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  • il y a 2 mois
Ce lundi 27 octobre, Erick Muller, responsable des stratégies obligataires corporate chez Muzinich & Co, et Étienne Gorgeon, responsable gestion obligataire chez Sanso Longchamp AM ont échangé leur point de vue sur une semaine importante avec la FED et la BCE, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Vous avez l'habitude de ce rendez-vous chaque matin à 7h de vision de marché.
00:07Pas forcément s'oppose, mais plutôt se complémente avec ce matin Etienne Gorgeon,
00:11responsable de la gestion obligataire chez Longchamp Asset Management.
00:14Bonjour Etienne Gorgeon.
00:15Bonjour Etienne.
00:16Merci de nous accompagner ce matin avec Eric Muller,
00:18responsable des stratégies obligataires corporate chez Musini Canco.
00:21Bonjour Eric Muller.
00:22Merci d'être avec nous également en plateau.
00:25Bon, ça tombe bien, vous avez tous les deux un profil obligataire
00:28et un profil obligataire qui va être important cette semaine
00:31puisque c'est une semaine très importante qui s'ouvre avec beaucoup de banques centrales.
00:35Alors bon, ça va du Canada jusqu'à la Fed, la banque centrale américaine
00:38qui est bien sûr la plus importante, en tout cas la plus attendue mercredi.
00:42En dehors de cette baisse de taux, qu'attendez-vous Eric Muller de Jerome Powell mercredi soir ?
00:48Il y a deux choses qui vont être importantes à suivre.
00:51La première, c'est qu'il ouvre la porte à une autre baisse des taux pour le meeting de décembre
00:56parce que pour l'instant la séquence c'est plutôt qu'il baisse en octobre
01:00et qu'il baisse en décembre et qu'il baisse en début 2026.
01:03Donc est-ce qu'il va laisser la porte ouverte et encourager le marché dans son anticipation actuelle
01:08ou au contraire est-ce qu'il va fermer le discours et dire
01:11on va voir meeting par meeting et on ne sait pas trop où on est
01:15parce que le shutdown a des conséquences sur la publication des résultats économiques
01:20et des statistiques économiques et on va manquer un peu de données pour prendre des décisions.
01:24Or ce sont des décisions importantes, il faut les documenter.
01:28Et la deuxième chose qui est importante aussi à regarder, c'est ce qu'il va faire avec le bilan de la Banque centrale.
01:33Il est très possible qu'il décide d'arrêter ce qu'on appelle le quantitative tightening,
01:39c'est-à-dire la réduction du bilan de la Banque centrale qui est entamée depuis 2023
01:43parce qu'il commence à y avoir des petites tensions sur le marché monétaire aux Etats-Unis
01:48et le marché monétaire dépend énormément des réserves des banques auprès de la Banque centrale.
01:54Et plus on baisse l'actif du bilan et plus on vient créer potentiellement une tension sur la partie passif
02:01que sont ces réserves bancaires entre autres.
02:03Donc c'est pour ça que je vais être très attentif mercredi soir.
02:06Parce qu'en dehors de la baisse des taux, comme vous l'avez souligné, ce qui est important c'est les liquidités
02:09et à travers au final ces ajustements de bilan, il y a des liquidités qui peuvent ou non s'allouer sur d'autres tranches d'actifs.
02:18Exactement. Et ce que peut faire la Banque centrale, ce n'est pas de diriger l'allocation vers les actions ou vers les obligations
02:26parce que ça ce n'est pas son rôle. Dans la transmission de politique monétaire il y a d'autres courroies.
02:32Mais ce qui est très important pour elle, c'est de gérer la liquidité bancaire
02:35pour ne pas qu'il y ait de crispations, qu'il n'y ait pas de tensions sur le marché monétaire.
02:40Or récemment on a l'impression que la liquidité excessive qui avait été générée par le quantitative easing,
02:46donc l'abondance de liquidités, a atteint maintenant un palier où aux Etats-Unis,
02:51parce que ce n'est pas le cas encore en Europe, mais aux Etats-Unis il s'agit de renverser peut-être
02:55cette situation de quantitative tightening et en début d'année prochaine même de réacheter des obligations.
03:02Ce qui serait bien sûr un booster important pour le marché obligataire,
03:05mais aussi pour le marché actions. Les enjeux sont très importants Etienne Gorgeon
03:09car cette baisse de taux elle est attendue depuis des semaines, des mois maintenant.
03:13C'est vrai que depuis Jackson Hole, c'était fin août, début septembre,
03:17les anticipations de taux sont très fortes vis-à-vis de la Banque Centrale Américaine.
03:23Oui, c'est effectivement le point central.
03:26Il ne faut pas oublier que la Réserve Fédérale a probablement raté son huitième ou neuvième pivot.
03:32Donc là, elle va peut-être réussir à le faire.
03:36Nous, on a un gros doute sur sa capacité à le faire.
03:39On trouve qu'il y a trop de baisses de taux qui sont anticipées dans le marché,
03:42dans une économie qui reste assez vibrante.
03:45On est à plus de 2,5 au premier semestre.
03:48On vient de 2,8 l'année dernière.
03:50Et quand on regarde les données à haute fréquence,
03:52puisqu'on n'a que celle-ci en ce moment,
03:54et notamment tout ce qui a trait à la consommation aux US qui reste vigoureuse,
03:59nous, on pense que la Réserve Fédérale sera probablement, encore une fois,
04:04empêchée d'aller au bout de ce pivot, en tout cas de ce que le marché anticipe.
04:09Ensuite, il y a effectivement le meeting.
04:10Et ce qu'elle va dire, dans un environnement où il n'y a pas beaucoup de chiffres,
04:12donc on a parlé du quantitatif tightening.
04:15Moi, je m'attendais à ce qu'on en parle plus tôt en décembre.
04:19Mais effectivement, vu les tensions sur le marché du riposte,
04:21ce sera probablement avancé, peut-être donc à ce meeting-là.
04:24Et puis, la stabilité financière, étant donné qu'il n'y a pas beaucoup de discussions possibles
04:29sur le sujet de l'économie,
04:31on peut s'attendre à ce qu'elle nous donne un éclairage
04:33sur ce qui s'est passé avec ces fameux cafards dont parlait Jamie Dimon,
04:39sur ce qu'on appelle le shadow banking,
04:43en anglais non-argoncique,
04:45ça s'appelle Non Depository Financial Institution.
04:49Donc, c'est tout ce qui n'est pas une banque de dépôt.
04:51Et il y aura des choses intéressantes à dire,
04:54parce qu'on voit des bulles qui remontent à la surface.
04:56Il y a eu effectivement Tricolore et puis First Brand,
05:00et des banques en difficulté.
05:02Donc, c'est tout ça qui va être très intéressant de regarder.
05:05C'était il y a 15 jours, avec notamment des banques régionales
05:08telles que Zions, qui avaient perdu un peu plus de 10% en l'espace d'une séance,
05:12puisque ces banques régionales américaines avaient annoncé
05:15que ces actifs avaient déprécié.
05:18Alors, c'était gérable, on parlait de quelques dizaines de millions de dollars.
05:22C'est vrai qu'il y a également Jamie Dimon, le patron de JP Morgan,
05:25qui a souligné qu'il y avait quelques cafards
05:27et que quand il y en avait un, il y en avait forcément d'autres.
05:29Ça vous inquiète, vous, aujourd'hui,
05:31ces obligations qui émettent aujourd'hui des signaux d'alerte,
05:36dans le sens où il y a eu des fraudes,
05:37ou dans le sens où les conditions de départ n'ont pas été respectées ?
05:40Je pense que ce qui est très intéressant dans votre question,
05:43c'est que pour l'instant, ça ressemble à du spécifique.
05:46Donc, c'est un sujet spécifique pour les deux entités tricolores
05:51et First Brand, visiblement des fraudes.
05:53Mais ce qui est intéressant derrière, c'est d'observer les flux
05:55et probablement que moi, j'arriverai à la conclusion
05:58qu'il y a beaucoup trop de liquidité dans le système
06:00et que ça commence à générer des comportements
06:03qui sont probablement moins vertueux.
06:04Je vais l'expliquer par trois, quatre facteurs.
06:08Le premier, c'est que les rendements sur l'obligataire crédit,
06:11en particulier au rendement, sont au plus bas.
06:15Qu'il y a des volumes d'émissions assez importants
06:17avec des protections pour les investisseurs qui sont au plus faible.
06:20Que toute la production de crédit, j'insiste sur cette phrase,
06:25toute la production de crédit des banques aux États-Unis
06:28ne va qu'uniquement au shadow banking.
06:31Elle ne finance que des sociétés à la tricolore ou First Brand.
06:35Enfin, First Brand n'est pas une non-financial,
06:39non-depository financial institution,
06:41mais tricolore l'était.
06:44Toute la production de crédit des banques va dans ce...
06:47Et donc, vous voyez qu'il y a quand même un flux de liquidité
06:50qui se positionne à des endroits
06:52où on maîtrise plus ou moins bien le risque.
06:55C'est-à-dire que le mot magique qui a expliqué la perte sur ces banques,
06:59ce qu'on appelle le warehouse loan.
07:00Donc, ce sont des prêts à court terme octroyés par des banques
07:04à ce type d'institutions qui n'ont pas de dépôts, comme tricolore,
07:08sur du très court terme et collatéralisés.
07:10Mais on s'aperçoit que finalement, le collatéral n'était peut-être pas de bonne qualité
07:13ou qu'il avait déjà été plégié à d'autres entités.
07:18Et donc, tout ça, si vous voulez, le fait qu'il y ait peu de protection,
07:20le fait que les spreads soient au plus bas,
07:21qu'il y ait beaucoup de liquidités à un endroit en particulier,
07:24le shadow banking,
07:25c'est plutôt des signes de vigilance pour demain.
07:30Je pense que là, pour l'instant, on a quelques bulles qui remontrent à la surface.
07:32Mais comme le dit Jamie Dimon, en fait, quand il y a un cafard,
07:35il y en aura bientôt plein d'autres.
07:37Et je pense qu'ils ne sont pas encore tous là,
07:39mais qu'il faudra surveiller cet événement.
07:42Là, on parle de la situation américaine,
07:44on parlera de la situation européenne dans un instant.
07:46Est-ce que toutes les banques sont aujourd'hui face à ce problème
07:50ou est-ce que c'est plus un problème sur les banques régionales ?
07:53On se souvient que lorsqu'il y avait eu ce stress bancaire,
07:55les grosses banques avaient assez peu souffert en bourse.
07:58En fait, c'est une excellente question.
08:00Ce dont on s'aperçoit, c'est que là, les petites banques,
08:02comme les grosses banques, JP Morgan l'a dit,
08:04on a fait une erreur.
08:06Donc, ils ont pris des pertes.
08:07En fait, vous avez un déplacement d'un risque de crédit
08:13vers un risque de contrepartie.
08:15Et c'est ce risque de contrepartie et très mal apprécié
08:18parce qu'en fait, vous allez regarder Zion Bank
08:21et vous allez voir qu'elle va faire des prêts commerciaux,
08:25qu'elle va faire des prêts automobiles, etc.
08:26Mais vous ne savez pas exactement à qui elle prête derrière.
08:28Et c'est le à qui elle prête derrière qui pose problème
08:30et qui pourrait devenir un sujet un peu plus tard pour les investisseurs.
08:34Comment vous regardez la situation, Eric Mueller,
08:36sur cette situation américaine par rapport à ses obligations
08:40et par rapport notamment à cette production de crédit
08:43très dense sur le high yield ?
08:45On est toujours dans l'obligation de vigilance.
08:49Mais je trouve que le tableau qui vient d'être dépeint
08:51est un peu pessimiste.
08:53Tricolore, c'est 17 ou 18 millions de dollars de pertes
08:57pour JP Morgan qui en fait 58 de résultats annuels.
09:01Donc, c'est tout petit.
09:03C'est absorbable.
09:05Et comme l'a dit Jamie Dimon,
09:06ce n'était pas notre meilleur moment.
09:08Mais c'est déjà loin d'une certaine manière.
09:11Et ça ne fera pas de différence sur la qualité du crédit
09:14des grandes banques américaines.
09:16S'agissant des banques régionales,
09:19je note qu'effectivement, il y a eu un chahut sur les actions.
09:22L'indice KW a baissé de 7 à 8 % en quelques jours.
09:28Il a repris 5 % sur les trois dernières séances.
09:31Là encore, les montants sont relativement petits.
09:34La question serait effectivement s'il y avait une généralisation du risque de crédit
09:37et qu'on se retrouve avec effectivement des pop-up un peu partout.
09:42Le syndrome du champignon qui monte dès que l'humidité est là.
09:46L'humidité, c'est la liquidité.
09:48Mais je ne crois pas qu'on soit dans une situation aussi dramatique.
09:51D'abord parce que les fondamentaux économiques sont bons.
09:54Les fondamentaux micros sont bons.
09:56Je regarde les taux de levier des entreprises.
09:59Il n'a pas augmenté sur l'investment grade, oui.
10:01Sur le high yield, sur les loans,
10:03il n'a pas augmenté le taux de levier.
10:06Je regarde le taux de couverture des frais financiers,
10:08ce qu'on appelle le interest coverage ratio.
10:11Et pour l'instant, il a baissé,
10:12mais il reste encore tout à fait confortable.
10:14Alors oui, sur les entreprises les plus fragiles,
10:17donc là je pense au triple C,
10:19je pense au single B faible, single B minus.
10:24Là, c'est sûr que l'on a un écartement des spreads.
10:27Il y a un risque qui augmente.
10:28Il y a beaucoup moins d'appétit pour ce genre de papier-là.
10:31Mais pour le reste du marché high yield ou du marché du loan,
10:35pour l'instant, je crois que l'appétit est assez bon et légitimement bon.
10:40Etienne Gorgeon, vous êtes un peu plus prudent en vous.
10:43C'est vrai que là-dessus, vous n'avez pas le même tableau.
10:45Non, j'ai peut-être une lecture un peu différente,
10:47mais moi mon point central, c'est de dire que c'est intéressant d'observer
10:51un relâchement de la vigilance des investisseurs.
10:55Encore une fois, je le répète,
10:55c'est beaucoup de liquidités, c'est des spreads très serrés,
10:58des primes de risque compressées,
10:59c'est des protections pour les investisseurs plus basses,
11:02et puis des flux très marqués à un certain endroit.
11:05Ça met du temps à se créer une crise.
11:09Je ne pense pas qu'on, et là je rejoindrai facilement mon collègue,
11:13je ne pense pas qu'on soit dans une crise imminente.
11:15Je dis simplement, attention, il y a des choses qui sont en train de se former.
11:18Ce que j'observe également,
11:19c'est qu'on est à des niveaux de taux de défaut aux États-Unis
11:21qui sont assez élevés.
11:22On est à 5,5%.
11:24La moyenne de long terme, c'est plutôt de l'ordre de 3%.
11:26Et le marché, pour l'instant, ne se focalise pas vraiment sur ce sujet-là.
11:30On est dans un marché où la liquidité est ample
11:33et probablement amplifiée par le fait que la réserve fédérale
11:37baisse ses taux dans un environnement où l'économie est solide.
11:41Et que cet afflux liquidités probablement génère
11:44une forme de relâchement de la part de certains investisseurs
11:46et on en voit quelques-unes de ces bulles qui apparaissent à la surface.
11:49Et c'est la conséquence aussi des fortes liquidités
11:52qui sont aujourd'hui présentes sur le marché,
11:54dans le sens où aujourd'hui, on entend souvent,
11:56oui, le crédit est cher.
11:57Alors sous-entendu, au final, les rendements sont assez peu attrayants,
12:00notamment sur les obligations de bonne qualité.
12:03Avec même aujourd'hui, et on l'a vu en Europe,
12:06certaines entreprises qui se financent moins cher que des États.
12:09C'est quand même aujourd'hui la conséquence du paysage économique.
12:14Donc forcément, aujourd'hui, il y a des entreprises
12:16qui n'attirent pas forcément avec des rendements de 2-3%.
12:19Et donc vous avez des investisseurs qui vont sur des obligations
12:21qui apportent du haut rendement,
12:24en faisant peut-être l'impasse sur les risques qui sont assortis.
12:27Je pense que c'est le sujet.
12:28Ce sujet-là, c'est un sujet pour demain.
12:30Ce n'est pas encore un sujet pour aujourd'hui.
12:31Simplement, il faut l'avoir en tête.
12:33Parce qu'à un moment, ça pourra devenir un sujet important.
12:35Moi, je reste convaincu que la crise de 2008
12:37a été en partie créée par un environnement de trop de liquidités
12:42qui est apparu en 2005.
12:44Il faut toujours 2-3 années avant que les choses prennent forme.
12:48On verra ce qui va se passer
12:49si on est en phase d'une crise majeure dans 2-3 ans.
12:52Je n'en ai absolument aucune idée.
12:53Je ne le souhaite évidemment pas.
12:55Simplement, ce que j'observe...
12:56Par exemple, vous prenez le Russell, ce qui est assez intéressant.
12:58Vous regardez les sociétés qui ne font pas de bénéfices,
13:01qui font des pertes.
13:02Vous regardez les sociétés qui font des bénéfices.
13:04Vous voyez qu'en ce moment, depuis le début de l'année,
13:06la partie qui génère le plus de performances,
13:09ce sont les sociétés qui font des pertes.
13:11Et donc, vous êtes vraiment dans un environnement
13:13de sûr, d'abondance, de liquidités,
13:15où la vigilance n'est peut-être plus de mise en ce moment.
13:21C'est les effets pervers d'un excès de liquidités, Éric Muller,
13:23sous ces signaux faibles ?
13:25Je ne sais pas.
13:25Moi, je trouve que...
13:26Je voulais mettre une objection à ce que vous disiez
13:30en disant que les rendements ne sont pas très attractifs.
13:32Je pense qu'ils le sont.
13:34On a vécu pendant des années en répression financière,
13:37avec des taux à zéro, avec rien comme rendement.
13:40Et on souffrait chaque année,
13:42parce qu'il y avait un peu d'inflation qui montait,
13:44et on avait des taux à zéro.
13:45Et maintenant qu'on a des taux à 3, 4, 5 %,
13:47il faut se réjouir de ça.
13:49C'est une bonne nouvelle.
13:50Et ce n'est pas une mauvaise nouvelle.
13:52Après, il faut être évidemment vigilant,
13:53je suis d'accord, comme toujours.
13:56Après un long cycle économique,
13:58il est toujours important de voir
14:00comment les endettements sont faits,
14:02comment sont les protections des investisseurs.
14:05Mais la réforme qui a été faite sur les banques,
14:08par exemple en Europe,
14:09la réforme réglementaire a été très forte.
14:12On a aujourd'hui des banques très solides.
14:14Donc on n'est pas du tout dans une situation
14:16où il y a eu une injection de liquidité
14:18qui a généré un mouvement spéculatif énorme.
14:21Ça a été relativement bien géré à ce stade.
14:24Je suis moins inquiet que monsieur.
14:26On n'est pas dans l'ère des taux négatifs,
14:27comme ça pouvait être le cas il y a encore de cela 5 ans.
14:30C'est vrai que certaines entreprises
14:32se finançaient à des taux négatifs.
14:34On n'est pas dans ce spectre-là.
14:35Pas du tout.
14:36Néanmoins, il y a des entreprises
14:37qui financent moins cher que des États.
14:39C'est bien la preuve qu'il y a beaucoup d'appétit
14:41aujourd'hui sur certaines classes d'obligations.
14:42La meilleure qualité en crédit
14:45peut emprunter moins cher que leurs États de référence.
14:48Et ça, c'est parce qu'on a un peu perdu
14:50le compas fiscal aussi dans les États de référence.
14:52C'est qu'aujourd'hui, on veut léverger les finances publiques
14:56pour financer le développement macroéconomique
15:00parce qu'on est dans une guerre commerciale.
15:01Ce qui suppose qu'on ait une croissance économique
15:04qui soit assez forte.
15:06Et on essaye de léverger ça plus ou moins bien
15:08selon les traductions fiscales.
15:11Mais le problème, c'est que c'est très difficile
15:13dans l'état actuel des choses
15:15de comprimer la dépense
15:16et d'avoir un compas fiscal qui soit raisonnable.
15:20En revanche, une entreprise,
15:22c'est assez clair, on connaît son bilan,
15:24on peut parler au CFO,
15:25on a un véritable dialogue
15:27et un véritable engagement avec eux.
15:29Et ça donne une visibilité
15:30qu'on n'a peut-être pas sur les finances publiques.
15:32En termes d'allocations,
15:33comment aujourd'hui vous gérez ces risques,
15:35Étienne Gorjon,
15:36chez Sanso-Lonchamp Asset Management ?
15:40J'imagine que vous regardez plus le crédit
15:43que le souverain,
15:43comme beaucoup de maisons en ce moment.
15:44Oui, alors évidemment,
15:45le souverain peut avoir un impact sur le crédit
15:48comme vous y faisiez référence.
15:51Mais nous, on est plutôt
15:52à être défensifs sur les taux
15:55parce qu'on pense que le cycle de taux baissier
15:57est fini ou quasiment fini en Europe,
15:59que la croissance en Europe
16:02pourrait reprendre un tout petit peu plus de couleurs,
16:04notamment au premier semestre de l'année prochaine
16:07grâce au plan allemand.
16:09Je ne parle pas de choses extraordinaires,
16:10mais un tout petit peu plus de couleurs.
16:12On voit plutôt un cycle fini en Europe
16:15et aux États-Unis,
16:16on trouve que le cycle d'anticipation
16:18de baisse de taux est trop important
16:19eu égard à la force,
16:21la résilience de l'économie américaine.
16:23Et donc, on aurait plutôt
16:24un positionnement défensif sur la duration,
16:26donc sur les emprunts d'État.
16:28Et sur le crédit,
16:30on se dit qu'on est arrivé
16:32à un niveau de compression de la prime.
16:36Là, je ne parle pas du rendement absolu,
16:38mais de la prime de risque
16:38qui fait qu'on a plutôt intérêt également
16:41à réduire les maturités moyennes
16:42et à aller sur...
16:44On peut quasiment faire des rendements
16:45à un an et demi, deux ans,
16:47similaires à ce que vous pouvez trouver
16:48à trois, quatre ans.
16:50Donc ça, c'est une option un peu
16:51que le marché nous permet de faire.
16:54Et c'est quelque chose que l'on fait.
16:55On cherche plus le rendement
16:56que le gain en capital en ce moment.
16:58Mais quand vous êtes sur des durations plus courtes,
17:00forcément, il y a moins de rendements aussi.
17:01C'est un juste équilibre à trouver.
17:03C'est ça.
17:03C'est-à-dire que vous faites des allocations.
17:05Nous, on aime bien le secteur bancaire,
17:07ce qu'on appelle les subordonnées financières.
17:08C'est des secteurs qu'on aime bien
17:10parce que le secteur bancaire
17:11est extrêmement résilient.
17:12Donc on va aller chercher des papiers
17:14qui ont un peu plus de rendement.
17:16On aime bien une certaine frange du high yield.
17:20Simplement, au lieu d'aller chercher
17:21des obligations à 5, 6 ou 7 ans,
17:24on va plutôt aller chercher
17:24des obligations à 2, 3 ans.
17:26Et on arrive, pour une perte de rendement
17:29pas si importante que ça,
17:31à faire des portefeuilles plus sécurisés.
17:34À 4-5 %, c'est un petit peu aujourd'hui
17:37en mixte ce que l'on peut trouver ?
17:394-5 %, c'est des portefeuilles
17:41qui ont un niveau de risque
17:42qui n'est pas neutre.
17:44C'est plutôt des portefeuilles au rendement,
17:46mais c'est des portefeuilles
17:46sur lesquelles on a un peu de visibilité
17:48et on se sent confortable.
17:49C'est vrai que les subordonnées bancaires,
17:51on en parle de plus en plus aujourd'hui
17:53à l'heure où le rendement
17:55se fait un peu plus rare.
17:56Eric Muller, c'est des obligations
17:58sur lesquelles le rendement
17:59est encore confortable.
18:01Encore confortable.
18:01On s'est nous positionnés très tôt
18:03dans ce cycle sur les subordonnées bancaires
18:06et contrairement à vous,
18:08on est en train de réduire légèrement
18:10cette position parce que le spread
18:12est très comprimé et la capacité
18:14de ce spread à se comprimer
18:15bien davantage est difficile.
18:17Donc la seule chose que vous pouvez espérer,
18:19c'est le carry que donne la différence,
18:22le portage que donne la différence
18:23entre une obligation subordonnée
18:24et une obligation senior.
18:26Or, nous, nous trouvons que la courbe,
18:28en particulier la courbe européenne,
18:30est assez pentue et nous permet
18:32d'aller chercher des papiers
18:33aux alentours de 5 ans,
18:34donc dans des maturités intermédiaires.
18:36Et avec le temps,
18:38ce qui va se passer,
18:39c'est que le rendement va baisser
18:40en suivant la courbe
18:41et le prix va augmenter.
18:42Et on pense que cette opportunité-là
18:44est plus visible,
18:45plus prédictible
18:46que le spread sur les subordonnées bancaires
18:49parce que là,
18:50la compression supplémentaire, marginale,
18:52va être un peu plus compliquée,
18:53un peu plus serrée.
18:54Et par rapport à la BCE,
18:56un dernier mot quand même,
18:57les baisses de taux sont derrière nous,
18:59il y a assez peu d'attentes
19:00vis-à-vis de cela.
19:01Est-ce que c'est totalement intégré
19:02sur le marché obligataire
19:03en zone euro ?
19:04Oui.
19:05Alors là, c'est très clair
19:06qu'après les indices PMI
19:08de la semaine dernière,
19:09le marché a évacué l'anticipation
19:13d'une nouvelle baisse de taux
19:14de la BCE.
19:16Pourtant,
19:17personnellement,
19:19je pense qu'il y a encore
19:20une marge de manœuvre
19:20d'avoir une sorte
19:21de baisse des taux d'assurance
19:23en début 2026
19:26pour deux raisons.
19:28Le PMI a vu
19:29une grande dispersion
19:30parmi les pays en Europe.
19:32L'Allemagne rebondit,
19:34la France,
19:34pas du tout.
19:36Et puis,
19:36il ne faut pas oublier
19:37que l'inflation va être
19:38très en dessous des 2%
19:39dès le deuxième trimestre 2026.
19:43Et quand on sera
19:43aux alentours de 1,5%
19:44en inflation
19:45avec un objectif à 2%,
19:46peut-être qu'il faudra
19:47faire quelque chose.
19:48En tout cas,
19:48cette semaine,
19:49tous les regards sont tournés
19:50plutôt vers la Fed
19:51que vers la BCE
19:52en termes de baisse de taux.
19:53Merci à tous les deux
19:54de nous avoir accompagnés.
19:55Eric Muller
19:55pour Musini Canco
19:57et Etienne Gorjon
19:58pour Sonso Lanchant
19:59Asset Management.
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