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  • il y a 4 minutes
Ce vendredi 14 novembre, la dynamique de la réindustrialisation en France, a été abordée par Raphaël Legendre et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Emmanuel qui fait face à Raphaël Le Gendre.
00:02Aujourd'hui on va parler réindustrialisation.
00:04Il y a un sondage qui vient de tomber.
00:0584% des français jugent que la réindustrialisation
00:08n'est pas en bonne voie.
00:09Ceux qui y croient le moins, les ingénieurs.
00:12Est-ce que c'est un mirage total
00:14la réindustrialisation ?
00:15C'est là où cette enquête fait mal en fait.
00:17C'est qu'on se rend compte que ceux qui sont censés
00:19la porter, ceux qui sont censés l'animer,
00:22la conduire,
00:23eux n'y croient pas non plus.
00:25Et c'est là où vraiment on se dit que
00:28c'est préoccupant.
00:29Si vous mettez ça en regard
00:31des propos qu'a tenu quand même
00:33le patron de la BPI Nicolas Dufour
00:35la semaine dernière qui vous dit
00:37quand même que le tsunami chinois détruira
00:39toutes les PME industrielles
00:40de la Pologne à la Bretagne.
00:43Vous vous dites qu'on est...
00:44C'est plus le plombé polonais là.
00:46C'est ça, on est quand même au bord d'un tsunami industriel.
00:49Alors ce qui est encore plus...
00:51Alors quelque part,
00:53ce qu'on sent bien c'est que
00:54il y a toujours une fois dans l'outil industriel
00:57dans l'industrie
00:58mais c'est vraiment toutes les stratégies
01:01qui sont mises en place en France
01:03pour essayer de réindustrialiser
01:04qui vraiment ne sont pas jugées crédibles.
01:08D'abord, il faut rappeler qu'il n'y a aucun pays,
01:10aucun pays n'a réussi
01:11une réindustrialisation,
01:13c'est-à-dire en gros à faire remonter
01:14significativement la part de son industrie
01:17dans son PIB
01:18après qu'elle ait beaucoup baissée.
01:20Mais ça ne veut pas dire
01:21qu'il n'y a pas de place
01:23pour une industrie nouvelle
01:24puisque dans un monde en croissance,
01:26forcément, on peut avoir de la place
01:27pour de nouvelles industries.
01:28Mais en tout cas,
01:29on voit bien que c'est l'impasse.
01:31L'impasse de vouloir concurrencer
01:33par exemple des pays
01:34qui sont déjà bien plus forts que nous
01:35et il y a des courses qui sont belles.
01:38Rappelez-vous ce que disaient
01:38les économistes au moment du sommet de Toulon,
01:40franco-allemand,
01:41notamment Jean-Pizani-Ferry.
01:42Et que la réindustrialisation
01:43passerait par les Chinois.
01:44Ils viendraient ouvrir leurs usines en France.
01:45Voilà, le refaire à l'envers.
01:48Donc, je pense que l'industrie,
01:50c'est important,
01:51même si on peut vivre sans industrie.
01:53Mais il y a surtout d'autres moyens
01:54de s'y prendre pour la relancer.
01:57Mais l'industrie,
01:58c'est absolument majeur.
01:59Un emploi dans l'industrie,
02:00c'est trois emplois induits.
02:03Et donc, si on a une crise du chômage
02:04depuis 40 ans maintenant,
02:07c'est bien du fait de la désindustrialisation.
02:09Si on a une crise sociale,
02:10c'est bien du fait de la désindustrialisation.
02:12On a massacré notre industrie
02:14à partir du milieu des années 90.
02:16C'était 20% de la valeur ajoutée de la France
02:18au tournant des années 2000.
02:20C'est la moitié.
02:21Aujourd'hui, on a détruit 2 millions d'emplois.
02:23Le bilan, on le connaît,
02:25il est absolument catastrophique.
02:26Ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien faire.
02:29Alors, on fait des efforts depuis Arnaud Montebourg.
02:31En réalité, la réindustrialisation,
02:32ce n'est pas Macron.
02:33C'était le ministère du redressement productif.
02:36Arnaud Montebourg, souvenez-vous,
02:37en 2012, il avait été assez visionnaire là-dedans.
02:39Bon, il faut quand même,
02:41rappeler qu'à partir de 2017-2018,
02:46on a inversé la tendance.
02:48On a arrêté de fermer des usines en France
02:51et on a commencé à en recréer.
02:53Et ça continue encore.
02:54Au premier semestre,
02:55la France a ouvert,
02:57si vous prenez les fermetures,
02:58les ouvertures,
02:59on a eu une ouverture nette de 9 usines.
03:01Et ça, c'est en nombre d'usines,
03:03ce n'est pas en emploi.
03:04C'est en nombre d'usines, effectivement.
03:05Mais enfin, on reste positif,
03:07alors qu'on baigne en pleine guerre commerciale,
03:10en plus.
03:10Le contexte international est quand même extrêmement compliqué.
03:13La France reste le pays le plus attractif
03:16pour les investissements étrangers,
03:17même si là aussi, ça baisse encore.
03:20Alors, où est-ce qu'on ouvre ?
03:21C'est d'abord dans l'industrie verte,
03:2311 ouvertures en début d'année,
03:25c'est l'économie circulaire,
03:27c'est le recyclage de diverses matières
03:29et de reconditionnement d'appareils.
03:31Donc, on voit bien qu'on n'est pas sur de l'industrie de masse non plus.
03:34Mais vous avez l'industrie de la défense
03:35qui pointe son nez aussi.
03:37Alors là aussi, c'est long, c'est lent,
03:39mais enfin, il y a un contexte géopolitique
03:41qui fait qu'on va avoir besoin de l'industrie.
03:43C'est une question de souveraineté.
03:45Mais est-ce qu'il y a, Emmanuel,
03:46derrière une sorte de mirage politique,
03:48un espèce de discours ?
03:49Ça marche bien, on va réindustrialiser le pays,
03:50tous derrière moi.
03:51Mais en fait, tout le monde sait que ce n'est pas possible.
03:53Alors, je crois qu'il y a une vieille lune,
03:54effectivement, qui est qu'on considère
03:57que les erreurs du passé
03:59peuvent ne pas être reproduites
04:01alors qu'on a aujourd'hui, face à nous,
04:02des industries dans lesquelles
04:04nos concurrents investissent
04:05des sommes considérables bien plus que nous, etc.
04:09Mais il y a quand même, encore une fois,
04:10des leviers considérables à mener.
04:12Et on n'utilise pas, au niveau européen,
04:15tous les leviers de négociation
04:16qu'on pourrait utiliser.
04:17Nicolas Dufour, lui, il dit qu'il faut carrément
04:18fermer nos frontières,
04:21le temps de se réarmer industriellement.
04:22Mais prenez, c'est ça, moi, qui me sidère.
04:25Les consommateurs vont être très contents.
04:26Oui, mais prenez cette naïveté,
04:28encore une fois, dans les négociations
04:30qui sont devenues des vrais rapports de force.
04:31Par exemple, on a un quart,
04:33un quart, finalement,
04:35des produits stratégiques achetés par les Chinois,
04:38un quart des produits dont les Chinois
04:40ne peuvent pas se passer,
04:41qui sont fabriqués par des industriels européens.
04:43pourquoi on n'utilise pas notre pouvoir de négociation ?
04:47Donc là, c'est quand même par ça
04:49qu'il faudrait recommencer.
04:51Et puis après, il faut aussi faire
04:53que notre accueil,
04:59notre capacité à accueillir l'industrie,
05:01notre cadre compétitif,
05:02soit bien plus élevé.
05:03Et là, il faut arrêter de croire...
05:04Mais c'est ça le sujet, bien sûr.
05:05Et là, il faut arrêter de croire
05:06que c'est les emplois
05:08et la croissance qui vont permettre
05:11d'améliorer les finances publiques.
05:13Aujourd'hui, c'est d'abord le redressement
05:16et en profondeur des finances publiques
05:18qui permettra de créer des emplois
05:20et de la croissance.
05:20Donc, pour se réindustrialiser,
05:21il faut me mettre du contenu local, par exemple.
05:23Mais il faut surtout arrêter de faire n'importe quoi
05:25à l'Assemblée nationale
05:26en chaque loi de finances.
05:28On a créé 108 000 emplois en 2022 dans l'industrie.
05:31100 000.
05:32En une année.
05:33Il y a eu 450 créations de nouveaux sites
05:36entre 2022 et 2023.
05:37C'est donc que c'est possible.
05:38En réalité, la France a de nombreux attraits.
05:41On a des ingénieurs, les mêmes,
05:42qui sont complètement déprimés aujourd'hui.
05:43On les forme formidablement bien.
05:45On a une énergie disponible
05:47en grande quantité et verte
05:48grâce au nucléaire.
05:50On a des terrains disponibles.
05:51On a des forces de travail disponibles.
05:54Ce qui n'est pas le cas partout.
05:55Aux Etats-Unis, c'est compliqué
05:56parce qu'ils sont au plein emploi.
05:58En France, on a encore 7% de chômage.
05:59Donc, on a des gens
06:00qu'on peut placer dans les usines.
06:02Simplement, il va falloir arrêter
06:04de faire n'importe quoi
06:05et d'augmenter les impôts
06:06dans tous les sens
06:06à chaque loi de finances.
06:07et plus particulièrement
06:09depuis 2024-2025.
06:12Le délire, évidemment,
06:13est un repoussoir
06:14pour tous les investisseurs
06:15qui souhaiteraient venir
06:16s'installer en France.
06:17Merci beaucoup à tous les deux.

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