- il y a 2 jours
Jeudi 13 novembre 2025, retrouvez Audrey Clisson (Responsable Marketing, Communication & Digital, Loire Propriétés), Yann Priou (Directeur général, Bout' à bout) et Dominique Martin (Vigneron, Domaine Martin) dans LA LOIRE EMBOUTEILLE, une émission présentée par Sibylle Aoudjhane.
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00:00Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver pour ce quatrième podcast de La Loire en bouteille,
00:14toujours au cœur des vignes du domaine de Haute-Perche dans le Val-de-Loire près d'Angers.
00:18Nous poursuivons notre série de podcasts consacrés au réemploi dans les vins de Loire.
00:23Dans le cadre du plan filière vins de Loire 2030, avec le soutien d'Interloire,
00:27la filière des vins de Loire s'engage à réduire son empreinte environnementale.
00:31Parmi les solutions mises en place, le réemploi des bouteilles s'impose comme une démarche à la fois ambitieuse et concrète.
00:39Aujourd'hui, nous allons découvrir comment ce principe se traduit sur le terrain chez les acteurs de la filière.
00:44Du lavage des bouteilles au retour du contenant par le consommateur, quelles sont les étapes de cette circularité ?
00:50Nos trois invités vont nous éclairer sur ce parcours au sein de premiers échanges,
00:54avant de le retrouver sur le lieu de travail, très concrètement, pour voir comment cette organisation prend place.
01:01Je rappelle que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
01:04C'est parti, c'est la Loire en bouteille.
01:06Pour ces premiers échanges, j'ai le plaisir de recevoir Dominique Martin.
01:09Vous êtes vigneron au domaine Martin. Merci beaucoup d'être avec nous.
01:12Bonjour Sybille.
01:13Yann Priou, vous êtes directeur général de Boutabou.
01:15Vous allez nous en dire un peu plus tout à l'heure. Merci d'être avec nous.
01:18Avec grand plaisir, merci pour l'invitation.
01:19Et Audrey Clisson, responsable marketing, communication et digital au sein de Loire Propriété.
01:24Merci aussi pour l'invitation.
01:26Yann Priou, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que fait Boutabou ?
01:30Et vous qui avez une vision assez globale de la filière,
01:34est-ce que vous pouvez nous dire à quel point la filière est sensibilisée au réemploi ?
01:39Oui, donc Boutabou, c'est une société qui est spécialisée dans les boucles de réemploi.
01:42On offère la filière, on a trois métiers.
01:44On accompagne des producteurs, des acteurs du vin, notamment dans la transition vers des bouteilles réemployables.
01:51Premier métier.
01:52Deuxième métier, on développe le réseau de collecte avec différentes solutions.
01:55Et puis la troisième activité, l'activité principale, on opère la filière.
01:59On collecte les bouteilles, on les trie par format et on les lave et on les remet en circulation.
02:03D'accord.
02:03Pour répondre à votre question de où est-ce qu'on en est aujourd'hui sur la filière et les vins de Loire,
02:07je pense qu'il faut regarder un petit peu dans le rétroviseur.
02:10Par le passé, la réutilisation des contenants en verre dans les années 60, 70, 80 était vraiment un standard.
02:16Et c'est vrai qu'on a perdu progressivement au profit des bouteilles plutôt orientées dans le recyclage et l'allègement des bouteilles.
02:25Et donc là, je crois que depuis quelques années, on voit un retour et le travail fait par Interloire, en partenariat avec tout l'écosystème, profite beaucoup à ce retour.
02:37Il y a encore beaucoup de choses à faire.
02:39En vrai, les acteurs qui font des bouteilles et des vins en bouteille réemployables sont encore peu nombreux.
02:47Mais je crois que ça permet de différencier leurs vins, de les mettre en avant, d'avoir une vraie démarche pour réduire l'empreinte carbone des bouteilles.
02:53Et du coup, ça fait des envies. On voit quand même de plus en plus d'acteurs qui rentrent dans la filière.
03:00Oui, donc il y a encore pas mal de pédagogie à faire.
03:03Indéniablement, oui.
03:04Dominique Martin, vous, en tant que vigneron, vous avez, on a eu pas mal de témoignages dans ces podcasts, mais vous avez un recul plus ancien dans cette dynamique du réemploi.
03:13Est-ce que vous pouvez nous raconter l'histoire du domaine Martin à ce niveau-là ?
03:16Donc moi, je suis dans la continuité de mes grands-parents, puisqu'on commençait dans les années, comme disait Yann, dans les années 55-60, à faire de la vente en bouteille et de la récupération,
03:25puisque c'était automatique à l'époque, dans l'esprit de ne pas gâcher, tout simplement.
03:30Et mes parents ont continué, et auprès des professionnels, ça s'est développé, surtout dans les années 80, avec la livraison par nous-mêmes chez les commerçants de Bretagne,
03:40en caisse plastique, en caisse de douze bouteilles, que l'on récupérait et l'avait de manière autonome.
03:45Voilà. Donc moi, je continue.
03:48Donc on est passé vers des étapes un peu ringares, et puis maintenant, on redevient à la mode, sans changer de système.
03:53Et on trouve cela très pratique. Quand la logistique est réglée, ça marche très très bien.
03:59Mais pourquoi vous avez continué, justement, quand vous avez dit que c'était un peu ringard à un moment ?
04:03Qu'est-ce qui vous a fait continuer dans cette voie-là ?
04:06On est équipé. Ça, c'est la première chose.
04:09Et puis chez les clients, tout simplement, eux, ils ont une facilité, puisque pas de déchets de carton à s'occuper, pas de déchets de bouteilles à s'occuper.
04:17On les retourne directement au domaine, nous-mêmes, de manière régulière. Voilà.
04:22Quand vous dites que vous êtes équipé, ça veut dire que vous avez quoi au sein de votre domaine ?
04:26Pour les livraisons, les camions, tout ce qui est conditionnement. Et puis pour le lavage et l'embouteillage.
04:33D'accord. Donc c'est vous qui faites les lavages au sein de votre domaine ?
04:35Voilà. On est plusieurs.
04:36Oui.
04:37Et Yann Brio, concrètement, la consigne, est-ce que ce serait passer par la consigne l'axe prioritaire pour permettre de faire cette dynamique, rentrer dans le geste quotidien ?
04:53En fait, on parle souvent du retour de la consigne. C'est le slogan de bout à bout, le retour de la consigne. La consigne, c'est un dispositif avec un dépôt d'argent. Quand on achète un produit, on dépose quelques centimes, 20 centimes par exemple. Et ça incite au geste retour pour le consommateur.
05:08Donc le réemploi, bien souvent, la plupart du temps, c'est avec un système de consigne, je ne sais pas, au domaine.
05:14Nous, c'est en dépôt chez les clients. Il n'y a pas de facturation, des facturations. Ce sont des professionnels, c'est un petit peu différent du consommateur particulier.
05:22Et on les côtoie directement. Il y a un échange plus facile, j'ai envie de dire. Il n'y a pas d'intermédiaire.
05:28Parce que vous avez cet ancrage très local.
05:30D'une part local et historique.
05:32Oui.
05:32Et donc, du coup, le système de consigne, le réseau bout à bout, historiquement, s'est construit sans système de consigne.
05:39L'idée, c'était de proposer aux consommateurs de pouvoir rapporter en les informant, mais librement.
05:45Et sans avoir ce système de consigne, avec la filière qui se développe.
05:49Et notamment, il y a des actions menées par Citeo, qui est un éco-organisme, avec des projets où il y a beaucoup de magasins qui commencent à s'équiper de dispositifs.
05:56Tout ce dispositif-là est bien encadré dans un cadre avec de la consigne.
06:00Principalement, pour inciter les consommateurs.
06:03En fait, le fait d'avoir de l'argent à récupérer, forcément, ça augmente le taux de retour.
06:09Donc, la consigne va se développer, va augmenter.
06:15Mais aujourd'hui, ce n'est pas la seule solution.
06:17Je pense qu'on a des exemples autour de la table où il y a des dispositifs qui sont sans consigne et qui fonctionnent très bien.
06:21Donc, voilà. C'est un des leviers.
06:24C'est pas le seul.
06:25Audrey Clisson, comment est-ce que vous avez saisi cette question au sein de loi propriété ?
06:28Le durée emploi ?
06:29Oui.
06:29Oui. Alors, nous, on est en fait une coopérative.
06:32Donc, on a quand même tout un pool de viticulteurs.
06:36On est ce qui nous rapproche aussi de la vigne et de ce côté durable, en fait, qui est attribué au vin.
06:42Et on est aussi, depuis plus de 12 ans, vignerons engagés.
06:45Donc, ça, c'est un label RSE de la vigne.
06:47C'est un label qui ne s'attarde pas que à la manière dont vous allez mener la vigne, l'élevage du vin et tout ça, mais c'est vraiment un environnement, un label RSE qui va jusqu'à votre environnement, votre ancrage territorial, jusqu'à comment vous accompagnez vos viticulteurs, vos employés.
07:09On est vraiment sensibilisés avec tous les piliers de la RSE. Et c'est ça qui nous a vraiment motivés pour aller vers le réemploi et avoir une démarche qui soit vraiment dédiée à l'une de nos gammes.
07:21Et c'est là-dessus qu'on s'est engagés il y a maintenant 18 mois et qu'on est en réemploi sur une gamme, sur deux gammes complètes depuis le mois de décembre 2024.
07:31Ah oui, donc c'est-à-dire que vous avez plusieurs gammes différentes et puis vous en avez pris deux en spécifique.
07:37En fait, c'était assez logique. On a une gamme qui est engagée bio et qui est 100% bio.
07:42C'est la gamme tête de l'Innot et qui est distribuée dans la grande distribution.
07:45Donc ça, c'est la première gamme qu'on a engagée dans le réemploi.
07:48Et on a une deuxième gamme qui, elle, concerne des vins effervescents qui sont distribués dans le circuit CHR.
07:56Donc ça va être au sein de nos boutiques, chez les caviches, chez les restaurateurs et grossistes.
07:59Et cette gamme-là, c'est un peu un parcours différent puisque les bouteilles, elles, vont être réemployées, mais pas pour les vins effervescents.
08:06Elles vont être réemployées dans la cidrerie.
08:08Donc on avait ces deux explorations à faire, en fait, et qu'on souhaitait faire.
08:12C'est vraiment ce qu'on a pu voir, nous, dans nos gammes et dans nos circuits de distribution.
08:18C'était ces gammes-là qu'on pouvait attribuer au réemploi, en fait.
08:23Et pour la gamme qui est destinée à la grande distribution, comment est-ce que ça s'organise, du coup, ce retour de la bouteille ?
08:30Ce n'est pas nous qui faisons la distribution, en fait.
08:33Nous, on va faire en sorte que le pack, il soit réemployable et après, il va être collecté par la grande distribution ou par les bornes qui sont mises en place dans la grande distribution.
08:46Donc ça, ce n'est pas nous qui sommes concernés par la collecte, enfin par le retour.
08:50Donc ça, ça va être la distribution.
08:51Nous, là où ça va nous concerner, c'est dans l'achat de bouteilles lavées.
08:55Donc là, on a aussi la possibilité, on met le pack en place, on le met en distribution, il revient au sein de la grande distribution.
09:03Et à nous de trouver, de racheter ces bouteilles lavées, donc qui sont passées par le circuit de réemploi auprès de bout à bout.
09:10Yann, est-ce que vous pouvez nous faire très concrètement la boucle, le circuit d'une bouteille de la production jusqu'à son retour ?
09:17Tout commence au domaine ou dans la coopérative pour utiliser des bouteilles qui soient réemployables et suffisamment solides pour être réemployées.
09:29Et donc, ça commence par là.
09:30Et puis aussi d'avoir des étiquettes qui soient adaptées pour les systèmes de lavage.
09:36Je ne sais pas si vous avez déjà essayé à la maison de retirer les étiquettes de bouteilles, vous voyez qu'il y a des étiquettes qui partent très bien.
09:41Et d'autres qui partent pas du tout, parce qu'en fait, ça correspond à la colle, donc il faut adapter le packaging.
09:46Ça, c'est la première étape.
09:48Et puis aussi, informer le consommateur que sur l'emballage, il soit précisé que la bouteille est bien réemployable,
09:54parce que sinon, en fait, le consommateur n'est pas au courant.
09:56Ça, c'est la première étape.
09:57Ensuite, il y a la mise en marché.
09:58Donc là, sur la mise en marché, il y a plusieurs circuits.
10:00On peut être soit en café, hôtel, restaurant.
10:02Donc là, c'est le domaine de Martin.
10:03Voilà, qui peut être intégré ou on peut s'appuyer sur des sociétés qui font de la distribution de boissons.
10:08Vous avez vu, je pense, dans d'autres émissions, podcasts, la société Le Fourgon,
10:12qui propose un système de livraison reprise qui peut être aussi un autre moyen.
10:15Il y a de la vente au domaine.
10:17Mais 60% aujourd'hui des vins et des boissons en France sont vendus en grande distribution.
10:22Oui.
10:22Et donc, du coup, la grande distribution, l'idée, c'est de pouvoir avoir des opérateurs de réemploi
10:28qui viennent équiper les magasins de systèmes pour récupérer les bouteilles.
10:32C'est encore quelque chose qui est en développement.
10:35On a Réseau bout à bout 300 points de collecte.
10:38Avec Citeo se développe le dispositif Reuse.
10:41C'est 750 points de collecte dans le quart nord-ouest de la France.
10:46Donc, le système se développe, mais ça reste encore quelque chose en...
10:52Sur lequel on peut travailler.
10:53Exactement.
10:54Ce n'est pas dans tous les magasins.
10:55Et donc ensuite, une fois que le consommateur a acheté son produit,
10:59a vu que c'était réemployable, l'a rapporté.
11:01Des opérateurs de réemploi et notamment bout à bout organisent la collecte.
11:06On récupère les bouteilles tout en mélange.
11:08On récupère du vin, du jus, de la bière, bref, des formats différents.
11:12Et donc, le premier travail nous consiste à refaire des lots homogènes de bouteilles.
11:16De vins transparentes, de bouteilles de vin brunes, par exemple, ou de bière, de jus, etc.
11:21Et une fois qu'on a des lots, ensuite, on réalise du lavage.
11:25On revérifie toutes les bouteilles, on les sèche et on les repalétise
11:29comme si elles étaient en sortie d'une verrerie.
11:33Et ensuite, on les recommercialise aux utilisateurs.
11:37Et donc, c'est ça qui boucle le dispositif.
11:40Et c'est vrai que le vin de Loire a plutôt de l'avance par rapport aux autres régions viticoles
11:49parce qu'il y avait des pionniers ou des gens qui n'ont jamais arrêté sur le territoire.
11:55Et aussi parce que, je le m'entends, il y a aussi une démarche d'impact d'RSE
12:00qui a trait aussi à la Loire et qui a facilité aussi le fait d'intégrer l'impact,
12:07enfin, le travail sur l'emballage.
12:10Il faut savoir qu'une bouteille en verre, ça correspond à peu près entre 40 et 50 %
12:15de l'impact carbone d'un domaine ou du vin.
12:18Donc, en fait, dès lors qu'on travaille sur l'emballage et qu'on fait du réemploi,
12:22on réduit et on peut réduire de 80 % l'impact carbone de l'emballage.
12:28Donc, c'est vraiment énorme.
12:30Et ce, avec un geste où, en fait, on n'envoie personne sur la Loire.
12:33C'est très simple.
12:35Ça a été pratiqué dans le passé.
12:36C'est tout à fait basique.
12:37C'est juste une petite prise de conscience.
12:39Exactement.
12:40Parce que c'est la facilité.
12:41Mais aujourd'hui, on est dans la facilité du jetable.
12:43On peut partir dans la facilité du réemployable.
12:46Il suffit de mettre la bouteille au bon endroit, on a besoin du consommateur.
12:49Mais comme le disait à l'instant, Yann, c'est intéressant d'avoir des points de collecte
12:54pour pouvoir justement les réutiliser avec des acteurs qui les réutilisent.
12:57Tout est maillé.
12:58Et au milieu, il y a le consommateur qui doit jouer un petit rôle, mais qui est énorme
13:04au niveau du nombre de bouteilles sur une filière comme la nôtre.
13:07Et vous sentez-vous que la filière, vraiment, maintenant, elle est embarquée dans cette
13:10question ? Parce que peut-être qu'avant, vous vous sortiez peut-être un peu plus seul
13:12dans votre démarche.
13:14Maintenant, vous êtes un peu plus dans un collectif.
13:17Elle est embarquée, mais il y a encore du travail à faire.
13:19Alors, il faut que, comme je le disais, il faut que les consommateurs, vraiment, jouent
13:23leur rôle.
13:24Alors, on peut peut-être les inciter par une consigne, peut-être avec des affiches,
13:27peut-être avec des choses, je ne sais pas.
13:30Un podcast.
13:31Des podcasts, merci.
13:33Mais c'est surtout une prise de conscience, ce n'est pas vraiment sur le côté économique.
13:37C'est vraiment un côté de prise de conscience où il faut dire, aujourd'hui, c'est logique
13:43de réemployer une bouteille, mais il faut la mettre au bon endroit.
13:46Et après, il y a des acteurs qui sont sur le terrain, qui vont faire le nécessaire.
13:50Voilà.
13:50Donc, moi, je trouve ça facile, mais c'est vrai qu'il faut un léger réflexe, il
13:57faut faire passer le message.
13:58Mais vous êtes plus en contact avec des professionnels, donc vous n'avez pas forcément
14:01besoin de...
14:02On a quelques personnes qui viennent au caveau, qui ont l'habitude de les rapporter.
14:06D'abord, ils nous rapporteront...
14:06Du coup, eux, ils sont déjà sensibilisés.
14:08Oui.
14:08Mais c'est une petite partie, plutôt une clientèle un peu plus âgée.
14:13C'est au niveau de la nouvelle génération où il faut...
14:16Chacun a sa petite poubelle de couleurs différentes, mais au niveau des bouteilles, il faut faire
14:20un geste un petit peu plus attentif pour la mettre dans le bon endroit, pour que la
14:25personne puisse la réutiliser, enfin la relaver et la réutiliser.
14:29Autre question, vous qui avez mis tout cela en place.
14:31Il y a un peu de manière plus récente qu'au domaine de Martin.
14:35Qu'est-ce qui a été le plus contraignant pour vous ? Est-ce que vous avez dû avoir
14:38un accompagnement ? Comment ça s'est passé ?
14:40Alors, pour nous, le réemploi, pour nous, c'est vraiment une mission écologique, mais
14:45c'est un défi logistique, en fait, plus qu'autre chose, parce qu'on avait cette conscience
14:50de la bouteille qui est vraiment le petit côté noir de notre bilan carbone, puisqu'elle
14:55demande beaucoup d'énergie.
14:57Donc, on était passé sur la plupart de nos produits sur des bouteilles légères.
15:00Passer en réemploi, ça veut dire qu'il faut passer sur des bouteilles plus lourdes.
15:03C'est l'inverse.
15:04Oui, c'est exactement l'inverse.
15:06Et c'est un petit peu un défi parce que les bouteilles lourdes, elles existent, mais
15:09ça veut dire qu'il faut revoir le pack, il faut revoir le coût aussi de son pack,
15:13puisque la bouteille plus lourde est aussi plus coûteuse, plus onéreuse.
15:16Et il faut revoir donc la bouteille et il faut revoir aussi ce côté lavable des étiquettes.
15:22Donc ça, à la limite, si on regarde le cahier des charges de bout à bout, c'est très simple.
15:26On prend telle étiquette, telle colle et ça fonctionne.
15:28Sauf que nous, dans nos vins, vous avez des vins rosés, vous avez des vins effervescents
15:33qui vont aller au passage au froid, c'est-à-dire dans vos frigos, qui vont aller dans un seau
15:36à glace.
15:37Donc, il faut que la promesse consommateur, elle reste, c'est-à-dire que l'étiquette, elle tienne
15:42un minimum de temps sur la bouteille.
15:44Donc, pour répondre à tous ces défis un peu logistiques, on va dire, ou de packaging,
15:49on a fait des tests, c'est-à-dire qu'on a eu une première étiquette qu'on a testée,
15:53qu'on a regardé sa résistance, ça n'a pas fonctionné, on est passé sur une deuxième
15:57étiquette, une troisième.
15:58Et donc, on a fait différents tests pour être sûr que chez le consommateur, jusqu'au
16:03bout de la chaîne ou jusqu'au bout de son utilisation, il soit satisfait de l'expérience.
16:07Donc voilà, on a fait ces ajustements, il a fallu revoir notre pack produit, ça veut
16:12dire que sur la chaîne, ce ne sont pas les mêmes bouteilles qui vont être utilisées,
16:15ce ne sont pas les mêmes bouteilles qui vont utiliser les mêmes cartons.
16:18Donc, c'est plus pour nous un défi logistique pour remplir cette mission environnementale.
16:23Yann Brio, quelle serait la prochaine étape vraiment décisive pour permettre d'embarquer
16:27tout l'écosystème et que ce soit un changement d'échelle ?
16:31Yann Brio, il y a plusieurs enjeux, on l'a dit à plusieurs reprises, le consommateur
16:37est au centre et clé, donc il y a une nécessité à informer le consommateur, mais surtout
16:43à lui proposer une offre la plus large possible et des magasins qui proposent un dispositif
16:48de reprise des bouteilles.
16:50Donc, premier élément, c'est le consommateur.
16:53Deuxième élément, une filière de réemploi qui fonctionne bien, il y a plein d'exemples
16:58partout dans le monde où le réemploi est un standard assez usuel, intégré.
17:04On pourrait penser à deux filières de bière en Allemagne, en Belgique, ou tout le reste
17:08de la boisson dans les pays plutôt du sud.
17:11Le verre, habituellement, il est plutôt lavé plutôt que recyclé.
17:16Enfin, les deux sont complémentaires.
17:17En tout cas, et quand on voit ces filières-là, l'élément important, c'est la standardisation.
17:23En fait, dès lors qu'on va converger vers des standards de format de bouteille
17:28de vin, dans le vin de Loire, si je vous dis vin de Loire, vous pensez, vous avez une
17:32forme de bouteille dans la tête.
17:33Dans les faits, il y en a plein de différentes, mais dans la tête du consommateur, une bouteille
17:38de vin de Loire, c'est une bouteille de vin de Loire, à quelques exceptions près.
17:43Donc, en fait, la standardisation est un élément aussi qui va aider à faciliter ce
17:49que disait Audrey, l'utilisation, l'appropriation pour les industriels.
17:53Et surtout, mon dernier point, c'est le modèle économique.
17:57Aujourd'hui, ce qui fait que la consigne et le développement du réemploi va se développer,
18:03c'est qu'en fait, on va réussir à avoir un modèle économique qui soit équivalent
18:06à celui d'une bouteille neuve ou demain moins cher qu'une bouteille neuve.
18:10Et c'est ça, l'essentiel.
18:11Je pense que ça intéresse le consommateur, ça intéresse l'industriel, les vignerons.
18:15Tout le monde, en fait, dès lors que le modèle économique fonctionne, ça va faciliter
18:20le développement aussi. Et ça, là-dessus, Citeo, les éco-organismes sont missionnés
18:26par l'État pour vraiment développer le réemploi. Parce que, quand même, on parlait
18:31de l'impact carbone. Il faut savoir aussi que la France importe 40% des bouteilles en
18:35verre qu'elle utilise. 60% est produit sur le territoire, mais 40% c'est de l'import
18:40qui peut venir de très loin. Et c'est de l'énergie.
18:42Le bouteille en verre, c'est de l'énergie. Donc, dès lors qu'on arrive à relocaliser
18:48aussi, à reproduire et réutiliser sur notre territoire, le bon sens, comme on l'a toujours
18:53fait et nos aïeux l'ont fait, on gagne aussi sur le long terme en termes de résilience
19:00pour nos modèles, pour les vins de Loire. Je pense que c'est intéressant aussi la résilience
19:04au sujet.
19:05En tout cas, on va tout de suite aller voir sur vos lieux de travail comment ça se matérialise
19:10concrètement et comment est-ce que vous agissez. Donc, c'est parti pour cette deuxième partie
19:14d'émission.
19:22On le cherchait, ce geste simple, à l'impact maximal. Et si ce geste, c'était tout simplement
19:28le retour de la bouteille. Dans le secteur du vin, l'achat, le transport et même le recyclage
19:34du verre représentent une part importante de l'empreinte carbone des entreprises viticoles.
19:38Face à ce constat, le réemploi de la bouteille apparaît comme une solution prometteuse.
19:43Pour répondre collectivement à ce défi, l'interprofession des vins du Val-de-Loire, Interloire, a réuni
19:49un consortium de 11 opérateurs décidés à impulser le changement.
19:53Nous avons rencontré Audrey Clisson, responsable marketing, communication et digital chez Loire
19:58Propriété, producteur et négociant de vins de Loire. Son équipe a récemment adapté une
20:03gamme afin de permettre le réemploi des bouteilles. Un investissement financier limité, certes,
20:08mais qui exige une organisation rigoureuse.
20:10Là, on est dans la zone de production plutôt d'embouteillage et d'habillage de chez Loire
20:15Propriété où on produit tous nos vins. Ça fait depuis le mois de décembre 2024 qu'on
20:20est rentré dans cette filière du réemploi. On a dédié l'une de nos gammes qui s'appelle
20:25Tête de l'Innot qui est 100% en vins bio et on a choisi de l'intégrer au processus
20:31du réemploi parce qu'on trouvait que c'était une suite logique de donner encore un cran supplémentaire
20:36dans l'engagement à travers cette gamme. Cette gamme est produite ici sur le site
20:40que vous voyez derrière moi. Le vrai challenge pour nous, c'était la logistique parce qu'il
20:44y avait un pack produit à revoir. Il y avait une adaptation pas forcément majeure mais
20:49il y avait la chaîne d'habillage qui va être forcément modifiée par rapport à la bouteille
20:53d'avant. Le carton qui va être modifié puisque ce n'est pas les mêmes dimensionnels et l'approvisionnement
20:59des papiers, l'approvisionnement des bouteilles. Là, vous voyez, c'est une bouteille lourde puisqu'elle doit
21:03servir au réemploi. Donc, elle va être lavée plusieurs fois. Donc, elle doit être plus résistante
21:07que la plupart des bouteilles. Donc, on a travaillé le pack de notre produit en changeant la bouteille
21:13puisqu'avant, on était sur des bouteilles légères. Ensuite, on a regardé l'étiquette que vous voyez ici.
21:18C'est un papier qui est spécifique avec une colle spécifique pour que ce soit facile à laver.
21:23C'est-à-dire que chez notre partenaire qui est bout à bout, les bouteilles vont être récupérées,
21:28elles vont être lavées. Mais on ne peut pas tout laver ou aussi facilement laver si on n'utilise pas la bonne
21:33colle. Et sur l'étiquette, vous allez voir, on a positionné le logo de réemploi pour justement
21:39indiquer que le consommateur a un acte à faire lors de l'achat de cette bouteille.
21:45C'est encore très, très jeune comme principe. En tout cas, nous, ces bouteilles, elles sont distribuées
21:50dans la grande distribution. Donc, on n'a pas l'évaluation du retour jusque-là. Nous, on est acteur.
21:55Mais maintenant, il faut que le consommateur soit acteur aussi sur le retour des bouteilles.
21:58Certains vignerons ont été particulièrement avant-gardistes. Au domaine Martin, la famille
22:04Martin avait déjà imaginé et construit ses propres machines il y a plusieurs décennies,
22:09bien avant que le réemploi ne soit popularisé. Une manière de suivre le cycle complet de la
22:14bouteille au sein de la propriété, de sa récupération chez le client jusqu'à son retour en cave.
22:20Un circuit facilité par des échanges menés principalement avec les restaurateurs.
22:24On livre les caisses de bouteilles pleines et on récupère les caisses de bouteilles vides.
22:27Pour le décapsulage, on va enlever les collerettes qui sont restées sur le goulot avant de les passer au lavage.
22:35Les étiquettes sont en colle lavable. On va pouvoir les passer dans une solution de soude avec la machine suivante.
22:39Donc, ce sont des bouteilles qui sont standardisées, qui nous facilitent la gestion logistique du stockage, du tri.
22:45Donc, ici, c'est une laveuse qui va engranger les bouteilles par rang de 6. On va en traiter environ 1800 bouteilles à l'heure.
22:55Donc, moi, les bouteilles, je les charge ici, sans collerette.
23:02Là, elles sont envoyées dans les alvéoles et au bout de 20 minutes, elles vont revenir dans la partie haute, complètement sanité.
23:07On fait juste une opération de mirage et après, elles partent à l'embouteillage.
23:11Donc, le nettoyage se fait par trempage. Chaque bouteille est dans un alvéole.
23:18Et ici, ça baigne dans une solution saudée à 80 degrés.
23:22Dans la partie arrière, on a des brosses qui vont monter et descendre dans chaque bouteille.
23:28Chaque bouteille va être brossée deux fois.
23:30L'intérêt, c'est de nettoyer chimiquement, de saniter chimiquement la bouteille et mécaniquement par l'effet des brossages.
23:37Donc ici, j'ai un LED qui va me permettre de visualiser l'ensemble de la bouteille et de vérifier s'il y a des fêlures ou des salissures.
23:46Visuellement, il n'y a aucune différence.
23:50La qualité de l'habillage, que ce soit par l'étiquette en colle lavable ou par l'effet du verre, est complètement invisible.
23:57On va remplir les bouteilles et au fur et à mesure des commandes, elles passent à l'étiquetage ici.
24:02Donc les bouteilles, on peut les réutiliser 10 ou 20 fois sans souci.
24:05Sur le domaine, là, je vous parlais de 120 000, on récupère 50, 60 000 bouteilles.
24:09Donc tout ce que l'on ne récupère pas, c'est des gens qui ne nous les rendent pas.
24:13Des fois, on ne récupère que les caisses vides parce que le personnel, la facilité, la négligence, je ne sais pas.
24:22Je dirais, nous, on a quand même un réseau qui est assez habitué, qui se passe bien.
24:25Mais en nouvelle clientèle, il faut un peu de salive.
24:29Si le domaine Martin a su trouver une organisation adaptée à son échelle,
24:33généraliser le réemploi auprès de tous les vignerons des vins de Loire
24:37nécessite l'appui de l'acteur indépendant bout à bout.
24:40Avec près de 300 points de collecte répartis dans tout l'ouest de la France,
24:44bout à bout récupère, lave et remet en circulation des contenants en verre,
24:49aussi bien pour les particuliers que pour les professionnels.
24:51Son directeur général, Yann Priou, nous explique comment cette initiative
24:55peut désormais changer de dimension et passer à la vitesse supérieure.
24:59Le rôle de bout à bout, c'est vraiment d'accompagner les producteurs,
25:03donc les vignerons, là en l'occurrence, dans l'ensemble de leur circuit de distribution.
25:07Donc notre métier, le premier, c'est réceptionner, trier.
25:10Le deuxième métier, c'est stocker.
25:12On a un site qui fait 2500 m².
25:14Dès lors qu'on a des commandes de clients, des vignerons qui ont besoin de faire leur mise,
25:17on va laver les flux qui sont disponibles pour leur refournir.
25:24Les deux principaux flux, ce sont les bouteilles de bière et les bouteilles de jus.
25:27Les bouteilles de lait, de jus, le vin, c'est le troisième flux.
25:31On a le site le plus abouti et le plus poussé en termes de fonctionnement
25:36et de niveau de maîtrise sanitaire.
25:39Mais avec le développement de la filière, il faut encore qu'on puisse aller au-delà.
25:43Ici, on est sur la zone de réception, enfin de mise en œuvre des flux.
25:47Donc la première étape, c'est de les charger sur la ligne.
25:50Donc ensuite, toutes les bouteilles à laver arrivent à l'entrée de la laveuse.
25:54Et donc toutes les bouteilles qui arrivent vont subir un cycle de nettoyage qui dure à peu près entre 20 et 30 minutes.
26:00Donc la première étape consiste à vider les bouteilles.
26:03Donc en fait, elles sont retournées.
26:05Il y a un premier bain de pré-lavage, puis ensuite un deuxième bain de lavage.
26:10Donc les bouteilles sont complètement immergées.
26:12Il faut imaginer que dans le fond de la machine, les bouteilles sont la tête vers le haut.
26:16Et elles sont complètement trempées dans un bain de lavage qui est à 85 degrés.
26:20Et puis derrière, les bouteilles vont être sur toute la partie haute de la machine, mises la tête à l'envers.
26:26Et il va y avoir des buses qui vont venir rincer, enfin d'abord finir le lavage.
26:30Puis ensuite, on a des rinçages successifs.
26:32Et dès lors que la bouteille est propre et désinfectée,
26:35elle change de pièce avec une pièce qui est complètement propre et aseptique.
26:38Sur la réglementation, il y a des réglementations qui visent à promouvoir ou à pousser les producteurs ou les clients à passer au réemploi.
26:45Par contre, sur les normes d'hygiène et de réglementation,
26:48c'est quelque chose qu'on est en train d'écrire collectivement avec la filière.
26:52Ici, on est dans la zone propre.
26:53La première étape consiste à venir sécher les bouteilles.
26:57Ensuite, les bouteilles vont passer dans des machines de contrôle.
27:00Et on va vérifier qu'il n'y a pas de fissures, qu'il n'y a pas de traces d'humidité,
27:03qu'il n'y a pas de traces éventuelles,
27:05pour s'assurer que les bouteilles sont parfaitement aptes à être réutilisées.
27:08Et derrière, on refait avec un robot la palétisation des bouteilles.
27:12La communication auprès des consommateurs est clé.
27:15Et nous, tout seuls, ou chaque marque individuellement, ou chaque vigneron individuellement,
27:19ne peut pas toucher tous les consommateurs.
27:20C'est un travail collectif, mais aussi un travail qui va être appuyé par les éco-organismes.
27:24Et on croit beaucoup à la filière vin.
27:26Notamment, il y a des soutiens en ce moment,
27:29et il y a des programmes d'accompagnement pour aider la viticulture à passer au réemploi.
27:33On a notamment un dossier qui est en cours avec Interloir et toute l'interprofession
27:38pour, quelque part, aider à financer les vignerons, les opérateurs,
27:43dans leur transition vers leur emploi.
27:45Notre enjeu, c'est surtout les volumes.
27:47Parce qu'en fait, aujourd'hui, la filière de recyclage du verre
27:51permet d'avoir un modèle économique des bouteilles neuves compétitifs.
27:58Structurellement, le lavage des bouteilles coûte moins cher que le recyclage.
28:03Sous-titrage Société Radio-Canada
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