00:00BFM Bourse, l'écho du monde.
00:03Pendant ce temps, Donald Trump lui fait le ménage, il limoge la gouverneure Lisa Cook au sein de la Fed,
00:08membre de la Fed, et un limogeage, dit-il, avec effet immédiat.
00:12Il l'accuse de fraude aux prêts immobiliers.
00:14Victor Lequillori est avec nous, vice-président du think-tank BSI Economics.
00:17Bonjour Victor.
00:18Est-ce qu'on peut dire à présent que oui, oui, la Fed est en train de perdre concrètement son indépendance ?
00:24En tout cas, nouvelle étape a été atteinte, et c'est assez inédit,
00:27et ça renforce de plus en plus la probabilité du scénario de pas d'indépendance,
00:32ce qui serait d'autant plus grave si ça s'accompagnait d'une perte de crédibilité de la Banque centrale.
00:37Et ça, c'est assez facile à mesurer, parce que ça revient à respecter le mandat.
00:40Le mandat de la Fed, c'est de s'assurer une bonne gestion de l'inflation du marché du travail.
00:45Et en fait, c'est une sorte de mandat un peu implicite qui découle de ces objectifs-là.
00:48C'est la stabilité financière, et ce qu'on s'est aperçu ces dernières années,
00:51c'est que les banques centrales ont pas mal innové, notamment la Fed,
00:53sur leur capacité à communiquer comme un nouvel outil un petit peu de leur politique monétaire,
00:58pour un peu essayer d'ancrer les anticipations.
01:00Et là, en fait, le problème, c'est qu'on risque d'avoir une communication brouillée,
01:03parce que toutes les politiques souhaitées par Donald Trump sont assez inflationnistes.
01:07Les droits de douane, le stimulus budgétaire, c'est impressionnant.
01:10Et c'est pas très cohérent avec sa volonté, par ailleurs, d'avoir des taux bas.
01:13Donc en fait, si on se dirige vers une perte d'indépendance
01:15et que ça se conclue par une perte de crédibilité,
01:18ce manque de cohérence, en fait, il risque de maximiser le risque de perte de crédibilité
01:23de la banque centrale, et ça, c'est très inquiétant.
01:25Et malheureusement, on s'y dirige tout doucement.
01:28L'autre sujet qui nous préoccupe aujourd'hui, évidemment,
01:31c'est la dette française et ses tensions sur les taux français.
01:35On voit qu'on est à 3,50, un peu plus, 3,51 à certains moments.
01:40Donc le risque politique est véritablement là, à nouveau, sur les marchés.
01:44Est-ce que les prochaines adjudications de bon du Trésor
01:47qui sont prévues sur le mois de septembre sont à risque ?
01:51Alors, ce qu'il faut avoir en tête, c'est qu'il y a environ 8%
01:55de la dette totale française qui va être renouvelée d'ici la fin de l'année.
01:59Sur ces 8%, on a environ 2 tiers qui correspondent à des obligations
02:03qui ont été émises à courte maturité, donc il y a environ un an,
02:07et qui ne présentent pas vraiment de risque de refinancement
02:09parce qu'il y a un an, les taux d'intérêt étaient un petit peu plus élevés.
02:11En revanche, il y a, sur les deux tiers restants,
02:15là, sur le tiers restant, plutôt, un risque de refinancement
02:17qui est assez élevé avec des grosses échéances
02:19qui ne seront pas forcément en septembre,
02:20mais plutôt fin octobre et fin novembre,
02:22et là, avec un risque de refinancer la dette
02:24à des niveaux d'intérêt beaucoup plus élevés,
02:27ce qui va inévitablement peser sur les charges d'intérêt
02:30qui vont être payées par l'État français.
02:32Et là, pareil, il faut bien avoir une lecture cohérente.
02:35Il y a deux messages, c'est qu'on a une charge d'intérêt
02:37dont la trajectoire, elle augmente,
02:38même qu'on la calcule en pourcentage du PIB,
02:40en pourcentage des recettes, en pourcentage des dépenses.
02:42Ça, c'est inquiétant, mais on est encore loin des niveaux
02:44qui existaient avant 2010,
02:46avant les politiques monétaires non conventionnelles.
02:48Et un petit message d'alerte,
02:49parce qu'on commence de plus en plus à s'écarter,
02:51en fait, ces ratios-là de charges d'intérêt dépensées
02:54par rapport aux PIB, aux recettes, aux dépenses,
02:56par rapport à des pays qui sont eux solides,
02:58comme l'Allemagne.
02:58En revanche, là aussi, on est...
03:01Le message d'alerte doit être un peu nuancé,
03:02parce qu'on est largement en dessous d'autres pays
03:04qui sont eux aussi, en fait, dans les situations
03:06un petit peu comme la nôtre,
03:08comme le Royaume-Uni ou les États-Unis,
03:10où le risque souverain apparaît non négligeable.
03:12Oui, mais donc les principales éducations,
03:13adjudications de cette fin d'année,
03:15les principaux tests obligataires sur le marché
03:16pour la France arriveront plus tard,
03:18en octobre et novembre, nous dites-vous.
03:20Ce sera intéressant à suivre,
03:21et d'ici là, de l'eau politique
03:23aura coulé sous les ponts de l'Assemblée nationale.
03:25Merci beaucoup, Victor, de nous avoir accompagné.
03:27Victor Lequillerier pour BSI Économique.