- il y a 9 heures
L'océan absorbe environ 25% du CO2 émis dans l'atmosphère. Alors qu'il atténue le changement climatique, l'océan s'acidifie. Son équilibre chimique est crucial pour la vie des phytoplanctons, première brique de la vie sur Terre. Alors que les émissions de CO2 augmentent, cet équilibre est bousculé.
Retrouvez "La terre au carré" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre
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00:00Musique
00:00Aujourd'hui, acidification des océans, une nouvelle limite franchie, racontée par
00:23Sabrina Speich, océanographe physicienne, professeure à l'école normale supérieure
00:28et Laurent Boppe, océanographe et climatologue au CNRS
00:30Au tournant des années 2000, une question a commencé à hanter les scientifiques qui étudiaient le système Terre
00:45et si l'humanité avait déjà franchi les limites de ce que la planète pouvait encaisser
00:49Pendant des décennies, nous avons observé les signes du dérèglement climatique, l'effondrement de la biodiversité,
00:55l'épuisement des sols et des ressources sans relier clairement ces phénomènes entre eux
00:59Et puis en 2009, un groupe de chercheurs dirigé par le scientifique suédois Johan Rockström
01:04propose un cadre simple, presque brutal dans sa clarté, en affirmant que la Terre possède des limites planétaires
01:11Dans une publication fondatrice, ils décrivent neuf grands processus biophysiques
01:16qui maintiennent la stabilité du système Terre, le climat, l'eau douce, la biodiversité, l'usage des sols, la couche d'ozone,
01:23les cycles de l'azote et du phosphore, la charge en aérosol, les nouvelles entités chimiques et l'acidification des océans
01:30Pour chacun de ces processus, les chercheurs identifient un seuil à ne pas dépasser
01:34Tant que nous restons à l'intérieur de ces frontières, nous demeurons dans ce qu'ils appellent un espace de fonctionnement sûr
01:41Au-delà, les équilibres du système Terre deviennent imprévisibles, susceptibles de basculer vers un autre état
01:48moins favorable à la vie telle que nous la connaissons en ce moment
01:51L'étude a marqué un tournant, elle a replacé l'humanité dans le cadre physique et chimique de la planète
01:56rompant avec l'illusion d'une croissance infinie sur un monde fini
02:00Elle a aussi révélé que plusieurs de ses frontières étaient déjà franchies
02:04le climat, la biodiversité, les cycles de l'azote
02:07D'autres plus silencieuses, approchées dangereusement du seuil critique et parmi elles donc l'océan
02:13L'autant perçu comme un régulateur, un tampon capable d'absorber nos excès de dioxyde de carbone
02:18il se transforme lentement sous nos yeux en s'acidifiant
02:23La frontière planétaire de l'acidification des océans qui semblait encore tenable il y a 15 ans
02:27est désormais franchie dans plusieurs régions du globe
02:30Ce n'est plus une hypothèse, c'est une mesure et c'est cette histoire que nous allons vous raconter
02:35Six des neuf limites planétaires ont été dépassées
02:44et cette année nous sommes contraints de conclure qu'une septième limite a également été franchie
02:48C'est l'acidification des océans qui entre dans une zone à risque
02:52Ces sept limites continuent malheureusement d'évoluer dans la mauvaise direction
02:58Nous ne sommes pas encore dans la zone à haut risque, avec des conséquences ingérables et irréversibles
03:03Cela veut dire que nous pouvons encore agir
03:06La voix du chercheur suédois Johan Rockström, c'était le 24 septembre dernier
03:11sur la chaîne YouTube Planetary Boundary Science, traduit par Lucie Le Jour de Moalik
03:16Sabrina Speich et Laurent Bopp, bonjour à tous les deux
03:20Bonjour
03:20Bienvenue, en quoi d'abord cette notion de limite planétaire qui a émergé en 2009
03:24a aidé à comprendre et à communiquer autrement sur le système Terre, Laurent Bopp ?
03:30Oui, cette notion de limite planétaire elle est intéressante à plusieurs titres
03:34Pour moi le premier centre d'intérêt c'est de regrouper ensemble les différentes crises environnementales
03:39de mettre tout sur la table et de pouvoir intercomparer finalement notre impact sur le climat
03:44sur la biodiversité, sur la façon dont on utilise les sols, sur les pollutions dans les différents milieux
03:49et donc on a un indicateur, une série d'indicateurs qui nous permet d'intercomparer
03:54et d'avoir en tête toutes ces crises environnementales
03:57et la façon dont on doit changer pour ne pas dépasser ces limites planétaires
04:01Et c'est une sorte d'état des lieux ? Est-ce qu'il est exhaustif d'ailleurs ou pas ?
04:04Alors non, il est très loin d'être exhaustif
04:06c'est évidemment une très grande simplification d'un système qui est très complexe
04:09donc il y a un certain nombre de critiques sur cette utilisation
04:12et sur ce cadre conceptuel des limites planétaires
04:14mais son intérêt encore une fois c'est de regrouper ces informations dans un cadre simple
04:18Et aussi Sabrina Speich à devenir un outil d'alerte précisément auprès du public et des décideurs
04:24Notre système il est très fragile et très complexe surtout
04:30et donc avoir des indicateurs avec certains chiffres clés
04:34ça aide les décideurs, les non-scientifiques
04:39Ça devrait aider en tout cas, normalement ?
04:42Déjà je pense que pour ce qui concerne le climat
04:46donc les frontières ne sont pas exactement celles qui sont prises ici
04:51c'est pour le climat mais par exemple le réchauffement de la terre
04:55c'est quelque chose que tout le monde comprend désormais
04:58et donc avoir un ensemble d'indicateurs pour faire un état de santé du système complexe
05:05ça permet vraiment d'avoir une vision d'ensemble
05:08qui sinon demanderait beaucoup beaucoup d'explications
05:12Laurent Bob, qu'est-ce que ça implique le fait que plusieurs limites soient déjà dépassées
05:16et que l'acidification de l'océan entre à son tour en zone de risque ?
05:20Ce que ça implique c'est qu'on n'est pas sur la bonne trajectoire
05:22on le dit sur le climat depuis déjà assez longtemps
05:25des travaux récents montrent qu'on va sans doute dépasser les 1,5 degrés
05:28qui sont un des objectifs phares de l'accord de Paris
05:31la limite planétaire qui concerne le climat
05:34elle est encore plus restreinte dans ce cadre conceptuel des limites planétaires
05:38c'est 350 parties par million du CO2
05:40on l'a dépassé déjà depuis longtemps
05:41et on voit bien que sur d'autres limites planétaires
05:43on est déjà allé au-delà de ce que les auteurs définissent comme limites planétaires
05:47donc le fait qu'on franchisse une nouvelle limite planétaire
05:50c'est un mauvais signe
05:51nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire pour rester dans une planète habitable
05:54Et pour vous Sabrina Spèche
05:56qu'est-ce que ça veut dire aussi en tant que scientifique
05:58de voir une nouvelle limite ainsi franchie ?
06:00Sincèrement, c'est préoccupant
06:03nous on vit, nous on travaille sur un système océanique
06:08mais aussi sur le climat
06:09on est préoccupé depuis plusieurs années
06:13et notre degré de préoccupation s'empire avec le temps
06:19et donc on voudrait que ces indicateurs, ces limites
06:24puissent aider à prendre conscience du problème
06:27qui n'est pas uniquement climatique
06:29et qui a surtout un impact qui n'est pas juste en réchauffement
06:33mais c'est un impact sur les écosystèmes
06:36sur la nature en général
06:38et donc sur la société humaine aussi
06:40Laurent Bob, est-ce qu'on peut expliquer juste
06:42la différence entre une limite planétaire
06:44et un point de bascule
06:45parce qu'on évoque aussi souvent ces points de bascule
06:47Oui, il y a un peu de confusion finalement
06:49dans l'utilisation même des termes
06:51et du terme limite planétaire
06:53qui fait penser à un point de bascule
06:54alors je vais peut-être redéfinir ce que c'est qu'un point de bascule
06:56et puis ensuite on discutera des limites planétaires
06:58et peut-être aussi des limitations, des critiques
07:00qu'on peut apporter à ce cadre conceptuel
07:02donc un point de bascule
07:05c'est un seuil critique dans un système complexe
07:07alors ça, ça ne veut pas dire grand-chose
07:08mais c'est un seuil au-delà duquel
07:10le système bascule vers un autre état
07:12un autre état stable
07:13qui est souvent irréversible
07:15à l'échelle humaine
07:16Donc c'est ça, il y a cette notion d'irréversibilité
07:18qui est majeure dans le point de bascule
07:19Il y a l'idée que le système répond de façon très non linéaire
07:22à ce forçage
07:24aux modifications apportées par les sociétés humaines
07:26et qu'on bascule dans un nouvel état
07:27et qu'il sera impossible
07:28en tout cas à l'échelle de vie humaine
07:31de revenir vers l'état antérieur
07:32Il y a ça derrière le point de bascule
07:34et ces points de bascule sont nombreux, complexes
07:37étudiés aujourd'hui par de nombreux scientifiques
07:40On discutera peut-être de la circulation océanique
07:42de la fonte du permafrost
07:43de la fonte des calottes polaires
07:45C'est à ça qu'on doit penser quand on pense point de bascule
07:47Et alors quand on parle de limites planétaires
07:49avec l'acidification par exemple
07:51on parle de quoi ?
07:51On n'est pas dans un point de non-retour encore ?
07:53Voilà, donc là c'est un peu plus flou
07:55ce concept de limites planétaires
07:56même s'il se réfère plus ou moins à ces points de bascule
07:59à chaque limite planétaire on ne peut pas définir de point de bascule
08:01Pour certaines limites planétaires
08:03il y a potentiellement un point de bascule
08:05mais c'est beaucoup plus dur
08:06et donc c'est à penser plutôt dans un cadre
08:09presque politique
08:10d'alerte
08:11sur ces grandes crises environnementales
08:12plutôt qu'un cadre scientifique très strict
08:15avec la définition plus stricte que j'ai donnée
08:17sur ce que c'est qu'un point de bascule
08:18Donc c'est pour réveiller les politiques aussi, Sabrina ?
08:20Toutes ces limites planétaires sont prises en compte
08:24dans beaucoup de publications des Nations Unies
08:27et donc c'est pour attirer vraiment l'attention des décideurs
08:35Laurent Bob, expliquez-nous par quel mécanisme justement
08:38l'océan s'acidifie quand le CO2 augmente dans l'atmosphère
08:43Qu'est-ce qui se passe alors ?
08:44Mathieu, c'est très simple
08:45L'océan s'acidifie parce qu'il nous aide
08:47et parce qu'il absorbe du CO2
08:48Et le CO2 une fois dissous dans l'eau de mer
08:51est un acide, l'acide carbonique
08:53et donc cette absorption de CO2
08:55va conduire à une acidification de l'eau de mer
08:57Et comment se fait l'absorption justement ?
08:58Puisqu'on parle de CO2 dans l'atmosphère
09:00comment il arrive dans les océans ?
09:01L'absorption se fait uniquement de façon physico-chimique
09:04En fait on a un gradient de concentration
09:06à l'interface entre l'air et la mer
09:08et comme le CO2 augmente plus vite dans l'atmosphère
09:10que dans l'océan de surface
09:11ce gradient augmente
09:13et ça conduit à un flux net de dissolution
09:15du CO2 en excès dans l'atmosphère
09:16dans les eaux de surface
09:17et ensuite ce CO2 est transporté en profondeur
09:19et l'acidification ne va pas que
09:21intéresser les eaux de surface
09:23ça va intéresser l'océan dans son ensemble
09:25Et derrière l'acidification
09:26peut-être encore un mot
09:27quand on pense acidification
09:29on pense augmentation de l'acidité
09:31qu'on mesure avec le pH de l'eau de mer
09:33donc on voit cette baisse du pH
09:34qui témoigne de l'augmentation de l'acidité
09:36mais il y a beaucoup d'autres modifications
09:38de la chimie de l'eau de mer
09:39qui sont en lien avec cette acidification de l'océan
09:41et c'est de ça aussi dont on doit parler
09:43quand on parle de l'acidification de l'océan
09:44Alors c'est vrai que le pH est bien connu
09:45en tout cas du grand public
09:47est-ce qu'on voit une baisse très notable
09:49depuis ces dernières décennies
09:50justement dans les océans ?
09:51On voit une baisse très notable
09:52alors évidemment on n'a pas de mesure précise
09:55de la situation il y a plus de 100 ans
09:57ou plus de 150 années
09:58mais on a des reconstructions du pH au 19ème siècle
10:02on a des modèles aussi
10:03qui nous permettent de comprendre
10:04la vitesse à laquelle l'océan s'acidifie
10:05ce qu'on peut dire aujourd'hui
10:06c'est que l'océan a perdu
10:07un dixième d'unité pH
10:09Et ça veut dire quoi ?
10:10Ça peut faire très faible
10:11on dit un dixième d'unité pH
10:12des unités pH il y en a 14
10:13donc c'est tout petit sur l'échelle du pH
10:16mais quand on s'intéresse à l'acidité
10:18c'est la concentration de protons
10:19d'ions H+, dans l'eau de mer
10:20qui témoigne de l'acidité
10:22et cette concentration
10:23elle a augmenté de plus de 30%
10:25et donc ça c'est une modification fondamentale
10:28de la chimie de l'eau de mer
10:29avec des répercussions
10:29dont on va parler importantes
10:31sur les écosystèmes marins
10:31Donc ça c'est un des indicateurs
10:33finalement le pH sur l'acidification
10:35il y en a d'autres importants
10:36pour vous, physico-chimistes ?
10:38Il y en a beaucoup d'autres
10:39mais il y en a un autre
10:39dont on va parler
10:40quand on parlera de la limite planétaire
10:41et de la façon dont ça a été défini
10:42c'est une variable qui est dérivée du pH
10:46et qu'on appelle l'état de saturation
10:47pour l'aragonite
10:48C'est très joli
10:49mais ça veut dire quoi ?
10:50Très joli, beaucoup de mots compliqués
10:51Alors d'abord peut-être revenir
10:52sur ce que c'est que l'aragonite
10:53et puis ensuite je parlerai
10:54de la saturation pour l'aragonite
10:56L'aragonite c'est un carbonate de calcium
10:58c'est un minéral
10:58qui ressemble à la calcite
11:00dont vous avez peut-être déjà entendu parler
11:02ce sont des minéraux
11:03dont les organismes vont s'entourer
11:05ou avec lesquels ils vont fabriquer leurs squelettes
11:07donc les coquilles, les squelettes
11:09de beaucoup d'organismes
11:10sont en aragonite
11:11c'est le cas pour les coraux
11:13donc un squelette corallien
11:14c'est de l'aragonite
11:15c'est aussi le cas pour certaines coquilles
11:17de bivalve sur nos côtes
11:19les huîtres, les moules
11:20on va aussi trouver de l'aragonite
11:22et enfin c'est le cas pour certains organismes
11:24de toute petite taille
11:25il y a certains planctons
11:26qui font des coquilles en aragonite
11:28Alors qu'est-ce que c'est que l'état de saturation
11:29pour l'aragonite ?
11:31C'est un état chimique de l'eau de mer
11:32qui nous indique
11:33à partir d'un certain seuil
11:35chimiquement l'eau de mer
11:37va dissoudre ce minéral
11:39l'aragonite
11:40et donc on suit l'évolution
11:41de cet état de saturation
11:42quand il franchit un certain seuil
11:44on se retrouve dans une situation chimique
11:46où les organismes vont avoir
11:47beaucoup plus de mal
11:48à fabriquer leurs coquilles
11:49leurs squelettes
11:49parce que chimiquement
11:51ce minéral va se dissoudre
11:52dans l'eau de mer
11:53Donc ça c'est absolument central
11:54justement quand on veut étudier
11:55les écosystèmes
11:56cet indicateur-là en particulier
11:58Cet indicateur-là
11:59il est central pour étudier
12:00certains organismes
12:01qui sont les plus menacés
12:02sans doute par l'acidification
12:03surtout tous les organismes calcifiants
12:04donc ceux qui fabriquent
12:06des coquilles et des squelettes
12:06en calcaire
12:07en aragonite
12:08et ou en calcite
12:08Sabrina Spèche
12:10qu'est-ce qu'on a
12:10comme moyen d'observation
12:11pour suivre l'acidification
12:13à la fois en surface
12:13et puis un peu plus profondément
12:15dans nos océans ?
12:17Donc naturellement
12:18il n'y a pas
12:18de satellite
12:19pour mesurer
12:20ce type de variables biochimiques
12:22d'hommage
12:23Oui
12:23Donc il faut aller sur la mer
12:26et donc en général
12:27on y va avec un bateau
12:28et donc on mesure
12:30plus aisément
12:31peut-être les pH en surface
12:33donc on a des séries temporelles
12:35donc des enregistrements
12:37pendant un certain temps
12:38surtout des pH en surface
12:41quand on commence à
12:42donc déjà à mesurer
12:44les flux de CO2
12:46entre l'océan et l'atmosphère
12:48ça demande un peu plus
12:49des instruments
12:53un peu plus
12:54sophistiqués
12:56on va dire
12:56et pour mesurer
12:59tous les restes
13:00de cette chimie
13:01des carbonates
13:02et la partie aussi biologique
13:04ça demande beaucoup
13:05d'eau
13:06et des spectromètres
13:10des instruments
13:11assez sophistiqués
13:13et donc ça dépend aussi
13:15beaucoup des temps
13:15quand on veut être très précis
13:18donc on fait des observations
13:20à partir des campagnes océanographiques
13:23et donc il faut déployer
13:25des instruments jusqu'au fond
13:26les reporter à la surface
13:29ça fait déjà entre 3 et 5 heures
13:31et ensuite faire les analyses
13:32derrière en vidant
13:33de grosses bouteilles d'eau
13:34qu'on a récoltées
13:35à différentes profondeurs
13:37Et tout ça dans plusieurs parties
13:38du monde ?
13:38Alors donc mon campagne
13:40classique pour aller
13:42de l'Europe vers les Etats-Unis
13:45donc pour chercher
13:46chercher d'avoir
13:47déjà une mesure
13:48dans l'océan Atlantique
13:49on met au moins
13:50au plus du moins
13:51et c'est
13:52le coût d'un bateau
13:53pour un mois
13:54de campagne
13:55c'est entre 35 000
13:56et 50 000 euros
13:57et donc ces mesures
13:59sont absolument
14:00importantes
14:01parce que
14:01toutes les autres mesures
14:03un peu plus simples
14:03que par exemple
14:04on peut faire
14:05avec des robots
14:06comme les flotteurs
14:07qui sont des bouées
14:09qui dérivent
14:10et qui remontent
14:11et c'est des mesures
14:12qui ne sont pas complètes
14:13ce sont des mesures
14:14automatisées
14:15qui n'ont pas la même
14:16précision
14:17et donc les mesures
14:18faites par bateau
14:19sont absolument nécessaires
14:20Tout ça dans un contexte
14:22de contraintes budgétaires
14:23Et donc
14:23pour vous dire
14:25les systèmes d'observation
14:27qui devraient être
14:29une infrastructure
14:30des recherches globales
14:32dépendent toujours
14:33partout
14:33des ministères
14:35de la recherche
14:36Donc quand il y a
14:37une contrainte budgétaire
14:38sur n'importe quelle nation
14:40c'est la recherche
14:41en général
14:42qui souffre
14:42et donc aussi
14:44tout ce qui est observation
14:46Et donc des données
14:46qu'on ne peut plus avoir
14:47de la même manière
14:48On ne peut plus avoir
14:49des enregistrements
14:51qui perdurent dans les temps
14:52et d'ailleurs
14:52hier
14:53il y a eu
14:54la journée
14:55d'information
14:56à la COP30
14:57c'était vraiment
14:58tout centré
14:59sur l'observation
15:00et en particulier
15:01de l'océan
15:01Laurent Bop
15:02avant de marquer une pause
15:03Est-ce que toutes les régions
15:05du monde
15:05sont marquées
15:07de la même manière
15:08par rapport à ces seuils
15:09de risque aussi ?
15:10Non c'est assez hétérogène
15:11pour l'acidification
15:12en particulier
15:12C'est pour ça aussi
15:13que la notion
15:14de limite planétaire
15:15qui serait une valeur globale
15:16qu'il ne faudrait pas dépasser
15:18ne veut rien dire en fait
15:19à ses limites également
15:20et donc c'est aussi critiqué
15:21ce concept
15:22de limite planétaire
15:23en raison
15:23de l'hétérogénéité spatiale
15:25des effets
15:26des différentes crises environnementales
15:28Oui
15:28l'acidification
15:29et les organismes
15:30menacés par l'acidification
15:31c'est très différent
15:32en fonction des régions
15:32et donc on a coutume
15:34de dire que les régions
15:35les plus menacées
15:36par l'acidification
15:37sont plutôt les régions froides
15:38donc l'océan Arctique
15:39le Pacifique Nord
15:40et l'océan Austral
15:42Pourquoi ?
15:42Pourquoi ?
15:43Parce que naturellement
15:44ce sont des régions
15:45qui sont déjà
15:45pas très loin
15:46des niveaux de saturation
15:47faibles
15:48dont on parlait tout à l'heure
15:49donc c'est les régions
15:50dans lesquelles
15:51nous allons franchir
15:52ce niveau de saturation
15:53à partir duquel
15:54l'Aragonite
15:55va se dissoudre
15:55le plus rapidement possible
15:57C'est les régions
15:57qui se réchauffent
15:58le plus vite aussi
15:59Alors l'Arctique
16:00c'est vrai
16:01l'Austral
16:01c'est pas vrai
16:02donc c'est pas lié
16:03au réchauffement uniquement
16:04en Arctique
16:05c'est lié en partie
16:05à la fonte de la glace
16:06qui fait qu'il y a
16:06beaucoup de CO2 qui entre
16:07et c'est pour ça
16:08que ça s'acidifie
16:09mais c'est aussi
16:09des eaux froides au départ
16:10avec une saturation
16:12qui est déjà faible naturellement
16:13On verra dans un instant
16:14les conséquences concrètes
16:15de cette acidification
16:16sur la vie marine
16:17et puis vous répondrez
16:18aux messages
16:19et aux questions
16:20qui arrivent pour vous
16:20sur franceinter.fr
19:35va perturber ses capacités neurosensorielles en particulier donc vous allez avoir un animal qui au
19:41lieu d'être craintif comme il doit l'être dans un milieu où il ya beaucoup de prédateurs et bien
19:47va perdre un peu cette crainte la voix du directeur de recherche de l'IFREMER josé zambonino c'était
19:53en avril 2024 sur rfi dans l'émission c'est dans ta nature sabrina spèche et laurent beau vous êtes
19:58océanographe et nous évoquons avec vous cette limite planétaire qui vient d'être franchie
20:03celle de l'acidification des océans alors qu'est ce qu'on observe concrètement aujourd'hui sur les
20:08organismes marins laurent bop organismes qui vont des micro algues aux coquillages en lien avec ce
20:13phénomène oui donc cet extrait il est intéressant parce qu'il montre que ce ne sont pas seulement
20:17les organismes calcifiants dont je parlais qui sont potentiellement affectés par l'acidification
20:21mais l'ensemble des organismes marins qui vivent dans un milieu qui s'acidifie des poissons jusqu'aux
20:27micro organismes et on parle des organismes planctoniques ici alors finalement la première
20:32source d'information c'est des expériences en laboratoire depuis plusieurs dizaines d'années
20:36depuis que cette thématique d'acidification est montée dans le milieu scientifique il ya un
20:40certain nombre d'expériences qui permettent de montrer en laboratoire comment ces organismes
20:43réagissent quand le ph de l'eau de mer baisse ou quand l'eau de mer s'acidifie et donc ces
20:49expériences ont montré des difficultés de développement de croissance pour un grand
20:54nombre d'organismes on peut parler des oursins avec les stades larvaires qui sont affectés par l'acidification
20:58on peut parler évidemment des huîtres et des moules les stades larvaires eux aussi plus de
21:02mal à se fixer les croissances sont ralenties et puis on peut aussi parler de certains types de
21:07phytoplancton ou zooplancton ou là aussi les fonctions biologiques sont affectées par l'acidification
21:12donc tout ça avec des chutes de ph en fait c'est tout à fait lié entre ce qu'on observe sur les
21:17organismes marins et les phénomènes physico chimiques voilà exactement en fait le fait de travailler en
21:21laboratoire ça permet de décorréler les différents facteurs qui affectent le milieu vivant de travailler
21:26séparément sur la température sur la baisse du ph de travailler sur la baisse de l'oxygène par
21:31exemple dans le milieu naturel quand on observe les écosystèmes naturels c'est compliqué par nature
21:37parce que c'est un milieu complexe parce que l'écosystème est complexe et aussi parce que
21:40vous avez cette multitude de facteurs qui sont modifiés en même temps les eaux se réchauffent les
21:44eaux s'acidifient les eaux perdent de l'oxygène et on trouve dans certaines zones moins en moins de
21:48nutriments et donc il faut essayer de comprendre comment tous ces facteurs interagissent et affectent
21:52l'écosystème sabrina spagère il faut faire la distinction là aussi entre la température et
21:56l'acidification parce qu'on a un peu l'impression de parler de la même chose mais pas tout à fait
21:59en réalité non ce sont deux ingrédients deux variables qui sont très importantes pour les
22:05écosystèmes marins donc là l'océan on parle toujours de l'atmosphère comme un réchauffement
22:11mais c'est l'océan qui absorbe 90 % du surplus de chaleur générée par l'augmentation des gaz
22:18effet de serre dans l'atmosphère et donc on voit déjà localement et de plus en plus par exemple
22:25des grands vagues de chaleur comme on les trouve sur les continents aussi dans l'océan on les
22:31appelle canicules marines et donc ces canicules marines ont un impact très fort sur les écosystèmes
22:38sur les premiers vents mètres on pense aussi même plus profond et donc il faudrait être capable
22:45de comprendre les processus d'acidification locale plus les processus d'essai une augmentation de la
22:54chaleur constante plus les canicules marines donc c'est les écosystèmes se retrouvent face à un
22:59nouveau monde dans l'océan qui qui les perturbe et donc cher de voir ce qui perturbe le plus c'est
23:07très compliqué un nouveau monde complexe donc on comprend bien d'après ce que vous nous dites
23:11Laurent Boppe oui il y a un cas d'étude un triste c'est le cas des récifs coralliens qui sont
23:16affectés par cette double menace la menace des vagues de chaleur dont parlait Sabrina et l'acidification
23:21de façon peut-être un peu caricaturale et générale finalement les récifs coralliens ils sont surtout
23:26frappés par les vagues de chaleur qui adviennent certaines années avec des taux de mortalité dans
23:31les récifs coralliens qui sont très importants quand la température augmente et dépasse certains seuils ce
23:35qu'il faut imaginer c'est que l'acidification s'ajoute à cet effet des vagues de chaleur et va diminuer la résilience
23:40de ces récifs coralliens à long terme et donc on a vraiment cette double menace qui se conjugue et
23:45qui met en danger ces écosystèmes importants est ce que cette acidification joue sur l'oxygénation
23:51aussi des océans parce que le processus intimement lié non ça c'est c'est en fait très découplé si on
23:58veut encore une fois raisonner de façon un peu caricaturale on a d'un côté le changement climatique
24:01qui est lié à l'augmentation des gaz à effet de serre au co2 en particulier donc augmentation des
24:05températures dans l'eau de mer et la baisse d'oxygène donc la déoxygénation est dans l'océan ouvert lié à
24:11l'augmentation des températures et à la modification de la circulation océanique donc on peut ranger
24:15ensemble en termes de cause le réchauffement et la déoxygénation l'acidification finalement c'est
24:20parallèle au changement climatique mais ce n'est pas le changement climatique ça a une cause commune
24:24l'augmentation du co2 mais ce n'est pas le réchauffement des eaux ou le réchauffement de la
24:28planète qui explique l'acidification c'est pour ça d'ailleurs que dans les limites planétaires dans les neuf
24:32limites planétaires dont on parlait vous avez deux limites séparées pour le réchauffement climatique
24:36le changement climatique d'une part et pour l'acidification d'autre part donc grâce à vous
24:40on met les choses dans les bons tiroirs autre exemple des changements liés à l'acidification avec les
24:45sèches on va écouter thomas lacoulabart il est chercheur CNRS à l'université de la rochelle c'était
24:51au micro de la science CQFD il n'y a pas longtemps le 27 octobre les sèches développent toutes ses capacités
24:55de camouflage dans les premiers mois de leur vie l'expérience menée par thomas lacoulabart a donc
25:00cherché à comprendre comment une eau plus acide peut affecter ce développement à un âge juvénile
25:05ce qu'on a fait c'est qu'on a prélevé des oeufs fraîchement pondus dans le milieu différentes
25:10conditions de ph on a eu des effets sur les comportements anti prédateurs quand vous dites
25:14anti prédation c'est quand les sèches sont attaquées la sèche voilà qui a été élevée en conditions
25:20acidifiées n'a qu'une seule couleur sur tout le corps et donc elle est beaucoup plus visible finalement
25:26sur ces types d'environnement une sèche qui est capable de se camoufler
25:31voilà autre exemple sur France Culture donc en octobre dernier Laurent Boppe celui de la sèche
25:35oui un autre exemple pour montrer que l'ensemble des organismes finalement marins peut être affecté par
25:39l'acidification de l'océan et donc même les grands prédateurs on le disait tout à l'heure ça peut être
25:43aussi des poissons on parlait de poissons de poissons de la chaîne alimentaire exactement dont
25:47l'essence peuvent être affectée par le fait que l'eau soit plus acide
25:51Sabine Aspeche quelles rétroactions climatiques sont attendues si l'océan parce qu'on l'a dit tout à
25:57l'heure c'est un puits de carbone évidemment très très important pour absorber le surplus de
26:03l'atmosphère qu'est ce qui peut se passer justement si ce puits de carbone devient moins
26:07efficace justement donc c'est la grande peur des océanographes c'est que ces puits de carbone
26:15soient moins efficaces donc il absorbe environ 25-30% du CO2 émis c'est énorme quand même
26:21oui à l'échelle de la planète oui voilà donc l'autre grande moitié c'est la végétation et les sols
26:28continentaux et donc ces services de l'océan pourraient diminuer du fait de cette capacité
26:37amoindrie d'absorber du CO2 pour différentes raisons d'une part parce que il y a il y a moins
26:46des biologiques capables d'absorber ces CO2 et de la physique de la chimie de l'océan et aussi
26:51parce que l'océan devient plus stratifié et donc il va émettre beaucoup moins facilement du CO2 vers
26:58les grandes profondeurs et donc on peut observer une accélération du changement climatique donc du
27:04réchauffement à cause du fait qu'on augmente la quantité des CO2 qui va rester dans l'atmosphère
27:11et est-ce qu'on peut dire que ces puits de carbone baissent déjà Laurent Bob dans l'océan parce qu'on
27:15le sait pour les forêts par exemple ils ont moins en capacité de capter du carbone oui alors ce qu'on
27:19peut dire quand même c'est que sur les dernières décennies on a plutôt des observations qui nous
27:23montrent un puits de carbone assez résilient qui continue à absorber une part significative de
27:28nos émissions autour de 25 à 30% alors il y a quelques indications à partir d'études théoriques qui
27:32montrerait qu'on aurait déjà perdu de l'ordre de 5% de cette capacité à absorber du CO2 et donc
27:37si on revient sur cette capacité à absorber du CO2 où il y a toutes les raisons dont parlait
27:40Sabrina et ça enclenche une sorte de cycle compliqué une rétroaction dans le système qui fait que plus
27:47on réchauffe moins l'océan absorbe plus une part du CO2 reste dans l'atmosphère plus on réchauffe ça
27:52c'est les mauvaises nouvelles et par contre peut-être parle d'une autre d'un autre scénario un scénario plus
27:57positif celui dans lequel on serait capable de faire baisser nos émissions de façon importante et
28:02un scénario dans lequel on serait capable de stabiliser le CO2 là aussi l'océan absorberait
28:06de moins en moins de carbone encore une fois parce que le moteur de l'absorption du CO2 c'est le fait
28:10que le CO2 augmente dans l'atmosphère je parlais des gradients à l'interface air-mer donc si on
28:14stabilise le CO2 l'océan absorbe moins de CO2 plutôt une bonne nouvelle c'est le résultat du fait
28:19qu'on ait stabilisé le CO2 mais ce que ça veut dire c'est que si ce puits diminue jusqu'à zéro potentiellement
28:24il faut que nos émissions diminuent aussi jusqu'à zéro nous n'aurons plus depuis dans
28:28un monde où le CO2 sera stabilisé à long terme c'est pour ça qu'on parle des objectifs net zéro ça
28:32permet de bien le comprendre oui mais comment le croire comment croire qu'on sera en capacité
28:35de le faire aujourd'hui alors que au contraire nos émissions ne cessent d'augmenter nos émissions
28:41ne cessent d'augmenter vous avez raison mais peut-être on peut relever quelques signes
28:43plus encourageants si vous me le dites ah mais on va pas s'en priver si on a allez-y oui il y a des
28:48résultats très récents là de carbon monitor c'est un programme international ils suivent les
28:52émissions de carbone dans les différents pays alors il y a des chiffres inquiétants les
28:56émissions qui repartent à la hausse aux états unis en particulier et puis à des éléments peut-être
29:01plus positifs le fait qu'en chine les émissions liées à la combustion des fuels fossiles ont
29:05diminué pour la deuxième année peut-être un pic d'émissions plutôt que ce qui avait été annoncé
29:09par la chine en 2015 et les années qui ont suivi pendant l'accord de paris donc regardons aussi le
29:15verre pas complètement vide avec un peu d'eau quand même allez on verra dans un instant quelles sont
29:20les façons de réduire cette acidification avec les messages et les questions qui arrivent pour
29:26vous sur franceinter.fr on se retrouve ensemble Laurent Woppe et Sabrina Spèche juste après
29:31c'est Tyler the Creator sur franceinter
29:33c'est parti !
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35:37En tout cas, l'augmentation du CO2, c'est la cause de l'acidification.
35:40Sabrina Spèche, que faut-il faire maintenant si on veut lutter efficacement contre l'acidification ?
35:45Si vous deviez donner une sorte de hiérarchie des priorités, quelle serait la première mesure, selon vous, à l'échelle mondiale ?
35:51Je crois que je connais à peu près la réponse.
35:52La première, c'est sans doute arrêter l'émission des carbones fossiles.
35:57Et ensuite, naturellement, même dans l'accord de Paris, il y avait ce qu'on avait appelé les émissions négatives.
36:05Et donc ça, c'est quelque chose qui a à voir avec l'absorption gérée par les activités humaines industrielles de solutions naturelles, du CO2 par exemple.
36:18Donc éviter d'émettre des gaz à effet de serre, évidemment. Et sinon, Laurent Boppe ?
36:23Oui, donc pour parler de solutions, souvent on a l'habitude de séparer les solutions face au changement climatique ou face à l'acidification.
36:29Ça sera un peu pareil en deux grands types de solutions, les deux grands piliers de solutions.
36:32Donc l'atténuation de l'acidification ou du changement climatique, d'une part.
36:37Évidemment, la réduction massive des émissions de CO2 ou d'autres techniques dont on pourra parler qui nous aideraient à peut-être retirer du CO2 de l'atmosphère.
36:44Ça, c'est la partie atténuation.
36:46Et puis après, sur la partie adaptation, on peut aider certains organismes à s'adapter à l'acidification.
36:50On peut aider certaines pratiques humaines qui dépendent de l'océan à s'adapter à l'acidification.
36:56Le monde de la pêche, il souffre beaucoup déjà de l'acidification ?
36:59Alors pour l'instant, le monde de la pêche, il souffre beaucoup de l'effondrement des stocks et donc de l'effet de la pêche elle-même.
37:05Par contre, la conchiliculture, l'amitié du culture, ce sont des secteurs d'activité qui souffrent déjà de l'acidification.
37:11Alors peut-être un peu moins sur nos côtes, ça commence sans doute à être le cas.
37:14Mais sur la côte des Etats-Unis, en tout cas dans l'ouest des Etats-Unis, il y a quelques exemples de sociétés qui ont dû migrer pour éviter des eaux qui devenaient de plus en plus acides avec des impacts importants sur les organismes qu'ils cultivaient.
37:26Mais nous avons toutes les clés en main pour renverser la vapeur, Laurent Bob.
37:31C'est ce que vous nous disiez tout à l'heure.
37:32Il y a quand même le carnet de route, il est clair quand même aujourd'hui.
37:37Le carnet de route, il est assez clair.
37:38On sait ce qu'il faut faire, en tout cas.
37:40On sait la vitesse à laquelle il faut réduire nos émissions pour limiter le réchauffement à 1,5.
37:45Ça va être difficile.
37:46On le sait déjà.
37:46En tout cas, le plus près possible d'1,5 degré.
37:48Et peut-être la première bonne nouvelle, c'est que si on est capable de limiter le réchauffement et de stabiliser autour d'1,5 degré,
37:54ça, ça limite et ça stabilise également l'acidification et donc les impacts de l'acidification sur les organismes vivants.
37:59Allez, on va passer aux questions parce qu'elles sont nombreuses pour vous.
38:01Violette pose une première question en nous disant « Devant ce constat accablant,
38:09pourquoi les chercheurs experts des océans ne rejoignent pas les associations ou la politique ? »
38:15Ah, ça bruit d'aspect.
38:17Alors, la chercheuse citoyenne ou politique ?
38:21On l'est fait.
38:22On l'est fait de différentes manières.
38:24Donc, quand on était plus jeunes, on avait commencé juste à faire de la médiation,
38:29intervenir à droite, à gauche.
38:31On prend des positions politiques aussi, aujourd'hui, de plus en plus.
38:37On participe, déjà l'effet de participer à l'effort de l'IPCC ou des efforts pour les Nations Unies
38:44qui cherchent des coordonnées, beaucoup d'actions scientifiques et réactions du côté des gouvernements.
38:53Tout ça, on l'est fait, mais il faut...
38:55Donc, c'est les rapports du GIEC, c'est les travaux ?
38:56Oui, les rapports du GIEC ou sinon, par exemple, la coordination des systèmes d'observation
39:01qui est dans les cadres du Global Climate Observing System.
39:05Tout ça, ça fait partie du temps libre que nous avons.
39:08Donc, nous n'avons pas 48 heures non plus.
39:11Donc, naturellement, on est en charge d'être présent,
39:14mais c'est très compliqué d'être présent à côté des politiques.
39:18Laurent Bob, votre réponse à Violette ?
39:20Oui, je dirais qu'il y a une très grande diversité de la façon dont les chercheurs sur ces thématiques-là s'impliquent
39:24dans la vie publique, finalement.
39:27Je pense que c'est une grande diversité qu'il faut respecter.
39:29Certains de nos collègues décident de rester dans leur laboratoire
39:32et de faire 100% ou 150% de sciences tous les jours pour faire avancer les connaissances.
39:35Et on a besoin d'eux.
39:36On a aussi besoin de chercheurs, d'enseignants qui communiquent,
39:40qui font de la médiation, de la vulgarisation et qui expliquent à tous,
39:43au grand public et aux politiques.
39:44Et puis, enfin, on a besoin de chercheurs qui font de l'expertise, qui rédigent des rapports.
39:48Et puis, on a besoin de chercheurs militants aussi, qui s'investissent dans des associations,
39:51qui s'investissent pourquoi pas dans des partis politiques.
39:53On a besoin de cette grande diversité.
39:54Et elle existe.
39:55Marie demande, qu'est-ce que ça signifie concrètement de dépasser la limite planétaire pour l'acidification ?
40:00Si on devait résumer ce qu'on vient de se dire pendant toute l'émission ?
40:04Ça signifie que les organismes marins ont à faire face à cette nouvelle menace liée à l'acidification.
40:11Et il faut s'attendre à des impacts de plus en plus prégnants.
40:13Et donc, ce que nous dit ce dépassement de cette limite planétaire,
40:18c'est que dans certaines zones, en particulier dans l'océan Arctique, dans le Pacifique Nord,
40:21les écosystèmes déjà frappés vont l'être encore plus.
40:24Paolo demande, est-ce que les coraux vont disparaître, Sabrina Spèche ?
40:27Si on regarde les projections du GIEC, c'est ce qui va se passer.
40:33Donc, du fait du réchauffement et du fait de l'acidification.
40:36Donc, la limite à 2100, ça fait vraiment très peur.
40:40Prune dit, je remarque, une injonction à avoir une position optimiste,
40:43à chercher des solutions qui nous empêchent de voir la gravité.
40:46Devrait-on commencer à parler d'écologie réaliste et non punitive et imposer des régulations ?
40:53Oui, imposer des régulations, évidemment que c'est une solution, la solution,
40:57pour répondre aux objectifs, en particulier aux objectifs climatiques,
41:00qui sont aussi les objectifs pour limiter l'acidification.
41:03Je reste un instant sur ce terme d'optimiste ou de positif.
41:08On est tous différents.
41:09Et je crois que pour certains d'entre nous, en tout cas,
41:11de voir certains progrès accomplis, ça peut aussi servir de moteur,
41:16de motivation pour continuer à agir.
41:18Donc, c'est pour ça que j'essaie, quand on parle,
41:20on va parler des 10 ans de l'accord de Paris,
41:23de montrer tout ce qu'on n'a pas réussi à faire.
41:25Et on n'est pas sur la trajectoire pour limiter le réchauffement à 1,5 degré.
41:27Mais de montrer aussi ce qu'on a réussi à faire grâce à cet accord
41:30et grâce à une mobilisation certaine après l'accord.
41:33Et alors, qu'est-ce que vous retenez, vous, de ce qu'on a réussi à faire en 10 ans ?
41:35Moi, je retiens, c'est qu'on n'est plus sur la trajectoire d'un réchauffement à 4 ou 5 degrés,
41:38qui était celle qu'on envisageait, qu'on imaginait avant l'accord de Paris.
41:42Aujourd'hui, la trajectoire, si les politiques climatiques en place restent appliquées,
41:46c'est plutôt 2, 8, 3 degrés.
41:48Ce qui n'est déjà pas terrible du tout.
41:49Ce qui n'est déjà pas terrible du tout.
41:51Mais mieux que ça.
41:51On n'imagine même pas ce qu'aurait été un monde à 4 ou 5 degrés.
41:574, 0, on serait peut-être à 2, 3, peut-être même un peu en dessous.
42:01Il y a beaucoup d'efforts encore à faire.
42:03Mais mesurons ce qui a déjà été fait.
42:04Ça permet de motiver certains, c'est sûr.
42:06Mais sauf que les scénarios à 4 degrés, ils existent quand même, Sabrina.
42:09Ce n'est pas exclu qu'on soit dans un scénario à 4 degrés à la fin du siècle.
42:12Là, c'est toute la question des projections.
42:16Ça dépendra des choix et ça dépendra.
42:17Donc, on a une grande incertitude sur la frontière de 1 500.
42:25Anne-Marie nous dit,
42:26Que pensent vos intervenants des cimetières de CO2 dont on parlait la semaine dernière dans l'émission,
42:31en Norvège en particulier ?
42:33Autre question de Patrice, toujours sur le stockage artificiel dans les entrailles de la Terre.
42:37Est-ce que ce n'est pas une fausse solution encourageant finalement la production de ce gaz ?
42:41Et d'ailleurs, est-il possible à grande échelle ?
42:43Oui, donc on parle des méthodes d'élimination du CO2 atmosphérique.
42:46En stockant dans les entrailles de la Terre.
42:50Donc ça, c'est le stockage géologique du CO2.
42:52Mais il y a certaines méthodes qui visent aussi à stocker du CO2 dans l'océan, en fertilisant le plancton,
42:57en changeant la chimie de l'eau de mer, en renversant l'acidification par exemple.
43:01Donc, il y a beaucoup d'études, de plus en plus d'études sur ces méthodes d'élimination du CO2.
43:04Oui, donc on est sur une crête.
43:05Pourquoi ?
43:06Je pense qu'en même temps, on a besoin de réfléchir à ces méthodes et d'apporter de la science solide sur ces méthodes.
43:11Parce qu'à terme, on aura besoin de ces méthodes d'émissions négatives pour compenser certains secteurs difficiles à décarboner
43:17et pour aller vers des émissions de net négatives si on veut dépasser l'overshoot.
43:21Et en même temps, il ne faut pas donner l'idée qu'on pourra compenser l'ensemble de nos émissions d'aujourd'hui.
43:24C'est absolument impossible.
43:26Donc, la priorité numéro un, c'est réduire les émissions.
43:28Et on peut travailler sur ces solutions pour le plus long terme.
43:30Et bien, ce sera la conclusion de cette Terre au carré.
43:33Réduisons nos émissions.
43:34Bon, pas de radio, mais de CO2.
43:36Merci beaucoup en tout cas à vous deux, Laurent Bopp et Sabrina Spech, d'être venus nous parler de cette nouvelle limite planétaire qui vient d'être franchie.
43:45Merci beaucoup également à Lucie Lejour de Moalik qui a préparé ce dossier.
43:50Nicolas Delmas qui était à La Technique.
43:52Étienne Kenel qui réalisait cette émission.
43:54Et Jérôme Raganot à La Vidéo.
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