- il y a 1 heure
Dans Parlons Femmes, Judith Beller reçoit 🗣️ Laurence Honnorat, autrice du livre 'Hubert Reeves – Tout n’est pas foutu !', aux éditons Télémaque
"Parlons Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Et surtout, nous donnons la parole aux hommes engagés. Oui, ils existent, et il est essentiel de les entendre et de les encourager !
Une émission de Judith Beller.
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/ Nous suivre sur les réseaux sociaux ▪ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel . ▪ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ . ▪ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio ▪ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr Et pour plus de vidéo du Grand Matin Sud Radio : • 🌞 Grand Matin Sud Radio
##DESTIN_DE_FEMMES-2025-11-23##
"Parlons Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Et surtout, nous donnons la parole aux hommes engagés. Oui, ils existent, et il est essentiel de les entendre et de les encourager !
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NewsTranscription
00:00La Caisse d'Épargne-Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes, vous présente
00:05Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
00:09Bonjour, bonjour, Parlons Femmes sur Sud Radio, c'est votre moment de force et d'inspiration au féminin du samedi.
00:15Femme de science et d'engagement, Laurence Honora est présidente de la société Innovaxium, prof à Supélec.
00:22Et puis aussi, vous avez une chaîne YouTube, Laurence, Ideas in Science.
00:27Vous nous venez aujourd'hui avec votre livre « Uber Eaves, tout n'est pas foutu ».
00:31C'est aux éditions Télémac et vous y partagez les dernières réflexions de ce grand astrophysicien
00:36sur la planète, la beauté du vivant, la responsabilité humaine.
00:41Voilà, ce que vous nous dites, c'est que l'avenir reste possible si nous choisissons d'agir.
00:45Bienvenue, Laurence Honora.
00:46Merci.
00:47Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
00:51Parlons Femmes vous pose des questions, Laurence Honora.
00:53La première, quelle femme incarne pour vous le courage sans compromis ?
00:57S'il y en a une.
00:58Ah oui, bien sûr.
01:00Je dirais une astronaute.
01:01Oui.
01:01Et par exemple, Christine Accor, c'est une femme qui a effectué six sorties extravéhiculaires.
01:10Il va falloir nous expliquer ce que c'est.
01:12Alors, elle est partie dans l'espace pour la première fois en 2019.
01:15Et elle y retournait plusieurs fois.
01:18Et là, elle va bientôt partir en février, entre février et avril 26, avec Artemis II, pour aller sur la lune.
01:26Et alors, cette femme, elle me fascine.
01:28Avec Thomas Pesquet, c'est ça ?
01:29Alors, on ne sait pas si Thomas va y aller, j'espère.
01:31C'est lui qui parlait d'aller se promener sur la face cachée et le côté sombre avec une lampe de poche.
01:37C'est une excellente idée.
01:39Et je pense que Christina l'accompagnera.
01:40C'est incroyable, ça.
01:42Et donc, ça veut dire quoi, une sortie extravéhiculaire ?
01:44En l'occurrence, elle est allée réparer des batteries.
01:46Parce que quand on se trouve comme ça, là-haut, on est sur du technique.
01:50Et le technique, bien sûr, ça tombe en panne.
01:52Et avant que ça tombe en panne, ça nécessite de la maintenance.
01:54Donc, cette femme, elle était comme ça, suspendue à un fil, son cordon ombilical, en quelque sorte, dans l'espace, dans le vide.
02:02C'est hallucinant.
02:03C'est hallucinant, je vous le dis.
02:05Pour moi, qui ai le vertige, c'est la vision que tu cauchemars absolue.
02:09Je ne sais même pas si on parle.
02:10Mais en même temps, on ne doit pas avoir le vertige dans l'espace.
02:11Oui, c'est ce que j'allais dire.
02:13Parce qu'on n'a pas de repère, donc je ne sais pas où vous répondre.
02:16Mais en tout cas, voilà.
02:16Quelle est la sensation ?
02:17Ça me fascine.
02:18Oui, c'est fascinant.
02:20Est-ce qu'il y a un nom qui a changé votre vie ?
02:23On sait déjà.
02:24Je vais vous dire Hubert Reeves.
02:26Pourquoi il a changé votre vie, Hubert Reeves ?
02:28Avant Hubert Reeves, je pensais que finalement, tout pourrait avoir une fin.
02:35Qu'on était tous mortels, qu'on avait tous une fin de journée, une fin de carrière, une fin de vie, tout ça.
02:43Et depuis Hubert, j'ai intégré le fait que le hasard, finalement, ait joué un rôle assez important dans la vie,
02:49qu'il entre souvent en scène et que, finalement, on ne sait pas.
02:53Je me dis finalement, je ne sais pas.
02:55Je sais que je ne sais rien.
02:56Un peu, oui.
02:57C'est ça.
02:57En tout cas, je ne sais pas tout.
02:58Plus vous en savez, moins vous en savez, c'est ça.
03:01Plus vous en savez, plus vous voyez l'immensité du savoir.
03:03Alors, oui, dans certaines situations, en tout cas, pour ce qui concerne le cosmos, pour ce qui concerne l'origine de la vie, notre finitude.
03:12Là, effectivement, plus on creuse, plus on parle avec Hubert et plus on se dit, finalement, peut-être qu'il y a quelque chose.
03:19On ne sait pas quoi.
03:19Une intelligence, je ne sais pas laquelle, qui a pu créer cette tellement belle boule bleue que l'on voit quand on est dans l'espace.
03:28Le pale blue dot, notre terre.
03:30Tellement c'est beau.
03:31On se dit que peut-être, on ne sait pas ce que c'est, mais peut-être que c'est quelque chose.
03:34Il nous manque, Hubert Révesin ?
03:35Oui, il nous manque.
03:36Beaucoup en ce moment.
03:37Peut-être encore plus après.
03:38J'espère pas.
03:39Mais en tout cas, il nous manque beaucoup.
03:41Oui, c'est une constante.
03:42Est-ce qu'il y a un compliment qu'on fait aux femmes en général, Laurence Honora, qui vous exaspère ?
03:48Un compliment ? Alors ça, c'est plutôt positif, mais qui m'exaspère ?
03:53Oui, quelque chose qui pourrait avoir trait à l'apparence.
03:59Par exemple, si on dit, oh là là, qu'est-ce que tu es jolie quand tu souris.
04:04Moi, j'aime bien, qu'est-ce que tu es jolie tout court.
04:07Je suis d'accord.
04:07Ou alors, qu'est-ce que tu es forte quand tu nous fais telle démonstration.
04:11On pourrait aussi vous dire, tu es belle quand tu fais la gueule.
04:13Oui, ça, ça me plairait beaucoup plus.
04:16Est-ce qu'être une femme, ça a ajouté quelque chose à votre caractère ?
04:22À mon caractère.
04:23Alors moi, je suis une enthousiaste.
04:25Ça, c'est clair.
04:26Et une enthousiaste exigeante, on va dire.
04:28J'aime bien la beauté.
04:29J'aime bien aussi l'exactitude.
04:31Alors, si je n'avais pas été une femme, est-ce que j'aurais été différente ?
04:34Honnêtement, je n'ai pas la réponse.
04:36Peut-être.
04:37C'est peut-être pas une histoire de genre, finalement.
04:39Pour moi, je ne pense pas.
04:40Mais peut-être pour certaines personnes.
04:42En tout cas, moi, je ne ressens pas comme ça.
04:44Si vous pouviez offrir un super pouvoir aux femmes dans le monde ?
04:48À se téléporter.
04:50Oui, la téléportation.
04:52Le don de l'ubiquité ?
04:52En tout cas, la téléportation.
04:54Il y a quelque chose qui ne leur plaît pas.
04:56Hop, elles ne sont plus là, déjà.
04:57Ah, c'est pas mal pour la protection.
04:59Ça joue très bien.
05:00Oui, c'est quelque chose d'instantané.
05:01Oui, je suis d'accord.
05:02Même psychologiquement.
05:03Ça réglerait pas mal de problèmes.
05:04Oui, c'est ça.
05:05Selon vous, le rançonnera, le patriarcat, ça se combat ou ça se contourne ?
05:10Ça n'existe pas pour moi.
05:11D'accord.
05:11C'est une légende.
05:12J'espère que c'est devenu une légende.
05:14Ça n'a tellement pas de sens.
05:16J'espère que ça va le devenir en tout cas.
05:16Peut-être dans votre milieu.
05:18J'espère que ça va devenir en tout cas une légende.
05:20Parce que ça n'a tellement aucun fondement.
05:22Aucun fondement.
05:23Pourtant, c'est là depuis...
05:24Oui, je sais, je sais.
05:25Mais depuis 1960, quelque chose, ça va déjà beaucoup mieux.
05:29Dans l'ouvrage d'Hubert, je parle à un moment de la période de 1960, par là,
05:34où les femmes ne pouvaient même pas signer un contrat.
05:38Un chèque.
05:39Oui, c'est ça.
05:40Un compte en banque.
05:41Exactement.
05:41Trouver un travail, signer un contrat de travail.
05:44Sans l'autorisation du mari.
05:45Exactement.
05:45Acheter un bien immobilier, c'était même pas la peine d'imaginer.
05:50Valait mieux ne pas se marier.
05:51Oui, c'est ça.
05:51Et encore, je ne sais pas si ça change les choses.
05:53Je ne sais pas comment ça fonctionnait.
05:56Allez, ça fait deux ans qu'il a disparu, Hubert Reeves.
05:59Je rappelle votre livre, Hubert Reeves.
06:00Tout n'est pas foutu.
06:01C'est un ouvrage vraiment humain, lumineux.
06:03C'est à son image, quoi.
06:04Merci, c'est ce que j'ai essayé de faire.
06:06Alors moi, je l'ai un peu connu.
06:08Donc, je l'ai retrouvé.
06:09Ah, merci.
06:10On entend son accent.
06:12Oui, ça, c'est un incontournable.
06:14On ne peut pas parler d'Hubert sans parler de la voix d'Hubert qui roulait les airs, comme ça.
06:19Alors, on peut dire à la manière d'un bourguignon, si on veut rester français,
06:22ou bien sûr, à la manière d'un Québécois.
06:25Une voix qu'on aurait reconnue parmi tant d'autres et qui faisait qu'on avait vraiment plaisir à l'écouter.
06:30C'était un grand conteur.
06:31Comment vous pensez qu'il réagirait s'il avait votre livre dans les mains ?
06:35Alors, un ami qui est un ami commun, l'astronaute Jean-François Clairvoy.
06:40Je reviens sur les astronautes.
06:41Mais un monsieur, c'est toi.
06:42J'adore parler d'étoiles et d'espace, ça me va très bien.
06:44Jean-François Clairvoy m'a dit, très récemment, un message qu'il m'a envoyé, je crois que c'était avant-hier.
06:51Il m'a dit, tu sais, si Hubert avait ton livre dans les mains, il ferait des millions de sourires et il pleurerait parce que c'est trop beau.
06:59Et voilà, il m'a dit qu'il serait tellement content.
07:00C'est très émouvant.
07:01J'espère que c'est ça.
07:02C'est vraiment, ça marche.
07:03C'est vrai.
07:04C'est à la fois un portrait intime de lui, c'est aussi un testament spirituel un peu.
07:11Oui.
07:12Et puis c'est une leçon d'espérance, c'est ça qu'il nous disait toujours, c'était d'espérer quoi.
07:17Oui.
07:17Que en fait, rien ne s'arrête.
07:20Vous n'avez rien à ajouter là ?
07:22Je vous vois.
07:22C'est un peu suspendu en fait comme phrase.
07:25Oui, c'est un assemblage.
07:27Et en fait, ce que j'ai voulu de ce portrait, c'est que ce soit un portrait polyphonique.
07:31Parce qu'Hubert n'était pas seulement un scientifique.
07:33Bien sûr.
07:33Il était...
07:34C'est un poète.
07:35C'était incroyable la diversité.
07:37Il aimait les plantes.
07:38Oui, complètement.
07:39Et alors, pour cette œuvre polyphonique, pour qu'elle soit rendue dans son état,
07:43j'ai pris le parti d'interviewer des personnes qui l'ont aimée, qui l'ont connue, plus ou moins d'ailleurs.
07:48Des personnes de son âge, des personnes toutes jeunes aussi.
07:53Et j'ai pu avoir une vision comme ça, qu'il le décrit du plus près, le plus près possible, le plus près possible, le mieux possible.
08:01Je ne voulais pas que ce soit ma seule vision.
08:03C'était tellement restrictif, même si je l'ai bien connue.
08:06Alors, ce titre, tout n'est pas foutu, ça vient de sa phrase.
08:09Il disait, lui, tant qu'il y aura des êtres humains pour aimer, réfléchir et s'émerveiller, tout n'est pas foutu.
08:14Aussi.
08:15Alors, foutu, c'est un mot familier direct populaire.
08:18Mais finalement, c'est aussi ce qui exprime le point à la ligne, en fait, j'ai envie de dire.
08:24À l'ouverture, c'est-à-dire le départ d'autre chose, quoi.
08:26Oui, d'abord, c'est le point d'exclamation.
08:28C'est, ah, tout n'est pas foutu, allez, on y va.
08:31Et on apprend en marchant.
08:33En fait, Hubert parlait souvent du putain de facteur humain.
08:36Et ce putain de facteur humain, pour le résumer, c'est le titre d'un de ses livres.
08:40C'est un titre qui est, là où croit le péril, croit aussi ce qui sauve.
08:45Et c'était un verre emprunté d'un poète qui s'appelle Heure de Laine.
08:49Et Hubert se disait, l'homme, il a été intelligent jusqu'à fabriquer la bombe nucléaire.
08:56Il a eu ce génie d'arriver à cette conception technique, quand même relativement poussée.
09:01Et il ne peut pas continuer dans ce sens et détruire cette belle planète sur laquelle il est assis.
09:06Alors, il va avoir l'intelligence d'aller au-delà et de se dire, c'est son, tout cela.
09:12Et il parle de putain de facteur humain, parce que c'est quelque chose qui est en nous.
09:16Bah, dans la période actuelle, quand on entend parler, il y a quelques semaines, de M. Trump
09:21qui recommence les essais, parce qu'il dit que les autres l'en font, et puis que la Russie, elle s'y remet, etc.
09:26C'est un peu flippant, quand même.
09:28On se dit que là, vraiment, je répète, on aurait besoin de lui.
09:31Oui, en tout cas, si vous voulez parler de Trump, il y a plein d'essais qu'il fait,
09:33qu'il faudrait vraiment ne pas jamais essayer, ne jamais tenter ou retenter.
09:39Mais Hubert serait fou, fou de rage.
09:42Ça, c'est clair, j'en suis absolument certaine.
09:44Il l'était déjà, il y a quelques années, mais il ne pensait pas que ça recommencerait.
09:47Si on avait dû lui poser la question, il penserait que c'était un point, justement.
09:50Et pas trois petits points.
09:51Donc, il arriverait à trouver, quand même, de la positivité dans tout ça ?
09:58Il arrive toujours.
09:59Il arrivait toujours à trouver quelque chose de positif.
10:01Il se disait, en l'homme, il y a des, on va dire, des défauts, des choses qui sont vraiment à oublier, à chasser.
10:09Mais quelque part, il ne faut pas punir, il faut être tolérant.
10:14Et il faut se dire qu'avec de la joie, de l'émerveillement, du positif,
10:19on peut toujours arriver à trouver une issue, même dans des situations qu'on peut qualifier comme terribles.
10:23L'inextricable, oui.
10:24Oui, complètement.
10:26Alors, je disais un testament spirituel tout à l'heure, parce que ce n'est pas qu'une biographie classique.
10:29C'est vraiment une transmission.
10:31Vous voulez continuer à le faire parler, quoi ?
10:33Alors, en fait, il continue déjà de parler.
10:35Il nous a laissé un héritage absolument fantastique, une quarantaine de livres.
10:40Tout autant, même certainement plus d'enregistrements vidéo, de conférences qu'il a faites.
10:44Absolument incroyable.
10:45Et puis, les jeunes prennent la parole.
10:47Il y a beaucoup d'astrophysiciennes et d'astrophysiciens qui le sont,
10:51parce que, quand ils étaient plus jeunes, ils ont lu Patience dans l'azur,
10:55ils ont lu Poussière d'étoile, et à partir de ce moment-là, ils ont voulu devenir comme Hubert.
10:59Et ils le sont devenus comme Hubert.
11:01Et alors, ils essaient aussi d'imiter, parce que c'est tellement réussi,
11:05sa façon de transmettre, de transmettre la science,
11:09mais de transmettre en général aux générations qui viennent.
11:11Donc, la voix d'Hubert continue de porter.
11:13Et de façon très symbolique, on a des lieux,
11:16comme par exemple la bibliothèque de l'Université de Montréal,
11:20qui a donné son nom à Hubert.
11:21De nombreux lieux comme ça, qui veulent faire perdurer son nom, bien sûr,
11:26mais que son message d'espoir, toujours, et de, on va dire, de posture de vie,
11:32de façon d'être, puisse se propager et grandir.
11:36Et c'est créer son immortalité, Hubert Reeves ?
11:38Je pense, les autres s'en occupent.
11:41Les autres s'en occupent maintenant.
11:43Parlons Femmes revient sur Sud Radio,
11:44avec la présidente de la société Innovaxium,
11:46prof à Supélec, Laurence Honora,
11:49et son livre « Hubert Reeves, tout n'est pas foutu » aux éditions Télémac.
11:52Vous restez avec nous sur Toi, tout de suite.
11:54La Caisse d'épargne-Île-de-France,
11:56fière de soutenir toutes les femmes,
11:58vous présente Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
12:02Parlons Femmes sur Sud Radio et Parlons Vrai,
12:04avec Laurence Honora,
12:06qui est présidente de la société Innovaxium,
12:08Innovaxium, pardonnez-moi, prof à Supélec.
12:11Vous avez aussi, Laurence, une chaîne YouTube,
12:13Ideas in Science.
12:15Et vous nous venez avec votre livre « Hubert Reeves, tout n'est pas foutu ».
12:19C'est aux éditions Télémac, et je le recommande.
12:21Pour vous rappeler qui c'était, Hubert Reeves,
12:22c'était un grand astrophysicien qui a fait rêver plus d'une génération,
12:26et qui nous a donné de l'espoir à tous,
12:28même dans les moments les plus difficiles, les plus sombres.
12:31Avant de continuer sur lui, Laurence,
12:33je vais quand même vous parler de votre métier,
12:34parce que vous êtes ingénieure, et c'est pas rien,
12:36quand on est une femme aujourd'hui,
12:38puisqu'on en entend beaucoup parler,
12:40il y a un vrai manque de jeunes filles
12:42qui se lancent dans cette voie,
12:44peut-être parfois par sentiment d'imposture,
12:46parce qu'on ne leur montre pas le chemin,
12:48que ce soit vers l'ingénierie, ou d'ailleurs l'astrophysique,
12:50ou quel que soit d'ailleurs le sujet.
12:52Il y a un vrai sujet là-dessus.
12:54Comment ça se fait ?
12:55Est-ce que vous pensez que c'est en train d'évoluer ?
12:58Comment il faut faire pour donner envie aussi
13:00aux jeunes filles de s'orienter dans ces carrières-là ?
13:03Alors moi je ne suis pas ingénieure,
13:04je reprends là-dessus, mais par contre j'ai fait des sciences,
13:07j'ai appris les sciences physiques,
13:10j'ai commencé par faire des mathématiques,
13:11mais je n'ai pas le titre d'ingénieure.
13:12Cela dit, j'ai toujours travaillé par contre avec des ingénieurs.
13:16Pourquoi j'ai vu partout sur le web que vous êtes ingénieure ?
13:18Je ne sais pas, il faut corriger.
13:21Il va falloir corriger le web.
13:23Il va falloir corriger le web.
13:25Mais en tout cas, peut-être que vous avez vu que je donnais des cours
13:28aux élèves de Centrale Supélec qui eux-mêmes sont ingénieurs.
13:31C'est peut-être comme ça.
13:32Dans tous les cas, moi j'ai l'impression qu'au départ,
13:35les filles ne sont pas attirées par la science.
13:38Moi je me souviens, après mon baccalauréat à l'université,
13:43on avait peut-être 5% de l'effectif qui était un effectif féminin.
13:47Mais je vous parle de ça, ça ne fait pas un demi-siècle,
13:50mais ça fait 30 ans, donc ça fait très longtemps.
13:52Les choses, bien heureusement, ont changé,
13:54mais pas suffisamment pour arriver à la parité.
13:56Donc si on retourne sur notre affaire d'astronautes,
13:59puisque je parlais des femmes astronautes,
14:00vers les années 1990 à peu près, c'était un peu la catastrophe.
14:05On avait moins de 10% de femmes qui étaient astronautes.
14:07Là, on en a une centaine qui sont, à peu près 100,
14:12qui sont allées dans l'espace,
14:13contre 500 et quelques hommes allés dans l'espace.
14:17Mais là maintenant, les équipages qui viennent
14:19sont des équipages où on a pratiquement tout le temps la parité.
14:22Ça c'est sympa.
14:23C'est une très bonne nouvelle,
14:25et ça va continuer dans ce sens, je l'espère.
14:27En tout cas, je crois que les femmes, au départ,
14:29elles ne se dirigent pas spontanément vers les sciences.
14:36Et je pense que c'est vraiment une question d'éducation
14:38quand elles sont toutes petites,
14:40parce qu'on leur donne à penser que,
14:42finalement, il y a des choses qui sont pour les garçons
14:44et des choses qui sont pour les filles,
14:45ce qui est complètement absurde,
14:47mais vraiment totalement.
14:48Il n'y a aucune distinction à faire dans les goûts, les couleurs.
14:52Et je crois que c'est vraiment cette base qu'on leur donne,
14:54en tout cas en France.
14:56Parce que ce n'est pas partout comme ça, fort heureusement.
14:58C'est moins vrai dans les pays anglo-saxons.
15:00Exactement.
15:01Et également, c'est moins vrai côté Asie.
15:05Oui, c'est ça.
15:06Donc j'espère que ça va cesser,
15:07parce que ça n'a vraiment tellement pas de sens.
15:10Finalement, pour revenir sur la rive,
15:11c'est un homme total.
15:14Allons-y.
15:15C'est vraiment.
15:16Allons-y.
15:17C'était un grand, il faut le dire,
15:19un grand astrophysicien
15:21qui a fait une thèse en astrophysique nucléaire.
15:25Donc c'est quand même pas rien.
15:27Il a vraiment fait avancer la science.
15:31Notamment dans le domaine de la nucléosynthèse primordiale.
15:33Qu'est-ce que c'est la nucléosynthèse primordiale ?
15:35Alors, on va dire, pour simplifier,
15:37il nous a aidé à comprendre
15:38comment ça s'est passé au tout premier instant de l'univers.
15:41Et comment ça continue de se passer un peu après.
15:44On va résumer comme ça.
15:45Et il aime bien reprendre l'expression de Carl Sagan,
15:48nous sommes tous des poussières d'étoiles.
15:50Et ça va très très bien avec ses recherches,
15:52cette phrase-là.
15:54Et c'est de la poésie aussi.
15:55Exactement.
15:56Donc en fait, il a toujours été aussi poète,
15:58avec sa cousine préférée de 7 mois à 5, cadette.
16:02On ne peut pas ne pas la citer, Madeleine Caron.
16:04Bien sûr.
16:04Ils écoutaient de la musique toujours.
16:06Et puis, ils lisaient du Paul-Héluard.
16:08Ils adoraient.
16:09Et ils adoraient vraiment la poésie, tous les deux.
16:11Si bien que Madeleine était persuadée qu'il n'allait pas faire de science.
16:15Qu'il allait se diriger vers la philosophie, vers la musique,
16:18vers quelque chose qui n'avait rien à voir avec les sciences dures.
16:22Voilà.
16:22Mais bon, les mathématiques, il en était vraiment amoureux.
16:25Il était très fort en mathématiques, Hubert.
16:27Et c'est ça qui l'a apporté et qui l'a amené à faire de l'astrophysique
16:33plutôt que de la botanique.
16:34Parce qu'il adorait ça aussi.
16:35Il adorait la botanique aussi.
16:36Il avait une maison incroyable à Malicorne,
16:39où il y avait des rencontres de gens qui venaient comme ça.
16:42Et où effectivement, on parlait d'étoiles de poésie et de botanique.
16:45C'est ça.
16:46C'est ça.
16:47Et il avait été initié très tôt par le père Louis-Marie,
16:50qui était, disons, un très très bon ami de sa maman.
16:54Même peut-être bien au-delà.
16:56D'après quelques témoignages.
16:58Si bien que Hubert, pendant longtemps, a pensé qu'il était à espérer, on va dire.
17:04Qu'il était fils de prêtre.
17:05Oui, mais qu'il était le fils du père Louis-Marie.
17:09Il adore.
17:10Mais vraiment, vraiment.
17:12Et il était avec sa petite loupe, le père Louis-Marie.
17:14Il se promenait dans la forêt avec Hubert.
17:17Il lui montrait les petites plantes, les petites bêtes,
17:20tout ce qu'on pouvait voir.
17:21Hubert était complètement fasciné.
17:22Et durant des années, toujours, il n'a eu de cesse de planter des fleurs,
17:27de planter des arbres.
17:28Il savait que ces arbres qu'il plantait, magnifiques, géants,
17:31allaient lui...
17:33Aller vivre au-delà de sa propre existence.
17:36Donc, une sorte de prolongement.
17:37Certaines chaînes qui vont jusqu'à Milan, facile.
17:39Oui, c'est ça.
17:40Et il en a dans sa maison de malicorne, justement.
17:44Alors, ce que vous mettez en lumière, Laurence Honora,
17:46c'est aussi cette idée que la beauté du monde,
17:48c'est un moteur d'engagement, quoi.
17:50Complètement.
17:51La beauté en général.
17:53Oui, c'est une source d'énergie.
17:55Je pense qu'on a besoin, vraiment, tous,
17:57de puiser de l'énergie quelque part.
17:59C'est une forme de résistance, quoi.
18:01L'émerveillement, en fait.
18:02Oui, c'est une forme aussi de retour à notre fragilité.
18:08Parce que quand on s'émerveille,
18:09c'est parce qu'on est fragile.
18:10Quand on regarde la Terre vue du ciel,
18:12il y a certains astronautes, dont Jean-François Plerévoix,
18:14qui en pleurent.
18:15Parce que tellement c'est beau.
18:17Et ça nous ramène à nos propres racines.
18:19Parce qu'il n'y a pas de plan B, en fait.
18:21On est sur cette planète.
18:22On est vraiment censé y rester.
18:24On va certainement le faire.
18:26Et nos racines, elles sont profondément terriennes, terrestres.
18:29Finalement, on n'a pas à être inquiet pour la Terre.
18:30On est inquiets un peu pour l'humanité en ce moment.
18:32Parce que la Terre, elle va nous perdre.
18:34Elle va rester là, quoi.
18:35Ah, mais complètement.
18:36Si on disparaît complètement,
18:37la Terre se portera bien mieux, d'ailleurs.
18:39C'est ça.
18:40Complètement.
18:41C'est très étonnant.
18:42C'est pour l'humanité qu'on s'inquiète.
18:43Finalement, on a l'humanité.
18:44Oui, bien sûr, le problème.
18:47Pour rebondir sur ce que vous disiez
18:48sur cet astronaute qui pleure en regardant la boule bleue,
18:52Reeves, il disait aussi que la contemplation des étoiles
18:54nous aide à mieux aimer la Terre.
18:55C'est toujours la même chose.
18:57C'est-à-dire découvrir la beauté et regarder en l'air,
18:59ça nous permet de savoir qu'on est bien là où on est, quoi.
19:02Oui, et puis ça ouvre une porte aux rêves.
19:06Hubert aimait dire
19:08« Les salles de concert sont mes églises ».
19:11Il avait besoin du ciel pour rêver.
19:14Et sitôt qu'il n'arrivait plus à voir
19:15au-delà de l'horizon observable,
19:18parce qu'à un moment donné, on n'y voit plus,
19:19nos yeux, nos télescopes,
19:21tous les moyens techniques dont on dispose
19:22ne sont pas forcément à la hauteur de ce qu'on attend,
19:25en tout cas de notre imagination,
19:26de notre rêve, de nos interrogations.
19:28Et donc Hubert, ce qu'il faisait,
19:30c'est qu'il écoutait de la musique.
19:31Et il se réfugiait là-dedans,
19:33et ça lui permettait de voir au-delà.
19:35Et le ciel, quand il le regardait,
19:37il aimait bien écouter aussi de la musique,
19:39ça le faisait rêver,
19:41au-delà des aspects évidemment complètement scientifiques.
19:44C'était une autre porte pour lui.
19:45Ce qui est très intéressant dans ce que vous nous dites,
19:47et dans ce qu'il disait lui-même,
19:48c'est que finalement, on est détenteur de nos destins,
19:51c'est-à-dire que la connaissance, la coopération humaine,
19:52ça peut inverser la tendance
19:54un peu catastrophique où on est en ce moment, on peut le dire.
19:57Complètement, parce que savoir, c'est comprendre.
20:00Comprendre, c'est être en mesure de prendre des décisions,
20:02de ne pas être suiveur,
20:03mais d'être à l'initiative de ce qu'on pense être plus dans le bon sens,
20:08on va dire, d'une manière générale.
20:10Et puis l'esprit critique.
20:12Hubert n'était pas du tout un battant,
20:15au sens où il détestait l'agressivité.
20:17Mais vraiment.
20:18Donc il détestait aussi la controverse.
20:20Mais par contre, il faisait vraiment l'apologie de l'esprit critique.
20:25C'est un enseigné.
20:25Oui, parce qu'on a le droit de ne pas être d'accord aussi.
20:27Mais c'est d'ailleurs...
20:28C'est même recommandé.
20:29Complètement.
20:30Le débat.
20:30Le débat constructif, sans hurlement, etc.
20:33C'est ça, le débat, le vrai débat.
20:35Parce qu'aujourd'hui, c'est compliqué aussi.
20:38Le livre s'achève sur une note de continuité, finalement.
20:41Alors, il y a des témoignages,
20:42Jean Houdouz, Jean-Pierre Luminelle,
20:43Michel Tonini, il y a sa famille aussi,
20:45qui rappelle que son influence,
20:47elle va traverser les générations.
20:48C'est aussi ça que vous voulez nous transmettre,
20:51vous, Laurence.
20:52C'est que la science, elle n'est pas froide,
20:54elle n'est pas détachée,
20:55elle fait partie de nous.
20:56Et en fait, ça peut perdurer comme ça.
20:59C'est une parole qui peut traverser des générations.
21:02Encore beaucoup de générations.
21:03Oui.
21:04Déjà, vraiment,
21:06avoir à l'esprit que la science,
21:08elle n'est jamais définitive.
21:10Comme j'aimerais bien dire,
21:11rien n'est définitif, en fait.
21:13Et on ne doit pas attendre de la science des réponses.
21:16On doit attendre de la science,
21:17effectivement des réponses,
21:18mais des réponses précaires.
21:20On a surtout à attendre de la science des questions,
21:22des questions nouvelles.
21:23Mais pour ce qu'on a compris,
21:24la science est rassurante,
21:25elle est belle.
21:26Il ne faut pas être exigeant trop par rapport à la science.
21:29La science n'est pas la vérité.
21:30La science, c'est ce que l'on sait,
21:32ce que les équations nous permettent de comprendre,
21:34de tenter.
21:34Mais c'est un éternel recommencement,
21:37renouvellement.
21:38C'est une grande ouverture, la science.
21:40Et ça permet vraiment de s'aimer aussi.
21:44Parce qu'on n'est pas dans une discussion sans contenu, en fait.
21:49Bien sûr.
21:49On a des bases,
21:50et à partir de ces bases,
21:51on peut s'exprimer et prendre des décisions éclairées.
21:54Finalement, vous êtes une passeuse,
21:56dans Sonora.
21:58Alors, d'énergie d'abord.
22:00D'énergie, d'intensité.
22:02Et puis, je crois que comme Hubert,
22:05c'est un panquement que nous avions.
22:06J'aime la vie.
22:08Quand vous allez parler à vos élèves,
22:12c'est quoi la première chose que vous avez envie qu'ils retiennent ?
22:15Et ça sera la question de la fin.
22:16Ce que me dit le docteur Xavier Manuelli,
22:18qui est aussi un ami,
22:20c'est...
22:21Allez, on y va.
22:23Eh bien, alors allons-y.
22:25Merci beaucoup.
22:25Allons-y.
22:26Merci.
22:26Merci beaucoup, Laurence Honora.
22:29Ça fait rêver les étoiles.
22:31Eh bien, il faut continuer à rêver.
22:32C'est ça, le message aussi.
22:34Votre livre,
22:35Uber Eats, tout n'est pas foutu.
22:36Il est sorti aux éditions Télémaque.
22:38Je le recommande.
22:39Vraiment, découvrez Uber Eats,
22:40si vous ne connaissez pas.
22:42Ça fait du bien.
22:43Et puis, ça donne de la perspective.
22:45Parlons Femmes sur Sud Radio, c'est terminé.
22:46On se retrouve samedi prochain à 13h30.
22:49Et puis demain, n'oubliez pas,
22:4919h pour cet excellent.
22:51Merci à Juju Delmas à la réalisation.
22:53Et puis moi, je vous embrasse.
22:54Bye bye.
22:54Sud Radio, Parlons Femmes,
22:57Judith Belair,
22:59avec la Caisse d'épargne Ile-de-France,
23:01fière de soutenir toutes les femmes.
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