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  • il y a 5 minutes
Delphine Manceau, présidente de la Conférence des grandes écoles et directrice générale de Neoma BS, était l'invitée de Laure Closier dans Good Morning Business, ce vendredi 14 novembre. Elles ont souligné la nécessité de sensibiliser les jeunes étudiants à la reconquête industrielle du pays, avant d'évoquer la crise de l'emploi liée au fait que la majorité des jeunes exercent un métier en tant que simple job alimentaire plutôt que par vocation, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:007h44 sur BFM Business et sur RMC Live. Notre invitée ce matin c'est Delphine Manseau.
00:04Bonjour, vous êtes la présidente de la conférence des grandes écoles.
00:07Vous êtes directrice générale de Neoma Business School.
00:10Vous avez été élue en juin dernier. Vous êtes le premier profil non ingénieur à ce poste.
00:15Vous êtes donc aussi à la tête de Neoma Business School.
00:17Je viens de le dire, ça sert à quoi la conférence des grandes écoles ?
00:20C'est une sorte de lobby d'école. Vous défendez quoi ? C'est quoi votre but ?
00:24Notre but c'est de mieux faire rayonner les grandes écoles en France, à l'international,
00:29de partager nos bonnes pratiques entre nous, puisque les choses changent beaucoup auprès des jeunes aujourd'hui.
00:35La conférence des grandes écoles c'est 250 grandes écoles, 500 000 étudiants,
00:40une grande variété des écoles d'ingénieurs, des écoles de commerce, des écoles de la défense, du design.
00:48Et on essaie d'échanger, de travailler ensemble aussi avec les pouvoirs publics
00:51pour faire avancer les sujets liés à la jeunesse et à l'éducation qui sont si importants.
00:56Alors il y a plein de sujets. Le premier ce matin c'est la réindustrialisation.
00:59On voit que quand on demande aux ingénieurs s'ils croient en la réindustrialisation,
01:03la réponse est claire, 84% d'entre eux ont perdu confiance dans la reconquête industrielle du pays.
01:09Comment aujourd'hui on peut se projeter en tant qu'ingénieur demain si on ne croit pas à la réindustrialisation ?
01:13Je crois qu'il faut aussi expliquer que ça prend du temps.
01:16Finalement la désindustrialisation elle a duré pendant plusieurs décennies.
01:21Aujourd'hui c'est vrai qu'il faut je pense réenchanter un peu l'industrie.
01:24Il faut donner envie aux jeunes d'aller dans l'industrie, sortir un peu des clichés qui ont 50 ans
01:29sur ce qu'est une usine, comment ça marche.
01:32Montrer aussi que l'industrie ça fait rêver, ça change la vie des gens.
01:38Et quand je vois le nombre de séries qu'il y a sur le monde médical ou sur le monde des avocats,
01:42il n'y en a pas assez sur le monde des...
01:43Oui une série sur les ingénieurs et sur l'industrie c'est une très bonne idée.
01:48Mais il y a quand même cette question de l'emploi derrière.
01:50On a eu des chiffres de l'APEC, le taux d'emploi des jeunes ayant terminé leurs études en 2023 atteint 72%,
01:56c'est une baisse de 2 points.
01:57Ce qui est peut-être plus qu'étant encore c'est qu'un quart des diplômés issus de la promotion 2024
02:02considèrent leur job actuel comme un job alimentaire.
02:05On parle de gens qui ont fait des études, ce sont des chiffres qui sont un peu inquiétants.
02:09Oui je pense qu'il y a toujours un petit peu un blues du jeune diplômé
02:13qui s'est vu diriger une entreprise et qui réalise que quand on débute, il faut apprendre,
02:20il faut faire des jobs qui sont parfois un peu répétitifs,
02:25mais c'est comme ça qu'on apprend à raisonner,
02:27enfin tous les chefs d'entreprise qui nous regardent le savent.
02:30On est sur des jeunes générations qui ont fait beaucoup d'études,
02:33plus que leurs prédécesseurs et je pense qu'il faut vraiment expliquer qu'une carrière ça se construit dans la durée.
02:41Et dans le monde d'aujourd'hui on veut toujours aller très vite,
02:44mais le monde professionnel il prend aussi du temps.
02:47Là vous touchez du doigt une des problématiques qu'on a parfois avec la génération Z,
02:51avec les managers qui critiquent cette génération,
02:53qui ne veut pas justement passer les étapes et qui veut tout de suite être le chef de tout le monde
02:58quand il sort de l'école.
02:59Ce n'est pas un cliché, vous dites qu'il faut apprendre le long terme et réapprendre que ça va étape par étape.
03:06Oui, alors moi je suis beaucoup moins critique que beaucoup de gens sur la nouvelle génération.
03:09Je pense qu'ils sont très curieux, qu'ils sont très connectés,
03:13qu'ils appellent beaucoup, parfois on leur reproche d'avoir du mal à se concentrer,
03:17mais en même temps ils ont une vision internationale,
03:19ils connaissent plein de domaines, ils apportent autre chose.
03:22Ça aussi il faut que les entreprises le réalisent.
03:25Certes ils sont différents des générations précédentes,
03:27mais c'est le cas de chaque génération, elle est différente.
03:29Mais il faut aussi que les dirigeants d'entreprises intègrent ce qu'ils peuvent apporter,
03:34tout ce qui est reverse mentoring, toutes ces préoccupations.
03:38Et parfois cette impatience des jeunes, ça fait aussi évoluer les entreprises de l'intérieur
03:42et ça peut être très positif.
03:44Vous qui dirigez aussi une école de commerce, Néoma Business School,
03:47on a beaucoup raconté sur cette antenne qu'il y avait une sorte de désamour,
03:50qu'il y avait moins de gens dans les prépas aux grandes écoles de commerce.
03:54Est-ce que vous êtes toujours sur cette ligne-là ?
03:57Est-ce que l'école de commerce réenchante à nouveau ?
04:00Complètement, puisque le nombre d'étudiants en prépa avait diminué
04:03après la réforme du lycée, il est reparti.
04:06Donc aujourd'hui, les prépas attirent plus qu'il y a 3-4 ans,
04:11donc les chiffres montent.
04:12C'est vrai qu'on a beaucoup parlé de la baisse, on parle moins de la hausse.
04:15Ça monte, ça a augmenté de 5% depuis deux ans.
04:18Et donc la prépa réattire les jeunes.
04:22Je pense que c'est aussi l'idée, l'envie des jeunes
04:25de poursuivre un peu leurs études sur les matières fondamentales,
04:28la littérature, les maths.
04:30Ils se rendent compte que dans un monde qui change très vite,
04:32ces fondamentaux-là comptent énormément.
04:34Sur l'intelligence artificielle, c'est aujourd'hui le grand rendez-vous à Marseille.
04:38L'AIM, on retrouvera Anthony Morel à partir de 8h10
04:41depuis ce rendez-vous important en partenariat avec La Tribune.
04:45On avait ces chiffres sur les jeunes entre les 11 et les 15 ans.
04:49Ils sont 52% à utiliser l'intelligence artificielle pour travailler, pour réviser.
04:54Ils sont 63% entre 16 et 18 ans.
04:56Ça veut dire que quand ils arrivent chez vous après une prépa
04:59ou qu'ils rentrent dans le supérieur, ils l'utilisent quasiment tous.
05:03Comment vous voyez l'usage de l'IA ?
05:04Comment vous vous adaptez au quotidien ?
05:06Alors, ils l'utilisent tous.
05:08Nous, ce qu'on fait depuis le lancement de ChatGPT en version gratuite,
05:13on a formé plus de 8000 étudiants à l'IA,
05:17parce que c'est bien de l'utiliser,
05:18mais c'est aussi important de connaître ses limites, ses biais,
05:22tous les biais cognitifs.
05:23On forme aussi nos professeurs,
05:25parce que c'est très important que les professeurs soient au même niveau
05:27que les élèves dans la compréhension de l'IA et dans son utilisation.
05:30On a changé aussi nos modes d'évaluation,
05:33parce que le but, ce n'est quand même pas qu'on évalue des devoirs faits par l'IA.
05:39Donc, c'est le grand retour de l'oral.
05:40On fait beaucoup travailler nos étudiants
05:42et on les évalue de plus en plus à l'oral.
05:44C'est aussi le retour de l'examen.
05:46Parce qu'à l'oral, on voit vraiment qu'il y a quoi à l'intérieur ?
05:49Voilà, à l'oral, il n'y a aucun doute.
05:51On voit, même si l'étudiant a préparé avec l'IA,
05:54on voit ce qu'il a compris, ce qu'il maîtrise.
05:57Aussi le retour des examens papier-crayon
05:59ou plutôt ordinateur en bloquant les accès Internet.
06:02Donc, on change à la fois nos manières d'enseigner,
06:05le contenu de nos enseignements,
06:07nos manières d'évaluer les étudiants
06:09et on change aussi ce à quoi on prépare nos élèves.
06:12Parce qu'ils vont, dans leur métier, utiliser l'IA au quotidien.
06:15Donc, il faut qu'ils sachent l'utiliser,
06:17il faut qu'ils sachent prompter,
06:18il faut qu'ils sachent repérer les hallucinations.
06:21Donc, voilà, on travaille beaucoup là-dessus.
06:23On a signé un partenariat avec Mistral.
06:25Néoma a été la première grande école à signer
06:27un partenariat de design avec Mistral.
06:29Ça veut dire qu'on travaille avec Mistral
06:31sur comment utiliser l'IA
06:32dans l'enseignement supérieur et dans l'éducation.
06:35Mais j'imagine qu'il y a une inquiétude du côté des profs.
06:36Il y a une sorte de besoin de formation continue
06:38sur l'intelligence artificielle.
06:41Est-ce que ça, c'est des choses que vous proposez ?
06:42Oui, on forme tous nos professeurs
06:44à l'utilisation de l'intelligence artificielle.
06:48Aussi à la manière de pousser leurs étudiants
06:50à bien l'utiliser.
06:52Et puis même qu'eux puissent l'utiliser
06:54pour préparer leurs cours,
06:56pour se mettre à jour sur ce que devient une entreprise.
06:59Et aujourd'hui, c'est un outil comme aujourd'hui
07:03tout le monde utilise Google.
07:04C'est quelque chose qu'on a appris à faire
07:06il y a quelques années.
07:07Il faut que tout le monde apprenne
07:08à utiliser l'intelligence artificielle
07:10à bon escient, en ayant conscience
07:12des biais, des limites.
07:13Les frais scolarités ont augmenté
07:14dans une bonne partie des écoles,
07:16notamment dans les écoles de commerce.
07:18Est-ce que ça change du coup
07:19le profil de ceux qui arrivent ?
07:21Est-ce qu'il y a plus de demandes de boursiers ?
07:22Est-ce que vous avez eu des impacts ?
07:23On a beaucoup augmenté, globalement,
07:26toutes les écoles de commerce ont beaucoup augmenté
07:28les budgets bourses.
07:29À Neoma, par exemple,
07:30on a multiplié par quatre notre budget bourse
07:32en quatre ans.
07:33L'idée, c'est vraiment que l'argent
07:35ne soit pas un obstacle.
07:36Nous, on veut recruter
07:37les meilleurs étudiants possibles
07:38et on trouvera toujours des solutions
07:40pour qu'ils financent leurs études.
07:42On augmente les frais de scolarité
07:43parce qu'une éducation,
07:46un enseignement supérieur de qualité,
07:47ça coûte cher.
07:48Ça coûte cher en termes de campus,
07:51de professeurs, d'équipement.
07:52On parlait d'IA.
07:54On n'a pas de subvention publique.
07:56Dans les écoles de commerce,
07:57on ne reçoit pas d'argent public.
07:58Donc, c'est financé par les frais de scolarité.
08:01Par contre, ce qui est important,
08:02c'est qu'on trouve toujours des solutions
08:04pour un étudiant qui n'aurait pas les moyens
08:06de payer ses frais de scolarité.
08:08On a des bourses,
08:09on a des prêts étudiants,
08:10on a des jobs étudiants.
08:12Moi, le message que j'ai envie de faire passer
08:13aux parents, aux jeunes,
08:15c'est qu'on trouve toujours des solutions.
08:16Réussissez les concours
08:17et on trouvera des moyens de financement.
08:19Et on verra après.
08:20Delphine Manceau, un échec quand même,
08:22c'est les filières scientifiques et les femmes.
08:23Là-dessus, on n'y arrive toujours pas à attirer.
08:25Qu'est-ce qui manque ?
08:27Écoutez, moi, c'est un sujet qui m'est cher,
08:29qui est très important pour moi.
08:31Je pense qu'il faut créer des rôles modèles,
08:34comme on dit.
08:34Il faut aussi faire rêver autour de l'industrie,
08:37montrer que la science compte donner
08:39une image de la science qui fait sens.
08:42Quand on voit le nombre de femmes
08:43qu'il y a dans les études de médecine
08:45et qu'on compare aux études d'ingénieurs,
08:48on se dit qu'il y a vraiment
08:49beaucoup de progrès,
08:50mais qu'il y a un vrai vivier aussi,
08:52un vrai potentiel.
08:54Merci beaucoup, Delphine Manceau,
08:55d'être venue ce matin
08:55dans la matinale de l'économie.
08:57dans la matinale.
08:57Merci.
08:57Merci.
08:58Merci.
08:58Merci.

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