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  • il y a 2 mois
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.

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Transcription
00:00On va regarder d'abord la troisième journée d'audience du procès de Cédric Jubilard, accusé du meurtre de sa femme Delphine.
00:07Mélanie Bertrand, vous êtes sur place pour BFM TV. Les jurés ont aujourd'hui écouté le directeur d'enquête.
00:15Oui, le major a parlé deux heures, deux heures pour retracer quatre ans d'enquête, pour passer en revue toutes les pistes,
00:22pour détailler toutes les hypothèses sur lesquelles ont planché les enquêteurs et au final n'en retenir qu'une, la piste du mari.
00:28Le directeur d'enquête est revenu en détail sur tous ces points avec une question obsédante en tête.
00:33Comment Mme Jubilard a-t-elle pu disparaître sans laisser aucune trace ? Ils ont étudié toutes les pistes.
00:39La piste du départ volontaire, Delphine dit-il, était une mère aimante. Elle avait des projets d'une nouvelle vie avec un autre homme.
00:46Jamais elle ne serait partie en pleine nuit. En plus, elle qui avait si peur du noir.
00:50La piste du rôdeur, la brigade de Cagnac a passé en revue tous les véhicules cette nuit-là. Les rues de la petite commune étaient toutes désertes.
00:57La piste de l'amant dont on a beaucoup parlé. Ils avaient l'un pour l'autre un immense amour, détaille le gendarme, et des projets de vie en commun.
01:06Jamais il n'aurait un tenté à la vie de Mme Jubilard.
01:09Reste donc la piste du mari.
01:10Alors le gendarme revient sur ce couple en pleine instance de séparation, sur ce mari jaloux, possessif, qui ne supportait pas l'idée de perdre sa femme.
01:21Il détaille tous les éléments recueillis, tende vers Cédric Jubilard, malgré l'absence de corps, malgré l'absence d'aveu.
01:28Il y avait ce soir-là, dit-il, la motivation immobile et aussi l'opportunité.
01:33Une déposition qui sonne un petit peu comme un réquisitoire avant l'heure pour Cédric Jubilard qui écoute impassible dans son box.
01:39Cédric Jubilard qui a redit tout à l'heure n'avoir pas tué Delphine le soir du 15 décembre 2020.
01:45Mélanie Bertrand devant la cour du 6 du Tarn.
01:48C'est à Albi en direct avec Caroline Bertolino pour BFM TV.
01:51Donc en fait on a repris le fil de toutes les enquêtes.
01:54Mathias, ce sont toutes les pistes qui ont été ouvertes et refermées.
01:56Près de 4 ans d'instructions au total et de très nombreuses pistes effectivement exploitées pendant toutes ces années.
02:04Des plus crédibles, j'allais dire, au tout début de l'affaire jusqu'aux plus farfelus.
02:09Mélanie en a résumé certaines de ces pistes, on va les reprendre.
02:13Le départ volontaire ou le suicide, incohérent pour les enquêteurs parce que Delphine aimait infiniment ses enfants.
02:20Elle n'était pas fragile psychologiquement et n'avait jamais manifesté d'intention suicidaire.
02:24Et surtout, elle était résolue à commencer une nouvelle vie avec cet amant.
02:29Elle avait déjà entrepris des démarches, notamment auprès d'un avocat, pour acter définitivement le divorce.
02:33La piste de l'amant justement, ou plutôt de sa femme, elle aussi, a été évoquée.
02:39Il se trouve que l'examen de la téléphonie de cet autre couple au cœur de cette affaire,
02:43ainsi que de ce qu'on appelle la domotique, c'est-à-dire l'étude du matériel électronique à l'intérieur de leur domicile,
02:50a permis de les mettre complètement hors de cause parce que cela démontre qu'ils n'ont jamais franchi la porte de leur domicile cette nuit-là.
02:56Ils n'ont pas quitté leur maison et donc ils ne peuvent pas être mis en cause.
03:00Le rôdeur ou encore la personne de passage, là encore piste étudiée, est aussi vite refermée
03:05parce que tous les individus inscrits au FIGES, vous savez le fichier des auteurs d'infractions sexuelles,
03:10qui se trouvaient non loin de la zone des faits, ont été entendus.
03:14Eux aussi ont été mis hors de cause.
03:16Et puis il y a trois autres pistes un peu plus farfelues qui ont également été envisagées.
03:24Un homme qui s'était accusé du meurtre de Delphine, il a fini par être entendu par les gendarmes
03:28et il a expliqué qu'il avait fait cela pour attirer l'attention de sa petite amie.
03:32Cédric Jubilard lui aussi a tenté d'orienter les enquêteurs vers d'autres pistes.
03:36La piste très improbable du départ de Delphine Jubilard pour aller faire le djihad.
03:41Il a essayé d'instiller ça quelques temps après sa disparition,
03:45si bien que les enquêteurs antiterroristes ont dû vérifier cette hypothèse
03:48et ont évidemment repéré que Delphine Jubilard n'était pas du tout connue pour être radicalisée.
03:55Enfin, une homonyme de Delphine Jubilard a même été retrouvée en Espagne
03:59et il s'avérait évidemment que c'était un homonyme et pas du tout Delphine Jubilard.
04:03Jacques-Charles Fonbonne et Maître Lebanque sont avec nous.
04:06Jacques-Charles Fonbonne, vous êtes notre consultant police-justice général de gendarmerie.
04:09C'est une journée difficile pour Cédric Jubilard parce que le directeur de l'enquête,
04:13très convaincant, a multiplié les charges contre l'accusé.
04:17Il avait la motivation immobile et l'opportunité.
04:21Oui, alors on est quand même dans ce dossier.
04:25Et je pense que Jean-Yves Lebanque me contredira pas, pardon.
04:30On est dans l'incertitude, c'est-à-dire qu'on a des éléments qui sont un faisceau d'indices
04:35et des éléments qui sont quand même relativement creux.
04:38Mais effectivement, comme vient de le dire Thomas à l'instant,
04:41ça a sans doute été une journée difficile,
04:44mais tout simplement parce que l'enquête de la gendarmerie
04:46semble avoir été menée de façon extrêmement méthodique,
04:49c'est-à-dire que systématiquement, les portes, les hypothèses sont fermées
04:53les unes après les autres, et pour revenir à ce que je disais à l'instant,
04:57peut-être en creux, mais tout flèche effectivement vers une fois possible.
05:02Tout flèche, mais il n'y a pas de preuve intangible.
05:03Mais il n'y a pas de preuve intangible, il n'y a pas de preuve irréfragable,
05:06mais vous savez comment...
05:07Donc ils sont passés à côté de quelque chose quand même ?
05:09Comment, pardon ?
05:10Ils sont passés à côté de quelque chose quand même, les gendarmes ?
05:12Non, c'est-à-dire que je pense que les éléments d'enquête,
05:14les éléments d'investigation qui ont été à la disposition des gendarmes,
05:18mais ceux évidemment qu'ils ont cherchés,
05:21n'ont pas permis d'aller jusqu'au bout d'un élément irréfragable.
05:25Mais vous savez, on est à la cour de l'assise,
05:27c'est-à-dire que les jurés n'ont pas connaissance du dossier.
05:30Il y a 15 000 pièces de procédure, c'est considérable.
05:33Ils n'ont pas connaissance du dossier,
05:34ils ne vont faire jouer leur intime conviction,
05:37parce que c'est ce qu'on leur demande, qu'à l'oralité des débats.
05:40J'allais dire que c'est le plus convaincant qui va emporter la partie.
05:43Maître Leborg, bonsoir tout d'abord.
05:46Bonsoir.
05:46Pour la défense de Cédric Jubilard, c'est quand même difficile.
05:50Alors certes, il n'y a pas de preuves tangibles,
05:52mais enfin, tout mène à lui en fait.
05:54Et c'est ce qu'a essayé de démontrer le major de gendarmerie
05:57qui a mené l'enquête.
05:59Je relève qu'au cours de cette journée,
06:02on a évoqué diverses hypothèses qui ont été étudiées,
06:06qui n'ont pas abouti,
06:07qui ne correspondraient pas à la réalité.
06:11Et au fond, il ne reste qu'une hypothèse qui semble tenir la route,
06:17celle de la culpabilité du mari.
06:19C'est une culpabilité posée par défaut,
06:23parce qu'on n'a pas trouvé autre chose.
06:24Il n'y a pas de meilleure piste.
06:25Moi, voyez-vous, je ne sais pas s'il est innocent ou coupable,
06:28je ne connais pas ce dossier,
06:30et je ne vais pas me lancer dans une plaidoirie
06:33prenant le parti de l'un ou de l'autre.
06:35Mais ce qui me semble assez extraordinaire,
06:38c'est que, et il ne faut jamais perdre ça de vue,
06:41lorsqu'un phénomène criminel existe,
06:43à la fois sur des plateaux comme celui-ci,
06:47dans les journaux, dans l'opinion publique,
06:49on veut une réponse,
06:51comme si la réponse était une manière
06:53de contrebalancer le scandale du crime.
06:56Mais il y a des situations
06:58où la réponse que l'on trouve n'est pas suffisante.
07:02Et au fond, il ne faut pas oublier une chose,
07:04c'est que les jurés et les magistrats
07:07qui siègent avec eux,
07:08n'ont pas pour mission de condamner,
07:10de clore un dossier,
07:12mais de parler en fonction
07:14de leur intime conviction.
07:16Mais est-ce que l'acquittement est plausible ?
07:19Mais il me semble tout à fait plausible
07:21à partir du moment où il n'y a pas d'éléments,
07:23il n'y a pas d'aveu,
07:25il n'y a pas d'éléments matériels,
07:27on n'a pas retrouvé le corps.
07:29On est quand même dans une situation,
07:31je vous le disais au début de mon propos,
07:33et ça me paraît très important,
07:34de déduction.
07:36Ah bah puisque ce n'est pas le rôdeur,
07:38puisque ce n'est pas l'amant,
07:40puisque ce n'est pas autre chose,
07:41bah c'est sûrement le mari.
07:43C'est un peu simple
07:45et à mon avis un peu préoccupant.
07:48– Alors après, le directeur d'enquête
07:50a rappelé que le fils du couple
07:51avait entendu ses parents quand même
07:53se disputer ce soir-là.
07:55Il y a également la paire de lunettes
07:56de vue cassée de la victime.
07:58et les experts ont démontré
08:00que ça ne pouvait pas se casser
08:01comme ça accidentellement,
08:02il fallait qu'il y ait eu un coup.
08:04– Absolument.
08:04– Et puis il y a aussi deux voisins
08:07qui ont entendu des cris,
08:09des cris d'une femme cette nuit-là.
08:11– Oui, absolument.
08:12Ça fait partie effectivement
08:13du scénario de l'accusation
08:15et de tous ces éléments
08:16qui ne sont pas matériels effectivement,
08:18mais qui tendent à démontrer
08:20que Cédric Jubilard
08:21est le seul à pouvoir être mis en cause
08:23dans cette affaire.
08:24Et l'accusation, elle tient aussi sur
08:26ce qu'on sait de ce couple
08:28qui était en instance de séparation.
08:31Delphine avait pris sa décision,
08:33elle avait posé des actes
08:34justement pour l'acter,
08:35elle avait un amant
08:37pris rendez-vous avec un avocat,
08:39elle était en train d'organiser
08:40sa nouvelle vie.
08:42Et donc Cédric Jubilard,
08:44ne supportant pas cette nouvelle vie
08:47de sa compagne,
08:49aurait décidé de commettre l'irréparable.
08:51Ça, c'est le scénario
08:52effectivement de l'accusation.
08:55On verra s'il tient
08:57à l'épreuve de ces semaines
08:59et semaines d'audience à venir
09:01en se disant bien aussi
09:03qu'à la fin,
09:03c'est l'intime conviction
09:05effectivement des jurés
09:07qui comptera.
09:08C'est l'article 353
09:10du Code de procédure pénale
09:11qu'il faut absolument lire.
09:12Ah oui, c'est un des plus beaux textes
09:14de la juridique.
09:15C'est un des plus beaux textes.
09:15Il est dans sa réduction.
09:17Le conseiller de la lecture ce soir
09:18des moyens par lesquels
09:20ils se sont convaincus,
09:21elle ne leur fait qu'une seule obligation
09:23d'où dépend leur devoir.
09:25Avez-vous une intime conviction ?
09:27Mais attention,
09:28une intime conviction,
09:29c'est quelque chose,
09:30là, c'est plus le texte qui parle,
09:32c'est moi,
09:32c'est quelque chose de fort,
09:34c'est quelque chose
09:35comme une évidence.
09:37Ça n'est pas une solution
09:38par défaut.
09:39Donc le doute doit toujours
09:40profiter à l'accusé.
09:41Mais c'est la règle.
09:42C'est la loi.
09:42Et il y a les nombreuses menaces aussi,
09:43j'en ai pas parlé,
09:44mais préexistantes à cette disparition
09:46ou quand même quelques semaines
09:47avant la disparition de Delphine.
09:49Cédric Jubilard dit à sa mère
09:50« Delphine, je n'en peux plus,
09:52je vais la tuer,
09:53je vais l'enterrer,
09:54personne ne la retrouvera vivante. »
09:55Mais ça,
09:56est-ce que ça suffit ?
09:57Ah, mais c'est-à-dire que,
09:58c'est ce que disait Maître Leborné
09:59à l'instant,
10:00un bien malin,
10:02qui peut dire
10:03de quel côté
10:04va pencher
10:05la balance de la justice ?
10:07Je crois que ce que l'on peut dire,
10:08c'est...
10:08Sur quatre semaines de procès,
10:09on n'est qu'à la troisième journée.
10:11Il n'y aura pas de peine moyenne.
10:13Il ne prendra pas cinq ans.
10:14Il n'y aura soit l'acquittement,
10:15soit la condamnation.
10:16Soit la condamnation,
10:18certainement à la peine maximum.
10:20Et si c'est l'acquittement,
10:21il sortira libre
10:22dès la fin de l'audience.
10:23Voilà, il sortira dès la fin de l'audience.
10:25Alors, il y a peut-être quelque chose.
10:26On parlait d'aveu,
10:27je réfléchissais à la question.
10:30En matière pénale,
10:31il faut toujours,
10:32au-delà des faits objectifs,
10:34voir la chose de l'intérieur du personnel.
10:36Les expertises psychologiques
10:38disent que c'est un garçon
10:39qui a un égo surdimensionné
10:42et qui est toujours dans un rapport
10:43dominant-dominé.
10:45Prenons l'hypothèse,
10:46évidemment,
10:47en prenant la précaution
10:49de ne pas inquiéter
10:50sur la présomption d'innocence,
10:52qu'il aurait mis fin
10:52au jour de sa fin.
10:54S'il sent,
10:55parce qu'on le sent
10:56dans une audience d'assises,
10:59que les débats basculent plutôt
11:01dans le sens de l'acquittement.
11:04Il ne dira rien.
11:06Parce qu'il aura commis,
11:07en quelque sorte,
11:07le crime parfait.
11:09A l'inverse,
11:09s'il sent que le débat,
11:11mais ça peut se terminer en appel,
11:12s'il sent que le débat
11:13bascule plutôt
11:14vers l'accusation,
11:15vers la condamnation,
11:17je vais le faire
11:17avec une double négation.
11:19Je ne suis pas certain
11:20qu'il n'ait pas la vanité,
11:22finalement, d'avouer,
11:23c'est-à-dire que ce n'est pas vous
11:24qui me condamnez,
11:25c'est moi qui vous offre
11:27ma culture de vérité.
11:27Et je reste le maître du jeu.
11:28Et d'une certaine façon,
11:29je reste le maître du jeu.
11:30Ça, c'est un rebondissement extraordinaire.
11:32Confions-nous, mon général,
11:34de ce qui constitue des hypothèses,
11:36vous disiez des scénarios,
11:38bref, des incertitudes.
11:40Ce sera à suivre
11:40au cours de ces quatre semaines
11:41de procès.
11:42Merci, messieurs.
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