Où en est la Mission du Patrimoine, confiée à Stéphane Bern en 2017 ?

Sud Radio

il y a 2 jours

Avec Maxime Lledo

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00:00Il est 8h18 sur Sud Radio, et en ce week-end, c'est la 42e édition des Journées Européennes du Patrimoine

00:07qui se déroule ce samedi et ce dimanche. Bonjour Stéphane Bern !

00:10Bonjour Maxime, bonjour à tous !

00:12Merci beaucoup d'être avec nous ce matin, et je sais votre agenda surchargé,

00:15donc merci beaucoup d'être avec nous, animateur de radio, de télévision et porteur de la mission du patrimoine.

00:20Je recommande d'emblée votre dernier livre, Les Énigmes de l'Histoire, vous nous emmenez du côté du Louvre,

00:25et je le dis sans flagornerie, c'est fabuleux, parce que non seulement c'est très bien mis en page,

00:28il y a des anecdotes de partout, c'est court à chaque fois sur les anecdotes, et on en apprend énormément.

00:33On aura l'occasion d'y revenir dans quelques minutes.

00:35Mais ces Journées du Patrimoine, Stéphane Bern, on parle toujours des grands monuments, des grands sites, des grandes villes,

00:40mais est-ce que ce n'est pas avant tout, avant tout l'occasion de découvrir son patrimoine local ?

00:46Oui, c'est vraiment mon combat en fait, c'est d'inciter nos compatriotes à aller plutôt vers le patrimoine de proximité,

00:54les merveilles qui sont dans les villages autour de nous, ou dans les villes, peu importe.

00:58Pourquoi ? Parce qu'au fond, on ne se rend pas toujours compte des trésors qui nous entourent,

01:04et du fait que ce qui fait la richesse de la France, c'est aussi ce que les générations précédentes nous ont laissé.

01:11Et ça fonde la richesse, pas seulement morale, intellectuelle, historique, identitaire aussi,

01:17parce que c'est de l'identité le patrimoine, mais aussi peut-être l'économie des territoires.

01:22Quand vous avez un monument quelque part, et on le voit aujourd'hui avec des gens qui vont se rendre sur des lieux de patrimoine,

01:31il y aura des dizaines, des milliers de personnes qui vont aller dans les auberges, les restaurants, les cafés.

01:37C'est une économie.

01:38Et donc, c'est une économie locale.

01:41Et c'est parfois la richesse des villages, et qu'il n'en a pas d'autres, parfois.

01:46Et est-ce que, aussi, ça rejoint un peu ce que vous dites, Stéphane Bern,

01:50est-ce qu'il n'y a pas la volonté un peu de démystifier ce qu'est le patrimoine ?

01:55À savoir, comme vous dites, que ça peut aussi bien être les Invalides,

01:58que notre vieille poste au coin de notre rue, ça peut être la grande hélice qui trône au milieu de la place du village,

02:03ou l'école du siècle dernier, qui est quand même un monument singulier.

02:06C'est peut-être ça aussi le patrimoine, ce n'est pas que les Dorures, les grands vitraux et les grands portails en or.

02:11– Vous avez tout à fait raison, vous avez très bien résumé ma pensée.

02:17C'est-à-dire, évidemment, les grands monuments, vous savez, on a toujours l'occasion de les visiter,

02:21et c'est très bien de s'y rendre, de visiter le château de Chambord, le château de Fontainebleau ou de Versailles.

02:29Mais voyez-vous, pour ces journées du patrimoine, un certain nombre de maisons fermées sont ouvertes,

02:34et parfois gratuitement au public.

02:36C'est l'occasion de découvrir la beauté qui nous entoure.

02:39Parce que c'est vrai, il y a beaucoup de monuments qui ne sont pas forcément classés ou inscrits à l'inventaire des monuments historiques,

02:48que les propriétaires, très gentiment, ouvrent pour les journées du patrimoine.

02:51C'est l'occasion de voir ces trésors, qui ne sont pas forcément des trésors où on sent, où on l'entend, c'est-à-dire...

02:59– Le faste...

03:01– Oui, ce sont des trésors d'architecture, d'histoire, qui nous racontent une histoire qui est en fait notre histoire.

03:08Et moi, je plaide au contraire pour la découverte de ces maisons qui sont d'ordinaire fermées au public,

03:14pour découvrir la joliesse des villages, les ponts, les fontaines, les lavoirs.

03:21Il y a partout en France des parcours qui sont installés pour les journées du patrimoine.

03:27Il y a tout un dispositif, chaque village est fier de montrer ses beautés, ses trésors.

03:32Donc, c'est l'occasion de le visiter.

03:34On est entre 11 et 15 millions, quand même, à visiter le patrimoine pour les journées.

03:39– Ce n'est pas rien.

03:40– Ça montre l'appétence des Français pour le patrimoine.

03:43Et d'ailleurs, je le vois avec la mission qui m'a été confiée pour restaurer le patrimoine en péril,

03:48les gens achètent vraiment le tirage.

03:52– Et les tickets avec le cœur.

03:53– Et les tickets, et les tickets.

03:55– Oui, d'abord, parce que ce sont des tickets de grattage très attractifs,

03:59puisqu'un ticket sur trois est gagnant, et que 72% des sommes vont au gagnant.

04:03Mais il y a 12%, c'est-à-dire la part de l'État,

04:06qui est redonnée à la fondation du patrimoine,

04:09avec laquelle je travaille pour qu'on paye des travaux de monuments en péril.

04:14Et partout en France, on le voit, il y a plus de 1000 sites

04:17qui maintenant ont été restaurés ou sont en train de l'être.

04:20– Et on dit, Stéphane Maire, que cette édition 2025 bat déjà des records sur le loto du patrimoine.

04:25Vous pouvez nous confirmer ?

04:26– Oui, absolument.

04:27Absolument, les premiers chiffres sont excellents.

04:30Et ça montre, si vous voulez, c'est important,

04:32pas seulement parce qu'on a récolté 330 millions d'euros,

04:38et on n'a pas fait les poches des gens.

04:39Vous voyez, c'est eux qui ont joué, qui ont gagné,

04:42et qui ont eu envie de rejouer.

04:45– Ce n'est pas résorber le déficit de la dette, là, c'est sauver le patrimoine.

04:48Forcément, c'est beaucoup plus attractif.

04:49– Exactement.

04:50Et donc, on prend un peu, on fait un peu le travail de l'État, si vous voulez.

04:54– Mais en parlant de l'État, oui, allez-y, finissez, finissez, je vous en prie.

04:58– Mais c'est pas mal, écoutez, après la guerre,

05:01c'était des Américains qui sont venus aider à sauver le patrimoine.

05:04Alors, l'État nous aide aussi, c'est-à-dire, vous savez,

05:07je me suis battu pour que les crédits qui étaient…

05:10parce que l'État prélève des taxes sur le loto du patrimoine.

05:13Et voilà, et donc, on les redonne, finalement.

05:17C'était l'un de mes combats dans les années 2019.

05:19– Vous les redistribuez le mieux possible pour que ça aille, on va dire, dans les bonnes poches.

05:23Mais vous parlez de l'État, Stéphane Ler.

05:24– Chaque euro va pour le patrimoine.

05:27– Vous étiez hier en compagnie du président de la République

05:29pour visiter l'abbaye de Pont-le-Voye, fondée en 1034,

05:33dont le manège, justement, avait été sélectionné

05:34parmi les lauréats de l'édition 2025 du loto du patrimoine.

05:37Est-ce que vous diriez, quand même, que c'est un fait que ce président-là

05:41aura comme héritage une attention particulière à l'histoire, au patrimoine ?

05:46Qu'il aura, quand même, et qu'il va laisser ça,

05:48une certaine trace dans cette histoire-là, Emmanuel Macron ?

05:51– Écoutez, de ce point de vue, je ne peux pas lui…

05:54je suis obligé, je dois reconnaître qu'il m'a laissé carte blanche.

05:59Il m'a laissé faire avec le loto du patrimoine, la mission patrimoine,

06:03et chaque année, il visite donc un site de la mission.

06:06Le matin même, il était à Notre-Dame de Paris.

06:09On doit lui reconnaître aussi le fait qu'en 5 ans,

06:13il a tenu parole et il a restauré Notre-Dame de Paris comme elle était.

06:17Alors après, vous connaissez, je suis très direct, très franc, très…

06:21– Oui, très libre, on le voit régulièrement.

06:23– Très libre, et donc je me suis plaint, évidemment, des vitraux anciens

06:27qui sont classés monuments historiques

06:30et que, par la volonté du président et de l'archevêque,

06:33on veut démonter pour en mettre des contemporains,

06:36alors qu'il y a plein de vitres blanches

06:37pour lesquelles on pourrait remplacer par des vitraux contemporains,

06:41mais peu importe.

06:41Donc si vous voulez, je banderille parfois…

06:43– Vous lui reconnaissez ça tout en étant totalement indépendant.

06:45– Mais je dois lui reconnaître.

06:46– Exactement, je pense être une voix libre,

06:50mais je dois reconnaître qu'il m'a laissé faire cette mission

06:54et qu'il la soutient plutôt,

06:57et que l'État, au début, vous savez, l'État était très réticent,

07:00parce qu'il n'aime pas que vous fassiez le travail

07:02pour lequel eux sont payés et qu'ils ne le font pas.

07:04– Oui, ou quand ils le font, qu'ils le font mal,

07:06donc ils sont ravis d'avoir des citoyens engagés comme vous.

07:08– Et moi, pour tout vous dire,

07:10je suis totalement bénévole dans cette opération.

07:13– Oui, il faut le rappeler aussi.

07:15– Oui, oui, je ne voyais jamais frais,

07:17je fais tout à mes frais, et voilà.

07:20Mais pour autant, ça me donne cette liberté de ton,

07:25et au moins je peux regarder les Français les yeux dans les yeux

07:27en leur disant, voilà, moi j'ai fait ça, le patrimoine,

07:31je vais vous dire, Maxime, on en est tous,

07:35collectivement et individuellement, les dépositaires.

07:38Et il faut qu'on arrête de penser que ça coûte cher.

07:41Ce n'est pas un coût, c'est un investissement.

07:43On travaille pour nos enfants, pour l'avenir,

07:45parce que chaque euro investi dans le patrimoine

07:47va rapporter énormément aux générations qui viennent.

07:50Il n'y a pas tellement d'industries qui ne sont pas…

07:53Beaucoup d'industries sont délocalisables.

07:55– Le patrimoine, vous allez avoir du mal délocalisé.

07:58– Ça c'est sûr.

07:58– Vous n'allez pas pouvoir le déplacer en République tchèque ou en Chine.

08:02– Non, ça c'est sûr.

08:02Stéphane Berne, dernière question,

08:04parce que vous savez mieux que moi ce que c'est la radio,

08:05le temps court, vous publiez un livre aux éditions Fayard,

08:08« Les énigmes de l'histoire »,

08:09c'est un livre dédié au mystère du Louvre.

08:11Est-ce que d'un mot vous pouvez raconter,

08:12j'ai sélectionné des anecdotes,

08:14mais une qui à chaque fois me fait sourire,

08:16qu'on ne raconte jamais suffisamment,

08:18c'est que la Joconde est volée dans le Louvre,

08:20je crois que c'est en 1911,

08:21et c'est Apollinaire qui est accusé.

08:23Est-ce que vous pouvez nous dresser cette histoire folle ?

08:25– Non, mais on a volé la Joconde,

08:28ce qui est une histoire incroyable.

08:29Et elle est restée pendant plusieurs années,

08:32disparue, c'est qu'aujourd'hui vous imaginez ce que ce serait.

08:36Et c'est un peintre italien, évidemment,

08:39qui, enfin je dis évidemment parce qu'on a mis le temps,

08:41mais on a accusé Picasso, Apollinaire, etc.

08:45– Fracture de l'amitié entre Apollinaire et Picasso.

08:48– Mais oui, voilà, c'est une histoire incroyable.

08:51Cette histoire, mais alors j'ai raconté dans ce livre évidemment

08:55des anecdotes sur les oeuvres, ou sur quelques oeuvres,

08:58mais c'est toute l'histoire du Louvre qu'il faut raconter

09:00depuis son origine, depuis le nom.

09:02Pourquoi ça s'appelle le Louvre ?

09:04Parce qu'il y avait des chiens qui protégeaient les Parisiens

09:07contre les loups qui étaient dans la ville, ou presque.

09:10Et puis aussi parce que ça a été une résidence royale.

09:14C'est là qu'on peut penser à Henri IV et la reine Margot,

09:18tous les personnages ont vécu là jusqu'à Louis XIV.

09:22Et ensuite, c'est Louis XV qui l'a en partie transformé en musée,

09:25puis Napoléon y a vécu, Napoléon III aussi.

09:28Enfin, c'est toute cette histoire que je vais vous le remonter.

09:29– Et c'est une fresque historique dans un seul livre,

09:32et c'est pour ça vraiment que je le recommande.

09:33Les Énigmes de l'Histoire, c'est un livre dédié au Louvre.

09:36Et vraiment, le livre est un bonbon,

09:38parce que quand on l'ouvre, c'est bien édité,

09:40il y a des fresques, des dates, c'est court, c'est bref, c'est efficace,

09:43c'est généreux comme vous d'ailleurs Stéphane Mer.

09:45Merci sincèrement d'avoir été au micro de Sud Radio ce matin

09:47pour évoquer ces journées du patrimoine qui ont le rappel,

09:50c'est aujourd'hui et demain.

09:52Merci beaucoup d'avoir été avec nous.

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