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  • il y a 4 mois
Deux heures pour vivre l’info. Loïc Besson donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.

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00:00Paris, bonjour Boris Ravignon. Merci d'être avec nous. Vous êtes maire Les Républicains de Charleville-Mézières, dans les Ardennes.
00:08C'est un fléau auquel vous êtes confrontés ?
00:10Oui, c'est un fléau auquel nous sommes effectivement confrontés, et pas simplement au moment de la fête nationale ou du 31 décembre.
00:19Désormais, la facilité qui existe de se procurer ce type d'armes par destination,
00:25c'est naturellement au départ un moyen de faire la fête, d'agrémenter une soirée, mais c'est détourné.
00:36Et effectivement, on a quand même certains de ces mortiers qui classiquement tirent 8 à 10 fusées,
00:42et qui pour les plus gros peuvent monter jusqu'à 380.
00:46Et donc on est quand même sur des instruments qui, de mon point de vue, devraient être vraiment réservés aux professionnels.
00:53Et c'est quelque chose auquel vous êtes confrontés régulièrement ?
00:57Alors on y a été confrontés régulièrement.
01:00On a eu à Charleville-Mézières un commissaire de la République, un commissaire de police blessé par une fusée justement dans son casque,
01:09et gravement brûlé.
01:11Et puis j'ai moi-même récemment été l'objet de tirs à l'occasion de la fermeture de ce qui était un point de deal dans un quartier de la ville.
01:20Donc c'est utilisé aujourd'hui comme une arme, c'est détourné.
01:24Et moi je suis un peu surpris.
01:26L'État prend tous les ans, autour du 14 juillet, un décret d'interdiction de la vente de ces produits,
01:32qui est parfaitement inopérant, puisque vous fermez, interdisez la vente deux jours de ces produits.
01:38Ils ont été stockés avant, et ils sont utilisés pendant cette période.
01:43Donc je crois qu'il faudrait qu'on comprenne vraiment les choses au sérieux.
01:46On n'a pas de tradition, comme ça existe dans d'autres pays, d'utilisation massive de feux d'artifice.
01:51Donc ceux qui s'en procurent, les particuliers qui s'en procurent, le font avec bien souvent l'idée de détourner cet instrument,
02:00finalement pour en faire une arme contre les forces de l'ordre.
02:03On va en parler dans un instant, Boris Ravignon, mais vous nous dites que vous avez vous-même été confronté à des tirs contre vous directement ?
02:10Oui, bien sûr. Il y a la semaine dernière, à l'occasion de la fermeture de ce qui était un café soi-disant associatif,
02:18qui n'accueillait pas de clients et qui était toujours fermé, notamment aux forces de l'ordre,
02:23et qui était en réalité dans l'équilibre du trafic, dans l'écosystème du trafic local,
02:29en installant des fermetures sur ce bâtiment.
02:33En pleine journée, deux individus sont arrivés et ont tiré sur moi et mes collègues et collaborateurs de la ville
02:41aux mortiers de feux d'artifice.
02:43Ils nous ont manqué, mais l'intention de nous intimider et peut-être de nous blesser était là.
02:49Jean-Marie Godard, bonjour. Vous êtes journaliste spécialiste des questions de sécurité et auteur de Parole de flic aux éditions Fayard.
02:57C'est vrai que la question de savoir comment on se procure ces mortiers d'artifice,
03:01alors manifestement, tous les témoignages nous disent qu'on s'en procure très facilement.
03:07Oui, oui, oui. Pas plus tard qu'hier soir, j'ai fait le test sur Internet.
03:11Sur Internet, sur un site normal ?
03:13Oui, mais juste en allant sur un moteur de recherche, en tapant mortier d'artifice, achat,
03:19et en moins de trois minutes, je pouvais acquérir l'un des mortiers dont M. le maire parlait,
03:27c'est-à-dire ce qu'on appelle une chandelle romaine, qui est un bâton cylindrique tirant 380 fusées en 50 secondes.
03:35Et sans aucun contrôle, il suffisait que je paye en ligne.
03:37Alors que c'est interdit ?
03:38C'est envoyé, oui.
03:39Officiellement, c'est interdit.
03:40Officiellement, c'est interdit.
03:41La loi a même été durcie en 2021, lors du vote de la loi Sécurité globale.
03:49Mais de fait, ça circule.
03:51Et puis, il y a aussi, vous pouvez le trouver dans certains commerces qui ne sont pas trop regardants, sous le comptoir.
03:56Ça se vend sans problème.
03:58Ça vient, il y a un énorme trafic autour de ces produits,
04:02avec beaucoup de produits, d'ailleurs, qui ne sont pas du tout aux normes, en tout cas françaises,
04:08qui viennent de certains pays de l'Est, Roumanie, Pologne, et qui sont importés de là-bas.
04:13C'est un phénomène en évolution ?
04:15Ce que disent les policiers, en tout cas, tous ceux que je connais sur le terrain,
04:18disent qu'ils y sont de plus en plus confrontés,
04:20y compris en dehors de périodes de violences urbaines ou d'émeutes.
04:24Pour s'amuser, on va tirer sur le commissariat de police municipale du coin.
04:31Comme ça s'est produit le 16 juillet dernier, à Renis-sous-Bois,
04:34les policiers ont été appelés police nationale
04:36parce qu'il y avait des tirs sur le commissariat de police municipale.
04:41Quand ils arrivent, ils sont eux-mêmes la cible
04:42et ils interpellent quatre personnes qui ont encore cinq mortiers sur eux.
04:46Le soir de la victoire du PSG à la Ligue des champions,
04:50il y a eu un...
04:51Ça, c'est des policiers que je connais qui étaient sur place.
04:55Une voiture contrôlée, 70 mortiers de feux d'artifice à l'intérieur, dans le 12e,
05:00et la personne interpellée leur explique que c'est destiné
05:02à tirer sur le commissariat des Lilas.
05:04C'est vrai que c'est devenu des images presque communes
05:07dès lors qu'il y a des violences, des affrontements,
05:10même de simples manifestations.
05:12Axel Ronde, bonjour.
05:12Bonjour.
05:13Merci d'être avec nous, porte-parole du syndicat CFTC Police.
05:15C'est quelque chose auquel les forces de l'ordre sont régulièrement confrontées ?
05:19Oui, tous les jours.
05:20Il y a tous les jours des tirs de mortiers d'artifices,
05:23soit sur les commissariats, soit sur les véhicules de police,
05:26soit sur mes collègues, soit sur les sapeurs-pompiers.
05:28Donc, on a affaire à un véritable fléau.
05:31Il va falloir que les pouvoirs publics prennent ça à bras-le-corps.
05:36En tous les cas, nous, ce qu'on réclame,
05:37que ce soit une classification comme une arme, au final,
05:40comme les cocktails Molotov, c'est une arme de guerre,
05:43c'est prévu dans le code pénal.
05:46Il va falloir faire évoluer cela, parce que ce n'est plus possible.
05:49On ne peut plus intervenir tranquillement
05:52ou faire nos opérations de police dans certaines zones,
05:56parce qu'on est tout de suite pris à partie,
05:58et ils arrivent à nous tenir à distance.
06:00Ça veut dire que le rôle s'est inversé.
06:01Si vous voulez, dans le maintien de l'ordre,
06:03quand on faisait sur des violences urbaines,
06:04on essayait de maintenir à distance en utilisant des moyens lacrymogènes.
06:08Maintenant, ces individus nous tirent dessus directement
06:10avec des mortiers qui tirent jusqu'à 380 fusées en quelques secondes.
06:15C'est un déluge de feu.
06:17Depuis le mois de juillet, il y a une trentaine de collègues
06:19qui ont déjà été blessés par ces tirs de mortiers d'artifice.
06:22Qu'est-ce que vous attendez du ministre de l'Intérieur ?
06:24On attend justement une évolution de la loi.
06:27Enfin, la loi existe déjà, cet interdit.
06:28Oui, mais que ça soit considéré comme une arme, je vous le dis clairement,
06:32et non plus comme une arme par destination.
06:35Il va falloir aussi que les procureurs, si vous voulez,
06:39fassent évoluer leur jugement,
06:41en tout cas leur demande sur quand il y a les juges qui vont juger,
06:46si vous voulez,
06:46qu'ils puissent réellement regarder cette circonstance aggravante,
06:51dans tous les cas, quand on utilise cela sur les forces de l'ordre.
06:54Nous, ce qu'on demande, c'est réellement une réponse pénale à la hauteur
06:59quand on fait usage de ces artifices sur les fonctionnaires de police.
07:03Parce que je vous ai dit, ça blesse gravement.
07:05Il y a eu un appartement qui a pris feu à Nîmes.
07:09Donc on est à Béziers.
07:09Avec une femme qui a dû sortir avec ses enfants, en effet,
07:13dans cet appartement qui a été pris pour cible.
07:15Mais c'est ça le problème,
07:17c'est que ces armes par destination, comme on les appelle,
07:19ces mortiers d'artifices sont sous-estimés,
07:22notamment par la justice.
07:24Oui, oui.
07:25En fait, quand je disais, on a durci la loi,
07:27avant il n'y avait quasiment rien.
07:28Maintenant, la loi, c'est en fonction des conditions
07:31dans lesquelles vous le vendez
07:32ou des conditions dans lesquelles vous les utilisez,
07:34sans avoir l'âge requis
07:37ou les autorisations pour le faire,
07:40ça va à une peine maximum
07:42qui peut aller jusqu'à un an de prison
07:43et 15 000 euros d'amende.
07:45Un an de prison, 15 000 euros d'amende,
07:47déjà, c'est rarement appliqué
07:48et en plus, de toute façon,
07:51c'est une peine maximum
07:52et vous n'allez pas en prison.
07:53Si vous prenez six mois, vous n'allez pas en prison.
07:56Merci beaucoup.
07:56Merci à tous les deux d'être venus sur le plateau de BFM TV.
07:58Merci également à vous, Boris Ravignon,
08:00pour votre témoignage en direct dans le live BFM.
08:02Merci à tous les deux d'être venus sur le plateau de BFM TV.
08:12Merci à tous les deux d'être venus sur le plateau de BFM TV.
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