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  • il y a 6 jours
Ce lundi 1er décembre, le rejet par la Suisse de l'idée de taxer les successions des riches a été abordé par Raphaël Legendre et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Erwan Morice, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Bonjour à tous.
00:01Passez à vous, comme tous les lundis, Raphaël Lejean, qu'on a le plaisir de retrouver.
00:05Messieurs, on a suivi un vote qui a eu lieu en Suisse ce week-end.
00:09Les Suisses qui ont balayé l'idée de taxer les successions des riches.
00:16Cinglant, 78% s'y sont opposés.
00:20Est-ce que c'était une bonne idée ou pas ?
00:23Emmanuel, est-ce que c'est quelque chose qu'on pourrait transposer en France, typiquement ?
00:27Mais quand le monde perd la tête, regardez la Suisse.
00:31Regardons la boussole suisse.
00:33Et effectivement, nos amis suisses, ils ont rejeté massivement cette idée de taxation des successions
00:39pour financer la transition écologique.
00:43Alors pourquoi les Suisses ont raison ?
00:46D'abord parce que, raison suisse, le pays taxe déjà les patrimoines,
00:50mais il le fait intelligemment, il le fait localement.
00:52Vous savez que c'est les cantons qui peuvent ajuster ces impôts sur la fortune,
00:58ce qui évite tout un tas de délires bureaucratiques.
01:01Et donc avoir un impôt fédéral qui, par-dessus tout ça,
01:04aurait finalement mis une nouvelle couche de taxation.
01:07C'était déséquilibré.
01:09C'était rompre les vieilles traditions suisses.
01:12Et puis, je ne reviens pas sur les règles qui font qu'en général,
01:15un impôt sur les ultra-riches est séduisant,
01:17mais souvent inefficace.
01:19Souvent, c'est des impôts qui rapportent moins que prévu.
01:22C'est touché quand même à la transmission aussi.
01:25Et ça, c'est un symbole fort.
01:27Et beaucoup d'économistes suisses ont pointé du doigt le risque
01:30que beaucoup de grosses PME puissent éventuellement être en difficulté
01:35et passer soit dans des mains étrangères, soit périclité.
01:39Donc, ça fait beaucoup de raisons pour dire que nos amis suisses ont su garder la raison
01:43dans un pays qui, rappelons-le, est quand même déjà très avancé
01:46sans cet impôt sur la voie de la transition écologique.
01:49Bon, Raphaël Lejean, contre toute attente, j'ai envie de dire,
01:52vous, vous êtes plutôt raccord avec les jeunes socialistes suisses.
01:56Pour vous, c'est...
01:56Jamais, j'aurais écouté.
01:57Et oui, entendu sur AFM Business, ça, c'est la transition incroyable.
02:02Eh bien oui, figurez-vous, je vais vous surprendre peut-être.
02:05Dieu sait qu'on se bat quotidiennement sur l'antenne de BFM Business
02:08pour combattre la folie sado-fiscaliste qu'on voit s'ébrouer régulièrement au Parlement.
02:14Le seul impôt, le seul qui serait acceptable d'augmenter en France,
02:19c'est l'impôt sur les hautes successions et sur les très hautes successions.
02:22Je rappelle qu'on a une grande transmission, 9000 milliards d'euros.
02:27vont être transmis dans les prochaines années,
02:30de la génération du baby-boom à la génération suivante,
02:35et qu'on a un véritable sujet en France sur la concentration du capital.
02:40Pas sur les inégalités de revenus.
02:41On a un pays qui redistribue énormément.
02:44Les inégalités de revenus sont traitées, sont stables,
02:47et on a énormément de redistributions.
02:49Depuis 30 ans, le sujet n'est pas tant ici que dans les inégalités de patrimoine.
02:5610% des Français possèdent plus de 50% du patrimoine de ce pays.
03:03Les plus modestes, la moitié des ménages les moins bien dotés,
03:09eux, ne possèdent que 8% du patrimoine national.
03:13Il y a donc un véritable sujet sur la concentration du capital en France.
03:17Et le sujet, c'est l'égalité réelle des chances.
03:20Quand on est libéral, comme je le suis, ce qu'on veut, c'est l'égalité réelle des chances.
03:25C'est-à-dire qu'on place tout le monde au même niveau sur la ligne de départ
03:28et que le meilleur gagne à la fin.
03:30Mais quand aujourd'hui, toute votre vie est conditionnée par votre naissance,
03:34bien plus que votre réussite personnelle,
03:37là, on a le droit d'augmenter la taxation sur ce qui s'avère être une rente.
03:42L'idée, ce n'est pas de punir la réussite,
03:44c'est éviter que la naissance seule ne devienne une rente à vie.
03:48C'est un outil de cohésion, ce n'est pas un outil de confiscation.
03:51Entendons-nous bien.
03:52Alors, on n'a pas tout à fait répondu à la même question,
03:54puisqu'effectivement, vous aviez posé deux questions.
03:56C'était un, est-ce que les Suisses ont eu raison ?
03:58Et deux, est-ce que c'était une bonne idée de le transposer en France ?
04:01Moi, je continue à dire que pour les Suisses, effectivement,
04:04c'était une très mauvaise idée de le transposer.
04:07Après, la question que pose Raphaël, c'est
04:08est-ce que ce serait une bonne idée en France ?
04:10Est-ce que c'est acceptable ?
04:12Encore une fois, là où je ne suis pas du tout d'accord avec Raphaël,
04:15c'est que sur le fond de son raisonnement, effectivement,
04:19sur cette problématique de l'inefficacité de la répartition du capital en France,
04:23très bien, mais parlons, où est l'écologie là-dedans ?
04:26C'est-à-dire que pourquoi irait-on imposer sur les grosses fortunes
04:31une taxe pour des raisons écologiques ?
04:34Non, ce n'est pas ça.
04:35La vérité, c'est qu'effectivement, je partage le diagnostic de Raphaël
04:38sur la nécessité de redonner un énorme souffle d'oxygène à l'économie française
04:44en dynamisant cette circulation du capital,
04:47mais par pitié, laissons l'écologie tranquille.
04:49Non, non, mais franchement, ça n'a rien à voir avec l'écologie.
04:52Et moi, en mon sens, je fais référence à Amartya Sen,
04:55c'est la théorie des capabilités.
04:58Il faut taxer le patrimoine pour financer,
05:02parce qu'il ne faut pas faire n'importe quoi avec cet argent non plus.
05:04C'est-à-dire que ce n'est pas fait pour faire de la dépense sociale.
05:06Il faut une meilleure éducation.
05:07Il faut un accès à l'enseignement supérieur.
05:09Il faut une mobilité sociale réelle.
05:12Il faut que cet argent serve à investir dans l'avenir de demain,
05:16encore une fois, pour une égalité réelle des chances.
05:18Mais est-ce qu'il n'y a pas d'autres incitations
05:19que la taxation ?
05:20C'est-à-dire que tout le monde puisse avoir de la croissance
05:21et de meilleurs emplois ?
05:22Inciter sans taxer, ce n'est plus possible ?
05:25Inciter sans taxer, c'est-à-dire ?
05:27Faire en sorte que l'argent circule sans que ça passe par des...
05:30Voilà, ça peut passer par des investissements,
05:32sans que ça passe par dans l'impôt ?
05:33Il faut donner un grand coup de pied dans la fourmilière.
05:36Là-dessus, vous êtes d'accord ?
05:36C'est quoi le cocotier ?
05:37Oui, parce que l'expérience historique prouve
05:40qu'il n'y a qu'au cours des grands bouleversements géopolitiques...
05:44Enfin, on va faire simple.
05:45S'il y a eu une réduction des inégalités de patrimoine au XXe siècle,
05:48c'est parce qu'il y a eu deux grandes guerres
05:49qui ont remis en partie les compteurs à zéro.
05:52Merci.
05:53Merci.
05:54Merci.
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