- il y a 7 semaines
Retrouvez Le 18/19 d'Hedwige Chevrillon en replay.
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00:00BFM Business présente
00:02Le 18-19 d'Edwis Chevrillon
00:07Bonjour à tous, bienvenue ici à la REF, donc à Roland-Garros.
00:14Il fait encore beau, de nombreux invités, on a entendu Patrick Partin, président du MEDEF.
00:18Et là, tout de suite, avec moi, il est déjà en studio à mes côtés,
00:22c'est Éric Trappier qui est le président de l'UMM, la puissante fédération.
00:28Bonsoir, bonjour, Éric Trappier.
00:30Bonsoir.
00:30Voilà, on ne sait plus très bien toujours, là, il fait beau, on a envie d'être encore en été.
00:35Et puis, je recevrai ensuite Thibaut Gulli, qui est le directeur général de France Travail,
00:38et Clément Beaune, le haut commissaire au plan et à la stratégie.
00:42Avec lui, on parlera d'aide aux entreprises, parce que lui aussi, il a fait son chiffrage.
00:45Éric Trappier, on va rebondir sur le discours du président du MEDEF.
00:50Est-ce que vous partagez un peu le même pessimisme de Patrick Martin ?
00:58On va dire, pas forcément sur la situation de la France, mais sur les politiques en France, sur nos politiques.
01:05C'est-à-dire que je soutiens parfaitement le discours de Patrick Martin,
01:09dans la mesure où je pense que l'entreprise est un endroit de stabilité.
01:14Et que malheureusement, l'image qui nous est renvoyée par les politiques aujourd'hui en France,
01:20crée de l'instabilité, qui crée donc de l'inquiétude.
01:23L'entreprise doit, au contraire, toujours positiver.
01:27Et donc, Patrick l'a bien expliqué.
01:30On positive au niveau de l'entreprise, mais on est inquiet quand même de ce qui peut sortir de demain du politique.
01:37ne pas surcharger les taxes et les charges sur les entreprises au risque sinon de faire baisser l'activité
01:46qui est celle qui génère justement de l'emploi, des cotisations, des impôts, etc.
01:52Est-ce que comme lui, vous soutenez, parce qu'il a dit à la fin dans son discours,
01:55moi je soutiens François Bayrou, parce qu'à la limite il a été courageux de faire ce qu'il a fait.
02:01Vous êtes d'accord avec lui ?
02:02Oui, je suis d'accord sur le fait que François Bayrou a eu le courage de dire un certain nombre de choses.
02:10La conclusion, c'est comment maintenant on fait pour faire en sorte que cette dette baisse.
02:17C'est l'affaire de l'État, puisque ce sont les dépenses de l'État.
02:20Nous, on y contribue au sens où on paye des impôts, on paye des charges sociales.
02:24Donc on fait partie de tours de table pour trouver des solutions.
02:30Et ce tour de table n'arrive pas à mettre d'accord un consensus qui permettrait d'avoir un budget aujourd'hui, à l'heure où on se parle.
02:37On reviendra peut-être sur la réindustrialisation.
02:41Est-ce que c'est un échec ou au contraire une réussite, parce qu'on entend un peu les sons de cloche ?
02:45Vous êtes quelque part le grand patron de l'industrie française, Éric Trappier, à plusieurs titres,
02:49mais en tant que président de l'UIMM, juste sur le climat des affaires.
02:53Est-ce que là, vous avez des inquiétudes ?
02:55On a vu que le nombre de faillites est quand même très élevé.
02:58On estime à 70 000 le nombre de faillites sur l'année 2025.
03:03Vous, qu'est-ce que vous observez dans vos troupes ?
03:07L'image est contrastée.
03:08Si vous prenez le secteur de l'aéronautique, ça va toujours bien.
03:11C'est-à-dire que les carnets de commandes se remplissent chez tous les constructeurs aéronautiques.
03:16La question est plutôt d'arriver toujours à recruter, de faire en sorte que les sous-traitants arrivent à fournir la montée en puissance.
03:24Donc, c'est plutôt positif.
03:25C'est même très positif.
03:26Et en plus, cet été, sur les droits de douane, on a eu l'exonération des droits de douane.
03:31On a travaillé avec nos homologues américains pour arriver à ce résultat.
03:34Et donc, c'est plutôt positif.
03:35Au même moment, vous avez d'autres secteurs qui sont plus dans la difficulté.
03:39Je le redis, je l'ai déjà dit.
03:40L'automobile ne va pas très bien.
03:41La sous-traitance automobile souffre.
03:44Et donc, c'est une difficulté qu'il faut surmonter.
03:49Va pas très bien ou va très mal ?
03:51Va très mal.
03:51Oui.
03:52Parce qu'on regarde les chiffres, ils sont quand même...
03:54Oui, les chiffres ne sont pas bons.
03:56Quand on dit va très mal, tout est relatif.
03:59C'est-à-dire que c'est en train de baisser.
04:01L'activité baisse.
04:02Et donc, les premiers qui souffrent sont les sous-traitants.
04:05En particulier, les sous-traitants dits du moteur thermique, puisque petit à petit, on passe vers un moteur électrique.
04:11Et là, le combat n'est pas à armes égales avec les concurrents chinois.
04:17Oui.
04:18Donc, grosso modo, alors sur l'ensemble de l'industrie ?
04:22Donc, sur l'ensemble de l'industrie, ça reste contrasté.
04:25C'est difficile de dire ça va mal ou ça va bien.
04:27Sur la réindustrialisation, on n'y est pas encore.
04:30On désindustrialise encore.
04:32Les chiffres sont là pour l'appuyer.
04:35Il y a une prise de conscience.
04:36C'est quoi les chiffres ?
04:37Les chiffres, c'est que vous savez, on est passé de 20% du PIB à 10%.
04:43On est plutôt maintenant à 9% du PIB.
04:46Donc, quelque part, on continue la baisse malgré la volonté politique.
04:50Mais entre la volonté politique et la réalité de ce qu'il faut faire pour réindustrialiser,
04:55il y a toujours un peu de temps, une marge de manœuvre.
04:58Et puis, ça peut aller vite.
05:00Certains, si un secteur entier s'effondre, vous avez ces résultats-là.
05:06Oui.
05:06En même temps, est-ce que...
05:08Alors, certains l'ont dit au départ, mais c'est trop tard, ça y est, il faut passer à autre chose.
05:13Il faut être une économie de service, une économie dans la tech, dans l'intelligence artificielle.
05:19Est-ce qu'on a le sentiment qu'il y a quand même eu beaucoup d'argent qui ont été versés ?
05:23Il y a eu BPI France, mais il y a plein d'organismes qui se sont penchés sur l'industrie française avec un résultat mitigé.
05:30Parce que vous-même, Eric Trappier, vous parlez de désindustrialisation, du moins désindustrialisation qui continue.
05:38Non, mais il faut continuer à se battre sur le fait que dans les années 2000, on a dit, il faut mettre l'industrie en Chine et garder les services.
05:47Vous vous rappelez, c'était le moto de Alcatel.
05:51Bon, moi, je me bats contre ça.
05:54Celui qui tient l'industrie tient aussi les services.
05:59Donc, il faut avoir les deux.
06:01Alors, on ne peut pas être partout, en France et en Europe.
06:04Il faut choisir nos combats.
06:05Mais depuis le Covid, on a bien compris que la souveraineté passe par une industrie forte.
06:11On n'y est pas encore.
06:12Il y a une volonté politique, mais on n'a pas encore trouvé les moyens dans tous les domaines d'arriver à réindustrialiser.
06:18Complètement le pays.
06:18Il y a une volonté.
06:19Il y a un grand perturbateur qui s'appelle Donald Trump, qui, avec l'installation de ses droits de douane, a quand même bouleversé le jeu, le jeu industriel.
06:27Parce qu'on voit des grands groupes du CAC 40, même vous, Eric Trappier, qui commencent à construire des usines aux États-Unis.
06:34Puisqu'il faut produire aux États-Unis pour pouvoir vendre aux États-Unis.
06:39Est-ce que nous, on ne sait pas faire ça ?
06:42Est-ce que c'est ça qu'il faudrait qu'on fasse ?
06:43C'est une forme de protectionnisme.
06:45Trump travaille pour l'Amérique.
06:48Il a été élu président des Américains pour défendre les Américains.
06:52On ne peut pas lui reprocher.
06:53On peut reprocher la forme.
06:54On peut reprocher des autres choses.
06:55Mais il défend son industrie.
06:58Et donc, il veut que l'industrie s'installe aux États-Unis.
07:00Nous avons une usine aux États-Unis, dans l'Arkansas.
07:06Mais depuis bien avant que Trump soit là, ça fait à peu près 30-40 ans qu'on a une usine aux États-Unis.
07:10Tant mieux.
07:11Mais vous n'allez pas la développer ?
07:13À partir du moment où les droits de douane ne nous ont pas touchés, on ne va pas particulièrement remettre une usine de production aux États-Unis.
07:22Aujourd'hui, on va faire fonctionner nos usines en France.
07:27On a, par contre, des usines qu'on est en train de monter en Inde.
07:31Oui.
07:32Alors, vous abordez la question de l'Inde.
07:34Moi, je pensais aux États-Unis surtout sur la question des avions d'affaires.
07:37Parce que l'avion d'affaires, dans l'Asie du Sud-Est, en Inde, effectivement, c'est là où il y a des milliardaires qui peuvent acheter vos avions d'affaires.
07:4480% des avions d'affaires sont achetés par des sociétés, pas par des milliardaires.
07:49D'accord.
07:49Mais enfin, derrière, c'est toujours l'argent.
07:54À voir.
07:55Mais ce n'est pas forcément le sujet, puisque vous abordez la question importante.
07:58Je voulais l'aborder à la fin de cette interview, mais puisque c'est vous qui parlez de l'Inde.
08:02On attend, on dit que vous pourriez avoir cette commande indienne qui pourrait battre absolument tous les records avec 114 avions de rafales, d'avions de combat français.
08:15Où est-ce que vous en êtes ?
08:15Je sais que vous êtes toujours très prudent, Éric Trappier, quand je vous pose la question.
08:18Je n'ai pas changé.
08:20L'été ne m'a pas fait changer.
08:21Je suis prudent parce que nous connaissons bien l'Inde depuis 1953.
08:24On travaille, on est patient, on bâtit une confiance.
08:29Cette confiance existe.
08:31Les Indiens nous ont passé commande en début d'année de 26 rafales supplémentaires pour la marine indienne.
08:36Et on sait qu'on s'est inscrit en Inde sur le long terme.
08:39Donc, oui, nous espérons pouvoir, dans les mois, les années à venir, continuer à fournir à l'Inde plus de rafales.
08:46Le seul fait que les Indiens disent qu'ils sont intéressés démontre d'ailleurs que le rafale est très opérationnel pour les Indiens vus par les Indiens.
08:55Oui.
08:55Si vous dites ça, c'est qu'il y a un avion qui a été détruit en combat.
08:59Non, je dis qu'il y en a qui ont fait des commentaires.
09:02Et donc, ce commentaire, la réponse aux commentaires qu'ils ont fait, c'est les Indiens sont contents.
09:07Et qu'est-ce qui s'est passé finalement ?
09:08Ça, il faut demander aux Indiens.
09:10L'opération militaire, c'est les gouvernements qui les gèrent.
09:13C'est plus une erreur de pilotage.
09:15Ce n'est pas votre avion qui est en cause, en tous les cas.
09:17Ce n'est pas ce que je dis.
09:18Je dis simplement, quand on fait des opérations militaires, il y a tout un tas de facteurs, de renseignements, de capacités.
09:25Et donc, c'est aux États à communiquer.
09:28Juste encore un mot.
09:29Parce que si le chiffre de 114, c'est quand même assez précis.
09:31Vous voyez, ce n'est pas 115, ce n'est pas 110.
09:34Si ce chiffre est sorti, c'est que quand même, l'état d'avancement est important sur cette commande.
09:42Oui, il y a des gros besoins de l'armée de l'air indienne qui doit renouveler une partie de sa flotte depuis déjà un certain nombre d'années,
09:49qui a pris du retard, qui a commencé à acheter des avions Rafale petit à petit.
09:54Mais il va falloir continuer ce renouvellement.
09:57Donc, il y a un développement local d'avions indiens pour les Indiens.
10:01Et il y a aussi l'achat vers des sociétés étrangères comme nous, Dassault, pour les Rafales.
10:07Il faudra quand même pour nous aussi nous installer en Inde pour accompagner ces grosses commandes.
10:12Oui, là aussi, c'est une longue discussion que vous avez avec eux, avec des hauts et des bas.
10:16Oui, parce qu'en fait, ces Rafales, ils proviendraient d'où ?
10:20Parce que vous, vous êtes au maximum de vos lignes de production sur le Rafale.
10:24Donc, vous ne pouvez pas augmenter les cadences ou vous pouvez ?
10:27On est en train d'augmenter les cadences.
10:28Oui, je sais que vous êtes en train de le faire, parce que vous l'avez dit même à ce micro.
10:34Mais là, ça veut dire 114 avions supplémentaires.
10:38Il faut vraiment beaucoup augmenter les cadences.
10:41Et surtout, est-ce que ça ne va pas se faire au détriment de l'armée française ?
10:44Non, pas du tout.
10:45C'est justement le seul fait de faire une chaîne supplémentaire en Inde, par exemple,
10:50qui donnera quand même du travail en France,
10:51parce que ce n'est pas 100% qui partira en Inde,
10:55permettra de soulager d'une certaine manière les fabrications françaises.
10:59Et donc, c'est un win-win pour à la fois la France et l'Inde
11:02dans le cadre de cette coopération stratégique
11:04qui existe depuis bien longtemps avec nos partenaires indiens.
11:09Il y a tout un débat en ce moment qui est quand même très intéressant,
11:12enfin très intéressant, très préoccupant,
11:14avec toujours Donald Trump, avec les États-Unis,
11:16sur l'industrie de défense européenne.
11:20On voit qu'il y a eu des efforts quand même qui ont été faits,
11:23il y a des volontés politiques,
11:24mais quand on regarde dans les faits,
11:26on voit que les commandes qui sont passées sur les F-35, etc.,
11:30ça ne va pas dans le même sens que la volonté politique.
11:33C'est pire que ça, puisqu'ils ont acheté,
11:36et que dans l'accord de cet été,
11:39il est dit que les Européens achèteront encore plus de matériel d'armement aux États-Unis.
11:44Voilà. Est-ce qu'on peut parler ?
11:46Quand j'ai vu ça cet été, j'ai pensé à vous, Éric Trappier.
11:49Je savais que vous alliez venir sur notre plateau.
11:52Je me suis dit, mais vous connaissez-vous, là, vous devez bondir,
11:55parce que c'est vrai que ça paraît un peu extravagant
11:58d'avoir des Américains qui nous disent
12:01qu'il faut vous renforcer dans la défense,
12:03mais en même temps, il faut acheter Américains.
12:05C'est un hold-up sur l'industrie de défense européenne,
12:08et on se laisse faire ?
12:09Le F-35, quand il a été lancé il y a déjà plus de 20 ans,
12:13était préempter l'industrie européenne.
12:16Ils sont en train de le faire.
12:18Je vous ai toujours dit, pour une boutade,
12:22il n'y a pas de préférence européenne
12:23pour le matériel d'armement européen,
12:26il y a une préférence américaine.
12:28Bon, c'est l'illustration, donc je ne suis pas le plus surpris.
12:31Ceux qui sont surpris sont ceux qui ne croient pas
12:34à cette préférence américaine pour les Européens.
12:36Oui, mais tout ce qu'on nous raconte,
12:41j'ai une expression un peu triviale,
12:43donc je vais essayer d'en trouver une autre,
12:44tout ce qu'on nous raconte, c'est un peu du grand n'importe quoi.
12:46C'est-à-dire que finalement, rien n'a changé.
12:49Je vous laisse les propos.
12:50Il y a une prise de conscience qu'il faudrait faire quelque chose.
12:53Ça va prendre beaucoup de temps.
12:55En attendant, il faut s'appuyer sur ceux qui savent faire,
12:59en Europe, un certain nombre de choses.
13:01Et puis, on verra.
13:02Si les Européens ont décidé collectivement
13:04qu'il valait mieux être sous le parapluie américain
13:06et acheter du matériel américain,
13:08c'est leur décision politique.
13:09Je ne la critique pas.
13:11Par contre, s'ils veulent du travail industriel,
13:14il faut quand même mieux acheter du matériel européen.
13:17Est-ce qu'on n'est pas des grands naïfs ?
13:19Nous, Européens ?
13:20Pas moi.
13:21Oui, mais je mettais un « nous ».
13:24Alors, répondez quand même à ma question.
13:28Laquelle ? De savoir qui est naïf ?
13:29Non, nous, les Européens, nous sommes très naïfs.
13:32Je ne crois pas qu'on soit naïfs.
13:34C'est un choix.
13:35Moi, je ne crois pas au pays qu'ils soient naïfs.
13:37C'est un choix.
13:38Il y a un choix qui est fait d'acheter du matériel américain.
13:42Je ne sais pas si vous avez vu cette déclaration
13:43du ministre allemand de la Défense
13:45dans un document que Reuters a pu consulter.
13:47J'imagine que vous êtes au courant
13:48à propos de l'avion de combat du futur, le SCAF.
13:51Le fameux SCAF.
13:53Il est écrit « L'industrie française, je cite,
13:55empêche l'avancée du projet d'avion de combat du futur
13:58parce que vous demandez d'en assurer la direction. »
14:01Vous répondez quoi ?
14:02Je réponds que ce n'est pas du tout ça.
14:05Un, nous sommes engagés.
14:07Nous faisons notre part du travail et même au-delà.
14:10Et donc, nous sommes engagés.
14:12On dit simplement, si on veut demain avoir un matériel
14:15performant à un budget optimal,
14:21il faut que les compétences soient mises devant.
14:24D'autres diraient qu'il faut que les best athlètes dirigent.
14:27Ce n'est pas à moi de dire que je suis le best athlète.
14:29Et vous le dites quand même.
14:31Je dis que naturellement, si je prends l'exemple du Rafale,
14:35c'est quand même le meilleur avion de combat construit en Europe.
14:37Il y a une porte de sortie ?
14:39On verra.
14:41Pas sûr.
14:41Revenons sur l'industrie française.
14:43On sent qu'il y a un...
14:47Alors, le désamour à l'industrie française est peut-être en train un peu d'évaluer,
14:51d'évoluer, en tous les cas dans la mentalité des Français.
14:53Qu'est-ce qu'il faudrait pour que l'industrie française retrouve des couleurs ?
14:57Est-ce que c'est une question de formation ?
14:58C'est une question d'aide aux entreprises ?
15:01C'est une question de quoi ?
15:01De positionnement ?
15:03De quoi ?
15:03Non, je ne crois pas que ce soit une solution d'aide aux entreprises.
15:08C'est l'attractivité qu'il faut rendre à l'entreprise.
15:12On s'y emploie à lui-même.
15:13La formation, bien sûr.
15:15La culture des parents, des jeunes.
15:17L'éducation nationale, qui, dès le plus jeune âge,
15:21ne vous explique pas que l'industrie fait partie prenante
15:23de la souveraineté d'un pays, de la réalité d'un pays.
15:27Et donc, c'est ça qu'il va falloir revenir.
15:29Mais, vous voyez, moi, je dis toujours,
15:31faire un avion, c'est beau.
15:33Alors, s'il y en a qui disent, non, c'est un scandale de faire des avions,
15:36c'est un scandale de faire des véhicules,
15:38on achètera des avions américains,
15:39on achètera des véhicules chinois.
15:41Est-ce que ça, c'est...
15:43Donc, il faut rendre la fierté aux jeunes
15:46de venir travailler dans l'industrie.
15:47Ce qui ne veut pas dire qu'on ne travaille pas la décarbonation.
15:50Bien au contraire, la décarbonation, elle se fera avec nous.
15:52Elle ne se fera pas sans nous.
15:53Sinon, on sera dépendants de pays étrangers.
15:55Justement, je voulais aborder la question de l'innovation,
15:58parce que c'est peut-être ça qui pourrait sauver,
16:00en tous les cas, l'industrie française,
16:02c'est l'innovation.
16:04Est-ce qu'on investit suffisamment et suffisamment bien
16:07dans l'industrie ?
16:09On va en parler demain avec le Front économique.
16:12Vous connaissez cette initiative lancée par le MEDEF,
16:15mais pas que, qui a fait des propositions
16:17et qui dit qu'en fait, l'innovation, même au niveau européen,
16:20donc dans le Conseil européen d'innovation,
16:23ce n'est pas du tout efficace.
16:24Il faudrait que ça fonctionne un peu comme aux Etats-Unis encore,
16:27d'ARPA, NARPA, secteur par secteur.
16:30Oui, je crois qu'il faut remettre l'innovation au cœur.
16:34Ça passe aussi par l'éducation, les métiers scientifiques.
16:37L'innovation pour faire des produits industriels,
16:39c'est les sciences.
16:40Il faut redonner le goût aux jeunes des sciences.
16:43Et ça, ça passe par l'éducation.
16:44Ensuite, c'est vrai que quand je vois que tous les ans,
16:47on doit se battre pour maintenir le crédit d'impôt recherche,
16:50alors que c'est quelque chose qui permet aux grandes entreprises,
16:55aux moyennes entreprises et aux petites entreprises
16:57de financer une partie de leur développement et de leur recherche,
17:01ça prouve que le travail n'a pas encore été suffisamment fait.
17:05Il faut le refaire.
17:06Non, mais c'est facile.
17:07Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage.
17:10Donc, les abus, il faut les combattre.
17:12Il faut les combattre.
17:13Si quelqu'un ne suit pas le code de la route, il prend un PV.
17:17Là, c'est pareil.
17:18Il faut combattre les abus.
17:19Mais dire que parce qu'il y a quelques sociétés qui abusent
17:23et que 99,9 % utilisent à bon escient le CIR,
17:27il faut supprimer le CIR, c'est un petit peu gros.
17:29Donc, non, c'est une bonne dépense que d'alléger les charges des entreprises
17:35grâce au CIR.
17:37La productivité des entreprises françaises, c'est là aussi,
17:40c'est là où le bas blesse.
17:41Il faudrait, même si elle recommence à, elle s'est retournée,
17:45ça recommence à aller un petit peu mieux.
17:47Comment faire pour que la productivité de l'industrie française se porte mieux ?
17:50La productivité, c'est finalement un certain nombre de facteurs.
17:54Il y a la qualité qui coûte.
17:57Il y a les normes qui coûtent.
17:58Il faudrait les alléger un peu parce qu'on court derrière les normes,
18:01nous, l'industrie.
18:02Ça va trop vite et on n'a pas le temps d'investir pour prendre en compte les normes.
18:07Ça étouffe le développement industriel.
18:09Et puis, il y a le coût du travail qui est assez fort en France
18:13parce qu'on finance beaucoup le modèle social
18:16par les cotisations des entrepreneurs et des salariés et du reste.
18:20Est-ce qu'il y a trop d'aide aux entreprises ?
18:21Éric Trappier ?
18:22Non, pas du tout.
18:23Les aides sont faites pour se dire,
18:26mince, on en a demandé trop aux entreprises,
18:27donc on les allège.
18:29Nous, ce qu'on demande, c'est moins de charges.
18:31Il n'y aura pas besoin d'alléger des charges
18:32s'il y en a des charges normales et non pas des surcharges.
18:35Donc, vous êtes aussi pour cet effacement parallèle et simultané
18:38qu'a proposé...
18:40Parfaitement.
18:41Ça ne sert à rien de donner de l'argent et de le reprendre.
18:44Et ça porterait sur combien à peu près ?
18:45Vous avez une idée ?
18:47Je pense que ça, c'est en train d'être discuté.
18:49C'est du cas par cas, selon les filières, selon les types d'entreprises, etc.
18:52Donc, je ne sais pas donner comme ça de chiffres.
18:55Donc, bientôt, le MEDEV va sortir un chiffre en disant
18:57qu'on peut supprimer 30 milliards d'aide aux entreprises
19:00et en échange de quoi, voilà ce qu'il faut faire.
19:02La discussion a lieu déjà depuis quelques années sur le sujet.
19:05On n'a pas été au bout.
19:06L'allègement de charges n'est pas fait simplement pour aider à embaucher au SMIC.
19:12Il est fait pour permettre aux entreprises, en particulier l'industrie,
19:17puisque vous vous rappelez que ça partait du rapport gallois,
19:19de faire en sorte qu'on soit compétitif par rapport à nos grands concurrents.
19:23Toute dernière question, parce que non seulement vous êtes président de l'UIMM,
19:26vous êtes président d'Assaut, puis vous êtes président du groupe d'Assaut.
19:30Est-ce que vous redoutez dans le cadre de ce budget,
19:33ce budget de compromis que peut-être le gouvernement ou ce qu'il en restera va trouver ?
19:38Est-ce que vous vous redoutez que la taxation des hauts revenus
19:42et sur le patrimoine soit la monnaie de ce compromis ?
19:48Je ne redoute rien. On va regarder, on va discuter.
19:51Mais on sait que la taxation du patrimoine et la taxation des hauts revenus
19:56est l'une des plus fortes au monde.
19:57Donc, on peut toujours continuer à taxer plus,
20:01mais il faut aller chercher aussi les talents.
20:02Les talents, ils demandent d'avoir des revenus.
20:05Tout ça donne lieu à la discussion.
20:07Mais vous savez très bien que quelqu'un qui a un haut revenu,
20:09pratiquement 50% de sa rémunération part en impôts.
20:13Donc, ça finance ses impôts beaucoup plus que dans les tranches basses.
20:16Tant mieux, c'est comme ça.
20:18Taxation sur le patrimoine ?
20:19Taxation sur le patrimoine.
20:21Mais c'est dire aux ceux qui mettent de l'argent pour investir
20:25que leur business plan d'investissement va être moindre que ce qu'ils espéraient
20:33au moment où ils ont mis l'argent.
20:34Donc, ça va dissuader certains de venir en France.
20:37Donc, je pense qu'il faut poursuivre la politique de l'offre
20:40qui avait été initialisée en 2017 et qui a donné des résultats.
20:43Les résultats, c'est qu'on n'a jamais autant collecté d'impôts.
20:46Oui, regardez, la politique de l'offre, le ruissellement n'a pas eu son effet.
20:53Si, le ruissellement a eu son effet, mais il y a eu des conjonctures.
20:57Il y a eu le Covid, il y a eu beaucoup de choses.
21:00Donc, ça prend du temps de récupérer.
21:02Et puis, les autres bougent aussi.
21:04Les Chinois bougent, ils ont des aides.
21:07Regardez la voiture chinoise.
21:09Les Américains, regardez, Trump, il fait en sorte que de remettre son pays
21:13du bon côté de la compétitivité.
21:15Donc, tout ça bouge en permanence.
21:18La France n'est pas seule au monde.
21:19L'Europe n'est pas seule dans le monde.
21:21Ça marche dans un marché globalisé.
21:23Il faut se donner les armes pour être avec une industrie puissante
21:27en France et en Europe.
21:29Tout dernière question, parce qu'on n'en a pas parlé du tout.
21:32C'est peut-être déjà révélateur, en fait, un peu de ce nouveau climat.
21:37On n'a pas du tout parlé de transition écologique.
21:40Je m'en souviens, je vous avais posé la question.
21:42Notamment, on parlait des avions à hydrogène.
21:43On n'en parle plus. Et vous m'aviez dit en studio, vous m'avez dit, mais attendez,
21:47moi, je ne vois pas un rafale rouler, enfin, pas rouler, voler à l'hydrogène.
21:53Pour vous, cette transition écologique, elle a un peu disparu ?
21:59Non, elle n'a pas disparu. Elle doit être faite parce que ce n'est pas de la politique,
22:02la transition énergétique. Ce qui est politique, c'est de dire, attention, le climat, c'est
22:06un sujet. Donc, il faut alléger et il faut décarboner. Il faut réduire le CO2.
22:12Aujourd'hui, si vous prenez les motoristes qui sont les moteurs des avions, ils réduisent
22:17leur consommation de CO2 déjà depuis longtemps, mais ils vont continuer.
22:20Les nouvelles générations de moteurs vont continuer à réduire.
22:23Les aérodynamiques d'avions vont continuer.
22:24Mais il faut que ça soit possible. L'avion à hydrogène aujourd'hui, ce n'est pas encore
22:29du domaine du possible. Je ne dis pas demain que ça ne le sera pas.
22:32On ne sait jamais dire de quoi demain est fait. En tout cas, demain, pour moi, en aéronautique,
22:36c'est dans les 15 ans qui viennent, il n'y aura pas un avion à hydrogène qui fera Paris-New York
22:40et qui emportera 300 passagers. Donc, il faut trouver des solutions faisables.
22:45Et deuxième point, il faut savoir mettre l'argent là où c'est le plus efficace.
22:48Si ça coûte très cher de décarboner simplement de quelques pourcents un avion,
22:53alors que ça coûterait beaucoup moins cher de décarboner un peu plus
22:56un autre moyen de mobilité, peut-être vaut mieux mettre l'argent tout de suite
23:00sur l'autre moyen de mobilité. Donc, c'est un gros équilibre qu'il faut faire.
23:04Mais la transition énergétique est importante et nous y travaillons tous.
23:09Et ça se fera avec l'industrie et ça se fera sur une base scientifique
23:12et pas simplement sur une base idéologique et politique.
23:15Merci beaucoup, Éric Trappier. Question géopolitique.
23:18Il faut soutenir l'Ukraine à tout prix, vous qui êtes au cœur de l'industrie de défense.
23:23Ça, c'est une affaire politique, donc je ne répondrai pas.
23:24Géopolitique, oui.
23:25Et donc, nous, nous soutenons nos autorités qui, elles-mêmes, soutiennent l'Ukraine.
23:29D'accord. Voilà, c'est une transition.
23:30Merci beaucoup. Merci, Éric Trappier, d'avoir été avec nous,
23:33président de l'UMM, président de l'assaut, président du groupe d'assaut.
23:36Merci beaucoup.
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