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00:00Véronique Jacquet.
00:01Oui, Justine Gerbeau, est-ce que vous pouvez nous dire un mot quand même du...
00:04Enfin, si je veux dire, faire une radiographie quand même de la population carcérale,
00:08parce qu'on se doute bien qu'elle a changé ces 30 dernières années.
00:11Il y a effectivement l'irruption des caïds du narcotrafic,
00:15c'est plus qu'on voyait il y a 10 ou 20 ans, on parle de surpopulation, on parle de corruption.
00:21Quel est pour vous le fait le plus marquant de ces 30 dernières années en termes de profil carcéral ?
00:28Vous voyez ce que je veux dire ?
00:29Moi je pense tout d'un coup, quand je vous entends parler, aux prisons sud-américaines.
00:33Je me dis, est-ce qu'on va vers des gros poissons comme ça, des méga-caïds comme ça,
00:37où finalement, à part des enfermements au fin fond d'une jungle, on n'arrivera pas à s'en sortir ?
00:43Et pour vous, c'est un sacré défi quand il faut gérer ce type de population-là.
00:47Justine Gerbeau.
00:49La population pénale, elle a effectivement évolué.
00:51On parle beaucoup du narcotrafic et je le disais à l'instant,
00:54effectivement, c'est des personnes détenues qui sont capables d'engager beaucoup de moyens humains et financiers
01:00dans des délais qu'on aimerait pouvoir, avec lesquels on aimerait pouvoir réaliser.
01:04Est-ce qu'entre vous, vous parlez justement des évolutions de votre métier par rapport à la population que vous rencontrez ?
01:10Bien sûr, et puis l'administration s'adapte aussi à ces prises en charge.
01:13Mais je rappelle quand même qu'on prend en charge 85 000 personnes détenues,
01:16ce n'est pas 85 000 narcotrafiquants.
01:18Oui, bien sûr.
01:19Donc en fait, peut-être ce qui est le plus difficile pour l'administration pénitentiaire,
01:24c'est de s'adapter à la diversité, à la grande diversité de ces profils,
01:27ce qu'il peut y avoir dans ces 85 000 personnes détenues.
01:30Parce qu'effectivement, là, on a parlé beaucoup du narcotrafic ces derniers temps,
01:34on a parlé des quartiers de lutte contre la criminalité organisée,
01:37qui ont vocation justement à adapter cette prise en charge, qui ont été voulues par le garde des Sceaux.
01:41Maintenant, il y a aussi un autre volet de prise en charge qui doit être pris en compte
01:45sur des profils peut-être moins portants, peut-être moins signalés que ces narcotrafiquants.
01:53D'ailleurs, dans les projets soutenus par le garde des Sceaux,
01:56il y a aussi ce projet de créer davantage de place de semi-liberté,
01:59de créer des places aussi à sûreté adapter.
02:02Il y a l'idée aussi que l'administration pénitentiaire, elle doit adapter sa prise en charge globale
02:05Vous faites les gros yeux, Véronique Jacquet.
02:07Parce que quand j'entends encore adaptation de semi-liberté,
02:10déjà qu'on nous parle à longueur de journée de gens qui ont des permissions de sortie
02:14alors qu'ils ne devraient pas en avoir,
02:15enfin, on a l'impression qu'on va toujours vers moins de prison,
02:18un allègement des charges, parce qu'on n'est pas capable justement d'assumer
02:21la construction de prison avec un nouveau logiciel
02:25pour accueillir toute la population qui doit rester enfermée.
02:28Je pense que ce que vous disiez, c'était, vous expliquez en réalité ce que veut faire Gérald Darmanin,
02:33c'est-à-dire mettre en prison les détenus selon leur dangerosité.
02:40C'est ça, c'est pas moins de prison, c'est de la prison pour les bons détenus.
02:42Et ça pour le coup, moi je trouve que ça va dans le bon sens,
02:44c'est-à-dire créer des prisons de haute sécurité comme celle de Vendin,
02:48où vraiment vous avez un personnel formé et adapté,
02:50donc un personnel qui sait traiter les gros poissons,
02:55les gros bonnets de la criminalité organisée.
02:56Et un cadre à la hauteur des moyens qu'ils sont capables d'engager aussi.
03:00C'est ça aussi la réalité.
03:01Mais c'est vrai, quand on vous écoute, on a vraiment l'impression,
03:03enfin pour vous, moi je suis assez admiratif,
03:05parce que c'est un job très très difficile de défendre aujourd'hui l'administration pénitentiaire,
03:09mais on voit vraiment qu'il y a deux souffrances au sein de la justice française.
03:14Il y a un, une politique pénale qui n'est pas toujours très claire,
03:17ou qui est un peu laxiste, qui est clairement laxiste,
03:20et deux, un manque de moyens, vous parliez de la surpopulation carcérale,
03:23la capacité de l'administration pénitentiaire à traiter, à s'adapter,
03:26aux détenus.
03:28Et c'est vrai que moi j'ai l'impression de voir une forme de fatalité.
03:31Merci beaucoup, ça sera le mot de la fin.
03:33Louis Dragnet.
03:34J'aurais aimé avoir la réponse Pierre.
03:35Est-ce que c'est une question ?
03:36J'aurais aimé avoir la réponse.
03:37Moi j'ai l'impression que c'est un édito mon cher Louis.
03:39Ah bah non, c'était un point de vue exprimé, mais qui attendait une réponse.
03:42Justine Gerbeau.
03:43En tout cas, effectivement, la volonté du garde des Sceaux,
03:45c'est de pouvoir adapter la prison au profil des détenus,
03:47d'avoir une prise en charge qui soit adaptée,
03:49et d'avoir quelque chose qui soit gradué.
03:51Et donc je ne dirais pas qu'on va dans le sens de moins de prison,
03:53mais on va plutôt dans le sens de la bonne prison pour le bon détenu
03:56et avec le bon niveau de prise en charge et de sécurité.
03:59Merci beaucoup Madame la porte-parole de la direction de l'administration pénitentiaire
04:03qui était avec nous dans Punchline sur Europe 1.
04:05Merci à vous.
04:06Merci.
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