Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 10 mois
Améliorer la relation entre start-up et fonds, mettre en lumière l’excellence française, capitaliser sur l’investissement… À la suite du départ de Clara Chappaz, Julie Huguet a récemment pris les rênes de la mission French Tech. L’occasion de revenir sur son parcours et de détailler sa feuille de route.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Ma grande invitée aujourd'hui a pris les rênes de la mission French Tech, c'était en octobre
00:10dernier au moment où Clara Chappaz a été appelée à de nouvelles responsabilités au sein du
00:14gouvernement à l'époque Barnier, secrétariat d'état chargé de l'intelligence artificielle et
00:20du numérique. Aujourd'hui rattachée d'ailleurs à nouveau à Bercy comme la mission French Tech.
00:25Bonjour Julie Guay. Bonjour. Directrice générale de la mission French Tech, racontez-nous comment
00:30s'est passée cette passation de pouvoir, comment on vous a mis au courant de cette mission qu'on
00:35vous confiait. Oui et bien ça a été un process de recrutement assez traditionnel en fait. Donc ce
00:43qui s'est passé c'est qu'à l'origine, moi je suis entrepreneur, j'ai fondé ma start-up dans
00:47les territoires depuis Annecy, donc je connais bien l'écosystème et j'ai tout au long de mon
00:51expérience entrepreneuriale été investie aussi au sein de la capitale French Tech dans les Alpes,
00:57qui est une association qui gère l'innovation depuis Valence jusqu'aux Jeunes Voies français
01:03en passant par Grenoble, Annecy, Chambéry, donc je connaissais bien l'écosystème French Tech et
01:08donc j'ai eu l'occasion de travailler avec Clara Chappaz et lorsque j'ai vu qu'elle quittait son
01:13son poste et qu'elle avait lancé finalement un processus de recrutement et bien je me suis dit
01:18que j'avais envie de continuer mon engagement au niveau national et tout simplement j'ai postulé
01:23combien de temps ça a pris ? A peu près, alors on avait une période de deux mois, l'appel à
01:30candidature était ouvert tout au long de l'été en fait, du début de l'été jusqu'à début septembre
01:34donc il fallait quand même faire tout un dossier, réfléchir à une stratégie en amont des entretiens
01:38qui permettait une première sélection et donc à partir de septembre j'étais retenue dans les
01:44premiers candidats, la première sélection ce qui m'a permis de passer une série d'entretiens tout
01:50au long du mois de septembre jusqu'à fin septembre on m'a annoncé que j'étais retenue. Qu'est-ce qui
01:54fait que dans votre dossier, quelle est peut-être l'idée qui a fait la différence selon vous ?
01:59Alors les retours que j'ai eus, je pense qu'il y a plusieurs choses, d'abord il y a ma connaissance
02:05de l'écosystème, je suis une femme, je suis entrepreneur, je viens des régions, j'étais
02:08impliquée aussi dans l'écosystème French Tech donc je connais bien l'écosystème et la mission
02:12French Tech, il faut le rappeler, c'est l'alliance réussie de l'état et des entrepreneurs qui
02:18travaillent main dans la main pour développer cet écosystème tech. Donc j'avais quand même déjà un
02:22pied dans l'écosystème et je pense que ça a fait la différence et c'était un vrai signal qui a été
02:28aussi donné de la part de la direction générale des entreprises de dire ben voilà on veut que la
02:32personne qui dirige la mission French Tech ait cette connaissance et soit proche des entrepreneurs.
02:36Parce que la mission French Tech, oui je disais rattachée à Bercy, à la direction générale des
02:40entreprises mais elle se développe au sein des territoires, donc vous avez évoqué vous, votre
02:45présidence à la French Tech Alpes aujourd'hui, il y a combien de territoires labellisés French Tech ?
02:50En fait c'est vrai que la French Tech c'est quelque chose de très particulier qu'on nous en vit
02:55beaucoup à l'étranger puisque c'est d'abord une marque, une marque qui rayonne en France à
03:00l'international dans laquelle on retrouve l'ensemble de l'écosystème, les entrepreneurs, les investisseurs
03:05qui se reconnaissent sous cette marque French Tech et qui portent fièrement le coq, c'est un label
03:10qui ouvre des portes et puis c'est donc l'alliance de la mission French Tech qui appartient à la
03:15direction générale des entreprises où là on va donner une impulsion, on va déployer des politiques
03:19publiques en faveur de l'innovation et on s'appuie pour le faire sur un réseau d'entrepreneurs donc
03:27des associations de droits privés en France et à l'international donc à 17 capitales ce que
03:33l'on appelle les capitales labellisées qui sont les villes qui portent un peu plus les dispositifs
03:38nationaux et ensuite on a 31 communautés en France donc qui continuent aussi à déployer, à animer cet
03:44écosystème pour faire émerger les startups et les accompagner et on a également 66 communautés à
03:50l'international dans 52 pays. Et je vous posais la question ce qui avait fait la différence dans
03:55votre candidature mais en fait ma question en dessous c'est votre feuille de route, qu'est-ce
04:00où vous êtes fixé pour l'année 2025 ? Eh bien ma feuille de route c'est celle des entrepreneurs
04:05c'est à dire que les entrepreneurs ils ont trois objectifs, ils ont un objectif principal qui est
04:11de réussir avec leur entreprise, de se déployer, d'aller à l'international, de devenir des géants
04:15de la tech et pour les accompagner nous on a une seule boussole c'est d'abord le business, une
04:22entreprise elle doit faire du business, elle doit aller vite donc on est là aussi pour les accompagner
04:26et leur ouvrir des marchés. Donc ça c'est notamment l'objectif du programme Je Choisis la
04:32French Tech. On a un deuxième objectif qui est de les accompagner dans l'accès au financement, c'est
04:36très important. Alors dans Je Choisis la French Tech, il faut préciser un petit peu, il n'y a pas de, on n'oblige
04:41pas les entreprises à choisir la French Tech, il n'y a pas de quota imposé, pour l'instant c'est du
04:45volontariat, c'est une incitation. Alors oui je peux vous détailler un petit peu ce programme, il est
04:49très intéressant parce que à l'origine en 2023 il a été lancé par Jean-Noël Barraud qui était
04:54à l'époque ministre du numérique avec un objectif qui était très clair et aussi très fort de doubler
05:01la commande publique et privée d'ici 2027. Et pour ça au démarrage la mission French Tech a lancé le
05:06programme Je Choisis la French Tech. Et aujourd'hui c'est bien plus qu'un programme, en fait le Je
05:11Choisis la French Tech c'est devenu un mouvement dont s'est emparé l'ensemble des personnes qui
05:16ont rejoint le programme. Alors le programme en fait il a trois piliers. Le premier pilier c'était
05:21donc de fédérer cet écosystème qui s'est emparé de ce mouvement. Et dans cet écosystème on a des
05:27grands comptes publics privés, des ETI, des PME, des startups qui s'engagent à utiliser, à adopter
05:35les solutions tech françaises. On a aussi des acteurs dont 80 partenaires institutionnels, des
05:41acteurs du public, des administrations, des ministères qui se sont engagés. On a des fédérations, on a
05:46des associations, je pense au MEDEF, à France Digitale, à Numéum qui sont très engagés dans
05:50le programme. Et tous ensemble on déploie des actions, ce n'est plus uniquement la mission French
05:55Tech. Donc il y a des mises en relation qui sont faites, notamment aussi beaucoup au travers de nos
05:59fameuses capitales et communautés. Donc pour vous donner un chiffre l'année dernière c'est 9000
06:03rendez-vous entre grands comptes et startups qui ont eu lieu en France en 2024, dont 50% sur
06:08l'ensemble du territoire. Donc ça c'est le premier, enfin le deuxième pilier, les mises en relation. Et
06:14le troisième c'est la formation. Et donc la formation des startups ? Eh bien la formation de
06:21tous. De tous ? De tous, puisqu'en fait les grands comptes et les startups sont deux mondes qui font
06:27du business de manière très différente. Donc on a identifié des freins structurels mais aussi
06:33des freins culturels. Et donc l'idée c'était de former tous les acteurs à mieux se comprendre
06:40pour avoir une meilleure connaissance et pouvoir être en capacité de plus facilement aller faire un
06:45pas vers l'autre et travailler ensemble pour trouver des solutions. Donc pour former les
06:49grands comptes par exemple il y a la BPI France qui a lancé la formation d'API qui s'adresse
06:54aux responsables d'innovation et aux responsables d'achat des grands comptes pour les aider à
06:57trouver aussi des solutions concrètes, actionnables rapidement pour travailler avec des startups. On a
07:02les ministères aussi qui forment directement les acheteurs à la commande innovante aux startups. Et
07:07on a lancé il y a quelques jours notre première formation qui est créée par la mission French
07:15Tech dans le but d'ouvrir les portes de la commande publique aux startups. Oui, alors j'ai vu ça,
07:20ça c'est l'annonce la plus récente, c'est comment aider les startups finalement à accéder
07:25aux marchés publics. Donc ça veut dire que c'est très compliqué, ça reste compliqué. J'avais même
07:29reçu d'ailleurs ici une entreprise qui est spécialisée dans l'aide aux startups à accéder
07:35à ces marchés publics. Pourquoi on ne simplifie pas simplement la commande publique plutôt que de
07:38faire des formations ? Alors les commandes, qu'elles soient publiques ou privées de grands
07:44comptes, c'est quand même très réglementé. Il y a des process à suivre qui s'assurent aussi
07:48et bien d'une égalité de traitement de toutes les entreprises. Donc la première étape avant
07:53d'essayer de simplifier, c'est surtout d'essayer de s'acclimater, donc de bien comprendre les
07:59enjeux. Dans cette formation, ce qui est très intéressant c'est qu'on a travaillé avec 40
08:04partenaires, donc 10 structures différentes comme la direction des achats de l'état,
08:10comme différents ministères, le ministère des armées, la gendarmerie, etc. pour pouvoir
08:14vulgariser ce qu'est la commande publique et donner tous les tips aux entrepreneurs de manière
08:21facile et simple d'une grille de lecture en quelque sorte de ce que va regarder un acheteur côté
08:27commande publique pour pouvoir tout simplement faire des réponses aux appels d'offres qui soient
08:33claires, qui correspondent et qui leur donnent toutes les chances de succès d'être retenus.
08:37Je choisis la French Tech Academy, c'est ça le nom du programme.
08:41Exactement.
08:42Parce qu'en fait, alors moi j'ai découvert ça, 52% des grands comptes publics nous disent que
08:46en fait le frein principal c'est qu'ils se retrouvent face à des startups qui n'ont pas
08:50une bonne connaissance du fonctionnement de ces marchés.
08:53Oui, dans beaucoup de startups, on n'a pas forcément de spécialistes déjà de la réponse
08:56à l'appel d'offres d'une manière générale puisqu'il faut déjà avoir une certaine taille pour se
09:00permettre aussi d'avoir, de recruter des personnes spécialisées et puis ensuite même quand on est
09:07spécialiste de la réponse à l'appel d'offres, on peut être très bon sur la partie privée,
09:12moins bon sur la partie publique ou ne pas tout connaître non plus.
09:15Il y a des subtilités, il y a un jargon, il y a des acronymes, il y a des choses qui nous
09:20paraissent évidentes quand on répond à un appel d'offres, on va se dire bah oui c'est évident,
09:22j'ai pas besoin de le préciser alors que l'entreprise a besoin qu'on lui détaille tout.
09:25Il y a plein de choses comme ça qui sont nécessaires dont la startup n'a pas la
09:30connaissance et donc l'objectif c'est en seulement quatre heures, une formation,
09:33un MOOC gratuit en quatre heures, de comprendre vraiment comment est structurée la commande
09:39publique, comment y répondre et avoir donc voilà tout en main pour se lancer.
09:45Mais je me posais la question des 50 autres pourcents, enfin 48 pour être tout à fait
09:49précise, qu'est ce qui fait qu'aujourd'hui on a du mal à accéder à ces marchés publics
09:53quand on est dans la French Tech ? Alors il y a plusieurs choses, les startups n'ont pas le
10:00réflexe d'aller forcément vers de la commande publique, ils n'ont pas forcément en vue ce que
10:06ça peut leur apporter ni les marchés qui sont ouverts, ils n'ont pas encore ce réflexe parce
10:10que aussi comme il y a une méconnaissance ils n'osent pas y aller, il y a des arbitrages à
10:16faire quand on est chef d'entreprise donc on sait que ça prend du temps de répondre à des appels
10:19d'offres, on se dit qu'il faut maximiser les chances donc bon quand on connaît mal on n'y va
10:23pas. Mais de l'autre côté, du côté justement du carnet de commande, qu'est ce qu'il y a d'autre
10:28comme frein aujourd'hui ? Il y a peut-être un défaut de confiance dans l'écosystème startup ?
10:34C'est pareil, c'est plutôt une méconnaissance du fonctionnement des startups et les témoignages
10:39qu'on a donc par exemple lors du lancement, on a eu des témoignages très intéressants entre la
10:44startup 22 qui travaille beaucoup avec le ministère des armées où en fait ils ont dit finalement on a
10:49des fonctionnements business très différents, on ne se connaît pas et ce qui nous a permis de
10:54trouver des solutions c'est l'humain. C'est d'avoir ce contact, de discuter et puis de mieux
10:59comprendre comment fonctionne l'autre pour arriver à faire des arbitrages, à trouver des solutions
11:02qui finalement aboutissent sur des vrais business. C'est pour ça que cet enjeu de formation
11:08est très important et également l'enjeu de mise en relation et des rencontres qu'on organise
11:12est aussi essentiel puisqu'il faut qu'à un moment donné l'humain se parle. Et vous êtes fixé un
11:18objectif avec ce programme ? Et on s'est fixé un objectif pour cette première année qui est de
11:22former 1000 startups à la commande publique. Plus on a de startups qui répondent à la commande
11:28publique, plus on a de chances effectivement d'arriver à notre objectif de doubler la commande
11:32publique d'ici 2027. Bon alors la French Tech vous allez me dire ce n'est pas que l'intelligence
11:36artificielle mais enfin faut reconnaître qu'en ce moment il y a quand même un énorme focus sur ces
11:41technologies en particulier. Je voulais avoir votre retour sur le sommet qui s'est passé pour l'action
11:45sur l'IA à Paris et en particulier le business day puisque vous étiez évidemment la personnalité
11:52phare j'ai envie de dire à Station F ce jour-là. Vous avez eu le sentiment de quoi à ce moment-là ?
11:59Est-ce qu'on fait trop de focus justement sur l'IA selon vous ? Est-ce que ça peut pénaliser les
12:03autres startups ? Est-ce qu'on a raison de faire de l'auto-congratulation ? En France on n'en fait
12:08pas assez ou est-ce qu'on en fait trop ? Comment vous avez vécu ce sommet ? Ce sommet c'est une
12:12véritable opportunité pour l'écosystème tech français. D'ailleurs il y a eu un engouement
12:17incroyable puisque plus de 4500 personnes étaient présentes. 5000 personnes ont suivi l'événement
12:23en direct sur la chaîne YouTube donc c'était un véritable succès. On a eu 200 décideurs politiques
12:29qui sont venus, le président Emmanuel Macron qui était là, une dizaine de ministres évidemment
12:34dont Clara Chapaz en charge du sujet de l'intelligence artificielle et du numérique donc
12:39un véritable engouement autour de ces sujets et particulièrement autour de cette journée
12:44business qui avait pour vocation de faire rencontrer les startups qui proposent des
12:49solutions autour de la chaîne de valeur de l'intelligence artificielle et des investisseurs
12:53ainsi que des clients. Tout le monde voulait être là, c'était incroyable. Exactement et en fait
12:58pourquoi ? Parce qu'on a mis sous le feu des projecteurs le sujet de l'intelligence artificielle
13:03qui finalement est mal connu. On s'imagine que seulement quelques startups oeuvrent autour de
13:08l'intelligence artificielle alors qu'en réalité ce sont donc plus de 50% des startups de nos
13:15programmes qui sont sur la chaîne de valeur de l'intelligence artificielle et pour les autres
13:19elles l'utilisent en réalité pour améliorer leur process, l'expérience client, l'expérience
13:25collaborateur donc l'intelligence artificielle elle est déjà dans l'ensemble de nos startups.
13:29Ce sont avant tout des cas d'usage concret et ça aussi c'était important et un des objectifs de la
13:36journée c'est de montrer que ces startups qui proposent des solutions à l'intelligence
13:39artificielle sont des solutions concrètes, implémentables qui sont parfois déjà dans la
13:43vie des utilisateurs tous les jours sans qu'ils s'en aperçoivent et c'était aussi pour ça que
13:49cette journée était très importante. Dernière question et là c'est vraiment beaucoup plus
13:53ouvert. Votre combat ? Mon combat c'est de continuer à accompagner les startups. On a
14:00aujourd'hui la chance d'avoir un écosystème qui est mature avec des entreprises beaucoup plus grandes
14:05qui commencent à être des leaders en France, en Europe, à l'international et donc il faut
14:08continuer à accélérer, à en avoir encore plus donc mon combat c'est d'être à leur côté quoi
14:13qu'il se passe, de répondre à leurs enjeux. Leurs enjeux du moment c'est le business,
14:17c'est l'accès au fond et c'est la compétitivité et donc la mission French Tech continuera à les
14:21accompagner sur ces sujets. Merci beaucoup Julie Huguet pour toutes vos réponses. Je rappelle que
14:26vous êtes la directrice générale de la mission French Tech. Merci. Merci.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations