- il y a 5 jours
Les informés du matin du 3 novembre 2025
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00:00Deux questions à la une ce matin. Le piège de la surenchère fiscale est-il en train de se refermer sur l'exécutif ?
00:06Et puis le RN plus que jamais favori pour 2027.
00:11Pour nous éclairer aujourd'hui nos informés, Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP.
00:15Bonjour Stéphanie.
00:15Bonjour.
00:16Étienne Girard, directeur adjoint de la rédaction de l'Express.
00:19Bonjour Étienne.
00:19Bonjour Égates.
00:20Et Fanny Guinochet, éditorialiste économie à France Info.
00:23Bonjour Fanny.
00:23Bonjour.
00:23On commence avec notre premier sujet, Renaud, avalanche d'impôts nouveaux.
00:27Lors de l'examen de la première partie du projet de loi de finances, du budget, consacré aux recettes de l'État,
00:33pendant sept jours, les députés ont approuvé plusieurs nouvelles taxes, plusieurs hausses d'impôts,
00:38parmi lesquelles on peut citer un nouvel impôt sur la fortune improductive,
00:41l'alourdissement de la taxation du rachat d'actions, un impôt sur les bénéfices des multinationales,
00:45un doublement de la taxe sur les GAFAM et bien d'autres.
00:48Alors s'agit-il d'une orientation politique bienvenue qui est défendue par ceux qui prônent ces nouvelles taxes ?
00:57Économiste, prix Nobel d'économie 2025.
01:12Moi mon sentiment c'est la chose suivante, c'est qu'il va falloir faire des efforts,
01:16il faut que tout le monde un peu se serre la ceinture.
01:17C'est très vrai que c'est difficile de demander des efforts aux Français si les plus riches d'entre eux ne participent pas à l'effort.
01:25Donc je pense que l'idée de dire il faut également faire participer les plus fortunés, ça me paraît normal.
01:32La question c'est de le faire sans nuire à l'outil économique et à l'innovation.
01:38Et moi il me semblait qu'il y avait des pistes assez claires,
01:42c'était celui des niches fiscales et des holdings patrimoniales.
01:44Des pistes qui ont été en grande partie négligées, en tout cas dans la première partie de ce débat,
01:49notamment la question des niches fiscales, peut-être d'ailleurs pour des raisons électoralistes,
01:53puisque chaque niche fiscale évidemment est défendue par un certain nombre de corporations ou de catégories d'électeurs.
01:59Alors sur le principe donc faire participer l'ensemble et notamment les plus revenus à l'effort,
02:05Philippe Aguillon trouve évidemment ce principe légitime.
02:07Mais comment le faire sans nuire à l'activité économique ?
02:10C'est d'ailleurs cet argument qui avait été mis en avant par tous ceux qui se sont opposés à l'adoption de la taxe Zuckmann,
02:16parce qu'elle intégrait les biens professionnels.
02:19Donc est-ce que ce budget peut accoucher d'un équilibre justement,
02:25qui à la fois fasse avancer la justice fiscale sans nuire à l'activité économique ?
02:28Vous le voyez là l'équilibre, Fanny Guilinochet, dans les dernières mesures adoptées par les députés ?
02:33Il est difficile à trouver et on ne sait pas du tout comment ce budget va atterrir,
02:36parce qu'on a vu la séquence à l'Assemblée nationale,
02:40mais il va y avoir le passage par le Sénat qui est plutôt majoritairement à droite.
02:44Donc il risque d'y avoir quelques changements.
02:46On voit bien que pour le coup, si on fait le bilan de la semaine,
02:49les entreprises sont les grandes perdantes de la discussion budgétaire,
02:54puisqu'elles se retrouvent avec un alourdissement d'un certain nombre de taxes,
02:58et de prélèvements, même si elles ont échappé à la taxe Zuckmann,
03:01comme le rappelait Renaud.
03:04Et bon, cet impôt improductif, en tout cas sur la fortune improductive,
03:10il y a quand même...
03:10C'est un impôt nouveau, donc l'impôt sur la fortune improductive,
03:13c'est-à-dire qu'il a été voté vendredi.
03:14C'est l'impôt sur la fortune immobilière qui va taxer les actifs improductifs,
03:18les yachts, les placements d'assurance-vie aussi.
03:20Voilà, il y a aussi les placements d'assurance-vie, dont on sait qu'ils sont importants pour l'économie aujourd'hui,
03:26parce qu'ils financent une partie du logement social, ils financent une partie de notre économie.
03:31Donc c'est vrai, et c'est ce qu'il faisait dire tout à l'heure à Philippe Aguillon, à votre micro,
03:35qu'il était parfois déçu de voir certains députés qui ont un niveau en matière économique assez dérisoire.
03:46C'est vrai que, quoi qu'il en soit, si on fait le bilan de la semaine,
03:50les entreprises sont plutôt largement mises à contribution.
03:53Il y a LFI et LRN qui ont trouvé la plus odeur, semble-t-il, avec une taxe sur les multinationales
03:58qui devrait rapporter 26 milliards d'euros.
04:01Etienne Girard, si c'était si simple, peut-être que ça aurait été fait plus tôt, non ?
04:08C'est ça. En termes de chiffrage, les chiffrages sur ce que va rapporter un impôt sur les grandes entreprises
04:15ou même sur les grandes fortunes, c'est toujours très délicat, parce qu'on ne sait pas combien de ces personnes
04:20vont réussir à échapper à l'impôt via des stratégies de contournement fiscal.
04:25Tout simplement, par exemple, en quittant le territoire français et en étant imposé sous l'empire d'une autre législation.
04:32Ce qui permet de taxer réellement les biens, c'est une taxation qui va s'attaquer au patrimoine sur le territoire français,
04:41parce que ça, on est sûr que ça va permettre réellement de l'imposer.
04:47Il y a des mesures de cet ordre-là et il ne faut pas complètement les négliger.
04:53C'est vrai, ce que dit Philippe Aguillon, chacun peut le comprendre.
04:56Un moment où tout le monde, où on va faire des économies sur la dépense publique,
04:59il n'est pas insensé que les grandes fortunes puissent elles aussi faire des économies.
05:05La première limite, c'est attention à l'entreprise, à l'innovation,
05:10et puis attention à ne pas rendre tout ça inopérant via des mesures qui vont encourager des exils.
05:17On n'a pas la législation des États-Unis où, vous savez, eux, ils imposent les gens en fonction de leur nationalité.
05:22Où que vous soyez, si vous êtes américain, vous êtes susceptible d'être imposé.
05:26Ce n'est pas le cas dans l'Union européenne et a fortiori en France.
05:28Donc, il faut jouer avec nos règles.
05:30C'était effectivement la mise en garde de Philippe Aguillon.
05:33Parmi les autres mesures marquantes cette semaine,
05:34il y a l'attaque sur les holdings qui a été un peu vidée de sa substance.
05:38Stéphanie Despierres, et Philippe Aguillon le déplorait d'ailleurs.
05:40Elle concernera certains biens, enfin, elle est un peu que des biens de luxe.
05:45À quoi ça a servi tout ça, Stéphanie ?
05:47Parce qu'après, le texte, il va aller au Sénat.
05:49Qu'est-ce qui restera de toutes ces modifications ?
05:51On va voir, mais il est très certain que le Sénat va revenir énormément sur toutes ces hausses d'impôts.
05:56Ça permet de voir un peu, je dis un peu, parce que les clivages politiques,
06:01je dis un peu parce qu'en fait, selon les amendements, vous avez des choses très étranges.
06:04Le RN qui vote avec le PS.
06:06Par moment, Sébastien Lecornu, notamment sur l'attaque sur les holdings,
06:10là, il s'est dit, l'attaque sur les holdings, je le rappelle, c'était une proposition du gouvernement,
06:13il s'est rendu compte qu'au fil de l'eau du débat parlementaire, elle allait être vidée de sa substance,
06:17que les Républicains, finalement, risquaient de ne pas la soutenir.
06:20Donc, il est venu à la rescousse, il a dû républiquer.
06:23Moi, je vous propose cette formule, est-ce que ça vous va ?
06:25Et c'est pour ça qu'en fait, elle a été en partie vidée de sa substance,
06:27parce que les Républicains n'en voulaient pas.
06:29Donc, ça permet quand même de poser un peu les idées,
06:31ça permet d'avoir ce débat, quand même, sur la justice fiscale,
06:33parce que c'est vrai que la taxe Zuckman n'est pas passée, ni la version allégée.
06:36Mais il y a quand même...
06:38Ce que le Parti Socialiste, de mon point de vue, a réussi,
06:40c'est à mettre dans le débat, en profondeur, cette réflexion sur la justice fiscale,
06:45sur qui doit payer les efforts, comment on les répartit.
06:48Mais c'est vrai que pour le moment, c'est très peu lisible.
06:50Les alliances changent d'un amendement à l'autre,
06:52et on verra ce qui se passe au Sénat.
06:53Mais ça va être très réécrit.
06:55Et les socialistes n'ont pas l'air satisfaits pour autant.
06:57Ce qui est clair, surtout, ce qu'on a vu cette semaine,
06:59c'est qu'effectivement, c'est le cas en régional lors des débats budgétaires,
07:02mais là, c'est frappant.
07:03Les députés, à commencer par les socialistes,
07:05mais ce n'est pas les seuls, tout le monde d'ailleurs,
07:06ils ont fait de la politique.
07:08Et c'était d'ailleurs manifeste avec les commentaires de Philippe Aguillon
07:11tout à l'heure sur ce plateau,
07:13qui juge telle ou telle mesure de son efficacité,
07:16de sa justesse ou pas, d'un point de vue économique.
07:18Évidemment, c'est sa profession, il est prénomène à l'économie.
07:20Mais ce ne sont pas du tout des arguments qui sont entrés en ligne de compte
07:22dans la plupart des mesures adoptées cette semaine à l'Assemblée.
07:26Preuve en est qu'il y a énormément d'incertitudes
07:28sur les rendements de telle ou telle nouvelle taxe
07:30ou telle ou telle augmentation d'impôt
07:32qui a été votée en première lecture.
07:35Et on le voit bien d'ailleurs, Philippe Aguillon,
07:36lui, remet en cause un certain nombre de rendements
07:38évoqués par telle ou telle partie.
07:40Donc chacun s'est positionné d'un point de vue politique.
07:43Et il y a un moment où la question même de l'efficacité
07:47d'un certain nombre de hausses d'impôts, de taxes,
07:50qui peuvent être considérées comme parfaitement légitimes
07:52d'un point de vue politique, par l'opinion en particulier,
07:55faire contribuer les plus revenus, les plus grosses fortunes,
07:58évidemment que c'est populaire.
07:59Mais toute la question de l'efficacité de ces mesures
08:02pour l'économie en général, pour l'activité
08:04et puis pour la réduction des déficits,
08:07cette question-là, elle a été quasiment passée,
08:09enfin elle est passée à l'as en quelque sorte.
08:11Ça explique d'ailleurs le débat autour de la taxe Zuckman,
08:13c'est très intéressant, puisque les défenseurs
08:15à la taxe Zuckman brandissaient des sondages disant
08:17« Regardez, 70, 75, 80, 85, 97% des Français sont pour,
08:22mais 90, 95% des Français sont pour faire contribuer
08:26les plus riches à l'effort fiscal. »
08:28Mais est-ce que ces sondages portaient sur les mécanismes précis
08:31de la fameuse taxe Zuckman, l'intégration des biens professionnels,
08:34les conséquences éventuelles sur l'activité économique ?
08:36Bien sûr que non.
08:37Donc il y a un positionnement politique qui est légitime
08:39et qui ne suffit pas à répondre évidemment aux enjeux
08:41de l'adoption d'un budget, surtout dans la situation
08:43des finances publiques que nous connaissons aujourd'hui.
08:45Est-ce que les milieux économiques sont inquiets en ce moment ?
08:47Ah oui.
08:48Ils observent ces débats ?
08:49À raison.
08:50À raison.
08:50Parce que soit ils auront un budget,
08:52si c'est ce budget qui atterrit dans les grandes lignes
08:55de la semaine dernière,
08:56les milieux économiques et les milieux d'affaires
08:58vont beaucoup plus participer que précédemment à l'effort.
09:02Par ailleurs, si ce budget n'atterrit pas,
09:06ça voudra dire une loi spéciale,
09:07ce qui n'est pas non plus très satisfaisant
09:09pour la situation, l'instabilité politique française.
09:15Mais c'est vrai, ce que souligne Renaud,
09:17la difficulté c'est que par exemple,
09:18cet impôt sur la fortune improductive,
09:21on ne sait pas combien il va rapporter.
09:22Il n'y a pas eu d'étude d'impact de fait.
09:24Donc certes, les socialistes étaient très contents
09:27vendredi soir et le RN aussi en disant
09:29« Regardez, on a obtenu ».
09:30Mais on a obtenu, au final, ça représente quoi ?
09:33Qui exactement va être affecté ?
09:37D'un certain côté, on se dit
09:38« L'assurance-vie, ça va toucher l'assurance-vie ».
09:42On sait que l'assurance-vie aujourd'hui
09:43est très très prisée par les Français.
09:46Donc on a le sentiment de victoire politique.
09:49Mais au final, la copie budgétaire,
09:52elle est loin d'être bouclée.
09:54Alors, on n'en est qu'au volet recette.
09:57Et selon le monde, ce ne sont pas les plus riches
09:59qui seraient touchées par certaines mesures
10:01et ce n'est pas le moindre des paradoxes
10:02pour une mesure soutenue par le Parti socialiste
10:05et par le Rassemblement national.
10:07Il y a cet axe, parce qu'au fond,
10:09c'est le débat sur la fiscalité des plus riches
10:10qui se pose aussi.
10:11Il y a aussi le sujet des retraites.
10:13Est-ce que finalement, la classe politique s'agite
10:16mais les vrais sujets, ils seront tranchés en 2027, Étienne ?
10:20Oui, c'est plutôt juste.
10:22Parce qu'aujourd'hui, dans ce Parlement,
10:24dans cette Assemblée nationale,
10:26il n'y a pas d'équilibre politique suffisant
10:28à ce que des sujets très importants pour le pays
10:32soient tranchés avec une légitimité
10:34et une force importante.
10:37Mais la vérité, c'est que ce dont on parle
10:39depuis tout à l'heure,
10:40il y a de très très très fortes chances
10:42pour que ces mesures ne soient jamais adoptées.
10:44Il faut quand même le dire aux gens.
10:47C'est-à-dire qu'il y a des mécanismes dans le Parlement,
10:49dans la fabrication du budget,
10:52qui font qu'elles seront sans doute effacées,
10:55ces mesures.
10:56Il y a une commission mixte paritaire,
10:57c'est la réunion des ambassadeurs,
10:59des parlementaires.
11:00Il y en a 14, ils vont réécrire le budget.
11:02Le Parti Socialiste, la gauche,
11:03est minoritaire dans cette instance.
11:05Donc probablement que les mesures,
11:07à ce moment-là, les plus à gauche disparaîtront.
11:09Ensuite, il est aussi possible
11:11que le budget ne soit pas voté.
11:13À ce moment-là, le gouvernement reprend la main.
11:16Et n'oublions pas la dernière mesure possible
11:19pour Sébastien Lecornu,
11:20article 44 de la Constitution.
11:23C'est un 49-3 light.
11:24Il peut arrêter la discussion quand il veut.
11:26Il dit là, ça suffit.
11:27Et maintenant, vous vous prononcez sur le texte
11:28que moi, j'ai choisi.
11:30Il retient certains amendements,
11:31il en enlève d'autres.
11:32Et à ce moment-là, c'est pour ou contre.
11:33Et si c'est contre, encore une fois,
11:35le texte qui sera adopté in fine,
11:37ce sera un texte par ordonnance
11:38décidé par le gouvernement.
11:40Parce qu'il faut rappeler que l'agenda est contraint.
11:41Ce n'est pas le gouvernement qui décide.
11:43C'est-à-dire qu'il y a 70 jours au maximum de discussion.
11:45Il faut adopter avant le 23 décembre,
11:47je crois, aux dernières limites, le budget.
11:49Donc ça, ce sont des mécanismes
11:51qui sont parfaitement démocratiques.
11:52Le fait est que la gauche n'est pas majoritaire
11:54dans l'ensemble du Parlement.
11:55Pas même à l'Assemblée nationale, d'ailleurs.
11:57Mais en tout cas, fortiori,
11:58si on y ajoute le Sénat qui penche à droite.
12:01Et que, de surcroît, l'agenda contraint
12:03oblige le gouvernement à doter, normalement,
12:06le pays d'un budget, voire d'une loi spéciale,
12:10en attendant un nouveau vote au début de l'année prochaine,
12:12ce qui s'était produit l'année dernière.
12:13Mais en tout cas, avant, normalement, la fin de l'année.
12:15Dans un instant, qui peut arrêter
12:16la progression de Jordan Bardella
12:18qui caracole en tête des sondages ?
12:20Mais tout de suite, il est 9h18.
12:22Et c'est l'Info en une minute
12:23avec Manon Lombard-Brunet.
12:24La mise en garde ce matin
12:27du ministre de l'Économie contre Chine.
12:29Roland Lescure demandera la fermeture
12:31de la plateforme chinoise en France
12:32si elle ne respecte pas la loi.
12:34Réaction après la mise en vente
12:35de poupées pédo-pornographiques sur ce site Internet.
12:38C'est aussi le cas sur AliExpress.
12:40Il y a d'autres exemples.
12:41Assure de son côté ce matin sur France Info,
12:43la haute commissaire pour l'enfant, Sarah El Haïry.
12:46L'ultra droite au cœur de 5 procédures
12:48ouvertes cette année par le parquet national antiterroriste.
12:51C'est ce que dit ce matin son procureur.
12:53Menace plutôt récente.
12:54Résultat selon lui d'une radicalisation violente,
12:57d'une expression politique.
12:58Cuba va recevoir de l'aide humanitaire des Etats-Unis
13:01après le passage de Mélissa.
13:033 millions de dollars au total
13:04pour venir en aide aux habitants de cette île
13:06dévastée par l'ouragan.
13:08En Jamaïque, le bilan humain s'alourdit.
13:09Au moins 28 personnes sont mortes.
13:11Et puis les chèques énergie vont arriver progressivement
13:13dans les boîtes aux lettres de 3 800 000 Français.
13:17Ils sont envoyés à partir d'aujourd'hui
13:18aux foyers les plus modestes
13:19pour les aider à payer leurs factures.
13:21Chèques de 48 à 277 euros en fonction des revues.
13:28France Info
13:29Les informés, Renaud Delis, Agathe Lambret.
13:34Les informés avec Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP,
13:40Étienne Girard, directeur adjoint de la rédaction de l'Express,
13:43et Fanny Guinochet, éditorialiste économie à France Info.
13:46On passe à notre deuxième débat, Renaud.
13:48Jordan Bardella, grand favori de la présidentielle de 2017.
13:51C'est ce que confirme un sondage de l'Institut ELA,
13:53publié hier par la tribune dimanche.
13:56Le rassemblement assuint, elle apparaît comme le grand favori de la présidentielle de 2027.
13:59Et d'abord, son président, vous le disiez, Jordan Bardella.
14:02Le président du RN est estimé, selon les configurations dans ce sondage,
14:05entre 35 et 37,5% d'intention de vote,
14:09soit une bonne vingtaine de points d'avance sur l'ensemble de ses concurrents.
14:14Au premier tour de la présidentielle, ce n'est qu'un sondage, certes,
14:16on est encore loin de l'échéance,
14:17il n'empêche qu'il en confirme d'autres, ce sondage,
14:19et notamment aussi sur un autre point, c'est que Jordan Bardella fait mieux que Marine Le Pen,
14:23qui est-elle estimée à 34%.
14:24Alors, est-ce que Jordan Bardella est d'ores et déjà prêt à la remplacer
14:28si Marine Le Pen ne peut pas se présenter,
14:30si sa condamnation à l'inligibilité pour détournement de fonds publics
14:33est confirmée lors du procès en appel ?
14:34Voici ce qu'on disait hier sur France Inter,
14:36le vice-président du RN, Sébastien Chenu.
14:40Ce ne sont pas des candidats interchangeables,
14:42mais ils se battent pour la même chose.
14:43Ils se battent pour une France souveraine,
14:45ils se battent pour une France dans laquelle la sécurité soit restaurée
14:49comme la première des libertés.
14:51Marine Le Pen est notre candidate pour 2027.
14:53Si elle venait à être empêchée,
14:55pour des raisons qui ne sont pas, que nous ne maîtrisons pas,
14:57eh bien Jordan Bardella porterait nos idées, porterait notre programme.
15:01Mais est-ce que c'est si sûr ?
15:03Est-ce que d'ailleurs ces idées sont vraiment exactement les mêmes
15:05quand on voit Jordan Bardella lui tendre la main à LR,
15:07proposer un accord de gouvernement à la droite,
15:09draguer les milieux patronaux,
15:11et donc ne pas coller à la ligne dite populiste de Marine Le Pen d'une part ?
15:15Et puis, tiens, Jordan Bardella sort, vient de sortir son deuxième livre.
15:19Il y a un an, dans le premier livre,
15:20il se répandait en louange sur Marine Le Pen,
15:23dans un chapitre quasiment entier.
15:26Cette fois-ci, en 400 pages, il y a une seule mention
15:29au détour d'un paragraphe de Marine Le Pen,
15:30qu'il ne cite plus d'ailleurs dans ses interviews,
15:32comme par exemple dans le très long entretien qu'il a accordé hier
15:35au journal du dimanche.
15:36Est-ce que Jordan Bardella ne serait pas en train de tourner la page Marine Le Pen ?
15:40Est-ce que Jordan Bardella est en train d'effacer progressivement Marine Le Pen, Etienne Gérard ?
15:44En tout cas, ils n'ont pas la même ligne politique exacte,
15:47c'est très juste.
15:49Il y a une ligne plus sociale chez Marine Le Pen,
15:50il y a une ligne plus libérale chez Jordan Bardella.
15:53L'effacer, c'est beaucoup trop tôt pour le dire.
15:55Actuellement, ils ont vraiment un intérêt tout à fait convergent
15:58à demeurer alliés, au moins jusqu'en 2027,
16:02parce qu'aujourd'hui, ils sont sur des rails,
16:04tout va bien pour eux, si je puis dire,
16:06et ils auraient tort, ils le savent,
16:09de s'auto-détruire d'ici à 2027.
16:11Maintenant, est-ce que c'est déjà gagné ?
16:13Moi, je ne suis pas du tout d'accord, en réalité,
16:15avec la lecture qui est faite depuis quelques jours,
16:17depuis que les sondages se ressemblent,
16:20parce que c'est des sondages de premier tour
16:22de la présidentielle.
16:23Le RN, très très fort au premier tour d'une élection,
16:26maintenant, on en a l'habitude.
16:27C'est toujours le cas.
16:29Mais plus il est fort au premier tour,
16:30Etienne, plus il risque de faire un gros score au second.
16:32Et d'ailleurs, on voit qu'il y a une dynamique
16:34ces dernières années qui...
16:36Bien sûr, il vaut mieux être à 35% qu'à 22%,
16:39on est d'accord,
16:40mais ce n'est pas parce que le RN est à 35%,
16:42voire à 40% au premier tour,
16:45je sais, ça paraît bizarre de dire ça,
16:46qu'il va gagner l'élection.
16:47On l'a vécu, et à ce titre-là,
16:51les élections législatives ne sont pas un bon thermomètre.
16:54C'est des élections avec des sociologies
16:55qui seront regroupées par circonscriptions,
16:58où il y a le même type d'électeurs dans les circonscriptions.
17:01Ce n'est pas des mini-France.
17:03Les mini-France, c'est plutôt les régions,
17:05et on l'a vécu lors de deux élections régionales successives,
17:09où on a vu le RN à chaque fois dans les régions,
17:11dans beaucoup de régions, entre 35 et 40%.
17:14Le RN, à chaque fois, n'a gagné aucune région.
17:17Le RN a un vrai problème pour passer de 35 à 40 jusqu'à 50%.
17:23Et d'ailleurs, les rares sondages de deuxième tour
17:25qui sont faits autour de cette élection de 2027,
17:28donnent au maximum le RN, que ce soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella,
17:32à 50-51.
17:33Alors bien sûr, il serait gagnant,
17:35mais par rapport à leur résultat de premier tour,
17:37ce n'est pas terrible, il y a une vraie marge
17:38pour le concurrent, pour le rattraper entre les deux tours.
17:42Dans ce sondage notamment,
17:44Jordan Bardella fait légèrement mieux que Marine Le Pen.
17:47Stéphanie Despierre, est-ce qu'il est plus à même
17:49de rassembler que l'ancienne patronne du RN ?
17:52En tout cas, c'est ce qu'il essaye de faire,
17:54notamment en tentant de rassurer les patrons.
17:56Il était fin août, par exemple, à la rentrée du MEDEF.
18:00Il sait que c'est sur cette ligne-là qu'il faut élargir un peu l'électorat,
18:03que c'est sur cet angle mort des patronats des milieux économiques
18:07qui jusque-là étaient toujours très inquiets de l'arrivée au pouvoir du RN.
18:11Donc il essaye d'aller chercher ses patrons.
18:13Et ce qui est intéressant, c'est qu'on l'a bien vu pendant les débats budgétaires.
18:15Quand on entend le RN dire « la taxe Zuckmann, c'est non »,
18:18c'est plutôt la ligne Bardella.
18:20Et on l'a vu dans les débats en commission.
18:21En revanche, ces derniers jours, dans les débats budgétaires à l'Assemblée,
18:25le RN a voté la taxe sur les multinationales,
18:27il a voté l'impôt sur la fortune improductive,
18:30en disant que ça ressemblait très fortement au sien
18:32à sa proposition sur l'impôt sur la fortune financière.
18:35Et tout en disant qu'il faut protéger les entreprises
18:37et qu'il ne faut pas augmenter les impôts.
18:37Très bien, cette semaine budgétaire a parfaitement montré
18:40cette tentation des deux lignes au RN
18:43où on ne sait pas trop s'il faut aller plus vers une ligne pro-entreprise
18:45ou rester sur une ligne plus traditionnelle
18:47qui est celle de Marine Le Pen.
18:48Et puis je rappelle que quand même,
18:49la chef du groupe parlementaire à l'Assemblée, c'est Marine Le Pen.
18:52Donc c'est elle qui arbitre, et on nous le dit bien,
18:54nous les députés nous disent,
18:54alors là-dessus on ne sait pas, on attend l'arbitrage de Marine Le Pen,
18:57c'est elle qui arbitre les décisions économiques,
18:59en tout cas budgétaires à l'Assemblée.
19:00Renaud ?
19:01Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que disait Étienne Girard à l'instant.
19:04Je pense que ce sondage, qui n'est qu'un sondage,
19:07on est à 18 mois de l'échéance, etc.
19:08On l'a dit, on l'a dit et répété,
19:09mais c'est vrai qu'il confirme quand même d'autres enquêtes d'opinion,
19:12illustre le fait qu'il est en train de se passer quelque chose dans l'opinion publique.
19:16Parce que, d'une part, le fait que le RN soit donné aussi largement
19:19et en tête d'une élection présidentielle, ça n'est jamais arrivé.
19:21Le candidat d'Extra Mort n'a jamais été en tête au premier tour de l'élection présidentielle.
19:25Sur les cas régionaux évoqués par Étienne Girard, il a raison,
19:28mais en tête avec une telle avance.
19:30Et puis surtout, il y a, entre guillemets, des réserves derrière.
19:33C'est-à-dire qu'on voit que le total des droites,
19:35et des droites dures, c'est-à-dire avec, par exemple,
19:38tester Sarah Knafow ou Éric Zemmour,
19:41parfois Dupont-Aignan, etc.
19:43Oui, là, ça fait beaucoup plus.
19:44On arrive à plus de 40, 45, etc. au premier tour.
19:47C'est-à-dire qu'on voit que 20 points d'avance au premier tour,
19:50plus de telles réserves, il est en train de se produire,
19:52à l'heure qu'il est, dans l'opinion,
19:54ce qui se produit dans beaucoup de pays en Europe.
19:55C'est-à-dire ce qu'on appelle la fameuse union,
19:57l'union des droites,
19:58qui est en fait l'union de la droite et de l'extrême droite.
20:00C'est-à-dire l'union de l'extrême droite qui est le moteur de cette alliance
20:03avec ce qui reste d'une droite
20:05qui finit par céder aux appels de l'extrême droite.
20:08Et c'est un peu le mouvement qui est en cours
20:09dans l'opinion aujourd'hui dans le pays.
20:12Et c'est ce qui illustre, c'est ce qui explique, à mon avis,
20:14le fait que Jordan-Barrella fasse mieux que Marine Le Pen.
20:16Parce que lui, il a ce positionnement-là.
20:18Il drague, effectivement, les milieux d'affaires.
20:20Il a rencontré beaucoup de patrons, dont Vincent Bolloré.
20:23On voit, d'ailleurs, il est publié par Fayard,
20:24l'amé qui appartient à Vincent Bolloré.
20:26Il accorde de grandes interviews au journal du dimanche
20:28dans lesquelles il n'évoque absolument plus Marine Le Pen.
20:30Journal du dimanche, donc figure de proue
20:32du groupe de presse de Vincent Bolloré, etc.
20:34Il réussit à draguer les patrons,
20:36à rassurer une forme de droite bourgeoise
20:38conservatrice traditionnelle qui, jusque-là,
20:40était un peu hostile à Marine Le Pen.
20:43On va dire, résiste à Marine Le Pen.
20:44Et ce qui, à mon avis, le met en position de force aujourd'hui.
20:47Fanny Guinoche, et vous qui connaissez
20:48beaucoup de patrons, est-ce que Jordan-Barrella
20:50réussit à draguer, à séduire les patrons ?
20:53Oui, il est séduit sur la question de l'ordre,
20:55mais la semaine qui vient de s'écouler
20:58ne rassure pas du tout les patrons.
21:01Les incohérences dans les votes.
21:03Et quand vous regardez,
21:05le RN a voté énormément de hausses d'impôts,
21:08notamment, par exemple,
21:10il est à l'origine d'un amendement
21:12sur les rachats d'actions,
21:146 milliards d'euros que les entreprises
21:16vont devoir payer.
21:17Effectivement, ça, ça a plutôt contribué
21:19à fragiliser Marine Le Pen,
21:21qui, elle, est dans l'hémicycle,
21:22alors que Jordan-Barrella n'y est pas.
21:23Et justement, vous le disiez,
21:24Stéphanie Depierre le disait tout à l'heure,
21:26la chef des députés, c'est Marine Le Pen.
21:28Et les députés votent des hausses d'impôts.
21:30Est-ce que, par hasard,
21:31ça serait pour embêter Jordan-Barrella ?
21:32Je pose la question.
21:33Il y a peut-être deux rassemblements nationaux.
21:35Merci beaucoup à tous.
21:37Merci, Étienne Girard.
21:38À la Une de l'Express, cette semaine ?
21:40Les extraits d'un livre-enquête,
21:42Les espions de Macron.
21:43Une enquête passionnante,
21:45que je vous conseille d'aller lire
21:46et chercher dans tous les bons kiosques
21:48de France et de Navarre.
21:49Parfait, merci Stéphanie Depierre,
21:50journaliste politique à LCP.
21:52Merci Fanny Guinochet,
21:53éditorialiste économie à France Info.
21:54Merci Renaud, on se retrouve demain.
21:56Et vous retrouvez les informés
21:58ce soir à 20h avec Victor Mathais.
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