La chronique santé : La dysmorphophobie, qu'est-ce que c'est ?

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Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #LaMatinale

Transcript

00:00Pourquoi on en parle ce matin, Brigitte ? Parce que de nombreuses célébrités en souffrent.

00:03Megan Fox, Andy Warhol, Robbie Williams, Marina Foyce ou Matt Ehrman, rien que ça.

00:09Louane aussi, la chanteuse. Mais Brigitte, de quoi s'agit-il, la dysmorphophobie ?

00:13Alors, c'est très bien que de nombreuses personnalités osent en parler,

00:18car c'est un trouble qui provoque une réelle souffrance et qui touche tout de même 3% de la population.

00:26Ça ne touche pas que les gens célèbres, ça ne touche pas que les gens qui ont une image.

00:31Ça peut toucher absolument tout le monde.

00:35C'est en fait un trouble de la perception de la réalité.

00:39C'est-à-dire que vous avez l'impression, parce que vous n'avez pas les deux yeux pareils,

00:44parce que vous avez des gros genoux, parce que vous avez une qualité de cheveux qui ne vous plaît pas,

00:51les deux seins sont différents, vous avez l'impression d'être trop gros,

00:54d'avoir un sexe trop petit, des lèvres trop grosses.

00:58Ça peut être tout, tout, tout, tout.

01:00N'importe quel endroit du corps peut être touché.

01:03Parfois, il y en a plusieurs.

01:05Et c'est une perception exagérée.

01:08Parfois, vous avez un petit nez, mais vous pensez qu'il est énorme.

01:11Et en fait, je vous ai mis quelques-uns des symptômes.

01:14C'est une maladie, c'est un trouble mental.

01:17C'est reconnu comme un trouble mental.

01:19Je vais vous donner un chiffre qui est terrible.

01:22Chez les personnes qui souffrent de dysmorphophobie,

01:27elles ont un risque 45 fois supérieur de se suicider que des personnes qui n'en souffrent pas.

01:35Ah oui, on n'est pas de l'ordre du petit complexe, en fait.

01:37C'est beaucoup plus grave que ça.

01:38Ce n'est pas du narcissisme, ce n'est pas de la vanité.

01:40C'est une réelle pathologie, une réelle souffrance.

01:43Donc vraiment, justement, comme des célébrités commencent à en parler,

01:47il y a des groupes qui commencent à se créer, etc.

01:49Donc si vous vous reconnaissez là-dedans,

01:52si vous connaissez quelqu'un qui a l'air d'en souffrir,

01:55il ne faut pas rester seul, il ne faut pas s'isoler.

01:58Il faut vraiment s'en préoccuper.

02:01Il y a des thérapies, il y a des traitements,

02:03il y a des médecins maintenant qui sont spécialisés dans ces troubles-là.

02:06Oui, c'est avec un psy qu'il faut gérer ça.

02:08Oui, avec un psy.

02:10Mais surtout, il faut en parler parce que c'est peu connu.

02:13Même les médecins devraient être attentifs à ça.

02:15Surtout en médecine anesthésique,

02:16parce que bien souvent, après, ces personnes peuvent aller consulter.

02:20Alors, on a l'impression que c'est lié aux réseaux sociaux.

02:22Ça a toujours existé.

02:24Effectivement, les réseaux ne font qu'amplifier les choses.

02:26Tous les filtres, tous les machins, l'importance de l'image.

02:29Certes, oui, mais ça a toujours existé.

02:31Je vous ai mis les principaux symptômes.

02:33Enfin, une perception, quand je vous dis exagérée et obsessionnelle,

02:38c'est en permanence.

02:40Ce défaut, vous ne voyez que ça.

02:43Vous n'êtes obsédé que par ça.

02:44Avec des distorsions cognitives.

02:46C'est-à-dire qu'en fait, vous avez vraiment l'impression

02:48que c'est ce qui vous caractérise.

02:51Robbie Williams disait « je me dégoûte ».

02:55C'est une autodépréciation permanente.

02:58On aimerait tous se dégoûter comme Robbie Williams.

03:00Vous comprenez, c'est ce qui est important.

03:03C'est vraiment de comprendre.

03:05Comme quoi, c'est vraiment une pathologie.

03:07Avec des comportements où on est en permanence

03:10en train de se regarder dans la glace.

03:12Ou, à contrario, on suit les miroirs.

03:15On ne veut surtout pas les voir.

03:16On ne veut surtout pas se faire prendre en photo.

03:18On ne veut surtout pas...

03:19Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on est enfermé là-dedans.

03:22C'est comme un toc.

03:23Ça revient en permanence.

03:24Vous vous réveillez le matin, vous pensez à ça.

03:27Vous vous couchez le soir, vous pensez à ça.

03:28C'est toute la journée.

03:30Je vous ai mis d'autres symptômes.

03:33Une attitude compensatoire et compulsive.

03:36Si vous pensez que vous êtes un peu trop gros,

03:39vous allez avoir des troubles de comportement alimentaire.

03:41Soit de la boulimie, soit de l'anorexie.

03:44Si vous pensez que vous n'êtes pas assez musclé,

03:48vous allez compenser avec du sport, du sport, du sport, du sport.

03:52Il y a des hommes qui pensent qu'ils ont une mâchoire trop carrée,

03:55qu'ils se font opérer.

03:57Enfin, je veux dire, c'est fou.

03:59Et ce qu'il faut, c'est arriver à comprendre

04:02que ce n'est pas de leur faute,

04:04que c'est un réel trouble.

04:06Et évidemment, ça aboutit bien souvent à un isolement social.

04:10Et comme je vous le disais,

04:12avec un risque malheureusement de suicide 45 fois supérieur aux autres.

04:16Alors les causes, en fait, elles sont multifactorielles.

04:18Généralement, c'est un trouble durant l'enfance,

04:22soit de harcèlement, soit d'abus sexuels.

04:28Souvent, on retrouve une maman dysfonctionnante

04:31pour laquelle dit toute votre vie

04:36l'importance de l'apparence physique, etc.

04:39Donc souvent, on retrouve ça.

04:41Ça augmente évidemment au moment de la puberté

04:44où déjà on est...

04:45On est déjà suffisamment mal dans sa peau comme ça à l'adolescence.

04:48Ça touche autant les hommes que les femmes.

04:51Donc voilà, vraiment, si vous vous reconnaissez,

04:54il ne faut pas se laisser envahir par cette dysmorphophobie

04:57qui peut avoir des répercussions très graves.

05:00Il ne faut pas hésiter à aller consulter,

05:02à en parler à votre médecin.

05:04Après, il y a des escalades en chirurgie esthétique.

05:06Là aussi, on pourrait se demander

05:07si certains médecins ou chirurgiens esthétiques

05:09ne devraient pas aussi mettre le haut-là.

05:12Vous voyez, quand il y a la même personne...

05:13De toute façon, elle ne sera jamais contente.

05:14Certains en profitent peut-être un peu aussi.

05:15Oui, mais de toute façon, le patient ou la patiente

05:19ne seront jamais contents.

05:20Car vous pouvez lui refaire tout ce qu'il vous demande.

05:24Aligner les deux paupières qu'il trouve différente.

05:26C'est dans la tête, de toute façon.

05:27De toute façon, voilà.

05:28Sous-titrage Société Radio-Canada

05:31Sous-titrage Société Radio-Canada

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