Les problèmes de fertilité n’ont rien à voir avec la carrière ? Le collectif BAMP! sensibilise les entreprises sur le soutien qu’elles peuvent apporter aux salarié.es confronté.es à ces problématiques sensibles. On vous explique tout.
00:00Bien dans son job pour parler de l'infertilité au travail.
00:15On se dit, tiens, qu'est-ce que c'est que ça, l'infertilité au travail ?
00:18Est-ce le parcours du combattant de femmes qui cherchent à avoir un enfant
00:23et donc ont parfois des accompagnements médicaux ?
00:25On va en savoir plus avec Maëva Olive.
00:27Bonjour Maëva.
00:28Bonjour.
00:29Ravi de vous accueillir.
00:30Vous êtes membre du collectif BAMP.
00:32Je l'ai bien prononcé ?
00:33Exactement.
00:34Ça veut dire quoi BAMP ?
00:35Alors ça veut dire blog assistance médicale à la procréation.
00:38Parce qu'à l'origine, à la création de l'association,
00:41c'était beaucoup de partage d'informations et donc un blog.
00:44C'est vraiment un sujet qu'on n'a jamais traité depuis 5 ans ou 6 ans que l'émission existe.
00:48C'est un sujet qui concerne combien de femmes ?
00:50Des milliers de femmes qui cherchent à avoir un enfant et qui n'arrivent pas à en avoir.
00:54Et qui vont faire quoi ?
00:55Suivre des fives, des suivis médicaux très lourds.
00:58C'est ça le sujet ?
00:59Alors déjà, premier sujet, ça ne concerne pas que les femmes.
01:02C'est vrai.
01:02Dans l'infertilité, il y a un tiers à cause des femmes, un tiers à cause des hommes et un tiers d'infertilité.
01:06Je n'ai pas dit à cause.
01:07Non mais à cause.
01:08En tout cas, les femmes sont responsables, les hommes et un tiers inexpliqués.
01:13Et aujourd'hui, un couple sur quatre en France est concerné, ce qui est énorme.
01:17Et on le voit très vite, à l'échelle d'une entreprise, ça concerne déjà des milliers de salariés.
01:21Donc ça veut dire qu'une femme qui s'engage dans un processus, c'est long, c'est fatigant, c'est usant pour le couple, puisque parlons des deux, on embarque aussi un couple dans cette histoire.
01:33Et donc ça a un impact dans la vie de l'entreprise.
01:34C'est ça le sujet.
01:35C'est ça. Alors il faut savoir que quand on est dans un parcours d'assistance médicale à la procréation, on a des prises de sang, des examens médicaux, des échographies, des rendez-vous avec son gynécologue, très très régulièrement dans un cycle de fibres.
01:49Et ça, c'est très difficile à anticiper.
01:51Moi, j'ai fait, enfin je suis encore dans un parcours d'AMP, ça fait quatre ans que j'y suis.
01:56Vous avez eu un premier enfant.
01:57J'ai eu un premier enfant, tout s'est bien passé par insémination, mais c'est pour le deuxième que ça s'est corsé.
02:01J'ai multiplié les essais, les ponctions, etc., les transferts, malheureusement, qui se sont soldés que par des échecs.
02:09Donc ça fait quatre ans que je suis dans ce parcours-là et je peux témoigner que c'est très complexe.
02:15Je me retrouvais parfois dans la salle d'attente du gynécologue avec plein de femmes et de couples autour de moi, avec leur ordinateur sur les genoux, qui essaient de travailler, de faire leurs réunions.
02:26Et parfois, voilà, parfois on peut avoir deux, trois heures de retard à un rendez-vous et du coup, ça complexifie complètement l'organisation du travail.
02:33Sujet tabou en entreprise, on ne dit pas, tiens, je vais chez le gynécologue pour faire mon troisième examen.
02:37On ne le dit pas en entreprise.
02:38Alors c'est un sujet tabou dans la société.
02:41C'est pour ça que nous, avec l'association, on fait tout un mois de sensibilisation à la fertilité actuellement.
02:44Mais c'est aussi tabou en entreprise.
02:48Les gens, 59% des gens qui ont répondu à notre étude craignent de le dire.
02:53Alors ils en parlent, mais avec la peur au ventre quelque part, parce qu'ils ont peur d'être discriminés, ils ont peur d'être jugés, ils ont peur d'être isolés quelque part, d'être incompris.
03:03Et donc c'est très complexe à organiser.
03:04Moi, je sais que j'étais anciennement directrice générale adjointe d'une agence de communication, donc plutôt dans un environnement petit entreprise, ouvert, etc.
03:13Et malgré ça, j'ai vécu un parcours complexe et une difficulté à articuler ma vie professionnelle avec ce parcours d'AMP.
03:21Oui, c'est un enjeu d'emploi du temps, même quand ça se passe bien.
03:23Dans l'étude que vous portez chez BAMP, une étude très intéressante, 78% des salariés et EES, on parlait des hommes et des femmes, concernés déclarent un impact significatif sur leur santé mentale.
03:36Donc ça veut dire que non seulement c'est un impact sur l'emploi du temps et sur le boulot, mais c'est aussi un impact sur le mental.
03:41Ça a un impact à tous les niveaux. Vous parlez de la santé mentale, mais il y a aussi la santé physique, la performance, la confiance en soi, sur les relations au travail, un impact financier.
03:52Même si en France, on est plutôt bien lotis avec l'assurance maladie, etc. Il y a tous les à côté, les dépassements d'honoraires, etc.
03:57Et donc, beaucoup nous disent, plus de 50%, que ça a un impact sur leur carrière, c'est-à-dire qu'ils ressentent, ils ont ce sentiment que soit on les met au placard, soit qu'ils n'ont pas l'augmentation attendue,
04:09soit qu'eux-mêmes se freinent parce qu'ils sont dans un parcours et donc ils n'ont pas envie de changer de job parce que c'est très complexe de gérer les deux, ils se réfrennent.
04:16La maternité, c'est déjà compliqué, classique, sans suivi médicaux, sans accompagnement.
04:21Là, vous nous dites que c'est le parcours du combattant.
04:24Il y a quand même, je trouve ça intéressant d'ailleurs, 88% des personnes que vous avez interrogées, des employeurs donc,
04:29qui disent, mais oui, il faut un soutien à la fertilité qui est essentiel pour attirer et fidéliser.
04:34Quand on regarde le sujet en préparant l'émission, je n'ai pas vu grand-chose, moi, dans les entreprises.
04:37Ils disent ça, ils sont conscients.
04:39Ils parlent.
04:39Mais ils n'agissent pas.
04:40On est d'accord.
04:41Il n'y a que 35% des employeurs qui ont répondu à notre étude, qui ont une politique RH ou des mesures de soutien à la fertilité.
04:48Donc, quelque part, il y a un décalage majeur entre les vécus des salariés en parcours d'AMP et l'entreprise.
04:55Et cela, en plus, c'est quand on sait que ces parcours sont tellement complexes que ça génère des arrêts maladie.
05:02Il y a plus de 66% des gens qui ont des arrêts maladie parce qu'il y en a, ils sont en burn-out, santé mentale, santé physique.
05:08C'est très compliqué, une fatigue physique.
05:11Et il y a aussi, un chiffre qui m'a étonnée, 41% des gens qui ont dit qu'ils étaient...
05:16Soit ils avaient quitté leur emploi, soit ils avaient envie de le quitter.
05:18Ça devient un projet de vie quasiment à lui tout seul.
05:20Il n'y a plus de place pour autre chose.
05:22Ce n'est pas que ça.
05:23C'est qu'aujourd'hui, les salariés qui sont dans ces parcours vivent le travail comme un obstacle.
05:28Mais pourquoi ils le vivent comme un obstacle ?
05:30Parce qu'aujourd'hui, justement, les entreprises ne s'engagent pas insuffisamment.
05:34On le voit.
05:35Quand l'entreprise ne s'engage pas, tout de suite, quelque part, elle en subit les conséquences des départs, des burn-out, etc.
05:42Et ça coûte à l'entreprise.
05:43En revanche, une entreprise qui s'engage, tout de suite, on voit une amélioration de la santé mentale des équipes,
05:49une envie de rester dans l'entreprise de la part des salariés.
05:51Donc, ça génère de la fidélisation, de la rétention, de l'attractivité.
05:55Et donc, du coup, les entreprises ont tout intérêt à s'engager sur ces sujets.
05:59Merci, Maëva, de vous engager sur ce sujet.
06:01Bon vent pour cette deuxième aventure que vous attendez.
06:05Je l'espère, en tout cas, et on l'espère tous.
06:07Vous êtes membre du collectif BAMP.
06:09Vous portez cette étude dans les médias.
06:11Et j'imagine que vous faites beaucoup de prosélytisme chez les RH pour leur faire comprendre que c'est un sujet essentiel.
06:17Merci de nous avoir rendu visite.
06:18Et vous reviendrez peut-être nous faire part aussi de l'amélioration de ce sujet au sein des entreprises,
06:22qui est encore un sujet très tabou.
06:24On tourne une page, c'est tout de suite le grand entretien.
06:26Et on accueille le président de PSL Paris Sciences et Lettres, 34e rang au classement de Shanghai.
06:31Ça veut dire quoi quand on préside une telle institution ?
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