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  • il y a 21 heures

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00:00Bonjour, bienvenue dans les informés, c'est parti pour une demi-heure de décryptage de l'actualité.
00:05Bonjour Renaud Dely.
00:05Bonjour Agathe.
00:06Deux questions à la une ce matin.
00:08Le 49-3 est-il inéluctable pour adopter le budget ?
00:12Et puis jusqu'où ira le bras de fer entre juge et politique ?
00:17Pour nous éclairer ce matin, nos deux informés, François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'opinion.
00:21Bonjour François-Xavier.
00:22Bonjour Agathe.
00:23Et Étienne Girard, directeur adjoint de la rédaction de l'Express.
00:26Bonjour Étienne.
00:26Bonjour Agathe.
00:27On commence donc Renaud avec notre premier débat.
00:30Sébastien Lecornu pourra-t-il se passer du 49-3 ?
00:32Pour faute de trouver une majorité, donc pour faire adopter les deux textes budgétaires,
00:37d'une part le projet de loi de finance, d'autre part le projet de loi de financement de la sécurité sociale,
00:41le budget de la sécu qui revient aujourd'hui en débat en seconde lecture à l'Assemblée nationale.
00:45Le vote final est prévu dans une semaine, mardi 9 décembre,
00:49et pour l'heure donc toujours pas de majorité en vue.
00:52Hier, le Premier ministre a de nouveau rencontré les responsables du Parti Socialiste pour évoquer cette discussion budgétaire en cours.
01:00Il a notamment reçu à Matignon Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste.
01:05Il y a un moment de responsabilité pour chacune et pour chacun.
01:08Nous pouvons dire que nous progressons, que nous sommes dans une approche qui peut permettre d'aboutir à un compromis.
01:17Nous n'en sommes pas encore là, mais les prochaines heures vont nous permettre d'apprécier
01:22et nous jugerons en fonction de ce qui nous est présenté.
01:24On progresse, mais c'est lent, bref, c'est quand même assez laborieux depuis déjà plusieurs semaines
01:30et on se souvient que pour ouvrir ces discussions,
01:33Sébastien Lecornu avait notamment répondu à une question posée par les socialistes,
01:37le fait de retirer l'article 49.3 qui permet l'adoption d'un texte sans vote,
01:42sauf adoption au contraire d'une motion de censure.
01:45Résultat, aujourd'hui, les socialistes et le Premier ministre semblent un petit peu coincés par cette concession,
01:50puisque les socialistes ne veulent pas pour autant voter en faveur d'un texte budgétaire,
01:54soit le projet de loi de finances, soit le budget de la Sécu.
01:58Alors, est-ce que le Premier ministre va devoir revenir sur cet engagement,
02:01peut-être à la demande des socialistes, alors qu'il est ?
02:04Sébastien Lecornu l'écarte, très clairement.
02:06Pas question pour lui de recourir à l'article 49.3 pour faire adopter l'un ou l'autre des textes budgétaires.
02:13Ils se sont piégés tout seuls, François-Xavier Bourmeau, les socialistes, en demandant de renoncer au 49.3.
02:18Tout le monde sait quoi c'est, en réalité, dans cette histoire-là.
02:21C'est un mauvais vote-ville, on a l'impression de deux amoureux au téléphone,
02:25Sébastien Lecornu et Olivier Faure, c'est « vas-y, raccroche, non, toi d'abord, on compte jusqu'à 10 et tu raccroches ».
02:30Là, c'est « demande-moi d'utiliser le 49.3 », « non, toi d'abord »,
02:33et puis on compte jusqu'à 10 si on le demande ensemble.
02:35Parce qu'en réalité, l'utilisation du 49.3, c'est la seule façon de sortir de ce budget,
02:40tout le monde s'en rend compte maintenant, de façon honorable pour les socialistes,
02:43puisqu'il faut quand même se souvenir que le vote du budget, c'est fondateur dans la vie politique du pays.
02:50Vous votez le budget, vous êtes dans la majorité, vous votez contre, vous êtes dans l'opposition.
02:54Or là, ce serait la première fois qu'un parti d'opposition, l'EPS, voterait pour un budget,
03:00et donc sans appartenir formellement à l'opposition.
03:04Mais il serait immédiatement…
03:05C'est trop embarrassant pour eux ?
03:06Ce serait effectivement trop embarrassant, surtout en plus après avoir expliqué
03:10que le 49.3 était un outil antidémocratique lors de la réforme des retraites.
03:15Donc tout le monde s'est coincé, il y a cette porte de sortie qui est évidente,
03:18mais que personne ne veut utiliser parce que ça coûterait trop cher à chacun,
03:22et tout le monde essaie de progresser sur la voie d'un compromis
03:26qui permettrait aux socialistes et à Sébastien Lecornu de sortir la tête haute,
03:31mais même en cas de compromis de la part des socialistes,
03:36ce sera offrir une victoire politique à Sébastien Lecornu qui pourrait être gênante pour eux.
03:39Donc en réalité, là, on arrive dans le money time,
03:42il va bien falloir que les joueurs bougent un peu sur le terrain
03:46pour essayer de sortir de cette situation,
03:48parce que le risque, et le Premier ministre l'a rappelé,
03:52c'est qu'il n'y ait pas de budget, on revient sur une loi spéciale pour 2026.
03:56La date butoir approche, Étienne Gérard.
03:58Pourquoi Sébastien Lecornu persiste à dire qu'il n'utilisera pas le 49-3,
04:03si ça arrange tout le monde ?
04:04Parce qu'il veut placer les représentants politiques devant leurs contradictions.
04:08Pendant des mois, en réalité des années, voire des dizaines d'années,
04:12la gauche a demandé, dont je me rappelle, sous François Hollande,
04:16déjà une partie de la gauche demandait à ce que le 49-3 ne soit plus appliqué,
04:20à ce que le 49-3 n'existe plus.
04:22Vous vous rappelez, même Manuel Valls, qu'il avait utilisé,
04:24une fois sorti du gouvernement, il avait expliqué qu'il fallait réformer le 49-3.
04:28Au moment où Sébastien Lecornu a fait droit à cette demande très ancienne de la gauche,
04:35il trouve ça un peu trop facile qu'on lui demande aujourd'hui de l'utiliser.
04:41Moi, je pense aux gens qui nous écoutent, aux gens qui nous regardent,
04:45et devant ce pas de deux, ce vaudeville, ils doivent se dire,
04:49on est quand même chez les fous.
04:50C'est-à-dire que l'opposition demande, pas officiellement, mais en tout cas,
04:56fait savoir, metzavoté à la majorité, qu'elle ne censurerait pas s'il y avait un 49-3.
05:03Pourquoi la politique...
05:04S'il y avait un 49-3 utilisé par Sébastien Lecornu ?
05:10On s'y perd, effectivement.
05:13On est dans un monde où la politique se fait à visage couvert.
05:18Sébastien Lecornu demande tout simplement que les positions s'assument à visage découvert.
05:25Les masques.
05:27Voilà.
05:27Au-delà de ça, ce que je remarque, c'est qu'en quelques mois,
05:30il a suffi de quelques mois pour qu'on retrouve toutes les vertus
05:33aux institutions de la Vème République.
05:35Vous, au jeu, j'ai moni, un régime trop autoritaire.
05:38On a laissé juste quelques mois de débats parlementaires
05:40et on se retrouve avec l'opposition qui demande le 49-3
05:43et toutes les forces politiques qui expliquent que finalement,
05:46en majorité relative, c'est pas si bien,
05:48il faudrait qu'on revienne à un peu plus de stabilité dans le régime.
05:51C'est amusant.
05:52Et Lucien Gérard le dit, on demande tout bas au Premier ministre
05:56ce qu'on refuse de dire tout haut.
05:58Finalement, il n'y aura peut-être pas d'accord sur ce budget.
06:00Les socialistes, d'abord, personne, je pense,
06:02mais les socialistes, ils ne vont pas en sortir grandis, forcément, non ?
06:04En tout cas, le problème auquel ils se heurtent
06:07et ce qui peut apparaître assez incompréhensible pour l'opinion,
06:09comme le disait Thierry Gérard à l'instant,
06:10c'est qu'ils obtiennent un certain nombre de succès,
06:14de victoires, de concessions lâchées par le Premier ministre.
06:17Au premier chef, la suspension de la réforme des retraites
06:20jusqu'à l'après-présidentiel de 2027, c'est pas rien.
06:23Et d'autres succès dont ils se réjouissent, d'ailleurs,
06:26à l'Assemblée nationale ou dans les médias,
06:28pour essayer de justifier le fait qu'effectivement,
06:30ils ont choisi, eux, de négocier avec le gouvernement.
06:33Et à la fin, ils ne veulent pas couronner cette série de succès
06:39par un vote en faveur de l'un ou l'autre des textes budgétaires,
06:43y compris le projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
06:45sur lequel ils s'orientent vers une abstention, probablement.
06:50Alors peut-être que certains voteront pour,
06:51à cause de la suspension de la réforme des retraites,
06:53mais c'est encore loin d'être gagné.
06:55Ça, c'est incompréhensible.
06:56François Guébombe a raison de dire que d'un point de vue politique,
06:58en termes d'analyse politique, vous votez un budget,
07:00vous êtes, de fait, considéré comme étant membre de la majorité.
07:03Sauf que c'est difficile à tenir au grand public,
07:05de dire d'un côté on a gagné sur toute la ligne,
07:07et de l'autre côté, mais on ne vote pas le texte.
07:09Alors après, il faut rendre hommage parfois aux grands anciens.
07:12On en a déjà parlé sur ce plateau,
07:14mais il faut se rappeler que celui qui les avait mis en garde,
07:17les socialistes, contre leur revendication
07:19de demander au gouvernement de se priver du 49-3,
07:22c'était Lionel Jospin, il y a un an,
07:24c'était chez nos confrères de France Inter,
07:26qui les avait mis en garde en disant
07:27« Attention, le 49-3, c'est pas seulement une façon
07:30pour le gouvernement de museler sa majorité
07:32ou de museler les députés,
07:33c'est aussi une protection pour les députés de l'opposition
07:36qui peuvent laisser passer un texte budgétaire
07:38sans être considéré comme étant co-auteur de ce texte,
07:42puisqu'il est moins douloureux, on va dire,
07:44pour un parti d'opposition,
07:45d'obtenir des concessions sur le texte budgétaire,
07:47et ensuite, le moment venu,
07:48de s'abstenir lorsqu'une motion de censure est déposée
07:52après un 49-3,
07:53plutôt, comme on vient de le dire,
07:54que de voter pour l'un ou l'autre des textes budgétaires.
07:57– François-Xavier ?
07:58– Oui, cette utilisation du 49-3,
08:00elle est très culturelle,
08:01et elle suppose un changement total des pratiques.
08:04Quand Sébastien Lecornu dit qu'il ne l'utilise pas,
08:06ça suppose un changement de pratique.
08:07Qu'est-ce qui se passait jusqu'à présent ?
08:09L'opposition savait,
08:11en rentrant dans le débat sur le budget,
08:12que de toute façon,
08:13l'exécutif allait faire passer son budget.
08:16Ça permettait à chacun de déposer des amendements
08:19un peu tout et n'importe quoi,
08:20mais qui permettaient de porter un message politique,
08:22sachant qu'à la fin, de toute façon,
08:24avec le 49-3,
08:25ces amendements sauteraient.
08:27Et donc ça permettait aux députés
08:28de s'afficher à un petit moment de gloire
08:30dans l'hémicycle,
08:31en expliquant qu'il fallait défendre
08:32telle ou telle mesure.
08:34Or, aujourd'hui,
08:35149-3,
08:36ça veut dire que les amendements
08:37qui sont défendus dans l'hémicycle
08:39sont susceptibles de se retrouver dans le budget.
08:41Donc les députés de l'opposition
08:43ne peuvent plus défendre
08:44tout et n'importe quoi.
08:46Et c'est ce qu'on a commencé à voir,
08:48un peu se mettre en oeuvre
08:49dans les débats budgétaires,
08:50c'est que les amendements
08:51étaient plus sérieux qu'auparavant.
08:54Il n'y a pas eu ces offensives
08:57où on voyait des partis d'opposition
08:59déposer des milliers et des milliers
09:01d'amendements pour faire de l'engorgement
09:03pour le plaisir du débat budgétaire.
09:05On continuera d'en parler de ce budget.
09:08On se posera la question de savoir
09:09si on va vers une loi spéciale
09:11dans les jours qui viennent.
09:13Mais tout de suite,
09:13on va changer de sujet.
09:14On va parler des magistrats et des politiques.
09:17Les juges ont-ils trop de pouvoir ?
09:19Pour l'instant, il est 9h15
09:20et c'est l'Info en une minute
09:22avec Maureen Suignard.
09:23La secrétaire générale de la CGT,
09:26Sophie Binet, appelle ce matin
09:28à se réveiller face à une opération
09:30d'anesthésie générale
09:31mise en place selon elle par le gouvernement.
09:34Plusieurs syndicats dont la CGT
09:36appellent à la grève aujourd'hui
09:37pour s'opposer au projet de budget
09:39du gouvernement
09:39et pour demander des augmentations salariales.
09:43Et on l'apprend à l'instant,
09:44Sophie Binet est mise en examen
09:45après avoir comparé des grands patrons
09:47menaçants de délocaliser
09:49à des rats qui quittent le navire.
09:51Le bilan humain s'aggrave
09:53d'heure en heure
09:53après les pluies torrentielles
09:55et les inondations
09:56qui ont suivi en Asie du Sud-Est.
09:58Plus de 630 morts en Indonésie,
10:00410 morts au Sri Lanka.
10:02Des millions de personnes
10:02ont dû quitter leur maison.
10:04Vos factures de gaz et d'électricité
10:06vont augmenter
10:07et cela dès le 1er janvier prochain.
10:09Comptez une cinquantaine d'euros
10:10en plus sur l'année.
10:12Les fournisseurs répercutent
10:13une hausse des CEE,
10:15un dispositif qui les oblige
10:17à financer des actions
10:18de réduction de la consommation d'énergie.
10:21Et puis il n'y aura pas de concert
10:22en direct sur les Champs-Elysées
10:24le 31 décembre prochain.
10:26C'est une information France Info.
10:28Il y a eu trop de monde
10:29les années passées
10:30et les personnes responsables
10:32de la sécurité craignent
10:33des mouvements de foule.
10:35Le feu d'artifice aura tout de même lieu
10:37ce 31 décembre.
10:41France Info
10:42Les informés, Renaud Dely, Agathe Lambret.
10:51Les informés, Kétienne Gérard,
10:52directeur adjoint de la rédaction de l'Express,
10:54François-Xavier Bourmeau,
10:55journaliste politique à l'Opinion.
10:57On passe à notre deuxième débat, Renaud.
10:59Les magistrats en font-ils trop ?
11:02Jusqu'où ira en effet le bras de fer
11:04entre juges et politiques ?
11:05Le climat s'est dégradé.
11:07Les relations entre magistrats et élus
11:09depuis quelques années
11:10et même quelques mois
11:12au fil de plusieurs affaires,
11:13de plusieurs condamnations spectaculaires.
11:16On va en citer simplement deux,
11:18parmi d'autres,
11:19qui sont vieilles de quelques semaines à peine.
11:22D'une part, la condamnation de Marine Le Pen
11:24en première instance
11:25pour détournement de fonds publics
11:26dans l'affaire des assistants parlementaires
11:28du FN devenu RN,
11:304 ans de prison dans deux fermes
11:31et puis 5 ans d'inéligibilité
11:33avec exécution provisoire.
11:35Sa candidature à la présidentielle
11:36est donc menacée.
11:38Rappelons que le procès en appel
11:39aura lieu du 13 janvier
11:40au 12 mars prochain.
11:42Et puis Nicolas Sarkozy,
11:43qui lui a été condamné
11:44dans le dossier libyen
11:45à une peine d'emprisonnement
11:45de 5 ans fermes
11:46avec exécution provisoire,
11:48ce qui lui a valu
11:49trois semaines de détention.
11:51Le procès en appel
11:52de l'ancien président de la République
11:53se tiendra, lui,
11:54du 16 mars au 3 juin 2026.
11:56Dans ces deux cas,
11:57les politiques condamnées,
11:58Marine Le Pen
11:59comme Nicolas Sarkozy
12:00et leur soutien
12:00s'en sont pris
12:01de façon extrêmement violente
12:03aux magistrats,
12:05à une justice dite politique
12:07selon eux,
12:07qui a manifesté
12:08même une haine
12:09à leur endroit.
12:10Après six années passées
12:12à la tête
12:12du parquet national financier
12:14qui était en charge
12:14notamment de l'affaire Sarkozy
12:16du dossier libyen,
12:18le PNF
12:19qui avait été créé,
12:20on s'en souvient
12:20après le scandale Cahuzac,
12:21Jean-François Bonnert,
12:23procureur du PNF,
12:24va quitter au mois de janvier
12:26ses fonctions.
12:27Il était votre invité
12:28il y a quelques minutes.
12:28Comment le procureur
12:30du parquet national financier
12:31prend-il, justement,
12:32gère-t-il cette responsabilité
12:34et le fait d'avoir,
12:35de fait,
12:36à cause des condamnations
12:38qui émanent de la justice,
12:40en quelque sorte,
12:40une sorte de droit de vie
12:42et de mort politique
12:43sur un certain nombre d'élus,
12:44la réponse de Jean-François Bonnert.
12:46C'est une responsabilité
12:48que je ressens
12:50depuis le premier jour
12:51où j'ai endossé mes fonctions.
12:53Et c'est ce qui doit conduire
12:55à une forme d'humilité
12:56de l'exercice de ses fonctions,
12:59de réflexion en permanence.
13:02Et c'est ce qui fonde également
13:03la marque de fabrique du PNF,
13:06c'est le travail en collégialité.
13:08Jean-François Bonnert
13:09a dit que depuis le premier jour,
13:10il est conscient
13:11de cette responsabilité qu'il a.
13:12Il sait qu'il peut faire
13:14et défaire la carrière
13:15des responsables politiques.
13:18Pour autant,
13:18ça n'a pas exclu
13:19un bras de fer.
13:20François-Xavier Bourmeau,
13:21entre les magistrats
13:22et Nicolas Sarkozy particulièrement ?
13:24Oui, mais la justice,
13:25elle est censée être aveugle.
13:28La justice, c'est des maths,
13:29il y a des textes,
13:29on les applique.
13:31Vous traversez dans les clous,
13:32ça va bien.
13:32Vous traversez en dehors de clous,
13:33c'est une amende.
13:34Enfin, pour caricaturer.
13:36Or là,
13:37avec ces affaires
13:38Nicolas Sarkozy
13:39et Marine Le Pen,
13:41la justice a donné l'impression
13:42de ne pas être si aveugle
13:44que ça.
13:45en tout cas,
13:46avec la question
13:47de l'exécution provisoire
13:48qui a été mise en cause
13:51par les condamnés,
13:52c'est normal,
13:53mais qui a aussi particulièrement
13:54résonné dans l'opinion
13:55où la décision rendue
13:57par la justice
13:58n'a pas été comprise
13:59par l'opinion.
14:00À partir du moment
14:01où il y a un doute
14:02ou une incompréhension,
14:04tout ça se reporte
14:05sur l'institution
14:07et donc apparaissent
14:09des soupçons de partialité
14:11qui portent sur la justice.
14:13Et c'est un sentiment
14:15qui se répand depuis longtemps.
14:17Vous évoquiez dans cette interview
14:18tout à l'heure
14:19l'affaire Fillon,
14:20c'est effectivement pas nouveau
14:21et c'est sans doute accentué
14:23par le fait qu'effectivement,
14:25il y a énormément
14:25de personnalités de droite
14:27qui sont mises en cause
14:28et ce qui contribue
14:29à alimenter
14:30cette impression
14:31de justice politique.
14:33Alors je voyais tout à l'heure
14:33qu'effectivement,
14:35il y a des personnalités
14:36de gauche qui sont...
14:36Jean-François Bonner
14:37nous a dit qu'il y avait
14:37quatre dossiers,
14:38alors il ne pouvait pas
14:38nous donner tous les noms,
14:39mais il y a notamment
14:39Anne Hidalgo
14:40qui est en est au stade
14:41de l'enquête.
14:42Pour l'instant,
14:43la balance de la justice
14:44semble quand même
14:45être plutôt orientée
14:47contre la droite.
14:48Il y a aussi autre chose
14:49qui a ajouté un peu le trouble
14:50dans cette affaire
14:51Nicolas Sarkozy,
14:52Etienne Gérard,
14:53c'est que trois charges
14:54sur quatre requises
14:55par le procureur
14:56ont été abandonnées
14:57en première instance.
14:58Et pourtant,
14:59le parquet national financier
15:00fait quand même appel,
15:01ce qui peut aussi
15:02susciter l'incompréhension.
15:03Est-ce qu'il y a un acharnement ?
15:04Alors que Nicolas Sarkozy
15:05a été relaxé notamment
15:06de la charge de corruption.
15:08Oui, mais ça,
15:08ça s'appelle la justice,
15:10c'est-à-dire la possibilité
15:11de ne pas retenir
15:12par le juge,
15:13de ne pas retenir
15:14tous les éléments à charge
15:15qui sont déployés
15:16par le procureur.
15:18Moi, j'y verrais au contraire
15:19un signe de bonne santé
15:20de la justice
15:22que le juge,
15:23dans un jugement
15:25très justifié,
15:28retienne certains éléments
15:29pour en écarter d'autres
15:31dans une idée de prudence
15:34dans son jugement.
15:36Pour moi,
15:36ce sujet,
15:37c'est moins la question
15:38des magistrats
15:39qui en font trop
15:40que le sujet
15:41de la stratégie de défense,
15:42en particulier,
15:43de Nicolas Sarkozy.
15:44Parce que,
15:45que les juges
15:46puissent se tromper,
15:47que les magistrats
15:48puissent se tromper,
15:49le système
15:50l'a intériorisé.
15:51C'est pour ça
15:52qu'il y a des procès
15:52en appel.
15:53C'est pour ça
15:53qu'il y a des cassations.
15:54Nicolas Sarkozy,
15:56je vais prendre
15:56les deux affaires
15:57dans lesquelles
15:57il a été condamné
15:58définitivement,
16:00il a eu un procès
16:01en première instance,
16:02en appel,
16:03en cassation.
16:04À chaque fois,
16:05plusieurs magistrats
16:06ont eu à traiter
16:07de l'affaire,
16:08il y a eu des procès
16:09et il a été condamné.
16:11Donc,
16:11Nicolas Sarkozy
16:12a le droit
16:13d'avoir
16:14sa stratégie de défense.
16:15On peut redire
16:17qu'il ne s'agit pas
16:18d'un seul homme
16:19ou d'une poignée
16:21qui aurait statué
16:23contre lui,
16:23mais de nombreuses affaires,
16:26de nombreux juges,
16:27de nombreux magistrats
16:28qui l'ont condamné.
16:31Et je vais mettre
16:32un bémol.
16:33Il y a un élément
16:34pour moi
16:34qui est davantage
16:35questionnable.
16:37Mais il est très précis.
16:39C'est l'exécution
16:40provisoire
16:40en matière
16:41de détention.
16:42Et ce n'est pas
16:43forcément en matière
16:43d'inéligibilité.
16:45Mais pourquoi ?
16:46Parce que,
16:46et c'est incompréhensible
16:48pour les gens,
16:48mais l'exécution provisoire
16:50de la détention
16:51ne répond pas
16:52aux mêmes règles
16:53que l'exécution
16:54de la détention provisoire.
16:56C'est-à-dire que...
16:58Oui, oui, mais c'est...
16:59C'est pour ça qu'il a été libéré
17:00au bout de trois semaines.
17:01Effectivement.
17:01Parce qu'une fois
17:02qu'il était en prison,
17:03il changeait de statut.
17:04Exactement.
17:05C'est-à-dire que
17:05quand le juge
17:07décide de la détention
17:08concernant
17:09les caractéristiques
17:10de l'affaire.
17:11Et une fois
17:12que vous êtes placé
17:12en détention,
17:13le juge
17:14statue sur votre libération
17:15en fonction
17:16de vos caractéristiques
17:17à vous,
17:17votre risque de récidive,
17:19de fuite
17:20ou de subornation
17:21de témoins.
17:22Peut-être qu'il faudrait
17:23uniformiser les critères.
17:25Cette décision
17:26d'envoyer immédiatement
17:27Nicolas Sarkozy
17:28en prison,
17:28ça aussi,
17:29ça n'a pas forcément
17:29été compris par tout le monde.
17:30Notamment parce que
17:31c'était difficile à expliquer.
17:32Heureusement que
17:33les expiations lumineuses
17:34à l'instant d'Etienne Gérard
17:35mettent l'accent
17:38sur ce point-là.
17:39Effectivement,
17:39dès lors qu'une décision
17:40de justice,
17:41et là je parle simplement
17:42de l'exécution provisoire
17:43avec emprisonnement,
17:44est difficile à expliquer
17:46à l'ensemble de l'opinion,
17:47c'est peut-être qu'on peut
17:47justement se pencher
17:49sur ce point-là.
17:50Mais ensuite,
17:51moi je voudrais mettre
17:51l'accent quand même
17:52sur une forme
17:55d'illusion d'optique.
17:55C'est-à-dire que
17:56d'abord que les condamnés,
17:57qu'il s'agisse de Nicolas Sarkozy,
17:59Marine Le Pen,
18:00usent évidemment
18:01de tous les moyens
18:02de leur choix
18:03pour se défendre
18:04et puis des multiples
18:05procédures possibles.
18:06C'est aussi pour ça
18:06que les procédures
18:07sont extrêmement longues.
18:08On entend parfois
18:08des responsables politiques
18:09se plaindre
18:10que le jugement
18:11intervienne
18:125, 10, 15 ans
18:14après les faits,
18:15sauf que les procédures
18:16eux-mêmes
18:16auxquelles ils ont recouru
18:17et puis parfois
18:19les éléments de procédure
18:20pour essayer de retarder
18:21l'instruction
18:22et les différents jugements,
18:23c'est eux
18:24qui ont eu recours
18:25de façon encore une fois
18:26parfaitement légale
18:27et légitime.
18:29Mais il faut faire attention
18:30entre, me semble-t-il,
18:32les protestations
18:34de la part
18:35de ces condamnés
18:36qui sont encore une fois
18:37légitimes
18:38ou de leurs défenseurs,
18:39de leurs supporters
18:39en quelque sorte.
18:41Et puis l'ensemble
18:41de l'opinion.
18:43On l'a vu
18:43au moment où
18:44Marine Le Pen
18:44a organisé
18:45même un meeting
18:46pour s'indigner
18:47des juges rouges,
18:48des juges politiques
18:49qui l'avaient condamné
18:50à l'inigérabilité.
18:52Ses supporters
18:52étaient là
18:53mais pas au-delà.
18:54C'est-à-dire qu'on n'a pas vu
18:55les Français descendre
18:56dans la rue.
18:56Même chose
18:57lorsque Nicolas Sarkozy
18:58a été incarcéré.
19:00Ses soutiens
19:00étaient là
19:01justement pour le soutenir
19:04dans ces circonstances difficiles
19:05mais on n'a pas vu
19:05des manifestations français.
19:06Pour une raison simple
19:08me semble-t-il
19:08c'est qu'indépendamment
19:09de l'identité
19:11des condamnés
19:12quels qu'ils soient
19:13les politiques
19:14en général
19:15ont installé l'idée
19:16dans l'opinion
19:18depuis 15, 20, 30 ans
19:20que la justice
19:20est trop laxiste.
19:22C'est ça qui est massif.
19:23Dans toutes les études
19:23d'opinion sur la justice
19:258 Français sur 10
19:26considèrent que la justice
19:27est trop laxiste.
19:28Alors elle est trop laxiste
19:29à l'endroit
19:29selon eux
19:30des petits délinquants
19:31des grands délinquants
19:33de tout ce que vous voulez
19:34comme forme de délinquants
19:35ou criminels
19:35il est difficile
19:36pour l'opinion
19:37de se dire
19:38mais à l'inverse
19:38elle serait trop sévère
19:39pour les politiques.
19:40Non, je ne pense pas
19:41que les Français pensent
19:41qu'elle est trop sévère
19:42pour les politiques
19:42et une bonne partie
19:43d'entre eux
19:44ont même tendance
19:44à considérer
19:45sans doute
19:45qu'elle est trop laxiste.
19:46Et pourtant
19:47il y a eu des décisions
19:48qui ont pu être perçues
19:49par certains
19:49comme Sévère
19:50à faire Belkani
19:51Sarkozy
19:52Marine Le Pen
19:53François-Xavier Bourmeau
19:53ces dernières années
19:54on avait moins l'habitude
19:55avant
19:56on avait plutôt
19:56l'impression que les politiques
19:57pouvaient passer à travers
19:58les mailles du filet
19:59c'est terminé
20:00est-ce que ça a fait avancer
20:02la moralisation
20:03de la vie politique
20:03ou ça n'a rien changé ?
20:05Sans doute que ça a
20:07quelque part aussi
20:08découragé des vocations
20:09de s'engager en politique
20:11quand vous voyez
20:11ce que vous risquez
20:12c'est un exemple
20:13Édouard Philippe
20:14pendant la crise du Covid
20:15avait été critiqué
20:16par Emmanuel Macron
20:17parce qu'il trouvait
20:18qu'il gérait trop
20:19son risque pénal
20:20je ne sais pas si vous vous souvenez
20:22de cette séquence
20:23où pour décider
20:24de déconfiner
20:25ou pas
20:26le Premier ministre
20:27hésitait à l'époque
20:28parce que derrière
20:29il y avait des décisions
20:31de justice
20:31mais plus largement
20:32j'ai l'impression
20:34que cet effritement léger
20:36de la confiance
20:39dans l'institution judiciaire
20:40s'inscrit dans un cadre
20:41plus large
20:42où c'est l'ensemble
20:43des pouvoirs
20:44qui s'effritent
20:44petit à petit
20:45le pouvoir exécutif
20:46on en a parlé
20:47avec le gouvernement
20:48trois premiers ministres
20:49en un an
20:50Sébastien Lecornu
20:52qui est toujours menacé
20:53de censure
20:53le pouvoir législatif
20:55on voit ce qui se passe
20:55en ce moment au Parlement
20:56avec une assemblée
20:57qui n'arrive pas
20:58à se mettre d'accord
20:58ou en tout cas
20:59ça patine
21:00donc le pouvoir judiciaire
21:03lui aussi s'effrite
21:04la confiance
21:05sur les fondements
21:05de la démocratie
21:06qui commencent
21:07à s'affaisser un peu
21:09et puis parlons
21:09du quatrième pouvoir
21:10le pouvoir de la presse
21:12qui lui aussi s'effrite
21:13face à la concurrence
21:14des grandes plateformes
21:15du numérique
21:16ou des réseaux sociaux
21:17il y a quelque part
21:18des signaux faibles
21:19d'un affaissement
21:20de la démocratie
21:21merci beaucoup
21:22les informés
21:22François-Xavier Bourmeau
21:23à la une de l'opinion
21:24alors le problème numéro 1
21:26pour les français
21:26les politiques
21:27c'est une enquête
21:28du Cevipov
21:29dont nous publions
21:30les résultats
21:30en exclusivité
21:31merci beaucoup
21:33Etienne Girard
21:34à la une de l'express
21:35dans les meilleurs kiosques
21:36Cancer, les vrais progrès
21:37de la science
21:37courre et lâche-té
21:38Merci Renaud
21:39On se retrouve demain
21:40et vous retrouvez
21:41les informés
21:42à 20h ce soir
21:43avec Victor Mathais
21:44Merci Renaud
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