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  • il y a 3 jours
Retrouvez le débrief de l'actu du mardi 11 novembre dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:008h44, Christian Parizeau nous a rejoint. Bonjour, économiste et conseiller auprès d'Aurel BGC.
00:05On a plein de choses à voir ensemble.
00:06Christian, je rebondis sur la discussion qu'on avait avec Étienne sur les questions de capitaux européens.
00:10Et Ledger qui annonce qu'il veut aller partout dans le monde pour ce côté, mais ça ne sera pas en Europe.
00:15Philippe Béthaudière de GTT disait « c'est une erreur, ils ne font pas leur boulot, ils ne vont pas chercher les investisseurs américains ».
00:20Qu'est-ce que vous pensez, vous, de ce débat ?
00:22Oui, alors c'est vrai qu'on a tendance à dire que les Etats-Unis, c'est bien parce que c'est un marché profond,
00:27c'est un marché très liquide, ce qui est vrai, c'est un marché important.
00:31Et puis en plus, on le voit, il y a un écart de valorisation aujourd'hui.
00:34Si vous êtes la même entreprise qui serait cotée à New York et mieux valorisée qu'en Europe.
00:39Donc ça, ça pourrait interpeller.
00:41Mais sur le fond, c'est quoi ?
00:42C'est qu'on a une place américaine qui est devenue une place mondiale.
00:47Et une vraie place mondiale. Pourquoi ?
00:48Parce qu'aujourd'hui, vous avez même les Chinois, même des grandes entreprises chinoises se font coter aux Etats-Unis.
00:54Donc ce n'est pas qu'un problème européen.
00:56C'est qu'aujourd'hui, vous avez l'ensemble de l'épargne mondiale qui va sur les places américaines,
01:01qui va s'investir sur les places américaines et qui finalement valorise les actifs qui sont cotés.
01:06Ce n'est pas de l'épargne américaine.
01:07Mais ce n'est pas de l'épargne américaine.
01:08Alors juste un petit élément, je vous rappelle que la balance des paiements américaines est déficitaire.
01:12Je vous rappelle que les Américains n'épargnent pas, enfin globalement, macroéconomiquement.
01:17Donc ce n'est pas l'épargne américaine qu'on vient chercher, c'est l'épargne mondiale.
01:20Aujourd'hui, ce qui fait la liquidité sur les obligations du Trésor américain, c'est le fait que les fonds japonais préfèrent mettre une partie de leur portefeuille en obligations américaines.
01:31Donc aujourd'hui, les Européens, ils préfèrent investir une partie de leurs actions sur des actions qui sont cotées à New York.
01:37Et c'est peut-être là où il faut peut-être faire une différence.
01:39Parce que certes, c'est majoritairement les entreprises américaines qui sont cotées sur la bourse américaine, ça c'est historique.
01:44Mais quand vous regardez la taille du marché, quand vous regardez le nombre de valeurs qui sont cotées, c'est beaucoup aussi de valeurs étrangères.
01:51En plus, on voit que beaucoup d'entreprises européennes, via des systèmes de cotation, profitent aussi de cette liquidité.
01:59Donc attention, c'est plus le fait qu'on est en train de centraliser un marché central qui va être aux Etats-Unis, qui draine toute l'épargne mondiale.
02:09Mais ce qui veut dire que les Etats-Unis, c'est une sorte d'intermédiaire par lequel tout le monde passe.
02:13Oui, bien sûr, c'est principalement, je suis d'accord sur les GAFA, mais ils ont en plus un avantage technologique qui fait qu'ils ont développé un écosystème.
02:23Mais de plus en plus, la bourse américaine, c'est le reflet.
02:27Et c'est le dollar qui fait ça.
02:28Quand vous êtes épargnant, vous achetez un fonds américain, vous placez votre argent, vous placez via un fonds à un gérant américain qui va gérer derrière votre argent.
02:38Donc quelque part, c'est plus un système de cotation mondial et il draine l'épargne mondiale.
02:43Et c'est ça qui fait la valorisation.
02:45Alors c'est vrai que c'est un avantage compétitif parce qu'ils ont la recherche, ils suivent les titres,
02:49ils ont les intermédiaires financiers, les brokers qui vont traiter et quelque part, ça rend des marchés liquides.
02:57Et donc, ça attire la liquidité, attirant la liquidité, ça attire en grande partie la masse de capitaux.
03:03Mais il faut bien comprendre, ce n'est pas que l'épargne des ménages américains qu'on va chercher.
03:06C'est vrai qu'il y a une partie de la retraite qui est financée par capitalisation aux États-Unis.
03:11Mais ça, c'est une petite partie.
03:13Aujourd'hui, dans les flux, c'est des flux vraiment mondiaux.
03:15Autre actualité de la nuit, la lettre de Warren Buffett, très attendue bien évidemment.
03:20Il se retire à 95 ans, c'est une lettre testament, il parle de tout, de son appendicite, de ses sœurs, de son ancien associé.
03:27Qu'est-ce que vous avez retenu, vous, de cette lettre ?
03:29Non, après, on va le dire que c'est une page qui se tourne.
03:35Après, quand on regarde son historique, c'est quelqu'un qui n'a pas cédé au mode,
03:40qui avait une ligne d'investissement, une ligne directrice d'investissement qui était très microéconomique, très fondamentaliste.
03:47Et il a échappé et surtout, il a compris une chose, c'est qu'il faut avoir des liquidités quand plus personne n'en a.
03:53Et ça, c'était le grand coup de génie pour moi de Warren Buffett.
03:56On parle de beaucoup de choses, mais son grand coup de génie, c'est d'avoir acheté un assureur.
04:00Un assureur qui lui offrait de la liquidité.
04:02Parce qu'un assureur, qu'est-ce qu'il fait un assureur ?
04:03Quand vous prenez une assurance, vous versez votre prime et il va placer cet argent.
04:08Et puis, le jour où il y a un sinistre, il va vous redistribuer, il va gérer.
04:12Mais entre-temps, il gère l'argent.
04:13Il gère.
04:14Et donc, finalement, en ayant cet assureur, il a pu être liquide quand les autres n'y étaient pas.
04:19Et donc, lui, il a énormément profité des crises financières.
04:24Puisque c'est à ce moment-là où tout le monde se retirait, où tout le monde avait peur et plus personne voulait investir,
04:28que lui, il avait les moyens d'acheter à bas prix.
04:30Donc, je trouve qu'il y a deux choses qui sont intéressantes dans Warren Buffett.
04:33C'est, quand vous investissez, il faut que vous ayez une image et une stratégie claire.
04:39Après, voilà, il faut l'avoir et s'en tenir.
04:41Et après, avoir surtout des liquidités disponibles quand il le faut pour être contre le marché, mais au bon moment.
04:48Et c'est ça qui est le plus dur.
04:49Parce qu'aujourd'hui, par exemple, vous pouvez avoir le sentiment, peut-être à tort ou pas,
04:53ça c'est un gros débat, qu'on est sur du délire sur l'intelligence artificielle.
04:57Mais bon, vous pouvez attendre longtemps.
04:59Pour moi, ce n'est pas le moment de jouer contre le marché.
05:01Il faut plutôt laisser le marché véritablement.
05:03Et s'il y a vraiment une bulle, ça va éclater et ça va purger.
05:06Et ce sera à ce moment-là qu'il faudra être liquide et pouvoir revenir sur le marché.
05:09Donc, c'est des enseignements d'investissement.
05:11Et je pense qu'on en reparlera encore longtemps de plein d'autres choses.
05:14Ça, c'est que des petits exemples.
05:15Mais sur sa stratégie d'investissement et sur le fait qu'il faut savoir être contrarian au bon moment sur les marchés.
05:21Aux États-Unis, Christian, le shutdown s'est terminé.
05:23Ça aura coûté cher quand même ?
05:25Alors, ça a été coûté cher.
05:27L'avantage, c'est qu'on n'a pas de statistiques.
05:28Oui, évidemment.
05:29Au dos mouillé.
05:30Donc, ça va prendre du temps pour que tout ça revienne normal.
05:33Mais ce n'est pas fini, surtout.
05:34L'accord, c'est jusqu'à la fin janvier.
05:36Donc, en février, on peut de nouveau repartir sur un nouveau cycle.
05:40Là, en gros, ce qui a vraiment fait peur à l'administration Trump et aux autres,
05:43c'est qu'on commençait à arrêter le trafic aérien.
05:45Et qu'il y avait quand même le sans-giving, les déplacements sans-giving.
05:4810% des vols.
05:49Il y avait aussi les achats de Noël qui allaient être perturbés.
05:52Donc là, on fait une pause, mais on sent que la guerre n'est pas finie.
05:55Donc ça, c'est quand même un élément qu'il va falloir prendre en compte comme facteur de risque.
05:58Mais surtout, on voit qu'à travers ça, il y a un vrai problème aux États-Unis.
06:03Et de plus en plus, on est tous en train de le dire.
06:05On en parle tous.
06:06C'est cette croissance en cas qui pose un problème boursier.
06:08Parce que tout le monde investit sur que les valeurs qui vont bien.
06:11Ceux qui ont des actions, ceux qui n'en ont pas.
06:12Alors, il y a deux choses.
06:13Il y a le fait que, comme on a une croissance en cas,
06:16il y a des secteurs, il y a une grosse partie de l'économie qui va très mal.
06:19Avec des ménages qui s'appauvrissent,
06:21avec des ménages qui ont une vraie pression sur leur pouvoir d'achat.
06:23Et d'autres qui sont les grands gagnants.
06:24Mais ça se voit au niveau des sociétés.
06:26Et donc, ça crée un peu ce sentiment de bulle au niveau de la bourse américaine.
06:29Où on dit, les valeurs qui vont bien,
06:31comme les valeurs autour de l'intelligence officielle,
06:32tout le monde y va, mais il n'y a pas d'autre choix.
06:34Parce que tout le reste va mal.
06:35Et donc, on n'a pas envie d'acheter aujourd'hui du Coca-Cola,
06:38du Proper & Gamble et tout ça.
06:39Parce que là, on est vraiment là dans l'économie qui va très mal.
06:43Donc là, il y a un vrai problème pour l'administration Trump,
06:46en termes de communication.
06:47Il y a un vrai problème vis-à-vis de l'opinion publique.
06:49Et on voit que du côté républicain, ça leur pose problème.
06:52Parce qu'ils ont une réussite.
06:54Parce qu'en moyenne, la croissance est là.
06:56En moyenne, ça va bien.
06:57Mais aujourd'hui, cette inégalité de croissance
07:00de plus en plus marquée, ça fragilise.
07:02Parce que d'une part, à un moment donné,
07:04ce qui va aller mal risque d'entraîner ce qui va bien.
07:06Ça, c'est un premier risque.
07:08Et puis de l'autre, la majorité des Américains
07:09sont quand même perdants pour l'instant
07:11de cette première année de l'administration Trump.
07:13D'où l'annonce des 2000 dollars pour la classe moyenne.
07:16Voilà, parce que c'est complètement allurissant.
07:17Parce qu'on a d'un côté, ils prélèvent des droits de douane
07:19qui augmentent le coût de vie des Américains.
07:23Et donc, ils disent, je vais vous redonner les droits de douane
07:25pour compenser ça.
07:25Mais bon, on voit que quelque part,
07:27c'est quelque chose qui est contradictoire.
07:30Et puis, on voit que, clairement,
07:31ils ont un vrai problème de cette classe moyenne
07:33qui ne profite pas pour l'instant
07:34de la politique de M. Trump.
07:36Et en tout cas, ce qui est certain,
07:38c'est qu'on a de plus en plus des signaux de risque
07:41aujourd'hui sur l'économie américaine.
07:42Parce que quand vous avez une croissance
07:44qui devient de plus en plus équilibrée,
07:46ça veut dire que, par exemple,
07:48c'est des hedge funds qui vont prendre énormément de risques.
07:50On voit que le levier des hedge funds
07:51est au plus haut historique.
07:53Ça va être pourquoi ?
07:54Parce qu'on est confiant,
07:54on est confiant sur l'intelligence artificielle.
07:56On se dit, il n'y a pas de risque sur ce secteur-là.
07:57Tout va bien.
07:58Donc, je peux tout mettre.
07:59Et donc, ça veut dire que ça déséquilibre
08:00en termes de flux.
08:01Ça crée un risque de marché.
08:02Mais sur l'économie,
08:04ça crée aussi un risque.
08:05Parce qu'on voit que, de plus en plus,
08:06on a un marché du travail qui se dégrade.
08:08Que l'intelligence artificielle,
08:10c'est certes de la croissance économique.
08:12Mais c'est une croissance pauvre en emploi.
08:14Donc, finalement,
08:15ça crée de la paupérisation.
08:17Donc, on est dans le sentiment
08:19qu'à terme,
08:20on ne peut pas avoir quelque chose
08:22aussi déséquilibré
08:23en termes de croissance.
08:24Et que cette croissance en cas,
08:26à un moment donné,
08:26va être payée chèrement par l'éducation.
08:28Et tout ça, ça donne quoi
08:29en matière de politique des taux ?
08:31Parce que, du coup, vous faites quoi ?
08:32D'où la problématique
08:33de la Banque Centrale Américaine.
08:35Parce que, d'un côté,
08:36elle a dit,
08:36l'économie va bien en moyenne,
08:38mais elle va très mal
08:39si je regarde dans la loupe.
08:40Et donc, ils sont pris un peu
08:41entre deux taux.
08:42parce que,
08:43s'ils commencent à baisser les taux,
08:45tout le monde va acheter
08:46les valeurs qui vont bien.
08:47Ils vont dire,
08:48c'est bien pour ces valeurs de croissance,
08:49ces Amazones, etc.
08:50C'est des valeurs qu'il faut acheter
08:52sur une baisse des taux
08:52parce que ça va encore les aider.
08:54Elles vont pouvoir encore plus emprunter.
08:55Elles vont encore pouvoir plus investir
08:56dans des secteurs d'avenir.
08:58Mais de l'autre,
08:59si je maintiens une politique restrictive,
09:02je vais encore plus abîmer
09:03toute la partie de l'économie
09:04qui va mal.
09:05D'où le fait qu'au sein
09:06de la Banque Centrale,
09:07on est très, très, très embêtés
09:08et on a des divergences
09:10de ce point de vue
09:10parce qu'après,
09:11ils le disent.
09:12Après, on regarde l'inflation,
09:13on regarde l'emploi.
09:14Mais ils sont pris en tenaille
09:15entre le fait que,
09:17finalement,
09:17ce n'est pas une économie facile
09:18à gérer en ce moment.

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