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  • il y a 2 jours

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00:01Bienvenue dans les informés, c'est parti pour une demi-heure de décryptage de l'actualité.
00:05Bonjour Renaud Deligne.
00:06Bonjour Agathe.
00:07Deux sujets à la une ce matin.
00:09Pourquoi Nicolas Sarkozy enterre-t-il le front républicain ?
00:13Et puis l'Europe a-t-elle les moyens de déclencher une guerre commerciale contre Pékin ?
00:18Pour tout comprendre, nos informés ce matin,
00:21Alexandra Saviana, grand reporter à l'Express.
00:23Bonjour Alexandra.
00:23Bonjour.
00:24Et Jean-Rémy Baudot, chef du service politique de France Info.
00:27Bonjour Jean-Rémy.
00:27Bonjour Agathe.
00:28On commence donc Renaud avec notre premier débat.
00:30Nicolas Sarkozy enterre le front républicain.
00:33Mais pourquoi cette main tendue pour une alliance droite-extrême droite ?
00:38Et il le fait Nicolas Sarkozy dans un livre à paraître cette semaine,
00:41le journal d'un prisonnier qu'il a écrit durant ses trois semaines de détention à la prison de la santé.
00:47Nicolas Sarkozy, dans ce livre, enterre donc le front républicain.
00:51Il a plein d'égards à l'endroit de Marine Le Pen.
00:53Il rapporte une conversation avec Marine Le Pen dans laquelle il assure que lui ne défendrait pas un front républicain
00:59si de nouveau il était envisagé qu'il se mette en place face à la menace de l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
01:06Et Nicolas Sarkozy précise même qu'il le ferait savoir publiquement,
01:09qu'il dénoncerait publiquement cette stratégie du front républicain à laquelle il ne croit pas.
01:14Pourquoi prend-il aujourd'hui cette position ?
01:17Est-ce que c'est logique ?
01:19Et est-ce que c'est une position finalement assez normale au regard des rapports politiques aujourd'hui ?
01:24Voici ce qu'on disait il y a quelques minutes sur ce plateau Dominique de Villepin,
01:28l'ancien Premier ministre, qui ne partage pas du tout l'analyse de l'ex-chef de l'État.
01:33J'ai été choqué par ce qu'il dit.
01:36Nous sommes à un moment où le Rassemblement National,
01:38c'est plus de 35% des intentions de vote des Français.
01:43Et Nicolas Sarkozy, c'est pas nouveau, c'est une lente évolution depuis 2007,
01:48bascule, bascule en marquant clairement sa volonté de banaliser le Rassemblement National.
01:54Je crois que c'est une erreur politique, je crois que c'est une erreur morale,
02:00et que cette erreur survient au pire moment.
02:03Au pire moment aussi, ajouté Dominique de Villepin,
02:06parce que Donald Trump est en train de faire la promotion des partis d'extrême droite en Europe,
02:11et qu'il incite justement ces partis à prendre le pouvoir lors des élections à venir.
02:16Alors pourquoi est-ce que Nicolas Sarkozy fait ce choix,
02:18et quelles en sont les conséquences pour la droite ?
02:21Est-ce que la droite, finalement, a vocation, après avoir été ces dernières années,
02:24plutôt le supplétif d'Emmanuel Macron, de devenir le supplétif de Marine Le Pen ?
02:29Pourquoi Nicolas Sarkozy déclare-t-il cela aujourd'hui, Jean-Rémy ?
02:33Alors qu'à une époque, on se rappelle que l'ancien président tentait plutôt la main à Emmanuel Macron,
02:39et plaidait pour une alliance avec Emmanuel Macron.
02:40Alors il y a peut-être différents niveaux de lecture.
02:42On sait que sa relation avec Emmanuel Macron est plus que froide,
02:46notamment, et il en parle dans son livre,
02:48il parle de tout l'épisode de sa condamnation,
02:51du fait qu'on lui a retiré sa Légion d'honneur.
02:53Il en veut beaucoup à Emmanuel Macron de ne pas être intervenu
02:56et d'avoir laissé faire, de lui avoir enlevé cette Légion d'honneur.
03:01Après, il y a vraiment de la stratégie politique de la part de Nicolas Sarkozy.
03:05On rappelle qu'en 2007, il gagne parce qu'il a siphonné les voix Le Pen,
03:08parce qu'il a siphonné le vote d'extrême droite,
03:10mais avec une posture de droite, mais plutôt ferme.
03:15Néanmoins, à l'époque, il n'a pas de mots assez durs contre l'extrême droite.
03:18Aujourd'hui, il change complètement de braquet,
03:21et c'est vrai que ça pose un certain nombre de questions.
03:22Et aujourd'hui, il n'est pas candidat.
03:23Et par ailleurs, aujourd'hui, il n'est pas candidat,
03:25mais ça reste une voix qui est très écoutée,
03:27par une partie de la droite en tout cas,
03:29et ce que ça crée, ça crée en tout cas,
03:31en fait, ça déstabilise encore un peu plus la droite,
03:34les Républicains qui peut-être n'avaient pas tout à fait besoin de ça.
03:38Ce qui est assez étonnant, c'est que ça fait très longtemps,
03:41ça fait plusieurs mois que cette petite musique est en train de monter du côté de la droite
03:44et que beaucoup, soit ne comprennent pas vraiment sa stratégie,
03:47soit ne veulent pas comprendre,
03:49soit pensent en réalité que, soit il vous joue placé,
03:53c'est-à-dire qu'il veut être le premier à avoir dit que ça allait arriver.
03:55Du coup, l'union des droites, c'est peut-être ce qui va arriver,
03:58et du coup, il l'aura dit en premier.
04:00Soit ceux qui sont un peu plus cyniques encore,
04:01pensent que Nicolas Sarkozy joue la victoire du Rassemblement national
04:05d'un point de vue quasiment très personnel,
04:08espérant une loi d'amnistie qui lui permettrait d'être réhabilité.
04:11Peut-être qu'effectivement, vous y voyez cette arrière-pensée-là de Nicolas Sarkozy,
04:18cette idée qu'il vaut mieux être bien avec le pouvoir en place
04:21et que le Rassemblement national ayant des chances de gagner,
04:24peut-être qu'il vaut mieux faire des pas tout de suite,
04:26plutôt que vers Emmanuel Macron,
04:28dont aujourd'hui on n'a plus grand-chose à attendre ?
04:30En fait, je rejoins assez Jean-Rémi sur la lecture multicouche
04:35de cette déclaration, de cette écriture de Nicolas Sarkozy,
04:39qui est que, d'abord, de manière bassement affective,
04:43je pense qu'effectivement, les égards que lui a témoigné
04:46le Rassemblement national depuis cet été,
04:49depuis sa condamnation, a beaucoup joué.
04:52Jean-Anne Bordella, justement, s'était exprimé
04:54quand on lui a retiré sa légion d'honneur,
04:57il s'est à nouveau exprimé quand il a été condamné.
04:59Nicolas Sarkozy est très sensible,
05:02Sébastien Chenu a beaucoup écrit en prison,
05:04donc évidemment, ça joue.
05:06Et puis ensuite, effectivement, il doit y avoir
05:08une question de rapport à lui-même
05:10et au dirigeant du Rassemblement national.
05:12Et enfin, il y a le rapport électoral
05:14et le fait qu'il constate que le Front républicain
05:18est en train de s'éroder de toute manière.
05:20Je vous rappelle qu'il y a eu un sondage Ipsos en novembre
05:23qui dit que 53% des Français
05:25n'étaient finalement pas pour le Front républicain,
05:28contre le fait de l'appliquer, notamment au prochain scrutin,
05:32avec chez les sympathisants de droite
05:34à peine 36% des Français
05:36qui étaient pro-Front républicain.
05:39Donc en fait, Nicolas Sarkozy fait un constat,
05:41il lit l'électorat
05:42et il fait des déclarations qui vont dans ce sens.
05:45Mais Renaud Dely,
05:46est-ce qu'il y a encore tant de différences que ça
05:48entre le Rassemblement national et la droite ?
05:50Parce que c'est ça aussi la question derrière.
05:52Le fait est que sur tous les sujets régaliens aujourd'hui,
05:55il y a une gémélité qui est revendiquée même par la droite,
05:57d'ailleurs, sur les questions d'immigration,
06:00d'insécurité, d'islam, d'identité, etc.
06:03Donc il n'y a plus l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette
06:08entre les propos, voire les projets des deux.
06:11Et puis sur le plan économique et social,
06:13sur le plan économique et social,
06:14ce qui est intéressant,
06:15c'est qu'on voit qu'en entretenant un grand flou,
06:17en disant à peu près tout et le contraire de tout,
06:21ou en disant des choses et en votant dans une direction opposée,
06:25que ce soit à l'Assemblée nationale ou au Parlement européen,
06:28Jordan Bardella,
06:30qui de fait est en train de prendre le leadership du RN,
06:34est en train de changer le discours du RN
06:38sur les questions économiques et sociales
06:39pour draguer les patrons, les milieux d'affaires,
06:42les chefs d'entreprise, se montrer rassurants,
06:44fustiger les hausses d'impôts, etc.
06:47Même si le RN ne vote pas forcément dans ce sens-là
06:50à l'Assemblée nationale, c'est moins qu'on puisse dire.
06:51Donc là aussi, on voit que sur les questions économiques et sociales,
06:54il y a, encore une fois, avec un grand flou
06:56et un programme sur lequel on peut avoir de vrais doutes,
07:00mais il y a un discours qui se rapproche beaucoup
07:02de celui de la droite.
07:02Donc c'est vrai qu'à partir du moment où il n'y a plus de différence de fond,
07:05ce rapprochement, on le voit à l'œuvre d'ailleurs ailleurs,
07:07en Europe et dans d'autres pays occidentaux.
07:11Et ce qui est frappant dans ce que dit Nicolas Sarkozy,
07:12c'est qu'il faut se souvenir quand même que lui,
07:14c'est vrai qu'au pouvoir, et pour prendre le pouvoir,
07:16il avait été totalement très clair vis-à-vis de l'extrême droite,
07:20qu'en 2022 encore, il a appelé à voter Emmanuel Macron,
07:23ce que n'a pas fait le parti en tant que tel.
07:24Valérie Pécresse avait appelé à voter Emmanuel Macron
07:26au second tour de la présidentielle,
07:28mais pas LR, pas aussi clairement.
07:31Et que là, aujourd'hui, avec ces déclarations,
07:33surtout, ce qui me frappe le plus,
07:34c'est que non seulement il suit en quelque sorte
07:36le mouvement du vent,
07:38une bonne partie des sympathisants de droite,
07:40notamment, sans aucun doute, pour des raisons
07:42qui ont été évoquées par Jean-Rémi Baudot.
07:44Il y a l'espoir d'une loi d'amnistie
07:45si jamais le RN arrive au pouvoir.
07:48Et puis, il enterrine à ses yeux définitivement
07:50le poids marginal, on va dire, de la droite.
07:53C'est-à-dire que dans son esprit,
07:54la droite, aujourd'hui, a vocation à être
07:55un supplétif du RN de moins au pouvoir,
07:57comme elle l'a été la droite depuis ces dernières années,
08:01en tout cas en grande partie un supplétif d'Emmanuel Macron.
08:03Vous me faites la transition.
08:05Il y a Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez,
08:06qui disent qu'en cas de duel avec un candidat LFI,
08:10voterait pour n'importe qui, même un candidat RN.
08:14Est-ce que cette stratégie, Alexandra Saviana,
08:17finalement, pourrait nuire à la droite ?
08:18Est-ce que le risque, c'est pas que le petit parti LR
08:21se fasse totalement aspiré par le RN ?
08:23Manifestement, il y a des craintes,
08:25et ça, on le voit avec toute la question
08:26de la primaire de la droite,
08:28où Laurent Wauquiez appelle à une primaire
08:30de Gérald Darmanin jusqu'à Saracnafo,
08:32et il ne met pas le RN dedans.
08:34Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, il reconquête,
08:36donc le parti de Saracnafo,
08:37c'est un parti qui a fait 0,7% aux législatives,
08:40ce n'est pas un danger pour LR.
08:42Et aujourd'hui, LR a perdu tellement d'électeurs
08:44que leur seul ressort,
08:47c'est d'un peu absorber les petits partis,
08:50mais ils ne peuvent pas se mettre dans cette position
08:52avec le RN, parce que le RN est évidemment plus fort.
08:55Donc, pour le moment, Laurent Wauquiez,
08:57Bruno Retailleau, ont trouvé la parade
08:58qui est de dire que le RN a le cœur économiquement à gauche,
09:02et donc il n'y a pas de question d'alliance
09:05qui est possible à ce sujet,
09:07mais la question qui va se poser,
09:08c'est effectivement, avec l'arrivée de Jordan Bardella
09:11et sa drague des patrons,
09:13et ce nouveau discours plus libéral,
09:15est-ce que désormais, LR ne va pas devoir se fondre,
09:18justement, avec le RN,
09:20qui est beaucoup plus fort électoralement ?
09:22Jérémy ?
09:22En fait, à droite, c'est une petite musique qui monte,
09:25mais cette union des droites est un leurre,
09:27en réalité, pour les Républicains.
09:28Ceux qui pensent pouvoir...
09:29En fait, c'est du court terme,
09:30c'est-à-dire que l'union des droites permettra certainement
09:33aux Républicains de sauver quelques sièges
09:35lors des prochaines législatives éventuelles.
09:39Sauf qu'à terme,
09:40il y a toujours cette idée de préférer l'original à la copie,
09:45et d'une certaine manière,
09:46le RN ayant, dans l'opinion,
09:49un poids beaucoup plus fort,
09:50risque de toute façon de venir,
09:53d'une certaine manière, avaler la droite.
09:56Et donc, moi, je pense vraiment que c'est un leurre
09:58et que l'union des droites finira par tuer la droite.
10:04Néanmoins, on voit que cette confusion, elle existe.
10:06Et quand on entend effectivement un Wauquiez
10:07appeler à une primaire de Darmanin à Sarah Knafow,
10:10donc qui est même beaucoup plus à droite, en réalité,
10:13que le Rassemblement national,
10:16certes beaucoup plus libéral,
10:18mais beaucoup plus dur sur la question identitaire,
10:19c'est là qu'on voit qu'il y a une confusion
10:21dans les valeurs à droite,
10:22et qu'en réalité, ce que ça montre,
10:24c'est que les Républicains ne savent plus très bien où ils habitent.
10:26Renaud et après Alexandre.
10:27L'erreur stratégique, ou tactique,
10:29elle tient dans un rapport de force qui s'est complètement inversé.
10:31Quand Nicolas Sarkozy est élu président de la République en 2007,
10:35il fait trois fois plus de voix que Jean-Marie Le Pen
10:37au premier tour de la présidentielle.
10:39Il y a un rapport de 1 à 3 en faveur de la droite républicaine
10:42contre l'extrême droite.
10:43Et aujourd'hui, c'est l'inverse.
10:45À partir du moment où le Rassemblement national,
10:47l'extrême droite pèse plus de trois fois plus que la droite,
10:51se mettre dans la roue de l'extrême droite,
10:54c'est suicidaire d'un point de vue purement arithmétique.
10:57L'aspiration, la dynamique, elle est dans ce sens-là.
11:00C'est au contraire le moment où,
11:01si la droite voulait vraiment se reconstruire à plus long terme,
11:04elle devrait restaurer ce discours
11:06qui fut celui qu'elle a tenu pendant des décennies,
11:09en particulier sous Jacques Chirac, Alain Juppé, etc.
11:11C'est-à-dire reconstruire un logiciel idéologique
11:14qui soit imperméable aux influences de l'extrême droite.
11:18Et elle fait l'inverse, donc elle a vocation,
11:19si jamais elle prend ce chemin-là,
11:21à disparaître, à se fondre en tout cas
11:23dans la dynamique du RN.
11:25Alexandra Saviana ?
11:26Et le problème est d'autant plus présent
11:28qu'en fait, il n'y a pas une ligne,
11:29il y a trois lignes sur le sujet, au moins, dans le parti.
11:32On a la ligne qui est présentée par Nicolas Sarkozy aujourd'hui,
11:36qui représente quand même quelque chose chez LR,
11:38avec justement ce côté antifront-républicain.
11:41Ensuite, on a la ligne Laurent Wauquiez,
11:43qui est contre et qui appelle,
11:45donc je le disais, à cette fameuse primaire
11:47avec un englobant Sarac-Nafo.
11:49Et ensuite, de l'autre côté,
11:51on a la ligne plutôt Barnier.
11:53Xavier Bertrand.
11:54Xavier Bertrand, exactement,
11:56qui eux sont résolument contre
11:57et qui appellent à une primaire de la droite et du centre.
12:01Donc effectivement, on a une absence totale
12:03de stratégie de parti pour le moment.
12:04Et de cohérence.
12:05Et Jean-Rémi, le mot de la fin sur ce sujet ?
12:06Le mot de la fin, c'est peut-être que Nicolas Sarkozy
12:08rêve d'être le dernier président de droite.
12:10Et finalement, si demain,
12:11il n'y a plus qu'une droite extrême droite,
12:13il aura été le dernier président de la droite.
12:16Dans un instant, autre sujet.
12:18Emmanuel Macron menace la Chine
12:20de droit de douane.
12:21Mais est-ce qu'on a vraiment les moyens
12:23de menacer la Chine, nous, Européens ?
12:26Tout de suite, il est 8h19
12:27et c'est l'Info en une minute avec Diane Ferch.
12:29L'épidémie de bronchiolite et 14 bébés en réanimation en Ile-de-France
12:34ont dû être transférés vers d'autres régions,
12:37principalement vers les CHU de Reims et de Rouen.
12:40Les services pédiatriques franciliens sont saturés.
12:43Une femme de 42 ans en garde à vue,
12:45interpellée samedi en gare de Marne-la-Vallée,
12:47chez Sy en Seine-et-Marne.
12:48Elle est soupçonnée d'avoir violemment frappé son fils à bord d'un train.
12:51Ce sont des passagers qui ont donné l'alerte
12:53en appelant le 31-17,
12:55le numéro d'assistance pour les voyageurs à bord des trains.
12:57A la veille du vote sur le budget de la Sécurité sociale
13:00à l'Assemblée nationale,
13:01le premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure,
13:04appelle ce matin ses députés à voter
13:06en faveur du projet de loi Olivier Faure
13:08qui souligne des avancées dans le texte,
13:10notamment la suspension de la réforme des retraites.
13:13Les reproches de Donald Trump
13:14à l'encontre du président ukrainien.
13:16Donald Trump qui se dit déçu,
13:18il affirme que Volodymyr Zelensky n'a pas lu
13:20la proposition de paix sur l'Ukraine
13:22dévoilée il y a trois semaines par les Etats-Unis
13:24et qui fait l'objet depuis de discussions des reproches
13:27alors que le président ukrainien revoit
13:29aujourd'hui à Londres ses alliés européens,
13:32Emmanuel Macron ainsi que les dirigeants britanniques
13:34et allemands pour faire le point sur les négociations.
13:39France Info
13:41Les informés, Renaud Delis, Agathe Lambret
13:46Les informés avec Alexandra Saviana, grand reporter à l'Express
13:52et Jean-Rémi Baudot, chef du service politique de France Info.
13:55On passe à notre deuxième débat, Renaud.
13:59Le président menace la gine d'augmenter les droits de douane.
14:03Est-ce qu'on se dirige vers une guerre commerciale ?
14:05Un vrai changement en tout cas dans l'attitude d'Emmanuel Macron,
14:07tout juste de retour de son voyage en Chine.
14:09Il a donc menacé dans un entretien à nos confrères des Echos publiés hier
14:13d'infliger des droits de douane, je le cite dans les tout prochains mois,
14:17si Pékin ne prend pas des mesures pour rééquilibrer ses relations commerciales avec l'Europe.
14:21Le déficit commercial ne cesse de se creuser en défaveur de l'Union Européenne.
14:26Il s'élevait à 300 milliards d'euros l'an dernier.
14:29Pourquoi est-ce qu'Emmanuel Macron prend cette position ?
14:31S'agit-il d'engager, d'enclencher une guerre commerciale avec Pékin ?
14:37Voici ce qu'on disait ce matin sur l'antenne de France Info,
14:39Sébastien Jean, économiste, spécialiste du commerce international
14:42et professeur d'économie au CNAM.
14:44On ne va pas contraindre la Chine à tout changer.
14:48En revanche, on n'est rien obligé aujourd'hui d'accepter
14:51qu'on est en train de changer de mode.
14:54Il y a un rapport de force et il faut accepter d'entrer dans le rapport de force.
14:57On n'a pas tous les atouts, c'est évident, par rapport à la Chine,
15:00on a des vulnérabilités, mais l'Europe est une puissance commerciale.
15:04Elle est un partenaire indispensable pour la Chine
15:06et donc elle peut faire valoir ses atouts.
15:11Instaurer un rapport de force, mettre en œuvre des droits de douane
15:15pour taxer les produits chinois, ça ne vous rappelle rien ?
15:19Mais oui, est-ce qu'il y a une forme de trumpisation,
15:21en quelque sorte, du commerce international ?
15:23Trampisation à laquelle se convertirait aussi Emmanuel Macron
15:26en évoquant cette hypothèse de droit de douane infligée à la Chine.
15:30Et est-ce que l'Europe a les moyens, d'ailleurs, de mettre en œuvre une telle politique ?
15:35Est-ce qu'Emmanuel Macron s'est converti au protectionnisme ?
15:38Alexandre Asteviana, et est-ce que c'est la bonne méthode face à la Chine ?
15:42Emmanuel Macron constate la brutalisation du monde
15:45et donc c'est une réponse qui est apportée,
15:48de la même manière que l'Europe doit aujourd'hui apporter des réponses en matière de défense.
15:53Donc là, maintenant, c'est sa position économique à lui.
15:55Le problème, c'est qu'il le fait après un voyage en Chine qui a été un peu un échec,
16:00dans la mesure où il venait notamment pour alerter Xi Jinping sur l'Ukraine
16:05et il n'a pas obtenu ce qu'il voulait.
16:06Donc il constate que la France pèse finalement assez peu aux yeux de Pékin.
16:12Et alors qu'il est allé seul en Chine,
16:15il demande maintenant une Union des Européens pour discuter effectivement
16:19et s'armer face à deux géants.
16:22parce que la vérité, c'est que désormais, la mondialisation heureuse, c'est fini
16:26et l'Europe constate qu'elle est prise en étau entre les États-Unis d'un côté et la Chine.
16:33Et donc la réponse, c'est effectivement de voir comment font ces deux grandes puissances
16:36et essayer de s'armer contre ça.
16:38Mais le problème, c'est qu'on réagit beaucoup plus difficilement à 27
16:42qu'on ne réagit quand on est une grande puissance comme la Chine ou les États-Unis.
16:46Parce que c'est une utopie, Jean-Rémy, d'imaginer que la France seule va pouvoir peser face à la Chine.
16:51En revanche, est-ce qu'il pourrait y avoir une alliance entre Européens
16:56pour augmenter ses droits de douane, pour faire pression ?
16:59En fait, ma lecture est un peu différente.
17:01Je ne pense pas qu'Emmanuel Macron menace la Chine.
17:03Je pense qu'en fait, on n'en a pas les moyens.
17:05La France n'en a pas les moyens.
17:06Par contre, il veut créer effectivement une forme de rapport de force.
17:09Il faut se rendre compte que le monde a complètement changé.
17:11Ça a terminé le moment où la Chine était un peu l'usine du monde
17:14qui nous envoyait des biens pas chers.
17:15Aujourd'hui, la Chine, ils font des machines-outils,
17:17ils font de la haute technologie, ils font de l'IA,
17:19ils font des batteries du raffinage du lithium,
17:22des véhicules électriques et tout ça.
17:23Et donc, il y a une phrase qui me terrifie, en fait,
17:25dans l'interview que donne Emmanuel Macron aux Echos.
17:29Il faut que les Chinois fassent en Europe ce que les Européens ont fait
17:31il y a 25 ans en investissant en Chine.
17:34Ça veut dire qu'on est dans un changement de paradigme total
17:36et c'est pour ça qu'on a besoin de la taille critique de l'Europe.
17:38Et je reviens évidemment à ce que disait Alexandra,
17:40c'est-à-dire que la France toute seule ne peut pas le faire.
17:43Et c'est pour ça que je pense qu'Emmanuel Macron ne menace pas les Chinois.
17:46Surtout après un voyage où il a été reçu avec les honneurs.
17:49Mais l'Europe a un déficit commercial qui s'agrandit de manière gigantesque avec la Chine.
17:55Et donc, on a besoin effectivement, et d'ailleurs Emmanuel Macron le dit,
17:57il dit aux Chinois, investissez chez nous parce que sinon,
18:00demain, nous, on va être trop pauvres et vous n'aurez même plus de clients.
18:03C'est ça le message qu'il fait passer.
18:04Et c'est là, franchement...
18:05Investissez chez nous, partagez vos technologies aussi,
18:07comme nous on a partagé les noms.
18:08C'est là que c'est terrifiant.
18:09Ça dit quelque chose du décrochage de l'Europe que beaucoup ne veulent pas voir.
18:12C'est ça qu'il y a les deux discours.
18:14C'est-à-dire qu'il menace de fait, peut-être plus pour des raisons politiques d'ailleurs,
18:18d'infliger des droits de douane dans les tout prochains mois, dit-il.
18:20Ça, c'est sur les importations chinoises en Europe.
18:23Et surtout, il supplie, en effet, les Chinois de venir investir encore davantage en Europe.
18:30Et donc, ça souligne notre dépendance à la Chine qu'on connaît,
18:32notre dépendance commerciale, notre dépendance économique,
18:35de plus en plus croissante à nous, Européens.
18:38Et le problème, c'est que cette prise de position qui peut être louée en termes,
18:41on va dire, d'accès à une forme de lucidité.
18:44C'est vrai que le temps d'Alexandre Saviana a évoqué ce concept de mondialisation heureuse.
18:48En tout cas, le temps de la naïveté est fini.
18:50Et ça, le fait est que les coups de boutoir de Donald Trump
18:55contre le commerce international ont participé, évidemment, de cette prise de conscience.
18:58Donc, une riposte en termes de droit d'ouane, par exemple, plus pensée, plus mieux organisée que celle de Donald Trump.
19:04Il ne s'agit pas qu'Emmanuel Macron, demain, surgisse à la télévision avec ses petits cartons,
19:08comme on avait vu le président américain le faire, en imposant des chiffres fantaisistes comme ça.
19:13Il s'agit d'essayer de penser une riposte à l'échelle européenne.
19:16Mais c'est extrêmement compliqué, parce qu'on est 27 et parce qu'on n'a pas tous les mêmes intérêts.
19:19L'Allemagne, par exemple, est beaucoup plus réticente.
19:21Elle est très présente à la Chine.
19:22Mais l'Allemagne y viendra ?
19:23L'Allemagne y viendra peut-être, j'en sais rien.
19:25Mais en tout cas, l'Allemagne, aujourd'hui, n'est pas prête à payer, si j'ose dire.
19:29En tout cas, le coût...
19:30Pas aligné avec la France, de ce point de vue-là.
19:32Voilà, le coût, aujourd'hui, de cette prise de position.
19:35Et puis, à plus long terme, au-delà, c'est que l'appel aux investisseurs chinois
19:38souligne le déficit d'investissement d'Union européenne.
19:41Ça avait été souligné par le rapport Draghi, évidemment, de façon spectaculaire,
19:44dans un certain nombre de domaines qui relèvent de ce qu'on appelle l'innovation.
19:47Et l'un des domaines les plus spectaculaires et qui nous parlent le plus, outre le photovoltaïque,
19:51c'est les véhicules électriques.
19:52Voilà, on a bien vu que là, l'Europe a pris, aujourd'hui, des années, si ce n'est
19:56des décennies de retard sur la Chine.
19:59Comment on fait pour peser, par exemple, face aux voitures électriques chinoises, Jean-Rémi ?
20:04Alors, c'est d'avoir nos propres technologies matures et de pouvoir avoir un marché qui suit
20:09la route.
20:09Et ça, on voit bien que c'est compliqué.
20:11Je crois qu'il n'y a pas de baguette magique, mais c'est vrai que si on arrive
20:15à faire passer l'idée aux Chinois que les investissements se font aussi en Europe
20:19et qu'il faut que, puisque le marché américain a été verrouillé pour eux, ils ne déversent
20:23pas toutes leurs marchandises sur l'Europe, parce que c'est ça qui se passe aujourd'hui.
20:27Et c'est pour ça que je pense que les Allemands y viendront, c'est que les Allemands
20:30vendaient notamment des outils, des machines-outils à la Chine, qui aujourd'hui les fait
20:34elles-mêmes.
20:35Donc là, l'économie allemande est en train de souffrir de ça.
20:37Donc il y a un rééquilibrage qui est nécessaire.
20:39Merci beaucoup les informés.
20:41Merci Alexandra Saviana, grand reporter à l'Express.
20:43Vous nous donnez la lune de l'Express aujourd'hui ?
20:46Cette gauche qui stoppe l'immigration de Danemark.
20:50Retrouvée dans les meilleurs kiosques.
20:52Merci Alexandra.
20:53Merci Jean-Rémi Baudot, chef du service politique de France Info.
20:56Et merci Renaud Delis.
20:57On se retrouve demain.
20:59Bonne journée.
20:59Ce soir, les informés reviennent à 20h avec Victor Maté.
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