00:007h45 sur BFM Business et sur AMC Live. Ce matin, focus sur le coq sportif. Le coq sportif qui prévoit un retour à l'équilibre en 2026 après avoir été repris par Dan Mamann.
00:11C'était le 4 juillet dernier. Cette mission, redresser le coq sportif, c'est la vôtre. Alexandre Fauvet, bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Vous êtes le directeur général du coq sportif. Vous avez trahi 14 ans chez Lacoste. Vous avez suivi la famille Lacoste chez Fusalp.
00:24On voit un peu la stratégie que vous allez mettre en place du coq sportif. Rien qu'à la lecture de votre CV, est-ce que vous allez faire chez le coq sportif exactement ce que vous avez fait chez Fusalp ?
00:34Alors, je ne vais pas faire exactement ce que j'ai fait chez Fusalp. On va peut-être plutôt s'inspirer du grand frère qu'est Lacoste.
00:42Mais ce qui est vrai, c'est que ce sont des marques patrimoniales françaises exceptionnelles qui ont innové à un moment de leur histoire pour le coq sportif.
00:52Peu de gens savent que le coq sportif est l'inventeur du survêtement.
00:57Et M. Camusé, le fondateur du coq sportif en 1882, d'ailleurs au passage, 1882, vous imaginez ?
01:05Le coq sportif est la marque au monde la plus ancienne de sport, et je devrais dire des sports, parce que c'est sport collectif et sport individuel.
01:13Donc c'est absolument remarquable. C'est une histoire patrimoniale française extrêmement riche.
01:18Et pour revenir à cette histoire de survêtement, M. Camusé appelait ça le costume du dimanche. C'est merveilleux, non ?
01:24Oui, mais alors le survêtement, ça ne va pas suffire. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faut faire de l'urban style, plaire aux femmes, il faut prévenir...
01:31Mais je suis désolée, Laure, je vous interromps, parce que je ne suis pas d'accord avec vous.
01:35Le survêtement est une pièce majeure du vestiaire.
01:38Pour vous, pour moi, pour les jeunes, aujourd'hui, le survêtement, il se détourne.
01:44Ça n'est plus un vêtement de sport à part entière.
01:48Et c'est ça qui est très intéressant.
01:49À travers le survêtement, comme d'ailleurs la sneaker, comme la chaussure, la tennis ou la basket, comme on l'appelait à l'époque.
01:56Bon, eh bien en fait, ici, vous avez un détournement.
01:58Un détournement de produits qui a été un produit technique dans le passé,
02:02et qui aujourd'hui, évidemment, bascule dans un environnement urbain.
02:06Et ça, c'est quoi ? C'est le sportswear.
02:09C'est le survêtement chic.
02:10Et c'est le survêtement chic, plus ou moins chic peut-être d'ailleurs.
02:13Mais c'est très important.
02:15Et lorsque, effectivement, comme vous le rappeliez, nous étions chez Lacoste,
02:21Lacoste fait partie des premières marques, des pionniers,
02:25à avoir compris, en fait, ce basculement.
02:28Parce que nos modes de vie ont changé, tout simplement.
02:31Donc, c'est le sportswear, un peu à l'américaine.
02:34Et c'est le phénomène absolument incroyable de voir ces marques techniques
02:42qui, aujourd'hui, finalement, sont portées tous les jours, toute la semaine.
02:48Donc ça, c'est ce qu'il faut vendre aux consommateurs.
02:49Pour sortir le coq sportif de l'ornière, vous revenez de loin.
02:52Vous avez failli échapper quand même à une liquidation judiciaire.
02:55Vous, votre objectif, évidemment, c'est de relancer la marque.
02:57Objectif, 300 millions d'euros de chiffre d'affaires pour l'année prochaine.
03:00On est plutôt autour, si tout va bien, des 70 millions.
03:04Qu'est-ce qu'il va falloir faire pour booster, là, très rapidement les ventes ?
03:07Alors là, c'est une erreur, pardon, des journalistes.
03:09300 millions, c'est un horizon 4 ans.
03:11D'accord.
03:12Donc, on ne va pas passer de 70 millions,
03:15et peut-être qu'on fera un peu plus, à vrai dire, cette année,
03:17à 300 millions, comme ça, d'un coup de baguette magique.
03:20Non, ça, ce n'est pas possible.
03:21Ne serait-ce que parce qu'en fait, il faut consolider les fondamentaux de l'entreprise.
03:26Et les fondamentaux de l'entreprise, c'est quoi ?
03:28Eh bien, en fait, c'est le plan de jeu.
03:30Ce sont les équipes, évidemment, parce que c'est une œuvre collective.
03:33C'est une vision, une vision partagée.
03:35Elle est peut-être un petit peu différente de la vision qu'en avait la direction précédente.
03:40Ce qui est très intéressant aussi, c'est qu'évidemment, vous le savez,
03:43cette marque, elle a œuvré aussi au succès des Jeux Olympiques de Paris l'année dernière.
03:48Mais avec des difficultés.
03:50Et, et, bien sûr, avec des difficultés, parce qu'en fait, finalement, c'est un peu comme si,
03:56ça, c'est mon passé de Fusalpes, mais vous vous retrouvez face à une montagne.
03:59Elle est très haute.
04:00La montagne, elle s'appelle les Jeux Olympiques.
04:02Et puis, vous n'êtes pas forcément très équipés.
04:05Vous n'avez pas forcément les bonnes chaussures, etc.
04:07Vous arrivez à la gravir.
04:08Pourquoi ? Parce que les équipes ont été courageuses.
04:10Elles ont œuvré.
04:11Elles ont été merveilleuses.
04:13Franchement, pour pouvoir délivrer tardivement les produits.
04:15Mais ensuite, il faut redescendre la montagne.
04:18Et là, c'était la chute.
04:20Mais donc, en fait, le point qui est important ici, c'est la transformation de l'entreprise.
04:26C'est de faire en sorte que cette entreprise, qui n'a peut-être pas suffisamment évolué,
04:30puisse avoir travaillé avec les outils d'aujourd'hui.
04:33Parce qu'en fait, avec Dan, avec Dan Mamann, mon associé,
04:36qui est aujourd'hui actionnaire majoritaire et qui vient de l'industrie de la tech,
04:41on veut révolutionner l'entreprise.
04:43Et peut-être qu'on va pouvoir apporter notre pierre aussi à cette industrie
04:46qui est finalement assez archaïque, l'industrie du textile.
04:49Mais alors concrètement, en commençant là, il y a Chine qui arrive,
04:52partenariat avec Pimki, annoncé il y a 15 jours pour commercialiser leurs produits,
04:56annonce ce matin de corner de boutique Endure au BHV et dans les galeries Lafayette.
05:01Comment vous regardez ça ?
05:04D'un mauvais œil.
05:06D'un mauvais œil.
05:07Le coq sportif va participer à une classe action contre Chine.
05:10Pourquoi ? Parce que, pour une raison simple,
05:13ce n'est pas le fait d'ouvrir un marché avec des produits à prix bas,
05:19c'est plutôt de respecter les règles du jeu.
05:22Voilà.
05:22Donc, on est sur un terrain de jeu et tout le monde doit respecter ses règles.
05:27Ça commence par, évidemment, l'aspect social et puis ensuite, l'aspect environnemental.
05:31Donc, ici, c'est extrêmement perturbant.
05:35Donc, voilà, on va se battre pour ça.
05:39C'est important, évidemment, qu'on soit solidaires, nous, les marques françaises de l'industrie textile,
05:44pour se battre.
05:44Il ne faut pas baisser les bras, parce que là, clairement…
05:45Absolument pas.
05:46Mais non, mais bien sûr que non.
05:47Bien sûr que non.
05:47Il faut que Chine, comme Temu, comme d'autres, peut-être derrière,
05:51évoluent dans leur façon de voir les choses,
05:53de respecter à la fois, donc, les travailleurs, les ouvrières, les ouvriers.
05:59Et puis, finalement, vous savez quoi ?
06:01Le consommateur final, également.
06:03Est-ce que le consommateur final, il faut se battre pour lui vendre du Made in France ?
06:07Ou ce combat, là aussi, est un peu d'arrière-garde.
06:10Vous produisez au Maroc, mais vous avez une usine en France.
06:14Comment vous voyez ce combat ?
06:16Est-ce qu'il est perdu, là aussi ?
06:17En fait, la question est de savoir où l'on place la création de valeur.
06:22Et ça, c'est vraiment très important.
06:24Si je reprends Fusalp, quand on a pris, avec Sophie-Philippe Lacos,
06:27quand on a repris Fusalp, c'était une entreprise qui faisait moins de 35 salariés.
06:32Aujourd'hui, elle en fait plus de 300.
06:34D'accord ?
06:34Mais est-ce que, pour autant, on a développé un outil industriel en France ?
06:38La réponse est non.
06:39En revanche, on a créé de la valeur sur le développement, le design, la conception, etc.
06:45Bon, le coq sportif, la grande chance que nous avons, c'est que nous avons un atelier.
06:50Nous avons un atelier dans l'aube, pas très loin d'ailleurs de celui de Lacoste et de Petit Bateau.
06:56Et je pense que c'est très important et c'est un discours et c'est un message qu'on fait porter auprès de nos politiques.
07:04C'est de créer l'écosystème vertueux pour créer des produits qui seront des produits innovants.
07:11Ce sont des produits qui doivent évidemment profiter au consommateur final.
07:14Donc en France, l'innovation, les petites gammes...
07:16Donc ici, ce qui est intéressant, c'est l'innovation, je vous coupe, pardon, mais c'est l'innovation produit et c'est ensuite l'agilité.
07:22Parce que je pense qu'il faut être très agile, tester des produits et c'est ça qui va nous permettre, avec l'atelier de Romy, d'être plus fort demain.
07:30Donc ça veut dire des petites gammes qui sortent, qui sont testées dans un magasin le coq sportif, ça marche, on produit au Maroc en grande quantité, c'est ça l'idée ?
07:36Alors on n'est pas en capacité de produire des grands volumes aujourd'hui, ne serait-ce que sur un plan économique.
07:42En revanche, ce qui est très intéressant, c'est qu'aujourd'hui, quand on reprend l'atelier de Romy, qu'est-ce que fait cet atelier ?
07:49Il fait des t-shirts, franchement, excusez-moi, mais les t-shirts ont une valeur ajoutée assez faible.
07:54Donc ce qu'on va faire aussi, c'est qu'on va ouvrir l'atelier à des marques haut de gamme de luxe, françaises, je l'espère en tout cas,
08:02mais ça sera le cas très prochainement, pour réaliser des produits à beaucoup plus forte valeur ajoutée.
08:08Et ça c'est très important, parce que c'est l'avenir de notre industrie en France.
08:11Donc ça sera un atelier ouvert ?
08:12Tout à fait.
08:13Merci beaucoup Alexandre Fauvet d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.