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  • il y a 8 heures
Pourquoi un Français sur deux est-il incertain d'être à jour de ses vaccins ? , « Et la santé, ça va ? s'intéresse à notre rapport à la vaccination.
Nous entendrons la parole des soignants confrontés aux conséquences de mauvaises couvertures vaccinales. Pourquoi certains vaccins suscitent-ils davantage la méfiance ? Entre obligation et liberté, où placer le curseur de la protection collective ? Comment notre rapport à la vaccination a-t-il évolué dans les années post covid ?
Dans ce numéro, Axel de Tarlé recevra Véronique Guillotin, sénatrice de la Meurthe-et-Moselle et médecin ainsi que Jocelyn Raude, professeur en psychologie de la santé et spécialiste des maladies infectieuses.
Année de Production : 2025

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Transcription
00:00Prévention, solidarité, accès aux soins, innovation.
00:08La Mutualité française présente
00:10Et la santé, ça va ?
00:12Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Et la santé, ça va ?
00:17Avec cette question, face au retour de la grippe et du Covid,
00:21sommes-nous tous bien vaccinés ?
00:23On a en effet comme l'impression que depuis le Covid,
00:26la France serait devenue vaccino-sceptique.
00:29Bon alors en fait c'est un peu plus compliqué que ça.
00:31Deux chiffres pour illustrer ces propos.
00:3384% des Français se disent favorables à la vaccination,
00:38mais moins d'un Français sur deux est certain d'être à jour
00:41concernant son statut vaccinal avec des réticences massives
00:45à l'égard de certains vaccins et à la clé,
00:48le retour de certaines maladies pourtant évitables grâce à la vaccination.
00:52Question, comment faire pour que les Français se fassent davantage vacciner ?
00:56Le pays de Pasteur aurait-il perdu confiance dans la vaccination ?
01:01Et puis entre obligation et liberté,
01:03où placer le curseur de la protection collective ?
01:07On en parle avec nos invités.
01:08Véronique Guillotin, vous êtes sénatrice partie radicale de Meurthe-et-Moselle,
01:26vous êtes médecin de profession,
01:28et Jocelyn Rode, vous êtes chercheur en psychologie de la santé.
01:31Merci de participer à cette émission.
01:33Quelques chiffres pour commencer.
01:34L'épidémie de grippe l'an dernier a été violente,
01:38notamment chez les plus de 65 ans,
01:40on dénombre plus de 5000 morts l'hiver dernier.
01:43Or, on note qu'un Français sur deux environ se fait vacciner contre la grippe,
01:48contre le Covid, c'est 30%.
01:50Véronique Guillotin, question très simple.
01:52D'abord, comment qualifieriez-vous le rapport des Français à la vaccination ?
01:57Et est-ce qu'il a changé avec le Covid ?
01:59Est-ce qu'il y a un avant et un après Covid ?
02:01Comment qualifier le rapport du vaccin à la population ?
02:05Globalement, il y a une adhésion.
02:06Enfin, on ne peut quand même pas dire que tout le monde est vaccino-sceptique.
02:11Donc je pense que globalement, vous avez donné les chiffres, 83%, je crois.
02:14On peut quand même se dire que ce n'est pas si mal que ça.
02:16Tout dépend des populations.
02:18Je pense que chez les jeunes enfants,
02:20le carnet de vaccination est relativement, me semble-t-il, bien suivi.
02:24Là où ça se gâte un petit peu, c'est à l'âge adulte,
02:27où le suivi, à mon avis, est plus compliqué.
02:30Pourquoi ? Par négligence ou bien par scepticisme ?
02:34Peut-être par négligence, par manque de suivi,
02:38et pour certains vaccins, par scepticisme.
02:41Et peut-être pour une petite partie de la population.
02:43C'est-à-dire qu'il y a soit une petite partie de la population
02:45qui est complètement vaccino-sceptique.
02:47On les voit beaucoup sur les réseaux, on les entend fort.
02:50On les a beaucoup vus sortir pendant la crise Covid.
02:53Le vaccin contre le Covid a fait émerger, pour ce vaccin-là,
02:58on les a fait réémerger sur ce vaccin.
03:00Et puis on a effectivement l'hépatite B,
03:02qui a quand même le vaccin contre l'hépatite B,
03:05qui a mis en relation ce vaccin.
03:07Et puis certaines maladies, comme la sclérose en plaques,
03:10on a associé des pathologies à certaines vaccinations,
03:12notamment la rougeole d'ailleurs.
03:13Et tout ça, j'ai l'impression que ça traîne un peu dans l'inconscient collectif.
03:17Et on a effectivement des choses à déconstruire, à mon avis,
03:20pour redonner confiance en la vaccination.
03:22Jocelyn Rôde, ces freins à la vaccination,
03:25quels sont-ils selon vous ?
03:26Et est-ce qu'il y a, parmi les sceptiques,
03:30est-ce qu'il y a une fracture territoriale ou une fracture sociale ?
03:34Alors d'abord, j'ai un point de vue un tout petit peu différent,
03:36parce que je travaille sur ces questions depuis très longtemps.
03:38Et en fait, la vaccination est en crise depuis 15 ans, précisément.
03:41Avant, les Français étaient plutôt un pays optimiste
03:44et plutôt qui adhérait largement à la vaccination.
03:47Donc 2010, on est devenu un peu plus vaccino-sceptique.
03:50Oui, en 2009-2010, on a vu un basculement dans les enquêtes d'opinion
03:53sur la question vaccinale, au moment, en fait, de la grippe H1N1,
03:57la pandémie qui a fait un petit peu flop à l'époque.
04:00Eh bien, on a vu un changement.
04:01On avait ouvert des gymnases pour vacciner tous les Français
04:04contre une épidémie qui ne s'est pas manifestée.
04:06Absolument.
04:07Et ça, ça a créé de très nombreux débats et de controverses publiques
04:10et avec beaucoup d'experts dissidents qui ont émergé à ce moment-là,
04:14qui venaient du monde médical et qui ont porté un discours très critique
04:17vis-à-vis de la vaccination.
04:18Et ça, ça a vraiment entraîné une montée de la défiance vaccinale.
04:22Il y avait à peu près 10% de gens qui hésitaient
04:24ou qui étaient réticents à la vaccination avant 2009.
04:29Et à partir de 2010, on voit que 40% de la population française
04:32devient réticente à la vaccination, ce qui est un basculement,
04:35comme il y en a eu très peu, en fait, dans l'histoire de la santé publique.
04:38Et alors, pour donner quand même des bonnes nouvelles,
04:41en fait, ça va un peu mieux.
04:42C'est-à-dire qu'après cette chute dans la confiance vis-à-vis de la vaccination,
04:46on voit depuis 2017, 2018, en fait, un rétablissement progressif
04:50qui a commencé avant la Covid dans l'adhésion des Français à la vaccination.
04:54Et on avait beaucoup peur, nous les experts,
04:56de ce qui pouvait se passer pendant la Covid-19.
04:58Et en fait, pas du tout.
04:59On voit les données de Santé Plus Franckes confirment chaque année
05:01plutôt une remontada de la vaccination
05:04avec des attitudes qui s'améliorent aujourd'hui.
05:06Parce qu'avec le recul, on se dit que ce vaccin nous a sauvés ?
05:09Est-ce qu'il y a une reconnaissance, quand même, vis-à-vis de ce double vaccin ?
05:12Il nous a sauvés, oui, oui.
05:13Mais il n'y a pas eu de reconnaissance ?
05:15Si, quand même.
05:16Je pense qu'à posteriori, moi, je n'ai pas les enquêtes,
05:19mais sur le terrain, les gens reconnaissent quand même,
05:21en partie, que la vaccination contre le Covid était nécessaire et nous a sauvés.
05:24Alors, il y aurait-il, malgré tout, un relâchement de la vaccination
05:28avec parfois, vous allez le voir, des conséquences dramatiques.
05:31Vous voyez ce reportage au service des urgences pédiatriques
05:35de l'hôpital Robert-Debré, c'est à Paris.
05:42Ces urgences pédiatriques sont les plus grandes de France.
05:47Chaque année, 98 000 patients viennent consulter.
05:50Emmanuel Delmas, 31 ans, y est médecin.
06:01Il est en première ligne pour mesurer les dégâts causés par l'absence de vaccination.
06:08L'île de France n'a pas échappé à la flambée de rougeole en 2025.
06:12Sur les huit premiers mois de l'année, près de 200 cas ont été déclarés dans la région.
06:18Plus 91,5% par rapport à 2024.
06:22Le virus de la rougeole a beau être très ancien, il n'en reste pas moins dangereux,
06:26surtout pour les plus fragiles.
06:27J'ai eu un cas qui m'a bouleversé parce que malheureusement,
06:30ça s'est fini par un décès d'un enfant.
06:33Un enfant qui n'a été pas vacciné contre la rougeole,
06:36qui a fait cette infection sévère et qui en est décédé quelques semaines après.
06:41Et c'est vrai que les parents sont venus me voir en me disant
06:44on aurait dû le vacciner, on regrette.
06:46Et c'est vrai qu'en tant que pédiatre, se dire qu'un enfant va mourir d'une de ces maladies
06:49alors qu'en 2025, elle devrait ne pas exister,
06:52c'est un peu frustrant et je pense que c'est important de continuer à véhiculer nos messages.
06:57Un message de prévention fondamental à rappeler,
07:02d'autant plus qu'un vaccin existe depuis les années 60
07:05et qu'il est remboursé par l'assurance maladie.
07:08Il fait même partie des 12 vaccins obligatoires chez l'enfant depuis 2018
07:11et il a prouvé son efficacité, à condition qu'il soit massivement administré,
07:17comme l'explique le professeur Naïm Houldali,
07:19pédiatre spécialiste des infections respiratoires de l'enfant.
07:23C'est un virus qui se transmet extrêmement facilement,
07:27qui est un des taux de transmission les plus élevés de tous les virus qu'on connaît.
07:31Eh bien, il faut avoir vraiment une couverture très très élevée
07:34pour que statistiquement, un enfant ou un adulte contaminé
07:38n'arrive pas à transmettre à au moins une autre personne le virus,
07:42ce qui permet donc de limiter les cas secondaires.
07:45Et donc là, actuellement, on sait qu'on n'a pas encore une couverture suffisamment élevée
07:48pour la rougeole par exemple,
07:50et notamment, on a des zones où la couverture est extrêmement basse.
07:53Donc il y a à la fois une couverture globale qui reste insuffisante,
07:56mais aussi dans certaines régions de France, des couvertures qui sont vraiment très très faibles
08:00et qui permettent donc d'avoir ce qu'on appelle des clusters.
08:03Donc c'est finalement des cas groupés d'infections qui auraient pu être évitées.
08:07Il est possible d'éliminer la rougeole si 95% des enfants se font vacciner avec deux doses.
08:15Or, à l'heure actuelle, la couverture vaccinale n'est que de 85% en Ile-de-France
08:20et de 87% au niveau national.
08:24Les patients touchés par ce virus sont pour la grande majorité mal vaccinés ou non vaccinés.
08:30Les rappels ne sont pas faits parfois, même si c'est à la marge,
08:33mais pour certains enfants ne sont pas faits, soit par méconnaissance des parents.
08:37Ils ont un peu oublié, l'enfant agrandit.
08:40Ce que les rappels souvent, c'est à partir de 6 ans, la majorité des rappels, 6, 11, 13 ans.
08:45Et parfois, les enfants sont grands, ne sont plus malades,
08:47du coup, ils ne viennent plus forcément chez le pédiatre
08:49et ça peut être un défaut, un oubli.
08:51Ça, ça arrive fréquemment.
08:52Dans la majorité des cas, les parents, ils sont plutôt adhérents à cette protection des enfants.
08:57Certains parents, moins.
08:59Mais justement, c'est notre rôle de professionnels de santé
09:01et de faire de l'éducation, des explications pour leur expliquer
09:04pourquoi c'est important de protéger leur bébé.
09:10– Alors, Joss Larraud, comment expliquer ce retour de la rougeole ?
09:13On voit la carte, il y a quasiment deux fois plus de cas cette année,
09:1770 départements touchés, deux morts,
09:20alors qu'il existe un vaccin qui est obligatoire chez les enfants depuis 2018.
09:23– Absolument, oui.
09:24Alors, comme l'a signalé le médecin du reportage,
09:27on a besoin d'un haut taux de couverture vaccinale autour de 95%
09:31pour interrompre, en fait, ce qu'on appelle la transmission.
09:34Et si on n'a pas ce taux,
09:35eh bien, la maladie continue à circuler dans la population
09:37et les taux au niveau mondial, c'est de 1 à 3 décès pour 1000 cas,
09:41c'est-à-dire qu'on a quand même une mortalité
09:42qui est non négligeable à cette maladie.
09:44Et on a une perception sociale qui est un peu déformée
09:46puisque la plupart des gens considèrent la rougeole
09:49comme étant une maladie bénigne
09:50et parfois même la vaccination contre la rougeole
09:52comme étant une vaccination de confort,
09:54ce qu'elle n'est pas, puisqu'on le voit ici,
09:55il y a vraiment un bénéfice potentiellement très important
09:58lié à cette couverture vaccinale.
10:01Véronique Guillotin, on se dit, il y a un vaccin,
10:03il est obligatoire et la rougeole double.
10:06Est-ce que du coup, on ne s'interroge,
10:07le nombre de cas double,
10:08est-ce qu'on ne s'interroge pas sur l'efficacité ?
10:10D'ailleurs, est-ce que ce n'est pas un des reproches
10:11qui est fait, y compris pour le vaccin sur la grippe ?
10:14D'ailleurs, au fond, ça marche moyennement, tous ces vaccins.
10:17C'est parce que, clairement, c'est ce qui a été dit.
10:20C'est-à-dire que pour avoir une couverture maximale,
10:22il faut qu'il y ait un maximum de personnes vaccinées.
10:24Pourquoi certains enfants ne sont aujourd'hui pas vaccinés ?
10:27L'accès, je pense, peut-être aux soins est peut-être plus compliqué.
10:32La complication, le médecin l'expliquait bien,
10:34le fait de la deuxième dose, souvent les parents oublient.
10:37Les rappels et le suivi à travers les carnets de santé
10:39n'est peut-être pas non plus optimal.
10:40Je crois qu'à travers ça, on a quand même, à mon avis,
10:43beaucoup de questions à se poser pour pouvoir permettre,
10:45pour ceux au moins qui y adhèrent,
10:47pouvoir faire que les choses soient au moins
10:50dans le top maximal de la vaccination.
10:53Jocelyn Rodeau, on parlait des freins à la vaccination.
10:56Prenons le cas du vaccin contre le papillomavirus,
11:00qui est très recommandé chez les adolescentes et les adolescents.
11:04Sauf que ce vaccin, vous parliez tout à l'heure des rumeurs,
11:07il charrie derrière lui des doutes.
11:10Est-ce que ça fait partie des freins à la vaccination,
11:12ces effets secondaires que vous, les scientifiques, sous-estimeriez ?
11:17Oui, alors c'est des questions qui sont étudiées depuis extrêmement longtemps.
11:20Et on sait, grâce aux habitudes européennes,
11:22que le premier frein à la vaccination, c'est ça.
11:24C'est vraiment la peur des effets secondaires.
11:27Il y a ensuite le sentiment qu'on n'est pas fragile ou vulnérable
11:30par rapport à ces maladies.
11:31Et la troisième raison, c'est tout simplement la peur de la piqûre.
11:33On a encore aujourd'hui très largement peur de la piqûre.
11:36Je ne sais pas si c'est votre cas, mais en tout cas, c'est…
11:37Alors, je vous l'ai confié, j'ai peur de la piqûre.
11:39Et je vous ai posé la question, à quand un spray pour se faire vacciner ?
11:43Et vous m'avez répondu ?
11:44Que ça existe déjà, mais en Bretagne, et ça va sans doute arriver en France bientôt.
11:48C'est-à-dire qu'on a trouvé des moyens de vacciner par spray nasal.
11:52Et donc, c'est beaucoup moins invasif.
11:53Et ça permet d'éviter cette piqûre qui est que beaucoup redoutent actuellement.
11:57Effectivement, je rejoins pour les effets secondaires.
11:59Mais je crois qu'il y a quand même deux types d'effets secondaires.
12:01Il y a les effets secondaires médicalement reconnus.
12:04Il y a toujours des effets secondaires.
12:05Mais il y a le rapport bénéfice-risque qui, médicalement, reste important.
12:11Et le fait de dire qu'il y a un effet secondaire ne veut pas dire que la vaccination ne fonctionne pas ou est dangereuse pour tout le monde.
12:18Et que le bénéfice est plus important que l'effet secondaire.
12:20Par exemple, le papillomavirus dont je parlais à l'instant, je crois qu'en Australie, il a eu des résultats spectacles.
12:27Non, parce que ce papillomavirus, alors d'abord, ça provoque, c'est un virus qui provoque des cancers de l'utérus.
12:34Alors, des cancers de l'utérus, mais des cancers génitaux chez l'homme, des cancers orobuco et anneaux d'ailleurs.
12:42Et en fait, en Australie, où ils ont quasiment éradiqué le cancer du col avec un taux, alors on revient exactement à la même chose,
12:48avec un taux de vaccination de plus de 80% de la population.
12:52Et on en est largement loin.
12:53Nous, en Grand Est, on est autour de 58%.
12:56Des jeunes filles ou de la population ?
12:57Des jeunes filles et 20 et quelques pourcents des garçons.
13:01Parce que col de l'utérus, on se dit, bah, c'est pas un des filles.
13:03Et avant, c'était remboursé que chez la fille.
13:04Donc du coup, ça ne se faisait pas chez les garçons.
13:07Alors, quand même, l'information, la sensibilisation et le remboursement a fait que les garçons, aujourd'hui, y vont un peu plus.
13:14Et après, on arrive, alors il y a des départements comme l'ISER.
13:18J'ai été jury des collectivités sur l'Inca, enfin, pour les préventions, qui ont réussi à doubler, en fait, en trois ans, leur vaccination à papillomavirus,
13:30en faisant des actions multiples envers les parents, de rassurer, de sensibiliser, d'expliquer les bénéfices.
13:38Et en fait, on peut y arriver, mais oui, il faut déployer une grande, grande énergie.
13:42Alors, la question qui fâche.
13:43– Pour convaincre les Français de se faire vacciner, faut-il passer par la contrainte ?
13:54On le fait pour les bébés, on ne leur demande pas leur avis.
13:5712 injections à la naissance, Jocelyn Rode.
14:01Quand on voit les résultats spectaculaires de vacciner les adolescents et les adolescentes en Australie
14:06contre le papillomavirus, est-ce qu'il ne serait pas temps de monter un peu le curseur côté obligation ?
14:14– La France est un peu dans une situation singulière, c'est-à-dire qu'on est un des rares pays qui met en place ces obligations.
14:20Alors, moi, je faisais partie des experts qui étaient un peu réticents et sceptiques quant à l'obligation vaccinale élargite,
14:25mais les chiffres m'ont donné tort.
14:26C'est-à-dire qu'on a bien vu qu'à partir de 2018, lorsqu'on a mis en place cette extension de la couverture vaccinale,
14:31on a vraiment eu un bon suivi dans la population et une augmentation très sensible de la couverture vaccinale en France.
14:36Donc la mesure a plutôt été une réussite, même si peut-être qu'on n'aurait pu l'obtenir par d'autres moyens.
14:40– Chez les enfants ? – Absolument, uniquement chez les enfants.
14:43– Véronique Guillotin, 20% seulement des soignants à l'hôpital se font vacciner.
14:47Si même le personnel de soins ne se fait pas vacciner, pourquoi diable la population lambda irait-elle ?
14:55– Sur l'obligation vaccinale chez les enfants, moi j'ai l'impression que ça rassure en fait.
15:00La population, donc moi je me dis que peut-être que le papillomavirus, oui, on pourrait le rendre, pourquoi pas, obligatoire.
15:06Et même question, est-ce qu'il ne faut pas rendre obligatoire la vaccination de la grippe pour les soignants
15:10dans des structures où on a des personnes fragiles ?
15:15On demande aux personnes âgées de se vacciner dans les EHPAD et on va avoir des soignants qui ne sont pas vaccinés.
15:20Donc moi je pense qu'on génère du doute.
15:22Bon après, est-ce que c'est plus efficace, moins efficace, l'acceptabilité sociale, comment elle est ? Je ne sais pas.
15:27Mais en fait, il faut vraiment se poser la question, à partir du moment où le soignant ne se fait pas vacciner.
15:30Enfin, ça peut quand même poser des questions.
15:32– Jocelyn Roth, on parlait des EHPAD et on parlait de la grippe, très mortelle l'an dernier.
15:3622,4% des soignants à peine sont vaccinés contre la grippe dans les EHPAD.
15:41On laisse faire, ça vous pose un problème ?
15:43Est-ce que là, vous ne pourriez pas employer la manière un peu plus forte ?
15:46– Oui, c'est un débat très très important en santé publique,
15:48de savoir ce qu'on peut faire avec les plus de santé.
15:49Parce que non seulement il y a des questions de sécurité des soins,
15:52mais il y a aussi une exemplarité peut-être qu'on peut demander aussi aux professionnels de la santé.
15:55Alors après, il faut quand même noter qu'il y a de grosses différences selon les soignants.
15:58Les médecins sont quand même en moyenne beaucoup mieux vaccinés que les aides-soignants, par exemple.
16:02– Il y a une fracture sociale ?
16:03– Absolument, il y a une fracture sociale au sein même des institutions médicales.
16:07Et on voit ces grandes différences.
16:08– Quand on a fait 9 ans d'études, on finit par être convaincu
16:10de l'utilité et de l'efficacité du vaccin, c'est ça que vous voulez me dire ?
16:14– Peut-être qu'on est sans doute plus sensible en tout cas aux arguments scientifiques,
16:16aux démonstrations par les nombres, ce qui est peut-être moins le cas pour d'autres professionnels de santé.
16:21En tout cas, il y a un vrai mystère parce qu'ailleurs, je pense notamment au Québec,
16:25chez nos voisins québécois, les infirmiers sont aussi vaccinés que les médecins.
16:30On a besoin de mettre en place des programmes de facilitation,
16:35de promotion de la couverture vaccinale chez les soignants eux-mêmes,
16:38qui eux sont des relais extrêmement importants pour la vaccination.
16:40Les premières études sur la vaccination, c'est les années 70,
16:43et ce qu'avaient montré les Américains à l'époque, c'est que les médecins avaient un super pouvoir,
16:47le fait de recommander la vaccination aux patients était le facteur
16:50qui influençait le plus la décision vaccinale.
16:53– À l'époque, on écoutait les docteurs, maintenant on les écoute moins, non ?
16:56On dit « j'ai lu sur Internet » que…
16:58– Eh bien non, en fait, ils sont extrêmement écoutés,
17:00les Français ont énormément de confiance dans leurs médecins traitants,
17:04il y a tous les chiffres au monde depuis 20 ans, ça ne bouge pas,
17:06on est autour de 90-95% de confiance dans son médecin traitant,
17:10et donc il y a là un levier très très important d'action et de motivation à la vaccination.
17:14– Véronique Guillotin, on parlait tout à l'heure des doutes sur les effets secondaires,
17:19c'est ce qui motive de nombreuses femmes enceintes à ne pas se faire vacciner,
17:24en disant « je vais protéger mon bébé », vous l'entendez ça ?
17:28– Oui, je l'entends même dans mes proches.
17:30– Et alors ?
17:31– J'ai essayé, j'ai eu un cas très concret où j'ai essayé d'agir, d'expliquer,
17:37bon je n'ai pas réussi en fait, personne ne s'est effectivement pas vaccinée,
17:41mais je pense que que ce soit la femme enceinte,
17:43alors c'est parce qu'il y a en plus la protection du bébé,
17:45donc effectivement ça génère…
17:46– Mais c'est un enjeu quand même, est-ce qu'on ne protège pas son bébé en se vaccinant ?
17:50– Ah si, si, bien sûr qu'on protège son bébé en se vaccinant bien évidemment,
17:54mais je crois que la personne qui est sceptique sur la vaccination
17:57et sur les effets secondaires de la vaccination le sera encore plus quand elle est enceinte,
18:02donc je pense que c'est des populations à convaincre encore plus,
18:06et je pense que là il y a encore une plus grande fracture sociale à mon avis
18:08sur le suivi des grossesses, et je pense que sur le suivi de proximité,
18:12c'est aussi important d'avoir son référent de soins,
18:15que ce soit sa sage-femme, son médecin traitant,
18:17moi je crois beaucoup plus au rôle du médecin traitant et du personnel traitant,
18:22vraiment qui est en lien, le lien de confiance qui est créé,
18:25qui peut augmenter cette facilité, après il faut que ce soit sain de derrière.
18:30– Alors ça on va y revenir, mais d'un mot, voilà,
18:32donc avoir confiance en la science,
18:34plutôt que sur ces vidéos qui circulent sur internet avec la désinformation,
18:39je vous propose de retrouver le docteur Delmas,
18:41qui vous allez le voir, utilise beaucoup d'énergie ou de l'énergie
18:44pour démonter les fake news qui pullulent sur internet, reportage.
18:50– Bonjour à tous, aujourd'hui une nouvelle vidéo sur un sujet qui va vous intéresser,
18:55et en plus d'actualité, parce qu'il y a une énorme épidémie en ce moment,
18:57avec la rentrée on va parler des poux.
19:00Le jour, Emmanuel Delmas est pédiatre à l'hôpital Robert-Debré.
19:04Le soir, il devient super pédiatre sur les réseaux sociaux.
19:08Depuis 2021, le soignant a investi Instagram, Twitter, TikTok,
19:13pour répondre aux questions fréquentes des parents
19:14en mal d'information sur la santé de leurs enfants.
19:17– Les débuts, c'était un peu compliqué,
19:19il fallait découvrir l'outil,
19:20parce que je n'étais pas particulièrement fan et habitué de ces outils-là,
19:24donc j'ai appris à les manipuler,
19:27j'ai appris à faire des vidéos, à parler devant la caméra,
19:30à écrire des posts.
19:31Au début, ce n'était pas forcément la meilleure qualité au monde
19:34et le plus intéressant, puis j'ai progressé avec les années.
19:36– Je réponds à cette question concernant les effets indésirables
19:40en cas de vaccination contre le méningocoque B.
19:44– Désormais, super pédiatre a dépassé les 27 000 abonnés sur Instagram
19:48et a posté plus de 260 publications.
19:51Pour lui, un sujet mérite tout particulièrement la création de contenu,
19:57la vaccination.
19:59– Vacciner mon enfant contre le méningocoque B,
20:01et si je vous donne trois raisons de faire cette vaccination ?
20:05– Évidemment, en tant que pédiatre, j'ai dû investir ce sujet,
20:08donc différents posts, différentes vidéos sur le domaine de la vaccination,
20:11sur le calendrier vaccinal,
20:13essayer d'expliquer pourquoi il faut se faire vacciner,
20:15contre quoi, contre quelles maladies les vaccins protègent.
20:18Donc j'ai essayé vraiment de vulgariser cette thématique
20:22et je suis toujours en train de le faire
20:23parce qu'il y a énormément de fausses informations
20:25qui circulent sur ce sujet.
20:26– Sur ces réseaux, Emmanuel Delmas le constate,
20:32dès qu'on parle de vaccination, les commentaires se déchaînent.
20:36– 13 ans pour mes jumeaux, minimum de vaccins et toujours en vie.
20:40– Et les effets secondaires, on en parle ?
20:43– Qui aime beaucoup, vaccine peu.
20:46– C'est des communautés, donc des groupes de personnes
20:50de comptes anti-vaccination qui relaient les messages,
20:54qui les déforment et qui expliquent qu'en fait,
20:56en résumé, la vaccination, c'est dangereux pour les enfants.
20:59Et ça, c'est hyper important d'essayer de combattre ces idées, ces comptes.
21:02Donc il faut vraiment le faire.
21:04Après, il faut trouver le temps.
21:05Il faut aussi que l'État, je pense, s'y mette
21:07pour qu'il y ait un peu une synergie qui soit effectuée
21:11et pouvoir transmettre les bons messages de prévention auprès des enfants.
21:14C'est hyper important.
21:15– En avril dernier, l'État a annoncé que la lutte contre la désinformation
21:19devenait une priorité, tant elle mettait en péril la santé publique.
21:24En attendant, pour favoriser la vaccination,
21:27SuperPédiatre entrevoit d'autres solutions.
21:29– Il y a différents leviers pour simplifier la vaccination.
21:34Déjà le schéma, c'est-à-dire le nombre d'injections
21:35qui parfois fait peur aux parents.
21:37Il y a des travaux qui sont en cours pour essayer de réduire le nombre d'injections.
21:42Donc ça, c'est un élément.
21:43Pareil, la voie d'injection du vaccin.
21:46Les parents connaissent la piqûre, qui peut être douloureuse pour l'enfant.
21:50Maintenant, il y a des vaccins qui sont par voie orale qui ont été développés,
21:53qui existent déjà, notamment contre le rotavirus.
21:55Mais par exemple, pour la grippe, il y a un des vaccins qui a peut-être arrivé en France
21:59et qui sera par voie nasale.
22:00Donc tout ça, c'est des éléments qui peuvent permettre de simplifier ce schéma.
22:05– Véronique Guillotin, je vous entendais réagir pendant le sujet.
22:09Il y a des influenceurs qui ont la voie qu'ils portent sur le web
22:12et qui font beaucoup de mal à la vaccination.
22:14– Oui, c'est ce qu'on disait tout à l'heure.
22:16Je crois qu'on a des réseaux.
22:17En fait, c'est des gens qui déploient leurs messages.
22:21C'est des faux comptes, c'est automatique, etc.
22:23Et ça fait un bruit et ça occupe un espace pas possible.
22:26Moi, je trouve que c'est très bien ce qu'il a fait.
22:27Franchement, je pense que les professionnels de santé doivent devenir aujourd'hui,
22:31doivent trouver toutes les voies de communication.
22:33J'ai fait un rapport sur la périnatalité.
22:37La même chose, on a des indicateurs de mortinatalité infantile qui s'effondrent aujourd'hui.
22:42– Il y a plus de mortalité infantile ?
22:43– On est passé du troisième meilleur pays au 23e pays européen en matière de mortinatalité.
22:48– Et c'est lié à la vaccination ?
22:49– Non, pas qu'à la vaccination, mais on s'est posé la question de savoir
22:52comment on peut inciter les gens à avoir des bonnes pratiques
22:56pendant la grossesse, y compris la vaccination, mais pas que.
22:59Et en fait, les réseaux sociaux sont rapidement intervenus, les influenceurs.
23:04Mais on s'est dit qu'il fallait un peu trouver un moyen,
23:07pas de les labelliser, mais oui, d'informer peut-être les auditeurs
23:12que tel contenu est un contenu…
23:14– Non scientifiquement prouvé.
23:16– Un scientifique et l'autre non scientifique.
23:17Ben oui, oui, on le fait dans plein de solutions et je pense qu'il faudra quand même arriver à ça.
23:23En tout cas, moi, c'est ce que je pense.
23:24Il y a une loi qui est en train de passer au Luxembourg…
23:26– Un pharmasport ?
23:27– Oui, on a le Nutri-Score, je ne sais pas comment il faut appeler ça.
23:30Au Luxembourg, ils sont en train de traiter déjà ce sujet par un texte de loi
23:33et c'est hyper efficace les influenceurs, ça peut être très bien,
23:37c'est des contenus rapides, on voit bien, c'est audible, c'est compréhensible,
23:42c'est adapté à tout le monde.
23:43Par contre, il faut savoir lequel on doit écouter.
23:46– Alors, Véronique Guillotin, vous disiez tout à l'heure,
23:49une fois qu'on a pris la décision de se faire vacciner, il faut que ce soit simple.
23:52Jocelyn Rôde, je voudrais qu'on regarde ensemble un calendrier vaccinal.
23:55C'est compliqué.
23:57Est-ce que c'est d'ailleurs en partie ce qui pourrait expliquer la baisse de la vaccination avec l'âge ?
24:00C'est qu'on ne s'y retrouve plus dans ces vaccins.
24:03– C'est vrai que se faire vacciner, ça a été longtemps très compliqué.
24:06C'est-à-dire que vous deviez d'abord prendre rendez-vous avec votre médecin traitant
24:09qui vous prescrivait le médecin,
24:11ou de vous aller à la pharmacie récupérer votre vaccin
24:13et reprendre un deuxième rendez-vous avec votre médecin pour vous faire vacciner.
24:17Mais là, pour le coup, il y a eu vraiment des progrès très très importants qui ont été faits
24:20puisqu'aujourd'hui, la plupart d'entre nous, nous pouvons nous faire vacciner
24:23quasiment sans rendez-vous gratuitement et sans ordonnance
24:25dans de très nombreuses pharmacies en France.
24:28Donc il y a eu vraiment une volonté de simplifier, en tout cas,
24:30l'accès à la vaccination et les procédures qui étaient sous-jacentes à la vaccination.
24:35– Mais là, par exemple, moi, est-ce que je suis au courant,
24:38je suis en retard sur tel vaccin, sur le tétanos, j'en sais rien,
24:42sur comment est-ce que je peux savoir qu'il est temps de me faire vacciner
24:46ou que je suis en retard sur tel ou tel vaccin ?
24:48– Oui, alors il y a des repères, il y a un calendrier qui est fait.
24:50Donc selon votre âge, vous savez que tous les 20 ans,
24:52notamment pour vous qui êtes probablement dans la cinquantaine,
24:56vous devez vous faire vacciner à 65 ans.
24:58– C'est parce que maintenant, c'est parage, 25, 45, 65.
25:03– Absolument, il y a des grandes étapes.
25:04– 65, c'est plus 53 ans et demi, parce qu'avant c'était 23 ans et demi.
25:09– Oui, ça s'est un peu simplifié, donc il y a des grandes étapes tous les 20 ans
25:12et on est attendu sur les rappels sur ces périodes-là.
25:15Mais encore une fois, c'était beaucoup compliqué avant
25:18et je crois qu'on a fait quand même des gros progrès sur l'accès à la vaccination
25:21et la simplification administrative pour le coup.
25:23– Véronique Guillotin, on reçoit des SMS, vous avez reçu un colis,
25:25pourquoi est-ce qu'on ne reçoit pas des SMS ?
25:28Ou bien, il est temps de se faire vacciner, mon bon monsieur ?
25:30– Eh bien, bingo, parce que comme j'ai été toute jeune installée en médecine de vie,
25:35je me suis posée rapidement, la vaccination m'a beaucoup intéressée,
25:38j'envoyais en fait des messages à mes patients pour les rappels de vaccination,
25:43ce qui était interdit.
25:45– Ah oui ? – Oui.
25:46– Par le biais du médecin, bah ouais, apparemment…
25:48– Alors vous qui êtes législatrice maintenant, qui faites la loi,
25:51est-ce qu'il ne serait pas tant ?
25:52– On a mon espace santé là ?
25:54– Eh bien, c'est ça, ouais.
25:55– Ça commence la santé numérique ?
25:57– Je pense que mon espace santé doit largement progresser,
26:00parce que c'est bien de pouvoir aller se faire vacciner partout,
26:02et c'est vrai que c'est nettement plus simple,
26:03on pousse la porte de la formation, se fait vacciner,
26:05encore faut-il savoir qu'on doit se faire vacciner,
26:07et encore faut-il que la traçabilité de la vaccination suive.
26:11On entend aujourd'hui certains médecins qui disent
26:13« c'est très bien que ce soit élargi »,
26:15sauf qu'aujourd'hui on ne sait plus, on n'arrive pas à collecter les données.
26:19Donc là, il y a aussi une forme de collecte numérique
26:21à travers mon espace santé qui doit quand même, franchement, largement progresser.
26:25– Jocelyn Rôde, un conseil concret pour ceux qui nous regardent,
26:28allez voir votre carnet de santé, regardez si vous êtes à jour
26:31et quels sont les vaccins, on vous dit de grâce, faites votre appel,
26:35ne le sous-estimez pas.
26:36– Oui, il y a des sites en ligne, il suffit de regarder,
26:38mais on peut aussi tout simplement parler à son médecin traitant,
26:40en général ils sont au courant, ils le font bien,
26:42la plupart des médecins en France sont vraiment au courant de ces sujets-là
26:46et savent recommander la vaccination de manière adaptée et efficace.
26:51– Voilà, et pour tout savoir sur la vaccination,
26:53il y a ce site vaccination-info-service.fr
26:57et la santé ça va, c'est terminé, merci de nous avoir suivis,
27:01merci d'avoir participé à cette émission,
27:02vous pouvez la revoir sur le site publicsénat.fr
27:06et à bientôt sur Public Sénat pour une nouvelle émission.
27:08– Sous-titrage Société Radio-Canada
27:38– Ça va ?
27:39– Avec la mutualité française.
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