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  • il y a 4 mois
Deux heures pour vivre l’info. Loïc Besson donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.

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Transcription
00:00Bonjour Virginie Sachs, merci d'être avec nous, membre de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale,
00:05cofondatrice de Compagnum.
00:07On n'a pas vraiment conscience des répercussions que ça peut avoir, un tel accord ?
00:13Alors, ce qui est certain, c'est que l'accord est franchement déséquilibré.
00:17On peut déplorer bien évidemment les 15% de droits de douane.
00:21On peut aussi s'étonner avec notre tissu de PME et d'ETI dans la défense,
00:28qui est assez exceptionnel en Europe.
00:30On peut s'étonner d'une promesse de 600 milliards d'euros d'investissement privé des entreprises européennes vers les Etats-Unis,
00:39sachant que la Commission européenne n'a pas la main sur ces investissements privés.
00:43Donc, on peut s'étonner de cet accord qui a bien évidemment des répercussions sur notre tissu économique.
00:49Mais la vraie question, c'est maintenant comment sortir par le haut de cette nouvelle réalité,
00:54parce que les crises géopolitiques qui ont des conséquences sur les frontières du commerce sont maintenant annuelles.
01:01Le Covid, la guerre en Ukraine, les droits de douane, demain la Chine envahit Taïwan.
01:06Que faisons-nous de cette nouvelle réalité ?
01:08Elle est là la question.
01:09Bonjour Isabelle Vissangean, merci d'être également avec nous.
01:12Vous êtes économiste, professeur à l'Université Sorbonne, Paris Nord,
01:15et membre du laboratoire du Centre d'économie de l'Université de Paris Nord.
01:22De nombreuses difficultés à temps de certaines filières en particulier.
01:27C'est ce que cherche à prévoir le gouvernement et potentiellement à leur apporter du soutien.
01:33Mais de quelle façon ?
01:35Alors, c'est plus que prévoir.
01:37C'est-à-dire qu'en fait, là, il y a eu un principe d'accord,
01:40mais l'accord n'est pas encore rédigé.
01:44Et donc, tout l'enjeu va être d'acter l'accord et notamment de savoir
01:52quels sont les secteurs qui seraient éventuellement épargnés.
01:56Donc, il y a quelque chose de sûr, c'est l'aéronautique.
02:00En revanche, il y a énormément de points d'interrogation sur d'autres secteurs.
02:04L'automobile, visiblement, aurait, elle avait 27,5%, un niveau de 27,5%.
02:12Elle rentrerait dans les 15%.
02:13Ça, ça paraît assuré.
02:15Mais il y a beaucoup de points d'interrogation sur d'autres secteurs.
02:19Et évidemment, le vin en particulier, mais l'acier.
02:23Enfin bon, donc, il s'agit, les médicaments aussi,
02:26ce qui est très important, le secteur pharmaceutique.
02:29Donc, il s'agit de faire état, j'imagine, aux acteurs économiques
02:35de là où on en est dans les discussions, dans la négociation
02:39et de les assurer du fait que la France va essayer de tout faire
02:44pour épargner au maximum un certain nombre de secteurs qui sont essentiels.
02:50Il faut quand même avoir conscience.
02:52Oui, c'est vraiment un accord complètement déséquilibré.
02:56Donc, Trump a réussi son pari, alors qu'il y a un pari économique assez fou.
03:02C'est-à-dire qu'effectivement, c'est d'abord sur les États-Unis que ça va peser.
03:06Il y a des répercussions sur les entreprises
03:08et éventuellement sur leur politique d'embauche et d'investissement européenne.
03:16Mais les premières victimes économiques, c'est les Américains.
03:19C'est ça qui est quand même assez incroyable dans cette histoire.
03:22Même si tout ça est très difficile à identifier, parce que ça va dépendre des stratégies des acteurs.
03:28Donc, on ne sait pas encore, on voit les grandes lignes,
03:32mais on ne sait pas encore exactement ce qui va se passer, comme toujours en économie.
03:36Alors, c'est intéressant, Virginie Sachs.
03:38Les premières victimes, ça va être les Américains.
03:40Ce n'est pas du tout ce dont on a l'impression quand on entend toutes les réactions
03:44depuis l'annonce de cet accord.
03:46Alors, c'est vrai que les Américains vont être des victimes.
03:49Moi, je pense surtout aux Européens et à nos entreprises.
03:54Ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui, on doit s'adapter à cette réalité.
03:58Et pour moi, il y a trois façons de sortir par le haut.
04:01La première façon, c'est de s'intéresser à ce qu'on a,
04:05c'est-à-dire à un marché européen,
04:07qui n'est pas une paille, 450 millions de consommateurs,
04:132 500 milliards d'euros de commandes publiques,
04:16avec une commission européenne qui a réaffirmé récemment
04:18aller vers un Buy European Act.
04:22Eh bien, c'est très bien.
04:23Est-ce qu'on est aujourd'hui capable d'opérer
04:25cette volonté dans la commande publique d'acheter plus européens ?
04:29Ce qui veut dire qu'on a un pilote dans l'avion de la commande publique.
04:33Aujourd'hui, récemment, le Sénat, à l'issue d'une commission d'enquête,
04:37a pointé le défaut de pilotage de la commande publique.
04:39Donc, est-ce qu'on est capable d'exécuter nos volontés politiques
04:42d'acheter plus européens et acheter,
04:44non pas auprès d'entreprises qui ont leur siège en Europe,
04:47mais qui créent de la valeur en Europe,
04:49c'est-à-dire qui produisent en Europe ?
04:50Donc ça, c'est la première chose.
04:51La deuxième, c'est d'outiller les entreprises
04:54pour qu'elles puissent adapter leur stratégie,
04:57non pas vers plus d'internationalisation,
04:59je produis un endroit et j'innombe le monde,
05:01mais vers plus de multilocalisation,
05:03avec une analyse plus fine de mes débouchés,
05:06où est-ce que je vends ?
05:07Et donc, où est-ce que je produis ?
05:08Et donc, où est-ce que je me fournis ?
05:10Et donc, où sont mes risques de dépendance ?
05:12Aujourd'hui, on parle des droits de douane des États-Unis.
05:16Demain, la Chine envahit Taïwan.
05:18Quel impact pour nos entreprises ?
05:20Chez Companium, ce sont des exercices
05:21que nous faisons faire à nos entreprises,
05:23à nos clients, à nos conseils d'administration.
05:25Et puis, le troisième élément,
05:27troisième enseignement qu'on doit tirer,
05:29pour sortir par le haut,
05:30c'est quand même que Trump nous donne
05:31une très bonne leçon de négociation.
05:34Est-ce que l'Europe et la France
05:36sont capables de négocier
05:38des contreparties économiques
05:40de cette manière ?
05:41Alors, justement,
05:43est-ce que c'est une leçon de négociation
05:45ou est-ce que c'est un cours d'acting,
05:47d'acteur de cinéma ?
05:48Ronald Atto, bonjour.
05:49Bonjour.
05:50Professeur de relations internationales
05:51à Sciences Po,
05:51parce que c'est vrai que c'est Donald Trump
05:52qui a annoncé avoir trouvé
05:54un accord avec sur la Wonderlion
05:56pour l'Union européenne.
05:58Donald Trump qui s'est félicité
06:00de cet accord.
06:01Et en fait, la musique quand même
06:02qui monte, c'est que tout n'est pas
06:04encore ficelé,
06:05que d'ailleurs, rien n'a été signé.
06:06Tout à fait.
06:07C'est un projet d'accord.
06:08Je suis tout à fait d'accord
06:10avec ce que vous disiez.
06:11Les Américains vont aussi subir
06:13le contre-coup de ces négociations,
06:16de ce deal.
06:18Les 600 milliards
06:19ou les 750 milliards,
06:22à mon avis,
06:23ça va tomber à l'eau.
06:24Je pense que Trump est beaucoup,
06:26beaucoup dans l'apparence.
06:29En anglais, on parle de « swaggering ».
06:31Il aime parader et tout.
06:32Je ne suis pas convaincu
06:33que les Européens seront obligés
06:35d'investir autant d'argent
06:38aux États-Unis.
06:39Ce qui est évident,
06:40c'est qu'on a devant nous...
06:42Je ne comprends pas
06:43que ça ait pris autant de temps
06:44aux Européens
06:45de se mobiliser
06:46et de réaliser
06:47à quel point nous étions vulnérables.
06:50L'inconvénient que nous avons
06:51face à la Chine et aux États-Unis,
06:53c'est que nous avons
06:53deux États unitaires.
06:55C'est une fédération aux États-Unis
06:58et un État unitaire en Chine.
07:00Alors que nous,
07:01nous sommes un agrégat
07:02d'États-nations
07:03et chacun tire la couverture
07:05un peu de son côté.
07:06Et je pense que c'est probablement
07:07la principale faiblesse
07:08de l'Union européenne
07:09face aux États-Unis
07:10et aussi face à la Chine.
07:12Ceux qui nous disent
07:13qu'il faudrait se tourner
07:13vers la Chine,
07:15personnellement,
07:16je ne suis pas tout à fait convaincu
07:17par cette stratégie.
07:19Mais au vu des réactions
07:20des dirigeants européens,
07:22des dirigeants français,
07:23ce qu'a dit le Premier ministre,
07:24ce que dira,
07:25on ne sait pas pour l'instant,
07:26le Président de la République
07:27qui a conseillé des ministres,
07:28il doit s'exprimer en ce moment même.
07:29On vous le dira bien sûr
07:29sur BFM TV
07:30dès qu'on aura ces informations.
07:32Mais ce qui est peut-être
07:33attendu aujourd'hui
07:33du gouvernement,
07:35c'est non pas qu'il soit
07:35au chevet des entreprises
07:36en leur disant
07:37ça va être compliqué
07:38mais on va essayer
07:38de tenir ensemble.
07:39c'est peut-être
07:39qui change la donne
07:40et qui pèse
07:41dans les négociations
07:42et qui dit
07:42non en fait,
07:43c'est d'accord,
07:44vous le dites,
07:45est déséquilibré,
07:46on ne l'acceptera pas
07:47en l'espèce.
07:49Pour l'instant,
07:49on ne voit pas
07:50ce genre de réponse
07:51du côté européen.
07:52Il n'y a personne
07:53qui s'est levé
07:53pour dire
07:54c'est l'inconvénient.
07:55C'est ce que je vous dis,
07:56je pense qu'il n'y a pas
07:58d'unité.
07:59Et qui pourrait faire l'unité ?
08:01Souvent, moi,
08:02à Sciences Po,
08:03j'entends des étudiants étrangers
08:04qui me disent
08:04les Français
08:05qui veulent toujours
08:06prendre le lead,
08:07pardonnez-moi
08:07l'anglicisme,
08:08de l'Europe,
08:10qui serait acceptable
08:12comme...
08:13C'est l'inconvénient
08:14majeur, je pense,
08:15c'est qu'on n'a pas
08:17la capacité,
08:17pour l'instant en tout cas,
08:18ce n'est pas
08:19les États-Unis d'Europe.
08:21Donc, vous avez raison
08:22de le souligner,
08:23je pense qu'il faudrait répondre
08:24parce que Trump
08:25ne respecte que la force.
08:27Mais est-ce qu'on est
08:29en position de force
08:29face à Trump ?
08:30Je ne suis pas convaincu.
08:31Et encore une fois,
08:32regardez le nombre
08:33de pays qui veulent
08:34acheter plus de F-35.
08:35Pardonnez-moi,
08:35je ramène toujours ça
08:36aux questions de défense.
08:38La Belgique va en acheter plus.
08:39Il y a le Portugal
08:40qui a décidé peut-être
08:41de passer au rafale,
08:43mais on est fortement
08:44dépendants aussi
08:45de l'armement américain.
08:46Et ça, je pense
08:46que Trump le comprend
08:48et joue sur ce tableau.
08:50D'ailleurs,
08:51je ne suis pas inquiet
08:51qu'à cet égard-là,
08:52les Européens
08:52continueront d'investir
08:53de l'argent
08:54dans l'armement américain.
08:56Anthony,
08:56en un mot,
08:57c'est vrai que pour l'instant,
08:58il n'est pas question
08:58de remettre en cause
09:00ce projet d'accord.
09:02Les gens,
09:03chacun le critique,
09:05dit on peut l'améliorer
09:05par-ci, par-là,
09:07mais sur le principe,
09:09c'est la politique
09:09du fait accompli
09:10qui a joué Trump, là.
09:11On a l'impression,
09:12au fond,
09:12que la France
09:13a une position
09:14un peu contradictoire.
09:14C'est vrai que quand on lit
09:15le tweet,
09:17le message de François Bayrou
09:18qui parle de soumission,
09:19qui parle de jours sombres,
09:20on s'attendrait
09:21de la France
09:22d'une position
09:22qui voudrait, au fond,
09:24modifier cet accord,
09:25peut-être même
09:26essayer de le bloquer
09:27au niveau européen.
09:30Par contre,
09:30quand on entend
09:30Éric Lombard ce matin
09:31qui dit qu'il y a encore
09:33des négociations à faire,
09:34que c'est le meilleur compromis
09:35possible pour l'économie française,
09:37franchement,
09:37on n'y comprend pas grand-chose
09:38dans la position française.
09:40Peut-être qu'Emmanuel Macron
09:40devra s'exprimer
09:41pour fixer la ligne
09:42et il s'exprimera peut-être
09:43face à ses ministres
09:44lors du Conseil des ministres
09:45qui se déroule actuellement.
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