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  • il y a 15 minutes
Antoine Fourcher, président de Quintet, était l'invité de Laure Closier dans Good Morning Business, ce mercredi 26 novembre. Ils sont revenus sur l'impact du décrochage démographique sur le marché de l'emploi en 2025, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Il est 7h44 sur BFM Business et sur RMC Live. Notre invité c'est Antoine Fouché. Bonjour, vous êtes le président de Quintette.
00:07On va parler de l'atalité avec vous ce matin. Vous avez rédigé pour le Haut Commissariat la stratégie et haut plan une note
00:11intitulée Décrochage démographique 5 révolutions du marché du travail. C'est à horizon 2035 et la première chose qu'on voit dans votre note
00:18c'est que le chômage c'est fini. C'est une espèce en voie de disparition.
00:22Le chômage de masse oui parce que en fait ce qui pendant plusieurs décennies depuis le début des années 80
00:27faisait qu'on avait, le taux de chômage moyen c'est 9% pendant ces 4 décennies là, c'est qu'on avait à peu près
00:35150 000, 200 000 personnes de plus par an qui arrivaient sur le marché du travail.
00:41Et donc ça faisait à l'échelle d'un quinquennat par exemple que pour stabiliser le chômage, pas le baisser
00:46mais juste le stabiliser, il fallait créer un million d'emplois. La nouveauté c'est que depuis une petite dizaine d'années
00:53l'augmentation de la population active est beaucoup moins forte, donc il y a un peu plus de 50 000 personnes par an
00:58qui arrivent sur le marché du travail et à partir de 2035 ça va baisser. Et ça, ça veut dire, et c'est complètement
01:04nouveau pour nous à l'échelle d'un demi-siècle, c'est qu'il n'y a plus besoin de croissance pour baisser le chômage.
01:09Donc on peut avoir une très faible croissance et un très faible chômage parce que jusqu'à présent il fallait créer
01:16beaucoup d'emplois pour faire baisser le chômage. Maintenant c'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle
01:20mais maintenant il y a beaucoup moins besoin d'avoir de la croissance pour faire baisser le chômage.
01:25Et ça c'est radicalement neuf et ça change plein de choses sur le marché du travail.
01:29Alors ça change évidemment sur la question de la vision politique, on va parler après, mais dans les entreprises
01:33du coup, plus de difficultés de recrutement, plus de difficultés de recrutement et un salarié qui devient roi.
01:40Ça renverse un peu le rapport de force ou en tout cas ça le stabilise, l'équilibre entre le salarié
01:46et les employeurs parce qu'effectivement les employeurs pouvaient se dire pendant les années
01:52qui sont, les décennies encore passées, ils se disent bah écoutez si vous n'êtes pas content de votre job
01:56la porte est ouverte, vous pouvez aller, je trouverais quelqu'un d'autre.
01:59C'est de moins en moins vrai. Et ça on le voit dans les enquêtes France Travail, dans les enquêtes de l'INSEE,
02:04les tensions de recrutement des quatre dernières années, c'est les pires depuis qu'on les mesure.
02:09Et ce qui corrobore aussi ça, c'est ce que font les salariés, c'est-à-dire qu'ils démissionnent.
02:15On n'a jamais autant démissionné en France, il y a 2 millions de personnes qui démissionnent d'un CDI,
02:20il faut avoir les ordres de grandeur là-dessus.
02:21500 000 ruptures conventionnelles aussi.
02:23500 000 ruptures conventionnelles, on est 28 millions, on est 68 millions de Français, 28 millions à bosser,
02:2820 millions de salariés, 5 millions de fonctionnaires, 3 millions d'indépendants,
02:31et sur les 20 millions de salariés, il y a 16 millions de salariés qui seront en CDI.
02:34Sur ceux-là, il y en a 2 millions qui démissionnent chaque année de leur CDI,
02:38et 500 000 qui signent une rupture conventionnelle.
02:40Mais, ils ne démissionnent pas ou ils ne signent pas des ruptures conventionnelles pour aller à la piscine,
02:44contrairement à ce qu'on peut entendre un peu,
02:46ou partir autour du monde, etc.
02:47Il y a peut-être une toute petite minorité, mais 86% d'entre eux retrouvent un job en CDI en moins de 6 mois.
02:54Donc les salariés ont bien intégré d'une certaine manière,
02:57ou une grande partie d'entre eux ont bien intégré que le rapport de force a un peu évolué,
03:01et qu'ils peuvent démissionner pour aller travailler ailleurs,
03:06soit pour des augmentations salariales.
03:07Ça, on ne le voit pas trop encore, pour une autre raison,
03:09qui est que la France, contrairement à ce qu'on dit,
03:11la France, dans la majorité des cas, les boîtes en France n'ont pas beaucoup de marge pour augmenter les salaires.
03:15Soit, et c'est surtout ça le motif de démission réembauche,
03:19avoir des meilleures conditions de travail,
03:21et c'est vrai que là, là-dessus, les boîtes françaises peuvent progresser.
03:24Ce qui veut dire que l'avenir du salarié, mais pas d'ici 20 ans, d'ici votre maison, c'est 2035.
03:30Oui, on y est déjà, en fait, ça a déjà commencé,
03:32parce qu'encore une fois, on n'a jamais autant démissionné dans notre pays,
03:35et plus les années vont passer, plus les choses vont évoluer en faveur des salariés.
03:41C'est-à-dire que l'avenir, c'est un salarié roi, tranquille,
03:44qui négocie sur ses conditions de travail, mais pauvre.
03:46Oui, on peut le résumer comme ça.
03:48La perspective de hausse de salaire est très faible.
03:49Elle est très faible, et on peut dire que c'est contradictoire,
03:51parce que normalement, quand même, quand il y a des tensions de recrutement,
03:53ça fait augmenter les salaires.
03:56Oui, mais à condition que les entreprises aient quand même des marges pour le faire.
04:00Et là, je cite le même institut que sur la démographie qu'est l'INSEE.
04:04En France, le partage de la valeur n'a pas changé depuis 70 ans
04:08entre les entreprises et les salariés.
04:11Dit de façon non technique, les boîtes en France, en moyenne,
04:14c'est pas partout pareil, mais en moyenne,
04:16les boîtes en France, elles n'ont pas de marge pour augmenter les salaires.
04:18Donc, vous pouvez aller d'une entreprise à une autre.
04:21Ce que vous allez réussir à faire, c'est un peu d'augmentation de salaire, certes,
04:25mais c'est surtout de meilleures conditions de travail.
04:28C'est là où les boîtes peuvent se différencier les unes des autres,
04:30parce que sinon, encore une fois, comme on est dans une économie
04:33qui se tertiarise, qui se désindustrialise,
04:36et qui ne remplace pas ça par de la technologie,
04:38et dont le niveau de compétence baisse relativement,
04:40pardon, c'est un peu déprimant le matin,
04:41mais baisse par rapport aux autres pays européens,
04:44on peut faire ce qu'on veut en moyenne.
04:47Les salaires ne vont pas réaugmenter,
04:49sauf réforme radicale qu'il faut faire,
04:51mais sinon, les salaires ne vont pas réaugmenter en France
04:53fortement dans les années qui viennent,
04:54même les décennies qui viennent.
04:55– Antoine Fouché, ce n'est pas ce que font les boîtes aujourd'hui.
04:57Aujourd'hui, elles reviennent sur le télétravail,
04:59elles disent, attendez, le Covid, on s'est bien amusés,
05:01et maintenant, c'est terminé.
05:02– Oui, mais je pense qu'il y a deux options là-dessus,
05:05soit l'erreur, soit la stratégie pour faire partir les gens.
05:08Et les deux sont compatibles.
05:09– Oui, les deux peuvent marcher ensemble.
05:10– Les deux peuvent marcher ensemble,
05:11c'est-à-dire que ça peut être une manière de dire,
05:14parce qu'on voit dans les enquêtes d'opinion…
05:15– Un plan de départ déguisé, en fait.
05:16– Un plan de départ déguisé en disant,
05:17écoutez, si vous n'êtes pas…
05:19– Pour revenir à Paris, vous habitez avec, vous avez qu'à partir.
05:21– Voilà, écoutez, allez-y, la porte est ouverte.
05:24C'est une manière de faire partir les gens,
05:26et c'est efficace, parce qu'il y a, comme vous l'avez dit,
05:28il y a plein de gens qui ont organisé leur vie entière,
05:30leur conciliation, vie pro, vie perso.
05:32S'il n'y a plus de travail, de télétravail,
05:33il n'y a plus de vie possible.
05:35Donc, ils partent, effectivement, et ça, on le voit.
05:38Après, encore une fois, dans 86% des cas,
05:41ils retrouvent un job en CDI en moins de 6 mois.
05:44Soit, sans motil, je me permets de le dire,
05:48ma boîte, elle ne fait que 11 salariés,
05:50donc je parle avec beaucoup d'humilité là-dessus.
05:53Mais ça peut être aussi une erreur d'analyse,
05:55en se disant que le télétravail,
05:58c'est quelque chose qui désorganise le collectif de travail.
06:03Ça peut être le cas, si c'est excessif,
06:05si ce n'est pas bien managé, etc.
06:08Mais il y a aussi des études qui montrent
06:10que ça permet d'accroître la motivation,
06:13la fidélité, l'attractivité, la productivité, etc.
06:15Donc, faire une assimilation entre le télétravail
06:19et l'insuffisance de travail,
06:21je pense que c'est idéologique,
06:23mais que ça n'a rien à voir avec la réalité.
06:24Mais ça peut exister dans certains endroits,
06:26je ne dis pas le contraire.
06:26Le problème, c'est qu'il n'y a aucune politique nataliste
06:29qui fonctionne.
06:29C'est-à-dire que les primes, les cash, ça ne marche pas.
06:31Il y a un sujet sur le logement.
06:33Est-ce que si on arrive à résoudre ce problème-là,
06:36les gens font plus d'enfants ?
06:37Est-ce qu'elle est là, la piste ?
06:38Alors, les démographes, vous direz qu'ils sont très humbles,
06:41sans doute plus humbles que les économistes,
06:43vous disent qu'ils ne savent pas, en fait.
06:45On ne sait pas bien quelles sont les causes
06:47qui font que les parents font moins d'enfants.
06:51Mais ils mettent quand même des pistes sur la table.
06:53Dans la piste, l'une des pistes qui est le plus privilégiée,
06:56c'est pour expliquer le décrochage.
06:58Ça fait une dizaine d'années qu'on décroche.
06:59Là, ça s'est accéléré ces dernières années,
07:01mais ça fait quand même une dizaine d'années
07:02qu'on est passé un peu en dessous de 2.
07:05Et là, on est à 1,6.
07:07En ordre de grandeur, là aussi, pour les gens,
07:09on faisait plus de 800 000 bébés par an.
07:11Et là, on en fait à 650 000.
07:13Donc, c'est quand même un gros décrochage.
07:16Il y a la principale piste, c'est le logement.
07:19Parce que, là aussi, en ordre de grandeur,
07:23il faut travailler aujourd'hui deux fois plus
07:25qu'il y a 20 ans pour avoir le même logement.
07:27C'est lié au fait que, pour la première fois depuis 45,
07:30les salaires ne progressent plus.
07:31Ou, pour le dire de façon simple,
07:32le travail ne paye plus.
07:33Au sens où il ne permet plus d'améliorer
07:34sa vie de niveau de vie matérielle.
07:36Et à l'inverse, les prix du logement
07:38n'ont jamais autant augmenté que depuis 15 ans.
07:40Et donc, le décalage entre les deux
07:42fait que vous travaillez pareil,
07:45autant, même niveau de salaire,
07:46même niveau de qualification qu'il y a 20 ans.
07:48Vous avez un logement deux fois plus petit.
07:50Donc, les gens s'endettent davantage.
07:52Mais l'arbitrage aussi se fait souvent
07:55avec une pièce en moins.
07:57Et une pièce en moins, disent les démographes,
07:59ils ne disent pas qu'il y a une corrélation directe.
08:01Mais ça peut expliquer, dans beaucoup de cas,
08:04le fait d'avoir un enfant en moins
08:05ou d'attendre avant d'avoir un premier enfant
08:10ou un deuxième enfant.
08:11Mais les ordres de grandeur dans les métropoles
08:13où sont notamment les jeunes cadres très diplômés,
08:16corroborent largement ça.
08:19C'est-à-dire qu'un couple de jeunes cadres,
08:22avant d'avoir 50 mètres carrés
08:25pour avoir au moins deux pièces, un salon,
08:27vous attendez au moins 10 ans.
08:28Sauf si vous êtes héritier.
08:30Merci beaucoup Antoine Fouché d'être venu ce matin.
08:33Nous remontez le moral sur toutes les questions
08:35de démographie.
08:37Oui, mais ça fait du bien de parler des vrais sujets.
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