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  • il y a 2 jours
Nicolas Duforcq, directeur général de Bpifrance, était l'invité de Laure Closier dans Good Morning Business, ce mardi 23 septembre. Ils sont revenus sur l'avenir des entrepreneurs français en rapport avec la situation politique ainsi que l'évolution de l'offre et la demande, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Il est 7h44 sur BFM Business et sur AMC Découverte. 11e édition de Big ce 23 septembre à l'Accor Arena Nicolas Dufault.
00:08On est en pleine répétition ici, il y a un peu de bruit mais c'est normal, c'est une fourmilière cet événement.
00:14Bonjour, merci d'être avec nous, vous êtes le directeur général de BPI France.
00:19On entend beaucoup d'opéra derrière, le thème cette année de la 11e édition c'est la vérité.
00:23Vous voulez que les entrepreneurs prennent la parole, vous l'avez fait vous toute la semaine dernière,
00:26vous voulez qu'ils parlent, qu'ils racontent leur quotidien, oui mais ils ont un peu peur quand même de prendre la parole.
00:31Il faut qu'ils dépassent cette peur.
00:34Oui bien sûr, je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi on a peur de s'exprimer en réalité.
00:38C'est tout simplement ce que demande la société française.
00:41La société française à 80% elle dit qu'elle aime les entrepreneurs.
00:45Et aussi à 80% elle aimerait les taxer.
00:48Donc c'est qu'il y a quelque chose qui ne se passe pas.
00:51La société française a envie d'entendre les entrepreneurs.
00:53Mais pour qu'ils racontent quoi ?
00:54Ce qu'ils vivent dans leur boîte, leurs relations avec leurs salariés,
00:57la manière dont ils sont impliqués dans les territoires, c'est ça qu'il faut qu'ils racontent ?
01:01Oui, tout simplement, vous l'avez dit.
01:03Absolument.
01:04C'est-à-dire qu'est-ce que c'est que la vie quotidienne d'un entrepreneur ?
01:06Qu'est-ce que c'est que la beauté de l'économie ?
01:08Qu'est-ce que c'est que la joie de construire une entreprise pas à pas sur une vie professionnelle ?
01:13Qu'est-ce que c'est que d'assurer la fierté de la France à l'étranger ?
01:15Il n'y a que des valeurs positives.
01:16Il y a un côté ici fait à cet événement.
01:20Vous voulez aussi que les Français participent.
01:23Il ne faut plus segmenter cette catégorie entrepreneurs.
01:25Parfois la French Tech qu'on met d'un côté en disant
01:27c'est des Parisiens, c'est des start-upers, c'est un autre monde.
01:30Et les ETI, vous voulez ramener les deux mondes ensemble ?
01:33Oui, vous avez complètement raison.
01:34En réalité, on mesure à la BPI quelque chose qui s'appelle l'indice de l'entrepreneuriat français
01:39qui compte parmi les Français adultes, ceux qui sont entrepreneurs, ont été entrepreneurs, veulent être entrepreneurs.
01:45Ça fait 32% de la population.
01:48Donc tout le monde passe par l'entrepreneuriat à un moment de sa vie.
01:52Et donc l'idée qu'il y ait des catégories ne tient plus la route dans la société moderne que nous vivons.
01:56Alors vous-même, vous avez pris la parole ces derniers temps sur les questions de taxation.
02:01Ça vous rend chèvre, si je puis dire, qu'on ait envie que ce soit la première chose qu'on fasse en France.
02:06C'est vouloir taxer les entrepreneurs avant même de penser à réduire les dépenses, avant même de réorganiser l'État.
02:11La taxe, c'est le premier réflexe.
02:14Oui, la taxe est le premier réflexe parce qu'elle est la conséquence de la peur en réalité.
02:18Et du refus de voir qu'il faut qu'on se mette tous autour de la table, un peu comme une grande famille,
02:23pour reconnaître que la France a changé et a beaucoup vieilli.
02:26Nous ne sommes plus du tout la France des années 80 ou même du début des années 90.
02:29Avec 18 à 20 millions de retraités, la France a beaucoup vieilli.
02:34Et donc le contrat social a inévitablement changé.
02:36Donc les dépenses de santé explosent et les dépenses de retraite explosent.
02:40Il faut qu'on traite le problème.
02:42Et ce n'est pas en taxant les entreprises qu'on va traiter le problème.
02:45Le problème est beaucoup, beaucoup plus large que la question même de la fiscalité sur les entreprises.
02:50Et donc parlons-en.
02:51Parlons de ce que c'est que ce nouveau pays qui est devant nous,
02:54qui est un pays où il y a beaucoup plus de cheveux blancs sur les plages.
02:56– Jean-Marc Daniel, il dit qu'il faut arrêter de penser usine, il faut penser EHPAD.
02:59Mais il le dit avec ses mots, mais c'est un peu l'idée.
03:01C'est-à-dire qu'il faut penser financement du grand âge, vieillissement de la population.
03:05On n'arrive pas à se projeter dans cette France-là.
03:07– Et pourtant, elle est devant nous.
03:09Elle est absolument devant nous.
03:10Quand vous avez une augmentation de 300 000 par an du nombre de Français
03:14qui rentrent dans le régime de ce qu'on appelle les infections de longue durée remboursées à 100%
03:17parce que ce sont des personnes âgées,
03:19c'est bien que la France est en train de bouger devant nous.
03:21Donc la France a vieilli.
03:23Donc comment est-ce qu'on construit un système de solidarité
03:27et une grande économie dans un pays qui a vieilli ?
03:30Reconnaissons-le.
03:30– Vous faites partie de ceux qui disent que l'économie française va bien.
03:34On entend parfois Patrick Martin, le président du MEDEF, dire
03:37c'est la récession, on n'en parle pas assez, les chiffres de l'INSEE ne disent pas ça.
03:40Même si évidemment on a une croissance qui est molle,
03:43vous dites qu'il faut arrêter de se flageller sur le niveau de l'économie française.
03:47Nous n'allons pas si mal.
03:48– Nous n'allons pas si mal, ça fait, je le dis, depuis des années.
03:52Mais nous n'irons pas non plus extraordinairement bien.
03:55C'est-à-dire que ceux qui nous promettent le point de croissance supplémentaire
03:58qui va nous sauver, en fait, je n'y crois plus.
04:01Et on ne peut plus y croire dans une France précisément qui a vieilli.
04:04Donc reconnaissons que la France est un pays qui produit 1% de croissance.
04:07Parfois c'est 0,6, parfois c'est 0,8, parfois c'est 1,2.
04:10Mais c'est grosso modo dans ce tunnel que nous sommes,
04:13notamment grâce à l'État-providence qui empêche l'économie de tomber, toujours.
04:16Donc les amortisseurs sont considérables.
04:19Et dans ce contexte-là, construisons l'économie la plus compétitive possible.
04:24Et il se trouve qu'aujourd'hui, je peux dire qu'en cet automne 2025,
04:28nous n'avons jamais eu autant de projets dans nos agences régionales que depuis des années.
04:33La France est féconde.
04:34Les entrepreneurs sont incroyablement féconds.
04:36Vous dites ça parfois quand on interroge France 2030.
04:39Ils disent qu'on manque de projets, on a des sous, mais on ne sait pas complètement où les investir.
04:43Non, ça je ne suis pas d'accord.
04:44France 2030, au contraire, est obligée d'être extrêmement sélectif.
04:48Ce qui fait beaucoup de déceptions.
04:49Puisqu'en fait, on décide de financer grosso modo un projet sur quatre.
04:53Il y a trois projets sur quatre que nous refusons dans nos instructions France 2030.
04:58Non, non, il y a énormément de volonté, énormément de désir d'investir, d'innover dans notre pays.
05:03Mais est-ce que vous voyez, ce sont des projets, c'est des ministres à l'AI qui sont en train de germer
05:08ou c'est beaucoup d'auto-entrepreneurs qui changent de voie et donc parfois qui sont mal orientés ?
05:14Non, ce sont des vrais projets ?
05:15Non, non, non, je ne parle pas d'auto-entrepreneurs.
05:16Je parle de projets de petites PME, de TPE technologiques pour commencer, de start-up industrielles.
05:23Je parle de projets innovants qui viennent du monde de la PME, de la French Fab des territoires.
05:29Je parle de gros projets qui viennent des grandes entreprises françaises.
05:31Et quand vous faites la masse de tout ça, on n'a pas assez d'argent pour le financer.
05:36On n'a pas assez d'argent public, mais surtout, il n'y a pas assez d'argent privé.
05:39Donc j'ai fait une grande, grande croisade pour aller essayer de convaincre les grandes poches
05:43et en particulier d'ailleurs les grandes familles françaises et européennes
05:47d'aller investir une partie de leur patrimoine dans la rupture technologique.
05:51Vous allez même faire un tour de France de l'industrie.
05:53Oui, qui commence aujourd'hui.
05:54Qui commence aujourd'hui pour aller chercher des projets industriels.
05:58On avait ce rapport ce matin qui nous dit que la fiscalité va jouer là aussi un rôle fondamental
06:02et qui dit qu'il faut baisser la fiscalité sur les questions industrielles pour pousser à la réindustrialisation du pays.
06:07Là encore, on en revient au sujet de taxation.
06:10Écoutez, c'est très simple.
06:12Dans l'industrie, ce que vous payez en impôts, c'est ce qui vous manque pour investir en robots.
06:17Après, vous avez l'explication de la raison pour laquelle il y a beaucoup moins de robots en France qu'en Italie ou qu'en Allemagne.
06:23Si on avait moins d'impôts, on aurait plus de robots.
06:25Mais c'est évident. Mais il n'y a pas un entrepreneur de l'industrie qui ne vous dira pas ça.
06:29C'est tout. Donc tout ce qui reste dans l'entreprise est investi en machines.
06:32L'industrie, c'est la machine depuis toujours.
06:35Et d'ailleurs, ceux qui font l'industrie sont ceux qui aiment la machine.
06:37C'est des passionnés de machines. C'est des dingues de machines.
06:40Donc vous leur laissez des moyens, par exemple en réduisant les impôts de production,
06:44ils vont acheter des machines. Les machines d'aujourd'hui s'appellent les robots.
06:47Et donc c'est une équation qui est au moins simple et vertueuse.
06:50Sur la politique de l'offre, quand vous faites le bilan de cette année Macron,
06:54quand on voit aujourd'hui les critiques qui peuvent être émises sur le CICE, sur le Pacte d'Utrecht,
06:59et qu'en fait finalement ça ne pousse pas l'entrepreneuriat, ça ne pousse pas au tissu économique.
07:05Vous dites quand même qu'il fallait regarder du côté peut-être de l'emploi pour voir des choses positives.
07:09Ne jetez pas tout avec l'eau du bain.
07:11– Oui, c'est assez classique qu'il y ait des retours de manivelles,
07:17mais dans le livre que j'ai écrit sur la désindustrialisation de la France,
07:20je dis que le Pacte d'Utrecht a sauvé l'industrie française.
07:24– Aujourd'hui on réfléchit à l'élimé un petit peu.
07:26– Quand il a été voté en 2003.
07:29Il a déjà été constamment modifié.
07:30C'est devenu un peu parfois même une usine à gaz pour les juristes, les notaires et les fiscalistes en particulier.
07:37– Sans ça, nos boîtes auraient été vendues ?
07:39– Terminé, terminé, terminé, absolument.
07:42Donc le Pacte d'Utrecht, c'est la version française de ce qui existe en Allemagne,
07:45de ce qui existe en Italie,
07:46qui permet la transmission des entreprises familiales dans la durée,
07:49qui est fondamentale pour l'ancrage de l'industrie dans les territoires.
07:52Fondamentale.
07:53Donc le Pacte d'Utrecht, il faut le protéger.
07:55Le CICE et le Pacte de responsabilité du Président Hollande
07:58et ensuite les baisses de charges du Président Macron
08:01expliquent la baisse du chômage français.
08:03Donc qu'est-ce qu'on veut ?
08:05On veut rester à 7% de chômage ou on veut remonter à 10 ?
08:07C'est pas compliqué.
08:08Mais il faut dire les choses aux gens.
08:10– Mais vous savez que le dernier livre…
08:12– Et après tout ça, le coût du travail en France reste plus élevé qu'à l'étranger.
08:17– Mais justement, sur ce CICE, sur ces aides d'entreprise…
08:20– Mais c'est pas des aides d'entreprise.
08:21– Alors justement, le dernier livre quand même sur la question
08:23s'appelle « Le grand détournement, comment les milliardaires et les multinationales
08:27captent l'argent de l'État ».
08:28C'est un livre de Caroline Michel-Aguirre.
08:30Rien que le titre vous dit quand même tout le sujet qu'on a en France.
08:33C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'il y a un vol.
08:35– Oui, c'est absolument mensonger.
08:38On va dire que ce qui est dit, ce qui est titré…
08:42Alors on va dire que c'est une contre-vérité.
08:44Moi je dis que c'est juste un mensonge.
08:45C'est faux, voilà.
08:47Les allègements de charges ne sont pas des aides aux entreprises.
08:49Elles sont la conséquence du fait que, depuis Raymond Barr,
08:52la France a fait le choix de surtaxer le travail.
08:55Et la conséquence a été le chômage de masse.
08:58Donc on revient petit à petit sur ce choix.
09:00Et on s'aligne sur ce qu'on fait d'autres pays.
09:02Notamment l'Allemagne, à nos côtés.
09:04Et en dépit de ça, le coût du travail français reste plus élevé qu'à l'étranger.
09:08C'est tout.
09:09Et donc si on veut faire bosser nos enfants,
09:12il faut faire en sorte que les entreprises puissent les recruter.
09:15Donc ce ne sont pas des aides aux entreprises, des allègements de charges.
09:17C'est la correction d'une erreur macroéconomique, politique et fiscale
09:21réalisée dans les années 70 et 80.
09:23Nicolas Dufour, vous disiez qu'il y a une entreprise sur quatre qu'on finance.
09:27Donc il y a trois entreprises sur quatre qui sont déçues.
09:28Il y en a une que vous financez qui est en train de se développer.
09:30C'est Vela.
09:31C'est le projet de François Gabart.
09:32Il va nous rejoindre dans un instant.
09:34Oui.
09:34En financement d'innovation.
09:37Dans l'industrie, on finance 55% des PME industrielles.
09:40Ce qui est énorme.
09:41Ce qui est énorme.
09:42Et on veut monter à 70% parce que notre rôle,
09:44c'est d'être les militants de la cause.
09:45Et donc d'être un peu comme ça sur les territoires absolument présents
09:49auprès de l'ensemble de l'écosystème français.
09:51Merci.

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