00:00Il est 7h44 sur BFM Business et sur AMC Découverte. 11e édition de Big ce 23 septembre à l'Accor Arena Nicolas Dufault.
00:08On est en pleine répétition ici, il y a un peu de bruit mais c'est normal, c'est une fourmilière cet événement.
00:14Bonjour, merci d'être avec nous, vous êtes le directeur général de BPI France.
00:19On entend beaucoup d'opéra derrière, le thème cette année de la 11e édition c'est la vérité.
00:23Vous voulez que les entrepreneurs prennent la parole, vous l'avez fait vous toute la semaine dernière,
00:26vous voulez qu'ils parlent, qu'ils racontent leur quotidien, oui mais ils ont un peu peur quand même de prendre la parole.
00:31Il faut qu'ils dépassent cette peur.
00:34Oui bien sûr, je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi on a peur de s'exprimer en réalité.
00:38C'est tout simplement ce que demande la société française.
00:41La société française à 80% elle dit qu'elle aime les entrepreneurs.
00:45Et aussi à 80% elle aimerait les taxer.
00:48Donc c'est qu'il y a quelque chose qui ne se passe pas.
00:51La société française a envie d'entendre les entrepreneurs.
00:53Mais pour qu'ils racontent quoi ?
00:54Ce qu'ils vivent dans leur boîte, leurs relations avec leurs salariés,
00:57la manière dont ils sont impliqués dans les territoires, c'est ça qu'il faut qu'ils racontent ?
01:01Oui, tout simplement, vous l'avez dit.
01:03Absolument.
01:04C'est-à-dire qu'est-ce que c'est que la vie quotidienne d'un entrepreneur ?
01:06Qu'est-ce que c'est que la beauté de l'économie ?
01:08Qu'est-ce que c'est que la joie de construire une entreprise pas à pas sur une vie professionnelle ?
01:13Qu'est-ce que c'est que d'assurer la fierté de la France à l'étranger ?
01:15Il n'y a que des valeurs positives.
01:16Il y a un côté ici fait à cet événement.
01:20Vous voulez aussi que les Français participent.
01:23Il ne faut plus segmenter cette catégorie entrepreneurs.
01:25Parfois la French Tech qu'on met d'un côté en disant
01:27c'est des Parisiens, c'est des start-upers, c'est un autre monde.
01:30Et les ETI, vous voulez ramener les deux mondes ensemble ?
01:33Oui, vous avez complètement raison.
01:34En réalité, on mesure à la BPI quelque chose qui s'appelle l'indice de l'entrepreneuriat français
01:39qui compte parmi les Français adultes, ceux qui sont entrepreneurs, ont été entrepreneurs, veulent être entrepreneurs.
01:45Ça fait 32% de la population.
01:48Donc tout le monde passe par l'entrepreneuriat à un moment de sa vie.
01:52Et donc l'idée qu'il y ait des catégories ne tient plus la route dans la société moderne que nous vivons.
01:56Alors vous-même, vous avez pris la parole ces derniers temps sur les questions de taxation.
02:01Ça vous rend chèvre, si je puis dire, qu'on ait envie que ce soit la première chose qu'on fasse en France.
02:06C'est vouloir taxer les entrepreneurs avant même de penser à réduire les dépenses, avant même de réorganiser l'État.
02:11La taxe, c'est le premier réflexe.
02:14Oui, la taxe est le premier réflexe parce qu'elle est la conséquence de la peur en réalité.
02:18Et du refus de voir qu'il faut qu'on se mette tous autour de la table, un peu comme une grande famille,
02:23pour reconnaître que la France a changé et a beaucoup vieilli.
02:26Nous ne sommes plus du tout la France des années 80 ou même du début des années 90.
02:29Avec 18 à 20 millions de retraités, la France a beaucoup vieilli.
02:34Et donc le contrat social a inévitablement changé.
02:36Donc les dépenses de santé explosent et les dépenses de retraite explosent.
02:40Il faut qu'on traite le problème.
02:42Et ce n'est pas en taxant les entreprises qu'on va traiter le problème.
02:45Le problème est beaucoup, beaucoup plus large que la question même de la fiscalité sur les entreprises.
02:50Et donc parlons-en.
02:51Parlons de ce que c'est que ce nouveau pays qui est devant nous,
02:54qui est un pays où il y a beaucoup plus de cheveux blancs sur les plages.
02:56– Jean-Marc Daniel, il dit qu'il faut arrêter de penser usine, il faut penser EHPAD.
02:59Mais il le dit avec ses mots, mais c'est un peu l'idée.
03:01C'est-à-dire qu'il faut penser financement du grand âge, vieillissement de la population.
03:05On n'arrive pas à se projeter dans cette France-là.
03:07– Et pourtant, elle est devant nous.
03:09Elle est absolument devant nous.
03:10Quand vous avez une augmentation de 300 000 par an du nombre de Français
03:14qui rentrent dans le régime de ce qu'on appelle les infections de longue durée remboursées à 100%
03:17parce que ce sont des personnes âgées,
03:19c'est bien que la France est en train de bouger devant nous.
03:21Donc la France a vieilli.
03:23Donc comment est-ce qu'on construit un système de solidarité
03:27et une grande économie dans un pays qui a vieilli ?
03:30Reconnaissons-le.
03:30– Vous faites partie de ceux qui disent que l'économie française va bien.
03:34On entend parfois Patrick Martin, le président du MEDEF, dire
03:37c'est la récession, on n'en parle pas assez, les chiffres de l'INSEE ne disent pas ça.
03:40Même si évidemment on a une croissance qui est molle,
03:43vous dites qu'il faut arrêter de se flageller sur le niveau de l'économie française.
03:47Nous n'allons pas si mal.
03:48– Nous n'allons pas si mal, ça fait, je le dis, depuis des années.
03:52Mais nous n'irons pas non plus extraordinairement bien.
03:55C'est-à-dire que ceux qui nous promettent le point de croissance supplémentaire
03:58qui va nous sauver, en fait, je n'y crois plus.
04:01Et on ne peut plus y croire dans une France précisément qui a vieilli.
04:04Donc reconnaissons que la France est un pays qui produit 1% de croissance.
04:07Parfois c'est 0,6, parfois c'est 0,8, parfois c'est 1,2.
04:10Mais c'est grosso modo dans ce tunnel que nous sommes,
04:13notamment grâce à l'État-providence qui empêche l'économie de tomber, toujours.
04:16Donc les amortisseurs sont considérables.
04:19Et dans ce contexte-là, construisons l'économie la plus compétitive possible.
04:24Et il se trouve qu'aujourd'hui, je peux dire qu'en cet automne 2025,
04:28nous n'avons jamais eu autant de projets dans nos agences régionales que depuis des années.
04:33La France est féconde.
04:34Les entrepreneurs sont incroyablement féconds.
04:36Vous dites ça parfois quand on interroge France 2030.
04:39Ils disent qu'on manque de projets, on a des sous, mais on ne sait pas complètement où les investir.
04:43Non, ça je ne suis pas d'accord.
04:44France 2030, au contraire, est obligée d'être extrêmement sélectif.
04:48Ce qui fait beaucoup de déceptions.
04:49Puisqu'en fait, on décide de financer grosso modo un projet sur quatre.
04:53Il y a trois projets sur quatre que nous refusons dans nos instructions France 2030.
04:58Non, non, il y a énormément de volonté, énormément de désir d'investir, d'innover dans notre pays.
05:03Mais est-ce que vous voyez, ce sont des projets, c'est des ministres à l'AI qui sont en train de germer
05:08ou c'est beaucoup d'auto-entrepreneurs qui changent de voie et donc parfois qui sont mal orientés ?
05:14Non, ce sont des vrais projets ?
05:15Non, non, non, je ne parle pas d'auto-entrepreneurs.
05:16Je parle de projets de petites PME, de TPE technologiques pour commencer, de start-up industrielles.
05:23Je parle de projets innovants qui viennent du monde de la PME, de la French Fab des territoires.
05:29Je parle de gros projets qui viennent des grandes entreprises françaises.
05:31Et quand vous faites la masse de tout ça, on n'a pas assez d'argent pour le financer.
05:36On n'a pas assez d'argent public, mais surtout, il n'y a pas assez d'argent privé.
05:39Donc j'ai fait une grande, grande croisade pour aller essayer de convaincre les grandes poches
05:43et en particulier d'ailleurs les grandes familles françaises et européennes
05:47d'aller investir une partie de leur patrimoine dans la rupture technologique.
05:51Vous allez même faire un tour de France de l'industrie.
05:53Oui, qui commence aujourd'hui.
05:54Qui commence aujourd'hui pour aller chercher des projets industriels.
05:58On avait ce rapport ce matin qui nous dit que la fiscalité va jouer là aussi un rôle fondamental
06:02et qui dit qu'il faut baisser la fiscalité sur les questions industrielles pour pousser à la réindustrialisation du pays.
06:07Là encore, on en revient au sujet de taxation.
06:10Écoutez, c'est très simple.
06:12Dans l'industrie, ce que vous payez en impôts, c'est ce qui vous manque pour investir en robots.
06:17Après, vous avez l'explication de la raison pour laquelle il y a beaucoup moins de robots en France qu'en Italie ou qu'en Allemagne.
06:23Si on avait moins d'impôts, on aurait plus de robots.
06:25Mais c'est évident. Mais il n'y a pas un entrepreneur de l'industrie qui ne vous dira pas ça.
06:29C'est tout. Donc tout ce qui reste dans l'entreprise est investi en machines.
06:32L'industrie, c'est la machine depuis toujours.
06:35Et d'ailleurs, ceux qui font l'industrie sont ceux qui aiment la machine.
06:37C'est des passionnés de machines. C'est des dingues de machines.
06:40Donc vous leur laissez des moyens, par exemple en réduisant les impôts de production,
06:44ils vont acheter des machines. Les machines d'aujourd'hui s'appellent les robots.
06:47Et donc c'est une équation qui est au moins simple et vertueuse.
06:50Sur la politique de l'offre, quand vous faites le bilan de cette année Macron,
06:54quand on voit aujourd'hui les critiques qui peuvent être émises sur le CICE, sur le Pacte d'Utrecht,
06:59et qu'en fait finalement ça ne pousse pas l'entrepreneuriat, ça ne pousse pas au tissu économique.
07:05Vous dites quand même qu'il fallait regarder du côté peut-être de l'emploi pour voir des choses positives.
07:09Ne jetez pas tout avec l'eau du bain.
07:11– Oui, c'est assez classique qu'il y ait des retours de manivelles,
07:17mais dans le livre que j'ai écrit sur la désindustrialisation de la France,
07:20je dis que le Pacte d'Utrecht a sauvé l'industrie française.
07:24– Aujourd'hui on réfléchit à l'élimé un petit peu.
07:26– Quand il a été voté en 2003.
07:29Il a déjà été constamment modifié.
07:30C'est devenu un peu parfois même une usine à gaz pour les juristes, les notaires et les fiscalistes en particulier.
07:37– Sans ça, nos boîtes auraient été vendues ?
07:39– Terminé, terminé, terminé, absolument.
07:42Donc le Pacte d'Utrecht, c'est la version française de ce qui existe en Allemagne,
07:45de ce qui existe en Italie,
07:46qui permet la transmission des entreprises familiales dans la durée,
07:49qui est fondamentale pour l'ancrage de l'industrie dans les territoires.
07:52Fondamentale.
07:53Donc le Pacte d'Utrecht, il faut le protéger.
07:55Le CICE et le Pacte de responsabilité du Président Hollande
07:58et ensuite les baisses de charges du Président Macron
08:01expliquent la baisse du chômage français.
08:03Donc qu'est-ce qu'on veut ?
08:05On veut rester à 7% de chômage ou on veut remonter à 10 ?
08:07C'est pas compliqué.
08:08Mais il faut dire les choses aux gens.
08:10– Mais vous savez que le dernier livre…
08:12– Et après tout ça, le coût du travail en France reste plus élevé qu'à l'étranger.
08:17– Mais justement, sur ce CICE, sur ces aides d'entreprise…
08:20– Mais c'est pas des aides d'entreprise.
08:21– Alors justement, le dernier livre quand même sur la question
08:23s'appelle « Le grand détournement, comment les milliardaires et les multinationales
08:27captent l'argent de l'État ».
08:28C'est un livre de Caroline Michel-Aguirre.
08:30Rien que le titre vous dit quand même tout le sujet qu'on a en France.
08:33C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'il y a un vol.
08:35– Oui, c'est absolument mensonger.
08:38On va dire que ce qui est dit, ce qui est titré…
08:42Alors on va dire que c'est une contre-vérité.
08:44Moi je dis que c'est juste un mensonge.
08:45C'est faux, voilà.
08:47Les allègements de charges ne sont pas des aides aux entreprises.
08:49Elles sont la conséquence du fait que, depuis Raymond Barr,
08:52la France a fait le choix de surtaxer le travail.
08:55Et la conséquence a été le chômage de masse.
08:58Donc on revient petit à petit sur ce choix.
09:00Et on s'aligne sur ce qu'on fait d'autres pays.
09:02Notamment l'Allemagne, à nos côtés.
09:04Et en dépit de ça, le coût du travail français reste plus élevé qu'à l'étranger.
09:08C'est tout.
09:09Et donc si on veut faire bosser nos enfants,
09:12il faut faire en sorte que les entreprises puissent les recruter.
09:15Donc ce ne sont pas des aides aux entreprises, des allègements de charges.
09:17C'est la correction d'une erreur macroéconomique, politique et fiscale
09:21réalisée dans les années 70 et 80.
09:23Nicolas Dufour, vous disiez qu'il y a une entreprise sur quatre qu'on finance.
09:27Donc il y a trois entreprises sur quatre qui sont déçues.
09:28Il y en a une que vous financez qui est en train de se développer.
09:30C'est Vela.
09:31C'est le projet de François Gabart.
09:32Il va nous rejoindre dans un instant.
09:34Oui.
09:34En financement d'innovation.
09:37Dans l'industrie, on finance 55% des PME industrielles.
09:40Ce qui est énorme.
09:41Ce qui est énorme.
09:42Et on veut monter à 70% parce que notre rôle,
09:44c'est d'être les militants de la cause.
09:45Et donc d'être un peu comme ça sur les territoires absolument présents
09:49auprès de l'ensemble de l'écosystème français.
09:51Merci.