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  • il y a 2 mois
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.

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Transcription
00:00Delphine Jubilard n'a jamais été retrouvée. Elle a disparu de Cagnac-les-Mines dans le Tarn, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, depuis son mari est en prison.
00:09Il est accusé de meurtre et son procès s'est ouvert ce matin. C'est lui, Cédric Jubilard, que vous voyez sur ces images.
00:15Il a accepté d'être filmé à l'ouverture des débats, justement à la cour d'assises du Tarn.
00:20On va retrouver Mélanie Bertrand en direct pour BFM TV. Mélanie, comment est apparue Cédric Jubilard au cours de cette audience ?
00:30Plutôt détendu, vous le voyez sur les images. Cédric Jubilard, il arrive ce matin face à une nuée de caméras, un mur de micro, d'appareil photo de caméraman qui le filme sous toutes les coutures.
00:40Et lui paraît plutôt détendu, le visage amaigri, le crâne rasé avec cette veste de survêtement bleu sur les épaules.
00:47Il va s'asseoir dans le boxe, il échange avec ses avocats quelques mots. On le voit même esquisser un petit sourire à un moment.
00:53Ça c'est pour l'image, pour le son. Il y a cette phrase qu'on va retenir de cette première journée d'audience.
00:58Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés. Il répondait à la présidente de la cour d'assises qui lui demandait de se positionner en quelques mots
01:06sur les faits pour lesquels il est jugé aujourd'hui. On voit donc qu'il n'y a pas de changement dans sa ligne de défense.
01:11Il continue aujourd'hui devant la cour comme depuis le premier jour à clamer son innocence.
01:17Ses avocats vont plaider son acquittement et vont s'attacher à démonter une à une toutes les pièces de ce dossier pendant les quatre semaines de ce procès.
01:24Alors au cours de cette première journée d'audience, on a beaucoup parlé de son enfance et de sa personnalité.
01:32Oui, c'est une enquêtrice de personnalité qui est venue à la barre et qui a retracé l'enfance chaotique de Cédric Jubilard quand il naît.
01:39Sa mère à lui, elle a 15 ans. Elle ne peut assumer cette maternité.
01:43Il va donc être balotté de famille d'accueil en famille d'accueil. Il va devenir un adolescent fumeur de cannabis qui ne brille pas forcément à l'école.
01:52Devenu adulte, il va enchaîner les petits boulots sur les chantiers comme peintre en bâtiment.
01:57Et puis il y a la rencontre avec Delphine. Et là, ses proches semblent étonnés de la différence de caractère entre une Delphine effacée, discrète et un Cédric Vantard qui paraît jaloux.
02:08Alors sur son banc, quand on parle de tout ça, Cédric Jubilard, il semble un petit peu nerveux. Il bouge un peu frénétiquement.
02:14Et à l'instant, il a eu la parole. La présidente lui a demandé de ce qu'il pensait de tout ce rapport qui a été fait une partie de l'après-midi.
02:20Je suis d'accord avec tout ce qui a été dit. Elle l'interroge un peu sur son parcours, ses habitudes.
02:25Oui, j'étais un gros fumeur de cannabis, reconnaît-il, entre 10 à 15 juin par jour.
02:31J'aime aussi aller à la pêche, jouer aux jeux vidéo et au poker.
02:34Cédric Jubilard qui continue d'être interrogé aujourd'hui. On n'est vraiment pas sur les faits.
02:38On est sur des éléments de personnalité. Et dès demain, ce sont des gendarmes qui vont venir à la barre pendant plusieurs jours
02:44pour retracer les éléments clés de ce dossier.
02:47Mélanie Bertrand avec Annaëlle, le teneur en direct de la cour d'assises du Tarn.
02:51C'est à Albi. Mélanie faisait allusion à l'enquête de personnalité concernant Cédric Jubilard.
02:57Voilà ce qu'en disaient ces deux avocats aujourd'hui.
02:59Cédric nous a dit qu'il n'est pas manipulateur.
03:03Vous imaginez tous les qualificatifs dont il a été affublé depuis 4 ans et demi.
03:07Mais finalement, on s'aperçoit que tout ça, c'était un personnage qui était fabriqué pour essayer de le faire coller au fait qu'on lui reproche.
03:13On est très éloigné de ce que pourrait faire un personnage froid, manipulateur, pervers, etc.
03:19On est très éloigné de cela.
03:20Et c'est en cela que cette enquête de personnalité était importante et éclairante sur la construction et le parcours de cet homme.
03:28Dominique Rizet, bonsoir. C'est l'image du jour.
03:32Cédric Jubilard, barbe et crâne rasé.
03:35On ne l'avait pas vu depuis 5 ans.
03:37On avait ses photos et on n'avait pas vu l'homme en question avec un jogging, habillé, plutôt souriant avec ses avocats.
03:45Et au premier jour de son procès, il continue à nier. Il n'a pas tué sa femme il y a 5 ans.
03:51C'est un homme qui a 5 ans de plus. C'est un homme qui est fatigué par la prison parce que la prison, c'est une expérience difficile, dure.
03:58Même ceux qui s'imaginent ce que ça peut être ne s'imaginent pas jusqu'à quel point ça peut être dur et difficile.
04:03Peut-être encore plus pour lui parce qu'effectivement, tous les regards de tous ceux qu'il croise dans la prison étaient braqués sur lui et le sont toujours d'ailleurs.
04:10les nôtres aussi. Donc c'est un homme qui n'a pas changé, pas changé en tout cas de point de vue.
04:17Mais c'est aussi quelqu'un qui s'est préparé sans doute parce que ses avocats qui sont des pénalistes,
04:22Ediland Slama va nous l'expliquer, j'en suis persuadé, préparent, coachent et dans le bon sens du terme.
04:28Ce n'est pas forcément pour le faire mentir ou lui faire raconter n'importe quoi, mais le coach dans le bon sens du terme pour lui dire
04:34voilà comment ça va se passer, les assises, vous allez entrer dans la salle.
04:37Ça va se passer comme Mélanie Bertrand, notre envoyée spéciale nous l'a raconté, grand reporter au service police-justice de BFM TV.
04:44Il va y avoir des crépitements, des flashs, des cris, des bousculades.
04:47Les caméramens, les photographes, les journalistes qui vont vouloir vous voir, ça va aller très très vite.
04:53Tout le monde va se jeter vers le boxe et puis ensuite tout le monde va se retirer.
04:59Il y a l'impression que vous allez faire en arrivant.
05:01Les vêtements que vous porterez sur vous, alors c'est un peu triste parce que cette veste bon marché, et quand je dis ça, cette veste bon marché de survêtement,
05:12et bien ce n'est pas une veste avec une chemise ou avec un pull ou un blouson propre, voilà, c'est une tenue de jogging qui fait l'effet qu'elle fait.
05:23– Une tenue de prisonnier de base, c'est ce que vous voulez dire.
05:26– Oui, exactement, c'était, merci à l'âge.
05:26– Pour le procès ou le meurtre de sa femme, il aurait pu prendre un petit peu plus sur lui dans son apparence.
05:33– C'est sans doute un peu mieux, c'est sans doute un peu mieux.
05:34– Qu'est-ce que vous en pensez d'Ilan Slama, vous qui êtes avocat pénaliste, vous êtes retrouvé dans ce genre de situation ?
05:38– Bien sûr, très souvent ils me demandent comment, enfin régulièrement, des clients me demandent comment est-ce que je m'habille maître pour l'audience.
05:44On a envie de leur dire effectivement une chemise, etc., c'est bien, mais ce n'est pas ce qui compte en vérité.
05:47Ça va être un mois d'audience, ça va être intense, il faut qu'il soit à l'aise, c'est aussi ça qui est important pour une personne qui comparaît,
05:54pour une audience qui est extrêmement dure, qui va être très intense et qui va durer longtemps.
05:57Ce qui compte aussi, c'est qu'il soit à l'aise, ça veut dire que si jamais il n'est pas à l'aise dans une tenue qui serait effectivement étriquée, serrée,
06:02ce qui compte aussi, c'est qu'il puisse venir comparaître dans de bonnes conditions pour lui, c'est déjà suffisamment dur,
06:07pour qu'en plus il n'ait pas, si vous voulez, à jouer un rôle.
06:09Donc peut-être que là justement, il vient aussi authentiquement présenter qui il est, et présenter qui on est authentiquement,
06:15c'est peut-être pas mentir aussi sur la manière dont il a à s'habiller au quotidien.
06:18La particularité de ce procès, c'est qu'il n'y a pas de corps, pas de cadavre, il n'y a pas de scène de crime, il n'y a pas d'aveu.
06:25Les enquêteurs semblent persuadés qu'il s'agit de Cédric Jubilard, il n'y a pas d'autre suspect d'ailleurs dans cette affaire, il n'y en a qu'un.
06:33Mais au bout de quatre semaines, la question sera posée, faut-il oui ou non acquitter Cédric Jubilard ?
06:40Et ses avocats vont plaider l'acquittement.
06:43Alors l'une des particularités, c'est qu'il n'y a pas de corps, ce qui est assez rare, mais ce qui arrive régulièrement.
06:48L'autre particularité à mon sens de ce procès, c'est quand même son exposition médiatique, et qui a des conséquences je pense sur le procès.
06:53Ça veut dire que j'ai déjà plaidé moi des procès où il n'y avait pas de corps, et où les faits étaient niés, c'est pas un mois d'assise, et c'est pas 65 témoins.
07:01Alors pourquoi cette affaire justement passionne ? 65 témoins, 11 experts, 15 000 pages de procédure.
07:07Il y a deux hypothèses. Soit c'est ce que mérite le dossier, mais j'ai presque envie de dire, et je ne me fais pas du tout la voix de la défense,
07:13je ne connais pas le dossier de l'intérieur, mais j'ai envie de dire, si jamais on avait des preuves flagrantes, essonantes et trébuchantes,
07:18est-ce qu'on aurait besoin d'un mois ? Non, vous voyez, peut-être que ce mois d'assise trahit peut-être aussi les lacunes de ce dossier,
07:23parce qu'on essaye d'aller chercher le détail du détail et l'accessoire de l'accessoire, peut-être parce que justement on n'a rien de flagrant.
07:27C'est une première hypothèse. Deuxième hypothèse, effectivement, c'est qu'il y a une telle attente, je suis désolé de le dire,
07:33mais un peu médiatique aussi de ce dossier, que la justice se sait surveiller, se sait scruter par les médias, les observateurs,
07:39et donc elle veut être irréprochable. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle n'est pas irréprochable pour les autres audiences,
07:44mais particulièrement là-dessus, ils se disent, bon, il ne faut rien laisser au hasard, et effectivement, lorsque la justice se sait observer,
07:50peut-être qu'elle se sent plus obligée, si vous voulez, de faire les fonds de tiroir pour tout vérifier.
07:54Vous êtes en train de dire que l'accusation est fragile ?
07:56Encore une fois, j'ai dit que je ne sais pas, je n'ai pas d'accès au dossier, je ne suis pas avocat de la Défense,
08:01je connais un peu ce qu'en dit la presse. Maintenant, justement, 65 témoins, je serais bien malvenu d'avoir moins un point de vue sur ce dossier.
08:07Mais oui, ce qui est certain, c'est que si jamais il y avait une preuve flagrante, il n'y aurait pas autant de suspense, pas autant de témoins.
08:12Alors attendez, demain, cette audience.
08:13On a changé, parce que 4 semaines ici, avec 65 témoins, il y a quand même beaucoup de monde à entendre,
08:19beaucoup de personnes vont s'exprimer, des avocats vont s'exprimer, vont devoir plaider.
08:22Je vous rappelle quand même que ça a bien évolué, puisque Ranucci avait été condamné en 24 ou 72 heures, condamné à mort.
08:30Ça veut dire qu'on avait quand même bâclé le travail, ça avait été très rapide.
08:35Aujourd'hui, je crois qu'on prend le temps quand même, 4 semaines, évidemment, vous avez des clients pour des affaires qui n'ont pas été médiatisées comme celle-ci.
08:41On prend le temps parce que c'est médiatique aussi ?
08:44Non, je ne suis pas sûr que ça, parce que c'est médiatique, c'est parce que c'est un gros dossier, c'est un dossier dans lequel il n'y a pas un doute, mais des doutes.
08:52Et il va falloir les lever, donc il va falloir écouter des experts qui vont parler de cette fameuse paire de lunettes.
08:57Il va falloir écouter les voisines qui vont parler de ces fameux crises tridents qu'elles ont entendues.
09:01Il va falloir réécouter le témoignage de Louis, le fils de Cédric et Delphine Jubilard, qui avait 6 ans à l'époque, qui en a 11 aujourd'hui, qui ne reviendra pas.
09:09Mais on va l'écouter et puis on va le commenter ensuite.
09:12Vous avez parlé d'une dispute entre ses parents ce soir-là.
09:15Bien sûr. Est-ce qu'un enfant de 6 ans à l'époque est crédible lorsqu'il fait cette déclaration ?
09:19Etc, etc. Il va falloir écouter les témoignages des uns qui vont dire que Delphine était merveilleuse.
09:25Les témoignages de quelques autres, pas beaucoup, qui vont dire que Cédric était un garçon d'aplomb jusqu'ici.
09:32Il va falloir écouter le témoignage de son ex-petit ami.
09:34Qui raconte médiatiquement dans les médias que Cédric a avoué son crime.
09:41Absolument, Jennifer. Et puis il va falloir écouter aussi, et là ça va être quand même un moment qui va être important dans le dossier,
09:48le témoignage de Cathy, la femme de l'amant de Delphine Jubilard.
09:53Le témoignage de l'amant, Jean, qui était prêt à partir avec elle.
09:57Cathy qui a échangé des messages avec Delphine.
09:58Ils n'ont jamais été inquiétés dans cette affaire ?
10:00Si, ils ont été inquiétés normalement, c'est-à-dire qu'ils ont été soupçonnés.
10:03C'est l'histoire de deux couples, il y en a un qui se sépare et un autre qui va se reconstituer.
10:10Donc, qui peut être suspect dans cette affaire ?
10:13L'amant, il a été mis hors de cause.
10:15La femme de l'amant, elle a plus de raisons que l'amant de vouloir la disparition de Delphine.
10:19Elle a été mise hors de cause.
10:21Et donc il reste Marie.
10:21Un seul, il reste Cédric.
10:23Vous avez attiré notre attention sur un détail de mini-crise,
10:27c'est-à-dire que Cédric Jubilard est arrivé à l'audience, outre son aspect vestimentaire.
10:32Mais il avait son alliance.
10:33On va écouter ce qu'en dit Maître Mourad Batik.
10:36Mourad Batik, c'est l'avocat de l'oncle et de la tante de Delphine Jubilard.
10:41Ça peut être filmé, mais exhiber l'alliance comme il l'a fait ce matin, c'est à mon sens.
10:47C'est mon interprétation, évidemment, quelque peu problématique.
10:50Ça peut être interprété comme un événement, un élément un peu provocateur.
10:55Et donc c'est toujours très dérangeant dans ce procès où on souhaite de la sérénité.
10:59On souhaite que la famille puisse avancer et cheminer le plus sereinement possible.
11:03C'est un jubilard provocateur qui est apparu à l'audience en exhibant son alliance.
11:08Je pense que ce qui intéresse également la population et les médias, c'est sa personnalité, son profil psychologique.
11:14Il a été dressé aujourd'hui par une enquêtrice.
11:17Et justement, d'ailleurs, ces avocats, c'est vrai que jubilard, disent, voilà, ce n'est pas un tyran,
11:22mais c'est quelqu'un, bon, qui n'a pas été décrit tel qu'il l'est par les médias.
11:27On a dit, l'enquêtrice a dit que c'est quelqu'un qui a vécu une enfance, une adolescence chaotique.
11:33Sa mère avait 15 ans.
11:34À l'adolescence, il a été placé.
11:38D'ailleurs, je veux deux ans et demi, remplacé par la suite.
11:40Il a été un adolescent aussi qui était en prise avec le cannabis, beaucoup de consommation de cannabis,
11:46un peu malmené, pas fait beaucoup d'études, un ado en grande difficulté, il n'a pas brillé à l'école,
11:51il a enchaîné les petits boulots, l'argent était quand même toujours une préoccupation pour lui.
11:54Voilà ce qu'a dit l'enquêtrice.
11:55Alors, gare aux interprétations de comptoir, il faut faire attention,
12:00c'est une personnalité qui semble assez clivée tout de même, Cédric Jubilard.
12:03On a d'un côté une personnalité qui est arrogante,
12:06qui est démontrée comme totalement immature également,
12:09parce qu'il fréquente beaucoup d'adolescents.
12:11C'est quelqu'un qui peut être très arrogant, qui peut être menteur, manipulateur en quelque sorte.
12:19Il est arrogant également auprès de ses clients, il va perdre.
12:21Il est très auto-centré, il est très narcissique.
12:23Il n'est pas pervers narcissique, il n'a jamais été décrit comme pervers narcissique.
12:26Il n'a pas été démontré de troubles psychiatriques le concernant,
12:30mais c'est quelqu'un qui fait montre d'un manque affectif énorme.
12:34Il a été très arrogant et très provocateur également lors des recherches concernant son épouse.
12:39Il a très peu de mots concernant son épouse.
12:41Il l'a rencontré très tôt, c'est à 18 ans qu'il le rencontrait.
12:44Très peu de mots concernant son épouse, mais l'alliance, qui est bien en évidence.
12:49Je l'ai bien noté effectivement ce matin.
12:51Maître, enfin votre confrère, Mourad, l'a bien remarqué.
12:57Pendant plusieurs minutes, il se tenait comme cela pour bien montrer cette alliance.
13:00Qu'est-ce que ça signifie ?
13:01Est-ce que c'est une technique pour démontrer qu'il n'oublie pas son épouse,
13:04qu'elle est présente et qu'elle n'est pas morte ?
13:06Ou au contraire, je suis en train à la fois d'être provocateur
13:10ou alors de signifier que je l'ai bien tué comme il l'a.
13:14Est-ce qu'un aveu est possible durant ces quatre semaines ?
13:17Pardon ?
13:17Est-ce qu'un aveu est possible durant ces quatre semaines ?
13:19Tout est possible lors d'assises, bien évidemment.
13:21Ça arrive souvent ?
13:22Pas si fréquemment.
13:23Qu'il y ait des changements comme ça de braquets, de stratégies de défense
13:25en plein milieu de procès, c'est quand même relativement rare,
13:27surtout après cinq années d'instruction.
13:29Mais ce qui me paraît intéressant dans tout ce qu'on dit là,
13:31c'est qu'on parle de ses vêtements, on parle de son alliance,
13:33on parle d'éventuels sourires, de son profil psychologique.
13:35Tout ça est intéressant et je comprends qu'on en parle.
13:37Mais un procès, c'est d'abord là pour établir des preuves matérielles,
13:40objectives et tangibles.
13:41Mais il n'y en a pas de preuves, on ne juge pas une personnalité, c'est ce que vous dites.
13:45Justement, c'est ce que je dis.
13:46Et justement, le fait qu'on s'intéresse à tout ce qui est autour de ce procès,
13:50tout ce qui pourrait être autour des preuves, etc.,
13:52vient peut-être montrer que justement, ces preuves-là, a priori,
13:56c'est le procès qui va permettre de les établir ou pas, on ne les a pas.
13:58Et donc la difficulté pour les jurés et pour les magistrats à la fin...
14:00Mais les jurés qui ont peut-être une idée préconçue déjà.
14:02Parce que depuis 5 ans qu'on parle de cette affaire,
14:06ils arrivent en disant, oh là là, je suis juré dans l'affaire Jubileur.
14:09Mais après un mois d'audience, matin, midi et soir,
14:11ils vont constater au bout de 4 jours que tout ce qu'ils pensaient savoir,
14:13en fait, ils ne le savaient pas.
14:14Ils vont traverser par des phases de doute,
14:15ah mais c'est sûr qu'il est coupable.
14:17D'autres phases, ah mais non, c'est sûr qu'il ne l'est pas.
14:18Ils vont passer par beaucoup d'états.
14:19Mais vous savez très bien que certes, on ne va pas juger une personnalité,
14:22mais ça compte dans un procès.
14:24Et lorsque l'accusé n'apparaît pas sympathique,
14:27il y a eu des procès célèbres,
14:28froid, sympathique, manipulateur, l'enquêtrice.
14:32Elle dit quand même qu'il manque de qualité humaine,
14:34manque de franchise,
14:35il parlait durement à sa femme.
14:37Donc tout ça, ça peut jouer quand même.
14:39Puisque dans l'intime conviction des jurés.
14:42C'est une mise en scène de toute façon les assises.
14:44Mais il ne faut pas oublier qu'il est décrit comme quelqu'un de très froid,
14:46de très violent.
14:47Il a été violent avec son fils, Louis,
14:50si je puis donner son prénom,
14:51en tout cas le prénom a peut-être été modifié,
14:53jusqu'à quand même le faire tenir à genoux sur des légaux.
14:56Lui-même, Cédric Jubilard,
14:58a été victime de violences de la part de son beau-père.
15:01Il a même compté le nombre de claques et de fessées
15:03qu'il aurait reçu, une centaine.
15:05Il y a même une suspicion d'attouchement.
15:08J'ai eu cette idée également par rapport à ses comportements
15:11qui sont des comportements un peu typiques.
15:13Mais ça, ça joue, Dominique Rizet, dans un procès.
15:15Bien sûr qu'on va s'intéresser aux preuves, aux indices,
15:18mais la personnalité,
15:19ce sont des hommes et des femmes qui vont le juger.
15:22Je crois que la justice aime qu'on fasse preuve d'humilité,
15:25que l'accusé fasse preuve d'humilité,
15:27qu'il sache dire si c'est lui, oui, c'est moi.
15:31Et ce qui est terrible, c'est le « mais, je ».
15:35C'est le type qui frappe sa femme,
15:37qui dit « oui, j'ai frappé ma femme »,
15:38mais elle, vous voyez, le « mais », c'est toujours
15:41« qu'est-ce qui va venir derrière ».
15:42Et la justice aime bien qu'on fasse, encore une fois,
15:46preuve d'humilité
15:47et qu'on donne les éléments tels qu'on les a vécus.
15:51Ensuite, cet homme l'a dit « ça n'est pas moi »,
15:54mais supposons que ce ne soit pas lui.
15:57Supposons que ce ne soit pas Cédric Jubilard.
15:59– Quelle est votre conviction, vous qui avez suivi l'affaire depuis cinq ans ?
16:01– Moi, je me dis, à part de tourner dans ce dossier…
16:05– Vous avez publié un livre sur l'affaire ?
16:06– Oui, bien sûr, on a fait un bouquin sur l'affaire
16:08avec Stéphane Simon et Elina Rostand.
16:10C'est, première question, qui d'autre que lui ?
16:15Il est 4 heures du matin à Cagnac-les-Mines,
16:17on est en plein confinement, couvre-feu,
16:20un couple est en train de se déchirer,
16:22lui raconte « ma femme est absente, elle n'est plus là,
16:25elle a dû sortir les chiens ».
16:27En fait, il n'y a pas d'histoire de chiens qui ont été sortis,
16:29il n'y a rien de tout ça.
16:30Qui d'autre que lui à cet endroit-là, à ce moment-là ?
16:33Peut-être l'amant, il est mûr de cause.
16:35Peut-être la femme de l'amant, elle est mise hors de cause.
16:37On en revient au même personnage.
16:39Maintenant, et si Delphine Jubilard était sortie,
16:42si elle avait croisé quelqu'un qui se promenait par ici,
16:46qui l'est chargé dans une voiture,
16:47façon fournirait,
16:49et qu'elle réapparaisse dans un an,
16:51imaginez que ce jour-là que Jubilard soit promenuée,
16:53sans autre élément que ceux qu'on a déjà,
16:56compliqué.
16:56– L'acquittement est possible.
16:57– Ah, l'acquittement est parfait possible.
16:59Et ce qui est vertigineux dans un dossier comme ça,
17:00c'est l'aléa judiciaire.
17:01Vous voyez, l'acquittement peut être possible en première instance
17:03ou une condamnation en appel,
17:04et inversement, il peut être condamné en première instance
17:06et qu'il y a un aléa suivant qui sont les jurés,
17:09leur humeur, leur âge, etc.
17:10Il y a malheureusement un élément judiciaire
17:12qui rend toute cette affaire vertigineuse.
17:13– Affaire du doyen de la fac de Toulouse,
17:16M. Viguier, condamné en première instance
17:18pour la disparition de sa femme à Toulouse
17:20et acquitté dans cette même salle d'assises,
17:23à Albi, avec Dupond-Moretti comme avocat.
17:25– Et quand on pense que ça aurait pu être l'inverse,
17:26c'est vertigineux.
17:27– Ce sera le fil rouge, bien sûr, ce soir de notre émission,
17:30on y reviendra dans la deuxième partie.
17:31– Sous-titrage ST' 501
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