Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio. --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
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00:00Dans le nord, une élève va frapper sa professeure après avoir refusé d'enlever son voie.
00:05Une professeure de maths a été violemment agressée par un de ses élèves de seconde en plein cou.
00:10Entre l'élève à gauche et la professeure à droite, le ton monte très vite.
00:13Ça s'est passé au lycée Montagne, à Paris.
00:16Prestigieux établissement, la prof avait juste fait une remarque à l'élève.
00:18Depuis plusieurs années, on sent bien une forme, si vous voulez, de menace par rapport à l'essence même de notre métier.
00:25Et il lui a scéné trois coups de poing au visage et deux dans le dos.
00:27Menacer un professeur, c'est menacer la République.
00:36Et donc avec des chiffres, puisque l'association autonome de solidarité laïque alerte sur une forte hausse des problèmes rencontrés par les personnels éducatifs en cinq ans.
00:46Les demandes d'aide ont augmenté de 23% avec une forte progression de 14% rien que sur l'année dernière, Philippe.
00:52Et donc, malgré tout ce qu'on pouvait dire sur le pas de vague, on voit que ça continue en fait.
00:58Alors il y a des phrases ridicules.
01:01Menacer un professeur, c'est porter atteinte à la République.
01:04Paradoxalement, cette espèce de pompe des mots est une manière de ne pas répondre aux défis que pose la violence au quotidien.
01:14En ce qui me concerne à la question de Sud Radio, bien sûr, immédiatement, sanctionner l'enfant, le mineur, qui a commis la violence.
01:25Et ensuite, pour les parents, je ne serai plus nuancé dans la mesure où, d'abord, je ne crois pas qu'il y ait de lien mécanique et obligatoire entre l'éducation et le comportement d'un enfant.
01:40Même si, bien sûr, la vigilance des parents est utile.
01:43Et je ferai juste un amendement à mon propos, lorsque, par exemple, on rencontre un mineur qui commet en permanence des transgressions et des violences.
01:55Là, je crois qu'on pourrait s'interroger sur la responsabilité pénale des parents.
02:01Mais quand c'est fortuit, c'est difficile.
02:04Si vous étiez père de famille, enfin, vous êtes père de famille, Philippe Bilger, et que votre enfant venait se plaindre d'avoir été tapé par un prof,
02:14et que le prof vous dit, vous répond que ça n'est pas vrai.
02:18Qui, qu'est-ce que vous, enfin, en tout cas, quelle serait votre attitude ?
02:22Votre question est très pertinente, ma chère Cécile, parce que moi, j'appartiens à une génération, et je m'en flatte,
02:29où les professeurs avaient toujours raison, et où, en réalité, la plupart du temps, ils n'étaient pas discutés dans leur pédagogie.
02:40Et aujourd'hui, et ensuite, entendons-nous, j'aurai la certitude absolue que mon enfant n'a pas commis la faute qui lui est reprochée.
02:51J'irai dire très courtoisement au professeur, expliquez-moi ce qui s'est passé.
02:56Mais évidemment, je ne lui porterai pas des coups, comme malheureusement, ça risque trop souvent.
03:01Michael Sadoun ?
03:02Je pense qu'il faut d'abord, évidemment, dans l'immédiat, sanctionner l'élève.
03:08Il faut que l'administration, évidemment, donne la confiance au professeur qui peut répondre de la manière qu'il souhaite,
03:15parce qu'on fait confiance au professeur pour s'adapter à la situation et pour ne pas faire n'importe quoi.
03:19Évidemment, on n'attend pas de lui qu'il tape les élèves.
03:21Mais désolé de vous dire que quand un enfant arrive à l'adolescence, il lui arrive de rentrer dans un rapport un peu physique avec les adultes.
03:29Désolé de vous dire que s'il y a besoin de choper un élève par le col pour le sortir de la classe,
03:33de temps en temps, il y a besoin de faire ça.
03:35Je sais que ce n'est pas politiquement correct de le dire, mais je le pense.
03:38De là à frapper un élève, évidemment, il y a un écart immense et personne ne peut soutenir ça.
03:43Mais d'abord, c'est ça.
03:45Et ensuite, si le parent vient se plaindre, on lui explique qu'on a fait les choses de manière proportionnée
03:49à la violence de son enfant et à son insubordination.
03:52Et puis, s'il n'est pas content, il n'a qu'à retirer son enfant de l'école.
03:54Donc, c'est là aussi qu'on engage la responsabilité des parents.
03:57Mais le centre de tout ça, c'est qu'il faut redonner de l'autorité au professeur.
04:01C'est lui qui a le savoir.
04:03C'est lui qui bosse pour ça.
04:04C'est lui le professionnel.
04:05Donc, le rectorat doit faire confiance.
04:07L'administration doit faire confiance.
04:08Et c'est lui qui gère.
04:09Moi, je crois qu'il y a un adversaire total.
04:11C'est le pas de vague.
04:13Et le pas de vague qui est quand même la règle de l'établissement.
04:18Pourquoi le pas de vague ?
04:19Justement, pour ne pas toucher.
04:20Je connais très bien quelqu'un qui a été agressé en cours par le frère d'un élève qu'elle avait collé.
04:26C'était il y a 20 ans, une vingtaine d'années.
04:28Donc, ça date un peu maintenant.
04:30Et quand elle a voulu porter plainte, on lui a dit non, non, mais pour la réputation de l'établissement, tant pis.
04:36Vous avez été frappé devant vos élèves, mais ce n'est pas grave.
04:38En clair, pas de vague.
04:39Il faut surtout se taire.
04:40Alors, ça, c'est la victoire absolue pour les voyous et pour leur famille.
04:45En revanche, quand il y a des parents, parce que ça arrive que des parents viennent frapper des profs.
04:52Ça arrive même plus fréquemment qu'on ne le dit.
04:55Moi, j'estime que la justice devrait être implacable.
04:59Implacable.
04:59Est-ce que vous avez vu souvent des parents qui ont tapé des profs finir avec une peine de prison ferme ?
05:06Jamais.
05:07Alors, Philippe Bilger me dira peut-être que c'est trop sévère.
05:10Mais moi, j'estime que quand on dit, et je le dis, qu'il faut protéger tous les corps qui représentent l'État.
05:16C'est-à-dire les policiers, c'est-à-dire les pompiers, c'est-à-dire les médecins, c'est-à-dire bien évidemment les professeurs.
05:22C'est-à-dire bien évidemment le fonctionnaire qui est aux impôts ou à la CPAM qui ne va pas se faire insulter ou taper dessus.
05:28J'estime qu'il faut une réponse pénale immédiate, forte et surtout appliquée immédiatement.
05:36Mais malheureusement, comme on a une justice en déshérence, alors il y a les problèmes de budget, le manque de place de prison et toutes les litanies qu'on nous fait depuis des années,
05:43il n'y a pas de sanctions.
05:45Donc il ne faut pas s'étonner qu'après, que sur la dernière année, le nombre de cas signalés était de 14%.
05:51Mais quand on prend tous ceux qui ne sont pas signalés, à mon avis, c'est beaucoup plus que ça.
05:55Seuls 8% des dossiers aboutissent à un dépôt de plainte.
05:58Dernier le pas de vague, il ne faut pas oublier autre chose.
06:02C'est que je pense que beaucoup des événements qui se déroulent et des violences qui sont perpétrées
06:08viennent du fait que les titulaires du pouvoir n'ont plus non plus le courage de l'autorité.
06:14C'est tout à fait vrai.
06:18Oui, alors désolé de le mettre en lien avec la légère gauchisation de l'éducation nationale,
06:23mais en effet, il y a eu pendant un moment une doctrine appliquée par les profs eux-mêmes
06:27et qui a consisté à dire qu'il n'était pas légitime à appliquer l'autorité.
06:31Donc il va falloir quand même en revenir.
06:32Allez, tout de suite, merci beaucoup messieurs.
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