, pour ses proches.
26:36Et cela a changé profondément et radicalement,
26:41non seulement notre rapport par rapport au travail,
26:44mais au-delà, l'essence même de la qualité de vie.
26:48Vous avez un indicateur d'ailleurs, c'est la haute qualité de vie sociétale.
26:53C'est le cœur un peu, on pourrait dire, opérationnel de votre démarche.
26:55Qu'est-ce que ça permet de mesurer précisément ?
26:57Alors, ce HQVS ?
26:59Exactement, traduit dans des multiples langues aujourd'hui, une bonne quinzaine.
27:05Ce concept traduit que la qualité de vie, elle ne se mesure pas par rapport au PIB,
27:10par rapport aux indicateurs des croissances économiques,
27:13mais par rapport à ce qu'on appelle un équilibre d'une vie individuelle, familiale,
27:20des voisinages, des travails et collectifs.
27:24Donc, on vient de mesurer quelle est notre accessibilité au logement, à la santé, à l'éducation, au commerce et au loisir.
27:36Et on le rapproche de mon plaisir personnel et familial,
27:40de ma qualité de vie avec mes voisins et mes collègues de travail.
27:44Et tout simplement, on vient vivre avec des gens que je ne connais pas et que je croise dans la rue.
27:48Mais cet indicateur, ça permet d'orienter les politiques publiques ?
27:51Absolument. Donc, nous avons, avec cet indicateur, utilisant les mathématiques, les géosciences
27:57et une capacité à explorer un territoire pour identifier avec ces indicateurs
28:05où cet indicateur est très bas, ce qui signifie qu'en fait, il y a très peu d'accès aux services.
28:11Les croiser également par rapport au prix du loyer, au prix des mètres carrés, au prix des services
28:20et au coût du temps, ce qu'on appelle ça les isochromes, c'est-à-dire mesurer les distances.
28:26Et ça nous permet de coloriser des cartes pour trouver où est-ce qu'on a le meilleur équilibre.
28:33Et là où il y a un fort des équilibres, ce sont les lieux dans lesquels la politique publique
28:38doit s'appliquer pour justement aller vers un meilleur équilibre.
28:43Donc tout ça, c'est des mathématiques, c'est de la modélisation.
28:45Absolument.
28:46Ce sont des modèles qui sont utilisés justement pour pouvoir essayer en tout cas de changer la ville.
28:51Alors évidemment, autour de ce concept, il y a des critiques, des controverses, des peurs,
28:55mais aussi l'adaptabilité à des contextes très différents dans le monde.
28:59On va en parler dans un instant.
29:01Carlos Moreno et puis bien sûr les messages et vos questions sur la page de Latéro Carré
29:04autour de cette ville du quart d'heure.
29:07C'est un livre publié aux éditions Erol.
29:25Sous-titrage Société Radio-Canada
29:55C'est un livre.
30:25C'est un livre.
30:55C'est un livre.
30:57C'est un livre.
30:59C'est un livre.
31:01C'est un livre.
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31:05C'est un livre.
31:07C'est un livre.
31:09C'est un livre.
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31:27C'est un livre.
31:28C'est un livre.
31:29C'est un livre.
31:30C'est un livre.
31:31C'est un livre.
31:32C'est un livre.
31:33C'est un livre.
31:34C'est un livre.
31:35C'est un livre.
31:36C'est un livre.
31:37C'est un livre.
31:38C'est un livre.
31:40C'est un livre.
31:41Wolf, Alice, Just Two Girls sur France Inter.
31:58France Inter.
32:04La terre au carré.
32:07C'est un quartier modèle à Nantes.
32:09Sorti de terre il y a à peine 8 ans.
32:11Et encore en chantier.
32:13Au beau milieu d'une friche industrielle.
32:16Vélo, trottinette et piétons, y sont rois.
32:19La voiture doit rester à l'entrée.
32:22Pas vraiment bienvenue.
32:23Bonjour.
32:24C'est pas facile de se garer ici.
32:25Et non.
32:26C'est la ville du quart d'heure.
32:27On peut tout faire à moins d'un quart d'heure de chez soi.
32:29Mais on met plus d'un quart d'heure pour se garer.
32:31Voilà, j'aime bien la formule.
32:33C'est un extrait de France 3 en 2021.
32:36Oui, quand on n'a pas de voiture ou quand on a une voiture,
32:38c'est un peu plus la galère.
32:39Dans cette ville du quart d'heure, Carlos Moreno.
32:42Nantes a été une des premières villes d'ailleurs en France.
32:44Absolument.
32:44Avec Paris et Mulhouse, c'est ça ?
32:46J'ai rend hommage également à Joana Roland,
32:48qui effectivement a appris ses concepts à Bralcor.
32:52Comment ça se traduit ?
32:53Alors expliquez-nous concrètement comment d'une ville comme Mulhouse ou Nantes
32:56ont fait naître des villes du quart d'heure en fait.
32:59Parce que ce n'est pas toute la ville, c'est des poches dans la ville.
33:02Non, c'est une programmatique urbaine, parce que c'est vraiment la maire.
33:07Dans les cas Joana Roland, dans les cas de Mulhouse,
33:10Jean Rodner, à qui j'ai rend hommage aussi, et Michel Lutz, qui ont implémenté.
33:14C'est une programmatique municipale.
33:16Il faut savoir qu'à Paris, par exemple, quand Anne Hidalgo a été réélu,
33:20au mois de juin 2020, il a fait voter le pacte pour la proximité.
33:27Et ensuite, en décembre 2021, il a fait voter la feuille de route.
33:34Donc ce sont des feuilles de route qu'on va appliquer sur l'ensemble de la ville,
33:38justement pour que ce ne soit pas uniquement dans un quartier, ce qui est le danger.
33:41Si on ne les fait que dans un quartier, là, on va susciter un déséquilibre,
33:46parce qu'il y aura un quartier avec beaucoup de services et pas les autres.
33:50Et là, on va gentrifier parce que ça devient beaucoup plus cher.
33:52Donc c'est une feuille de route sur combien de temps, à peu près ?
33:54C'est une feuille de route sur toute une mandature.
33:56Anne Hidalgo l'a appliqué sur toute sa mandature.
33:59Il arrive à la fin, donc au mois de mars.
34:02C'est le même cas chez Johanna Roland, Michel Lutz,
34:05mais on peut aussi le dire à Olivier Gaquer,
34:09à la communauté des communes de Béthines-Brué,
34:12Guillaume Delbar à Roubaix.
34:14Mais des toutes petites villes, comme Triport-sur-Seine,
34:185 000 habitants en Seine-et-Marne,
34:20Jean-Michel Morère ou Jean-Michel Perret,
34:22entre Avignon et Alain-Saint-Hilaire de Brednas.
34:285 000 habitants.
34:29Ça s'applique pareil.
34:30C'est le même concept et c'est ça la beauté de ce concept.
34:34Une petite ville de 5 000 habitants et de l'autre côté,
34:36Mexico, 22 millions d'habitants.
34:38Le concept s'applique dans la totalité du territoire.
34:41Carlos Moreno, venons-en aux critiques,
34:43parce qu'une partie très virulente vient du complotisme,
34:46notamment après une vidéo du Forum économique mondial.
34:49Certains groupes ont prétendu que la ville du quart d'heure
34:51imposerait des limites de circulation.
34:54Comment est-ce que vous expliquez ce qui a été quand même
34:55une récupération du concept ?
34:58Le complotisme mondial, hélas,
35:02par les réseaux sociaux, à chaque fois plus virulent,
35:06font que dans cette espèce de bulles d'une espèce d'entre-soi,
35:15les scientifiques sont attaqués de manière virulente.
35:18Je ne suis pas le premier, je ne suis pas le dernier.
35:21J'attire l'attention sur mon très cher ami Serge Zaka,
35:26agroclimatologue qui aujourd'hui est menacé des morts.
35:31Il porte un chapeau et ça lui vaut des insultes.
35:36Mais ce sont les mêmes qui disent que les changements climatiques
35:39n'existent pas, que le Covid est une arme biologique,
35:42que le vaccin c'était pour injecter une puce 3D,
35:46que les cartes d'identité numérique c'est pour contrôler la population,
35:50que les cartes de crédit c'est pour qu'on n'ait pas d'argent liquide sur soi.
35:56Bref, on vit dans un monde, hélas,
36:00dans lequel les saintes sciences prennent le pouvoir,
36:04ils sont élus, on le voit.
36:07Ça a pris des ampleurs considérables.
36:09Il y a eu au Royaume-Uni les manifestations d'Oxford en 2023.
36:13Certains manifestants ont comparé les zones de circulation à des ghettos.
36:18Oui, on m'a même mis,
36:21comme les nouveaux, Hitler, Pol Pot et Staline,
36:23les trois réunis.
36:24Ma tête a été mise sur des affiches.
36:29Jordan Peterson, que certains connaissent au Canada, à Edmonton,
36:33a fait une espèce de fatwa contre moi.
36:36J'ai été menacé des morts.
36:38J'étais sous protection policière à plusieurs reprises.
36:41Mais si on prend le cas d'Oxford, par exemple,
36:48ce complotisme qui se déroule dans les réseaux sociaux,
36:51j'ai quitté X au Twitter,
36:53je l'ai quitté parce que c'était une violence extrême.
36:56Mais quand on va dans la vraie vie, Mathieu,
36:59quand on prend le cas de l'Ingleterre,
37:03il y a eu des élections municipales après ces manifestations.
37:07Quels étaient les scores de ces mouvements inférieurs à 3% ?
37:11Quels étaient les scores à Oxford, à Manchester,
37:15dans les différentes villes ?
37:17Eh bien, soit les partis travaillistes,
37:22soit les partis verts ou les démocrates
37:24ont gagné les élections.
37:27Et Londres, c'est-à-dire Cannes,
37:29dans la veille encore de ces élections,
37:31j'ai recevé des tracts qui m'insultaient à Londres,
37:35en disant, parce que c'est le LTN,
37:37le Law of Traffic Neighborhood,
37:39c'est-à-dire la réduction du trafic automobile dans les villes.
37:42Donc j'ai été assimilé comme celui qui était à l'origine
37:45en tant que dictateur.
37:48N'empêche que cette dictature n'a été réélu pour la troisième fois
37:51et que tout va bien.
37:53Alors, il n'y a pas que des attaques complotistes,
37:56il y a aussi des critiques venant du monde de l'université.
37:58L'une des plus fortes concerne le risque de gentrification,
38:01justement, ce que vous critiquez vous-même d'ailleurs.
38:03Comment vous y répondez alors ?
38:04Sur ce risque que la proximité, finalement,
38:09engendre aussi une augmentation du prix ?
38:11Oui, bien sûr, c'est une critique que j'ai reçois
38:14avec des collègues avec qui,
38:16là, universitaires scientifiques avec qui nous discutons,
38:20avec beaucoup de auteurs.
38:22Ces collègues ont raison
38:23si ce concept est laissé au monde du privé.
38:29C'est le cas, on le voit souvent dans les pays en Amérique latine,
38:32des condominiums.
38:33C'est-à-dire qu'on construit un quartier
38:36fermé et dans lequel on dit,
38:39dans ces condominiums, on va mettre dedans une piscine,
38:42une école, un petit magasin,
38:44des salles de sport.
38:46Et ils disent que c'est les condominiums
38:48de la ville des quart d'heure.
38:50Ça, c'est inacceptable.
38:52Pourquoi ?
38:52Parce que c'est des ghettos pour des riches.
38:54C'est des choses privées.
38:55C'est-à-dire que c'est un business
38:57qui est fait par des constructeurs
39:00pour satisfaire, en général,
39:03une classe supérieure
39:04qui, avec de l'argent,
39:06va vivre dans l'entre-soi.
39:09Donc, on ne peut pas laisser les clés
39:11de ces concepts au secteur privé
39:13pour faire des beaux quartiers
39:15dans lesquels les gens viennent vivre entre eux.
39:17Je réponds à mes collègues,
39:19et ils le savent,
39:21que nous nous battons
39:22pour que ce soit une politique publique,
39:24pour que ce soit des maires,
39:25des présidents des régions,
39:27des présidents des métropoles,
39:28voire au niveau des pays,
39:30pour dessiner une charte publique
39:33de l'investissement
39:34en vue de rééquilibrer les services
39:36à l'échelle de toute la ville,
39:39de tout le territoire,
39:40de toute la métropole
39:41ou de toute la région.
39:43Et d'ailleurs, il n'y a pas de brevetage
39:44sur votre concept, c'est ça ?
39:45Je n'ai pas souhaité
39:46aucun brevet, aucun copyright,
39:49aucune enveloppe solo,
39:50aucune propriété industrielle, rien.
39:52Je dis, si ce concept a du succès,
39:55c'est parce qu'il porte en lui
39:57quelque chose de puissant et de fort.
39:59Et par contre, nous avons créé
40:00une organisation mondiale, l'ONG,
40:03l'Observateur mondial des proximités durables,
40:05avec les Nations Unies
40:06et l'Organisation mondiale des maires,
40:09CGLU,
40:10pour qu'on régule par la science
40:13et les biens communs.
40:14Combien de villes dans le monde,
40:15très rapidement, Carlos Moreno ?
40:16Aujourd'hui,
40:18on en a certainement
40:19un bon milieu des villes, oui.
40:21Allez, on passe aux questions
40:22des auditeurs et auditrices.
40:28Jean-Charles vous demande
40:29si l'organisation de la ville
40:30de Chandigarh, en Inde,
40:32en carré,
40:33n'est pas une ville du quart d'heure,
40:34justement.
40:35Très bonne question, Jean-Charles.
40:36Chandigarh, comme tout le monde le sait,
40:38peut-être pas.
40:39Non, pas tout le monde.
40:40Et très lié à l'écorbu,
40:42donc à l'écorbusier dont on parlait au départ.
40:45Et donc, il faut dire que Chandigarh,
40:47quand l'écorbusier l'avait planifié,
40:48parce que c'est une ville planifiée,
40:50effectivement,
40:51il était dans une démarche
40:54des proximités.
40:56C'est pour ça que je disais à Mathieu Vidard
40:57au départ,
40:57il ne faut pas diaboliser l'écorbusier.
40:59Mais vous avez tout près de nous,
41:01Sandier de Vosges,
41:03sa reconstruction.
41:05Le corbusier,
41:05il la voulait en proximité aussi.
41:08Voilà.
41:09Après,
41:10c'est la zonification
41:11qui, effectivement,
41:13a fait qu'on ne soit pas
41:15vraiment au rendez-vous de l'histoire.
41:17Victoria nous demande,
41:19vous demande,
41:19quid de la ville du quart d'heure
41:20avec la disparition
41:21de certains services publics
41:22dans de nombreuses villes de France ?
41:24Est-ce que ça peut tenir ou pas encore ?
41:25Excellente question
41:26qui me permet d'insister
41:29et je disais que ça doit être
41:30une question des puissances publiques.
41:34Les services publics sont au cœur
41:35et on doit s'ébattre
41:37à tous les niveaux,
41:38que ce soit l'État,
41:39la région,
41:40les départements,
41:41les métropoles et les villes
41:42pour que les services publics
41:43soient partout.
41:44Moi,
41:44je me suis réjoui
41:45quand notre Premier ministre
41:47nouveau Sébastien Lecornu
41:49a dit
41:50je veux faire
41:52que le territoire
41:53ait accès aux services médicaux
41:56à moins de 20 minutes,
41:58je crois,
41:58à moins d'une demi-heure
41:59elle l'a dit.
42:00On attend de voir.
42:01Là,
42:02on est au cœur de la question.
42:03Carole Delga,
42:04quand elle a fait sa campagne
42:05de sélection régionale,
42:07on en avait discuté à l'époque
42:08dans un événement
42:09qui s'appelle
42:09l'université d'été
42:12des territoires,
42:13et elle a fait sa campagne
42:16en disant
42:16en Occitanie,
42:18les services médicaux
42:19seront à moins de 20 minutes.
42:21Et elle l'a fait,
42:22elle a créé un GIP
42:23de santé et proximité.
42:25Enfin,
42:25elle a aussi voté
42:26pour l'autoroute à 69
42:27qui n'est pas forcément
42:28un exemple
42:29de chantier
42:31au cœur de la crise climatique.
42:31Je vous l'accorde, Mathieu.
42:33C'est pour ça que là,
42:34on doit examiner
42:34les décisions de prise,
42:36les unes et les autres,
42:37pour savoir
42:39comment on évolue.
42:41Mais je crois savoir
42:42que c'est un chantier
42:44peut-être
42:44qui va être gelé.
42:46En tout cas,
42:46oui,
42:47les services publics
42:48sont essentiels
42:48et ils ne choisissent pas trop pour.
42:50Gérard nous dit
42:50« Pourrait-on associer
42:51le concept de ville du quart d'heure
42:52avec celui de ville
42:53à hauteur d'enfants
42:54qui se veut propice
42:54aux jeux
42:55et aux déplacements
42:56des plus jeunes ? »
42:57Oui, absolument.
42:58Je l'ai dit
42:59à des multiples occasions
43:00y compris au Congrès mondial
43:02des villes pour enfants.
43:04Vous avez à Paris
43:05ce qui est devenu
43:06aujourd'hui un exemple mondial.
43:07Vous avez les rues des écoles.
43:09C'est-à-dire qu'il n'y a plus
43:10de voitures qui passent
43:10devant les écoles.
43:11Ce sont maintenant
43:12des mini-parcs.
43:13C'est un exemple très concret
43:14d'une transformation
43:15de ville à hauteur d'enfants.
43:17Philippe de Bruxelles,
43:18l'accessibilité au quai
43:19mais à quel prix ?
43:20J'habite dans le centre de Bruxelles.
43:22Effectivement,
43:22il y a des commerces
43:22à proximité
43:23mais les petits commerçants
43:24ont été remplacés
43:24par une chaîne de magasins
43:25de petites supérettes
43:26qui fleurissent
43:27comme des champignons
43:27qui proposent des produits
43:28standards,
43:29plutôt de basse qualité
43:30quand les artisans
43:31qui survivent
43:32sont obligés
43:32de proposer des prix élevés
43:33donc difficiles d'accès
43:34pour le commun des personnes
43:36et je ne vous parle pas
43:37des loyers, dit-il.
43:38Pour terminer très vite.
43:40Oui, Philippe,
43:42j'aimais pas,
43:43on a écouté tout à l'heure
43:44Philippe Claude,
43:45le maire de Bruxelles
43:46concernant la proximité
43:48et c'est pour ça
43:50que nous devons aussi
43:51avoir des politiques
43:53des loyers
43:53pour installer
43:54les commerçants
43:56à bas prix
43:56au niveau du mètre carré
43:58afin d'avoir
43:59des prix concurrentiels.
44:01Merci Carlos Moreno
44:02d'être venu aujourd'hui
44:03dans la Terre au Carré
44:04pour nous parler
44:05de votre concept
44:05de la ville du quart d'heure
44:06une solution
44:07pour préserver notre temps
44:08et notre planète
44:09c'est aux éditions
44:09Erol.
44:10Merci à vous.
44:11Merci Mathieu,
44:12c'était un plaisir.
44:13Et merci à Jean-Philippe Verret
44:14qui a préparé ce dossier,
44:15David Diboublac
44:16à la technique
44:17et Mathias Volant
44:18qui réalisait cette émission.
44:20Merci à vous.
44:22Merci à vous.
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