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  • il y a 6 semaines
Ce mercredi 27 août, la situation du marché obligataire, notamment la stabilité du 10 ans français face aux autres taux qui augmentent moins fortement, a été abordée par Ronan Blanc, gérant Obligataire chez Montpensier Arbevel, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Avec Ronan Blanc qui est avec nous ce matin en plateau, gérant obligataire chez Montpensier Arbevel.
00:06Bonjour Ronan, merci d'être avec nous ce matin.
00:08Bon hasard de calendrier, vous venez un jour où il se passe pas mal de choses sur le marché obligataire.
00:1310 ans français qui est à 3,49, c'est-à-dire qu'il est plus ou moins stable ces dernières heures.
00:18Néanmoins, ça y est là, nous sommes à 5, 6 points de base entre la France et l'Italie sur les deux références sur ces deux 10 ans.
00:24Ça montre bien que si le 10 ans français est stable, ce sont en fait les autres taux qui montent moins fortement.
00:33En fait, c'est un peu ça, c'est-à-dire que l'environnement obligataire est plutôt favorable aujourd'hui,
00:37c'est-à-dire que le différentiel d'inflation est plutôt à l'avantage de l'Europe.
00:40Donc les flux ont naturellement privilégié cette zone-là et finalement le déclassement de la dette française a déjà été validé, vous l'avez dit vous-même.
00:48Ça fait longtemps que les investisseurs ne regardent plus trop les notes des agences de notation,
00:53puisqu'il y a un écart qui est assez significatif entre la France et l'Italie.
00:56Et pour autant, les niveaux de rémunération sont quasiment proches d'autre.
01:00Le déclassement en fait est validé, il y a un croisement en termes de trajectoire fiscale et des déficits des deux pays.
01:08Donc on sait bien pertinemment que maintenant, c'est à nous de faire le boulot.
01:12Le boulot est décalé avec tous les événements politiques de ces derniers jours.
01:16Pour l'instant, il n'y a pas de fatalité encore marquée dans le marché, parce qu'encore une fois, cette incertitude politique est quand même avec nous depuis de nombreux mois maintenant.
01:29On a du mal à imaginer qu'il faille autant de temps pour essayer d'économiser 40 milliards, mais c'est quand même la situation à l'heure actuelle.
01:36Et j'ai envie de dire qu'il y a des déficits qui sont relativement significatifs.
01:42C'est une thématique mondiale de toute manière, c'est la même chose aux Etats-Unis.
01:46La Chine, c'est aussi la même chose.
01:48Donc encore une fois, il faut éviter d'être au milieu de l'œil du cyclone.
01:52Pour l'instant, c'est le cas.
01:54Donc il va falloir trouver les moyens d'en sortir pour que les projecteurs soient mis sur un autre souverain que la France demain.
02:00Et ça change quoi pour les entreprises qui se refinancent ?
02:03Ça change quoi pour les ménages ? Parce qu'au final, le 10 ans français, c'est quand même un petit peu une boussole dans ce marché obligatoire.
02:10La notion de même de taux sans risque a quand même beaucoup été attaquée ces derniers mois, on va dire ça comme ça.
02:18Les références d'hier ne sont pas spécialement celles de demain.
02:21Tout le monde a en tête l'infatigable Bund allemand, mais avec les dépenses qui vont être avancées dans les prochaines années,
02:30est-ce que cette référence est toujours la bonne à prendre ?
02:32En fait, nous, ce qu'on note, c'est que globalement, ce sont les entreprises aujourd'hui qui font preuve d'austérité financière,
02:38qui font le boulot, qui font attention.
02:40Et donc, les flux vont naturellement plutôt s'investir sur les dettes d'entreprises que sur les dettes d'État
02:44pour ceux qui peuvent faire cet arbitrage-là.
02:48Donc, les entreprises aujourd'hui européennes et même françaises, on a eu une émission en hélice hier,
02:52n'ont pas trop de difficultés à émettre de la dette nouvelle dans cet environnement,
02:57pourvu qu'encore une fois, elles aient cette confiance des investisseurs.
03:02On sait pertinemment que c'est le nerf de la guerre.
03:04La confiance, ça se gagne en année, ça se perd en minutes.
03:06Donc, depuis la sortie de la crise Covid, les entreprises, dans leur ensemble,
03:10il y a des cas particuliers où on a eu des défauts, notamment sur le marché à y'a,
03:14d'Européens, ont plutôt été convaincantes, ont profité des années de reprise post-Covid
03:19pour plutôt mettre de l'argent de côté, avoir un matelas de sécurité.
03:23Le ratio de liquidité rapporté à la dette en Europe est quasiment au plus haut historique.
03:28Donc, elles s'attendent, de fait, à des jours plus difficiles.
03:31On le sait tous que demain, le scénario dominant,
03:34ça va plutôt être celui d'une croissance relativement molle,
03:36avec un petit peu plus d'inflation qu'avant.
03:38J'ai envie de dire, c'est pas grave.
03:40Il va falloir apprendre à vivre avec.
03:42Et puis, demain, peut-être qu'on aura un autre gouvernement
03:45avec un penchant un peu plus à gauche.
03:48Et donc, des impôts exceptionnels supplémentaires sur les gros corporate.
03:54Ça, je pense que c'est quelque chose sur lequel il va falloir miser.
03:58Mais j'ai l'impression qu'avec la baisse des marchés du CAC 40
04:02de ces quelques derniers jours,
04:04c'est déjà quelque chose que les investisseurs ont validé dans les faits.
04:08Donc, pour l'instant, il n'y a pas de surprise.
04:09Il est encore temps d'agir.
04:11Il ne faut pas être, encore une fois, fataliste.
04:14Mais ce serait bien qu'on ne connaisse pas déjà la fin du film
04:17avant de l'avoir vue.
04:19Et voilà, les alertes, on les a de manière un petit peu successive.
04:23Donc, on a encore du temps, mais le temps joue un peu contre nous.
04:26Là, vous avez parlé d'Elis,
04:27qui a réussi à faire un financement obligataire sans problème,
04:30au-delà des 3%, je crois.
04:32Qu'est-ce que ça donne pour les entreprises qui sont un petit peu plus fragiles ?
04:35On le voit, la conjoncture se dégrade, il y a pas mal d'incertitudes,
04:38notamment pour les sociétés dites high yield,
04:41donc au rendement des sociétés qui sont un petit peu plus fragiles,
04:43qui n'ont pas la chance de se financer à 3%.
04:45Est-ce que pour elles, le contexte est un petit peu moins favorable pour se refinancer ?
04:49En fait, je vais être un peu provocateur,
04:51mais le maintien des taux souverains à des niveaux relativement élevés,
04:54en tout cas par rapport à ce qu'on a connu ces dernières années,
04:57fait plutôt partie de la solution.
04:59Pourquoi ? Parce que ça oblige finalement les directions financières,
05:03les dirigeants à faire un petit peu attention
05:04à la manière dont ils vont allouer leurs ressources financières.
05:09Et c'est encore plus vrai pour les entreprises de cette catégorie,
05:13que vous avez citées, à haut rendement,
05:15parce qu'il faut qu'elles maintiennent à tout prix
05:17ce cordon ombilical avec les investisseurs.
05:18Et donc, pour le maintenir, il faut construire cette confiance dans la durée.
05:22Et si vous construisez cette confiance dans la durée,
05:24il n'y a aucun problème pour que les investisseurs vous prêtent de l'argent,
05:28pourvu que cet aiguillage soit bien fléché,
05:31ait de l'intérêt, que si une opération d'acquisition qui soit effectuée,
05:36il faut que les synergies qui soient vendues
05:38soient vraiment celles qui vont être réalisées
05:40et pas simplement celles que les consultants vous auront survendues
05:43et qui n'existeront finalement pas.
05:46Donc, pour l'instant, c'est un petit peu ce qu'on a devant nous
05:51et ce qu'on a depuis 2-3 ans.
05:54Et c'est pour ça que c'est un marché qui va plutôt bien.
05:56C'est un marché qui s'est assaini.
05:58Il n'y a pas beaucoup de défaillances.
05:59Résultat, il y a eu des défaillances.
06:02Et en fait, le reproche qu'on a pu faire,
06:03c'est que le maintien des taux bas qu'on a eu il y a pré-Covid
06:08et juste après le Covid a maintenu en vie certaines sociétés
06:13qui auraient dû tomber, on appelle ça vulgairement un peu les zombies.
06:16Donc, on pense notamment à des groupes comme Casino
06:18qui étaient malades depuis très très longtemps
06:20et dont la restructuration financière a été assez coûteuse pour les créanciers.
06:24On l'a vu avec SFR également.
06:26On l'a vu évidemment avec Altice et SFR.
06:29Et il y en aura d'autres, mais en fait, c'était les business models d'avant.
06:32C'est-à-dire ceux qui finalement arrivaient à survivre
06:35parce que les taux de refinancement étaient toujours un petit peu plus bas
06:40et donc ils se maintenaient à flot.
06:41C'est-à-dire qu'ils généraient suffisamment de trésorerie
06:44pour payer leurs charges financières
06:45et donc globalement, on masquait un petit peu les difficultés.
06:47Là, maintenant, ce n'est plus possible.
06:48C'est-à-dire que si vous avez des leviers financiers,
06:50donc rapport d'aide sur votre résultat d'exploitation qui sont trop forts,
06:54tout le monde a compris que dans le monde de demain
06:56où les taux vont se maintenir à des niveaux plus élevés,
06:58ce n'est juste pas viable.
07:00Et donc, il y a une espèce d'américanisation des directions financières en Europe
07:04et donc les corporate, les entreprises qui se sentent un petit peu dans cette difficulté-là
07:08vont aller au-devant des créanciers
07:10et vont demander à une réorganisation de leurs dettes
07:12plutôt qu'attendre la dernière minute
07:15et restructurer de manière très prononcée leurs dettes.
07:18Dernière question, Renan Blanc.
07:20Est-ce qu'avec des marchés qui sont au plus haut du côté des États-Unis,
07:23les incertitudes que l'on connaît ?
07:25Il y a une réallocation des allocations où on met un petit peu moins d'actions
07:27et puis on va chercher du crédit
07:29puisque comme vous venez de le dire,
07:30on a un marché qui est plutôt sain dans l'ensemble
07:32et qui offre du rendement.
07:33C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on peut trouver de l'obligataire à 4-5%
07:36sans trop de risques sur les prochaines années.
07:39Et surtout si on ramène ce rendement à la volatilité de la classe d'actifs.
07:42Et l'inflation en plus.
07:43Et encore plus de l'inflation.
07:44Vous payez plus que l'inflation.
07:47Donc aujourd'hui, oui, il y a beaucoup, notamment d'institutionnels,
07:51qui ont revu leur allocation à la hausse sur le crédit.
07:54Je pense pour de bonnes raisons.
07:55Vous allez me dire, je prends ma parole.
07:56Mais objectivement, les éléments sont quand même assez factuels.
08:00Avec un risque supplémentaire peut-être aux États-Unis
08:03où la visibilité monétaire est beaucoup moins marquée.
08:07Et ce, d'autant plus qu'on a une pression sur la banque centrale à agir
08:12dans un contexte où l'inflation n'a pas complètement été dissipée.
08:16Donc on aura des petites baisses homéopathiques côté réserve fédérale,
08:19mais qui ne seront sans doute pas suffisantes
08:21pour satisfaire l'administration en place.
08:23Et donc cette pression va s'accentuer.
08:25Et la conséquence, c'est qu'on a finalement des taux longs américains
08:29qui se maintiennent à des hauts niveaux,
08:31voire qui pourraient continuer à progresser.
08:34Et donc nous, on peut plutôt privilégier le crédit européen
08:38face au crédit américain qui est pour nous un petit peu plus à risque
08:42d'avoir des pics de volatilité au cours des prochains mois.
08:444,27 pour le disant américain quand le disant français est à 3,49.
08:49Merci beaucoup de nous avoir accompagné ce matin.
08:51Ronan Blanc, gérant obligataire chez Montpensier, Arbevel,
08:54pour faire un focus sur le marché obligataire.
08:56Vous le savez, dans cette émission, chaque jour, on fait un focus
08:58sur les ETF, sur l'Asie.
08:59Et donc le mercredi, sur l'obligataire.
09:01Demain, nous parlerons des produits dérivés.
09:03Quand le vendredi, ce sont les entreprises qui auront leur place
09:06dans cette émission.
09:07Et justement, vendredi, ça sera le patron d'Elysse
09:09qui sera avec nous dans Good Morning Market
09:12afin de revenir sur les résultats qui ont été publiés
09:14il y a quelques jours et puis surtout sur le business d'Elysse.

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