- il y a 9 heures
Longtemps pressenti pour être le candidat des Républicains face à François Hollande en 2017, il a aussi été question de sa candidature pour venir perturber le duel annoncé Macron/Le Pen en 2022.Son nom circule régulièrement pour Matignon. Respecté à gauche et cochant toutes les cases chez les Républicains, François Baroin avait le profil du candidat idéal. Néanmoins un mystère continue d'entourer ce prodige de la politique tombé très tôt dans la marmite chiraquienne. Acteur majeur de la vie politique, député à 27 ans, plus jeune Ministre de la 5éme République, inamovible maire de Troyes depuis 30 ans, François Baroin n'a jamais occupé le poste de premier Ministre malgré d'innombrables sollicitations et appels du pied. Il faut dire que François Baroin aime brouiller les cartes. Son parcours et ses engagements successifs posent question. " Il reste une énigme, impossible de savoir ce qui se passe dans sa tête " dit de lui sa propre mère. Derrière son image de jeune premier et son phrasé impeccable, François Baroin cache les fêlures qui font de lui un être complexe, souvent indéchiffrable, l'enveloppant d'un épais mystère. Libre, discret, imprévisible : Pour la première fois un documentaire lève le voile sur la personnalité la plus atypique de l'écosystème politique français. S'appuyant sur des interviews de François Baroin, de ses proches et de ses adversaires et des archives souvent inédites, ce film retrace le destin d'un jeune surdoué devenu l'homme politique le plus déroutant de sa génération et dont les ambitions demeurent surtout encore et toujours bien mystérieuses à l'approche d'une échéance majeure. Année de Production :
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00:00C'est un exercice que François Baroin connaît sur le bout des doigts.
00:21Comment ça va ? Ça va bien ? Oui, très bien. Parfait.
00:24Comment avez-vous ? Merci, bonne année. Merci de votre présence.
00:28Comme chaque année, depuis 30 ans, le maire de Troyes reçoit ses administrés pour l'inusable cérémonie des voeux.
00:35Meilleur voeux, tout va bien ? Bonsoir, tout va bien.
00:37Salut, bonne année. Bonsoir, bonne année. Merci de votre présence.
00:41Salut, ça va bien ?
00:43Si François Baroin a longtemps occupé de hautes responsabilités nationales, il est aujourd'hui plus discret et se concentre sur ses activités locales.
00:51Monsieur le maire, tu as les serrer la main de tout le monde ?
00:53Oui, oui, c'est la coutume, ça. Oui, puis une fois qu'on l'a fait, après, si on ne le fait pas l'année suivante, il nous fait la gueule, ce n'est pas possible.
01:00Les Troyeux sont chaque année toujours aussi nombreux à venir l'écouter.
01:06Bonsoir, monsieur Baroin. Ça va bien ? Implicable.
01:08Ce n'est pas un marronnier, ce n'est pas un supplice, c'est un moment privilégié et c'est un honneur d'échanger comme maire de Troyes sur ce qui va se passer chez eux, dans leur ville, au coin de la rue, pour l'année à venir.
01:20À l'occasion de cette nouvelle année, porter un léger regard, d'abord et venteux, sur le plan du développement économique,
01:26et l'arrivée de Clarins et de Jean Rousseau constitue un événement pour la ville et pour l'agglomération et pour notre département.
01:33Je vous souhaite à toutes et à tous, pour vous et pour vos proches, et dans la réussite de vos projets, une excellente année.
01:44Tombé très jeune dans la marmite chiracienne, François Baroin sait trois décennies d'engagement politique sous le sceau du gaullisme.
01:51Il y a une fonction, il faut bien l'assumer et pas décevoir la confiance que les gens placeront.
01:58Député à 27 ans, plus jeune ministre de la Ve République.
02:04Ça va, c'est la forme ?
02:05Inamovible maire de Troyes depuis 1995.
02:09Une bonne équipe là.
02:10Sa précocité lui a longtemps valu le surnom d'Harry Potter de la droite.
02:15Ce qui m'agacait, c'était ses lunettes. On ne pouvait pas le prendre au sérieux.
02:1930 ans plus tard, après des passages par Beauvau, Bercy et la présidence de la puissante association des maires de France.
02:28Vous avez décidé de supprimer un impôt qui ne vous appartient pas.
02:31François Baroin affiche toutes les qualités d'un leader crédible pour son camp.
02:36Oui, la droite est en mal d'incarnation.
02:37C'est une réalité, une réalité aujourd'hui.
02:40Et François fait partie des deux, trois personnes qui peuvent l'être.
02:43Problème, l'ex-ministre de l'économie de Nicolas Sarkozy ne semble pas franchement pressé de s'aligner sur la ligne de départ.
02:52Il a déçu une partie de sa famille politique, mais surtout je dirais qu'il l'a frustré.
02:58C'est précisément le statut d'éternel présidentiable de François Baroin qui entretient une énigme tenace.
03:04Pourquoi sa personnalité apparaît-elle souvent indéchiffrable ?
03:12François Baroin reste assez fidèle à ce qu'il est, avec toujours une part de mystère.
03:18Je pense que même ceux qui le connaissent bien ne savent pas exactement ce qu'il a au fond de lui.
03:23C'est un homme plein de pudeur, qui ne montre pas la réalité de son âme.
03:28Il a d'abord été construit par le bonheur, en plus près il a été construit par le malheur.
03:31Dans une famille de quatre, il perd sa sœur renversée par une voiture, puis son père qui meurt dans un accident.
03:37Oubliatoirement, c'est quelque chose qui le construit, qui le constitue et qui le constituera toute sa vie.
03:43François Baroin a la réputation d'être discret et même énigmatique.
03:48Pour le vérifier, nous l'avons suivi pendant plusieurs semaines et rencontré sa famille, ses amis et d'anciens collaborateurs.
03:54François, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, a toujours été reconnu par ses pères
03:59comme quelqu'un sur lequel le doigt du bon Dieu s'est déposé.
04:03Chirac cultivait beaucoup le secret et François aussi.
04:07Ce n'est pas quelqu'un très extraverti.
04:10François Baroin, portrait intime d'un homme politique dont les ambitions demeurent encore et toujours un mystère.
04:17Paris, automne 2024.
04:26Ce jour-là, c'est un François Baroin, visiblement pressé, qui vient assister au bureau politique des Républicains.
04:32Une fois entré dans la maison de la chimie, surprise, l'ambiance bon enfant contraste avec la violente tempête que traverse le parti.
04:43C'est ce soir que doit être validée à huis clos l'éviction d'Éric Ciotti.
04:47On a tous, pour certains, contre-entendent l'action militante, engagée dans la CFE,
04:54l'Igoliste qui a suivi des évolutions et des mutations.
04:57On se connaît tous, on n'a pas toujours été d'accord ensemble, on n'a pas fait le même choix non plus pour les consultations présidentielles, par exemple.
05:04Puis une vie politique, il y a des crêtes, il y a des creux, et il faut être là.
05:08Quand la famille est en difficulté, ce qui est le cas, on est là pour se rassembler.
05:11Malgré ces paroles d'apaisement, dont chaque mot semble avoir été sous-pesé pour n'égratigner personne,
05:20François Baroin ne prolongera pas la soirée avec ses camarades de combat.
05:27Après une heure d'assemblée, il est le premier à s'échapper sans faire la moindre déclaration pour rejoindre son fief troyen.
05:34C'est donc au cœur de la campagne aux boises, à une vingtaine de kilomètres de sa mairie, que nous le retrouvons.
05:53Il est accompagné de Pampa, son chien qui ne le quitte jamais.
05:57Retrouvaille joyeuse avec Luc, éleveur bovin, et surtout, amis d'enfance.
06:06Mais je suis passé par Vulen Rigny.
06:11J'ai pas fait avec son note, Vosjurenne, ça va me rappeler trop la pente en vélo.
06:15Ça te rappelle trop le vélo ?
06:16Mais tu te souviens, putain, le jarre, Vosjurenne, tout ça, voilà.
06:20Oh là là, la photo.
06:23Ah ouais, extra.
06:24T'as combien d'hectares maintenant ?
06:27On a 195 hectares.
06:28D'accord.
06:29Et puis on a 120 vaches.
06:31On a 120 vaches ?
06:32Ah ouais, tu vas me montrer ça.
06:34Ah oui.
06:35Ah ouais, ouais, ouais, ouais, c'est une grande technique, ça.
06:38L'impeccable costume bleu marine a laissé place à un look de gentleman farmer.
06:44Alors qu'est-ce que t'en penses de mon chien ?
06:45Il y a une bonne gueule.
06:46Au milieu de cette exploitation agricole, François Baroin est autant dans son élément que dans les quartiers chics de la capitale.
06:52Waouh, c'est assez impressionnant.
06:56Ils sont beaux tes animaux, ils sont vraiment beaux.
06:58En réalité, l'ancien ministre n'a que l'apparence d'un citadin.
07:02Et alors ?
07:03Oh là là là là là là là.
07:06Oh là là, c'est gros.
07:08Deux ans, tu dis ça ?
07:09Souvent, quand les gens pensent connaître François Baroin, ils voient effectivement le beau mec en costard-cravate.
07:18Mais la réalité, si on veut connaître Baroin, c'est d'aller faire une promenade avec lui,
07:24se balader dans les prairies et dans la forêt.
07:25C'est quelqu'un qui connaît, mais par cœur, la faune et la flore.
07:29Et qui est passionné de cela.
07:31Non, non, tu ne rentres pas, tu ne vas pas voir les vaches.
07:33Tu vas prendre un coup de sabot.
07:34Et c'est quelque chose de très important dans sa personnalité.
07:38Quand les gens voient François, ils ont le sentiment d'un Parisien.
07:44François, c'est un homme de la terre.
07:47Si vous voulez connaître vraiment François Baroin, il faut le suivre dans la creuse.
07:52Et François, il est heureux quand il pêche et quand il chasse.
07:56Je dirais, il a plus un côté Jean-Gamin qu'Alain Delon.
08:00Et ton foin, tu le prends où alors ?
08:02Ton foin, on le produit sur la ferme.
08:05Et tu n'as pas des années aléatoires ?
08:06C'est compliqué, il y a des années où il n'y a pas beaucoup de foin.
08:08Cette année, il y a beaucoup de foin, mais qui a été très difficile à récolter.
08:13À cause de l'humidité, oui.
08:15Je peux dire que la nature, cet horizon lointain, cet air pur et puis cette passion,
08:22ça m'a souri, ça m'a porté.
08:25Et on n'identifie pas à cela.
08:28Oui, peut-être parce que j'ai une tête de Parisien.
08:30J'ai besoin au moins d'une journée en pleine campagne.
08:32Pour comprendre l'origine de ce lien quasi fusionnel avec la nature,
08:37il faut remonter à l'enfance de François Baroin.
08:40T'as pas trop...
08:41Il fait ses premiers pas au pied des arbres du parc de la maison familiale de Nogent-sur-Seine,
08:49où Michel, son père, est alors sous-préfet.
08:51Puis quelques années plus tard, c'est la découverte fondatrice des prairies et des cours d'eau de la Creuse.
08:58La Creuse, c'était les vacances.
09:02C'était notre pays, c'était mon pays, que mon mari avait adopté,
09:06parce que lui était du Morvan, et le Morvan, c'était trop froid pour moi.
09:09Donc, on s'est beaucoup installés dans la Creuse.
09:12Et toutes les vacances, nous ne les avons passées que dans la Creuse.
09:15Mes enfants n'ont jamais connu d'autres vacances que le mois de la Creuse.
09:20où il y avait la pêche et la famille.
09:24C'est justement l'été que le tout jeune garçon peut passer du temps auprès d'un père
09:28accaparé par ses responsabilités de haut fonctionnaire.
09:34C'est mon père qui me pose sur un rocher quand il m'apprend à pêcher,
09:38au Guécornu, sur la Creuse, non loin de la maison de famille,
09:41qui était une toute petite maison, et pour lequel il était extrêmement heureux.
09:46C'est mon père, oui, qui me prend par la main, qui me fait porter un lièvre,
09:50qui venait de tirer, j'ai 6 ans, j'arrive épuisé, je ne veux pas lâcher l'hièvre,
09:53il fait presque mon poids, il était énorme, voilà.
09:56Et c'est un éclat de rire de mon père qui me voit m'épuiser.
09:59Ce sont ses moments de partage, comme un père avec un fils.
10:01Parfois, on abuse du mot charismatique, on l'utilise à tout bout de champ,
10:05mais si je devais désigner une personne charismatique
10:07dans tout ce que j'ai vu dans ma vie, c'est à lui que je penserais d'abord.
10:12Parce que quand il rentrait dans une pièce, ça se voyait.
10:16Il avait beaucoup de prestance, une belle voix.
10:20Et alors, on venait à Berbon, et on préboitait.
10:23Avec beaucoup de joie.
10:24Bon retour. Au revoir.
10:26Vous avez bien entendu les amis ? Complètement.
10:28Je suis d'accord avec tous les présidents, vous savez.
10:30C'est un homme qui avait vécu beaucoup de choses, parce qu'il avait d'abord été policier, puis il avait été préfet.
10:40La vie est une quête d'harmonie, c'est ça que je vois qu'on a.
10:43C'est une recherche d'équilibre.
10:45Et que l'équilibre est toujours instable.
10:47Mais qu'il y faut une volonté tenace pour essayer de faire en sorte qu'on y atteigne.
10:52Après un passage à l'Assemblée Nationale comme chef de cabinet des présidents Achille Peretti et Edgar Faure,
11:00Michel Baroin prend la direction de la GMF, la garantie mutuelle des fonctionnaires.
11:04La famille s'est installée à Paris dans le très bourgeois 17e arrondissement.
11:22François Baroin fréquente l'un des établissements les plus prestigieux de la capitale,
11:26où un futur ministre a lui aussi usé ses fonds de culotte.
11:29Là c'était en CM2, la classe de Mademoiselle Bouygues, à Stanislas.
11:38Et donc on était dans la même classe, on est tout de suite devenus amis.
11:44François était espiègle, il aimait beaucoup les farces.
11:47Il était le meilleur client du magasin de farces et attrapes de son quartier.
11:52Il était généreux.
11:55François Baroin mène la vie d'un jeune homme des beaux quartiers.
11:58Il prépare HEC la journée et fait le DJ une fois ses livres refermés.
12:06C'était devenu presque notre métier, en plus de nos études,
12:09d'être le soir à passer des disques dans des soirées ou dans des boîtes de nuit qui nous contractaient.
12:16Et François était celui qui repérait les disques, notamment les dernières sorties aux Etats-Unis.
12:21François ! François ! T'es là ?
12:26C'est encore le temps de l'insouciance.
12:28Comme le montre ce document tourné au lendemain des manifestations étudiantes de décembre 1986.
12:34Vous étiez à la manif hier ?
12:37Non, non. Personnellement, je n'étais pas.
12:39Pourquoi ?
12:41Parce que justement, moi je trouve ça très triste, c'est effectivement la disparition d'un jeune comme ça.
12:49Mais je ne me sentais pas tellement concerné par la manifestation en commun.
12:52Vous en avez discuté tous les deux avec votre père ?
12:55On se voit beaucoup, on discute de beaucoup de choses.
12:58Mais c'est toujours par petits bouts, dix minutes, par six, dix minutes, par là.
13:03Et oui, effectivement, on discute un peu de tout ça.
13:05Quelques semaines plus tard, le destin de François Baroin bascule définitivement.
13:10Et à seulement 21 ans, c'est déjà une deuxième vie qui commence.
13:14On apprenait hier soir la mort de Michel Baroin, PDG de la FNAC de la garantie mutuelle des fonctionnaires.
13:22Il s'est tué hier avec six de ses collaborateurs dans un accident d'avion au Cameroun alors qu'il effectuait un voyage d'affaires.
13:34Ce drame intervient dans des circonstances très particulières.
13:39Le jeune homme se remettait à peine de la mort récente de sa soeur.
13:44C'est l'ouverture, malheureusement, d'une autre vie que nous n'avons pas choisie.
13:49Et du jour au lendemain, tout est devenu difficile, tragique.
13:56On est passé du bonheur à l'horreur.
14:01On était quatre, huit mois plus tard.
14:05Un accident de voiture, un accident d'avion, c'est pas banal.
14:09On se regarde tous les deux et la première question, c'est de savoir qui est le prochain.
14:14Donc c'est une famille dévastée.
14:18Je suis jeune, ma mère vient de perdre sa fille, son époux.
14:23Oui, un devoir de responsabilité de la protéger, de faire ce que je pouvais faire.
14:27Donc il y a une forme de gravité qui s'installe en lui, qui n'existait pas auparavant.
14:31Ça contribue aussi à lui faire une carapace, c'est-à-dire une capacité à résister au coup,
14:36parce que rien n'est pire que de perdre un être cher, et ça lui arrivait à deux reprises.
14:43Et ça, c'est effectivement, c'est constitutif de sa personnalité, de la manière dont il s'est construit.
14:49C'est indiscutable.
14:50Jacques Chirac, alors maire de Paris et premier ministre de François Mitterrand,
14:54se précipitent au chevet de la famille dès l'annonce de l'accident.
14:59Il arrive à une heure du matin et il dit, voilà, on a retrouvé par satellite les photos de l'avion.
15:06Il est tombé là, ton père est mort.
15:07Et maintenant, il va falloir assumer.
15:10Le futur président était déjà un visage familier.
15:13Ce drame va faire de lui le parrain officieux de François Baroin.
15:17Il ne faut jamais oublier que la relation familiale et intime précède, et de beaucoup, la relation après plus politique.
15:28François, dans son bureau, a toujours eu une photo de lui avec Jacques Chirac, où François est tout petit garçon.
15:33Et donc c'était ce grand homme, copain non-père de Sciences Po, qui venait à la maison de temps en temps.
15:40Comme je le disais, il appelle le dimanche, et donc je répondais au téléphone, avec sa voix incroyable.
15:45« Michel Baroin, je vous prie », c'est un enfant qui lui répond, « c'était Michel Baroin, je vous prie ».
15:50Et donc moi, on m'a dit de la part de qui ? Jacques Chirac.
15:53On a la main qui tremble, j'appelle mon père.
15:57Et c'est aussi le souvenir d'un Chirac qui vient dîner à la maison de manière conviviale.
16:03Les semaines qui suivent la mort de son père sont éprouvantes.
16:07Pour meubler ses nuits d'insomnie et ne rien céder au désespoir,
16:10François Baroin dévore Hugo Lamartine et Châteaubriand.
16:14Il se passionne pour les grands discours politiques du XVIIIe siècle.
16:20Je n'arrivais pas à dormir, j'étais envahi par mes fantômes, j'étais triste.
16:23Et donc j'ai tout lu, voilà.
16:26Enfin, tout lu, tout lu ce que je pouvais, qui était à ma portée.
16:30J'ai lu beaucoup de poésie, j'ai lu énormément d'histoires, j'ai lu beaucoup de philosophie.
16:34Il pouvait sombrer, il pouvait faire n'importe quoi.
16:37Mais il a eu le courage d'abord de rester dans le mouvement,
16:42de rester avec Edgar Ford qui, à l'époque, avait succédé à mon mari pour la commémoration du bicentenaire.
16:51Il a présenté le livre de son père à la télévision.
16:55Michel Baroin, c'est donc que c'était votre père.
16:56Mars 1987, c'est lors de la grande messe littéraire hebdomadaire
17:02que près de 2 millions de Français font connaissance avec un garçon encore meurtri.
17:07Je trouve ça très courageux et très sympathique de votre père.
17:10Je vous répondrai deux choses à ceci.
17:13D'une part, effectivement, parce que je me suis senti le devoir de lui rendre cet hommage.
17:16Et puis je crois qu'également, à l'intérieur de l'ouvrage,
17:21il y a un message profondément optimiste et rempli d'espoir.
17:25François Baroin vient honorer en direct la mémoire de son père.
17:30Exercice pour le moins périlleux pour un novice.
17:33Et donc, je vais chez Pivot, je ne me pose pas de questions.
17:37À l'époque, il avait sa tête de jeune premier.
17:40Et puis, une éloquence assez rare dans les discours, très impressionnant.
17:46J'ai envie de dire un peu ce qu'il y a dans ce livre.
17:49Et puis, si ça intéresse des gens, tant mieux.
17:51Et Apostrophe, ça avait un impact énorme.
17:56Ça a eu un impact énorme, cette émission.
17:59Ils ont vu un jeune homme expliquer sereinement, malgré la douleur,
18:05ce que pouvait être ce message.
18:08Devant son écran, Jean-Pierre Elkabach,
18:10directeur de l'antenne et journaliste star d'Europe 1,
18:13assiste au grand début de François Baroin dans l'arène médiatique.
18:17Immédiatement convaincu qu'il possède toutes les qualités
18:20d'un futur grand journaliste,
18:22Elkabach lui offre sa chance au sein de la rédaction.
18:26François Baroin décline d'abord la proposition
18:28et rejoint finalement la station quelques mois plus tard
18:31au service économique et politique.
18:33Oui, je l'ai connu quand il devait avoir 20 ans,
18:40peut-être 22, mais je crois plutôt 20,
18:42et qu'il est entré à Europe 1, au service politique.
18:47Il avait été accueilli, il faut le dire, avec une certaine méfiance,
18:51parce que tout le monde savait que c'était une demande de Lagardère,
18:53qui à l'époque était le propriétaire,
18:55et que Lagardère voulait faire plaisir à Jacques Chirac.
18:57Donc, on l'a un peu regardé comme ça,
19:01avec, je ne dis pas suspicion,
19:04mais enfin, avec une petite prévention,
19:06mais il est doué pour les rapports humains,
19:10et franchement, en trois mois,
19:13tout le monde l'avait complètement adopté.
19:15Jacques Chirac, un mot également.
19:17Je soutiens un excellent candidat,
19:19et je souhaite qu'il gagne.
19:21C'est extrêmement intense,
19:24il y a une adenaline assez extraordinaire,
19:25mais c'est une formidable école.
19:28Après quatre ans de bons et loyaux services,
19:30le jeune homme quitte la station de la rue François 1er.
19:34Pris sous la coupe de Jacques Chirac,
19:36il entre dans l'arène,
19:37dont il a été l'observateur privilégié.
19:39Il a dû certainement prendre cette décision,
19:41après en avoir longuement parlé avec Jacques Chirac.
19:43Je pense que Jacques Chirac l'a plutôt poussé à le faire.
19:46C'est assez difficile de résister à Chirac
19:48quand il vous prend entre quatre yeux sur le thème.
19:51Enfin, il faut résister, quoi.
19:52Il me dit, voilà, le pays t'a donné,
19:54donc on réfléchit très vite,
19:55qu'est-ce qu'il m'a donné ?
19:57Et il dit, il faut que tu lui rendes.
19:58À 28 ans, François Barouin
20:00est le plus jeune député de l'Assemblée.
20:02Présenté à l'époque comme le premier bébé Chirac,
20:05c'est naturellement sur une liste RPR,
20:07le parti gaulliste,
20:09que François Barouin est élu député
20:10de la 3e circonscription de l'aube,
20:13en 1993.
20:16Il devient le Benjamin de l'Assemblée nationale.
20:20Alors moi, je ne me suis jamais excusé de mon âge.
20:22Je ne me suis jamais excusé d'avoir été élu à 27 ans.
20:25Je voyais bien dans le regard des anciens,
20:27il y avait un côté, soit sage,
20:28quand tu seras grand, tu récompenseras.
20:30Ça m'a collé à la peau pendant de nombreuses années.
20:32Son entrée en politique par la grande porte,
20:37François Barouin l'a faite en 1994,
20:40dans son costume de porte-parole du candidat Jacques Chirac.
20:44Le maire de Paris est alors totalement éclipsé
20:47par Édouard Balladur, son grand rival à droite,
20:49dans la bataille pour l'Elysée.
20:50C'est un produit du terroir pour un homme de terrain
21:00et que la pomme donne la pêche,
21:01ce n'est pas si mal comme message politique.
21:04Au début de l'automne 1994,
21:06Chirac plafonne à 12% dans les sondages.
21:10Je ne me suis jamais dit
21:10qu'on allait partir dans le mur avec Chirac
21:11parce que pour moi, ce n'était pas un mur.
21:13Je crois que c'est important.
21:14On n'a pas pu faire le délit de très grande vitesse.
21:17Peut-être qu'on arrivera à faire la conduite accompagnée
21:18ou à tout le moins le code de bonne conduite.
21:20Tout était sur Balladur.
21:21Les médias avaient basculé,
21:22les sondeurs avaient basculé,
21:24les fidèles de Chirac avaient basculé.
21:26Chirac était tout seul.
21:28Tout le monde rigolait, se moquait,
21:30mais se moquait de lui comme de nous d'ailleurs.
21:33On nous disait, enfin, vous vous foutez là.
21:35Jacques Chirac était celui qui nous remontait le moral
21:38en nous disant
21:39« Il ne faut pas regarder en bas, à droite, à gauche.
21:42Il faut regarder tout droit et on y va et on va y arriver. »
21:45Je me souviens très bien
21:47de l'investissement de François auprès de Jacques Chirac.
21:50D'être mis comme ça en premier plan pour le soutenir
21:53a indiscutablement été l'élément majeur
21:58dans le décollage de François dans l'opinion publique.
22:02J'étais porte-parole à 60, 80, 100 journalistes devant
22:05tous les mardis pour un point de presse
22:07qui me disent « Quand est-ce qu'ils jettent l'éponge ? »
22:09Et 3 mois plus tard, il y a 19h30,
22:11son directeur de cabinet de campagne
22:13à l'appel, qui était Patrick Stéphanini,
22:15il lui dit « Nous, on ne l'entend pas,
22:17mais je le vois sourire. »
22:19Il lui dit « Ça y est, vous êtes élu, ça ne bougera plus. »
22:22Il raccroche.
22:23Il met ses mains derrière, comme ça.
22:25Il met ses pieds sur le bureau.
22:27Il a dit « A l'une bière pour tout le monde, je suis président. »
22:29Et un éclat de rire.
22:30C'était extrêmement généreux.
22:31C'est un moment d'éternité.
22:33Dans toute sa dimension romanesque,
22:36la bataille pour la présidentielle de 1995
22:39a été pour le jeune député Barouin
22:41l'occasion de tisser des liens précieux
22:43pour la suite de sa carrière.
22:44Jacques Chirac m'a en quelque sorte débauché
22:48du syndicalisme agricole.
22:50Je suis rentré dans son stade de campagne
22:52et François y était également.
22:53C'est comme ça qu'on s'est connus.
22:55François fait partie de ma vie
22:57depuis tellement longtemps.
23:00On a toujours été amis,
23:02y compris dans les périodes plus difficiles,
23:05celles notamment de 1995,
23:09où il était très proche de Jacques Chirac.
23:11Moi, j'étais très éloigné de Jacques Chirac.
23:13Mais François et moi,
23:15on se parlait très régulièrement,
23:16on était très proches.
23:19Chirac élu président,
23:21François Barouin intègre le gouvernement
23:23conduit par Alain Juppé.
23:25Il a beau être le poulain du chef de l'État,
23:28la récompense aura très vite un goût amer.
23:32Je lui ai même dit
23:33méfie-toi du premier ministre Alain Juppé,
23:35il ne va pas t'aimer.
23:36Il me dit tu crois, tu crois.
23:38Et ensuite, le gouvernement se forme
23:39et je devais être ministre de la communication
23:42et porte-parole du gouvernement.
23:45Et puis, deux heures avant la formation du gouvernement,
23:47Juppé, qui venait d'être nommé premier ministre,
23:49m'appelle et me dit
23:49je voulais m'assurer auprès de toi
23:52que tu acceptais bien d'être secrétaire d'État
23:53auprès de moi
23:54et porte-parole du gouvernement.
23:56Là, je me suis dit,
23:56mais ce n'est pas du tout ce qu'on m'a dit
23:58dix jours avant.
23:59Donc ça, ça a été le premier contact
24:01avec la réalité de l'exercice
24:02du pouvoir au plus haut niveau.
24:03C'est-à-dire, ça commence à un peu séparer
24:08ceux qui ont mené le même combat.
24:10Et six mois après,
24:10il était mis dehors du gouvernement.
24:15Entre le premier ministre et son porte-parole,
24:17la guerre est déclarée.
24:19François Baroin affronte le premier ennemi
24:22de sa jeune carrière politique.
24:25Forcément, ça crée ensuite des crispations.
24:28Et puis après, ce n'est pas le même parcours.
24:30Vous avez d'un côté une certaine énergie
24:36qui pense qu'elle est propriétaire
24:38de droits divins de la France
24:40et qui regarde ceux qui n'ont pas le même parcours
24:44et qui n'ont pas le même diplôme
24:45avec un sentiment, pas de mépris,
24:49mais de condescendance.
24:51Malgré son élection très remarquée
24:53à la mairie de Troyes,
24:54fiefs gaullistes historiques,
24:56le point de non-retour est atteint fin 1995.
25:00Juppé m'a demandé de faire quelque chose
25:03dont je trouve que ça ne correspondait pas
25:05à la mission qui m'était confiée
25:06comme membre du gouvernement.
25:08Et j'ai commis une erreur.
25:11À la sortie du conseil des ministres,
25:12Chirac voulait toujours qu'on se voit
25:14comme porte-parole.
25:15Et je dis à Chirac,
25:16voilà ce que m'a demandé le premier ministre,
25:17qu'est-ce que vous en pensez ?
25:19Chirac, qui est un type adorable,
25:21appelle le premier ministre pour lui dire
25:22François Barouin m'a dit ça,
25:23je crois qu'il a raison,
25:24c'est pas bien.
25:25Et Juppé, un homme de pouvoir
25:27et de caractère,
25:29en a tiré les leçons
25:30que j'étais déloyal.
25:31Madame, monsieur, bonsoir.
25:33François Barouin est donc l'une des victimes
25:34du remaniement du gouvernement
25:36d'Alain Juppé,
25:36annoncé aujourd'hui en fin de matinée.
25:38Ce soir, le maire de Troyes
25:39n'est plus porte-parole du gouvernement.
25:42J'ai détesté la méthode,
25:44j'ai détesté sa morgue,
25:45et je me suis dit,
25:46c'est cet homme-là,
25:47on n'est pas fait du même bois.
25:48Et ceux qui considéraient que Juppé,
25:49c'était Chirac,
25:50c'était deux hommes
25:51complètement différents.
25:53Mais ma responsabilité a été
25:54de ne pas être assez prudent
25:55dans ma relation personnelle
25:57avec le président de la République,
25:58qui m'a fait prendre un risque
25:59dans ma relation
25:59avec le Premier ministre.
26:01Cette injustice
26:01et la façon dont ça s'est fait,
26:03je l'ai vu rouge.
26:05Ça a été très grave
26:06et très douloureux.
26:08Et pas juste, surtout.
26:10Il avait pris comme une profonde injustice
26:12à double titre,
26:13parce qu'il estimait
26:14qu'il avait fait le travail,
26:15puis je pense parce qu'il estimait
26:16qu'il faisait partie,
26:17ce qui était vrai,
26:18des Chirakiens,
26:21des fameux bébés Chirac,
26:22comme on disait.
26:22Et c'est vrai qu'il avait donné
26:25de sa personne.
26:26On ne peut pas lui enlever ça.
26:29François Baroin
26:29a beau ne plus faire partie
26:31du gouvernement,
26:32député maire de Troyes
26:33à seulement 32 ans,
26:34il est désormais à droite,
26:36une force avec laquelle
26:37il faut compter.
26:39On voyait l'animal politique
26:41se réveiller,
26:42parce que c'est aussi
26:42un animal politique.
26:44Lorsqu'il devait répondre
26:45ou il devait attaquer
26:46à l'Assemblée nationale,
26:47il osait affronter
26:49à Nicolas Sarkozy
26:51à l'époque
26:51où Nicolas Sarkozy
26:53n'était pas en grâce
26:54en Chiraki.
26:56Et il le faisait
26:57avec...
26:59Ce n'est même pas
27:00une question de courage,
27:01d'ailleurs,
27:02mais sans se poser
27:04de questions
27:04alors que d'autres
27:06mettaient plutôt des gants.
27:08À la mairie,
27:09derrière son grand bureau
27:11en bois,
27:11héritage précieux
27:12de son père,
27:13il consolide
27:14son implantation troyenne
27:16et reste en contact
27:17étroit avec Jacques Chirac.
27:19En bon chasseur,
27:21il attend son heure
27:21et va rebondir
27:23comme un vieux sage.
27:25En 2003,
27:26il convainc
27:27le président Chirac
27:28de l'urgence
27:28d'un rapport
27:29sur la laïcité,
27:30un thème nettement
27:31identifié à gauche,
27:33mais inscrit
27:33au plus profond
27:34de son ADN familial.
27:36C'est peut-être
27:36l'un des actes
27:38de ma vie politique
27:39dont je suis le plus fier,
27:40qui a été de permettre
27:41deux, trois choses
27:43très simples.
27:43La première,
27:44de faire bouger la droite
27:45sur cette question
27:45de la laïcité.
27:46Je suis le fils
27:47d'un grand-mère
27:47du Grand Orient,
27:48j'ai vécu
27:48dans cette idée
27:51selon laquelle
27:52la singularité
27:53du modèle français
27:53reposait justement
27:54sur quatre idées simples,
27:56la liberté,
27:57l'égalité,
27:57la fraternité,
27:58la laïcité.
28:00J'ai beaucoup lu
28:01et je regardais
28:02l'évolution
28:02des jurisprétences
28:03en Turquie
28:03et notamment
28:04sur la question
28:05du voile
28:05dans les universités turques
28:07qui était à l'époque
28:08un pays laïque,
28:08ce n'était pas encore
28:09Erdogan.
28:10C'était très inquiétant
28:11parce qu'il était assez écrit
28:12qu'à un moment
28:13ou à un autre,
28:14la Cour européenne
28:14des rois de l'homme
28:15dirait
28:16la France ne peut plus
28:17faire ce qu'elle veut
28:18en termes de loi
28:19malgré la constitutionnalité
28:21de la laïcité
28:22puisque la norme européenne
28:24sera supérieure.
28:25Et j'ai dit
28:25il faut une loi.
28:25Il a compris
28:26bien avant
28:28beaucoup de gens
28:29un certain nombre
28:31de difficultés
28:32auxquelles la France
28:33allait être confrontée.
28:34Je rappelle
28:35que c'est quand même
28:36lui qui est à l'origine
28:36de la loi
28:37sur l'interdiction
28:39du port du voile
28:39sans que ce soit
28:41d'ailleurs une obsession.
28:43C'est un laïc
28:43mais c'est un vrai laïc
28:45c'est-à-dire que
28:46la laïcité
28:47n'est pas comme
28:47chez certains
28:48une arme
28:49contre les musulmans.
28:51C'est une vraie conviction.
28:52Le rapport Baroin
28:53provoque la création
28:54d'une commission
28:55sur l'application
28:56du principe de la laïcité.
28:58Mais Jacques Chirac
28:59choisit le centriste
29:00et très consensuel
29:01Bernard Stasi
29:02pour la piloter
29:03privant ainsi
29:04son protégé
29:05d'un précieux
29:06cheval de bataille
29:07pour la suite
29:08de sa carrière.
29:11Le vrai problème
29:12de François Baroin
29:12vous dites
29:13quelle est sa ligne
29:14en fait c'est
29:15c'est qu'il n'est associé
29:17à aucune idée.
29:18Et d'ailleurs
29:19je pense que
29:19il a loupé un coche
29:21à un moment.
29:22En 2003
29:22il avait été à l'origine
29:23d'un rapport
29:24sur la laïcité
29:26c'est lui
29:26qui avait tenu
29:27à le faire.
29:28C'est une valeur
29:29à laquelle il était
29:29très attaché
29:30donc il y avait eu
29:30ce rapport
29:31qui avait ensuite
29:31débouché
29:32sur la commission Stasi
29:33et sur l'interdiction
29:34du voile
29:35à l'école.
29:37Il aurait dû
29:37l'appréhender.
29:39Il était tout à fait légitime
29:40et je pense
29:41qu'il aurait été associé
29:42à cela
29:42et si jamais
29:44un jour
29:44il revient en politique
29:45il pourrait
29:47s'associer
29:49et se réapproprier
29:50cette valeur.
29:52François Baroin
29:54revient au gouvernement
29:55en 2005
29:56pour sa prise de fonction
29:58au ministère
29:58de l'Outre-mer
29:59Jacques Chirac
30:00lui confie
30:01un dossier
30:01particulièrement sensible.
30:03On avait un sujet
30:06sur la Calédonie
30:07déjà
30:07et sur le corps électoral
30:08déjà
30:09et on devait modifier
30:11la constitution
30:11puisque c'était
30:12l'un de ses engagements.
30:14L'heure est grave
30:14mais le président
30:15va immédiatement
30:17détendre
30:17le nouveau ministre.
30:19Je le vois
30:20sur tour de vacances
30:20puis il était tout bronzé
30:22je lui ai dit
30:22vous avez bonne mine
30:23et il me dit
30:24la mine ça va
30:25le crayon
30:27c'est autre chose.
30:28J'ai éclaté derrière
30:30moi j'avais
30:30une menace
30:31d'indépendance
30:32des Canaques
30:33un dossier
30:34qui était juste
30:35une révision constitutionnelle
30:36et puis il me sort
30:37une blague un peu gaillarde
30:39pour montrer la décontraction
30:40après on est passé au travail.
30:438 mois plus tard
30:43François Baroin
30:44se trouve confronté
30:45à un drame
30:46qui vient résonner
30:47au plus profond
30:48de son histoire familiale.
30:52On annonce
30:53alors que
30:54c'est l'été
30:54qui a la plus grande
30:55catastrophe aérienne
30:56en Martinique
30:58il y a 160 personnes
30:59qui meurent
31:00au Venezuela
31:01et ça
31:02c'était un moment
31:03très fort
31:04et très dur
31:05je ne dis pas
31:06que c'était le pire
31:06parce que c'est
31:06une grande intensité humaine
31:08mais j'avais pris l'avion
31:09je suis resté
31:10peut-être 15 jours
31:12là-bas
31:12avec les familles
31:13en plus
31:15il faut savoir
31:15qu'en Outre-mer
31:16le deuil
31:17ne peut commencer
31:18que lorsque le corps
31:19a été récupéré
31:19c'était impossible
31:20de récupérer les corps
31:21il fallait
31:21évidemment rapatrier
31:23tout ça
31:25ça a été
31:25de longues négociations
31:26donc en termes
31:27d'intensité humaine
31:27sans être le pire
31:28ça a été le plus éprouvant.
31:31Le drame du 16 août 2005
31:32monopolisent les journaux télévisés
31:34pendant plusieurs jours d'affilée
31:36François Baroin est en première ligne
31:38loin de l'image habituelle
31:40de bon élève appliqué
31:41la France le découvre
31:42sous un autre visage
31:44François était très présent
31:46auprès des familles
31:47des victimes
31:48très marqué
31:48par cet accident
31:50Si vous parlez
31:51avec les gens
31:52dans les Antilles
31:54lorsqu'il y a eu
31:55cet accident
31:56d'avion
31:56tragique
31:57les gens ont tout de suite
31:59compris
31:59comment il était touché
32:00ils ont vu
32:01sa profonde humanité
32:02C'est vrai que
32:03souvent il a eu l'image
32:04d'un Harry Potter
32:05peut-être un peu froid
32:06ou en tout cas
32:07un peu politique
32:09puis il y a des moments
32:10où l'armure
32:10est percée
32:12par ce type d'événement
32:13qui en plus
32:14rappelle ce qu'il a pu
32:15vivre lui-même
32:16personnellement
32:17En 2007
32:18François Baroin
32:19quitte l'outre-mer
32:20pour le ministère
32:21de l'intérieur
32:21S'il a joué des coudes
32:23auprès de Dominique
32:24de Villepin
32:24pour obtenir ce poste
32:26c'est moins par ambition
32:27que pour rendre
32:28un ultime hommage
32:29à son père
32:29J'ai voulu rendre hommage
32:30à mon père
32:31la seule conversation politique
32:33que j'ai eue avec mon père
32:34dont j'ai le souvenir
32:36très fort
32:36et c'était à la fin de sa vie
32:37c'était qu'il était
32:40capable d'abandonner
32:42toutes ses entreprises
32:43la CHMF
32:44la FNAC
32:45ses projets de rachat
32:46de TF1
32:47etc
32:47pour un poste
32:49le ministère de l'intérieur
32:50et pourquoi ?
32:51Parce que c'est une famille
32:51de flics
32:52De ce passage éclair
32:54Place Beauvau
32:54très exactement
32:55un mois
32:56et 19 jours
32:57l'histoire n'a retenu
32:59que la petite phrase
33:00de celui à qui
33:00il vient de succéder
33:02Deux mois de ministère
33:04pour 5 ans à l'extérieur
33:06ça c'est vraiment
33:08un problème
33:08que j'ai un bon mot
33:10je ne peux pas résister
33:11Ils sont cette phrase
33:13que j'avais trouvée
33:13très drôle
33:14même si elle était
33:14sur le papier désagréable
33:16moins 5 semaines
33:17à l'intérieur
33:185 ans à l'extérieur
33:19mais bon
33:20c'est le talent de Sarkozy
33:21Il faut dire
33:23qu'entre les deux hommes
33:24le climat est glacial
33:25depuis la rude bataille
33:26de 1995
33:27et leurs conceptions
33:29respectives
33:30de la laïcité
33:31n'ont rien fait
33:32pour les rapprocher
33:33Ils avaient des positions
33:35différentes
33:36ne serait-ce que
33:37parce que
33:38François Baroin
33:38était
33:40Chirakien
33:43jusqu'à la fin
33:44et que
33:45Nicolas Sarkozy
33:46s'était
33:46brouillé
33:49et avait pris
33:50ses distances
33:50avait rompu
33:51avec
33:52Jacques Chirac
33:53donc à ce moment-là
33:55ils n'étaient pas
33:55sur la même ligne
33:56donc forcément
33:57il y a eu
33:58des moments
33:59où ils ont été
34:00en opposition
34:00est-ce que ça
34:01n'a jamais tourné
34:02au duel personnel
34:03Plus discret politiquement
34:07pendant les semaines
34:08qui suivent
34:08sa sortie du gouvernement
34:09c'est la vie personnelle
34:11de François Baroin
34:12qui continue
34:13de lui assurer
34:14une présence médiatique
34:15C'est un rapport ambivalent
34:17parce qu'il aime
34:19la lumière
34:19et il la fuit
34:20enfin il l'aime
34:20quand c'est lui
34:21qui choisit
34:22Il a été dans la lumière
34:23notamment
34:24du fait de ses aventures
34:26amoureuses
34:26comme avec Michel Larocque
34:28Il n'a pas aimé ça
34:29vraiment
34:29et il a encore plus détesté
34:32au fur et à mesure
34:35des années
34:35à cause de ses enfants
34:37Il voulait protéger
34:39ses enfants
34:39donc ça c'est quelque chose
34:41qui était omniprésent
34:43dans sa tête
34:44C'est la gifle historique
34:46que reçoit la droite
34:47aux élections régionales
34:49de 2010
34:49qui oblige le président Sarkozy
34:51à sonner le rassemblement
34:53au sein de sa famille politique
34:54Les Chirakiens sont de retour
34:57et en pleine tempête économique
34:59François Baroin revient
35:00par la grande porte
35:01à la surprise générale
35:03L'opération
35:04entre guillemets
35:05était intéressante
35:06pour Nicolas Sarkozy
35:07pouvoir avoir
35:09dans son gouvernement
35:10celui que tout le monde
35:11présentait
35:12François Baroin
35:13comme le fils
35:14de Jacques Chirac
35:14c'était une prise de guerre
35:15incroyable
35:16Mais je me suis dit
35:17qu'est-ce qu'il peut me proposer
35:18j'ai quand même fait un parcours
35:19j'ai fini à Beauvau
35:20sous Chirac
35:21donc il ne peut pas me proposer
35:22n'importe quoi
35:23puis je n'accepterai pas
35:24n'importe quoi
35:24Et si François Baroin
35:26est venu aussi
35:27c'est que Nicolas Sarkozy
35:28est le premier
35:29qui lui a offert
35:30un ministère
35:31qu'il estimait être
35:32à sa hauteur
35:33Puis c'était un défi
35:34et François aime les défis
35:36parce que la situation
35:38était compliquée
35:39donc ça mettait du sel
35:41pour l'engagement
35:41quand les choses sont simples
35:44ça ne l'intéresse moins
35:45Et contre toute attente
35:46il me dit
35:47est-ce que tu acceptes
35:47d'être ministre du budget ?
35:50Et je lui dis
35:50c'est quoi tes priorités ?
35:51Il me dit
35:52je ne sais plus quoi
35:5220-30 milliards à trouver
35:53pour les retraites
35:54déjà les retraites
35:55on ne confie pas
35:57on ne confie pas
35:57les impôts
36:00la direction
36:01de la législation fiscale
36:03on ne confie pas
36:05ce pouvoir
36:06qui est quand même
36:06très important
36:07à quelqu'un
36:08qui n'est pas intimement
36:09lié au destin
36:10de la personne
36:11qui dirige le pays
36:12et je me suis dit
36:13bon soit c'est un piège
36:14soit ce n'est pas un piège
36:16et de toute façon
36:17même si c'est un piège
36:18je vais lui montrer
36:19que moi je suis prêt
36:19à jouer le jeu
36:20que je n'irai pas
36:22pour faire un travail hostile
36:24Du ministère du budget
36:26à celui de l'économie
36:27et des finances
36:28la transition
36:29semble toute naturelle
36:31c'est pourtant
36:32un bras de fer
36:33en eau profonde
36:34auquel François Baroin
36:35se livre
36:36pour succéder
36:36à Christine Lagarde
36:37appelée à la tête du FMI
36:39Bruno Le Maire
36:41alors ministre de l'agriculture
36:42est également sur les rangs
36:44et bien décidé
36:45à ne pas se laisser faire
36:47J'avais le choix
36:49d'entre Bruno Le Maire
36:50qui était ministre de l'agriculture
36:51ou François
36:53j'ai choisi François
36:54Et c'est là qu'on a vu
36:55que François Baroin
36:57est un vrai politique
36:58parce qu'en réalité
36:59Bruno Le Maire
36:59était convaincu
37:00que ce ministère
37:01lui reviendrait
37:02et François Baroin
37:04ne l'a pas supporté
37:05il s'est battu
37:05comme un beau diable
37:06il a fait de la politique
37:09et il a réussi
37:10à être nommé
37:11à la place de Bruno Le Maire
37:12A l'époque
37:14son rival
37:15accuse même
37:15François Baroin
37:16de s'être littéralement
37:17roulé par terre
37:18pour obtenir le poste
37:20fustigeant dans la presse
37:21un comportement indigne
37:23les rapports entre les deux hommes
37:25sont encore aujourd'hui
37:26des plus inamicaux
37:27J'ai choisi François
37:30et ça a été un choix
37:32que je n'ai jamais regretté
37:33parce que
37:34dans une période
37:35très compliquée
37:36et très difficile
37:37il a été
37:38d'une solidité inébranlable
37:40j'ai pu m'appuyer sur lui
37:42il faisait ce qu'il y avait à faire
37:45c'est ce dont j'avais besoin
37:47à ce moment là
37:48Fin 2011
37:49l'Europe qui subit encore
37:51les conséquences
37:51de la crise de 2008
37:52traverse une violente zone
37:54de turbulence
37:55François Baroin
37:56est en première ligne
37:57dans une période
37:58de grande incertitude
37:59Nos taux d'intérêt
38:01explodent
38:02on a perdu
38:03je ne sais pas
38:03peut-être 50 milliards
38:04de recettes
38:04de l'impôt sur les sociétés
38:053-4 mois plus tôt
38:06enfin c'est une catastrophe
38:08et je pense que
38:10de fin septembre
38:11jusqu'à fin novembre
38:12tous les matins
38:13je me réveillais
38:14en me disant
38:15est-ce qu'on va devoir
38:16nationaliser
38:16toutes les banques
38:17et les assurances
38:18c'est évidemment
38:19la période de mon existence
38:20où j'ai le plus travaillé
38:21le moins dormi
38:23je sais que
38:24dans quelques gazettes
38:26j'ai lu que
38:26quelques malfaisants
38:27évidemment anonymes
38:29expliquaient que
38:30François était un
38:31dilettante nonchalant
38:32on confond
38:33l'élégance
38:33et la facilité
38:34avec le dilettantisme
38:36mais c'est quelqu'un
38:37qui travaille beaucoup
38:37l'arrivée au pouvoir
38:40de François Hollande
38:41en mai 2012
38:42met fin
38:42à cet épisode
38:43mais même si
38:45elle est moins exposée
38:46médiatiquement
38:46la fonction
38:47hautement stratégique
38:49qu'occupe
38:49François Baroin
38:50à partir de 2014
38:51le remet en jeu
38:53au centre névralgique
38:54de la vie politique française
38:56François Baroin
38:58prend la tête
38:59de l'AMF
39:00sans surprise
39:01l'ancien ministre
39:02et sénateur
39:02qui était le seul
39:03candidat en lice
39:04a été élu
39:04pour trois ans
39:05L'association
39:06des maires de France
39:07c'était un tremplin formidable
39:08et qui lui allait bien
39:10parce que
39:10à la fois
39:11c'est une puissance
39:13réelle
39:14c'est plus
39:16président des maires de France
39:17c'est plus puissant
39:18que la plupart des ministres
39:20dans la réalité des choses
39:21et
39:22c'est une façon
39:25de gérer
39:26les relations
39:26avec le camp d'à côté
39:27Illustration
39:29en novembre 2019
39:31François Baroin
39:32s'oppose frontalement
39:34à Emmanuel Macron
39:35qui vient tout juste
39:36de supprimer
39:37la taxe d'habitation
39:38Je reviendrai brièvement
39:40simplement
39:40sur la taxe d'habitation
39:41c'est un fruit
39:43qui passe pas très bien
39:43il y a un goût amer
39:45il reste un peu
39:46en travers de la gorge
39:47la digestion est délicate
39:48elle est à peine engagée
39:50nous vous tiendrons
39:52naturellement informés
39:53de l'évolution
39:54de ce bol alimentaire
39:55nous souhaitons d'ailleurs
39:56en quelque sorte
39:57partager
39:58l'évolution
40:00inscrite
40:01dans la durée
40:01comme tous les chefs d'état
40:03et vous n'êtes pas le premier
40:04vous avez décidé
40:05de supprimer un impôt
40:05qui vous appartient pas
40:06Applaudissements
40:09Il a fait d'ailleurs un discours
40:12remarquable
40:12comme il en fait souvent
40:13et qui avait marqué
40:16d'ailleurs
40:17on voyait Macron
40:19qui encaissait
40:20les coups
40:21alors
40:22Emmanuel Macron
40:23a plutôt
40:24de la rhétorique
40:26et capacité aussi
40:27à répondre
40:28et là on l'a vu
40:29sonner à la tribune
40:30du congrès des maires
40:31par le discours
40:33de François Baroin
40:33Entre Emmanuel Macron
40:34et François Baroin
40:35il y a deux conceptions
40:36de l'état
40:36de François Baroin
40:37et un peu old fashion
40:38il considère
40:39que faire de la politique
40:41c'est aussi connaître la France
40:43mais dans ses moindres recoins
40:45dans tous ses territoires
40:47avec toutes les problématiques
40:49Emmanuel Macron
40:50a appris
40:51à connaître la France
40:52mais vu d'en haut
40:53et ça
40:55ça fait une vraie différence
40:56Macron Baroin
40:58c'est aussi
40:59et surtout
40:59l'histoire d'un duel
41:01deux fois avorté
41:02pour la présidence
41:02de la République
41:03en 2017
41:05le maire de Troyes
41:07était bien le plan B
41:08de la droite républicaine
41:09englué dans l'affaire Fillon
41:11par qui est-il
41:14ou doit-il être remplacé
41:15et une très grande
41:17majorité d'élus
41:18de l'époque
41:18à commencer par Nicolas Sarkozy
41:20pensait que j'étais
41:21probablement le mieux placé
41:22pour le faire
41:23et j'étais prêt
41:25il faut bien comprendre
41:26que certains m'en veulent
41:29encore aujourd'hui
41:30de ne pas avoir pris
41:30la place de Fillon
41:31et moi je n'allais pas
41:33prendre la place de Fillon
41:34si lui-même
41:34n'avait pas décidé
41:35de sortir
41:35le seul modèle possible
41:37c'était que François Fillon
41:39après le trocadéro
41:39au 20h
41:41annonce
41:42qu'il arrête
41:43ce n'est pas ça
41:44qui s'est écrit
41:44et je ne regrette pas
41:47de ne pas avoir
41:47poignardé François Fillon
41:495 ans plus tard
41:51l'hypothèse de la candidature
41:52du maire de Troyes
41:53refait surface
41:54bien que beaucoup plus actif
41:56au plan local que national
41:57il apparaît de nouveau à droite
41:59comme l'homme capable
42:00de barrer la route
42:01du président sortant
42:02en 2022
42:03l'histoire est différente
42:04moi je pousse beaucoup
42:05pour que François
42:06soit candidat
42:07et à ce moment-là
42:08je pense que
42:08François n'est pas
42:10n'est pas prêt
42:11dans sa tête
42:11à y aller
42:12il ne le sent pas
42:14on a passé un week-end
42:16l'été ensemble
42:17en parler
42:18et la décision est prise
42:20qui n'ira pas
42:21c'était une décision
42:24complètement personnelle
42:25par rapport à sa vie
42:26il a une famille
42:27il a des enfants
42:28il a
42:29voilà
42:29c'est compliqué
42:31c'est compliqué
42:32d'arriver
42:32à ce stade
42:34vous êtes obligé
42:36de
42:36vous êtes obligé
42:38de perdre
42:39beaucoup de vos libertés
42:40enfin Macron
42:41pourquoi vous avez dit non ?
42:42j'avais des raisons
42:43personnelles et familiales
42:44je n'aurais pas été
42:45un bon candidat
42:46à l'élection présidentielle
42:48si j'avais senti
42:49les miens
42:49inquiets
42:51tristes ou malheureux
42:52c'est un bon tiers
42:53de ma réflexion
42:54et les deux autres tiers
42:55restants
42:56c'est que je voyais
42:57assez peu d'espace
42:59Barouin
42:59c'est un homme politique
43:00mais c'est aussi
43:01quelqu'un
43:01qui a sa vie personnelle
43:02il y a beaucoup d'hommes
43:03politiques
43:04qui sont des monomaniaques
43:05lui
43:06bon
43:07il aime
43:09les femmes
43:10il aime
43:11sa famille
43:12il aime
43:13le sport
43:15il aime la chasse
43:16il aime la vie
43:18sa vie personnelle
43:19compte plus
43:21pour lui
43:21que pour la majorité
43:23de ses pères
43:24ça c'est sûr
43:25s'il a refusé
43:27de se lancer
43:28dans la bataille
43:28présidentielle
43:29en 2022
43:30le maire de Troyes
43:31garde toujours intact
43:32le goût du combat
43:33il y a une demi-heure
43:36c'est une demi-heure
43:37c'est accord
43:38je lui mets sa rouste
43:40et qu'on n'en parle plus
43:41malgré un accident douloureux
43:43il n'a jamais renoncé au tennis
43:45une de ses grandes passions
43:47il y a une dizaine d'années
43:48j'ai eu des gros pépins
43:49en sortant du ministère des finances
43:50à l'épaule droite
43:51je me suis fait opérer
43:52ensuite je me fracture à l'épaule gauche
43:54et je me suis mis dans la tête
43:55je veux revenir
43:55et j'étais assez fier
43:56de pouvoir revenir
43:57mais c'est dur
43:58c'est dur
43:58mais voilà
43:59on a des amis bienveillants
44:00qui acceptent de taper la balle
44:02avec des vieilles choses
44:03qui traînent sur de la terre battue
44:04c'est à dire moi en l'occurrence
44:05tout juste s'exagénaire
44:08le maire de Troyes
44:09a donc bien conservé
44:11l'esprit de compétition
44:12ce qui en politique
44:16lui a jusque là
44:17plutôt bien réussi
44:19il a un esprit de compétition
44:22ça c'est sûr
44:23qu'il aime gagner
44:24volontairement absent
44:26du débat national
44:27depuis des mois
44:28François Baroin
44:29reste omniprésent
44:31à l'échelle locale
44:31le jeudi soir
44:33il quitte Paris
44:34et ses discrètes activités
44:36de banquier d'affaires
44:37pour passer l'intégralité
44:39de ses week-ends
44:40à trois
44:40où il est toujours
44:42très sollicité
44:43par ses concitoyens
44:44je veux saluer un peu tout le monde
44:47bonjour
44:48comment allez-vous ?
44:49bonjour
44:49comment allez-vous ?
44:51et donc je vais te présenter
44:52ma jeune épouse
44:54Agnès Caralet
44:54voilà
44:55je vous embrasse
44:56parce que
44:57j'étais impatient
44:59ce soir il préside
45:01la cérémonie de réouverture
45:03du musée d'art moderne
45:04de la ville
45:05après de longs mois
45:06de travaux
45:06c'est pas la roue
45:07de la fortune non plus
45:08donc il n'y avait pas trop
45:10voilà
45:10et ben voilà
45:11allez Jules
45:12voilà
45:13très bien
45:14au milieu de cette vaste collection
45:20léguée par un couple
45:21d'industriels troyens
45:22Denis et Pierre Lévy
45:23le maire a fait son choix
45:25il profite seul
45:27d'une oeuvre
45:28qui le ramène
45:29encore et toujours
45:30à la nature
45:30et aux grands espaces
45:32les pêcheurs à la ligne
45:33ça me parle
45:38parce que ça me touche
45:39voilà
45:39je peux pas vous dire plus
45:40et ça me touche
45:41parce que
45:41parce que je le ressens
45:42pourquoi je le ressens
45:43là c'est plus compliqué
45:45s'il réserve
45:47ses activités publiques
45:48à la ville
45:49dont il a le mandat
45:50bonjour
45:52ne changez rien
45:53ne change rien
45:53François Baroin
45:55est depuis les législatives
45:56de 2024
45:57l'un de ceux
45:58dont le nom est régulièrement cité
46:00comme potentiel locataire
46:02de Matignon
46:02il a été discret
46:04mais en même temps
46:05je déteste cette expression
46:07en même temps
46:07qu'il est là
46:08il est là
46:09et d'ailleurs la preuve
46:10c'est que
46:12quand
46:12la situation politique
46:15devient complexe
46:16beaucoup de gens
46:17pensent à lui
46:18c'est bien qu'il incarne
46:19quelque chose
46:20mais au milieu
46:21des rumeurs
46:22et des bruits
46:22de couloirs
46:23le principal intéressé
46:25a-t-il vraiment pensé
46:26à Matignon
46:27ça aurait pu être moi
46:29si Emmanuel Macron
46:31avait imaginé
46:32établir un contact
46:33et discuter
46:34sur cette option
46:35certains l'ont pensé
46:37président Sarkozy
46:38je crois considéré
46:41que c'était une bonne idée
46:42j'aurais accepté
46:43probablement
46:44de discuter
46:45sur les modalités
46:46compte tenu
46:46de l'état du pays
46:47Emmanuel Macron
46:48ne l'a pas choisi
46:49peut-être parce que
46:51d'abord on se connaît peu
46:52et peut-être qu'aussi
46:53la dureté
46:54de mon statut d'opposant
46:55lui a fait suffisamment mal
46:57pour considérer
46:58que ce n'était pas encore
46:58assez mûr
46:59pour accepter
47:00qu'on travaille en ce moment
47:01L'option premier ministre
47:04n'étant plus d'actualité
47:05le maire de Troyes
47:06envisagerait-il désormais
47:08de se consacrer
47:09à une autre perspective
47:10Il peut être rassurant
47:14oui parce qu'il n'est pas
47:15dans l'hystérie du moment
47:16et qu'il a su
47:18prendre du recul
47:19ne serait-ce que
47:22dans sa posture
47:23sa manière de parler
47:24cette voix
47:26comme ça enveloppante
47:27je pense que
47:29François Baroin
47:30s'il se présentait
47:31pourrait effectivement
47:32donner l'impression
47:34d'une forme de sérénité
47:36Si un jour François Baroin
47:38souhaitait être candidat
47:39à la présidence de la République
47:40ce n'est pas à moi
47:41de dire s'il a raison ou pas
47:43s'il serait le meilleur
47:44pour rassembler ou pas
47:46mais est-ce qu'il a
47:48les capacités pour cela
47:49la réponse est oui
47:51Est-ce que cette situation
47:53pourrait-ce produire ?
47:54Oui
47:54Voyons si elle se produit
47:57Aujourd'hui
47:58on a besoin
47:59d'avoir un candidat
48:00à la présidentielle
48:01qui a cette capacité
48:02de rassemblement
48:03et François
48:04fait partie
48:05des deux ou trois personnes
48:06qui peuvent
48:06qui peuvent l'être
48:08mais la décision
48:09ce ne sera que lui
48:10Son assemblée générale
48:12ce sera le matin
48:12en se rasant
48:13Si vous voulez me faire dire
48:15que François Baroin
48:16est plus sympathique
48:17que Laurent Wauquiez
48:18je vous dirais oui
48:19Si vous voulez me faire dire
48:21qu'il était plus populaire
48:23dans les rangs républicains
48:24que ne l'est Laurent Wauquiez
48:25je vous dirais encore oui
48:26et s'il se déterminait
48:28à y aller
48:29Laurent Wauquiez
48:30aurait un sérieux rival
48:32Jusque là
48:34François Baroin
48:35a remporté
48:36les onze élections
48:37auxquelles il a participé
48:39ce qu'il revendique fièrement
48:41La douzième
48:42pourrait donc se jouer
48:43pour la première fois
48:44de sa carrière
48:45au niveau national
48:47François est un excellent chasseur
48:51et parfois
48:52le chasseur
48:53doit rester
48:54très très très longtemps
48:56à l'affût
48:56avant d'atteindre sa cible
48:58Il guette
48:59la fenêtre de tir
49:00Moi je pense que
49:01le politique
49:02est toujours tapis en lui
49:03s'il y a une fenêtre de tir
49:04il y a
49:04Aujourd'hui encore
49:06des gens me disent
49:07pourquoi vous n'y allez pas aller
49:08qu'est-ce qui s'est passé
49:10est-ce que vous avez
49:10l'intention d'y aller
49:11Est-ce que maintenant
49:13vous pourriez dire oui
49:14Je ne ferme
49:15aucune porte à rien
49:17je ne sais pas
49:17ce que sera ma vie
49:19dans un an
49:19dans deux ans
49:20ce que je sais
49:21c'est que ma passion
49:22de la politique
49:22elle est intacte
49:24que ma compréhension
49:24du pays je crois
49:25et bonifier chaque jour
49:27un peu plus
49:27et je ne ferme
49:30aucune porte
49:31Jacques Chirac
49:32avait un jour
49:33expliqué à son protégé
49:34qu'il fallait 30 ans
49:35d'expérience politique
49:37pour fabriquer
49:37un chef d'état
49:38Aujourd'hui sexagénaire
49:40François Baroin
49:41a largement respecté
49:43ce temps de passage
49:44la dernière marche
49:46n'est peut-être
49:47plus très loin
49:48qu'il faut
49:50ce qui s'est passé
49:50c'est rabbits
49:50la forte
49:51c'est-ce que
49:52c'est-ce que
49:52vous êtes
49:53les rires
49:53dans un jour
49:53en un jour
49:54ce qui s'estvaluée
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