- 6/20/2025
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00:00:00J'aimerais bien rester toute ma vie étudiant.
00:00:04Je me sens étudiant.
00:00:06Peut-être que d'ailleurs je ne suis pas tout à fait adulte.
00:00:10Et d'ailleurs je ne le souhaite pas.
00:00:20Tour à tour ou simultanément,
00:00:22Jacques Lang aura été comédien,
00:00:24professeur de droit, directeur de théâtre,
00:00:26créateur d'événements,
00:00:27ministre de l'éducation nationale,
00:00:30et bien sûr, l'iconique ministre de la culture des années Mitterrand.
00:00:34Je suis moi-même terrassé par la multitude des choses
00:00:37que j'ai été appelé à soutenir ou à imaginer.
00:00:40Mais qui est réellement Jacques Lang ?
00:00:42Un juriste épris de théâtre ?
00:00:43Un saltimbanque égaré en politique ?
00:00:46Une chose est sûre,
00:00:47Jacques Lang ne fut pas un ministre comme les autres.
00:00:51L'importance aujourd'hui, c'est de reconnaître le droit à la différence.
00:00:55Le vrai respect à l'égard de l'autre,
00:00:56c'est de reconnaître son droit à penser autrement.
00:00:59Je ne cherche pas à me distinguer,
00:01:00c'est ainsi que ce que j'exprimais,
00:01:02c'était un désir de liberté,
00:01:04de vie, de mœurs, de pensée, de liberté d'agir.
00:01:07Visionnaire et infatigable défenseur de la création pour les uns,
00:01:10incarnation même de la politique spectacle
00:01:12et symbole de la gauche caviar pour les autres,
00:01:15Jacques Lang invente,
00:01:16séduit,
00:01:17amuse,
00:01:18agace.
00:01:19Quelquefois on agace parce qu'on a envie de bousculer les choses trop bien faites.
00:01:25Et irrite, parfois, jusque dans son propre camp.
00:01:28Parfois j'apparaissais un peu comme le chouchou, c'est vrai.
00:01:31Sa fidélité à François Mitterrand, ses écrits, ses combats, ses regrets.
00:01:35Jacques Lang raconte Jacques Lang.
00:01:37J'ai eu le privilège de traverser des périodes passionnantes,
00:01:42marquées par des réformes, des polémiques, des bagarres,
00:01:46et en lien avec l'esprit d'une époque.
00:01:48Bon, ça fait peu de temps que j'essaie d'être dans la peau
00:01:52de ce personnage qu'on appelle ministre de la Culture.
00:01:55Un personnage taillé sur mesure
00:01:57qu'il prendra soin d'incarner au risque parfois de s'y sentir un peu à l'étroit.
00:02:01Peu importe, il trouvera là son plus beau rôle.
00:02:1121 mai 1981.
00:02:13Cérémonie d'investiture de François Mitterrand.
00:02:17Sur la photo, au premier rang, un homme jeune affichant sérieux et détermination.
00:02:21Si le grand public ignore presque tout de lui,
00:02:24le monde de la culture, en revanche, le connaît bien.
00:02:27Depuis 20 ans, Jacques Lang agite, bouscule,
00:02:30et contribue à révolutionner le théâtre.
00:02:32Une passion qui remonte à l'enfance.
00:02:34Je suis né le 2 septembre 1939,
00:02:48au moment de la déclaration de guerre.
00:02:51Mon père était un admirateur de la démocratie anglaise.
00:02:55Et du coup, mes parents ont décidé de me donner un prénom anglais.
00:02:59Et ce fut Jacques.
00:03:04Le père de Jacques Lang est juif
00:03:09et fera partie d'un réseau de résistances
00:03:11proche de celui créé par André Malraux.
00:03:14Originaire de Nancy,
00:03:15la famille Lang fuit la zone occupée au début de la guerre.
00:03:18Ce réfugié à Brive jusqu'en 1944,
00:03:21date à laquelle Roger Lang échappe miraculeusement à une rafle.
00:03:24Ma mère a décidé de nous faire quitter Brive
00:03:29pour aller à la campagne dans un village plus sûr.
00:03:33Ai-je souffert ou non, je n'en sais rien.
00:03:35Pour nous, en France, c'était plus une aventure qu'un effroi.
00:03:41Mon père était un homme d'une bonté infinie.
00:03:45Malheureusement, il a disparu quand j'avais 15 ans.
00:03:48Et ma mère s'est donc retrouvée seule avec ses 5 enfants.
00:03:51Il a fallu vivre, s'adapter parce qu'il fallait s'occuper de la maison.
00:03:57Je suis devenu une sorte de chef de famille.
00:04:01Ma mère, quel personnage !
00:04:03Elle était d'une intelligence extrême.
00:04:05Et elle était par ailleurs d'une beauté fracassante.
00:04:08Elle subjuguait.
00:04:14Après le baccalauréat,
00:04:16ma mère rêvait que je devienne diplomate.
00:04:18J'ai donc choisi le droit.
00:04:19Et parallèlement, j'ai suivi des études de sciences politiques
00:04:24qui m'ont conduit à Paris, rue Saint-Guillaume.
00:04:27Et puis, plus tard, je suis revenu à Nancy, à la faculté de droit.
00:04:30Et je me suis bagarré avec une énergie puissante
00:04:33pour obtenir cette agrégation.
00:04:35Pourquoi ? Parce que, quand vous êtes agrégé de droit,
00:04:38vous êtes aussitôt professeur,
00:04:41sans subir aucune tutelle.
00:04:42Donc, j'accomplissais un idéal de vie.
00:04:47Être libre, libre, libre, libre.
00:04:53Titulaire d'un doctorat en droit en 1967,
00:04:56Jack Lang devient, dix ans plus tard,
00:04:58et à seulement 38 ans,
00:04:59doyen de la faculté de droit de Nancy.
00:05:02Dix ans durant lesquelles il saura conjuguer
00:05:04sa passion pour l'enseignement.
00:05:05Pour moi, c'est le plus beau, les métiers.
00:05:08Et son amour immodéré pour le théâtre.
00:05:09Et comment est-ce que vous êtes venu à vous intéresser au théâtre ?
00:05:12Je m'y suis intéressé avant de m'intéresser au droit.
00:05:15Je m'y suis intéressé vers un art de 15-16 ans.
00:05:21Je voulais aller au conservatoire
00:05:22pour améliorer ma diction, mon articulation.
00:05:26J'avais le théâtre dans la peau,
00:05:27donc j'aimais les textes, j'aimais les personnages, j'aimais le jeu.
00:05:32Et c'est là où j'ai eu le bonheur, le privilège
00:05:35de rencontrer la personne qui est devenue
00:05:37la femme de ma vie, Monique.
00:05:42Elle m'a tapé dans l'œil,
00:05:44elle était très nouée, vive, alerte,
00:05:47comment résister.
00:05:50Je l'ai embarquée avec moi,
00:05:51et du coup, je l'ai détournée
00:05:53de sa vocation de comédienne.
00:05:59Quelques mois plus tard,
00:06:00on a créé une tour d'étudiants
00:06:02avec quelques amoureux du théâtre,
00:06:04mais jouer est une épreuve terrible.
00:06:08Mettre en scène les autres
00:06:10me passionnait davantage que de jouer.
00:06:13Peut-être qu'aussi,
00:06:14il me manquait ce courage.
00:06:19Non, je n'étais pas assez fort
00:06:21pour devenir acteur.
00:06:25À ce moment-là, j'étais devenu
00:06:26une sorte de doctrinaire du théâtre universitaire.
00:06:29Nous voulions créer un mouvement fort et puissant.
00:06:32Et avec quelques amis,
00:06:34nous avons créé l'un des tout premiers
00:06:36festivals de théâtre étudiants à Nancy.
00:06:39Nancy,
00:06:50ou comment un festival de théâtre universitaire
00:06:53va devenir, en moins de dix ans,
00:06:55le premier festival de théâtre
00:06:56d'avant-garde au monde.
00:06:58Une aventure folle et unique
00:06:59qui démarre le 24 avril 1963.
00:07:02Jacques Lang, puisque vous êtes jeune directeur
00:07:06de ce théâtre,
00:07:06qu'est-ce qui se passe en ce moment à Nancy ?
00:07:08Eh bien, les étudiants de Nancy
00:07:09ont accueilli avec beaucoup de chaleur
00:07:12cette rencontre internationale.
00:07:14Et le succès d'une pareille rencontre
00:07:16atteste la vitalité du mouvement
00:07:18de théâtre universitaire en France.
00:07:21Nous avons tout d'abord demandé à Jacques Lang
00:07:23de nous définir le théâtre universitaire.
00:07:25Ce que ne doit pas être le théâtre universitaire,
00:07:30c'est un théâtre qui emprunte au théâtre commercial
00:07:33ses recettes, ses techniques, ses tics, ses trucs.
00:07:37Notre ambition, c'est d'abord
00:07:38d'en finir avec le théâtre de boulevard.
00:07:41Je tors là-dessus comme j'ai pris de la fleur d'orange.
00:07:44En même temps, de contester aussi
00:07:47le théâtre public installé.
00:07:50Nous voulions créer un mouvement radicalement original.
00:07:55L'exemple de Nancy prouve que
00:07:59quand on a une ambition,
00:08:02c'est-à-dire une ambition humaine,
00:08:04on peut vaincre ce que les imbéciles appellent l'impossible.
00:08:10Nous n'avions pas froid aux yeux.
00:08:12Sur le papier, nous avions tout pour échouer.
00:08:15Pas un centime.
00:08:17Un engagement de gauche
00:08:19dans une ville relativement conservatrice.
00:08:22Imaginez qu'on puisse faire naître à Nancy
00:08:24un festival qui réunirait en langue étrangère
00:08:27et sans traduction.
00:08:29Des compagnies venant du monde entier
00:08:31supposaient une part d'inconscience.
00:08:33Et d'ailleurs, tant mieux,
00:08:35il faut toujours être un peu inconscient.
00:08:37Et le festival était plein à craquer.
00:08:40Nancy était devenu le haut lieu
00:08:41du théâtre de découverte et de recherche.
00:08:44La philosophie qui était au fond de nous,
00:08:53c'était détruire quand même
00:08:55la société établie.
00:08:59Et donc c'est pourquoi
00:09:00quand mai 68 a surgi,
00:09:02j'étais immédiatement heureux.
00:09:03Le théâtre que j'ai imaginé
00:09:15pour lequel je me suis bagarré
00:09:16est un théâtre politique, disons-le.
00:09:19La lutte pour la libération sexuelle,
00:09:21la lutte contre les classes sociales.
00:09:22Et les compagnies théâtrales
00:09:23qui venaient à Nancy
00:09:23étaient, la plupart d'entre elles,
00:09:25engagées.
00:09:26Engagées esthétiquement
00:09:28ou engagées politiquement.
00:09:29Le festival révélera ainsi
00:09:33toute une génération de metteurs en scène
00:09:35venus y faire leurs premières armes,
00:09:37parmi lesquelles Patrice Chéreau,
00:09:39Antoine Vitesse,
00:09:40Pina Bausch
00:09:40ou encore Bob Wilson
00:09:42avec son spectacle
00:09:43Le regard du sourd,
00:09:45qui fera dire à Louis Aragon
00:09:46dans une lettre posthume
00:09:47à André Breton
00:09:48« Je n'ai jamais rien vu au monde
00:09:50d'aussi beau
00:09:50depuis que je suis né ».
00:09:52Pour faire du théâtre
00:09:53dans une ville de province,
00:09:55ce n'est pas si facile.
00:09:57J'ai demandé ici à Nancy
00:09:59à avoir un peu d'argent
00:10:00pour pouvoir monter des spectacles,
00:10:02engager des comédiens
00:10:03et je n'ai pas trouvé ici
00:10:04la possibilité de fonder
00:10:05une troupe permanente.
00:10:07Vraiment, j'aurais voulu
00:10:08continuer ma vie ici
00:10:09dans cette ville
00:10:10et je n'ai pas pu.
00:10:12Puis un jour,
00:10:13le ministre de la Culture,
00:10:15il s'appelait Jacques Duhamel,
00:10:17c'est en 1972,
00:10:20m'a demandé si je voulais bien
00:10:21devenir le directeur du TNP,
00:10:24du TN du Ballet de Chaillot
00:10:25et puis après avoir longuement hésité,
00:10:27j'ai accepté,
00:10:28je suis parti à Paris.
00:10:31Jacques Lang s'éloigne
00:10:32du Festival de Nancy
00:10:33mais ne l'abandonne pas pour autant.
00:10:35Il délègue la direction
00:10:36à Lou Bogdan
00:10:37et en conserve la présidence.
00:10:38Le Théâtre National du Ballet de Chaillot
00:10:43confiait à Jacques Lang
00:10:44et s'aura de trouver
00:10:45de nouveaux publics
00:10:46au pluriel
00:10:47et de nouveaux créateurs
00:10:49en essayant d'associer ensemble,
00:10:51d'entremêler ensemble
00:10:52des modes d'expression artistique
00:10:54jusqu'à présent séparés,
00:10:56musique, théâtre, cinéma,
00:10:58pédagogie, danse.
00:11:00Cette image
00:11:01et ces paroles
00:11:02de Jacques-Louis Hamel,
00:11:03ministre de la Culture
00:11:04de Pompidou,
00:11:05me touchent beaucoup.
00:11:07Il a eu ce culot incroyable
00:11:09de faire appel
00:11:09à un mec
00:11:10très jeune,
00:11:11comme moi,
00:11:12de gauche.
00:11:13Je n'appartenais absolument pas
00:11:14à la hiérarchie théâtrale
00:11:17et j'étais un amateur.
00:11:20Il fait confiance
00:11:21à un amateur.
00:11:23Il y a deux manières
00:11:24d'humilier les gens.
00:11:26Il y en a une
00:11:26qui consiste à dire,
00:11:27je m'excuse,
00:11:28je parle de manière
00:11:28très triviale,
00:11:30les gens sont des cons,
00:11:32ils ne connaissent rien,
00:11:33alors,
00:11:34donnez-leur des choses
00:11:35les plus basses possibles,
00:11:37les plus vulgaires possibles.
00:11:38C'est une première manière
00:11:39d'humilier
00:11:39et c'est là,
00:11:40bien sûr,
00:11:40nous la refusons.
00:11:42Les gens sont plus fins
00:11:43et plus intelligents
00:11:45et plus assoiffés
00:11:45de connaissances
00:11:46qu'on ne le pense
00:11:47et nous viserons
00:11:48au plus haut.
00:11:49Il y a une autre manière
00:11:50d'humilier les gens,
00:11:51celle qui consiste à dire,
00:11:53on va leur imposer
00:11:54une culture très élaborée,
00:11:56on va leur imposer
00:11:57des formes d'expressions
00:11:58très savantes,
00:11:59c'est ça la vraie culture.
00:12:01En d'autres termes,
00:12:01nous sommes à la fois
00:12:02contre la vulgarité
00:12:03et contre la petite chapelle
00:12:06qui voudrait imposer
00:12:07sa doctrine esthétique
00:12:08à beaucoup de monde.
00:12:11En deux ans,
00:12:12on a dû créer
00:12:12une dizaine d'œuvres.
00:12:14Une des choses
00:12:15que j'ai faites,
00:12:16dont je suis fier,
00:12:17c'est la création
00:12:18au sein du théâtre de Chaillot
00:12:20d'un théâtre national
00:12:22des enfants
00:12:22que j'ai installé
00:12:23à Vincennes,
00:12:24dans le château de Vincennes.
00:12:25La culture partout
00:12:27et pour tous,
00:12:28déjà,
00:12:29c'est un succès.
00:12:30Vincennes accueille
00:12:31plus de 40 000 enfants.
00:12:33Mais l'aventure
00:12:33Chaillot tourne court.
00:12:35En 1974,
00:12:37Valéry Giscard d'Estaing,
00:12:38fraîchement élu
00:12:38président de la République,
00:12:40nomme secrétaire
00:12:41d'État à la culture
00:12:41l'ennemi notoire
00:12:43de Jack Lang,
00:12:44Michel Guy.
00:12:45Il était directeur
00:12:48du festival d'automne
00:12:49qui avait été créé
00:12:50par lui
00:12:50sous l'air
00:12:51Pompidou.
00:12:52Nous faisions souvent
00:12:53en rivalité
00:12:54le festival de Nancy,
00:12:55le festival d'automne.
00:12:56Et Michel Guy
00:12:57est un rancunier
00:12:58et je crois qu'il a voulu
00:12:59régler ses comptes.
00:13:01Quand il a été nommé
00:13:02secrétaire d'État,
00:13:0315 jours après,
00:13:05il m'a fait savoir
00:13:05qu'il voulait mon départ.
00:13:07Il a obtenu mon départ.
00:13:09Chaillot est une maison
00:13:10très difficile,
00:13:12très lourde
00:13:12et je crois qu'il fallait là
00:13:14un homme ayant
00:13:16un double profil
00:13:17de découvreur de talent
00:13:18et de chef d'entreprise.
00:13:20Je ne suis pas
00:13:20un chef d'entreprise.
00:13:21Pour moi,
00:13:22animer une activité
00:13:23de création,
00:13:24ce n'est pas être
00:13:25chef d'entreprise,
00:13:26c'est une manière de vivre,
00:13:27c'est une manière d'être.
00:13:29Lang est très amère,
00:13:30il avait prévu
00:13:31une importante saison
00:13:32pour Chaillot
00:13:32qu'il quitte,
00:13:33alors que la plupart
00:13:34des contrats sont signés
00:13:35avec entre autres
00:13:36le Piccolo Théâtre de Milan.
00:13:37La presse s'empare
00:13:39de l'affaire,
00:13:39suivie de près
00:13:40par le monde de la culture.
00:13:42Michel Piccoli
00:13:42rédige une pétition
00:13:43signée par 75 personnalités.
00:13:46Une première
00:13:46pour celui qui,
00:13:47par la suite,
00:13:48ne cessera d'affirmer
00:13:49son soutien au créateur
00:13:50et fera de la rue
00:13:51de Valois
00:13:52la maison des artistes.
00:13:55Selon la formule consacrée,
00:13:56c'est en présence
00:13:57d'une brillante assemblée
00:13:58que Jacques Lang
00:13:58a fait hier
00:13:59ses adieux à Chaillot.
00:14:01Le jour de mes adieux,
00:14:03Antoine Vitesse me dit,
00:14:04c'est triste,
00:14:05mais un nouvel avenir
00:14:06s'ouvre à toi.
00:14:08Michel Guy
00:14:09vient de désigner
00:14:10le futur ministre
00:14:12de la culture
00:14:13de la gauche.
00:14:15J'invite François Mitterrand
00:14:16à se joindre à nous.
00:14:17Moi, je l'aimais
00:14:18profondément
00:14:19depuis longtemps.
00:14:20Lui,
00:14:20me connaissait
00:14:21sans me connaître.
00:14:22Il n'a pas dit un mot,
00:14:24mais sa présence
00:14:24à elle seule
00:14:25a une force symbolique
00:14:26très forte.
00:14:28Je ne suis pas né
00:14:29à la politique
00:14:29avec François Mitterrand.
00:14:30lycéen,
00:14:31j'étais un des rares
00:14:32d'ailleurs
00:14:33à me passionner
00:14:34pour la politique nationale
00:14:36et j'étais surtout
00:14:37en révolte
00:14:38contre le colonialisme.
00:14:40J'avais cette attirance
00:14:42vers Pierre Mendes France
00:14:43qui a réussi
00:14:44à faire la paix
00:14:45en Indochine
00:14:46en moins d'un mois.
00:14:47Mon rêve était
00:14:50de le connaître,
00:14:51de le rencontrer.
00:14:52J'étais encore
00:14:53lycéen.
00:14:54Je lui écrivais
00:14:55de temps à autre
00:14:56pour lui dire
00:14:57mon sentiment,
00:14:59le féliciter,
00:15:01le soutenir,
00:15:02l'encourager.
00:15:04Et il me répondait.
00:15:07Le Mendes France
00:15:08est dans mon cœur
00:15:09parce qu'il était
00:15:11la rigueur d'abord,
00:15:13la rigueur intellectuelle,
00:15:14l'intégrité morale.
00:15:17C'est un modèle,
00:15:18un exemple.
00:15:21J'ai assisté
00:15:22à mon premier congrès
00:15:23politique
00:15:24au cours du printemps
00:15:25ou de l'été 1958,
00:15:27au moment
00:15:27où les discussions
00:15:29sur la Constitution
00:15:30battaient leur plein.
00:15:33J'étais contre
00:15:34cette Constitution
00:15:35de 1958,
00:15:37Mendes France aussi.
00:15:39Le oui l'a remporté
00:15:40largement
00:15:40et il était clair
00:15:42qu'une nouvelle page
00:15:43allait s'écrire.
00:15:45Une nouvelle page
00:15:45qui porte un nom.
00:15:47François Mitterrand.
00:15:49Un an après
00:15:49leur première rencontre
00:15:50à Chaillot,
00:15:51Jack Lang
00:15:51l'invitera à deux reprises
00:15:53à se rendre
00:15:53au Festival de Nancy.
00:15:55Chemin faisant,
00:15:56j'ai mieux connu
00:15:56François Mitterrand
00:15:57qui, pour moi,
00:15:59avant d'être
00:16:00un homme politique,
00:16:01est d'abord
00:16:01un homme de culture.
00:16:04Leur lien se resserre.
00:16:06Rapprochement amical,
00:16:07mais aussi stratégique
00:16:08de la part
00:16:09de celui
00:16:09qui ne fait plus mystère
00:16:10de ses ambitions politiques.
00:16:11Il est temps de solder
00:16:13l'expérience malheureuse
00:16:14de Chaillot
00:16:15qui peine
00:16:15à cicatriser.
00:16:17Il est temps
00:16:18pour l'homme de théâtre
00:16:18qu'il est
00:16:19de faire place
00:16:20aux responsables politiques
00:16:21qu'il compte bien devenir.
00:16:24Je suis dans le fond
00:16:25puisque chaque fois
00:16:26je me heurte
00:16:27à un pouvoir,
00:16:28un pouvoir local
00:16:29ou un pouvoir national,
00:16:30alors autant essayer
00:16:31de prendre un peu
00:16:34de pouvoir.
00:16:36Et par un concours
00:16:37de circonstances,
00:16:38par une chance aussi,
00:16:40j'ai réussi
00:16:41à me faire élire
00:16:43conseiller de Paris
00:16:44dans le Marais.
00:16:47Qu'est-ce que je peux dire
00:16:47de plus ?
00:16:50Comment comprendre
00:16:51qu'un universitaire,
00:16:53homme de théâtre
00:16:54ou homme de culture
00:16:55comme on voudra,
00:16:56souhaite entrer
00:16:56en politique ?
00:16:581977,
00:17:00Jacques Lang
00:17:00prend sa carte au PS
00:17:02et est nommé
00:17:02responsable socialiste
00:17:03aux affaires culturelles
00:17:04à la ville de Paris.
00:17:06De même que je m'étais
00:17:06bagarré physiquement
00:17:08contre la destruction
00:17:09des Halles de Baltard
00:17:11quelques temps plus tôt,
00:17:12je me concentre
00:17:13cette année-là
00:17:14sur ma nouvelle fonction.
00:17:16Ce sont de nouvelles bagarres
00:17:17que je mène
00:17:18contre le bétonnage
00:17:20qui se poursuit
00:17:21sous l'air Chirac.
00:17:23Et là,
00:17:24je suis pendant plusieurs mois
00:17:25à l'avant-garde
00:17:26dans l'opposition
00:17:28à Chirac
00:17:29et à ses projets
00:17:31qui sont quand même
00:17:32d'inspiration
00:17:33pompidolienne.
00:17:34Voilà ce qu'est
00:17:34l'urbanisme
00:17:35à la française
00:17:35aujourd'hui
00:17:36en plein cœur
00:17:37de Paris.
00:17:39Début de 2018,
00:17:41les législatives
00:17:42ont marqué
00:17:43une césure.
00:17:44La gauche
00:17:45perd les élections.
00:17:46Ce produit
00:17:47à ce moment-là
00:17:47un événement
00:17:48pour moi
00:17:49assez inacceptable.
00:17:51Michel Rocard
00:17:51se dresse
00:17:52contre François Mitterrand,
00:17:54dénonce
00:17:55l'archaïsme
00:17:56et au sol
00:17:57le champ
00:17:57de la révolte.
00:17:59C'est un nouveau
00:18:00rendez-vous
00:18:01manqué
00:18:01par la gauche
00:18:02avec l'histoire
00:18:03et c'est l'huitième
00:18:04depuis le début
00:18:05de la Ve République.
00:18:06Il y a manqué
00:18:07peut-être
00:18:07un programme
00:18:09plus convaincant.
00:18:13Je ne l'accepte pas.
00:18:13Pour moi,
00:18:14une des vertus cardinales,
00:18:16c'est la fidélité.
00:18:17Mitterrand ne me pardonnera
00:18:18évidemment pas
00:18:19et moi-même,
00:18:21je suis alors
00:18:21plus mitterrandiste
00:18:22que jamais
00:18:23et décidé
00:18:24à me bagarrer
00:18:25pour que François Mitterrand
00:18:27reste à la tête
00:18:28du Parti Socialiste.
00:18:30Face au danger Rocard,
00:18:32François Mitterrand
00:18:33sent bien
00:18:33qu'il doit renouveler
00:18:34ses méthodes.
00:18:35L'homme du passé
00:18:36doit rajeunir son image.
00:18:38Jack Lang,
00:18:39il le sait,
00:18:39sera fédéré
00:18:40autour de lui
00:18:41artiste,
00:18:41intellectuel
00:18:42et une grande partie
00:18:44de cette jeunesse
00:18:44qui lui fait
00:18:45pour l'instant défaut.
00:18:47En nommant Jack Lang
00:18:48comme conseiller culturel
00:18:49et scientifique,
00:18:50Mitterrand opère
00:18:51une mise à jour
00:18:52habile.
00:18:52A l'aune des toutes
00:18:54premières élections
00:18:54européennes,
00:18:56Lang est choisi
00:18:56par Mitterrand
00:18:57pour en diriger
00:18:57la campagne.
00:18:58On peut prévoir
00:18:59toutes les séries
00:19:00de manifestations
00:19:01de type particulier.
00:19:03J'ai le goût
00:19:04de l'action,
00:19:05je multiplie
00:19:06les événements,
00:19:08ça se termine
00:19:08par un énorme
00:19:11rassemblement
00:19:11que j'ai appelé
00:19:12pompeusement
00:19:13le printemps
00:19:14des socialistes
00:19:15européens.
00:19:15Au Trocadéro,
00:19:16on fait venir
00:19:17des jeunes socialistes
00:19:18de toute l'Europe
00:19:19à l'époque
00:19:19qu'il en existait,
00:19:20les stars de la gauche
00:19:21de l'époque,
00:19:26et nous réussissons
00:19:28à faire venir
00:19:29London Symphony Orchestra,
00:19:32les plus grands
00:19:33orchestres symphoniques
00:19:34du monde.
00:19:36Culeaux,
00:19:37audace,
00:19:38démesure,
00:19:39Jack Lang
00:19:39imprime sa marque,
00:19:41impose un style
00:19:41qui bientôt fera
00:19:42son succès.
00:19:43Une victoire
00:19:44teintée d'amertume
00:19:45comme en témoigne
00:19:46un courrier
00:19:47promptement envoyé
00:19:47à François Mitterrand.
00:19:50Cher Président,
00:19:52voici plus d'un an
00:19:52vous m'avez donné
00:19:53la chance
00:19:54de travailler
00:19:54à vos côtés.
00:19:55Comment ne pas
00:19:56vous dire aussitôt
00:19:57ma chaleureuse gratitude ?
00:19:59Comment pourtant
00:19:59vous dissimulez
00:20:00certaines déceptions,
00:20:02ma non-désignation
00:20:02dans les instances
00:20:03du parti
00:20:04ou sur la liste européenne ?
00:20:06A l'issue
00:20:06de cette année de travail,
00:20:08je me trouve un peu
00:20:08à la croisée des chemins
00:20:09ou bien reprendre
00:20:10mes activités personnelles
00:20:11ou bien me consacrer
00:20:13pleinement
00:20:13à l'activité politique.
00:20:16Ultimatum,
00:20:16menace au coup de poker.
00:20:18François Mitterrand,
00:20:19reconnaissant,
00:20:20l'intégrera
00:20:21dans l'équipe de campagne
00:20:22des présidentielles
00:20:22de 81.
00:20:25Je pense que
00:20:26ils sentaient
00:20:27que j'étais prêt
00:20:28à toutes les batailles
00:20:30pour faire avancer
00:20:31nos idées,
00:20:33pour faire bouger
00:20:33profondément les choses.
00:20:35Ils savaient que
00:20:35mon rêve était
00:20:36de rendre
00:20:37l'impossible possible.
00:20:435, 4, 3, 2,
00:20:46à François Mitterrand
00:20:48est élu président
00:20:49de la République.
00:20:59Vous êtes à tes visions ?
00:21:01Oui.
00:21:01Il y a longtemps
00:21:01que je ne vous ai pas vus.
00:21:03C'est l'émotion absolue.
00:21:05Je ne sais pas, au fond,
00:21:06ce que François Mitterrand
00:21:07voudra faire de moi.
00:21:08même si
00:21:10j'ai tout fait
00:21:11consciemment
00:21:12ou inconsciemment
00:21:13pour devenir
00:21:14l'incontournable
00:21:15ministre de la Culture.
00:21:17Avant de connaître
00:21:18le sort que lui réserve
00:21:19le nouveau président,
00:21:20Jack Lang répond
00:21:21à une première sollicitation
00:21:22de François Mitterrand.
00:21:24Mettre en scène
00:21:24sa journée d'investiture.
00:21:26Nous allons revenir maintenant
00:21:37sur cette journée.
00:21:38Nous avons invité
00:21:39sur ce plateau
00:21:40Jack Lang
00:21:40qui a été un peu
00:21:41le maître d'oeuvre.
00:21:42Alors, quelle impression
00:21:43est-ce que vous en tirez ?
00:21:44Est-ce que vous diriez
00:21:44mission accomplie ?
00:21:45Quel est votre sentiment ?
00:21:46Je pense que ce qui,
00:21:47tout au long de la journée,
00:21:48a marqué l'esprit
00:21:50de tous ceux
00:21:51qui participaient,
00:21:52c'était la grande émotion
00:21:54qui les animait.
00:21:56Et cette émotion,
00:21:57on l'a sentie,
00:21:57par exemple,
00:21:58vous l'avez vous-même
00:21:59observé au moment
00:22:00où François Mitterrand
00:22:01a parlé quelques instants
00:22:03à Pierre Madès France.
00:22:04Mais deux héros,
00:22:05si j'ose dire,
00:22:06étaient là,
00:22:07l'un près de l'autre.
00:22:09Je voyais les larmes
00:22:09perler sur le visage
00:22:11de Pierre Madès France.
00:22:13Et c'était pour moi
00:22:14un moment effectivement
00:22:15très émouvant.
00:22:16Pierre Berré-Gauvois,
00:22:22secrétaire général
00:22:23de la présidence de la République,
00:22:25va annoncer la composition
00:22:26du premier gouvernement
00:22:27morrois.
00:22:29J'avais un relais,
00:22:31un agent,
00:22:32si j'ose dire,
00:22:33en la personne
00:22:34de Michel Charaf.
00:22:35Et c'est lui
00:22:36qui tapait à mesure
00:22:37qu'on lui communiquait
00:22:38les noms
00:22:38la liste
00:22:40des membres
00:22:40du gouvernement.
00:22:42Alors ?
00:22:43Et à un moment donné,
00:22:43il m'a dit,
00:22:44écoute Jacques,
00:22:44soit rassuré.
00:22:45ministre de la Culture,
00:22:46monsieur Jacques Langue.
00:22:49Ministre de la Culture...
00:22:49Le sommet du bonheur.
00:22:52Je suis heureux,
00:22:53heureux, heureux.
00:22:54Heureux, pourquoi ?
00:22:55Je vais pouvoir
00:22:56accomplir
00:22:57de nouveaux rêves.
00:22:58Voilà,
00:22:58c'est ça qui m'excitait.
00:23:00C'était un engagement
00:23:01fort en moi.
00:23:05Pendant les premiers mois,
00:23:06ce furent,
00:23:08jour après jour,
00:23:09une avalanche
00:23:10de mesures,
00:23:11mais de mesures
00:23:11qui avaient été préparées.
00:23:13Et dès les premières semaines,
00:23:14nous avons gagné
00:23:15trois batailles
00:23:16face au ministère
00:23:18puissant des finances.
00:23:20Un,
00:23:20la loi sur le premier ministre du livre.
00:23:22Deux,
00:23:23le lancement du Grand Louvre
00:23:24et surtout,
00:23:25le doublement
00:23:26du budget de la culture,
00:23:27ce qui était,
00:23:27pour les responsables
00:23:28du ministère des finances,
00:23:29une monstruosité.
00:23:30Bien, je crois,
00:23:31monsieur le ministre,
00:23:31que puisque vous discutez
00:23:32votre budget ce soir,
00:23:34on pourrait peut-être
00:23:35un peu en parler.
00:23:36Alors,
00:23:36l'année dernière,
00:23:37le budget de la culture
00:23:38était 0,47%
00:23:40du budget national.
00:23:41et vous demandez
00:23:42qu'il soit mené
00:23:43à 0,75%.
00:23:45Il faut expliquer
00:23:46que nous partons
00:23:47de très bas.
00:23:49Le soir même,
00:23:50le texte est adopté.
00:23:52Cette première victoire,
00:23:53Jack Lang sait
00:23:54qu'il la doit
00:23:54à François Mitterrand.
00:23:56Un mois avant
00:23:56la présentation du texte
00:23:58à l'Assemblée,
00:23:59le président lui a donné raison
00:24:00face au ministre délégué
00:24:01du budget,
00:24:02Laurent Fabius,
00:24:04ayant œuvré en coulisses
00:24:05pour réduire le budget
00:24:06initialement prévu.
00:24:07Première marque de soutien
00:24:09et signe d'une vision commune.
00:24:12Non,
00:24:13on ne transige pas
00:24:13avec la culture.
00:24:15Vous êtes atteint
00:24:16d'une curieuse maladie
00:24:17qui serait
00:24:18de la Mitterrandolatrie.
00:24:21C'est-à-dire que pour vous,
00:24:22une journée
00:24:22à l'occasion de laquelle
00:24:23vous n'ayez pas pu
00:24:24célébrer le président
00:24:25serait une journée ratée.
00:24:26Est-ce que c'est vrai ?
00:24:28Je veux dire
00:24:28qu'une journée,
00:24:29en effet,
00:24:30au cours de laquelle
00:24:31François Mitterrand,
00:24:35dont le travail,
00:24:36l'œuvre et la pensée
00:24:38inspire l'ensemble
00:24:39de l'action gouvernementale
00:24:40serait absent,
00:24:42serait une journée
00:24:42à laquelle il manquerait
00:24:44quelque chose.
00:24:45C'est vrai.
00:24:46La proximité
00:24:47avec François Mitterrand,
00:24:48c'était d'abord
00:24:49la même utopie culturelle.
00:24:52Puis il y avait
00:24:53la confiance,
00:24:54l'affection,
00:24:55l'amitié,
00:24:56le respect.
00:24:57Donc parfois,
00:24:58j'apparaissais un peu
00:24:58comme le chouchou.
00:25:00C'est vrai.
00:25:01Une proximité
00:25:02et un savoir-faire
00:25:03très personnel
00:25:04que Jack Lang
00:25:05va mettre en place
00:25:06et qui restera par la suite
00:25:07sa marque de fabrique.
00:25:09Ne jamais renoncer.
00:25:11Son arme ?
00:25:12Des notes et des lettres
00:25:12envoyées chaque jour
00:25:13au président de la République
00:25:14et aux principaux ministres.
00:25:16Jack Lang ne lâche rien.
00:25:17Je n'ai cessé
00:25:19de harceler
00:25:20le président de la République
00:25:21lui-même
00:25:22et tous les membres
00:25:24du gouvernement.
00:25:25Il est arrivé
00:25:25que j'adresse
00:25:26à François Mitterrand
00:25:27trois lettres
00:25:28le même jour.
00:25:30C'est vrai
00:25:30qu'il avait
00:25:31de la patience.
00:25:33Et alors évidemment,
00:25:34je ne m'apaisais
00:25:36que lorsque j'obtenais
00:25:37une cause.
00:25:38Si certains,
00:25:39comme Michel Charas,
00:25:39ministre du budget,
00:25:41semblent s'en amuser...
00:25:42J'ai vu ta joie
00:25:43à la perspective
00:25:43de pouvoir à nouveau
00:25:44dépenser sans compter.
00:25:46Tu es vraiment impayable.
00:25:47D'autres,
00:25:48à l'instar de Rocard,
00:25:49alors premier ministre,
00:25:51lui expriment
00:25:51sans détour
00:25:52leur vif agacement.
00:25:54Cesse de me bassiner
00:25:55avec ton budget
00:25:56et si tu râles,
00:25:57on va finir par te muter
00:25:58à la défense.
00:25:59Je t'aime bien quand même.
00:26:00Je pense qu'il n'avait pas tort.
00:26:05Est-ce la bonne méthode ?
00:26:06Il a peut-être le meilleur.
00:26:08Et puis surtout,
00:26:09le premier ministre
00:26:09et le ministre des Finances
00:26:11se disaient
00:26:12à quoi bon
00:26:13résister à Jacques Lang
00:26:15puisque finalement,
00:26:16François Mitterrand
00:26:17va lui donner raison.
00:26:20Nous étions hantés
00:26:21par l'histoire.
00:26:22La gauche avait gouverné
00:26:24chaque fois peu de temps.
00:26:26Donc, mon tempérament
00:26:27me porte à agir vite et fort.
00:26:32Il faut,
00:26:33dès les premiers mois,
00:26:34marquer la rupture
00:26:36et le changement.
00:26:37Le prix des livres
00:26:38sera à nouveau
00:26:39réglementé en France.
00:26:42Je voulais mettre hors la loi
00:26:43les pratiques
00:26:44des grandes surfaces
00:26:45qui vendaient
00:26:47à bas prix des livres
00:26:48et qui du coup
00:26:49risquaient de ruiner
00:26:50les libraires.
00:26:51Et nous avons établi
00:26:52un système de prix unique
00:26:53sur l'ensemble du territoire.
00:26:55Nous avons énormément
00:26:58de questions
00:26:59sur ce que coûte
00:27:00la culture
00:27:00à chaque Français.
00:27:01Alors, on vous dit
00:27:02M. Lang,
00:27:02M. Lang se plaint
00:27:03de la mévente des livres
00:27:04alors qu'il a interdit
00:27:05les 20% de réduction
00:27:07sur les livres
00:27:07dans les grandes surfaces.
00:27:08Alors, est-ce que ça veut dire
00:27:09que c'est la culture chère
00:27:09avec vous ?
00:27:10Pour le livre,
00:27:12comme pour tout autre
00:27:12secteur culturel,
00:27:14si nous n'avions pas
00:27:15voté cette loi
00:27:16ou fait voter cette loi,
00:27:18petit à petit,
00:27:19les libraires
00:27:20auraient disparu.
00:27:22Les points de vente
00:27:23se seraient concentrés
00:27:24dans quelques centres
00:27:25urbains.
00:27:27Cette loi a été votée
00:27:28à l'unanimité
00:27:30par les deux assemblées.
00:27:32Malgré cette loi,
00:27:33les centres Leclerc
00:27:33ont décidé
00:27:34de continuer
00:27:35à vendre les livres
00:27:36avec un rabais
00:27:37de 20%.
00:27:37La guerre est déclarée.
00:27:41Leclerc en appelle
00:27:41à la Cour européenne
00:27:42de justice.
00:27:43Il faudra quatre ans
00:27:44de batailles acharnées
00:27:45avant que la loi
00:27:46ne s'applique réellement.
00:27:48On a gagné deux justesses.
00:27:50C'était un combat
00:27:50à la vie et à la mort.
00:27:52C'est une de mes
00:27:52plus belles victoires.
00:27:54L'exception culturelle
00:27:56est proclamée.
00:27:57Pour Jack Lang,
00:27:58la culture ne doit plus
00:27:59être considérée
00:28:00comme une marchandise
00:28:01ordinaire soumise
00:28:02aux lois traditionnelles
00:28:03du marché.
00:28:04C'est une question
00:28:04de survie.
00:28:05Je ne voulais pas
00:28:06que le cinéma français
00:28:07subisse le sort
00:28:09du cinéma italien,
00:28:10du cinéma allemand,
00:28:11du cinéma espagnol
00:28:12qui mourait à grand feu.
00:28:14C'est pourquoi
00:28:14nous avons mené
00:28:15une politique
00:28:16archi-volontariste
00:28:18de soutien
00:28:19en faveur du cinéma.
00:28:20C'est le plus important
00:28:21projet de loi
00:28:22sur le cinéma
00:28:22élaboré depuis 36 ans.
00:28:24Projet très riche
00:28:25visant à encourager
00:28:26la création originale.
00:28:27Création d'un institut
00:28:28du cinéma
00:28:29appelé à soutenir
00:28:30par des prêts
00:28:30les entreprises ambitieuses.
00:28:32La réforme vise
00:28:33à assurer
00:28:34à notre cinéma national
00:28:36une présence
00:28:37beaucoup plus conquérante
00:28:38sur les marchés internationaux.
00:28:40Une réforme marquée
00:28:41par l'intervention
00:28:42de Jack Lang
00:28:43lors de la conférence
00:28:44des politiques culturelles
00:28:44à Mexico.
00:28:46À mot couvert,
00:28:47il dénonce
00:28:48l'impérialisme américain,
00:28:49crée la polémique
00:28:50et en appel
00:28:51à une véritable résistance culturelle.
00:28:53Notre destin
00:28:54est-il de devenir
00:28:55les vassaux
00:28:57de l'immense empire
00:28:59du profil ?
00:29:00Je ne retire pas un mot,
00:29:02mais c'est vrai
00:29:02qu'en Amérique,
00:29:03ça a soulevé
00:29:04des contestations.
00:29:06Je ne peux pas être d'accord
00:29:07avec ce qu'a dit Jacques Lang.
00:29:08Je ne peux pas croire d'ailleurs
00:29:10que les artistes français
00:29:11soient de son avis.
00:29:12Où en serait le monde
00:29:14si la France
00:29:15n'avait pas exporté
00:29:16sa culture
00:29:17depuis cinq siècles ?
00:29:19Et le cinéma,
00:29:19comme n'importe quel art,
00:29:20repose sur le libre-échange.
00:29:23Ce débat est absurde,
00:29:24n'est-ce pas ?
00:29:25Ce que j'ai dit à Mexico,
00:29:26ce que n'importe quel
00:29:28gouvernement normal dirait,
00:29:30c'est
00:29:30la France doit avoir
00:29:32une grande politique
00:29:33d'audiovisuel.
00:29:34Est-ce du chauvinisme ?
00:29:36Est-ce du nationalisme ?
00:29:37Est-ce du poujadisme ?
00:29:38Non, c'est simplement
00:29:39défendre, je dirais,
00:29:40les intérêts nationaux normaux.
00:29:42Pourquoi nous n'aurions pas
00:29:43une grande ambition
00:29:43pour notre industrie
00:29:44et pour notre culture ?
00:29:49Parmi les premiers changements
00:29:53qui ont été apportés,
00:29:54il y a eu cette volonté
00:29:55que les portes
00:29:57soient largement ouvertes.
00:29:58Notamment largement ouvertes
00:29:59à tous ceux
00:30:00qui avaient été
00:30:00trop longtemps
00:30:01écartés de ce ministère,
00:30:02je veux dire,
00:30:03des formes d'art
00:30:04qui étaient considérées
00:30:05comme marginales
00:30:07ou accessoires.
00:30:08Je cite en vrac
00:30:09le jazz,
00:30:11la musique populaire,
00:30:12la bande dessinée,
00:30:13la photographie.
00:30:14Pour la première fois,
00:30:15un ministre de la culture
00:30:16a accepté de recevoir
00:30:18le petit monde
00:30:19de la bande dessinée.
00:30:21Monsieur le ministre,
00:30:22est-ce que vous avez un héros,
00:30:24un héros de bande dessinée préféré ?
00:30:26Moi, j'avais une certaine tendresse
00:30:27pour Babar, par exemple.
00:30:29Pour moi,
00:30:29j'étais une évidence absolue
00:30:31que la BD
00:30:32était un des arts
00:30:34qui méritait
00:30:35la reconnaissance
00:30:36de la puissance publique.
00:30:37Et j'ai convaincu
00:30:38François Bitterrand
00:30:39de venir à Angoulême
00:30:41et de venir à Angoulême.
00:30:41Il a été reçu triomphalement.
00:30:43Les pays sans mode
00:30:46et sans créateurs de mode
00:30:48sont plutôt gris.
00:30:49Quand je suis devenu
00:30:51ministre de la culture,
00:30:52j'ai été choqué
00:30:53par la manière
00:30:54dont la mode
00:30:55à ce moment-là
00:30:56était traitée
00:30:56par les pouvoirs publics.
00:30:58Nous devions reconnaître
00:30:59la mode,
00:31:00la vraie mode
00:31:01comme un art
00:31:02à part entière.
00:31:03Et si ça me plaît
00:31:03à moi
00:31:04de mettre une veste
00:31:05Thierry Mugler,
00:31:05je voudrais bien savoir
00:31:06qu'il m'en empêcherait.
00:31:07Mais écoutez,
00:31:07moi, je trouve ça très choquant.
00:31:09Vous trouvez ça choquant ?
00:31:10Oui, je suis comme
00:31:10les députés
00:31:11de l'Assemblée nationale.
00:31:12Je trouve ça inadmissive
00:31:12d'être habillé comme ça.
00:31:15C'est du reste
00:31:15ce qu'a fait
00:31:16M. Jacqueline
00:31:16hier à l'Assemblée nationale.
00:31:18Il n'y avait pas
00:31:18de quoi en faire un plat.
00:31:22Je n'ai pas du tout
00:31:23cherché à susciter
00:31:25le scandale
00:31:26ou la provocation.
00:31:28Ça faisait partie
00:31:29de ma nature,
00:31:30de ma manière
00:31:31de m'habiller.
00:31:33C'est un succès quand même.
00:31:34Ce que j'exprimais,
00:31:36c'était un désir
00:31:37d'affranchissement,
00:31:39de liberté de mœurs,
00:31:40de penser,
00:31:41d'agir.
00:31:43Mais finalement,
00:31:44j'ai peut-être contribué
00:31:46à desserrer les taux.
00:31:48On vous fait le procès
00:31:49d'être le fourrier
00:31:50de la confusion culturelle,
00:31:54le fourrier
00:31:55du nivellement culturel.
00:31:57On vous fait le procès
00:31:58de ne retenir
00:31:59de la culture
00:31:59que l'aspect distractif,
00:32:02l'aspect de plaisir immédiat.
00:32:04Et d'avoir mis
00:32:05sur le même pied
00:32:05la cuisine,
00:32:06la publicité,
00:32:07les beaux-arts.
00:32:08Exactement.
00:32:09Et de le faire
00:32:10sous prétexte
00:32:10que tout est culture.
00:32:12Mais quand je suis devenu
00:32:12ministre de la culture,
00:32:14j'ai pensé que mon devoir
00:32:16était d'ouvrir
00:32:18aussi grand que possible
00:32:19les yeux
00:32:20et les oreilles.
00:32:22Et si j'avais fait
00:32:23l'inverse,
00:32:24Philippe Tesson,
00:32:25si j'avais établi
00:32:26un palmarès en disant
00:32:27ceci est bien,
00:32:28ceci est mal,
00:32:30je sais que vous-même,
00:32:31dans votre journal,
00:32:32vous auriez dit
00:32:33mais ce langue
00:32:33est un jelanoviste,
00:32:35il entend imposer
00:32:36ses conceptions.
00:32:38J'ai adopté
00:32:38un comportement
00:32:39tout autre.
00:32:40Est-ce que vous trouvez
00:32:41franchement
00:32:41qu'il était normal
00:32:43que des millions
00:32:46de jeunes,
00:32:46je dis bien
00:32:46des millions de jeunes
00:32:47ne puissent pas
00:32:48se reconnaître
00:32:48à travers la politique
00:32:50culturelle
00:32:51d'un gouvernement ?
00:32:52Que l'on refuse
00:32:53aux jeunes le droit
00:32:54d'avoir simplement
00:32:55des salles de répétition,
00:32:56la possibilité
00:32:57de pouvoir,
00:32:58comme on a pu le faire
00:32:59grâce aux salles ennemis
00:33:00ou grâce à des salles
00:33:00de spectacle,
00:33:01de pouvoir jouer.
00:33:02Il y a des allumettes
00:33:03au fond de tes yeux,
00:33:04des pianos à queue,
00:33:05dans la boîte aux lettres,
00:33:05des faux du yaourt.
00:33:06J'ai pensé que mon devoir
00:33:07c'était de permettre
00:33:08la reconnaissance
00:33:09des musiques.
00:33:10Nouvelle ou rejetée
00:33:12souvent.
00:33:13Je pense au rock
00:33:14et puis un peu plus tard
00:33:15au rap.
00:33:16Ça prélude les actions
00:33:17que nous allons mener
00:33:18pour la diversité
00:33:20musicale française.
00:33:21Demain 21 juin,
00:33:28ce sera l'été.
00:33:29Pour fêter son arrivée,
00:33:30M. Jacques Lang,
00:33:31le ministre de la Culture,
00:33:32a eu l'idée
00:33:33d'organiser
00:33:33une vaste fête
00:33:34de la musique.
00:33:37La fête de la musique,
00:33:38c'est d'abord ça.
00:33:39Les acteurs,
00:33:40ce n'est plus les artistes,
00:33:41justement,
00:33:41c'est vous.
00:33:42C'est vous,
00:33:43les amateurs,
00:33:44c'est vous,
00:33:44les amoureux de la musique,
00:33:45c'est vous qui allez faire
00:33:46cet événement.
00:33:47Cette fête de la musique
00:33:48doit être la fête
00:33:49de toutes les musiques
00:33:50et elles doivent coexister.
00:33:51C'était donc un programme.
00:33:53On n'en parlerait pas
00:33:54aujourd'hui
00:33:54de cette fête de la musique
00:33:55si ça avait été
00:33:56uniquement une idée
00:33:57comme ça,
00:33:58ministérielle.
00:33:59On en parle parce que
00:34:00ça a été réalisé
00:34:02par les gens
00:34:03dans les villages,
00:34:03dans les quartiers,
00:34:04dans les villes.
00:34:06Cette fête de la musique,
00:34:06elle appartient aux citoyens.
00:34:08Elle est dans le cœur
00:34:09et dans la tête des gens.
00:34:11Je crois que c'est important
00:34:12qu'il y ait des journées
00:34:13comme ça.
00:34:14Il devrait y en avoir plusieurs.
00:34:17Je suis bagarré
00:34:18pour que ça franchisse
00:34:19les frontières.
00:34:20Cette idée
00:34:20que la fête de la musique
00:34:21puisse surgir
00:34:22à Pékin
00:34:23et à New York,
00:34:25à Bison
00:34:25et à Stockholm
00:34:26et partout,
00:34:27à Berlin.
00:34:28Non, ça c'est fabuleux.
00:34:30La fête de la musique
00:34:31restera l'événement
00:34:33le plus emblématique
00:34:34des années-langues.
00:34:35Un événement
00:34:36qui en appellera d'autres.
00:34:37La fête du cinéma.
00:34:37La fête du cinéma.
00:34:39En quelques années,
00:34:40les manifestations culturelles
00:34:41se multiplient.
00:34:42fureur de lire
00:34:43la journée
00:34:43des monuments historiques
00:34:44couverts.
00:34:45Nos adversaires
00:34:46étaient assez nombreux.
00:34:47Certains imaginaient
00:34:48que toutes ces initiatives
00:34:50populaires
00:34:50étaient des masques
00:34:51pour détourner
00:34:52la tension
00:34:53et difficultés politiques.
00:34:55Toutes ces polémiques,
00:34:57je ne m'en plaignais pas.
00:34:59Au contraire,
00:35:00ce sont des stimulants.
00:35:01Je remercie tous ceux
00:35:02qui nous ont parfois attaqués,
00:35:03y compris le plus dur d'entre eux,
00:35:05le patron du Figaro Magazine.
00:35:07Il m'a présenté
00:35:08comme le pape du sida mental
00:35:10en prétendant
00:35:11que j'avais inoculé
00:35:12dans la tête des jeunes
00:35:13le virus du diable
00:35:15par toutes les initiatives
00:35:16que nous avions prises.
00:35:20Jamais je n'aurais
00:35:21engagé aucune
00:35:23de ces initiatives
00:35:24si au préalable
00:35:25il n'y avait pas eu
00:35:27une politique en profondeur.
00:35:33Ils attendaient 100 000 potes
00:35:35et ils furent plus de 300 000
00:35:36hier soir
00:35:37sur la place de la Concorde
00:35:38à Paris
00:35:38pour ce que l'on appelle
00:35:39désormais
00:35:40le Woodstock
00:35:41de l'antiracisme.
00:35:45Ces 700 000 jeunes
00:35:47l'ont constitué
00:35:47à mes yeux en tout cas
00:35:48et je crois aux yeux
00:35:49de beaucoup d'adultes
00:35:51comme une sorte
00:35:51d'humanité idéale.
00:35:54Alors personnellement
00:35:54je vous le dis
00:35:55je suis très heureux
00:35:56et très fier
00:35:57d'avoir contribué
00:35:58à faire exister
00:35:59des événements de ce genre.
00:36:00Est-ce que vous ne pensez pas
00:36:01courir un risque
00:36:02politique personnel
00:36:04en continuant
00:36:06à vous faire
00:36:07cette spécialité
00:36:08de défenseur
00:36:10de la jeunesse
00:36:12branchée
00:36:13d'avocat
00:36:14des minorités
00:36:15est-ce que c'est
00:36:16politiquement payant
00:36:18pour vous ?
00:36:19Je vous lirai très franchement
00:36:20que je n'ai pas
00:36:21l'intention
00:36:21pour obtenir
00:36:23tel ou tel résultat
00:36:24personnel
00:36:24de me transformer
00:36:26ou de me travestir.
00:36:27Je suis comme je suis.
00:36:28Les blasés m'ennuient
00:36:29qu'ils soient jeunes
00:36:30ou vieux
00:36:31vieux ou jeunes
00:36:32et ce qui m'intéresse
00:36:34au fond
00:36:34c'est de soutenir
00:36:35partout
00:36:36la part d'enthousiasme
00:36:37qui existe
00:36:38en chacun d'entre nous.
00:36:39L'enthousiasme
00:36:40une des raisons
00:36:41parmi d'autres
00:36:42qui font du ministre
00:36:42de la culture
00:36:43un personnage familier
00:36:44porté par une cote
00:36:45de popularité inégalée
00:36:47qui même dans les périodes
00:36:48les plus sombres
00:36:49ne descendra jamais
00:36:50en dessous des 40%.
00:36:51Caricatural pour les uns
00:36:53phénomène politique
00:36:54pour les autres
00:36:55difficile de cerner
00:36:56cet électron libre.
00:36:57Favori du président
00:36:59il devient celui
00:37:00des médias
00:37:00presse, radio, télévision
00:37:02il est partout
00:37:03il ose tout.
00:37:05Et c'est la première fois
00:37:05que dans un gouvernement
00:37:07on a pris le rire au sérieux.
00:37:09Mine de rien
00:37:10je suis en train
00:37:10d'emballer moi
00:37:11Jean Val, Jean Valsec
00:37:13allez, Faisy Jaco
00:37:15attaque
00:37:16attaque
00:37:17J'ai beaucoup aimé
00:37:17participer à ce sketch
00:37:19de Bodo
00:37:19qui rompt la séparation
00:37:21entre la politique
00:37:22et la vie
00:37:23qui humanise
00:37:24d'une manière
00:37:24les personnages politiques.
00:37:26C'est une épreuve
00:37:31de soi-même aussi
00:37:31est-ce que je vais
00:37:32avoir le culot
00:37:33est-ce que je vais
00:37:33aller jusqu'au bout
00:37:34Terrible
00:37:35c'est pas mal
00:37:36J'ai toujours pensé
00:37:37que je devais
00:37:38rester moi-même
00:37:39Pas du tout
00:37:39mon genre ce garçon
00:37:40Et puis voilà
00:37:41on est embarqué
00:37:42on redevient un peu
00:37:43l'acteur que j'ai été
00:37:45la guerre quoi
00:37:45Souvent la réflexion
00:37:52m'a été posée
00:37:53quelle est votre priorité
00:37:55la priorité
00:37:56c'est la culture
00:37:58c'est l'éducation
00:37:59c'est la citoyenneté
00:38:00et sur ce plan là
00:38:01il n'y a pas de petites
00:38:02et de grandes choses
00:38:03tout compte
00:38:04il n'y a pas de grands
00:38:05et de petits travaux
00:38:06L'idée du Grand Louvre
00:38:10ne figurait pas
00:38:11dans notre programme
00:38:12mais passant et repassant
00:38:14devant la cour
00:38:15de Napoléon
00:38:16qui s'est transformée
00:38:17en immonde parking
00:38:18occupé par les
00:38:19fonctionnaires
00:38:20des finances
00:38:21je me disais
00:38:22mais on ne doit pas
00:38:22continuer à laisser
00:38:23le Louvre
00:38:24dans cet état
00:38:25d'abandon
00:38:26et j'ai en effet
00:38:28eu l'impulsion
00:38:29d'adresser un mot
00:38:30à François Miserrand
00:38:31pour lui dire
00:38:31Au titre des grands projets
00:38:33que nous devons rêver
00:38:34pour Paris
00:38:35il y aurait une idée
00:38:36forte à mettre en chantier
00:38:37recréer le Grand Louvre
00:38:39en affectant le bâtiment
00:38:40tout entier
00:38:41au musée
00:38:41et il m'a répondu
00:38:45par un mot manuscrit
00:38:47sur ma propre note
00:38:48bellisée
00:38:49mais difficile à réaliser
00:38:51comme toutes les belles idées
00:38:53ça c'est du
00:38:53mitirant pur
00:38:54on va le faire
00:38:55et on va se bagarrer
00:38:57j'ai également
00:38:58pris la décision
00:38:59mesdames et messieurs
00:38:59sans vouloir
00:39:01désoblier personne
00:39:02de rendre le Louvre
00:39:03à sa destination
00:39:04mon coeur bas
00:39:05puisqu'il officialise
00:39:07ses décisions
00:39:07c'est clair
00:39:08c'est net
00:39:09le ministère des finances
00:39:10déménagera
00:39:11le projet
00:39:12promet de nourrir
00:39:13une belle polémique
00:39:14à Paris
00:39:15il s'agit du projet
00:39:16de restructuration
00:39:17générale du Louvre
00:39:18son élément
00:39:19le plus saillant
00:39:20à la forme
00:39:21d'une pyramide
00:39:22de verre
00:39:23pour la pyramide
00:39:24il fallait se bagarrer
00:39:25parce que
00:39:25la presse
00:39:26elle était hostile
00:39:27les partis politiques
00:39:28d'eux-mêmes
00:39:29et nous avons quand même
00:39:31réussi à déjouer
00:39:32toute une série de manœuvres
00:39:33alors que le journal
00:39:35Le Monde
00:39:36titre
00:39:36Louvre
00:39:37la maison des morts
00:39:38Jack Lang
00:39:39constitue un comité
00:39:40de soutien
00:39:41avec le concours
00:39:42de Claude Pompidou
00:39:42Maurice Béjar
00:39:44et Pierre Boulez
00:39:45afin de convaincre
00:39:46Jacques Chirac
00:39:47maire de Paris
00:39:47et hostile aux travaux
00:39:49Chirac accepte
00:39:51le projet
00:39:51à une condition
00:39:52simuler en grandeur réelle
00:39:54l'emprise au sol
00:39:55de la pyramide
00:39:55Chirac a finalement reconnu
00:40:00que c'était un bel exercice
00:40:02architectural
00:40:02et ça a été un triomphe
00:40:06parce que tous les curieux
00:40:07sont venus là
00:40:08de nuit ça va être
00:40:09absolument merveilleux
00:40:11et du coup la fièvre a tombé
00:40:13et là je lui dis
00:40:14merci Chirac
00:40:15c'est la première fois
00:40:16qu'un gouvernement
00:40:18un aménageur
00:40:19réalise une telle simulation
00:40:21à mon avis parfaite
00:40:23ceux-là même
00:40:26qui aujourd'hui
00:40:26protestent
00:40:27contre ce merveilleux objet
00:40:28qui s'appelle la pyramide
00:40:30dans 20 ans
00:40:31ou dans 30 ans
00:40:31feront un comité
00:40:33pour demander
00:40:33l'inscription
00:40:34au monument historique
00:40:35de cette pyramide
00:40:36je suis un politique
00:40:40bassisseur
00:40:41Paris est une ville
00:40:43unique au monde
00:40:44j'ai voulu
00:40:45qu'elle redevienne
00:40:46une capitale
00:40:47culturelle du monde
00:40:48conformément
00:40:49à ce qu'elle avait
00:40:50toujours été
00:40:51la décision a été prise
00:40:53de réaliser en France
00:40:54un certain nombre
00:40:54de grands équipements
00:40:55la Villette
00:40:56le plus grand parc
00:40:58de Paris
00:40:58accueillera à la fois
00:41:00une cité des sciences
00:41:01et une cité de la musique
00:41:02il a été décidé aussi
00:41:04de construire
00:41:05à la Bastille
00:41:05un opéra
00:41:06populaire
00:41:07et moderne
00:41:08l'opéra Bastille
00:41:09si j'avais pas été
00:41:10armé
00:41:11d'une volonté
00:41:13féroce
00:41:13quotidienne
00:41:14ça n'aurait jamais existé
00:41:16mais tout le monde
00:41:17était contre
00:41:17à l'extérieur
00:41:18dans la presse
00:41:19y compris les critiques
00:41:20d'opéra
00:41:21à l'intérieur du gouvernement
00:41:22parce que c'était considéré
00:41:24comme une dépense
00:41:25excessive
00:41:26et puis les urlopes
00:41:27par les partis
00:41:28d'opposition
00:41:29nous ne pensons pas
00:41:30qu'il est
00:41:32utile
00:41:35ou justifié
00:41:36de poursuivre
00:41:37l'implantation
00:41:37d'un opéra
00:41:38moi j'étais content
00:41:39d'être en confrontation
00:41:41avec ces personnes
00:41:42c'était des débats
00:41:43de fond
00:41:44les colonnes de Buren
00:41:47ça a été un déferlement
00:41:49de haine
00:41:50pour moi c'est un tas de boue
00:41:51qu'est-ce que l'on peut pas juger
00:41:53ils avaient qu'à laisser
00:41:54tel que c'était
00:41:54c'est de l'argent foutu en l'air
00:41:56destruction immédiate
00:41:57raser tout ça
00:41:58parce que là
00:42:00il a construit ça
00:42:01c'est devenu un débat
00:42:04idéologique
00:42:05métaphysique
00:42:06philosophique
00:42:07politique
00:42:08dans le pire sens du monde
00:42:10il aurait dû mettre
00:42:11des grandes palestales
00:42:12on n'aurait rien vu
00:42:13il faut dire
00:42:13animé
00:42:14par le figaro magazine
00:42:16et puis
00:42:17les gens de la ville de Paris
00:42:18et les hostilités
00:42:19étaient permanentes
00:42:20l'accusation
00:42:21de parisianisme
00:42:22a été portée
00:42:24contre notre action
00:42:25c'est une accusation
00:42:26que je récuse
00:42:28totalement
00:42:29je crois que si
00:42:31aujourd'hui
00:42:31on se promène
00:42:32à travers le pays
00:42:33de Strasbourg
00:42:34à Grenoble
00:42:35de Lille
00:42:36à Marseille
00:42:38partout
00:42:39un changement important
00:42:40s'est produit
00:42:41songez par exemple
00:42:42que nous avons
00:42:43à l'espace de 4 ans
00:42:44construit
00:42:45plus de
00:42:451000 nouveaux centres
00:42:47de lecture
00:42:47nous avons contribué
00:42:49dans les petites communes
00:42:50de banlieue
00:42:51dans les communes rurales
00:42:52à faire naître
00:42:53des salles de cinéma
00:42:54sans compter alors
00:42:55dans chaque capitale
00:42:57de province
00:42:57de nouveaux centres d'art
00:42:59à Arles
00:43:00c'est là que nous avons
00:43:01installé la première école
00:43:03nationale de la photographie
00:43:05une école nationale
00:43:06pour la danse
00:43:07à Marseille
00:43:08le nouveau conservatoire
00:43:09de Lyon
00:43:10un musée national
00:43:11de la bande dessinée
00:43:11à Angoulême
00:43:12à Strasbourg
00:43:13nous avons créé
00:43:13un festival de musique
00:43:14contemporaine
00:43:15qui est l'un des tout
00:43:16premiers d'Europe
00:43:17à Roubaix
00:43:17nous venons de créer
00:43:19le premier centre
00:43:20d'archives
00:43:21du travail
00:43:22etc
00:43:22certains opposants
00:43:25avaient imaginé
00:43:25que sous prétexte
00:43:27d'engagement
00:43:27en faveur de la création
00:43:29j'aurais simultanément
00:43:30abandonné le patrimoine
00:43:32c'est absurde
00:43:33c'est une bêtise rare
00:43:35je suis un protecteur
00:43:37compulsif
00:43:39du patrimoine
00:43:40c'était une époque
00:43:41d'affrontement idéologique
00:43:43fort
00:43:44parce que
00:43:45la personnalité
00:43:46de François Mitterrand
00:43:47la mienne
00:43:48ce que nous incarnions
00:43:49était rejeté
00:43:52je veux dire
00:43:52même de manière
00:43:53irrationnelle
00:43:54mais la chose merveilleuse
00:43:56avec Mitterrand
00:43:56si vous voulez
00:43:57c'est que
00:43:58nous étions deux entêtés
00:43:59nous étions deux entêtés
00:44:01chacun pouvait
00:44:03compter sur l'autre
00:44:03il y avait en nous
00:44:05une énergie
00:44:06de fer
00:44:06bon
00:44:07alors quoi là
00:44:08l'after chèvre
00:44:09de monsieur Seguin
00:44:10qu'est-ce que c'est
00:44:11que ce foutoir
00:44:12sur antenne 2
00:44:14et Fr3
00:44:15mais
00:44:15c'est pas le foutoir
00:44:17au grand panthéon
00:44:18sans bretelles
00:44:19j'ai pu
00:44:20ministre de la culture
00:44:22m'immiscer
00:44:23dans la politique
00:44:24de la communication
00:44:25sans en avoir
00:44:26la responsabilité
00:44:27je me suis occupé
00:44:28de tout
00:44:29cléonage
00:44:29l'emmerdant
00:44:32c'est la rose
00:44:34l'emmerdant
00:44:36c'est quoi
00:44:36c'est la rose
00:44:38l'emmerdant
00:44:40chante
00:44:4010 novembre 1984
00:44:42ce soir là
00:44:4315 millions
00:44:44de téléspectateurs
00:44:45assistent à un assassinat
00:44:46en règle du gouvernement
00:44:47sous les applaudissements
00:44:48d'une salle
00:44:49apparemment acquise
00:44:50à la cause de l'artiste
00:44:51finit de rire
00:44:56sans plus attendre
00:44:57Jack Lang
00:44:58contre-attaque
00:44:59en défense
00:45:00un fait sans précédent
00:45:01s'est produit
00:45:02à la télévision
00:45:02samedi soir
00:45:03à l'émission
00:45:04de Michel Drucker
00:45:05il serait suicidaire
00:45:07de ne point porter
00:45:08un coup d'arrêt
00:45:09immédiat
00:45:09à cette dégradation
00:45:10ne pourrait-on
00:45:11organiser autour de vous
00:45:13un petit séminaire
00:45:14de réflexion
00:45:15qui mettrait sur pied
00:45:16un programme d'action
00:45:17il n'y a pas de raison
00:45:18de se laisser assassiner
00:45:20unilatéralement
00:45:21il n'y a pas de raison
00:45:22que la gauche
00:45:23ne défende pas
00:45:24ses idées
00:45:24ses valeurs
00:45:25je ne demande pas
00:45:26la peau de le luron
00:45:27je demande simplement
00:45:28un rééquilibrage
00:45:29je demande
00:45:30un pluralisme
00:45:31ainsi que vous l'avez souhaité
00:45:33je multiplie
00:45:35les contacts discrets
00:45:36pour assurer
00:45:36une meilleure présence
00:45:37de nos valeurs
00:45:38et de nos idées
00:45:39à travers les divers médias
00:45:40j'ai obtenu
00:45:42qu'en contrepartie
00:45:43de l'abominable
00:45:43soirée sabbatier
00:45:44sur TF1
00:45:45vendredi soir
00:45:46plusieurs personnalités
00:45:47soient les invités
00:45:48principaux de cette émission
00:45:49Jeux de la vérité
00:45:51ce seront successivement
00:45:52Gérard Depardieu
00:45:53Michel Piccoli
00:45:54Roger Hanin
00:45:55Guy Bedos
00:45:56Hasard ou coïncidence
00:45:59un mois plus tard
00:46:00Guy Bedos
00:46:02sera l'invité
00:46:02de Patrick Sabatier
00:46:03Alors oui
00:46:04on pourrait très bien dire
00:46:06que j'ai orienté
00:46:08la télévision
00:46:09mais je souhaitais
00:46:10qu'il n'y ait pas
00:46:10une rupture totale
00:46:12entre la télévision
00:46:13et la radio
00:46:14d'un côté
00:46:14et la politique
00:46:16que je menais
00:46:17en tant que ministre
00:46:17de la Culture
00:46:18Un événement
00:46:19va alors agiter
00:46:20le paysage télévisuel
00:46:21et ternir
00:46:22l'entente cordiale
00:46:23entre le président
00:46:24et son ministre
00:46:25de la Culture
00:46:25au risque
00:46:26de la remettre
00:46:27en question
00:46:27Cédoux et Berlusconi
00:46:30lèvent le voile
00:46:31sur la cinquième chaîne
00:46:32elle sera européenne
00:46:34inquiétude en France
00:46:35des professionnels
00:46:36du cinéma
00:46:37Je suis un homme
00:46:39du service public
00:46:40je me méfie
00:46:41de l'invasion
00:46:42par les groupes financiers
00:46:44et lorsque j'apprends
00:46:46que le président
00:46:47s'est laissé convaincre
00:46:48de créer
00:46:49la 5
00:46:50bon je m'interroge
00:46:51Les ressources
00:46:52proviendront essentiellement
00:46:53de la publicité
00:46:54qui pourra couper
00:46:55interrompre les programmes
00:46:57c'est une première
00:46:58à la télévision française
00:46:59Quel contenu
00:47:01quel projet
00:47:02pourquoi
00:47:02il me semble
00:47:03que c'est
00:47:04Bettino Craxi
00:47:05le président du conseil
00:47:06italien socialiste
00:47:08ami de Berlusconi
00:47:10qui nous a dit
00:47:11à ce soir-mitterrand
00:47:12vous allez certainement
00:47:13perdre des élections
00:47:14en 86
00:47:14ce serait une bonne chose
00:47:16que vous ayez une télévision
00:47:17qui contrebattrait
00:47:20l'influen de la télévision
00:47:21en public qui sera prise en main
00:47:22par Chirac
00:47:23c'est ce qu'on m'a rapporté
00:47:24j'ai combattu par tous les moyens
00:47:28ce projet
00:47:29c'était le risque
00:47:30que l'exception culturelle
00:47:32du cinéma soit détruite
00:47:34François Mitterrand me demande
00:47:35de rencontrer Berlusconi
00:47:37pour discuter avec lui
00:47:38et je dois dire
00:47:39que le personnage
00:47:40est irrésistible
00:47:41je lui dis
00:47:56que je ne peux pas accepter
00:47:58que le cinéma français
00:48:00connaisse le sort
00:48:01qu'il a infligé
00:48:03lui au cinéma italien
00:48:04car l'homme que j'avais
00:48:05en face de moi
00:48:06était l'assassin
00:48:08du cinéma italien
00:48:09si Jack Lang
00:48:12assure sur les plateaux
00:48:12de télévision
00:48:13le service après-vente
00:48:14il multiplie en coulisses
00:48:16les courriers
00:48:16pour manifester
00:48:17sa désapprobation
00:48:18François Mitterrand
00:48:19viendra fermement
00:48:20y mettre un terme
00:48:21cher ami
00:48:23cessons de vivre
00:48:25sur les nerfs
00:48:25je ne veux la mort
00:48:26de personne
00:48:27et pas du tout
00:48:28celle du cinéma
00:48:28je vois que nous sommes
00:48:30en profond désaccord
00:48:31mais quand un choix
00:48:32est fait
00:48:32mieux vaut avancer
00:48:33sans trop regarder
00:48:34derrière soi
00:48:35ne me croyez pas
00:48:36présomptueux
00:48:36mais je suis sûr
00:48:37qu'on me donnera
00:48:38bientôt raison
00:48:39à vous
00:48:40François Mitterrand
00:48:40au sein de mon cabinet
00:48:44on a évoqué cette idée
00:48:45d'une éventuelle démission
00:48:46mais c'était mettre
00:48:48sur le même plan
00:48:49un incident de parcours
00:48:51et le travail gigantesque
00:48:54que nous avions accompli
00:48:55depuis cinq ans
00:48:56comme nous étions
00:48:56à deux ou trois mois
00:48:58des élections législatives
00:48:59je ne pouvais pas
00:49:00continuer ce combat
00:49:01au risque de mettre
00:49:03gravement en péril
00:49:04l'échéance électorale
00:49:06Mes chers compatriotes
00:49:10vous avez élu
00:49:12dimanche
00:49:13une majorité nouvelle
00:49:15de députés
00:49:16à l'Assemblée nationale
00:49:18La défaite
00:49:19était écrite
00:49:20je savais que
00:49:21nous serions battus
00:49:221986
00:49:24la gauche perd
00:49:26les élections législatives
00:49:27s'ouvre alors
00:49:28la toute première
00:49:29cohabitation
00:49:29de la Vème République
00:49:30Jacques Chirac
00:49:31nouveau Premier ministre
00:49:32nomme à la culture
00:49:33le chef de file
00:49:34de la jeune garde libérale
00:49:35François Léotard
00:49:37d'aimer cette maison
00:49:38avec la même passion
00:49:40et le même enthousiasme
00:49:41j'ai le sentiment
00:49:42d'être arraché
00:49:44à quelque chose
00:49:45auquel j'ai adhéré
00:49:46de toute mon âme
00:49:47et de toutes mes forces
00:49:48je voudrais souligner
00:49:48que la façon
00:49:49dont se passent les choses
00:49:50avec Jacques Lang
00:49:51montre bien
00:49:52que l'alternance
00:49:53n'est pas une blessure
00:49:54il est jeune
00:49:55dynamique
00:49:56cultivé
00:49:57populaire
00:49:57un profil
00:49:59qui en rappelle un autre
00:50:00à une différence près
00:50:01il n'a aucune expérience
00:50:03dans le domaine culturel
00:50:05M. Lang a remis
00:50:05l'autre jour
00:50:06une médaille
00:50:06à un artiste français
00:50:07il s'agit d'Alain Delon
00:50:08devant un parterre
00:50:10de personnalités politiques
00:50:11qui est le ministre
00:50:12de la culture
00:50:13vous ou Jacques Lang
00:50:14je ne suis pas sensible
00:50:16aux manifestations mondaines
00:50:17et je ne vais pas
00:50:19de cocktail en cocktail
00:50:20avec mon verre de champagne
00:50:21à la main
00:50:21pour essayer de savoir
00:50:22si je suis vu
00:50:22repéré
00:50:23reconnu
00:50:24et adulé
00:50:25ce n'est pas mon problème
00:50:26les hostilités sont ouvertes
00:50:28Jacques Lang
00:50:29va devenir un ministre
00:50:30bis de la culture
00:50:31qui jamais
00:50:32ne quittera la scène
00:50:33et lorsque son successeur
00:50:34commet l'erreur
00:50:35de lui refuser l'accès
00:50:36aux victoires de la musique
00:50:37en 1986
00:50:38la gagnante
00:50:39est Catherine Lara
00:50:40les artistes resteront
00:50:42ses plus fidèles soutiens
00:50:44je tiens à remercier
00:50:46également aussi
00:50:47les créateurs
00:50:48et inventeurs
00:50:48de ces victoires
00:50:50de la musique
00:50:51je vais nommer
00:50:51tout de même
00:50:52Jacques Lang
00:50:52c'est important
00:50:53adieu Valois
00:50:57salon
00:50:57gala
00:50:58changement de décor
00:50:59cohabitation oblige
00:51:01Jacques Lang
00:51:02quitte les ors
00:51:03de la république
00:51:03pour les bancs
00:51:04de la fac de Nanterre
00:51:05et redevient prof
00:51:06de droit parlementaire
00:51:07l'enseignement
00:51:09comme un refuge
00:51:10ou un mantract
00:51:11on n'a pas l'homme politique
00:51:13nous on a le professeur
00:51:15engagé de droit public
00:51:16ce furent deux années
00:51:18de bonheur
00:51:19pendant lesquelles
00:51:20j'ai continué
00:51:21à mener
00:51:21une action politique
00:51:23bruyante
00:51:25moi je vais lui poser
00:51:27quelques questions
00:51:28à la fin de son cours
00:51:30en ce qui concerne
00:51:32son mouvement
00:51:33quand il a fait
00:51:34une pub considérable
00:51:35et dont on ne trouve
00:51:37pas la trace
00:51:38l'idée de ce mouvement
00:51:39si vous voulez
00:51:40c'est à partir
00:51:41du mouvement de sympathie
00:51:43qui s'est constitué
00:51:43depuis quelques années
00:51:44autour de notre action
00:51:46de réunir
00:51:47tous ceux
00:51:48et ils sont des millions
00:51:49créateurs
00:51:50chefs d'entreprise
00:51:51industriels
00:51:53qui ont envie
00:51:53que la France
00:51:55continue à bouger
00:51:55nous étions
00:51:56des opposants
00:51:57sans réserve
00:51:58c'était une cohabitation
00:52:00musclée
00:52:01on ne laissait rien passer
00:52:02nous étions présents
00:52:03sur tous les fronts
00:52:05dans la rue
00:52:06à la télévision
00:52:08à la radio
00:52:08et sur les bancs
00:52:09de l'assemblée nationale
00:52:10en 86
00:52:12Jack Lang
00:52:13est devenu
00:52:14député du Loir-et-Cher
00:52:15malgré un parachutage
00:52:16qu'il juge lui-même
00:52:17improbable
00:52:18la stratégie
00:52:20de désignation
00:52:20des candidats
00:52:21du parti socialiste
00:52:22est pour moi
00:52:23une énigme
00:52:24populaire dans les villes
00:52:25je suis délégué
00:52:26dans un département rural
00:52:27aimé des jeunes
00:52:28je suis propulsé
00:52:30dans un département
00:52:30dans la population
00:52:31et relativement âgée
00:52:33loin du pari mondain
00:52:35auquel ses adversaires
00:52:36l'assimilent
00:52:37l'ex-ministre de la culture
00:52:39réussit son implantation locale
00:52:40malgré une invalidation
00:52:42en 93
00:52:43pour dépassement
00:52:44de frais de campagne
00:52:45il sera réélu
00:52:46député du Loir-et-Cher
00:52:47à deux reprises
00:52:48et ravira la mairie
00:52:49de Blois
00:52:50en 1989
00:52:51et de nouveau
00:52:52en 1995
00:52:53le maire de Blois
00:52:55sera
00:52:56la clange
00:52:58le coroner
00:52:59Charles Trénet
00:53:02c'est vrai qu'il m'a donné
00:53:04un coup de main
00:53:05pour des campagnes électorales
00:53:06mais
00:53:07nous ne voulions pas
00:53:08que les artistes
00:53:09soient les réceptacles
00:53:10de nos décisions
00:53:12pour qu'ils soient
00:53:12eux aussi
00:53:13acteurs
00:53:14du changement
00:53:15moi je vais jouer
00:53:16Maria
00:53:17qui est une femme
00:53:17qui veut se faire entendre
00:53:19vous êtes Octave
00:53:19son cousin
00:53:20on y va ?
00:53:21je vais essayer
00:53:22encore ici
00:53:23le seigneur Octave
00:53:24est déjà à table
00:53:25c'est un peu triste
00:53:25s'en livrer tout seul
00:53:26le monde entier
00:53:28m'a abandonné
00:53:29je tâche d'y voir double
00:53:30afin de me servir
00:53:31à moi-même
00:53:32de compagnie
00:53:32non c'est formidable
00:53:33c'est pas ça
00:53:33c'est pas une complicité
00:53:35passive
00:53:36je veux dire par là
00:53:36qu'elle naît
00:53:37d'un travail en commun
00:53:39c'est un homme de culture
00:53:40je les aime
00:53:40il me passionne
00:53:41parfois il m'intimide
00:53:42il y a un rapport
00:53:43de respect
00:53:44oui c'est une bonne idée
00:53:45je crois
00:53:45si vous regardez de près
00:53:47le comité de soutien
00:53:48de François Mitterrand
00:53:49pour sa réélection
00:53:50de 1988
00:53:51c'est impressionnant
00:53:54il s'agissait
00:53:57de se bagarrer
00:53:58pour la reconquête
00:53:59du pouvoir
00:53:59je m'appelle Renaud
00:54:01je suis chanteur énervant
00:54:02je suis venu soutenir
00:54:04la candidature
00:54:04de François Mitterrand
00:54:05ce couplet
00:54:08la nouvelle chanson
00:54:09de Renaud
00:54:10de meeting en meeting
00:54:11François Mitterrand
00:54:12accumule les vedettes
00:54:13autour de lui
00:54:14une manière de rassembler
00:54:15signé Jack Lang
00:54:17on a voulu que Renaud
00:54:18soit le premier
00:54:20et lance la campagne
00:54:21je me suis occupé
00:54:24spécialement
00:54:25des artistes
00:54:26ils étaient désireux
00:54:27comme moi
00:54:28comme nous
00:54:28que Mitterrand
00:54:29soit candidat
00:54:30et réélu
00:54:31François Mitterrand
00:54:36est réélu hier
00:54:37avec 54,05% des voix
00:54:40nous sommes aussitôt pris
00:54:48par l'urgence
00:54:49du bicentenaire
00:54:50de la révolution française
00:54:51la fête
00:54:52l'idée de fête
00:54:53est maintenant liée
00:54:55à cette commémoration
00:54:56je sais que Jack Lang
00:54:57y travaille
00:54:58cela se suit sûr
00:54:59sera un grand divertissement
00:55:01pour les parisiens
00:55:02et les autres
00:55:02un opéra ballet
00:55:04intitulé la marseillaise
00:55:05et qui ne commencerait pas
00:55:06par nos trois couleurs
00:55:07ce serait le monde
00:55:08ou plutôt la France
00:55:09à l'envers
00:55:09Jean-Paul Gouda
00:55:10tout prévu
00:55:11au début
00:55:12on s'est fait taper dessus
00:55:13il y a une pétition
00:55:14qui a été lancée
00:55:15par des amis
00:55:15très proches
00:55:16avec qui je me suis
00:55:17un peu engueulé
00:55:18ce ne sera pas
00:55:19une ode
00:55:20au luxe
00:55:21et au fric
00:55:22je dis
00:55:22assez grincheux
00:55:24maintenant le moment
00:55:26est venu de sourire
00:55:27de respirer un grand coup
00:55:29et de participer
00:55:30à la grande fête populaire
00:55:31que nous avons préparée
00:55:32pour l'ensemble
00:55:33des citoyens
00:55:33qui vivent dans ce pays
00:55:34au pied de l'obélisque
00:55:36surgit Jesse Norman
00:55:37entonnant la marseillaise
00:55:38et se dirigeant
00:55:39vers un mur
00:55:40et alors
00:55:40la polémique
00:55:41c'était comment
00:55:42vous faites appel
00:55:43à une américaine
00:55:43au demeurant
00:55:45une blague
00:55:45vous imaginez
00:55:46les sordides
00:55:48les attaques
00:55:48et la parade
00:55:58de Gaulle
00:55:59au Champs-Elysées
00:55:59a été
00:56:00une apothéose
00:56:02bonsoir
00:56:06petite devinette
00:56:07prenez un ministre
00:56:08au même poste
00:56:09depuis neuf ans
00:56:09très populaire
00:56:11quand gouverner
00:56:11c'est déplaire
00:56:12qui réussit
00:56:13un score électoral
00:56:14parmi les meilleurs
00:56:14de France
00:56:15quand la gauche
00:56:16prend une superbe claque
00:56:17trempez-le
00:56:18dans l'éducation nationale
00:56:19comment va-t-il ressortir
00:56:20Jacques Lang
00:56:21bonsoir
00:56:211992
00:56:23ministre de la culture
00:56:24il devient également
00:56:26ministre de l'éducation nationale
00:56:27Jacques Lang
00:56:29remplace Lionel Jospin
00:56:30pour éteindre le feu
00:56:31et calmer l'inquiétude
00:56:32de milliers d'étudiants
00:56:33opposés violemment
00:56:34au projet de réforme
00:56:35Jospin
00:56:35Autre chanson
00:56:39Jacques t'es foutu
00:56:40les lycéens sont dans la rue
00:56:42Jacques y remplace Jospin
00:56:43le ministre a changé
00:56:44les slogans sont restés
00:56:45Lang suspend la réforme
00:56:48et apaise les protestations
00:56:49soulevées par le texte
00:56:51changement de ton
00:56:51et de style
00:56:52et premier signe
00:56:53avant-coureur
00:56:54d'une relation complexe
00:56:55sinon compliquée
00:56:56entre les deux hommes
00:56:57Culture et éducation
00:56:59même combat
00:57:00et c'était passionnant
00:57:01fabuleux
00:57:02fabuleux parce que
00:57:03ma première mission
00:57:04était d'apporter
00:57:06un peu de paix
00:57:07mais
00:57:08je l'avais dit
00:57:08à François Mitterrand
00:57:09j'accepte d'être
00:57:10un ministre de la paix
00:57:11si je suis en même temps
00:57:12un ministre du changement
00:57:14et nous avons pu réussir
00:57:16à engager
00:57:16la réforme du lycée
00:57:18de l'école primaire
00:57:19c'est la première fois
00:57:20qu'on a fait entrer
00:57:21à ce point
00:57:22l'art et la culture
00:57:24dans l'enseignement scolaire
00:57:26et dans les universités
00:57:28une expérience fabuleuse
00:57:29qui ne durera que 11 mois
00:57:31en 93
00:57:33la gauche perd
00:57:34les élections législatives
00:57:35si cette défaite
00:57:37est l'annonce
00:57:37d'une nouvelle cohabitation
00:57:38elle vient surtout
00:57:39pour Jack Lang
00:57:40mettre un terme
00:57:41à 15 ans de collaboration
00:57:42plus jamais
00:57:44Jack Lang
00:57:45ne siégera
00:57:45sous la présidence
00:57:46de François Mitterrand
00:57:47ce tandem
00:57:48ou ce duo
00:57:49que nous formions
00:57:50avec François Mitterrand
00:57:51n'était pas écrit
00:57:52à l'avance
00:57:53je crois que
00:57:54sans lui
00:57:55je n'aurais pas pu
00:57:56accomplir évidemment
00:57:57ce que j'ai pu
00:57:58réaliser
00:57:59et j'ose dire
00:58:00que
00:58:01sans le tempérament
00:58:02qui était le mien
00:58:02tout est très différent
00:58:04jusqu'au bout
00:58:07je l'ai toujours senti
00:58:09pleinement vivant
00:58:10je ne voulais pas voir
00:58:11la vérité en face
00:58:12bonsoir
00:58:14François Mitterrand
00:58:15est mort
00:58:16l'ancien président
00:58:17de la république
00:58:17s'est éteint ce matin
00:58:18à 8h30
00:58:19et
00:58:20on a le sentiment
00:58:22pendant quelques jours
00:58:23que le sol
00:58:24s'effondre
00:58:25sous vos pieds
00:58:26c'est à dire
00:58:27les sous-bassements
00:58:28de votre existence
00:58:29je suis prêt
00:58:37à me porter
00:58:39candidat
00:58:40à la présidence
00:58:41de la république
00:58:411995
00:58:43un an avant
00:58:44la mort
00:58:44de François Mitterrand
00:58:45Jack Lang
00:58:46sera le deuxième
00:58:47après Lionel Jospin
00:58:48à se déclarer candidat
00:58:50soutenu
00:58:51par le courant
00:58:52fabusien
00:58:52il a pour lui
00:58:53sa popularité
00:58:54et les sondages
00:58:55qui lui sont favorables
00:58:56oui c'est vrai
00:58:57mais les sondages
00:58:58sont le reflet
00:58:59d'autre chose
00:59:00je veux dire
00:59:00c'est le reflet
00:59:01d'un travail accompli
00:59:02pendant des années
00:59:03des années
00:59:04Jack Lang
00:59:05n'est cependant
00:59:06pas prêt
00:59:06à être candidat
00:59:07faisant part
00:59:08de ses doutes
00:59:08à Laurent Fabius
00:59:09il ajoute
00:59:09je ne suis pas sûr
00:59:10d'avoir la gueule
00:59:11de l'emploi
00:59:11réponse de Fabius
00:59:13pas grave
00:59:14tu adapteras
00:59:14l'emploi à ta gueule
00:59:15mais pour les instances
00:59:17du parti
00:59:18qui persistent
00:59:18à ne voir en Jack Lang
00:59:19qu'un excellent
00:59:20ministre de la culture
00:59:21la proposition
00:59:22ne semble pas sérieuse
00:59:23trop identifiée
00:59:25aux années Mitterrand
00:59:25Jack Lang
00:59:26n'est pas l'homme
00:59:27de la situation
00:59:28Fabius Lach Lang
00:59:30pour un troisième homme
00:59:31Henri Emmanuel
00:59:34Jack Lang
00:59:35a annoncé
00:59:36en fin d'après-midi
00:59:37qu'il retirait
00:59:38sa candidature
00:59:39à la candidature
00:59:40un rendez-vous manqué
00:59:42qui en appellera d'autres
00:59:43en 2006
00:59:44il le jure
00:59:45candidat je le suis
00:59:46candidat je le serai
00:59:47cette année-là
00:59:48Jack Lang est prêt
00:59:49il a travaillé
00:59:50a écrit entre temps
00:59:51toute une série de livres
00:59:52l'agrégé de droit
00:59:54a pris le pas
00:59:54sur l'homme de culture
00:59:55un bain de foule
00:59:57au cirque d'hiver
00:59:57ne suffira pas
00:59:58manque de courage
01:00:00ou mépris
01:00:00d'un parti
01:00:01à l'égard de celui
01:00:02qui s'est toujours
01:00:02considéré
01:00:03comme un bon petit soldat
01:00:04face à Fabius
01:00:06Strauss-Kahn
01:00:07n'est royale
01:00:07il sera le seul
01:00:09à jeter l'éponge
01:00:10dans un esprit
01:00:11de discipline collective
01:00:12je consens
01:00:14accomplir
01:00:15ce sacrifice
01:00:16je manquais
01:00:17de détermination
01:00:19de force
01:00:20alors que
01:00:21j'étais engagé
01:00:22très fort politiquement
01:00:23avec des convictions
01:00:24d'acier
01:00:25j'avais parfois
01:00:27un sentiment
01:00:27d'illégitimité
01:00:28au milieu
01:00:29de ces cénacles
01:00:30et sans en tirer
01:00:32aucune gloire
01:00:33je me disais
01:00:34qu'ils ne me reconnaissaient
01:00:35peut-être pas
01:00:35comme l'un des leurs
01:00:36il me semble
01:00:38quitte à le faire bondir
01:00:39qu'il y a quelque chose
01:00:40en lui
01:00:41qui rejette profondément
01:00:43les disciplines
01:00:44et le parti
01:00:45qui est le sien
01:00:46et qu'il y a quelque chose
01:00:48dans le parti
01:00:48qui est le sien
01:00:49qui rejette assez vivement
01:00:51l'homme
01:00:51qu'il est
01:00:52le personnage qu'il est
01:00:53un parti
01:00:54qui ne l'épargnera pas
01:00:55en 1997
01:00:56Lionel Jospin
01:00:58devenu premier ministre
01:00:59après la victoire
01:01:00de la gauche
01:01:00aux législatives
01:01:01prend soin
01:01:02d'écarter Jack Lang
01:01:03de son gouvernement
01:01:04l'éviction
01:01:06est vécu comme une trahison
01:01:07par l'intéressé
01:01:08qui s'en explique
01:01:09à Laurent Fabius
01:01:09ma mise à l'écart
01:01:10du gouvernement
01:01:11n'est pas non plus étrangère
01:01:13aux liens qui nous unissaient
01:01:14rejetée par Jospin
01:01:15écartée par toi
01:01:17j'assumerai donc
01:01:18ma solitude
01:01:18c'est pourtant bel et bien
01:01:25Lionel Jospin
01:01:26qui en 2000
01:01:27demandera à Jack Lang
01:01:28de venir le rejoindre
01:01:29au gouvernement
01:01:29pour calmer de nouveau
01:01:31la tempête déclenchée
01:01:32par Claude Allègre
01:01:33à l'éducation nationale
01:01:34il y a beaucoup de cours
01:01:36d'absentéisme
01:01:37dans l'éducation nationale
01:01:38et il faut mettre
01:01:41pas à ça
01:01:42Jospin a besoin de langue
01:01:44problème
01:01:45cette année là
01:01:46Jack Lang
01:01:47est candidat
01:01:47à la mairie de Paris
01:01:48et donné victorieux
01:01:49face à Bertrand Delanoé
01:01:50à l'applaudimètre
01:01:51Jack Lang
01:01:52a une longueur d'avance
01:01:52mais comment résister
01:01:53à l'appel du pouvoir
01:01:54après 7 ans de privation
01:01:55Jack Lang dit oui
01:01:57à Jospin
01:01:58et renonce
01:01:59à la candidature
01:02:00à la mairie de Paris
01:02:00saturé de coup de fil
01:02:02Jack Lang
01:02:02coup de fil de félicitations
01:02:04bien sûr
01:02:05mais aussi
01:02:07coup de fil stratégique
01:02:08pour composer
01:02:09sa nouvelle équipe
01:02:10à ce moment là
01:02:11j'ai commis
01:02:11une double erreur
01:02:12au fond
01:02:13j'avais mal digéré
01:02:14alors que j'avais été
01:02:16l'un des leaders
01:02:16de la campagne
01:02:17précédente
01:02:18le fait que
01:02:19le Jospin
01:02:20ne m'ait pas
01:02:21accepté au gouvernement
01:02:22pour la raison
01:02:23que j'étais
01:02:23trop lié
01:02:24à França-Mitterrand
01:02:25et à cette autre période
01:02:27entre un rejet
01:02:30par des militants locaux
01:02:32contre ma candidature
01:02:34à la mairie de Paris
01:02:35et une acceptation
01:02:36de devenir
01:02:37le nouveau
01:02:37ministre de l'éducation nationale
01:02:38j'ai peut-être
01:02:39eu tort
01:02:40de céder
01:02:42à la séduction
01:02:43de l'instant
01:02:44j'ai eu tort
01:02:45j'aurais dû
01:02:46persister
01:02:47à être candidat
01:02:47à la mairie de Paris
01:02:48je n'ai pas osé
01:02:50d'aller jusqu'au bout
01:02:51de ce que l'on appelle
01:02:52l'impossible
01:02:52les années qui précèdent
01:02:58le retour de Jack Lang
01:02:59au gouvernement
01:02:59vont être placées
01:03:01sous le signe de l'action
01:03:02et de la liberté d'expression
01:03:03député européen
01:03:05depuis 1994
01:03:06il est nommé
01:03:07trois ans plus tard
01:03:08président de la commission
01:03:09des affaires étrangères
01:03:10à l'Assemblée nationale
01:03:11où il poursuit son travail
01:03:13accompli auprès de
01:03:13François Mitterrand
01:03:14pour la défense
01:03:15des droits de l'homme
01:03:16mon engagement
01:03:18dans la vie civique
01:03:20c'est mon engagement
01:03:22d'abord
01:03:22pour les droits individuels
01:03:23pour défendre
01:03:24préserver la dignité
01:03:26de chacun
01:03:26dans son identité
01:03:28pour moi
01:03:29c'est une normalité
01:03:30là où il y a amour
01:03:35désir d'amour
01:03:36désir de tendresse
01:03:38il n'y a pas de raison
01:03:39de fermer la porte
01:03:40fervent défenseur du Pax
01:03:42et alors qu'il ne fait pas
01:03:43partie du gouvernement
01:03:44Jack Lang
01:03:45attire l'attention
01:03:46de Jean-Pierre Chevènement
01:03:47ministre de l'Intérieur
01:03:48sur la difficulté
01:03:49pour des homosexuels étrangers
01:03:51à être régularisé en France
01:03:53en soulignant
01:03:54j'éprouve une certaine tristesse
01:03:57en pensant que c'est
01:03:58un gouvernement de gauche
01:03:59qui fait preuve
01:04:00de si peu d'humanité
01:04:01liberté d'être
01:04:03liberté d'agir
01:04:04et lorsqu'il s'agit
01:04:06de donner droit
01:04:06de cité à une musique
01:04:07jusqu'alors méprisée
01:04:08il crée de nouveau
01:04:10l'événement
01:04:10la techno parade
01:04:12c'est de le danser
01:04:13danser
01:04:14et encore danser
01:04:16sur le rythme binaire
01:04:17des musiques électroniques
01:04:18je voudrais
01:04:18très protocolairement
01:04:20remercier Jack Lang
01:04:21qui va permettre
01:04:23à tous les jeunes
01:04:23peut-être dramatiser
01:04:25un peu
01:04:25ce mouvement techno
01:04:26j'avais été très impressionné
01:04:28par l'organisation
01:04:29la qualité
01:04:30la splendeur
01:04:31de la techno parade
01:04:32de Berlin
01:04:32et je me suis dit
01:04:35que nous pourrions créer
01:04:37à Paris
01:04:38un événement semblable
01:04:39qui au fond
01:04:41permettrait à la musique techno
01:04:42de gagner droit de cité
01:04:44et avec 3 francs 6 sous
01:04:46et 3-4 copains
01:04:47on a créé
01:04:48cette parade techno
01:04:49à laquelle
01:04:50beaucoup ne croyaient pas
01:04:51puis ça a été un moment
01:04:53évidemment
01:04:53très neuf
01:04:54et assez étonnant
01:04:55ce soir
01:04:57c'est un petit peu
01:04:58l'acte de fondation
01:04:59de la culture techno
01:05:00et j'ajouterai enfin
01:05:02si vous le voulez bien
01:05:03que
01:05:03le hasard du calendrier
01:05:04fait que le même jour
01:05:06il y a
01:05:07la fête des monuments historiques
01:05:08et
01:05:09cette célébration
01:05:11de la techno
01:05:11ce qui veut dire que
01:05:12la culture d'un pays
01:05:13forme un tout
01:05:14c'est à la fois
01:05:15l'histoire
01:05:16le passé
01:05:17la mémoire
01:05:17mais c'est aussi
01:05:18le présent
01:05:18et le futur
01:05:19j'ai eu le privilège
01:05:27et la chance
01:05:28de traverser
01:05:29des périodes passionnantes
01:05:31de rencontrer
01:05:32des personnages
01:05:33d'exception
01:05:34de vivre
01:05:35des moments
01:05:36exaltants
01:05:37d'autres plus douloureux
01:05:39mais
01:05:39la chance que j'ai eue
01:05:41c'est de pouvoir
01:05:41toujours
01:05:42être entouré
01:05:43de gens
01:05:44fabuleux
01:05:45au coeur de ce compagnonnage
01:05:47sa plus fidèle alliée
01:05:49Monique Lang
01:05:50quelles que soient
01:05:51les périodes
01:05:51ou les fonctions
01:05:52Monique est là
01:05:53veille à l'agenda
01:05:54et à l'image
01:05:55de Jack Lang
01:05:55omniprésente
01:05:57et incontournable
01:05:58Monique était avec moi
01:05:59à Nancy
01:06:00elle était avec moi
01:06:01à Chaillot
01:06:02et sera avec moi
01:06:03fruit de valoir
01:06:04elle apporte
01:06:05son imagination
01:06:06sa débrouillardise
01:06:08notre complémentarité
01:06:11fait notre force
01:06:12sans elle
01:06:13je ne sais pas trop
01:06:15ce que je serais devenu
01:06:16mais plus qu'un duo
01:06:17les langues forment
01:06:18un clan
01:06:19Jack
01:06:20Monique
01:06:20et leurs deux filles
01:06:21Caroline et Valérie
01:06:23tiens regarde
01:06:25maman et papa
01:06:27en train de jouer
01:06:28au théâtre
01:06:28je ne sais pas
01:06:28c'est quelle pièce
01:06:29la famille
01:06:31ta mère est supposée
01:06:34faire une vieille bourgeoise
01:06:35et comment ça marchait ?
01:06:39Docteur en droit international
01:06:40Caroline
01:06:41l'aîné
01:06:41commence sa carrière
01:06:42comme comédienne
01:06:43elle tourne sous la direction
01:06:45de Scola
01:06:45Comencini
01:06:46ou Bresson
01:06:47dans le film
01:06:47L'argent
01:06:48ce qui lui vaut
01:06:49une sélection
01:06:49au festival de Cannes
01:06:50en 1982
01:06:52dès l'enfance
01:06:56Valérie
01:06:56quant à elle
01:06:57hérite de la passion
01:06:58de ses parents
01:06:59pour le théâtre
01:06:59petite
01:07:00elle a vécu avec nous
01:07:02ce qu'était
01:07:03l'atmosphère
01:07:04du festival de Nancy
01:07:06tu as vu combien
01:07:06de spectacles
01:07:07alors à Nancy ?
01:07:0813
01:07:0813 ?
01:07:09tu es allée presque
01:07:10tous les jours
01:07:10alors ?
01:07:11non
01:07:12j'ai allé le mardi soir
01:07:13parfois le mercredi
01:07:15à 5h
01:07:16et puis le samedi
01:07:17deux spectacles
01:07:18de 8h et demi
01:07:19à midi
01:07:20et puis de minuit
01:07:20jusqu'à 2h du matin
01:07:22tu es allé au spectacle ?
01:07:24en elle sans doute
01:07:25est né ce désir de théâtre
01:07:27et plus tard
01:07:28elle s'est battue
01:07:28comme une lionne
01:07:29pour exercer ce métier
01:07:30elle avait en elle
01:07:32une vitalité
01:07:33une énergie
01:07:34un désir de vie
01:07:35comédienne
01:07:37Valérie Lang
01:07:39co-dirige avec Stanislas Nordé
01:07:40le théâtre Gérard Philippe
01:07:41de Saint-Denis
01:07:42Joufédo
01:07:43Marie Vaud
01:07:44Duras
01:07:44entre autres
01:07:45citoyenne engagée
01:07:49elle soutient
01:07:50auprès de Josiane Balasco
01:07:51les sans-papiers
01:07:52de Cachan
01:07:52et est aux côtés
01:07:54d'Emmanuel Béard
01:07:55pour la défense
01:07:56des étrangers
01:07:56en situation irrégulière
01:07:57de l'église Saint-Bernard
01:07:58Valérie Lang
01:08:00s'éteint brutalement
01:08:01à 47 ans
01:08:02d'une tumeur au cerveau
01:08:04j'ai admiré
01:08:07son incroyable courage
01:08:09face à la mort
01:08:10Monique et moi-même
01:08:12étions près d'elle
01:08:13et elle a dit
01:08:15cette chose
01:08:15qui m'a beaucoup bouleversé
01:08:18je ne veux pas vous quitter
01:08:19je ne veux pas vous quitter
01:08:22au fond
01:08:24je ne suis pas sûr
01:08:25d'avoir été toujours
01:08:26à la hauteur de l'amour
01:08:27qu'elle nous portait
01:08:29parce qu'elle avait en elle
01:08:30une force d'amour
01:08:32incroyable
01:08:33tous les départs
01:08:36sont inacceptables
01:08:38ou inacceptés
01:08:39dans le cas de Valérie
01:08:41c'est proprement
01:08:42insupportable
01:08:44comment survivre au deuil
01:08:49de son enfant
01:08:50si ce n'est en restant animé
01:08:51par le désir d'action
01:08:52quelques mois avant
01:08:54la mort de Valérie
01:08:55François Hollande
01:08:56nomme Jack Lang
01:08:57à la tête de l'Institut
01:08:58du monde arabe
01:08:59c'est une chance pour moi
01:09:01de pouvoir être encore
01:09:03habité
01:09:04animé
01:09:05par l'envie
01:09:06d'action
01:09:07par le désir
01:09:08de tout
01:09:09ironie de l'histoire
01:09:11si la construction
01:09:12d'un nouvel institut
01:09:13du monde arabe
01:09:13est décidée sous la présidence
01:09:14de Valérie Giscard d'Estaing
01:09:16ce fut le premier
01:09:17des grands travaux
01:09:17présidentiels
01:09:18de François Mitterrand
01:09:19en 81
01:09:20peu convaincu
01:09:22par le projet architectural
01:09:23du gouvernement précédent
01:09:24Jack Lang
01:09:25propose un nouveau lieu
01:09:26d'implantation
01:09:27un concours
01:09:28de jeunes architectes
01:09:29est organisé
01:09:30le choix
01:09:31se portera
01:09:32sur Jean Nouvel
01:09:33en 2023
01:09:34à 84 ans
01:09:36Jack Lang
01:09:37est réélu
01:09:38pour un quatrième mandat
01:09:39à la présidence
01:09:39de l'Institut du monde arabe
01:09:40la boucle est bouclée
01:09:42je n'ai pas été nommé
01:09:44à la tête
01:09:45de l'Institut du monde arabe
01:09:46parce que
01:09:47j'étais un copain
01:09:48de Hollande
01:09:48simplement
01:09:49il se fait que
01:09:50mes liens
01:09:51avec le monde arabe
01:09:52c'est à dire
01:09:53avec les artistes
01:09:54les créateurs
01:09:54les étudiants
01:09:55les intellectuels
01:09:56sont très anciens
01:09:57et très profonds
01:09:58sa vocation
01:09:59que je souhaite d'ailleurs
01:10:01élargir
01:10:01est à la fois
01:10:02culturelle
01:10:03scientifique
01:10:04diplomatique
01:10:06économique
01:10:07c'est un pont
01:10:08entre le monde arabe
01:10:10et l'Europe
01:10:10et la France du coup
01:10:12est la capitale
01:10:13d'une certaine manière
01:10:14du monde arabe
01:10:15d'emblée
01:10:16son ambition affichée
01:10:18est de concevoir
01:10:19de grands événements
01:10:19le premier sera dédié
01:10:21à l'Orient Express
01:10:22un démarrage en force
01:10:24plus de 200 000 visiteurs
01:10:26Jack Lang relève
01:10:27une institution
01:10:28au bord du gouffre
01:10:29et lui redonne
01:10:30une santé financière
01:10:31on est mis à un aspect
01:10:34de la culture arabe
01:10:35d'hier et d'aujourd'hui
01:10:36que je m'efforce
01:10:37avec cette équipe
01:10:38de mettre en valeur
01:10:39je ne voulais pas
01:10:41être soumis
01:10:42à des censures
01:10:43ou à des pressions
01:10:45ou à des interdits
01:10:47à la tête
01:10:48de l'institution
01:10:49du monde arabe
01:10:49je souhaitais
01:10:51que
01:10:51les trois religions
01:10:53monothéistes
01:10:55la religion musulmane
01:10:56la religion juive
01:10:58la religion chrétienne
01:10:59bénéficient
01:11:00chacune
01:11:01d'une grande exposition
01:11:03ce n'était pas évident
01:11:04était-il normal
01:11:06que
01:11:06les sensibilités multiples
01:11:08qui agitent
01:11:08la société arabe
01:11:10ne soient pas
01:11:11incarnées
01:11:12par exemple
01:11:13la culture cuir
01:11:14je n'ai pas cherché
01:11:16à provoquer
01:11:17mais
01:11:18souvent
01:11:18j'ai choisi
01:11:19des sujets
01:11:20qui étaient
01:11:21sinon marginaux
01:11:23en tout cas
01:11:23à la frontière
01:11:25de ce que
01:11:26parfois
01:11:27les officiels
01:11:28de tel ou tel pays
01:11:30peuvent tolérer
01:11:30c'est difficile pour moi
01:11:45de me reposer
01:11:46on n'est pas là pour se croiser les bras
01:11:48l'avenir c'est de vivre
01:11:50de s'émerveiller encore
01:11:52et toujours
01:11:53de se révolter aussi
01:11:54de n'accepter aucune concession
01:11:57qui serait une trahison
01:11:59de votre propre philosophie
01:12:01on est là au contraire
01:12:02pour bousculer
01:12:03innover
01:12:04inventer
01:12:05changer
01:12:05donc ça paraît souvent
01:12:07impossible
01:12:08c'est pourquoi
01:12:08il faut y aller
01:12:09y'all à
01:12:10y'all là
01:12:40...
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