00:00Mathieu Jolivet, les amendements qui frappent les entreprises pleuvent littéralement cette semaine, les milieux d'affaires sont médusés.
00:06Oui, tous les responsables patronaux avec qui j'ai discuté se sentent totalement démunis.
00:10Pour rappel, en mai dernier, le baromètre EY classait la France comme le pays le plus attractif d'Europe pour les investisseurs internationaux.
00:17Et ce, pour la sixième année d'affilée.
00:20Et là, on a quoi ? En une semaine, on a une taxe surprise pour les multinationales, une taxe sur les rachats d'actions,
00:25une surtaxe exceptionnelle sur les bénéfices.
00:27Je ne vais pas tous vous les citer, mais oui, les entreprises sont bien médusées.
00:31Les dégâts sur le climat des affaires risquent d'être importants, surtout quand on regarde les derniers baromètres sur l'attractivité fiscale cette fois,
00:38publié en début de semaine et qui classe la France dernier de la classe.
00:42Alors oui, les investissements, on le voit, ils ont tenu le coup au troisième trimestre, mais attention à l'effet trompe-l'œil.
00:48Ce que j'entends, moi, depuis plusieurs semaines de la part des industriels et des responsables patronaux,
00:52c'est que les entreprises ont mis pause sur les investissements et sur les intentions d'embauche.
00:58Depuis début septembre, c'est le brouillard le plus total, aucun cap, aucune visibilité.
01:02Un responsable patronal me dit, là, ce qu'ils attendent maintenant, le passage au Sénat,
01:07qui est beaucoup plus pro-business, pour voir comment ils détricoteront toutes les mesures qui frappent les entreprises.
01:12En fait, les dirigeants sont incapables actuellement de se projeter dans une telle crise politique.
01:17C'est pas compliqué, dans l'hémicycle, c'est les sables mouvants, plus ça s'agite, plus on s'enfonce.
01:22Et surtout, il se demande si cette crise politique marque la fin d'une période pro-business, finalement.
01:26Oui, une politique de l'offre qui a été enclenchée il y a maintenant 11 ans.
01:29Le point de départ, c'est le 14 janvier 2014.
01:32Ce jour-là, François Hollande tient une conférence de presse à l'Elysée.
01:36Il dit qu'il faut alléger le coût du travail et restaurer la compétitivité des entreprises.
01:40On est à l'opposé de « mon ennemi, c'est la finance ».
01:43C'est l'annonce de son pacte de responsabilité qui va marquer le tournant pro-entreprise de son quinquennat.
01:48C'est la grande loi pour la croissance avec la dérégulation de nombreux secteurs.
01:51C'est le crédit d'impôt pour la compétitivité qui coûtera 20 milliards d'euros par an à l'État.
01:57C'est le début de la baisse d'impôt sur les sociétés qui sera ramenée de 33-25% pour s'aligner sur la moyenne européenne.
02:03Et sous Emmanuel Macron, cette politique pro-business va s'accentuer.
02:05Oui, là, ça va être la loi PACTE en 2019.
02:07En gros, à ce moment-là, bien loin de l'ambiance actuelle, même si vous aviez des frondeurs de la gauche qui faisaient du bruit,
02:13vous aviez à l'époque un Parlement qui débattait pour voir comment simplifier la vie des PME,
02:18comment faciliter les transmissions, comment réformer l'épargne, comment financer l'innovation.
02:22Tous ces dispositifs enclenchés depuis 2014, ils étaient mis en avant lors des sommets de Chousse France.
02:28Depuis 2018, chaque année, au château de Versailles, Emmanuel Macron reçoit les grands patrons du monde entier
02:33à qui ils vantent notre stabilité fiscale.
02:36Ça aussi, ça résonne cruellement si on le regarde depuis l'hémicycle qui se déchire aujourd'hui sur l'effort à faire porter aux entreprises.
02:43Selon les périmètres retenus, le coût des dispositifs de soutien aux entreprises mis en place depuis 2014,
02:49il est évalué entre 60 et 80 milliards d'euros par an.
02:52Mais vu la tournure du débat budgétaire et la violence de cette crise politique,
02:55on peut légitimement se demander si ce cycle pro-business enclenché il y a 11 ans arrive à sa fin.
03:02Pourtant, la croissance tient malgré tout et on y reviendra tout à l'heure face à le chiffre avec vous, Mathieu Jolivet.
03:08On y revient dans 20 minutes.
