00:00Et à la une de Sud Radio ce matin, les annonces du Premier ministre, notamment sur le domaine économique.
00:04S'il y a eu plusieurs annonces concernant potentiellement des baisses de la fiscalité, concernant les heures supplémentaires,
00:10un rajout de la prime Macron a été évoqué devant le Parti Socialiste hier, une fameuse taxe sur le patrimoine financier.
00:17Pascal Delima, bonjour.
00:19Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes chef économiste chez BKMC, c'est le Business Knowledge du Management Consulting.
00:25Et c'est vrai qu'on avait besoin de vous pour détricoter un peu toutes les idées qu'on entend.
00:29Déjà, commençons par le début. Qu'est-ce qu'on appelle le patrimoine financier ?
00:33C'est quoi ? C'est l'argent qu'on a sur les comptes ? Est-ce que c'est le livret A ? C'est l'argent qu'on planque sous le matelas ?
00:37Parce que si tout d'un coup, la taxe réservée aux plus riches commence à toucher la classe moyenne, c'est une autre histoire.
00:42Non mais c'est ça, on élargit de plus en plus le nombre de personnes concernées par un nouvel impôt.
00:47On avait la taxe Zugman, c'était 1800. On a l'impôt sur la fortune, on en a aussi parlé, ça va jusqu'à 350 000 personnes.
00:53Et là, on va encore élargir un peu plus jusqu'à la classe moyenne, puisqu'on parle d'un impôt sur le patrimoine financier.
00:59Donc actions, obligations, livret A, assurance vie, les comptes bancaires, les produits bancaires classiques.
01:05Alors le matelas de sécurité en monnaie, ce dont est trébuchante, ça va être compliqué parce que c'est dur à évaluer.
01:11Mais voilà, on va faire venir des gens chez soi, des banquiers, on n'en est plus là aujourd'hui.
01:17On est plus dans le numérique, mais en tout cas, c'est sûr qu'on est en train d'élargir l'assiette fiscale de plus en plus vers la classe moyenne.
01:22Mais donc vous confirmez que le patrimoine financier, je pense à ceux qui nous écoutent, tout d'un coup on a l'impression que le patrimoine financier,
01:28on se dit, ah bah oui, ça concerne les plus riches, les grosses fortunes, les fameux patrons qui sont en une de challenge assez régulièrement.
01:35Mais non, on est d'accord que ça peut aller jusqu'à en effet les comptes avec l'argent qu'on met de côté un peu chaque mois depuis des années peut-être.
01:42Ah bah oui, si on parle de patrimoine financier au sens le plus large, ça concerne tous les patrimoines financiers.
01:47C'est quoi ? C'est les actions, les obligations.
01:51Évidemment, ces actions et ces obligations sont des supports de produits bancaires classiques que l'on connaît via les assurances vie,
01:56les livrets A, et puis toutes sortes finalement, toutes sortes de patrimoines bancaires et financiers,
02:01comme les livrets de développement durable également.
02:04Voilà, ça fait partie.
02:05Je pense que le gouvernement va préciser un peu les choses quand même.
02:08Mais en tout cas, on a des raisons d'être un tout petit peu inquiets de cette pression considérable qui est exercée maintenant,
02:14encore une fois, sur les personnes un peu moins riches, on va dire.
02:18Mais est-ce que ce n'est pas en réalité contre-productif, pour ne pas dire paradoxal ?
02:21Parce qu'on vous disait il n'y a pas très longtemps, notamment à droite,
02:24Philippe Juvin était à ce micro hier, qui nous disait,
02:25mais en réalité, nous on acceptera quelques taxes uniquement si on ne touche pas aux fruits du travail, à l'appareil productif.
02:31Mais si on va chercher, on va dire, jusque dans l'économie des gens, c'est le travail qui a fructifié tout ça.
02:36En fait, ce qu'on dit...
02:37C'est une injustice crasse.
02:38Mais c'est une injustice.
02:40Mais c'est pourquoi ?
02:41Ce qu'on ne dit jamais, c'est que le travail est facilement traçable.
02:45Parce que le travail, il a une adresse, une entreprise, il a une adresse, un domicile,
02:49et quelque part, c'est facile à taxer, si vous voulez.
02:52Alors que les grandes multinationales, les patrimoines mondiaux, etc., mondialisés également,
02:57sont plus compliqués à tracer.
02:59Et puis, il y a un lobby très fort et une puissance de frappe juridique,
03:03le cas échéant avec les avocats,
03:05qui sont considérables, alors que ce n'est pas le cas,
03:08évidemment, pour M. Tout-le-Monde, j'allais dire, la classe moyenne,
03:12où là, effectivement, on n'a que le travail,
03:14que l'adresse du domicile,
03:16facile à détecter, parce que c'est déjà dans l'impôt sur le revenu.
03:19Et donc, par conséquent, on se retrouve un petit peu coincé aujourd'hui.
03:23On va encore, probablement, aller vers le travail.
03:28C'était déjà un débat avec la taxe Zuckman,
03:30parce qu'on disait que les entrepreneurs, finalement, n'étaient pas des rentiers,
03:33n'étaient pas des héritiers.
03:35Et donc, par conséquent, c'était leur fruit de leur travail qui était taxé aussi.
03:38On parle aussi d'une taxation des fameuses holdings.
03:41Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que c'est ?
03:43Et peut-être aussi, on en discutait à l'instant,
03:45avant que l'émission commence, avant que les micros s'allument,
03:48expliquer à quel point, en réalité, une holding,
03:50il n'y a pas besoin d'être multimillionnaire pour avoir une holding.
03:52C'est tout simplement, parfois, le rassemblement d'une société.
03:55C'est-à-dire que notre pâtissier, tout à l'heure,
03:56champion du monde de la prêle indoor,
03:58il suffit qu'il ait un magasin, une société, on va dire,
04:00pour faire des moulures en chocolat,
04:02ça suffit, potentiellement, pour avoir une holding.
04:04Oui, ce sont des sociétés écrans, des sociétés chapeaux,
04:07alors qu'ils sont, comment dire, communes,
04:10qui existent dans énormément d'entreprises, évidemment,
04:13et qui hébergent un certain nombre de revenus,
04:16des dividendes, des revenus immobiliers,
04:18et puis des charges aussi déductibles,
04:21comme les frais de déplacement pour un certain nombre de collaborateurs.
04:26C'est très commun, c'est une sorte de double société,
04:29avec une société un peu tête de pont,
04:32qui est un montage très connu, classique,
04:36et qui, aujourd'hui, fait appel à un peu plus de justice aussi.
04:41Et c'est pour ça qu'on disait aussi, dans la taxe Zuckman,
04:44que taxer un petit peu les holdings,
04:46c'est peut-être un moindre mal,
04:47et puis laisser tomber le reste.
04:48Pascal Delimache, chef économiste chez BKMC,
04:51une dernière question,
04:51est-ce que vous entendez aussi cette musique qui monte de plus en plus,
04:54on l'évoquait avec Théo Empillac dans la revue de presse,
04:56cette musique qui monte où de plus en plus de Français,
04:58non seulement commence à mettre de l'argent à l'étranger,
05:01mais aussi commence à regarder les autres pays européens
05:03pour potentiellement fuir le matraquage fiscal.
05:06Est-ce que vous nous le confirmez d'abord,
05:08et ensuite, est-ce que vous pouvez nous dire que,
05:09oui, bien sûr, ce n'est pas les grosses fortunes qui y pensent,
05:12mais de plus en plus de Français,
05:14on va dire, pour reprendre votre expression,
05:15monsieur et madame tout le monde ?
05:16Exactement, comme la pression fiscale,
05:18avec de nouvelles idées d'impôts sur les classes moyennes,
05:20c'est pareil pour l'évasion,
05:22la fuite de la pression fiscale française,
05:25on l'a vu avec l'abrogation de l'impôt sur la fortune,
05:28pourquoi ça a été fait, parce qu'il y a eu de l'exit fiscal,
05:31et aujourd'hui, on parle d'imposer une assiette fiscale plus large
05:35avec un nombre de Français plus important
05:36jusqu'à la classe moyenne, supérieure, moyenne, etc.
05:39Et donc, finalement, forcément,
05:41on va vouloir protéger ces liquidités,
05:43les temps sont relativement incertains, etc.
05:44Donc, voilà, c'est tout à fait possible.
05:47Et puis, on connaît certains pays aussi,
05:50qui ont la fiscalité plus intéressante.
05:53Merci beaucoup, Pascal Delima,
05:54d'avoir été avec nous ce matin,
05:55chef économie chez BKMC,
05:56la Business Knowledge Management Consulting.
05:59Merci beaucoup de nous avoir éclairé,
06:00d'avoir essayé de démêler les différentes propositions
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