00:01Comme chaque mercredi, coup d'œil sur le marché obligataire et ce matin c'est Ronan Blanc qui nous accompagne, gérant obligataire chez Montpensier Arbevel.
00:07Bonjour Ronan Blanc.
00:08Et bonjour.
00:08Merci d'être avec nous ce matin. Dans un instant on va revenir sur le 10 ans américain qui est repassé brièvement hier sous les 4% sur le 10 ans français qui est sur des plus bas de fin août.
00:19Juste quand même un mot sur le dossier chaud du jour et c'est fait.
00:21On était il y a quelques instants avec Mathieu Pechberti qui nous expliquait les tenants et les aboutissants de ce dossier.
00:25Le secteur des télécoms qui est un secteur très capitalistique qui a besoin du marché du crédit.
00:31Comment vous regardez ce démantèlement probable de SFR dans les prochaines années ?
00:34Déjà la conso était attendue, il y avait déjà eu des rangs précédents.
00:38Donc en soi ce n'est pas une très grosse surprise.
00:40La petite surprise c'est le fait qu'Orange participe un petit peu plus dans la ventilation entre les 3 autres opérateurs historiques français.
00:47Sans doute un peu de pression à venir sur les obligations notamment côté Iliad puisque tout ça il va falloir quand même le financer.
00:54Il y a du cash dispo mais ça va aussi vouloir dire plus de dettes.
00:59En soi un moyen long terme pour ces opérateurs aussi, ça veut dire sans doute moins de bataille sur les prix.
01:05Donc potentiellement aussi un rééquilibrage en termes de potentielle génération de flux de trésorerie.
01:12Ce qui fait partie des marqueurs quand même positifs sur le crédit.
01:15Donc un peu de mouvement peut-être d'attente conservatrice de la part des investisseurs à court terme.
01:22Mais à moyen terme ça va plutôt dans le bon sens.
01:26En tout cas la bourse elle s'enflamme de cette nouvelle puisque Bouygues prend plus de 8% à 41,90€ quand Orange de son côté prend 4% à 14,16€.
01:35Voilà donc pour ce dossier SFR.
01:36Si on revient un petit peu sur le marché obligataire, on était ensemble il y a quelques semaines.
01:41On a connu un mois de septembre qui était très dynamique.
01:43Beaucoup d'entreprises qui se sont financées sur le marché obligataire.
01:46C'était même un mois record de souvenirs.
01:48Bon ça se calme un petit peu là depuis.
01:50Les entreprises ça y est se sont financées.
01:52Donc on a des émissions qui sont un peu plus faibles ces derniers jours.
01:55Moins record en septembre.
01:56C'est souvent il y a deux mois dans l'année particulièrement dynamique.
01:59C'est la rentrée de janvier parce qu'il ne se passe rien entre quasiment novembre et décembre.
02:03Et c'est le mois de septembre.
02:04C'est objectivement aller au-delà de nos attentes en termes de volumétrie.
02:07Donc l'appétit est là.
02:09Les émetteurs y répondent favorablement.
02:11En Europe c'est surtout des refinancements.
02:13Donc des entreprises qui ne vont pas rajouter spécialement de la dette.
02:16Ils vont juste proposer de rallonger leurs dettes et de racheter les dettes plus courtes.
02:21Donc c'est relativement sain.
02:23Nous on est attentifs à tout ce qui est relâchement en termes d'austérité financière.
02:28Pas uniquement côté État.
02:30Côté État on a compris que ce n'était pas le cas.
02:32Mais en tout cas côté entreprises.
02:33En Europe le fait qu'il y ait assez peu de visibilité sur le cycle économique incite plutôt à la prudence.
02:38Ça c'est quelque chose qui entre guillemets est plutôt bien vu du côté des créanciers.
02:43Aux Etats-Unis c'est un petit peu moins le cas.
02:46Dès qu'ils ont un petit peu d'argent.
02:47Et on le sent d'ailleurs le rapport liquidité sur dette est plutôt en train de baisser aux Etats-Unis.
02:53Il y a des dividendes exceptionnels.
02:55Il y a des rachats d'actions.
02:56Il y a des opérations de fusion acquisition.
02:58On en a aussi en Europe mais clairement pas sur les mêmes dynamiques et les mêmes montants.
03:04Donc on n'est pas spécialement inquiets.
03:05Encore une fois les publications de résultats vont dans les prochaines semaines.
03:09Donc souvent les semaines précédentes ces publications il ne se passe rien.
03:13On est dans ce que les anglo-saxons appellent la quiet période.
03:16Où il n'y a pas d'opération financière.
03:18Donc il ne faut pas non plus trop s'inquiéter de ce point de vue là.
03:21En tout cas pour l'instant ça se passe bien sur le marché obligataire.
03:24Malgré les troubles sur la guerre commerciale, ralentissement de la croissance économique et j'en passe.
03:30On a un marché obligataire qui offre toujours du rendement.
03:34Et surtout le high yield fait assez peu défauts.
03:36Ça se passe plutôt bien.
03:37Alors après il y a plusieurs catégories de high yield mais les taux de défauts restent...
03:40Les taux de défauts sont effectivement bas et les projections en tout cas que font la plupart des stratégies se restent basses.
03:46Alors on est un petit peu méfiant.
03:47On pense que ça va légèrement remonter quand même l'année prochaine.
03:49Il y aura des défauts.
03:50Il y en a eu d'ailleurs aux Etats-Unis.
03:51Assez symptomatique dans le secteur auto.
03:54Notamment First Brand qui est un petit équipementier.
03:58Et c'est un petit peu les travers que nous on redoute côté américain.
04:01Manque de transparence.
04:03Usage de tous les leviers de la dette.
04:07Notamment tout ce qui est à facturage.
04:08En soi c'est vieux comme le monde la facturage.
04:12Mais on s'est rendu compte qu'au lieu d'avoir une dette à 5 milliards finalement c'est quasiment le double.
04:17Donc ça jette un petit peu le trouble sur ce secteur-là qu'on n'avait pas spécialement besoin.
04:23Et ça incite encore une fois plutôt les investisseurs à privilégier les actifs européens.
04:28Où il y a moins cette notion de ré-endettement, releveraging.
04:33Et on est sur un marché sans doute un petit peu plus sain.
04:36Donc nous notre opinion c'est qu'il y a eu un petit peu de flottement ces dernières séances.
04:41On a le sentiment d'un marché qui est plutôt en train de reprendre son souffle.
04:44Donc c'est plutôt sain.
04:45On est moins sur un marché en sens unique.
04:47À un moment donné on a envie aussi de voir un petit peu de pic de volatilité.
04:52Pour redonner finalement l'occasion de redéployer des liquidités.
04:55Parce qu'encore une fois les liquidités il y en a beaucoup.
04:57La BCE va continuer à appuyer sur l'accélérateur monétaire.
05:02Avec sans doute une ou peut-être deux baisses de taux à suivre.
05:06Et ce cash qui est moins rémunéré il va chercher un petit peu plus de rendement.
05:09Je vous le disais le high yield européen aujourd'hui c'est autour des 6%.
05:12Ramener une inflation sous les deux c'est quand même plutôt clairement à l'avantage de la classe active.
05:16Dernier mot par rapport à ces anticipations de baisse de taux.
05:19C'est déjà beaucoup dans les cours.
05:20Je disais le disant américain est à 4%.
05:22Les taux en Europe ont également bien reculé ces dernières semaines.
05:25Est-ce qu'aujourd'hui un investisseur qui veut investir dans l'obligataire il faut y aller maintenant.
05:28Avant que les banques centrales baissent leurs taux.
05:31Ou en fait ça y est c'est déjà fait.
05:33Non en fait on revient un peu aux fondamentaux du métier.
05:37Qui est que le crédit et notamment le crédit au rendement.
05:40Ça devient une classe active de portage.
05:42Le principal moteur ça sera justement la rémunération que vous allez avoir.
05:45Du 6% avec une inflation à 2.
05:48Honnêtement vous êtes largement payé pour le risque.
05:50Clairement il y aura des défauts qui seront plutôt ciblés sur les catégories les plus bas de notation.
05:55Ceux qui finalement ont été entretenus par la décennie passée des taux bas.
05:59Et maintenant qu'ils rollent leur dette à plus cher.
06:01C'est clairement plus possible.
06:03Merci beaucoup Ronan Blanc de nous avoir accompagné ce matin.
06:05Gérant obligataire chez Montpensier Arbevel.
06:07Pour faire donc un point sur ce marché obligataire.
06:10Et donc je vous rappelle le disant français qui se détend depuis hier après-midi.
06:13Encore ce matin il perd 4 points de base.
06:15Nous sommes à 3,37 avec un spread, un écart de taux entre la France et l'Allemagne.
06:19Qui revient sur des plus bas d'un mois sous les 80 points de base.