00:00Le focus ce matin sur les avancées en matière de cancer de la prostate.
00:03Chaque année, environ 1,4 million d'hommes dans le monde sont diagnostiqués avec un cancer.
00:07Environ 10 à 20% développent une forme avancée dans les 5 ans.
00:10Notre invité, c'est Jean-Yves Bonnefoy. Bonjour, vous êtes le président cofondateur de Sandivia.
00:15Vous avez signé un partenariat avec le laboratoire britannique GSK
00:18autour d'un candidat médicament qui est encore au stade clinique.
00:22Vous avez développé une nouvelle génération de conjugués anticorps médicaments,
00:26un ADC dans le jargon. Expliquez-nous comment ça fonctionne
00:29et quels sont les espoirs ?
00:31Merci pour l'invitation tout d'abord.
00:32On n'est pas au stade clinique, on est au stade pré-clinique.
00:36C'est avant le démarrage de la clinique, c'est important de noter.
00:40On travaille sur des nouvelles approches thérapeutiques
00:43qui existent depuis à peu près une dizaine d'années
00:44et qui combinent deux classes thérapeutiques qui étaient déjà découvertes
00:50et qui étaient en mesure de traiter différents types de cancers.
00:53C'est à la fois la chimiothérapie que tout le monde connaît
00:56qui fait partie de l'arsenal thérapeutique de tous patients
00:59qui est déclaré avec un cancer et qui montre une efficacité,
01:02mais qui montre une toxicité parce qu'elle n'est pas ciblée
01:05sur uniquement les cellules tumorales.
01:07Ensuite, c'est l'immunothérapie.
01:08L'immunothérapie notamment basée sur l'utilisation d'anticorps
01:12et ces anticorps ont montré de façon intrinsèque
01:16qu'ils étaient capables d'avoir des propriétés antitumorales,
01:19mais ils ont une capacité à aller cibler la cellule tumorale
01:24comme un GPS si vous voulez.
01:26Et donc, ça a consisté, c'est conjugué médicament,
01:30à associer la chimiothérapie qui est non sélective
01:33et qui est potentiellement toxique à l'immunothérapie
01:36qui elle est sélective de la tumeur
01:39et de les associer en greffant littéralement
01:43la molécule chimique sur la molécule de l'anticorps.
01:46C'est ce qu'on appelle, dans notre jargon,
01:48un ADC, un Antibody Drug Conjugate.
01:50C'est un médicament.
01:51Ah voilà, c'est ça, ce que j'allais vous demander.
01:53C'est-à-dire qu'on prend ça, c'est comme une gélule
01:55et ensuite on a cette espèce de missile à tête chercheuse
01:58qui va identifier les cellules cancéreuses
02:00et qui va délivrer une dose de toxines, de médicaments,
02:04qui va détruire la cellule de l'intérieur.
02:05C'est ça le principe ?
02:06C'est exactement ça le principe, sauf que, pour être précis,
02:09on ne peut pas, pour l'instant, prendre sous forme de gélules.
02:11On le prend par injection, en part entérale,
02:14soit, la plupart du temps, par voie intraveineuse,
02:17comme la plupart des chimiothérapies,
02:19comme beaucoup de traitements anticorps,
02:21pas encore par la voie orale.
02:23Et il y a les mêmes effets secondaires que la chimiothérapie ?
02:25Parce que c'est ça l'un des inconvénients, entre guillemets,
02:27de la chimiothérapie, mais c'est incroyablement efficace,
02:29mais les effets secondaires sont terribles souvent.
02:31Exactement.
02:31Non, le fait de pouvoir emporter le produit cytotoxique
02:35uniquement vers la tumeur
02:37fait que vous n'aurez pas d'effet secondaire toxique
02:41sur les cellules normales
02:43qui sont observées normalement juste avec la chimiothérapie.
02:46Ce qui fait un changement majeur pour le patient ?
02:48Évidemment, pour la qualité de vie,
02:49puis aussi sur ce qu'on appelle l'index thérapeutique,
02:52c'est-à-dire que souvent, on est limité par la dose
02:54qu'on peut administrer à un patient
02:56parce que les effets secondaires sont trop importants.
03:00Là, on va pouvoir, grâce à cette nouvelle classe de médicaments,
03:03on va pouvoir augmenter cette dose-là
03:05et donc accroître à cet index thérapeutique
03:08une bonne efficacité sans en avoir les effets secondaires,
03:12ou moins, en tout cas.
03:13Donc, vous en êtes au stade pré-clinique.
03:16Qu'est-ce que va vous apporter GSK dans ce développement ?
03:19En fait, ils vont apporter toutes leurs compétences,
03:21toutes leurs forces de frappe en termes de compétences en développement,
03:27ce qui va permettre très rapidement, on l'espère,
03:30de démontrer que ce que nous avons vu avant la clinique
03:32se translate chez l'homme.
03:35Donc, l'efficacité, la diminution de la toxicité.
03:39Est-ce que c'est vrai également chez l'homme ?
03:41Parce que vous savez, il faut être humble dans ce métier-là.
03:43Il y a beaucoup de choses qui marchent avant l'homme.
03:44Quand on arrive chez l'homme, il y en a beaucoup moins qui marchent.
03:47Là, on a des effets que, pour l'instant,
03:50personne n'a pu encore observer
03:52grâce à la technologie qu'on a développée dans la société,
03:55qui est une technologie, si je peux l'aborder en deux mots,
03:59c'est vraiment, on agit à deux niveaux, si vous voulez,
04:01c'est l'endroit précis où on met le cytotoxique sur l'anticorps.
04:06On ne le met pas n'importe où,
04:07on sait exactement où on le met,
04:09et on le met dans une région qui ne touche pas l'activité de l'anticorps.
04:12Ça veut dire qu'on garde l'activité intrinsèque de l'anticorps.
04:14Et ensuite, on peut contrôler de façon précise
04:16la quantité de molécules cytotoxiques
04:19qu'on va mettre par molécule d'anticorps.
04:21Et ça, c'est extrêmement important.
04:22Et la conséquence de cela,
04:25c'est qu'on a un index thérapeutique qui est extrêmement important.
04:28Et on peut mettre des doses d'ADC
04:30qui sont équivalentes aux doses d'anticorps thérapeutiques
04:33sans en avoir la toxicité.
04:35C'est hyper prometteur, évidemment.
04:37Et c'est vrai qu'on a toutes les semaines des start-up et des biothèques
04:40qui viennent nous parler de lutte contre le cancer.
04:42On a les ADC, on a l'immunothérapie,
04:44on a les vaccins contre le cancer.
04:46Toutes ces technologies, elles sont complémentaires
04:48ou elles sont concurrentes ?
04:49Parce qu'à un moment, il y a les systèmes de santé
04:50qui vont devoir aussi arbitrer, faire des choix.
04:52Ça coûte cher, tout ça.
04:53On va choisir à la fin laquelle est la plus efficace en définitive ?
04:57Absolument.
04:57En fait, il faut considérer que chaque approche
05:00a un mécanisme d'action qui est différent,
05:02qui est souvent complémentaire,
05:04qu'une maladie aussi grave et aussi chronique
05:07qu'est le cancer,
05:08il faut l'aborder par différentes approches.
05:12Et donc, la combinaison, c'est le maître mot, en fait.
05:15Et c'est ça que cette nouvelle technologie offre.
05:18Et on espère que, justement, ça va se traduire
05:21par meilleure qualité de vie, avec son cancer néanmoins,
05:24et peut-être, dans certains cas, curatif.
05:26Mais là, pour l'instant, c'est encore un vrai challenge.
05:28Merci beaucoup, Jean-Yves Bonnefoy,
05:29d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.
05:32Pour aller de Saint-Divier.
05:33Merci.