Comités Théodule, privilèges des anciens élus : faut-il mettre fin à ce gaspillage ?

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Transcript

00:00Une voiture de fonction à vie, une sécurité à vie, un chauffeur à vie.

00:04Quand on a été Premier ministre trois mois, est-ce que ça justifie qu'on ait une voiture de fonction à vie,

00:08une sécurité à vie, un chauffeur à vie ? Bien entendu que non.

00:11Moi, je suis pour la suppression de toute forme de privilèges.

00:15Sachant que Jean Castex, lui, il y a renoncé, pas vous.

00:17Oui, il y a renoncé parce qu'il est pris en charge par l'institution qu'il sert aujourd'hui.

00:22Il a renoncé immédiatement, il prend le métro, il a pris le chauffeur.

00:25Pourquoi ? Écoutez, c'est une bonne chose qu'il fasse fonctionner à l'époque l'administration dans laquelle il servait,

00:30c'est-à-dire la RATP.

00:31Mais pas vous, vous n'y avez pas renoncé, c'est pour ça que je vous pose la question.

00:34Mais parce que je n'ai pas cette fonction-là.

00:40Alors, Philippe Bilger, est-ce que selon vous...

00:43Pardon, ma chère Cécile, j'entends Dominique de Villepin, parfait exemple de l'hypocrisie politique.

00:50Non, mon premier mouvement, et pas du tout pour stimuler un débat qui n'a pas besoin de moi,

00:56c'est de dire, mon Dieu, c'est absurde, c'est démagogique,

01:02et ça risque de rendre encore plus proche, plus familier, plus vulgaire,

01:07le lien entre le citoyen et les gens de pouvoir.

01:11Mais aujourd'hui, je suis obligé de dire que personne ne comprendrait

01:17et le pouvoir lui-même n'oserait pas ne pas approuver la suppression de ses avantages à vie

01:24parce que nous sommes dans une période très particulière

01:28où l'égalitarisme est devenu une telle exigence

01:33parce qu'en réalité, on ne peut plus laisser, même pour la meilleure des causes possibles,

01:39passer l'idée d'une supériorité du pouvoir par rapport au commun des citoyens.

01:45Samuel Bouton ?

01:45Non, je pense qu'il faut réévaluer les modalités d'attribution aux anciens premiers ministres

01:52sur ce à quoi ils ont droit.

01:54Je pense qu'il y a effectivement un pléthore de moyens

01:56et qu'on pourrait largement les réduire,

01:58voire aussi en fonction des postes qu'ils peuvent occuper.

02:00C'est-à-dire aujourd'hui, savoir que Gabriel Attal,

02:03qui est un ministre relativement...

02:04qui a été Premier ministre relativement jeune

02:06et que les 30, 40, 50 prochaines années, il sera pris en charge,

02:09je trouve que c'est un non-sens absolu.

02:11Encore plus parce qu'il occupe des fonctions

02:13et des fonctions parlementaires.

02:14Et je pense qu'à ce moment-là...

02:15Surtout six mois !

02:16Non, mais au-delà des six mois.

02:18C'est-à-dire à partir du moment où vous faites le choix

02:20de rester dans la vie et dans le jeu politique

02:22après avoir été Premier ministre

02:23et que vous avez des mandats de représentation,

02:26vous faites fi de vos avantages.

02:29C'est-à-dire que vous les laissez.

02:29Et c'est comme ça.

02:30Maintenant, on peut recentrer la question sur autre chose.

02:33On en a déjà parlé, Philippe.

02:34C'est la question aujourd'hui de notre représentation parlementaire,

02:37du nombre de députés, du nombre de sénateurs,

02:39des moyens qui sont alloués à ces institutions

02:41et qui représentent une somme colossale

02:43beaucoup plus que ce qu'a pu nous coûter Edith Cresson

02:47ou d'autres ministres dans le temps

02:50qui sont encore en activité.

02:51Mais, pardon, ne pensez-vous pas

02:53qu'il faudrait plutôt donner la possibilité

02:57à certains régaliens,

02:58c'est-à-dire des ministres des gardes des Sceaux,

03:01ministres de l'Intérieur,

03:02qui pourraient, même après avoir quitté le gouvernement,

03:06être cibles.

03:08Bien sûr.

03:08Voilà.

03:09Et normalement, c'est à ça que ça sert.

03:11C'est effectivement une logique de cas par cas,

03:14mais c'est surtout, aujourd'hui,

03:15prendre en compte quelles sont leurs attributions

03:17dans la vie politique.

03:19Quelqu'un qui est député, qui est sénateur,

03:21qui est ministre, qui est maire d'une ville,

03:23celui-là, à part circonstances exceptionnelles

03:26et menaces imminentes,

03:27j'estime qu'il n'a pas ces droits-là à faire valoir.

03:29Mais non, c'est pas uniquement, ma chère Cécile,

03:32pour répondre à des menaces possibles.

03:34On continue, après la fin du pouvoir,

03:37la révérence démocratique et sanctuaire.

03:39Il y a une chose, parce que l'écoute des anciens

03:42premiers ministres, par rapport au budget de l'État

03:45et à la dette, c'est anecdotique.

03:47Mais la politique, c'est avant tout des symboles.

03:50La politique, c'est avant tout des symboles.

03:53C'est comme si vous devez demander à quelqu'un

03:56qui quitte une boîte de le payer jusqu'à la fin de ses jours.

03:59Enfin, c'est pas possible.

04:00Moi, c'est comme, je suis totalement contre

04:02les golden parachutes des patrons qui se sont plantés,

04:04ils sont dit en passant, alors qu'il y en a

04:06qui touchent des golden parachutes.

04:07En tout cas, pour ceux qui ont échoué,

04:09c'est clair.

04:10Ah bah pour ceux qui ont échoué,

04:11et pour toi, il y en a qui en ont pris des gros.

04:12Bon, mais il y a quand même,

04:14Samuel disait une chose vraie.

04:15Comment expliquer que les États-Unis,

04:17plus de 300 millions d'habitants,

04:209,5 millions de kilomètres carrés,

04:22est 100 sénateurs,

04:24quand la France, 68 millions d'habitants,

04:26550 000 kilomètres carrés hors dom-tom,

04:29à 577 députés ?

04:31Comment l'expliquer ?

04:33Est-ce qu'on ne peut pas réduire un peu

04:34la voilure dans ce domaine ?

04:35Il n'y a pas de raison que la France,

04:37qui est trois fois moins peuplée que les USA,

04:38dans cinq points moins peuplée que les USA,

04:40pratiquement, pardon,

04:41Allons à l'efficacité, selon vous.

04:43Est pratiquement six fois plus d'élus.

04:45Mais le problème, c'est que quand vous dites ça,

04:47vous vous faites traiter de populiste.

04:49Alors c'est vrai, je...

04:50Comment ?

04:50Oui, c'est vrai.

04:51Vous faites traiter de populiste.

04:52Joseph, il dit,

04:53Bilgeard m'a traité tellement de voix de populiste.

04:54Non, mais parfois, je vous en ai félicité.

04:57que j'ai failli finir chez le psy,

04:59vous voyez un peu.

05:00Mais tous ces colibés que vous subissez,

05:03ce n'est pas du populisme,

05:04c'est du bon sens.

05:05Pareil, alors, pour les anciens premiers ministres,

05:07je prends deux exemples.

05:09Edith Cresson, elle a été première ministre un an,

05:11elle a quitté le pouvoir en 1992,

05:15c'est-à-dire que ça fait 35 ans,

05:1733 ans, bientôt 34.

05:20Comment expliquer quels sont tous les avantages

05:22d'un premier ministre ?

05:22Laurent Fabius, alors on dira,

05:24il était il n'y a pas longtemps

05:25président du Conseil qu'on cite.

05:26Lui, il a quitté l'hôtel Matignon

05:28il y a bientôt 40 ans, en mars 1986.

05:31Comment expliquer qu'il y ait encore ça ?

05:33Et alors ?

05:34Et il a été ministre en tout temps.

05:35J'aimerais bien savoir la facture,

05:37le montant de la facture.

05:38Ah ben ça, oui, il faudrait le nommer

05:39à la Cour des comptes.

05:41Mais ce que je veux dire,

05:43c'est qu'il n'y a plus de logique

05:44et que c'est avant tout des symboles

05:46et que les Français,

05:47en cette période de faillite

05:48ou de quasi-faillite,

05:49ont besoin de symboles.

05:50Pour se rendre compte,

05:51quand même, Dominique de Villetinde,

05:53puisque vous en parliez tout à l'heure,

05:54Philippe,

05:55il a été Premier ministre du 31 mai 2005 à 2007

06:00et il touche environ par an 207 000 euros.

06:03Il coûte 207 000 euros par an.

06:05Alors, hors frais de sécurité.

06:07Bernard Cazeneuve, c'est 198 000.

06:09Jean-Pierre Rafferrin, c'est 158 000

06:11pour trois ans, entre moyenne,

06:13entre trois ans maximum

06:15au poste de Premier ministre.

06:16Vous avez raison de rappeler ça, Cécile,

06:18parce que pour qui s'intéresse à la psychologie

06:21et à la personnalité des hommes de pouvoir,

06:25on n'est pas étonné que Jean Castex

06:28ait été le moins dépensier du lot.

06:31Donc, ça montre bien que ça renvoie aussi

06:34à certaines personnalités

06:36qui font dans le fond de Tuaire très volontiers

06:39et d'autres sont capables d'une sorte,

06:41non pas d'austérité,

06:43on ne leur demande pas ça,

06:44mais d'une modération dans les dépenses.

06:46Et je rebondis sur ce que vous disiez,

06:47Philippe, David, tout à l'heure,

06:49c'est qu'à l'échelle d'un État,

06:51ce n'est peut-être pas beaucoup d'argent,

06:52mais à l'échelle du contribuable,

06:53c'est énormément d'argent.

06:54On est entièrement d'accord.

06:56Mais vous savez, ça m'a rappelé une phrase,

06:58je crois qu'il y avait un ministre

07:00qui s'était appelé Goulard, je crois,

07:01ou François Goulard, je crois,

07:03qui avait été ministre

07:04et qui avait eu cette phrase.

07:06Il avait gagné, je crois,

07:06le prix de l'humour politique,

07:07tellement c'était drôle.

07:09Il avait dit ne plus être ministre,

07:11c'est s'asseoir à l'arrière de la voiture

07:12et voir qu'elle ne démarre plus toute seule.

07:14C'est ça.

07:15Mais c'est exactement ça.

07:17Les types n'ont pas besoin d'un chauffeur

07:18à Vitam et Tertal.

07:19En revanche, moi,

07:20si vous voulez m'en donner un,

07:22ok, j'accepte.

07:23Moi, j'ai déjà été votre chauffeur, Cécile.

07:25C'est vrai, mais je m'assieds à côté de vous,

07:28pas derrière, vous avez remarqué.

07:29Absolument.

07:31Mais vous avez raison,

07:31la prochaine fois, je m'assierai derrière.

07:33Ce n'est pas complètement idiot.

07:35Allez, tout de suite.

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