00:00Un COD à l'islamisme sur le tard n'a pas été une des raisons de cette étonnante tergiversation du parquet antiterroriste.
00:10Lorsqu'on a tout de même des éléments parfaitement objectifs, les aveux du terroriste lui-même
00:17qui viennent dire à quel point il s'insère dans le processus terroriste, j'avoue que ça me surprend tout de même un peu.
00:25Bon, de toute façon on continuera d'en parler, mais juste avant la fin de cette émission, je voulais aussi revenir sur les éléments qu'on a su,
00:31sur deux affaires distinctes, à la fois la mort de ce jeune homme, Elias, vous vous souvenez, en janvier dernier,
00:37et puis sur le meurtre de Philippine, vous savez, qui avait été violée et tuée, c'était au Bois-de-Boulogne en septembre 2024.
00:46Déjà, je voulais vous demander pour ces deux affaires, et elles sont distinctes, mais quand même s'il n'y avait pas eu des défaillances de la justice.
00:53Écoutez, le politologue Jean-Christophe Gallien, qui est revenu sur le rapport accablant sur la justice concernant cette fois la mort d'Elias,
01:00cet adolescent encore une fois de 14 ans tué à coup de machette, sur CNews, il dénonce un système judiciaire aux abonnés absents.
01:07Il n'y a pas de sang sur les mains des juges, c'est clair, mais par contre le système, lui, il porte ses responsabilités.
01:11C'est-à-dire qu'un suivi judiciaire, à ce point-là fantomatique, il crée les conditions de la mort de ce jeune homme.
01:17Il laisse en liberté des gens qui sont potentiellement, et qui l'ont fait, et qui pourraient le refaire, qui sont des gens qui sont donc des criminels.
01:23C'est bien sûr la responsabilité de ces criminels, mais il faut aussi quand même regarder en face le système qui lui-même est totalement défaillant.
01:30Alors quelques éléments de ce rapport, interdiction de contact jamais respectée, audience repoussée pendant des mois,
01:35des mesures éducatives qui n'avaient jamais été mises en œuvre, et j'en passe.
01:41Du côté de Philippines, c'est à Walidat, on en a déjà parlé hier, un faux mineur isolé,
01:47un premier viol qu'il avait d'ailleurs caché à sa famille, une remise en liberté qui pose des questions, des OQTF qui ne sont absolument pas réalisées.
01:56À chaque fois, est-ce que vous y voyez là ? Encore une fois, ce sont deux affaires distinctes,
01:59mais est-ce qu'on peut dire qu'il y a à chaque fois des défaillances de la justice ?
02:02J'en suis persuadé, Clélie, pour une raison simple.
02:06J'ai toujours eu l'impression, face aux tragédies, les pires, que plutôt que d'éditer de nouvelles lois,
02:13si on en avait eu la volonté et le temps, on aurait dû examiner dans le détail les processus qui ont conduit au crime.
02:22Et à chaque fois, on aurait décelé ou des incuries professionnelles judiciaires ou autres,
02:29ou des défauts de communication, à chaque fois, il y a des défaillances qui auraient pu être évitées et donc qui auraient sauvé les victimes.
02:38Donc pas de retour d'expérience, des rétextes, comme on dit sur ces affaires, mais qu'est-ce qu'on y voit derrière tout ça ?
02:43Ça veut dire quoi ? Problème de moyens de la justice, une justice débordée qui ne peut pas faire face à tous ces dossiers ?
02:50Ou est-ce qu'il y a de la naïveté ? Ou est-ce qu'il y a de l'idéologie ?
02:53Je dirais, si la justice avait plus de moyens, je ne m'en plaindrais pas.
02:58Mais il faut arrêter de prendre le défaut de moyens comme une excuse universelle.
03:05Je crois qu'il y a de l'incurie professionnelle.
03:08Il y a le fait que, naturellement, chacun s'enferme dans sa sphère et ne communique pas avec les autres.
03:15Il y a des défaillances que la volonté humaine et, j'allais dire, l'exigence personnelle auraient permis d'éviter.
03:23J. William Goldnadel, quelle est votre lecture ?
03:25Écoutez, je vais être encore plus sévère que ça.
03:29J'expliquais d'ailleurs hier chez Pro que, hier, j'ai l'un de mes collaborateurs qui me disait
03:36« Tu sais, William, tu as de la chance d'être au bout du chemin de ta carrière. »
03:41Parce que lui, il doit avoir dans la trentaine, 35 ans.
03:44Parce qu'on venait encore de constater qu'un juge n'avait pas mis en examen quelqu'un qui avait avoué depuis déjà six mois, il n'avait rien fait.
03:54Je pourrais passer maintenant mon existence à vous raconter comment je suis désespéré par la justice française.
04:03Un jour, j'écrirai peut-être un livre « Comment j'ai vu mourir la justice française ».
04:07Alors, vous vous demandiez pourquoi. C'est une addition de beaucoup de choses.
04:12C'est vrai qu'il y a sans doute un problème de moyens parce que les gens se font de plus en plus la guerre judiciaire les uns les autres,
04:19il n'y a pas de doute, mais c'est l'explication accessoire.
04:22Il y a l'idéologie qui est puissante.
04:26Il y a aussi, et je suis content que Trévidic l'ait remarqué, lui qui est juge.
04:31J'aurais pas osé le dire. Il y en a qui foutent rien. Il y en a qui ne foutent rien.
04:37Et moi, je l'ai constaté.
04:39Et j'ai connu une époque où les juges étaient notés, mais ils étaient notés par rapport à leurs résultats.
04:47Maintenant, l'époque, elle est lointaine. Maintenant, ça marche à l'ancienneté.
04:52Et donc, plus vous montez, plus vous touchez. Ça marche à l'ancienneté.
04:56Donc, d'une certaine manière, je parle pas de tous les juges, ce serait absurde de parler de tous les juges,
05:00mais vous savez, la nature humaine, quand vous n'êtes pas suffisamment surveillé, etc.,
05:07vous pouvez vous laisser aller, aller.
05:08Donc, si vous voulez, ce sont des explications multiples qui font que ça, j'affirme,
05:16qu'il y a 30 ans, j'étais sûr de mon affaire quand je connaissais le dossier.
05:22Aujourd'hui, j'ai plus peur que mon client quand il vient me voir.
05:25La réalité, elle est là. Ça, je l'affirme.
05:28Alors, la parole à un ancien magistrat ?
05:30Ah non, mais je ne suis pas...
05:31L'incurie professionnelle, c'est ce que j'évoque quand j'ai répondu à Clélie.
05:37Deuxième élément, comment dire...
05:40Je ne suis pas désespéré par la justice française,
05:44parce que, évidemment, ça n'est pas stimulant d'avoir une telle approche.
05:50Il y a énormément de pratiques qui sont valables, mais simplement, bien sûr, la manière dont les juges réagissent,
06:01et notamment ceux qui crachent dans la soupe, ne sont pas des auxiliaires de la justice que j'attends.
06:08Alors, elle a de graves erreurs, elle commet de graves fautes, mais rien ne serait pire que...
06:14Que vous évoquez la notation, mon cher Gilles William,
06:18je me souviens d'une époque où, juge d'instruction, c'était les procureurs qui nous notaient.
06:24Les procureurs, eux-mêmes imparfaits, notaient des juges d'instruction également parfaitement blâmables.
06:30Je ne crois pas que c'était un bon système.
06:32Allez, on s'arrête ici.
06:33Il faudrait un contrôle professionnel, en revanche.
06:36Et moi, j'ai un contrôle sur le temps.
06:37Merci à vous deux, Philippe Bilger et Gilles William Golnadel,
06:40d'avoir participé à ce débat dans Europe 1 Info.
06:43J'en profite pour remercier les équipes d'Europe 1, les équipes techniques,
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