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  • il y a 6 jours
Vendredi 19 décembre 2025, retrouvez Hervé Pellarin (RSSI, Hôpital Annecy Genevois) dans SMART CYBER, une émission présentée par Delphine Sabattier.

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Transcription
00:00Dans l'interview RSSI, j'ai le grand plaisir de recevoir Hervé Pellarin.
00:08Bonjour Hervé.
00:08Bonjour Nathine.
00:09Alors, cinq années passées au Conseil départemental en tant qu'ingénieur sécurité,
00:14vous avez rejoint le groupe hospitalier territorial Haute-Savoie, pays de Gex.
00:18Oui.
00:19Voilà pour votre rapide CB.
00:22J'ai lu que vous portiez un regard de red teamer sur la sécurité.
00:25Oui.
00:25C'est original pour un responsable de la sécurité, non ?
00:28En fait, je suis un responsable de la sécurité.
00:29Je suis convaincu qu'on ne peut pas défendre si on n'a pas de notion d'attaque.
00:33Il faut comprendre les vecteurs d'attaque pour voir ses propres fragilités avec du recul.
00:39Et si on n'a pas une idée comment quelqu'un peut cambrioler une maison,
00:44on a beau être le meilleur des architectes,
00:47on ne fera pas forcément la maison la plus sûre qui préservera l'intégrité de ce qu'il y a dedans.
00:51Quelle est, selon vous, la première mission d'un RSSI au sein d'un centre hospitalier ?
00:55Qu'est-ce que vous, vous vous êtes fixé ?
00:57Moi, je n'ai pas de première mission, j'en ai qu'une.
00:59C'est être au service des soignants.
01:01Mon boulot, c'est de faire en sorte que les soignants soignent coûte que coûte.
01:05D'accord.
01:05Donc, c'est vraiment au service des métiers.
01:07Un hôpital, son boulot, c'est quand vous arrivez devant lui, il vous ouvre ses portes.
01:12Ça veut dire, venez, vous êtes le bienvenu.
01:14On va prendre soin de vous.
01:15Et ça, rien ne doit changer ça.
01:18Même le climat cyberactuel, même le climat géopolitique actuel,
01:21les portes doivent toujours être ouvertes coûte que coûte.
01:24Et ça, c'est une énorme pression parce que les centres hospitaliers sont des cibles à part entière aujourd'hui des cyberattaquants.
01:31Alors, quand je vous ai rencontré pour la première fois, c'était aux assises de la cybersécurité à Monaco.
01:38Et vous étiez pas mal remonté sur la question du matériel médical.
01:43Vous m'expliquez qu'en fait, vous n'aviez pas de garantie de sécurité.
01:46Rien du tout.
01:47Il faut comprendre qu'un hôpital, il marche, il y a deux mondes parallèles.
01:51Il y a l'informatique du service informatique qui est maîtrisé généralement plutôt bien.
01:55Les postes des agents et tout ça, c'est plutôt bien maîtrisé à jour et tout.
01:59Et il y a l'informatique qu'on appelle le biomédical.
02:02C'est l'informatique qui va être au service de tous les appareils médicaux, scanner, IRM, labo, automatismes, toutes ces choses-là.
02:08Et ça, c'est un monde à part sur lequel on n'a pas la main, où les éditeurs nous vendent à prix fort.
02:15Pour la petite histoire, là j'en suis.
02:16Mise à jour Windows 10, Windows 11, 14 000 euros par poste.
02:20Voilà.
02:20Après, on s'étonne qu'on n'a pas de sous.
02:22Où les éditeurs, en fait, imposent leurs lois parce qu'il n'y a pas de règle qui leur impose de rentrer dans les nôtres.
02:27C'est-à-dire que les gens peuvent vous vendre du Windows 7 avec un utilisateur administrateur et désactiver l'antivirus.
02:33Et vous dire que mon automate, il a été qualifié comme ça.
02:35Si vous osez mettre un antivirus, je vous retire le marquage et je n'assure plus la maintenance.
02:40Donc quand vous payez 300 000 euros une machine, vous n'avez pas le choix.
02:43Alors ce qui fait, en fait, pour imager les choses, si un hôpital, c'était une sorte de grande maison,
02:48vous avez plein de couloirs, plein de pièces qui sont hautement enflammables en cas de cyberattaque, elles tombent.
02:53Et quand elles tombent, qu'est-ce qui se passe ? Ce sont des valeurs métiers qu'on perd et ce sont des soins qu'on perd.
02:57Ce sont des dangers qu'on met en vis-à-vis de la santé, des soins des patients.
03:01Mais alors moi, ça me semblait complètement fou.
03:04Vous ne m'aviez pas cru.
03:05J'avoue que ce matériel ne soit pas soumis à tous les règlements qui, aujourd'hui, sont discutés jusqu'au niveau européen.
03:13Cyber Resilience Act, Nice 2 qu'on attend.
03:17Et vous m'avez dit non.
03:19C'est toujours non ?
03:20Ben oui, bien sûr que c'est non, parce qu'en fait, c'est des gens qui sont extrêmement bien organisés, pour ne pas se mettre de contraintes.
03:26Les matériels médicaux, en fait, ils ne rentrent pas dans le CERA, pour ceux qui connaissent une nouvelle grande loi cyber européenne.
03:31Ils ont été retirés. Pourquoi ?
03:32Parce qu'on ne peut pas réglementer quelque chose qui est déjà réglementé.
03:35Et les matériels médicaux sont réglementés par deux règlements, qui s'appellent le MDR et le VDR, pour Medical Device Regulation,
03:40et In-Vitro Device Regulation,
03:42dans lesquels le cyber est noté de la manière suivante que les fabricants s'engagent à développer à l'état de l'art.
03:48C'est tout.
03:49D'accord.
03:49Et comme l'état de l'art n'est pas qualifié...
03:51C'est mince.
03:51C'est extrêmement mince.
03:52Et ce n'est pas un hasard.
03:53Comme l'état de l'art, personne n'a qualifié l'état de l'art égal deux points,
03:58l'état de l'art n'est pas opposable.
03:59Donc en fait, j'invite tous mes homologues.
04:03Quand on a une machine qui n'est pas à jour, un antivirus qui est désactivé sciemment,
04:07et un logiciel qui tourne avec un utilisateur-administrateur, ça ne peut pas être l'état de l'art.
04:12Oui.
04:13Mais pourquoi cette résistance à la cybersécurité ?
04:17Parce qu'à la base, je pense, c'est mon point de vue, j'ai le droit de me tromper,
04:21on part d'une genèse où on fabrique des automates pour du soin,
04:24puis arrivait la notion de connecter les automates à travers la numérisation des établissements de santé
04:30pour faciliter les traitements.
04:32Et puis les choses étaient faites à la base pour soigner,
04:34ce n'était pas fait pour de la sécurité.
04:36Et on a oublié qu'en fait, pour soigner, par les temps qui courent,
04:39il faut qu'il y ait un minimum de sécurité.
04:41Et c'est du boulot en plus qu'ils ne veulent pas faire.
04:43Et des coûts.
04:44Et des coûts.
04:45Et moi, ce que je leur reproche, c'est le manque de volonté à essayer de faire.
04:49Quand vous dites à un industriel, on installe l'EDR pour le protéger
04:51parce que c'est un système critique dans ma mécanique de soins,
04:54c'est non.
04:55Ce n'est même pas chiche, on essaye.
04:57C'est non.
04:58Ils ne veulent même pas s'embêter avec ça, en fait.
05:00Alors, donc, vous me disiez que vous alliez quand même ruer dans les brancards.
05:03Oui.
05:04Ça bouge, genre, au niveau politique.
05:05Est-ce qu'on s'est emparé en France de ce sujet ?
05:07Alors, déjà, on a réussi, avec la députée Riotton,
05:10à placer un amendement à Nice 2
05:11qui impose une notion de responsabilité des éditeurs.
05:15Quels qu'ils soient, donc.
05:16Et donc, là, on n'attend pas tellement que ça passe
05:22parce que ça va changer des choses.
05:25Dans le cas, comme il m'est arrivé de trouver une faille
05:27sur un logiciel de brancardage
05:28et où on n'avait aucun levier juridique
05:29pour imposer à l'éditeur de boucher le trou,
05:32là, on va avoir un levier.
05:34Mais la temporalité pour faire bouger les choses
05:37par rapport à la temporalité des menaces cyber,
05:40on n'est pas sur les mêmes échelles.
05:41Et puis, alors, vous, dans votre région, là,
05:42vous avez quelques pressions supplémentaires qui arrivent.
05:44Alors, on a deux, trois quarts messes sympas qui arrivent.
05:46On a le G7 l'année prochaine.
05:47L'année d'après, on a la Coupe du monde de vélo.
05:49Et deux ans après, on a les JO.
05:50Il faut s'occuper.
05:53Voilà.
05:54Bon.
05:55Donc, effectivement, on a un peu ce temps-ci.
05:56Vous avez lancé une opération papyrus en 2024.
06:00C'est ça, la solution retourner au papier ?
06:02Alors, non, la solution, ce n'est pas retourner...
06:04De toute façon, on sera au papier.
06:06On sera au papier.
06:07Mais c'est de retourner au papier
06:08avec une traçabilité des papiers.
06:10Et oui, l'opération papyrus, c'était quoi ?
06:12C'était remettre les soignants au cœur de leur métier
06:14en les faisant travailler sans leurs outils nominaux
06:16pour reconstruire les automatismes
06:18qui permettent de continuer leur valeur métier,
06:20c'est-à-dire soigner.
06:21Et se préparer aussi, faire des exercices de crise.
06:24On en fait deux, trois par an, oui.
06:25Deux, trois par an ?
06:25Oui, oui.
06:26Deux, trois par an.
06:27On a mis en place une solution
06:28qui nous permet, même si on a une cyberattaque,
06:31même si on ferme tout,
06:32de pouvoir continuer à accueillir les gens,
06:34créer des identités, créer des séjours,
06:36imprimer des étiquettes
06:38et surtout garder une traçabilité
06:39de l'identité aux vigilances.
06:41Vous avez fait partie de l'opération gouvernementale ?
06:44Rempart.
06:45Oui, on l'a fait.
06:47D'accord.
06:47Et c'était très bien
06:48parce que ça nous a permis dans l'hôpital
06:49d'avoir plein de gens
06:50qui n'avaient pas eu l'occasion
06:51de travailler ensemble,
06:52des services,
06:53qui étaient tous autour de la table.
06:54C'est une problématique commune,
06:55on est en crise.
06:56C'était un très bon exercice
06:57et on attend tous Rempart 26.
07:00Merci beaucoup, Hervé Pellarin,
07:01d'avoir été avec nous,
07:02d'avoir témoigné sincèrement
07:04et de nous avoir parlé
07:05de votre métier cruciale.
07:06Et rejoignez la santé.
07:08Voilà, absolument.
07:10Je rappelle que vous êtes le RSSI
07:11de l'hôpital Annecy-Genevoix.
07:13Nous, on enchaîne,
07:14on va parler de l'intelligence artificielle
07:15utilisée dans les cyberattaques.
07:16de l'hôpital Annecy-Genevoix.
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