Libération de B.Sansal : «on a eu de la chance», estime Alain Bauer

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00:01Europe 1, Pascal Proulx et vous.

00:03Et nous sommes avec Sabrina Medjaber, Richard Millet, Gauthier Lebrecht, Olivier Guenek et Alain Bauer

00:08pour évoquer le retour de Boilem Sansal.

00:10Il est de retour en France, l'écrivain franco-algérien

00:12qui se trouvait en Allemagne depuis sa libération de prison en Algérie et de retour à Paris.

00:17C'est ce qu'annonce son comité de soutien dans un communiqué, il n'a pas pris la parole.

00:20Emmanuel Macron a reçu Boilem Sansal à l'Elysée à son retour en France.

00:24Annonce de la présidence la libération de ce grand écrivain

00:27dont la dignité, la force morale et le courage ont été exemplaires

00:30a été rendue possible par une méthode faite de respect, de calme et d'exigence,

00:35a souligné le président.

00:36Le chef de l'État a de nouveau remercié l'engagement du président allemand Frank-Walter Steinmer

00:41et salué la décision prise par son homologue algérien Théboun

00:45d'accorder sa grâce à l'écrivain.

00:46Nous souhaitons ardemment la libération du journaliste Christophe Glez

00:51condamné à 7 ans de prison en Algérie.

00:52Nous y travaillons à ajouter l'Elysée.

00:54Est-ce que vous avez un mot de commentaire à produire, Alain Bauer, sur cette libération ?

00:59D'abord, je suis très heureux qu'il ait été libéré.

01:02Ça a duré très longtemps, même probablement trop longtemps.

01:05On en a discuté d'ailleurs avec le président de son comité de soutien ici.

01:11Arnaud Benedetti.

01:13Et donc, c'est une très très bonne nouvelle.

01:16Après, il y a toujours des débats pour savoir si c'est la bonne méthode,

01:18la mauvaise méthode, si ça aurait pu être plus rapide ou plus lent.

01:20Moi, je suis pour le résultat et l'arréal politique, l'arréal politique, c'est qu'il ait été libéré.

01:26Moi, je suis quand même très frappé des attaques contre Bruno Rotaillot,

01:30y compris du gouvernement.

01:31On a eu Sébastien Lecornu qui l'a sous-entendu à l'Assemblée nationale

01:35et hier, on a eu Jean-Noël Barraud qui y allait franco

01:37en disant que c'était une victoire de la diplomatie.

01:40Quand la diplomatie française a besoin de la diplomatie allemande

01:43pour faire revenir Boalem Sansal,

01:44que tout est pris en charge par les Allemands, l'avion, l'hôpital,

01:47on ne peut pas dire que ce soit une victoire triomphante,

01:50même si, évidemment, la France a demandé aux Allemands,

01:53après de l'avoir fait avec les Italiens d'ailleurs,

01:56de passer à l'action pour essayer de sortir Boalem Sansal de là.

01:59Mais reprendre le narratif algérien,

02:00parce que c'est vraiment le narratif algérien de dire

02:02« c'est parce que Bruno Rotaillot a quitté le gouvernement

02:05qu'on a libéré Boalem Sansal,

02:07et s'il est resté un an dans nos jôles,

02:09c'est parce que Bruno Rotaillot est resté un an au ministère de l'Intérieur »,

02:12je trouve ça incroyable, parce que c'est vraiment ce que veut laisser penser

02:17le gouvernement de M. Téboune.

02:19Donc reprendre ce narratif-là, alors qu'on n'a jamais essayé le bras de fer,

02:22et que je rappelle qu'il y a au moins six mois

02:25durant lesquels Bruno Rotaillot était au ministère de l'Intérieur,

02:28où il a justement baissé la pression,

02:30laissant sa chance à la diplomatie française,

02:32et il ne s'était rien passé avec cette grâce

02:34qui n'était pas intervenue lors de la fête nationale algérienne.

02:37Sabrina Bédjeber ?

02:37Moi je suis ravie que Boalem revienne dans France.

02:42Je suis d'accord avec Gauthier,

02:45les mêmes qui nous assènent en permanence le pas de récupération

02:48font précisément de la récupération.

02:50Bruno Rotaillot n'était que le ministre de l'Intérieur,

02:54il avait un premier ministre de tutelle,

02:56un président de la République, de surcroît.

02:58Donc Bruno Rotaillot a agi comme un ministre de l'Intérieur,

03:01c'est-à-dire il a assuré la sécurité de ses concitoyens.

03:04Dans un contexte où nous avons eu quand même des influenceurs numériques

03:07qui menaçaient d'étranger les opposants,

03:09les cabines, les marocains et tous ceux qui s'opposaient à M. Théboune,

03:12dans un contexte où il y a eu des OQTF non exécutés,

03:16une personne, un influenceur connu d'Oalem,

03:18vous vous souvenez, qui avait été amené en Algérie,

03:21retourné en France sur le tarmac de l'aéroport Wariboumdienne à Alger.

03:25Donc Bruno Rotaillot n'a fait qu'essayer d'assurer la sécurité de ses concitoyens,

03:29donc je ne vois pas en quoi aujourd'hui on pourrait l'attaquer

03:31au titre d'un bras de fer avec l'Algérie.

03:33Absolument pas.

03:34Ce qui m'étonne, c'est qu'il n'a pas pris la parole,

03:36je ne sais pas comment vous décodez cela,

03:38est-ce que c'est une sorte de négociation

03:42qui a pu exister entre l'Algérie et lui-même,

03:46qu'il ne prenne pas la parole tout de suite,

03:48le comité de soutien ne parle pas non plus,

03:51on ne l'a pas vu, il n'y a pas d'image.

03:52Vous avez même sensé qu'il a pris la parole dans les colonnes du point

03:54avec son ami Kamel Daoud.

03:55Oui, vous avez raison, mais il n'a pas pris la parole,

03:58là on apprend qu'il est allé à l'Elysée,

04:01que je sache qu'il n'y a pas d'image.

04:03Non.

04:03Donc je vois dans cette manière d'opérer manifestement

04:09une volonté d'échapper à l'image.

04:11Il reste un otage.

04:12Il reste un otage.

04:13Voilà.

04:13Oui, sans doute.

04:14Gaëlle Négo, elle se projette début d'essence.

04:18Vous avez raison.

04:19Absolument, pour le procès en appel.

04:20Pour le procès en appel.

04:21Donc vous venez de dire la raison de la prudence,

04:24et on la comprend, et elle est importante.

04:27Oui, et souvenez-vous de ce dîner avec des intellectuels à l'Elysée

04:31où Emmanuel Macron avait dit à Pascal Bruckner,

04:34je crois, le meilleur moyen de le défendre, c'est de vous taire.

04:37Donc ça, c'est bien dans la filiation de tout ça.

04:39Mais c'est toujours pareil, c'est ce que disait Alain Bauer,

04:42est-ce que c'est efficace de se taire,

04:47ou est-ce que c'est efficace de parler,

04:48et personne ne peut répondre à Alain Bauer ?

04:49C'est le double mouvement.

04:51Il y a un mouvement où il faut faire les deux.

04:53Oui, toujours.

04:53Il y a un mouvement où il faut faire les deux,

04:55et surtout il faut avoir les armes et les voix pour faire les deux.

04:59Il y a les voix qui doivent hurler, rappeler, manifester, pousser,

05:04et rendre les conditions très difficiles,

05:07et les voix de la diplomatie qui sont discrètes, voire secrètes,

05:11qui passent par l'Italie, comme l'a rappelé Gauthier,

05:14qui passent ensuite par l'Allemagne,

05:15elle aurait pu passer par n'importe où, ça n'est pas le sujet.

05:17Et donc c'est un mélange entre les deux.

05:20Et en France, curieusement, on fait en général l'inverse.

05:24C'est-à-dire qu'on parle fort quand il faut se taire,

05:26on se taie quand il faut parler fort.

05:28On a eu un peu de chance sur la fin de cette affaire

05:30qui aurait pu effectivement être moins longue pour Boilem Sansal,

05:33par ailleurs très malade.

05:35Je rappelle que ça n'était pas qu'un otage, c'est un otage malade.

05:38Il a fallu le revoir à l'hôpital assez longuement,

05:40puisqu'il a un cancer, ce n'est pas un secret.

05:43Et maintenant, il y a une opportunité,

05:45qui est la libération du deuxième otage français en Algérie,

05:47car c'est un otage, ça s'appelle comme ça,

05:50quand c'est comme ça.

05:51Comme dans les affaires iraniennes ou ailleurs,

05:54ce sont un double mouvement qu'il faut pouvoir exécuter

05:57un peu comme un orchestre.

05:59C'est très difficile.

06:00Sur le silence qui n'est pas arrivé au bon moment,

06:04pour Christophe Gleize, le silence a été une lourde faute,

06:07puisque je rappelle qu'il était otage,

06:09avant même d'entrer en prison, en résidence surveillée,

06:11que Boilem Sansal n'était pas au courant,

06:13et qui s'est retrouvée ensuite embastillée

06:15dans les geôles algériennes,

06:16parce qu'on lui avait dit « taisez-vous, ne dites rien ».

06:18Voilà comment ça s'est passé.

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