Elisabeth II «n'a jamais fait d'études, elle a appris sur le tas», raconte M.Roche

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00:0016h-18h, Pascal Praud sur Europe 1.

00:04Bonjour Marc Roche.

00:06Bonjour.

00:06Et merci d'être avec nous.

00:07Je pense que le public vous a identifié depuis longtemps

00:09parce que lorsqu'il y a un événement outre-Manche,

00:13vous intervenez et vous êtes un des spécialistes du monde des Windsor.

00:19J'ai suivi de près les Windsor, écrivez-vous,

00:21depuis mon arrivée à Londres en 1985.

00:24J'ai fait partie du Royal Rota,

00:26les chroniqueurs officiellement accrédités au Palais

00:28en tant que correspondant du monde.

00:31Alors, correspondant du monde,

00:34on n'imagine pas forcément vous intéresser,

00:38être intéressé par la famille royale,

00:41comme on peut lire parfois des pages dans le Gala,

00:44dans Paris Match,

00:45et c'est un journal qui traite évidemment beaucoup moins ces sujets-là.

00:48Sauf qu'à l'époque, Edwip Lennel,

00:51plutôt trotskiste et pas beaucoup intéressé par la monarchie,

00:54était fasciné par tout ce qui s'était passé autour de la mort de Diana

00:59et aussi quand je lui disais

01:00« Mais pour comprendre l'Angleterre,

01:03il faut comprendre la famille royale. »

01:05Elle est tellement essentielle

01:06dans l'histoire,

01:10dans la sociologie de ce pays.

01:12Sans la famille royale,

01:13il n'y a pas d'Angleterre.

01:15Et si on veut couvrir l'Angleterre,

01:16il faut couvrir la famille royale.

01:18Alors, il se faisait qu'un secrétaire privé de la reine,

01:24Robin Janvrine,

01:25était francophile et francophone.

01:27La reine Elisabeth II elle-même

01:29était francophile et francophone.

01:30Et c'était plainte que dans le Royal Rota,

01:32il n'y avait pas d'étrangers.

01:34Et donc, ils en ont mis deux.

01:37Un francophone, je suis belge donc,

01:39mais comme un travaillant pour un journal français,

01:41et une américaine.

01:43Et c'est ainsi que j'ai pu pénétrer vraiment

01:46au cœur de l'univers Windsor.

01:49Bon, et vous avez rencontré, évidemment,

01:50vous avez échangé,

01:51par exemple avec la reine d'Angleterre, Elisabeth.

01:53Vous avez échangé,

01:53vous avez pu être en tête à tête avec elle

01:55et faire une interview, un entretien,

01:58où à chaque fois,

01:58il y avait du monde autour de vous.

02:00Elle n'a jamais donné d'interview de sa vie.

02:05Néanmoins, quand vous faites partie du Royal Rota,

02:07alors pour les auditeurs,

02:08le Royal Rota,

02:09c'est le groupe des journalistes

02:11officiellement accrédités.

02:12Donc, c'est un sésame qui vous permet

02:14d'assister à tous les événements royaux

02:17et à rencontrer tous les membres

02:19de la famille royale,

02:20même si c'est très balisé,

02:21ce que vous pouvez en faire.

02:22Mais ça vous donne une bonne idée

02:24de qui ils sont.

02:25Donc, la reine Elisabeth II,

02:26je l'ai rencontré très souvent.

02:29Alors, elle m'a chaque fois posé

02:30les mêmes trois questions.

02:32Depuis combien de temps êtes-vous en Angleterre ?

02:35Est-ce que votre famille s'y plaît ?

02:37Et le temps n'est-il pas un gros problème pour vous ?

02:41Alors, je lui ai dit, écoutez...

02:42Le temps, le temps qui...

02:43La météo !

02:44Alors, je lui disais, écoutez, je suis de Belgique,

02:47alors il pleut.

02:48Donc, je ne suis pas des pays.

02:50C'est le temps qui a Paris, de toute façon.

02:51Non, c'est pire.

02:52La Belgique, non.

02:53Elle posait toujours les mêmes questions,

02:55mais une fois, j'ai réussi à la coincer

02:57lors de l'élection présidentielle de 2002 en France.

03:02parce que, donc, je me retrouve face à elle.

03:04Et de nouveau, les trois mêmes questions.

03:06Puis je dis, vous savez, la situation en France

03:07n'est pas très bonne avec Jean-Marie Le Pen au deuxième tour.

03:12Et elle me dit, mais j'espère que les Français vont bien voter.

03:16Et alors, dans le monde, on a fait le lendemain

03:17une manchette en disant,

03:20la reine d'Angleterre soutient Jacques Chirac.

03:22Et le palais était très content.

03:24J'avais bien sûr brisé l'interdit de rapporter ses propos,

03:30mais elle paraissait comme hostile à l'extrême droite.

03:33Marc Roche est avec nous.

03:34Il est biographe, si j'ose dire.

03:37En tout cas, oui, biographe de la famille royale.

03:39Vous avez été de nombreuses années, évidemment, à Londres.

03:41Alors, vous disiez qu'elle n'a jamais accordé le moindre interview.

03:44Moi, j'ai le souvenir d'une émission sur la BBC

03:46où toute la famille royale avait été présentée un soir.

03:50Je ne sais pas si on est dans les années 60 ou 70.

03:52Et j'ai le sentiment que ce jour-là,

03:54elle avait pourquoi pas parlé,

03:56une des rares fois peut-être,

03:57où elle s'était exprimée,

03:58pour moderniser sans doute la monarchie.

04:02Elle n'avait pas parlé.

04:03Elle n'avait rien dit.

04:04Dans cette émission, elle n'avait rien dit.

04:05Dans cette émission, c'est l'émission des années...

04:08D'ailleurs, que la famille royale n'a jamais voulu diffuser à nouveau.

04:13Parce qu'il paraissait tellement guindé.

04:15Et ça a eu l'effet contraire à l'effet obtenu.

04:18Parce que c'était pour la moderniser.

04:20Et en fait, on s'est rendu compte qu'elle vivait dans un autre monde,

04:25un monde du 19e siècle.

04:27Vous diriez que c'est une femme intelligente, très intelligente,

04:30la reine Elisabeth Deir ?

04:32Alors, elle n'a pas fait d'études.

04:33Elle a eu une éducation très sommaire par des précepteurs.

04:36Mais elle a appris sur le tas.

04:40Et donc, elle a rencontré tout le monde.

04:42Et elle a tenu un agenda de ces rencontres.

04:47Malheureusement, c'est versé dans les archives de Windsor.

04:50Et on n'y a pas accès.

04:51Donc, c'est quelqu'un qui a appris sur le tas.

04:53Qui était très, très cosmopolite.

04:55qui aimait bien rencontrer des étrangers.

04:58Et surtout, qui adorait la France et adorait parler français.

05:01Et qui aimait bien notamment François Mitterrand.

05:03Je crois qu'il y avait une connexion parmi tous les chefs d'État qu'elle a connus.

05:08Je mets De Gaulle comme toujours un peu à part.

05:09Mais il y a eu une connexion sans doute avec François Mitterrand.

05:11Écoutez, elle m'a dit, il est très intéressant.

05:14C'est intéressant.

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