Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 21 heures
Ce vendredi 14 novembre, les impacts réels de l'IA sur l'emploi, surtout les suppressions de postes à grande échelle, ainsi que l'avenir professionnel pour les jeunes, ont été abordés par Axelle Arquié, économiste au CEPII, co-fondatrice de l'Observatoire des Emplois Menacés et Émergents, Antonin Bergeaud, économiste, professeur associé en économie et sciences de la décision à HEC Paris, et Bogdan Bodnar, journaliste de La Tribune, dans l'émission Les Experts de l'IA, présentée par Anthony Morel sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Les experts, débats et controverses sur BFM Business
00:05Voilà pour discuter de cette vaste question de l'impact réel de l'IA sur nos emplois.
00:15Trois invités autour de moi, je vous les présente.
00:17Axel Arquier, avant tout, Axel Arquier, économiste au CEPI et cofondatrice de l'Observatoire des emplois menacés et émergents.
00:24Alors ça c'est très intéressant, je ne savais pas que ça existait, elle va nous expliquer ce que c'est qu'un emploi menacé, un emploi émergent
00:30et pourquoi c'était important d'avoir des indicateurs pour suivre justement ces grandes tendances.
00:35A sa droite on a Antonin Bergeau, Antonin Bergeau bonjour, lauréat du prix du meilleur jeune économiste de France, prof à HEC.
00:44Vous êtes pas mal exprimé sur l'intelligence artificielle et sur son impact et vous, j'allais dire, vous êtes plutôt dans la tendance
00:50verre d'eau à moitié plein ou en tout cas un peu moins alarmiste que certains discours qu'on entend, on aura l'occasion d'en discuter ensemble.
00:56Et puis juste à côté de moi, Bogdan Bodnar, bonjour Bogdan, journaliste tech à la tribune.
01:01La tribune, oui je ne l'ai pas dit, c'est les organisateurs de cet événement, donc évidemment, grosse semaine pour les journalistes de la tribune.
01:07On en est assez fier, oui.
01:08Bien sûr, évidemment, vous avez bien raison et vous traitez notamment des sujets liés à l'intelligence artificielle,
01:13donc ce sera très intéressant évidemment d'avoir votre perspective aussi sur le sujet.
01:17Mais Axel, je voulais commencer avec vous parce que ça m'a beaucoup intrigué, cette histoire d'observatoire des emplois menacés et émergents.
01:26Je n'y avais pas pensé, je ne connaissais pas avant qu'on organise cet événement.
01:30Expliquez-nous ce que c'est et comment ça a vu le jour d'abord ce projet.
01:34Alors l'idée, c'est de dire que dans toute vague d'automatisation, de nouvelles technologies, vous avez deux forces qui vont se rencontrer.
01:41La première, c'est celle à laquelle on pense que vous avez déjà mentionné, c'est une destruction d'emplois,
01:46une automatisation, un remplacement par la machine du travail humain.
01:50Et la seconde, c'est ce qu'on a constaté dans l'histoire économique, c'est qu'il y a quand même des nouveaux métiers qui émergent,
01:55des nouvelles tâches qui sont créées.
01:56Par exemple, dans la révolution industrielle, dans la première phase, on a eu beaucoup de substitutions,
02:01des ouvriers qui perdaient leurs emplois.
02:02Mais dans la deuxième phase, vous avez les métiers des ingénieurs, des chemins de fer, etc., qui sont apparus.
02:07Donc l'idée de l'observatoire, c'est d'essayer de proposer une analyse un peu prospective,
02:11parce que je pense qu'en la matière, c'est intéressant de regarder les données du passé, bien entendu,
02:15mais il faut adopter une attitude un peu anticipatrice et d'essayer de voir quels métiers sont menacés à court terme,
02:22parce qu'il va y avoir, je pense, des destructions d'emplois.
02:25La question, c'est est-ce que ça va être compensé en nombre suffisant par des créations de ces nouveaux métiers émergents ?
02:31Et ça, c'est là où, comme vous le disiez, il y a un débat.
02:34Mais de toute façon, il y aura une partie de destruction.
02:37Alors dites-nous, parce que vous dites, on commence à observer des tendances,
02:41c'est quoi les métiers qui sont les plus menacés aujourd'hui, d'après les indicateurs que vous avez ?
02:45Alors, sur les indicateurs, sur les études qui ont été vraiment réalisées,
02:50on a des choses aux Etats-Unis qui montrent que ce sont surtout pour le moment les postes des juniors qui sont menacés.
02:56On a un ralentissement de l'embauche des juniors dans les entreprises qui adoptent effectivement l'IA de façon structurée.
03:02C'est une étude de Harvard et on a aussi les professions qui sont les plus exposées à l'IA.
03:07On constate un ralentissement de l'embauche des juniors, mais on voit aussi une croissance des métiers plus seniors.
03:12Donc la question, c'est est-ce que ça va s'arrêter aux juniors ?
03:16Moi, je pense que c'est potentiellement une première phase, parce que dans un premier temps, pour une entreprise,
03:20tant que vous n'allez pas réorganiser tous les processus de production et intégrer, par exemple, l'IA Gentic,
03:25ce qui va être complexe et prendre du temps, vous ralentissez l'embauche,
03:28mais vous ne passez pas réellement à une phase, en tout cas, ce ne serait pas judicieux, à une phase de licenciement.
03:33Et comme l'IA est une technologie un peu complexe à mettre en œuvre, ça demande des réorganisations et ça, ça prend du temps.
03:39Donc pour répondre à votre question sur les métiers les plus menacés, peut-être à court terme,
03:44on a le service client, toutes les fonctions qui sont assez standardisées, les fonctions juridiques aussi.
03:51Vous avez déjà beaucoup de liages génératifs qui vous permet de générer, par exemple, des contrats.
03:56Vous avez potentiellement, dans le conseil, bon, ça s'est débattu, il y a des cabinets qui vont peut-être trop vite,
04:01mais tout ce qui est génération de textes, en fait, et ce sont des fonctions dites cognitives,
04:07à dimension cognitive, qui étaient préservées jusqu'à présent de l'automatisation.
04:12L'école blanc, voilà, c'est ce que vous évoquiez avec le bain de sang de...
04:16Dans un premier temps, mais après, on aura l'occasion d'en reparler, mais ce que vous dites aussi,
04:20c'est que ce n'est pas seulement les emplois intellectuels, ça va être aussi les emplois manuels,
04:23avec notamment la robotisation et l'arrivée des robots humanoïdes.
04:26On aura l'occasion d'en discuter, parce que c'est un sujet qui est absolument passionnant.
04:29Je vais donner la parole à Antonin Bergeau, qui va peut-être, j'allais dire,
04:34démythifier un certain nombre de fantasmes vis-à-vis de l'IA et de son impact sur l'emploi,
04:38parce que c'est vrai qu'il y a énormément de craintes, et je veux dire de manière totalement légitime.
04:41Tout le monde voit arriver cette espèce d'ouragan, cette révolution technologique,
04:45comme on n'en a probablement jamais connue de notre vivant,
04:48et on se dit, est-ce que mon boulot aura encore un sens demain ?
04:52Et vous vous dites, en fait, il n'y a pas tant d'emplois que ça
04:54qui sont directement menacés par l'intelligence artificielle.
04:59Alors, je pense que ça dépend un peu de ce qu'on appelle menacés
05:01ou impactés par l'intelligence artificielle.
05:03Si la question, c'est de savoir combien d'emplois vont être bouleversés
05:07par l'intelligence artificielle, la réponse, c'est pratiquement tous.
05:09Et donc, en fait, pour savoir ceux qui sont vraiment menacés de disparition,
05:14ce qu'il faut regarder, c'est quelle va être la réaction des entreprises.
05:16Et en fait, c'est très difficile à anticiper.
05:18Mais ce qu'on peut faire, c'est commencer à regarder, effectivement,
05:22comment les choses se sont passées dans les révolutions précédentes,
05:25les révolutions un peu similaires.
05:26Donc, on va dire récemment, la robotique qui est arrivée dans l'industrie,
05:29l'informatique qui est arrivée dans certaines parties de l'entreprise.
05:34Et ce qui se passe à ce moment-là, en fait, ce qu'on voit,
05:36c'est que si on regarde un emploi comme une succession de tâches
05:39ou une combinaison de tâches, en fait, l'IA ou la technologie
05:43va venir compléter le travailleur sur certaines tâches,
05:48va venir complètement dominer le travailleur sur d'autres.
05:50Donc, il y a des tâches qu'on ne fait plus déjà, d'ailleurs, depuis longtemps.
05:52Et puis, il y a des tâches, d'ailleurs, qu'on ne fait plus
05:54parce que l'informatique les fait pour nous,
05:57y compris dans notre vie quotidienne.
05:59On ne regarde plus jamais de cartes en papier,
06:01on ne fait plus de dessins industriels.
06:02Enfin, il y a des choses qu'on ne fait plus.
06:03C'était des tâches qui étaient importantes dans certains métiers
06:05qui ont disparu.
06:06Et ce n'est pas pour ça que les métiers ont disparu eux-mêmes.
06:10Ils se sont transformés.
06:10Mais le problème avec l'IA, la difficulté de prévoir,
06:14c'est qu'on ne sait pas ce que, justement,
06:17va être la réaction des entreprises.
06:18Quand vous avez une technologie qui vous rend plus productif
06:20sur une partie de vos tâches,
06:22et on parle de gains de productivité,
06:23parfois, sur des tâches spécifiques,
06:24de l'ordre de 30, 40, 50 % des choses
06:27qui sont effectivement très rarement observées,
06:29voire jamais.
06:31En fait, vous avez plusieurs possibilités.
06:32Vous pouvez vous dire,
06:33j'ai des employés qui deviennent plus productifs,
06:35donc ils font plus vite la même chose.
06:38Et donc, ils n'ont pas besoin de travailler autant.
06:39Je n'aurai pas besoin d'autant d'employés.
06:41Je peux me passer de 20, 30 % de la masse sale.
06:44Ça, c'est un peu l'anxiété naturelle qui arrive.
06:47On se dit, puisque tout le monde est plus efficace,
06:49il y aura besoin de moins de travail humain.
06:51En réalité, c'est assez rarement ce qui se passe.
06:53En général, quand vous avez une technologie
06:55qui vous rend plus productif,
06:56les entreprises vont plutôt vers l'autre chemin
06:59qui est de dire,
07:00puisque vous êtes maintenant plus rapide
07:01pour faire ce que vous faites,
07:03vous allez soit faire plus,
07:05mais en général, faire plus,
07:06ça ne marche pas très bien
07:06parce qu'il y a quand même aussi,
07:08de l'autre côté, il y a de la demande,
07:08il y a des consommateurs,
07:09ils ne veulent pas forcément beaucoup plus consommer,
07:12ils ne veulent pas écouter beaucoup plus d'émissions de radio,
07:14lire beaucoup plus de journaux.
07:14Par contre, ils veulent de la meilleure qualité.
07:17Et donc, ce que vous pouvez faire,
07:18ce n'est pas faire plus,
07:19mais faire mieux avec ce temps.
07:20Vous dites, c'est rarement le cas,
07:22effectivement, on va faire plus avec ce temps
07:23plutôt que de supprimer des emplois.
07:25Ce qu'on observe quand même ces dernières semaines
07:27aux États-Unis, notamment,
07:28je me tourne vers Bogdan,
07:29parce que vous avez dû suivre ça un peu au quotidien
07:32dans les colonnes de la tribune,
07:33mais il y a une hécatombe,
07:35ou en tout cas, des annonces de plans sociaux,
07:37c'est quasiment jour après jour.
07:38Le dernier que j'ai en tête, c'était Amazon,
07:39c'est ça ?
07:4014 000 dans les fonctions support,
07:42à chaque fois sacrifiés sur l'autel de l'automatisation.
07:46Donc, il y a quand même des suppressions de postes.
07:47C'est une réalité aujourd'hui.
07:48Il se trouve que j'en reviens,
07:49je reviens de San Francisco,
07:50j'étais il y a deux semaines pour un événement,
07:52qui est GitHub,
07:53qui est la principale plateforme de développement,
07:55qui est détenue par Microsoft.
07:56Et là, ça touche directement les développeurs.
07:59Les développeurs qui, en soi,
08:00étaient un emploi,
08:02un secteur avec énormément de demandes.
08:04On connaît généralement ces coûts.
08:05Donc, toutes nos entreprises ont manqué de développeurs.
08:07En plus, c'était des postes à haut salaire,
08:10très régulièrement.
08:11Là, Microsoft met en avant,
08:13fièrement,
08:14que 30% de leurs codes
08:15est aujourd'hui généré par IA.
08:18Il y a toujours deux discours, je trouve,
08:20qu'il faut savoir nuancer.
08:21Il y a toujours le discours du grand patron.
08:23Alors, je ne commence pas à reprendre
08:26des discours marxistes là-dessus,
08:27mais il y a toujours le discours...
08:28Vous vous rassurez sur BFM Business, effectivement.
08:30Ce n'est pas trop la place, on va dire.
08:31Mais il y a toujours le discours du patron
08:34qui dit, oui,
08:35qu'il vend aussi à ses clients
08:36qu'on va être plus rapide,
08:37les tâches vont être plus flides.
08:40On aura aussi des gains de productivité.
08:43Et quand on parle un peu aux développeurs,
08:46alors, le souci,
08:48c'est qu'à chaque fois,
08:49par principe,
08:50un métier est menacé
08:51quand il y a des tâches répétitives.
08:53Et beaucoup de développeurs
08:54répétaient régulièrement le même code,
08:56quelque chose d'assez basique.
08:58Et malheureusement,
08:58eux n'ont peut-être pas vu venir directement,
09:00mais ce sont les premiers touchés.
09:02Donc, encore une fois,
09:02les juniors,
09:03les jeunes développeurs
09:04qui arrivent dans la Silicon Valley
09:06sont parfois mis à la porte
09:07où on ne trouve plus directement de job
09:10et donc sont obligés
09:10de se déporter sur d'autres postes.
09:11Ce que disait Axel
09:12sur les postes juniors,
09:13qu'est-ce que vous répondez à ça, Antonin ?
09:14Il y a quand même une réalité aujourd'hui.
09:15On voit ces plans sociaux.
09:17Alors, on est peut-être
09:17un peu plus épargnés en France.
09:18En tout cas,
09:19on n'en a pas encore
09:20trop entendu parler.
09:21Mais c'est vrai qu'aux Etats-Unis,
09:22il n'y a pas une semaine
09:23sans qu'on ne nous annonce pas
09:2410 000, 20 000, 30 000 suppressions de postes
09:26en évoquant l'intelligence artificielle.
09:28Peut-être est-ce un prétexte ?
09:30Non, mais bien sûr
09:30qu'il va y avoir énormément
09:31de restructuration
09:33et qu'il y en a déjà.
09:34C'est vrai qu'en France,
09:35on a un marché du travail
09:37relativement rigide
09:37qui peut-être va préserver
09:39une partie de l'emploi.
09:39Ce qui peut-être, au final,
09:40serait une bonne chose
09:41pour des raisons dont on parlera sans doute,
09:42c'est que,
09:44comme vous avez,
09:46et ça a été dit tout à l'heure,
09:47une baisse de l'emploi
09:48chez les jeunes,
09:49on va se retrouver quand même
09:50dans les entreprises
09:50avec un manque de compétences
09:52assez rapidement
09:52par l'absence de jeunes
09:53qui sont rentrés à un moment.
09:55Mais sur, évidemment,
09:56ce qui se passe pour l'instant,
09:56il y a de la restructuration,
09:57il y a des métiers.
09:58On pense tout le temps
09:58aux développeurs, aux codeurs
09:59qui, évidemment,
10:01sont les premiers impactés
10:02par cette technologie,
10:03mais qui représentent quand même
10:04une petite partie
10:05de l'emploi total.
10:05Donc, ça dépend.
10:06Si on regarde au niveau micro,
10:07on va voir des changements.
10:09Si on regarde l'effet
10:09sur l'emploi total,
10:10et c'est ça, en général,
10:12qui est questionné,
10:13est-ce que vraiment
10:13l'emploi humain va disparaître ?
10:15Est-ce qu'on va se retrouver
10:15avec, finalement,
10:16des journées de trois jours
10:17ou deux jours par semaine ?
10:18En fait, vous avez quand même
10:19énormément de métiers
10:20qui ne sont impactés par l'IA
10:21que relativement marginalement
10:23qui rendent les travailleurs
10:23plus efficaces.
10:25Et donc, là, la question,
10:25c'est plutôt comment on va
10:26transformer ces métiers,
10:27ça sera organisé,
10:28ce qui demande quand même
10:29beaucoup de dialogue social,
10:30beaucoup de transformation.
10:31Mais évidemment qu'il y a
10:32des métiers,
10:33sans forcément qu'ils disparaissent,
10:34qui vont subir
10:34des bouleversements assez massifs
10:36et potentiellement localement
10:37très violents
10:38avec beaucoup de licenciements,
10:39ça c'est sûr.
10:40Axel, vous vouliez ajouter
10:41quelque chose ?
10:42Oui, je suis d'accord
10:43avec ce qui avait été dit,
10:44c'est-à-dire qu'on ne sait pas
10:44exactement quel va être
10:45ce que disait Antonin,
10:46l'impact de la demande.
10:47C'est-à-dire que quand vous
10:48devenez dix fois plus productif,
10:50en fait, en tant que salarié,
10:51vous êtes augmenté,
10:52c'est super,
10:52mais si la demande en face
10:54n'augmente pas de dix fois
10:55dans la même proportion,
10:57il va y avoir une baisse d'effectifs.
10:59Donc ça, c'est des effets
11:00d'équilibre général macro,
11:01c'est difficile à anticiper.
11:02Mais comme le disait Antonin aussi,
11:04les gains de productivité
11:09vont suivre et vont préserver
11:10les effectifs.
11:11Ensuite, sur la transformation
11:12des métiers,
11:12je suis entièrement d'accord,
11:13mais quand on voit
11:14certains benchmarks récents,
11:15bon, vous allez me dire
11:16qu'ils sont biaisés
11:17parce que c'est OpenAI,
11:18qui ne sont pas sur des tâches,
11:19des maths, etc.,
11:20mais sur des missions professionnelles,
11:23GT, Bivalde, OpenAI,
11:25on voit quand même
11:26qu'avec l'IA gentil,
11:28il commence à y avoir
11:29des processus entiers.
11:31Alors, il y a plein
11:32de limites techniques,
11:33les erreurs,
11:34les hallucinations,
11:35l'absence de mémoire, etc.,
11:36qui pour le moment
11:37ralentissent les choses
11:38et tant mieux.
11:39Mais, on peut quand même
11:41s'interroger sur l'avenir
11:42de certains métiers.
11:43Enfin, moi, je le vois,
11:44par exemple,
11:44sur le métier d'économiste,
11:45ça nous fait gagner
11:46un temps incroyable.
11:48Ça, c'est sûr.
11:48Vous faites quoi, par exemple ?
11:49Expliquez-nous comment,
11:50par exemple.
11:50Les gains de productivité,
11:51c'est quoi ?
11:51On est un code aussi.
11:51Enfin, je veux dire,
11:52on n'est pas des codeurs,
11:53mais je fais un code en piton
11:54beaucoup plus rapidement
11:55qu'avant.
11:56Donc, ça demande
11:57de savoir coder
11:57pour vérifier,
11:59parce qu'ils font quand même
12:00n'importe quoi,
12:00parfois, les LLM.
12:02Pour une revue de littérature,
12:03c'est pareil,
12:04ça peut vous faire gagner du temps,
12:05mais il faut vérifier
12:05parce qu'il y a plein d'erreurs.
12:06Mais on voit que ça fait
12:07gagner plein de temps.
12:08Donc, soit en face,
12:09la demande de papiers
12:10de recherche en économie
12:11augmente énormément,
12:13soit on va avoir besoin
12:14de moins d'économistes.
12:16Ou il y a la question
12:16de la qualité qui a été évoquée.
12:18Peut-être qu'on va se dire,
12:20ah bah super,
12:20on va pouvoir faire
12:21des papiers de meilleure qualité.
12:23Quoi que ça veuille dire,
12:24c'est une autre question.
12:25Mais oui,
12:25vous pouvez appliquer ça
12:26à tous les métiers,
12:27au métier d'avocat.
12:28Donc là,
12:28on entre vraiment
12:29dans le cœur du débat.
12:30Je disais,
12:30entre remplaciste et augmentiste,
12:32en simplifiant un peu,
12:33entre ceux qui disent,
12:34voilà,
12:34l'IA,
12:34elle va générer
12:35des suppressions massives
12:36de postes,
12:37on va tous être remplacés
12:38par l'IA,
12:38et ceux qui disent,
12:39comme vous,
12:39j'ai l'impression,
12:40comme vous deux,
12:41qu'elle va au contraire
12:41augmenter les salariés
12:43et leur donner
12:43des super pouvoirs.
12:45Non,
12:46vous n'avez pas dit
12:46tout à fait ça ?
12:46Pardon,
12:47je pense que c'est
12:48une possibilité.
12:50En revanche,
12:50si je dois appliquer
12:51des probabilités au scénario,
12:52je ne suis pas sûre
12:53que ce soit...
12:54Il y a des gens
12:54qui vont être augmentés,
12:56mais au niveau macro,
12:57je suis d'accord
12:58que toutes les innovations passées
12:59ont fini par augmenter
13:00l'emploi humain,
13:01etc.
13:02En revanche,
13:02vu l'étendue
13:03de cette révolution
13:05et les gains
13:05de productivité possibles
13:07et la nature cognitive
13:09de ces technologies,
13:11je ne suis pas sûre
13:11qu'il ne va pas y avoir
13:12un choc sur le marché
13:13du travail en net.
13:15Et alors,
13:15sur quel secteur ?
13:17On va entrer dans le concret,
13:18vraiment,
13:18là,
13:19aujourd'hui,
13:19si vous deviez nous dire,
13:20les secteurs,
13:21à partir des indicateurs,
13:22puisque vous avez
13:23cet observatoire
13:24qui mesure un peu
13:25les emplois les plus menacés
13:27et ceux qui vont émerger,
13:28lesquels sont aujourd'hui
13:29les plus menacés,
13:30au-delà du fait
13:30que ce soit des jeunes salariés,
13:32des juniors,
13:33et au contraire,
13:34ceux qui vont être préservés
13:35dans les années qui viennent,
13:36à votre avis ?
13:37Alors,
13:37je pense que ceux
13:38qui vont être préservés,
13:39pour être plus positifs,
13:40je pense que c'est tout
13:41ce que l'IA est incapable
13:42de faire.
13:42Je vous parle
13:43dans l'état actuel
13:43de la technologie,
13:44sachant que ça peut
13:45potentiellement avancer.
13:46Donc,
13:47si on prend un LLM
13:48intégré dans une IA
13:49gentil,
13:49qui lui confère
13:50un minimum de mémoire,
13:51etc.,
13:52ce que ces systèmes
13:53n'arrivent pas à faire,
13:54c'est tout ce qui est
13:54imprévisible,
13:56c'est-à-dire la gestion
13:57de la complexité,
13:58tout ce qui est absent
13:59des données d'entraînement,
14:00parce que les modèles
14:01autorégressifs type LLM,
14:02ce qu'ils font,
14:03c'est qu'ils appliquent
14:04des probabilités,
14:04des statistiques,
14:05donc dès que vous sortez
14:06de leurs données d'entraînement,
14:08ce qu'on appelle
14:08les problèmes hors distribution,
14:09ils s'effondrent,
14:10ils ne sont pas capables
14:10de le gérer.
14:11Donc,
14:11tous les métiers
14:12qui demandent
14:12une complexité,
14:13c'est une gestion
14:14de l'imprévu,
14:14par exemple,
14:14si vous prenez le métier,
14:16bon là,
14:16on va rentrer
14:16dans la problématique
14:17de la robotique,
14:18mais le métier
14:19d'un plombier,
14:19par exemple,
14:20c'est cognitivement
14:21très complexe,
14:22vous avez beaucoup
14:22de nouveaux problèmes
14:23auxquels vous êtes confrontés.
14:25Donc,
14:25tous les métiers
14:25qui présentent
14:26cette dimension
14:26de complexité,
14:28mais pas au sens technique,
14:29parce que par exemple,
14:30quelque chose de très technique
14:30comme être avocat,
14:32mais qui est standardisé,
14:34ça peut être remplacé.
14:35Mais c'est vraiment
14:36cette dimension
14:36d'improvisation
14:37que pour le moment,
14:38l'IA ne gère pas très bien,
14:40après,
14:41il va y avoir
14:42des progrès techniques,
14:43mais je dirais
14:43que c'est ça
14:43qui peut être préservé.
14:44Bogdan,
14:45vous utilisez,
14:46vous l'IA au quotidien ?
14:47Oui,
14:47complètement.
14:49Évidemment,
14:49il ne faut pas,
14:50en tant que journaliste,
14:51je ne peux pas mentir
14:52à mon lecteur
14:52et utiliser
14:54l'intelligence artificielle
14:55pour écrire,
14:56parce que j'ai un contrat,
14:57on va dire,
14:57avec le lecteur
14:58pour dire que c'est ma production
14:59et donc les informations
15:00que je fournis
15:01sont tirées.
15:02Mais aujourd'hui,
15:04et là,
15:05c'est des tâches
15:05qui sont,
15:05enfin,
15:05c'est des problèmes
15:08qui sont vraiment propres
15:09au métier du journalisme
15:10et je pense que tu le connais aussi,
15:12c'est le référencement
15:13sur Google,
15:13par exemple.
15:14Et on est tous
15:16un peu dictés par Google,
15:17on cherche à remonter,
15:18on va dire,
15:18sur la page
15:19pour être sûr
15:20que le lecteur clique
15:22sur notre article
15:22et donc on parle
15:24de performance SEO,
15:25donc c'est un sigle
15:26pour parler de référencement
15:27pour être au plus haut possible
15:28sur cette page.
15:29En l'occurrence,
15:30l'IA,
15:30quand je lui demande
15:31de me donner un titre
15:32le plus SEO possible,
15:33donc certains parlent
15:34de clickbait,
15:35moi,
15:36j'utilise l'intelligence artificielle
15:37pour me dire
15:38comment je peux
15:39accrocher le lecteur.
15:40Le plus efficace possible,
15:41en fait,
15:41en utilisant l'IA,
15:42c'est un bon exemple.
15:44Mais c'est un piège aussi,
15:45juste pour continuer
15:46même sur le journalisme
15:47parce que,
15:48encore une fois,
15:49le journalisme aussi
15:49est menacé
15:50parmi les secteurs,
15:52mais c'est des tâches
15:54que l'IA
15:55n'arrivera jamais à faire,
15:56c'est-à-dire l'enquête
15:56partient en portage
15:57qui sont inaccessibles
15:59par nature à l'IA.
16:02On va dire,
16:02ces postes-là
16:03ne sont pas menacés.
16:03En revanche,
16:04ce que nous,
16:04on appelle un peu
16:05les bâtonneurs,
16:05c'est-à-dire ceux
16:08qui réécrivent.
16:10Ça, c'est quelque chose
16:11que l'IA peut parfaitement
16:12faire aujourd'hui.
16:13C'est ça.
16:13Alors, la notion
16:14de salarié augmenté,
16:15je voudrais qu'on revienne
16:15là-dessus.
16:16Qu'est-ce que ça veut dire
16:16concrètement ?
16:17Ça veut dire que
16:18le monde du travail
16:18de demain,
16:19ce sera, je ne sais pas,
16:20dans un cabinet
16:21d'expertise comptable,
16:22par exemple,
16:22vous aurez l'expert comptable
16:23et puis il aura une équipe
16:24d'agents IA
16:25qui l'accompagneront
16:26au quotidien
16:26pour faire sa veille juridique,
16:29sa veille technologique,
16:30la détection d'anomalies
16:31et lui,
16:31ce sera une sorte
16:32de chef d'équipe.
16:33C'est comme ça
16:33qu'on voit le salarié
16:35du futur ?
16:35Comment est-ce qu'on peut
16:36imaginer les choses,
16:37Antonin Bergeau ?
16:39Alors, je pense
16:40que ça va dépendre aussi
16:41du succès
16:42de la technologie
16:43agentique
16:43parce qu'il y a aussi
16:44des questions
16:45de savoir si...
16:46Il y a agentique,
16:47juste, je rappelle,
16:47parce que je n'ai pas
16:48à expliquer
16:48et tout le monde
16:49ne connaît pas encore,
16:50c'est la notion
16:50que l'IA va pouvoir
16:51réaliser des choses
16:52pour moi
16:53dans le monde réel,
16:54ne pas se contenter
16:54de répondre aux questions
16:55mais réaliser des tâches.
16:56Et rentrer vraiment
16:57dans mon quotidien,
16:58dans mon ordinateur
16:59et accéder à toutes mes données
17:00ce qui par ailleurs
17:01pose pas mal de questions.
17:02En termes d'efficacité,
17:04pour l'instant,
17:04on a un grand mouvement
17:05d'adoption des IA agentiques
17:06mais il y a aussi
17:07beaucoup d'études
17:08qui suggèrent
17:09qu'il y a beaucoup
17:10d'échecs dans le lot.
17:11Peut-être que la technologie
17:12peut aussi aller vers
17:13une direction
17:13qu'on n'anticipe pas aujourd'hui
17:15mais bon,
17:15si on va dans cette direction,
17:16effectivement,
17:17je pense que ce qu'il faut
17:18envisager,
17:19ce n'est pas tellement
17:19un équilibre dans lequel
17:21chaque métier
17:21va rester ce qu'il est
17:22et puis simplement
17:23on va travailler avec des IA.
17:24Je pense qu'il faut voir
17:25une transformation
17:26au sein des équipes
17:27c'est-à-dire qu'une part,
17:30un secteur de l'entreprise,
17:32une mission de l'entreprise
17:33qui est faite par plusieurs employés
17:34va être complètement restructurée.
17:36Vous allez avoir une partie
17:37qui va être faite par des IA
17:38et les humains
17:39qui vont rester
17:40vont en fait
17:41superviser ces IA.
17:42On va tous être
17:42un petit peu entrepreneurs,
17:43on va gérer plusieurs agents
17:45qui vont travailler pour nous
17:46et comme un entrepreneur
17:47ou comme un patron
17:48qui gère ces équipes,
17:50il va falloir vérifier,
17:51relire,
17:52corriger s'il y a des erreurs,
17:53reprogrammer.
17:54Effectivement,
17:55il y a de nouvelles compétences
17:56qui vont être très nécessaires
17:57et d'ailleurs,
17:58je pense qu'il y a vraiment
18:00un besoin important
18:01dans l'éducation
18:02de réfléchir
18:03à ce que va être
18:03le futur du travail
18:04aussi de ce point de vue-là
18:05parce qu'il y a des compétences
18:06qu'il faut faire apprendre
18:07aux jeunes
18:08qui ne sont pas forcément
18:09celles qu'on fait apprendre
18:10aujourd'hui.
18:11Mais voilà plutôt
18:12comment moi je vois les choses.
18:13Plutôt que quelque chose
18:14où individuellement
18:14on est tous devant nos ordinateurs
18:16et puis on a des outils,
18:17on clique
18:17et on fait le même travail.
18:18Cela dit,
18:19vous parliez d'éducation,
18:20on en reparlera aussi tout à l'heure
18:21mais on avait Laurent Alexandre
18:23tout à l'heure,
18:23l'essayiste
18:24qui vient de sortir un livre
18:25qui s'appelle
18:26« Ne faites plus d'études ».
18:27Assez provocateur
18:28dans le titre évidemment
18:29mais l'idée c'est de dire
18:30dans un monde
18:31où l'IA est omniprésente
18:33le système éducatif
18:33tel qu'il existe aujourd'hui
18:34est devenu complètement obsolète
18:36et il faut repenser le monde
18:38dans un sens
18:39où l'humain,
18:40le salarié de demain
18:41sera un complément
18:42de l'intelligence artificielle.
18:44Lui il pense vraiment
18:44en ces termes-là.
18:46Ce qui n'est pas un projet
18:47extrêmement réjouissant
18:48je trouve
18:48du point de vue
18:49de l'épanouissement professionnel
18:51de se dire que
18:52finalement
18:52je vais être une sorte
18:53d'assistant de l'IA
18:55l'IA
18:56je vais la superviser
18:57je vais voir
18:57si je ne fais pas trop de bêtises
18:58c'est ça finalement
19:00le futur de l'être humain
19:01c'est d'être
19:01un complément
19:03de l'intelligence artificielle
19:04c'est comme ça
19:04qu'on peut voir les choses ?
19:06Axel peut-être
19:07et puis Antonin ?
19:08Oui
19:08en fait je pense
19:09qu'effectivement
19:10je ne le suis pas
19:13sur l'idée
19:13qu'il ne faut pas faire d'études
19:14je pense qu'il faut encore plus
19:15faire d'études
19:15pour être capable
19:16de réfléchir
19:18et d'avoir un esprit
19:19un peu détaché
19:20par rapport à ce que l'IA produit
19:21en revanche je pense
19:22qu'il y a aussi un risque
19:23il va y avoir une partie
19:24des gens qui vont être
19:25comme on l'a dit
19:25potentiellement augmentés
19:26mais je pense
19:27qu'il y a un risque
19:28de dévalorisation
19:30du travail humain
19:31qui peuvent se transformer
19:31un peu comme vous l'évoquiez
19:33en vérificateurs
19:35en fait imaginez
19:36la chaîne de montage
19:37à l'époque
19:37le travail de l'ouvrier
19:38était démembré
19:39en mini-tâches
19:40et l'ouvrier intervient
19:41à un moment dans la chaîne
19:42est-ce qu'on ne pourrait pas
19:44avoir un démembrement
19:45des tâches cognitives
19:46où l'IA est plus efficace
19:47pour faire un certain nombre
19:48de choses
19:49à forte valeur ajoutée
19:50et l'humain
19:51dans certains métiers
19:52et pas tous
19:52mais l'humain va intervenir
19:54pour vérifier
19:54que l'IA n'a pas raconté
19:56produit n'importe quoi
19:57à cause du problème
19:57des hallucinations
19:58dont on parlait
19:59et là
19:59on n'aurait pas vraiment
20:00une augmentation
20:01mais certains métiers
20:02pourraient se transformer
20:03en sorte de vérificateur
20:05d'un travail cognitif
20:06démembré à la chaîne
20:07c'est le travail
20:08d'un sociologue
20:09qui s'appelle Carbonell
20:09je vous recommande son ouvrage
20:10ça s'appelle
20:11le taylorisme cognitif
20:12et c'est aussi très intéressant
20:13c'est-à-dire qu'il y a des possibilités
20:15qui étaient évoquées par Antonin
20:16mais il y a aussi ce risque-là
20:17sur la nature du travail
20:18sans parler du nombre d'emplois
20:19sur le risque de
20:22encore une fois
20:23on parlait des salariés augmentés
20:25est-ce qu'il n'y a pas aussi
20:26un risque de dépendance
20:27à l'intelligence artificielle
20:28c'est-à-dire à force
20:29d'être aidé
20:30accompagné
20:31par l'intelligence artificielle
20:33d'avoir aussi
20:34une perte de compétence
20:36tout simplement
20:36comme un pilote d'avion
20:38qui ne pilote plus du tout
20:40pour de vrai
20:40et qui se teste piloter par l'avion
20:41et à un moment
20:42il oublie en fait
20:42comment est-ce qu'on pilote
20:43on appelle ça même
20:44le déskilling maintenant
20:45le fait de désapprendre des choses
20:47ça c'est un vrai risque aussi
20:49quand on parle
20:49d'augmenter le salarié
20:51avec l'intelligence artificielle
20:52on ne va pas devenir tous idiots
20:53en fait avec ChatGPT
20:54à force de l'utiliser
20:55ça c'est très Laurent Alexandre
20:56je suis journaliste aussi
20:59le risque c'est l'uniformisation
21:01c'est un peu la suite logique
21:03c'est à partir du moment
21:04où l'IA nous produit
21:05à chaque fois la même chose
21:06parce que l'IA fonctionne
21:07ça reste des lignes de code
21:09alors il y a Luc Julia aussi
21:10qui est passé chez nous
21:11Luc Julia
21:11a aussi son propre avis là-dessus
21:14mais pendant longtemps
21:15il était le preneur de dire
21:16l'IA est stupide
21:17donc dans le sens où ça reste
21:19une série de lignes de code
21:20qui ont été rédigées par des humains
21:22et qui vont produire un résultat
21:23qui d'une certaine manière
21:24est un peu téléphoné
21:25donc si à partir du moment
21:26où à chaque fois
21:27on a la même réponse
21:28et on produit
21:28la même tâche
21:29on se dévalue
21:30je vais reprendre ce terme là
21:32parce qu'on se sert uniquement
21:34de l'IA pour produire
21:35je voulais dire
21:38que l'exemple du pilote d'avion
21:39est en fait très bon
21:40parce qu'un pilote d'avion
21:42il ne fait pas tout tout seul
21:43il y a beaucoup d'automatisation
21:44dans ce travail
21:44mais il sait tout faire tout seul
21:45et on le forme régulièrement
21:47on le forme
21:48pour être capable
21:49d'anticiper des cas
21:51où la technologie est défaillante
21:52et en fait avec l'IA
21:54il y a un petit peu ça
21:55et Axel l'a dit tout à l'heure
21:56il faut savoir faire déjà
21:59pour pouvoir utiliser l'IA efficacement
22:01et le problème
22:02c'est que moi j'enseigne
22:03par exemple le code aussi
22:05alors pas au niveau d'un développeur
22:07mais pour apprendre
22:08à manipuler des données
22:09les étudiants
22:10de manière très compréhensible
22:12sont assez
22:13hostiles
22:15à l'idée d'apprendre à coder
22:17quand ils voient très bien
22:17que dans leur environnement
22:18de développement
22:19ils ont juste à appuyer
22:19sur un bouton
22:20pour que ça se fasse tout seul
22:21et c'est très compliqué
22:23pour nous
22:23de leur faire comprendre
22:24que s'ils ne l'ont pas fait
22:26au moins plusieurs fois seuls
22:28ils vont avoir l'impression
22:29avec l'intelligence artificielle
22:31et même sur des tâches
22:32comme le code
22:32où l'intelligence artificielle
22:33est très efficace
22:34ils vont avoir l'impression
22:35de gagner beaucoup de temps
22:35et sur le dernier kilomètre
22:37le dernier petit jalon à poser
22:39ils vont y passer
22:40en fait
22:40tellement de temps
22:41qu'en définitive
22:42ils auraient passé
22:43autant de temps
22:44à le faire tout seul
22:44et il y a une étude
22:45du MIT
22:46qui est sortie
22:47qui montre que
22:48les développeurs professionnels
22:49des gens qui quand même
22:50savent coder
22:51ils ont tous l'impression
22:52de gagner du temps
22:52avec l'IA
22:53mais en fait
22:53il y en a une grosse partie
22:54qui en fait
22:55quand on chronomètre
22:56ce qu'ils font
22:56ne gagnent pas de temps
22:57parce qu'ils gagnent du temps
22:58sur 95% de la tâche
23:00et ils perdent du temps
23:00sur 5%
23:01c'était 18% même
23:02c'est une très bonne expérience
23:04que vous avez relevée
23:04où ils testaient
23:05donc des développeurs
23:06qui juste étaient
23:07on va dire augmentés
23:08se servaient un peu d'IA
23:09et d'autres
23:10qui codaient tout
23:11sur l'IA
23:12et ils perdaient 20%
23:13de temps au final
23:14parce qu'il fallait revoir
23:15tout le code
23:15exactement sur le dernier kilomètre
23:16et quand on aura
23:17un monde
23:17où vous n'aurez plus
23:18de jeunes
23:19qui ont été formés
23:20à coder
23:20on sera très embêtés
23:22pour justement
23:22faire ce dernier kilomètre
23:23donc il faut quand même apprendre
23:24pour ensuite être sûr
23:26de bien utiliser l'IA
23:27il faut faire des études
23:29donc faites des études
23:31vous discuterez avec Laurent Alexandre
23:33il est dans les locaux
23:34on va organiser un petit débat
23:35il n'y a pas de problème
23:36alors il y a une dernière dérive
23:38j'allais dire
23:38de cette notion
23:39de salarié augmenté
23:40à laquelle je pense
23:41c'est salarié augmenté
23:42salarié surveillé
23:44c'est à dire
23:44la notion selon laquelle
23:46ok on va avoir cette IA
23:47qui est un peu toujours
23:49au dessus de notre épaule
23:50comme une sorte de tuteur
23:51mais qui va être aussi
23:52un surveillant
23:53d'une certaine manière
23:53je pense aux call centers
23:54qui sont maintenant
23:55qui utilisent massivement
23:56l'intelligence artificielle
23:57pour optimiser
23:58la qualité des appels
23:59évidemment
24:00en attendant d'avoir
24:01carrément des voicebots
24:01qui pourront peut-être
24:02remplacer les êtres humains
24:03ou encore dans les
24:05dans les entrepôts également
24:06est-ce que ça
24:07c'est pas un risque de dérive
24:08Axelle Arquier ?
24:09Oui tout à fait
24:09je pense qu'on en revient
24:10un peu à l'idée tout à l'heure
24:11que j'évoquais du taylorisme
24:13cognitif
24:13c'est à dire de la même façon
24:14qu'avant la révolution industrielle
24:16vous aviez un artisan
24:17qui avait la maîtrise complète
24:18pour réaliser un objet
24:20et qu'ensuite
24:20il devient ouvrier
24:21enfin c'est probablement
24:22pas la même personne
24:23mais vous avez un ouvrier
24:24qui va juste réaliser
24:26certaines tâches
24:27et qui va être chronométré
24:28qui va être contrôlé
24:29vous avez une perte d'autonomie
24:30ça pourrait être un peu
24:31la même chose
24:32pour l'école Blanc
24:33vous avez effectivement
24:33cette dimension
24:34potentiellement
24:36de démembrement
24:37de fractionnement des tâches
24:38et donc de surveillance
24:39de chronométrage
24:40mais surtout
24:41une perte d'autonomie
24:42parce que vous perdez
24:43l'ensemble de la tâche
24:46qu'avant vous réalisiez
24:47en autonomie
24:48et sans surveillance
24:49l'un des problèmes également
24:50c'est celui de
24:52où est-ce qu'on met le curseur
24:53dans l'utilisation
24:53c'est ce que tu disais
24:54Bogdan
24:55c'est-à-dire utiliser
24:56l'IA quand on est en train
24:57de rédiger un article
24:58avec ChatGPT
24:59comme une sorte de
25:00sparring partner
25:00qui va te répondre
25:01qui va te donner
25:02des angles morts
25:03des trucs que tu as oubliés
25:03ça peut s'entendre
25:05si tu lui fais écrire
25:06l'intégralité de l'article
25:07évidemment c'est un petit peu
25:08plus gênant
25:09c'est des questions éthiques
25:10parce que de toute façon
25:11il y a toujours un triptyque
25:12sur ce débat-là
25:13qui est économique
25:14à quel point c'est rentable
25:15à quel point c'est productif
25:16éthique dans le sens
25:18où est-ce que
25:19quel est notre morale
25:20et quel est notre niveau
25:21de morale là-dessus
25:22et puis philosophique
25:23sur est-ce que
25:24nous en tant qu'humains
25:26on peut se permettre ça
25:27là où on place
25:29la norme éthique
25:30elle diffère énormément
25:31même de la Californie
25:33de Paris
25:34à autre part
25:35moi j'ai un métier
25:36qui est très spécifique
25:37dans le sens où
25:38l'information
25:39il y a énormément
25:39d'exigences
25:40de la population
25:41là-dessus
25:42sur d'autres jobs
25:44on estime que
25:45tant pis pour l'éthique
25:46et pour même
25:47les questions philosophiques
25:48si on peut remplacer
25:50et si on peut être
25:50plus productif
25:51pour des questions économiques
25:52qui elles sont aussi
25:53parfois très rationnelles
25:54naturellement
25:56on utiliserait l'IA
25:56vous avez vu l'exemple
25:57du cabinet Deloitte
25:59c'était Deloitte
26:00j'ai peur de dire
26:01une bêtise
26:01un grand cabinet
26:02de consulting
26:02en tout cas
26:03qui a rendu
26:03un rapport
26:04au gouvernement australien
26:06et ils se sont fait
26:08prendre entre guillemets
26:08la main dans le sac
26:09parce qu'on s'est rendu compte
26:10que le rapport
26:11avait été massivement
26:12écrit par l'intelligence artificielle
26:14avec à la clé d'ailleurs
26:15plein d'erreurs
26:16à tel point
26:17qu'ils ont dû
26:17s'excuser
26:18rembourser une partie
26:19de la somme
26:20c'est aussi ça
26:21c'est-à-dire le salarié
26:22augmenté
26:22il est augmenté
26:23par l'intelligence artificielle
26:24il délègue une partie
26:25du boulot
26:25et puis au final
26:26le boulot est mal fait
26:27et puis
26:27c'est une très mauvaise pub
26:28pour la marque
26:29en réalité
26:29oui tout à fait
26:31je pense que ça rejoint
26:32l'idée des erreurs
26:33qui sont encore inhérentes
26:34au fonctionnement actuel
26:35des LLM
26:35encore une fois
26:36on a pris encore
26:37des statistiques
26:37des probabilités
26:38ils se retrouvent
26:39à inventer
26:40des romans
26:42qui n'ont jamais été écrits
26:43des articles
26:44qui n'ont jamais été publiés
26:45etc
26:45donc le fait
26:46de mal comprendre
26:47le fonctionnement
26:48de la technologie actuelle
26:49peut conduire
26:49à ce genre de dérive
26:50c'est-à-dire que
26:51ça peut vous créer
26:52un article de journal
26:54un papier d'économie
26:55en un instant
26:56simplement déjà
26:57la qualité
26:57je pense que c'est
26:58beaucoup mieux
26:58quand vous vous écrivez
26:59et qu'ensuite
27:00vous le faites un peu
27:00réécrire
27:01la qualité est médiocre
27:02et ça peut être
27:03truffé d'erreurs
27:04effectivement
27:04donc c'est quand même
27:05un grand risque
27:06après ça donne
27:07un pouvoir
27:08je trouve
27:08on n'a pas évoqué
27:09ce dimension
27:10mais un pouvoir
27:11à l'individu
27:12par rapport
27:13aux experts
27:14c'est-à-dire que
27:15par exemple
27:15si vous n'avez pas
27:16de connaissances juridiques
27:17mais que vous savez
27:17un petit peu
27:18réfléchir par vous-même
27:19moi avec la GPT
27:20je ne me prétends pas
27:21avocate
27:21mais je veux dire
27:22ça me permet
27:23de faire un certain
27:24nombre de choses
27:24par moi-même
27:25même en médecine
27:27et c'est là
27:27où je rejoins
27:28Laurent Alexandre
27:29sur cette dimension-là
27:30si vous savez réfléchir
27:30mais pour ça
27:31il faut avoir fait des études
27:32vous pouvez accéder
27:33à un certain nombre
27:35de savoirs
27:35et ça donne
27:36une forme de résistance
27:37face à des métiers
27:38qui ont eu un monopole
27:39qui avaient un monopole
27:41sur le savoir
27:41je pense qu'on peut
27:42savoir réfléchir
27:42sans avoir fait d'études aussi
27:43oui tout à fait
27:44mais ça aide
27:45à s'inscrire
27:45c'est des très bons exemples
27:46on peut parfois
27:47aller à un aéroport
27:47et pour éviter une amende
27:49ou d'une surtaxe
27:50on peut taper
27:51sur tel GPT
27:52qu'est-ce que je veux dire
27:53on va en rediscuter
27:54on reviendra sur l'exemple
27:55de Deloitte
27:55parce qu'il est très intéressant
27:56on a quand même la pub
27:57et on se retrouve
27:58dans quelques instants
27:59ici à Marseille
28:00pour AIM
28:00la suite
28:01Artificial Intelligence
28:02Marseille
28:02et les experts de l'IA
28:03évidemment
28:03Merci d'avoir regardé cette vidéo

Recommandations