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Les Vraies Voix avec Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin (Aisne).

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2025-11-07##

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Transcription
00:00Il grogne des maires de France.
00:02Il a supprimé aux maires la taxe d'habitation, ce qui est idiot,
00:05parce qu'en réalité en faisant ça, on enlève ce qui permet aux maires de gérer leur commune.
00:09Oui, quand la France va mal, quand la France se déchire, les maires sont là pour réparer, à proximité.
00:14C'est devenu très compliqué pour les maires. Il n'a pas tant de pouvoir que ça.
00:17Entre la suppression de la taxe d'habitation, la baisse régulière des dotations de l'État,
00:21le coût délirant l'hiver dernier, on s'en souvient, de l'énergie,
00:24eh bien beaucoup de communes aujourd'hui se retrouvent sur le flanc.
00:26Et donc on vous pose cette question, faut-il redonner aux maires le pouvoir de réorganiser les centres-villes ?
00:36Vous dites oui, à 85% dans quelques instants.
00:40Nous serons en ligne avec Frédéric Macares, maire de Saint-Quentin, dans l'Aisne.
00:43Est-ce que vous trouvez, vous qui avez quand même maintenant quelques années de vie,
00:46on a à peu près quelques printemps derrière nous,
00:50que les centres-villes se sont beaucoup dévitalisés avec le temps, Philippe Bilger ?
00:54Ah oui, absolument. Et je me souviens.
00:56De pérégrination et le hasard médiatique, c'est bien les choses avec Xavier Bertrand
01:02lorsque je faisais une conférence à Saint-Quentin et qu'il était le maire
01:07et qu'il m'indiquait que son principal souci était de vivifier, de sauver le centre-ville.
01:14Et j'attends avec impatience son successeur pour savoir s'il a pu continuer cette offensive.
01:21C'est sa successeur parce que c'est Frédéric Kuhn.
01:24C'est une femme.
01:25Mais moi qui suis un pur Parisien, qui suis né à Paris, qui vit à Paris depuis toujours,
01:30je me rends compte quand même qu'il y a de graves problèmes à ce niveau.
01:32Hier, j'étais au boulevard Saint-Michel.
01:35Mais c'est incroyable le nombre de boutiques qui sont allouées, fermées.
01:39C'est une tristesse absolue.
01:41Même dans des petites rues parisiennes, vous avez aussi la même chose.
01:43Ce qui était bien avant, c'est qu'on pouvait faire ce qu'on appelle du lèche-vitrine.
01:45Vous voyez, on a un magasin de vêtements, un magasin de chaussures, un magasin de bougies.
01:50Même les grandes villes sont touchées par ça.
01:52Et ça devient de plus en plus triste.
01:54Et nous retrouvons Frédéric Macaresse, maire de Saint-Quentin,
01:57qui plaide pour rendre au maire le pouvoir d'agir sur les commerces de proximité.
02:01Bonsoir, madame la maire.
02:02Bonsoir.
02:03Alors, première question.
02:05Comment les maires peuvent-ils reprendre la main sur la planification commerciale dans leurs communes
02:09face aux moyens qui sont a priori actuellement limités ?
02:11Alors, ce qu'on demande, on vient de rendre un rapport, une mission commerce.
02:17Donc, j'étais représentante en tant que maire.
02:20Mais il y avait Antoine Saint-Foyant, le directeur de la Banque des Territoires,
02:23et Dominique Schercher, le président de Système U.
02:26Donc, on a travaillé ensemble pendant trois mois.
02:27On est allé sur le territoire français.
02:29On a auditionné 100 personnes.
02:32Et donc, il y a plusieurs éléments.
02:34Nous, on fait 30 recommandations, dont 12 prioritaires.
02:37Et dans les sujets qui sont importants pour nous,
02:40c'est de donner plus de pouvoir maire.
02:42Puisqu'aujourd'hui, en fait, on le sait ou pas,
02:45mais c'est la liberté du commerce.
02:47Et donc, un maire, à part l'urbanisme,
02:50il ne choisit pas les implantations de commerce dans les artères commerçantes.
02:53Donc, on est plutôt pour continuer à avoir une certaine liberté du commerce.
02:58Mais toutefois, sur des axes qui paraissent stratégiques,
03:01quand une stratégie est réellement arrêtée et définie,
03:05il vient de permettre au maire de donner son avis au travers de la loi.
03:10Donc, on demande plus de pouvoir pour les maires.
03:14On réussit.
03:15Oui.
03:15Bonsoir, madame le maire.
03:17Moi, j'ai dit madame la maire.
03:19Excusez-moi, pardon.
03:20Ça dépend.
03:22Justement, dans le rapport que vous avez rédigé avec vos collègues,
03:26je crois qu'il y a une mesure qui concerne,
03:28ce que j'ai entendu ce matin, le ministre Serge Papin,
03:31qui parlait des animateurs ou managers de commerce de centre-ville.
03:34C'est ça.
03:35Alors, moi, je croyais que dans les mairies,
03:37il y avait des adjoints chargés du commerce et l'artisanat, des choses comme ça.
03:40Donc, ça existait déjà.
03:41Est-ce que je me trompe ou bien c'est autre chose
03:44que les adjoints au maire chargés du commerce ?
03:46Oui, c'est un peu différent.
03:48En fait, il faut peut-être reprendre les grands sujets du commerce.
03:51Si vous voulez, aujourd'hui, la vacance commerciale augmente partout en France.
03:54Il y a eu 50 millions de mètres carrés qui ont été créés depuis 2020
03:59alors que la consommation était à tonnes.
04:01Les maires ont très peu de pouvoir sur ce type de sujet.
04:04On a eu bizarrement des créations d'emplois.
04:07800 000 emplois créés dans le commerce depuis 2006,
04:10mais essentiellement tirés par la restauration et la crise de l'habitement
04:14avec toutes les enseignes iconiques qui disparaissent au fur et à mesure
04:18de toutes les villes de France.
04:19Ça a commencé avec Kamaïeu.
04:21Dans les dernières, on avait Nafnaf et IKKS.
04:24Et donc, c'est très violent.
04:26Nous, une des premières choses que l'on demande,
04:28parce qu'il y a deux préalables pour que le commerce puisse fonctionner,
04:31c'est d'abord qu'on lutte contre la concurrence déloyale
04:34et contre l'inéquité.
04:35Puisqu'aujourd'hui, les commerçants de centre-ville,
04:37ou les commerçants physiques, ne peuvent pas lutter
04:39puisque ce ne sont pas les mêmes armes par rapport aux plateformes,
04:43par rapport à tous ceux qui n'ont pas les charges
04:45qui sont imputées au commerce de centre-ville.
04:48Donc, pour nous, c'est très important.
04:49Et la taxe sur l'achat numérique de biens importés
04:52est pour nous quelque chose de très important.
04:54De même que le contrôle des marchandises,
04:56et on redit qu'à l'approche de Noël,
04:58il y a de quoi être inquiet sur les achats
05:01qui sont faits par les personnes de l'extérieur.
05:04Alors, sur la question que vous avez posée
05:06sur les managers de commerce,
05:08en fait, la question du foncier est devenue très importante.
05:11Il y a beaucoup de fonciers libres dans les villes,
05:14des fonciers qui sont parfois à la main de grandes frontières parisiennes,
05:18surtout que la France,
05:19des fonciers qui sont à la main de propriétaires
05:21qui n'habitent pas forcément dans nos villes,
05:23avec des loyers très chers qui sont totalement décorrélés de la situation.
05:27Et aujourd'hui, un manager de commerce,
05:29oui, il a toujours cette question d'animation à mettre en place,
05:33mais il y a aussi tout le travail autour du foncier,
05:36du suivi, de la négociation qui peut se mener,
05:40des observatoires des locaux,
05:42et les maires et les municipalités
05:45sont appelés à s'intéresser à des biens privés,
05:49alors que par le passé, ça n'était pas le cas.
05:50Il y a aussi des initiatives de foncières commerciales
05:53qui sont très importantes,
05:54là où on a des biens dégradés
05:56qui ne retrouveront pas preneurs,
05:58et bien la puissance publique associée au privé,
06:01parce que ça peut être des foncières
06:02qui sont à la fois publiques et privées,
06:04peuvent faire des rachats de locaux,
06:06les reconfigurer,
06:07décider de mettre à nouveau des commerçants dedans
06:10dans les conditions du marché.
06:12Et puis on a aussi,
06:13moi dans ma ville, ça va être le cas,
06:14on va monter une concession d'aménagement,
06:16on rachètera des locaux qui sont aujourd'hui fermés,
06:19et il faut aussi accepter que dans certains lieux,
06:22et bien peut-être on ne replace pas du commerce en rez-de-chaussée,
06:24puisque je disais qu'il y a trop de locaux commerciaux,
06:27donc il faut aussi réfléchir à la galette commerciale,
06:30dans quelle rue on laisse le linéaire,
06:31et peut-être que sur d'autres rues
06:33ou sur d'autres espaces,
06:34il faut transformer différemment.
06:35Philippe, déjà vous posez une question.
06:36Madame le maire, je me souviens de mes échanges
06:39avec Xavier Bertrand dans cette belle ville de Saint-Quentin,
06:43pouvez-vous nous indiquer pour quelles raisons
06:45et à partir de quand
06:46les centres-villes ont été désertés,
06:50parce que ça n'était pas évident,
06:52on pouvait penser au contraire
06:54que les centres-villes seraient naturellement
06:57l'objet des commerces essentiels ?
07:00Écoutez, le centre-ville n'a pas échappé aux crises successives
07:05que nous avons vécues depuis le Covid.
07:08Chaque année, le commerce de centre-ville
07:10a été impacté par le Covid,
07:12dans un premier temps les fermetures,
07:14la crise énergétique et la crise du pouvoir d'achat.
07:17Les Français n'achètent pas quand il n'y a pas beaucoup d'argent.
07:20L'impact de l'Ukraine a été très important.
07:24La crise des Gilets jaunes,
07:26la crise institutionnelle,
07:27vous voyez bien que le taux d'épargne des Français
07:29a fortement augmenté,
07:30il est passé de 14% en 2019 à 19% en 2025,
07:34donc ça se ressent forcément sur la consommation.
07:36Et dans le même temps,
07:38la vacance commerciale a continué.
07:40Donc ces causes-là, les crises,
07:43c'est très très impactant pour le commerce de centre-ville.
07:45Et puis on a un changement de modèle
07:47avec d'autres typologies d'achat sur le numérique.
07:52On a des consommations qui sont très différentes.
07:55Aujourd'hui, on achète peut-être moins de biens,
07:57mais peut-être plus de loisirs aussi.
07:59Moi, j'ai toujours cet exemple en tête
08:01des jeunes qui très fréquemment maintenant
08:03ont un abonnement à la salle de sport.
08:05Et ça fait partie des choses
08:05qui sont très importantes pour eux.
08:07Il y a d'ailleurs des salles de sport
08:08qui arrivent, y compris dans des secteurs ruraux.
08:11Donc ça, c'est des arbitrages
08:12qui sont un peu différents.
08:13Et puis dernièrement, cette dernière année,
08:15c'est pour ça qu'il y a urgence à agir
08:17quand on parle de concurrence déloyale.
08:19Avec les droits de douane américains
08:20et la situation géopolitique,
08:22on se fait totalement inonder des produits chinois.
08:26Et donc, on a une accélération du mouvement
08:29qui est particulièrement inquiétante.
08:30Et c'est pour ça qu'avec les co-rapporteurs,
08:32on appelle à un sursaut et à des mesures fortes
08:35pour que nos centres-villes
08:37puissent continuer à évoluer,
08:40remplir leurs fonctions à la fois commerciales,
08:42mais aussi de convivialité pour les populations.
08:44On reste un pays latin où on a du plaisir à se retrouver.
08:48Ce qu'on ne voudrait pas,
08:48c'est être sur le modèle américain
08:50où on n'a pas du tout de centre-ville.
08:53Et donc, c'est même peut-être plus les môles
08:55et juste l'achat Internet,
08:57vraiment le modèle général.
08:59Nous, on a envie de continuer
09:00à avoir des cœurs de ville qui vivent,
09:02où on travaille, où on habite
09:04et où on consomme.
09:05– Merci, merci beaucoup Frédéric Macares,
09:08maire de Saint-Quentin.
09:09Une question pour une réponse très courte.
09:10Est-ce que votre belle commune
09:12s'est remise du passage de Philippe Bilger
09:14pour faire une conférence ?
09:15– Alors, je n'en ai pas le souvenir.
09:21Voilà, c'est vendredi soir
09:22et la semaine a été longue.
09:23– Madame le maire, vous avez le droit
09:25de ne pas répondre à des questions discutables.
09:27– Voilà, c'est ça, je n'aurais pas duré
09:29de contre en fait, c'était discutable.
09:32Mais si vous voulez revenir,
09:34alors si je comprends…
09:35– Avec grand plaisir !
09:36– Merci beaucoup Frédéric Macares,
09:40vers de Saint-Quentin.
09:42Allez, tout de suite,
09:43Sud Radio, faites sa transat.
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