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  • il y a 2 mois
Ce mercredi 29 octobre, dans son édito, Mathieu Jolivet est revenu sur l'origine des difficultés sur la répartition du budget énergétique 2026. Cette chronique est à voir ou écouter du lundi au vendredi dans Good Morning Business, présentée par Sandra Gandoin sur BFM Business.

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Transcription
00:00L'édito de Mathieu Jolivet, comment répartir les efforts, voilà la question autour de laquelle se déchire la classe politique en ce moment.
00:06Pour vous Mathieu, une partie du problème c'est que les Français ont oublié qu'ils ont été aidés.
00:11Oui, puisqu'à l'origine d'une partie des blocages politiques actuels, vous avez quoi ? Vous avez la crise énergétique.
00:17Je vous explique, le choix du bouclier énergétique qui a été fait en France, celui de geler les prix de l'électricité et du gaz,
00:23plutôt que de faire des chèques en direct, ça a coûté plus de 100 milliards d'euros, soit 3,5% du PIB.
00:30Et aujourd'hui, il faut le rembourser. Mais ce bouclier, il est resté invisible.
00:35Vous savez, quand la facture monte un peu moins que prévu, vous n'avez pas le sentiment d'avoir été aidés.
00:39Ça, c'est psychologique. Contrairement aux autres pays qui ont fait le choix, non pas du bouclier, mais des chèques versés.
00:45L'avantage de ces chèques versés, c'est qu'on peut les cibler et que ceux qui les reçoivent, eux, ont le sentiment d'avoir été aidés.
00:51Et donc, en sortie de crise, c'est plus facile à expliquer que lorsque vous avez appliqué un bouclier qui a protégé tout le monde, sans distinction.
00:59Résultat, en France, on a quoi ? On a l'effort massif de l'État qui a profité, objectivement, à tout le monde.
01:04Un effort qui a coûté 100 milliards, mais personne qui ne s'en rend compte, ce qui fausse la perception de la solidarité publique.
01:10Et donc, en plein débat budgétaire aujourd'hui, à l'heure des comptes, c'est beaucoup plus difficile de faire admettre l'idée d'un remboursement collectif.
01:18C'est peut-être là le problème originel. Les Français se sont retrouvés avec une aide invisible, mais l'État, lui, avec une facture qui était bien visible.
01:26Problème de perception. Et c'est très difficile de faire entendre le message d'un remboursement collectif auprès des classes moyennes, Mathieu.
01:32Oui. Si on regarde comment les revenus ont évolué ces dernières années, qu'est-ce qu'on voit ?
01:36À une extrémité, les plus modestes, qui ont été un peu protégés par des mécanismes comme l'indexation du SMIC ou les minima sociaux.
01:43Et puis, à l'autre extrémité, les plus riches, les plus aisés, qui, eux, ont souvent vu leur patrimoine s'apprécier avec l'immobilier et la bourse.
01:49Donc, ils s'en sont plutôt bien sortis.
01:52Mais au milieu, on a les 60%.
01:54La majorité des ménages qui se situent entre les 20% les plus modestes et les 20% les plus aisés.
02:01Ce sont ces ménages qui n'ont pas vraiment bénéficié de la hausse des actifs,
02:05mais qui, en même temps, ont perdu en pouvoir d'achat entre 2021 et 2023.
02:08En gros, ils sont un peu les oubliés. Ils ne sont ni assez modestes pour être très protégés,
02:14ni assez riches pour profiter de la valorisation des patrimoines.
02:17Du coup, si on décide de rembourser l'effort public en faisant peser la note principalement sur cette classe moyenne,
02:24par exemple avec un gel du barème de l'impôt sur le revenu, qui les touche plus fortement,
02:27et que les députés viennent de rayer d'un trait de plume,
02:31eh bien, on risque de créer un sentiment d'injustice.
02:34Eux, ont déjà perdu du pouvoir d'achat, et là, on leur demanderait de faire encore plus d'efforts.
02:39C'est un peu le piège.
02:40On mettrait sur les épaules de la classe moyenne une double peine,
02:43ce qui pourrait déclencher une crise sociale, un peu comme on l'a vu avec les Gilets jaunes.
02:47Merci Mathieu Jolivelle.
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