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  • il y a 12 minutes
Ce lundi 15 décembre, Pascal Cagni, président de C4 Industries, était l'invité dans l'émission Good Morning Business sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Good morning business, parole de patron.
00:04On y va Pascal Cani, c'est parti.
00:06Pascal Cani, fondateur et président de C4 Ventures.
00:08C'est un peu le Pascal Cani investisseur qu'on va d'abord recevoir ce matin.
00:12Évidemment, on parlera de votre activité à Business France
00:14et notamment du retour de Chine,
00:17puisque vous étiez avec le président Macron la semaine dernière en Chine.
00:20Mais je commence quand même avec vos investissements à vous
00:22parce que vous avez investi dans l'art de vivre à la française,
00:25dans des boîtes qui sont en difficulté.
00:27La dernière acquisition, ce sont les verres et arcs.
00:30Vous avez aussi des investissements, c'est du vivier canapé,
00:32dans les revêtements mureaux Maison-le-Lièvre et dans la faïence de Gien.
00:36Toutes ces boîtes, ce n'est pas des boîtes forcément faciles à redresser.
00:40Comment vous avez bâti votre stratégie d'investisseur ?
00:43D'abord, je le fais avec l'argent que j'ai gagné chez les Américains.
00:47Et vous voyez bien qu'on peut donc aller aux Etats-Unis
00:49et revenir en France en se disant qu'on a des actifs rares et uniques sur notre territoire.
00:55Sur notre territoire, qu'est-ce qu'il est à ce pays ?
00:57Ce pays a une histoire de mille ans.
00:59C'est un pays où, grâce au Hermès, Louis Vuitton, Kering de ce monde,
01:03on a un leadership incontestable sur l'univers de l'art de vivre, de la mode et autres.
01:07Et je me suis dit simplement de manière très patrimoniale
01:09pour voir ce que je pourrais laisser, ce que je pourrais rendre pérenne,
01:13où il faut que j'investisse.
01:13Et je me rends compte que là, j'ai en fait une thèse d'investissement assez simple, ma chère Laure.
01:17C'est de dire, en gros, qu'est-ce que les choses, qu'elles sont les barrières d'entrée
01:21que nous avons, nous, en France, et que n'ont pas nos amis chinois ou quelques Américains.
01:27Et dans les Verts, par exemple, vous dites...
01:29Ils ont une... On a des archives, des documents, une histoire, un savoir-faire particulier.
01:36Chez Gien, savoir prendre un tour et faire ces fameux filets qui, aujourd'hui, se vendent fort bien,
01:41travailler sur des décors créés depuis 200 années, ce n'est pas simple.
01:45Et donc, la première idée, c'était cela.
01:47Et la deuxième idée, c'est d'y dire, j'ai quand même une sorte de désavantage compétitif en France.
01:51J'ai un coût des salaires assez important.
01:54Et lorsque vous êtes dans 3-4 industries que vous avez nommées,
01:56où j'ai jusqu'à 40-50-60% de l'ensemble de mon compte d'exploitation qui est en frais de salaire,
02:03comment je vais pouvoir me battre ?
02:04Et bien là, on se rend compte que souvent, pendant plus de 20-30-40 années,
02:07ce pays, ces entrepreneurs, ces familles n'ont pas suffisamment investi dans ce qu'on appelle les CAPEX,
02:12c'est-à-dire des investissements en capital, dans des machines qui automatisent et qui rendent les choses plus simples.
02:17Et pour pouvoir libérer du talent sur l'acte d'artisan, il fallait investir là.
02:22Et troisième idée, c'est ce que dit notre ministre Faurissier sur le commerce extérieur,
02:26il faut continuer à exporter, exporter, exporter.
02:28Ce sont 3 ou 4 entreprises qui exportent, mais pas assez.
02:30Et donc, je vais essayer d'amener 30 ans d'expertise avec ma brillante équipe chez C4 Industries pour pouvoir le faire.
02:36Voilà tout.
02:36C'est un acte de foi et un acte militant.
02:39Sur le dossier ARC, c'est des verres.
02:41Là, on n'est pas directement, par exemple, concurrencés par les Chinois.
02:44Il y a en plus le sujet des fours qu'il faut électrifier.
02:48Il y a un sujet énergétique important.
02:49Mais sur ARC, c'est un scandale total.
02:50Je vais vous expliquer pourquoi c'est un scandale.
02:52Aujourd'hui, vous avez un produit qui s'appelle le verre.
02:54C'est un produit à faible valeur ajoutée,
02:56qui est vide essentiellement et qui voyage mal par définition.
03:00Sachez pour autant que nous avons un droit de douane avec la Chine de moins de 11%.
03:04Nous n'avons aucun droit de douane avec la Turquie ou avec l'Égypte.
03:08Je ne crois pas qu'on ait de droit de douane en Inde.
03:10Et si vous allez dans, aujourd'hui, les grands univers de la distribution,
03:15vous n'allez plus de trouver de verre français.
03:17Donc, on va faire venir des verres avec un bilan carbone absolument incroyable
03:22qu'on va accepter de recevoir ici.
03:24Et ça, c'est une bataille qu'il faut avoir.
03:26C'est inadmissible.
03:27C'est là où il faut que cette Europe soit moins naïve,
03:30qu'on se prenne en main, qu'on érige ses droits de douane,
03:33non pas pour protéger des gens qui ne seraient fainés en matière d'investissement.
03:36Ce n'est pas vrai.
03:37ARC, sur plus de 10 années, investit 170 millions en CAPEX.
03:41L'investisseur américain qui est venu a fait son travail.
03:45Mais simplement, le marché étant beaucoup plus faible,
03:47puisque la croissance économique n'est plus là,
03:49vous avez une substitution de produits français qui sont des produits de proximité,
03:54c'était vrai pour Pyrex, Duralex et quelques autres,
03:56avec des produits qui viennent d'autres mesures et qui, en plus, vendent à perte.
03:59Nous savons, je ne sais pas, ça, Banshee, notre ami et concurrent turc,
04:03qu'il perd 20, 30, 40 % en Ibiza.
04:06Nous, chez nous, on n'a pas le droit de vendre à perte.
04:08Eux, ils vendent à perte et on les laisse faire sans droit de douane.
04:10C'est juste inacceptable.
04:12Vous aimez les dossiers compliqués, les dossiers où il ne faut rien industrialiser,
04:16les dossiers où il y a un outil à défendre.
04:18Vous avez regardé le dossier Brandt ou ça ne vous a pas intéressé du tout ?
04:21Pourquoi ?
04:22Parce que je n'ai pas le temps d'en faire plus que ce que je ne fais.
04:24Je vous rappelle que j'ai déjà deux ou trois vies et que c'est déjà très prenant.
04:29Mais je pense que c'est un dossier très difficile.
04:31Et ce que j'en sais, avec Deloitte, en lisant la presse,
04:35c'est que c'était sans doute un dossier où on s'est alerté très tard.
04:38Et il y a peut-être aussi, c'est terrible à vous dire,
04:39des batailles qu'il faut accepter de perdre et se focaliser sur d'autres choses.
04:43Si je me suis focalisé sur l'art de vivre et la décoration,
04:46c'est parce que les tissus Le Lièvre, Tassinat-Châtel,
04:48ce que vous allez mettre, vous, dans des belles maisons,
04:50sur vos revêtements muraux,
04:52c'est quelque chose de rare, d'unique, avec un savoir-faire particulier.
04:55C'est pouvoir maintenir cette usine à panicières
04:57avec plus de 17 métiers à tisser.
04:59C'est garder ces 150 emplois que nous avons à GIA.
05:02Ou encore plus récemment, c'était le 19 novembre,
05:05aller à Duvivier, au sud de Poitiers,
05:08et s'assurer que là, une nouvelle ébénisterie puisse survivre.
05:12Donc, c'est un vrai pari.
05:13Je ne sais pas si je gagnerai, on fera tout ce qu'il faut pour le faire.
05:15Mais vous dites ça avant le coup,
05:16parce qu'on a une différenciation française.
05:18Vous revenez de Chine avec le président de la République,
05:20c'était la semaine dernière.
05:22Il est revenu en disant qu'il a menacé les Chinois
05:25de mettre des droits de douane.
05:26S'ils ne comprennent pas qu'il ne faut pas tuer
05:28leurs principaux clients,
05:30s'ils ne comprennent pas que les Européens
05:31ne doivent pas mourir avec leur outil industriel,
05:33est-ce que c'est la bonne stratégie, selon vous ?
05:35Moi, je pense qu'une fois encore,
05:37et c'est pour ça que je reste extrêmement loyal à mon président,
05:40à notre président de la République,
05:41il a compris ce qui se passe.
05:43Et j'écrivais sur les réseaux sociaux
05:46que nous étions finalement à une sorte de situation inversée.
05:49Nous étions en 2001,
05:50c'était le moment où je rentrais chez Apple
05:52et où j'ai découvert une Chine qui était capable de créer l'iPhone.
05:55Pourquoi ? Parce qu'en quelques mois,
05:56il pouvait prendre un espace
05:58et le rendre opérationnel en moins de neuf mois,
06:01ce que nulle part ailleurs, même aux Etats-Unis, on ne pouvait faire.
06:03Donc, je crois qu'il faut prendre des règles du jeu très claires.
06:05Sur certains univers où nous sommes les leaders,
06:07il faut absolument qu'on mette des barrières d'entrée
06:09pour pouvoir continuer à être les leaders,
06:10investir, investir, investir, se spécialiser.
06:13Au contraire, il faut aussi leur donner un accès au marché
06:16que s'il y a une forme de réciprocité.
06:18Moi, avec mes petites...
06:19Transfers de technologie, du coup ?
06:21Avec une réciprocité en matière d'accès au marché.
06:25Et le troisième thème, c'est exactement votre propos,
06:27c'est le transfert de technologie.
06:28Il faut accepter peut-être que, sur la batterie,
06:31où ils ont une avance incroyable.
06:33J'ai eu le privilège de rencontrer le président de CATL,
06:37Cattle, pour tout vous dire,
06:39qui a plus de 60% du marché de la batterie,
06:41qui est quelqu'un que je reconnaissais de mon équipe,
06:43Apple, qui a pivoté de la batterie pour l'iPod d'abord,
06:48puis le phone, pour enfin faire des batteries pour les voitures.
06:51Ils ont une avance technologique extrêmement forte.
06:53Il faut qu'il accepte non pas de venir faire ce qu'il a fait,
06:55c'est-à-dire aller en Hongrie ou en Espagne,
06:57en voulant amener 2000 Chinois, à qui on refuse des visas.
07:01Mais il faut qu'il accepte d'avoir un partenariat
07:02avec des acteurs français dans cette merveilleuse vallée
07:05de la batterie qu'on a créée dans le Nord-Est.
07:08Et je crois que lorsqu'il va se heurter aux difficultés
07:10d'avoir un taux d'absentéisme très fort en Hongrie,
07:13ou d'avoir une vraie levée de bouclier
07:17sur le fait de vouloir imposer 2000 Chinois en Espagne,
07:21en ayant choisi sans doute ce qui n'est pas les bons écosystèmes,
07:24puisque la batterie et les voitures se font essentiellement
07:26sur le croissant d'or.
07:28Ça part de Rover en Angleterre,
07:30ça passe par le Nord-Ouest, c'est Douai.
07:32Le Nord-Est, ça arrive chez nous à Mulhouse-Sochaux,
07:36ça va jusqu'à Turin et on passe évidemment par la Roux.
07:38Donc il faut lui expliquer cela.
07:39Et je crois qu'il va y être sensible.
07:41Et puis il faut lui dire que peut-être que plutôt que de créer
07:44ses propres usines avec ses propres Chinois,
07:46on va lui payer une redevance,
07:48une royalties, une licence,
07:51comme il y a 20 ans,
07:53il nous payait une licence sur la technologie qu'on a amenée.
07:55Et je crois que ce travail à trois,
07:57ce triptyque, est extrêmement important.
07:59Ce spécialisé continue d'avoir un leadership...
08:01Comment ?
08:02Ça fonctionne, du coup ça, ça permet de réindustrialiser l'Europe.
08:05Ça peut fonctionner, mais il faut avoir un vrai leadership clair,
08:06celui qu'a le président Macron, celui que d'a le gouvernement,
08:08et puis il faut le faire à l'échelle d'Europe,
08:10pour que les Allemands nous embarassent à la même idée.
08:13C'est ma question suivante.
08:13Les Allemands ne sont pas toujours d'accord pour aller dans ce sens-là
08:16et avoir une stratégie un peu sévère avec les Chinois ?
08:20Je vais vous donner peut-être une réponse un petit peu simple,
08:23mais je suis certain que dans certaines des provinces chinoises,
08:25toutes les provinces ne sont pas d'accord,
08:27puisque chacun a des intérêts particuliers,
08:29des spécialisations économiques et autres.
08:31Donc à l'échelle...
08:31C'est pas complètement une province de la France.
08:34Je vous parle des provinces chinoises.
08:36Donc à l'échelle d'un continent,
08:38vous avez des spécialisations économiques, des écosystèmes.
08:40Et il est vrai que les Allemands avaient historiquement un savoir-faire
08:43et ont eu un surplus économique extrêmement important.
08:47Il est légitime qu'ils veulent un petit peu se prévaloir de cela.
08:50Mais une fois qu'on a dit ça, je crois que sur l'essentiel, on est d'accord.
08:52On est d'accord sur le numérique,
08:54c'était le sommet de la sommet numérique à Berlin.
08:56On est d'accord, je crois, sur l'automobile.
08:58De toute façon, on n'aura pas le choix si on veut garder une industrie d'automobile.
09:01Et simplement, sur l'industrie automobile,
09:03on devra peut-être accepter, et c'est ça la clause de réciprocité,
09:05à avoir, de la même façon qu'on avait 5, 10, 15, 20% du marché de l'automobile
09:09qui était fait de voitures américaines il y a 5, 10, 15, 20 ans.
09:14Demain, 5, 10, 15, 20, 30% des voitures vendues en Europe
09:18seront des voitures chinoises.
09:20C'est ça le renversement de l'histoire qui est en cours.
09:22Est-ce que vous êtes le dernier des macronistes ?
09:24Si je devais l'être, j'en serais fier.
09:26Je crois que nous serons beaucoup plus de derniers macronistes.
09:29Je suis surtout un citoyen français engagé
09:31qui pense que les entrepreneurs français, aujourd'hui,
09:34ne sont pas suffisamment écoutés.
09:35J'adore l'initiative de M. Novelli sur les entrepreneurs écangés.
09:38Je suis heureux de pouvoir venir chez vous m'exprimer.
09:40J'aimerais que les autres médias donnent plus souvent la parole
09:42parce que finalement, ce sont eux,
09:44ces 34% de Français qui veulent devenir entrepreneurs,
09:47comme la fameuse analyse de la BP Montre,
09:51qui est en sorte.
09:51Donc, oublier le macronisme, ce qui est en cause,
09:53c'est de faire en sorte qu'aujourd'hui,
09:54des gens de bonne volonté, qui travaillent,
09:56nos chercheurs, nos jeunes entrepreneurs
09:59qui ont envie d'être entrepreneurs,
10:00on leur donne les moyens de le faire.
10:01Et si on fait ça, il n'y a pas de raison
10:03que ce beau continent, qui, je vous rappelle,
10:06reçoit 777 millions de touristes,
10:09alors que nos amis américains reçoivent moins de 80 millions,
10:11puisse continuer à offrir à ses citoyens
10:15un art de vivre, une qualité de vie absolument unique.
10:17Il faut évidemment qu'on travaille beaucoup,
10:19qu'on ne soit pas trop taxé,
10:20mais je ne vais pas vous dire cela ici.
10:21Qui défend aujourd'hui les entrepreneurs ?
10:23Vous me parlez d'Hervé Novelli,
10:24mais il y a d'autres personnalités politiques
10:26ou il n'y a personne ?
10:27Moi, je pense qu'on a une classe politique,
10:30et je suis désolé de vous le dire,
10:31que ce soit j'ai Républicains,
10:33dans le bloc central, à Horizons,
10:35qui sont des gens proches de l'entreprise,
10:37qui comprennent le rôle de celle-là.
10:38Il faut aller dans les régions, surtout.
10:40Les régions, je vous rappelle,
10:41on parle à la loi Le Nôtre,
10:41le rôle du développement économique.
10:43Il faut écouter Mme Morancet,
10:45M. Bonneau, M. Morin,
10:47parler de l'entreprise,
10:47comment il parle M. Leroy, M. Xavier Bertrand,
10:50enfin, je peux tous les nommer,
10:51qui se battent pour leur territoire.
10:53Je crois que c'est là où se trouve aujourd'hui
10:54le ressort de notre économie,
10:55notre futur à plein d'égards.
10:56Merci beaucoup, Pascal Gagné,
10:57d'être venu ce matin
10:58dans la matinale de l'économie.
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